20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. Jean Jolly dit :

    @ Invisible.
    Kerviel n'est qu'un rouage parmi d'autres dans ce système inique comme le souligne Jean-Luc, ce cas ne doit jamais faire jurisprudence pour encenser le "métier" de trader. Bien au contraire, ce minuscule grain de sable sur la plage du capitalisme dérégulé, qu'aura été cette gigantesque magouille entre un ministère et une banque privée devrait, devra, faire réfléchir sur l'utilité d'une telle "profession" à la progression de l'humanité.
    Le film "Wall Street" d'Oliver Stone démontre comment un jeune trader ambitieux tombe facilement dans cet engrenage facile de l'argent jusqu'à ce qu'il découvre que ses conneries vont faire couler l'entreprise de son père (syndicaliste) et mettre au chômage toute une palanquée de pauvres diables. Si bien qu'il change son fusil d'épaule et décide d'aller contre son pourri de patron (la banque Goldman-Sach n'est pas citée mais on devine son empreinte)... Heureusement, il reste quelques cinéastes ricains à peu près intéressants.
    Jérôme Kerviel ne doit surtout pas devenir un exemple à suivre mais il doit impérativement être défendu comme tout un chacun, d'autant plus qu'il n'est qu'un des monstres fabriqué par CE système.

  2. Régine dit :

    Très heureuse de lire cette défense de J. Kerviel, et suis tout à fait en phase avec ce post, d'autant plus que lors d'un interview il y a quelques mois, tu avais au contraire chargé, à tort, ce garçon, dédouanant par la même la Société Générale, grande fautive et responsable de sa perte, le trader n'ayant hélas que répondu aux commandes, sa seule erreur étant de ne pas avoir écouté sa conscience.

  3. PG PAULETTE dit :

    @299.
    Si le métier de trader existe, c'est parce que cela profite aux banques. Ce qui devrait être interdit c'est le système des bourses. Oui je pense que les grèves illimitées mondiales seraient utiles, mais très compliquée à faire suivre, par contre je crois qu'il faudrait revenir aux grèves surprises. Elles aboutiraient certainement plus aux négociations profitables pour les travailleurs et les peuples, car le patronat ne pourrait plus contrer le manque de personnel et cèderait beaucoup plus rapidement.

    @367
    Vous dites " complice et victime " que dire des producteurs de fruits et légumes qui utilisent des produits chimiques et vendent leurs productions sans les consommer eux-mêmes. C'est encore pire que J. Kerviel et certainement plus criminel. Ils cultivent leurs propres potagers sainement pour leurs familles.
    Pour parler des enfants, des étudiants les meilleurs évidemment, qui se voient octroyés des bourses spéciales telles que "Bouygues" qu'elle va être leurs libertés ? Ne vont-ils pas se sentir redevables auprès de ce groupe pour avoir pu continuer leurs études, grâce à la bourse qu'ils ont perçue ? Seront-ils assez fort pour ne pas succomber, s'ils constatent des anomalies, des malversations, de la fraude, a la facilité de dénoncer ou vont-ils se taire ? Que feront-ils. Alors nous qui avons des enfants que leur diront nous ? Nous nous sommes privés pour les voir réussir ou nous n'avons pu nous mêmes, ils ont sacrifiés et fait beaucoup d'efforts pour gagner. Quelles sera notre et nos décisions dans un premier temps ? Puis un jour ne pouvant plus supporter les injustices nous ferons, du moins eux feront comme ces employés de banques qui dénoncent actuellement les fraudes fiscales, mais au bouts de combien d'années ? Aujourd'hui vu que les médias ne veulent pas commenter comme ils savent si bien le faire dès que Jean-Luc Mélenchon dit de façon cru et dru quelques choses, ils commentent pas...

  4. citoyenne21 dit :

    Kerviel, pas lavé tout de même de la cupidité qui fut la sienne des années durant ! Qu'il n'ait pas à trinquer seul pour des actes dictés par plus cupides que lui encore, tout à fait d'accord mais de là à en faire un martyre, non. Tout être humain doit être responsable de ses actes et il faut espérer que si il en réchappe, il fera un meilleur usage de sa vie. Souhaitons-lui d'avoir l'occasion de se racheter pour le mal qu'il a répandu en tant que simple exécutant. Après on a toujours le choix dans la vie de ne pas faire un métier honteux ! Trader ça rapporte très gros et très vite et ça peut faire oublier bien des principes de base.

  5. mamita dit :

    Toujours fidèle lectrice. Tes arguments portent haut et fort, et au fil des mois sont repris parce que compréhensibles, pas seulement par des "experts ou de spécialistes". J'ai particulièrement apprécié l'émission de dimanche Roumanov et j'ai retenu que tu n'accepterais plus de nous laisser traiter avec mépris et violence verbale par les médias ou tout autre moyen de communication. Je dis nous, car à travers toi c'est nous toutes et tous du front de gauche que l'on maltraite.
    Amitié

  6. Ardéchoise dit :

    Monsieur Mélenchon,
    En écrivant ce billet, vous vous positionnez en défenseur des victimes de l'oligarchie, en justicier en quelque sorte. Vous prenez une position personnelle qui vous éloigne de la position que vous aviez en 2012 en tant que représentant du Front de Gauche aux élections présidentielles porteur d'un projet politique de société. Se présenter en justiciable, c'est fort louable, sauf à vouloir garder une stature de premier ministre ou de Président de la République. Mais je pense que vous avez réfléchi à tout ça.

  7. pichenette dit :

    La finance et la violence sous de nombreuses formes. Ce lundi matin magistrale intervention d'un des créateurs du "Collectif Roosevelt" sur France Culture (autour de 8h). Tout y est dans ce qu'il est possible de caser en si peu de temps, le prolongement serait peut-être le niveau européen. Car pourquoi l'accroche est bonne au niveau des régions mais blocage au niveau des choix gouvernementaux ?
    Entre le Président actuel, en fin de mandat de la Grosse Commission, biglant sur un poste, concourant à brader l'Union Européenne aux USA et les chefs d'états plus prompts à se caresser le nombril qu'à se préoccuper de leur propre pays (sauf Angela, la tenace) les blocages gouvernementaux français s'expliquent. Jouer aux bons élèves formatés, répétant les rites de leurs castes.
    Les paroles de Monsieur Larrouturou sont percutantes, résonnent, solides d'arguments, visions réalistes, le tout bien formulé, il y est même question de récit. Le tout colle bien avec ce que défend, analyse JL Mélenchon pour l'essentiel. Et pourquoi aussi notre "mayonnaise"a-t-elle tant de mal à prendre?
    Démocratie... quand tu nous lâches.. faut-il que l'on se fâche.
    Cette Union "qui nous protège" lâche complètement le peuple de la Hongrie

  8. bolcheviquedécomplexé dit :

    Vous essayez de toucher la fibre historique des Français avec cette référence à l'affaire Dreyfus ? Mais pendant qu'on essaye de faire en sorte que le système mette le nez dans sa propre hypocrisie, il faudrait que l'on sorte de la notre, celle concernant l'Europe, enfin, de l'UE.
    La gauche de gauche demande de plus en plus instamment que l'on cesse de se bercer d'illusions sur une éventuelle réforme de l'UE pour en faire une fédération sociale. On reste tout songeur quant à la manière dont il faudrait s'y prendre pour mener campagne sur ce thème en Allemagne où l'orthodoxie monétaire domine le débat politique (comment la maintenir, la dite orthodoxie). Il est plus raisonnable de suivre la ligne des partis communistes d'Europe du Sud, notamment les Grecs et Portugais, à savoir quitter l'UE pour entamer enfin une Europe sociale. Le FdG doit franchir le pas, proclamer le souveraineté de la nation face à la soi-disante "technocratie" européenne. Bruxelles n'est le dépositaire d'aucune légitimité populaire. Il faut en tirer toutes les conséquences. Et bien avoir en tête les origines capitalistes de l'intégration européenne.

  9. Antraigues dit :

    Il faudra bien un jour que l'on se penche sur le cas de cette madame Lagarde, dont la prodigalité est décidément surprenante...
    Bon, ceci dit, n'oublions pas le GMT.

  10. Sophie Clerc dit :

    A PG Paulette
    Pas d'argent, que voulez-vous ! Vous vous insurgez fort à propos contre les producteurs agricoles qui empoisonnent leur clientèle. Mais tout se tient : comme l'argent va dans les dividendes, et que les gens qui ont de l'argent ne paient pas d'impôts sur leurs gains financiers (alors que les travailleurs se font plumer jusqu'à l'os), il n'y a pas d'argent pour la recherche écologique. Les mulots, rats, souris et campagnoles qui dévorent les cultures cette année par milliards - pour les tuer, il faudrait des taupiers formés et payés, des barrières spéciales, des produits écologiques. Mais impossible, il n'y a pas d'argent. Ni pour la recherche ni pour les produits. Et comme il faut produire bon marché, on empoisonne ! Logique.

  11. Henri Tramoy dit :

    Voilà ce qui s'appelle être révolutionnaire ! Aller au cœur des choses pour la justice. Quant à Kerviel, je le verrais bien faire un travail d'intérêt général, pendant quelques mois, au service des plus pauvres. Mais aucune justice digne de ce nom ne pourrait le justifier. L'ignorance et la soumission à l'autorité ne sont pas des délits !

  12. diouspikangliche dit :

    La clé de la combinaison Lagarde-SG, c'est Robert Day, administrateur de la SG.
    "Mme Lagarde, dont aucun Français ne sait vraiment pourquoi elle est ministre des finances, sans avoir jamais été élue par quiconque ni jamais avoir fait de politique, a fréquenté les mêmes institutions étrangères que M. Robert Day", le CSIS.
    Focus sur ce M. Robert Day : il a été mis en examen pour délit d'initiés, dans une class action aux US, en est sorti blanchi on ne sait pas comment puisqu'il a vendu des millions d'actions SG en janvier 2008 et le fameux 18 janvier 2008 ! Le vendredi donc alors que le débouclage commençait le lundi 21 janvier ! «Robert A. Day a vendu, avant que n’éclate l’affaire Kerviel, 900 000 actions « Société Générale » au prix de 95,27€, le tout lui rapportant 86 millions d’euros.
    Le lendemain, il récidive en vendant pour 10 millions d’euros d’actions, puis pour 40 millions d’euros le 18 janvier.»
    .
    Pour mettre la cerise sur le gâteau, le conseil de ce monsieur Day en 2008, était Me Metzner. Conflit d'intérêt entre la défense contre la SG et en faveur de la SG.
    On peut mieux comprendre avec indignation pourquoi le contribuable français doit payer 1 milliard 7 à la Société Générale !

  13. lou passejaïre dit :

    Jérome Kerviel est innocent. Voilà ce qui sera retenu.
    Jérome Kerviel est innocent comme les malgrés-nous de la division Das Reich étaient innocents à Tulle, à Oradour à Maillé et ailleurs... puisqu'ils étaient innocents.
    Voilà ce qui sera retenu. Les zélés serviteurs sont innocents. J'ai comme un doute politique...

  14. Alain44 dit :

    Dans la ligne de ce post je vous recommande la lecture du livre de Jean Poperen " Socialistes la chute finale" ce livre est très instructif aussi bien pour les plus jeunes que pour les anciens afin de se rafraichir la mémoire et de comprendre le cheminement politique lamentable mais soigneusement pensé et programmé par nos solfériniens. Un livre de référence d'une grande objectivité écrit avec le coeur d'un militant socialiste et ou nous voyons comment nous sommes allés de recul en recul sans contreparties.

    [Edit webmestre : "Dans la ligne de ce post" Vraiment ? Comment habiller un hors-sujet...]

  15. Citoyen93 dit :

    Salut à tous, j'écris depuis mon notebook assemblé en vitesse par des travailleurs chinois qui auraient du être en congé ou mieux à l'école en train d'apprendre l'histoire et la poésie, ce qui fait de moi un énième rouage de la finance et de la division Das Reich, donc je ne porterai pas d'appréciation morale sur Kerviel. J'ajoute qu'il y a une semaine ont été annoncés 4 licenciements économiques dans ma taule, certes j'ai exprimé toute l'imbécilité de cette austérité acceptée et intériorisée par tout le monde. Dans mon cas une association comme tant d'autres en train de sombrer sous le coup des réductions de dépenses publiques. Mais la résignation collective m'a gagné et je ne sais pas encore quoi faire ni comment rebondir pour ne pas laisser impuni ce crime de la finance et de son exécutant de circonstance alias le gouvernement solférinien. A mon échelle donc je ne vaux toujours pas mieux que Kerviel, j'entretiens le système, je lui fais crédit. Sauf que maintenant que ce Kerviel a été éjecté par le système et se retrouve à lutter pour sa survie, de fait son cas personnel devient un combat indispensable et exemplaire contre la finance internationale. Je ne sais pas si c'est encore utile de le dire mais simplement j'approuve à fond la démarche exposée ici. Devant ce sac d'embrouille qu'est la Société Générale, qui continue d'accabler tant de gens autour de moi, je dis qu'il est temps de leur faire mettre genou à terre, condamner lourdement leurs responsables iniques, et nationaliser tout ça une fois pour toutes comme en 1945.

  16. cerise verte dit :

    C'est touchant cette photo du petit Jérôme Kerviel. Brebis égarée ? Responsable mais pas coupable ? Coupable mais pas responsable ? On se doute bien que c'est pas lui tout seul qui à perdu 5 milliard sous le bureau ! Mais est-ce nécessaire de faire pleurer dans les chaumières sur le sort de Kerviel ?
    Tout le système tient grâce à des gars comme lui, c'est bien le problème. Chacun un petit maillon pas vraiment responsable faut bien gagner sa vie, une vraie mule on vous dit.
    Que d'emphase pour le défendre. Pourtant il doit pas être complètement idiot ce gars là alors que n'a-t-il réfléchi avant à son rôle dans ce grand hold-up en bande organisée dont les banques ce rendent coupable bien avant la machination dont il est peut-être victime. N'a-t-il donc rien à voir avec tout ça, à 5 millions d'euro par an ce gentils garçon et son innocente conscience ? Ne faisait-il point parti lui aussi du monde de la finance ou peut-être nettoyait -il les bureaux pour 900€ par mois auquel cas on comprendrai qu'il est la tête baissé comme une mule ?
    On ne peut pas être bouc émissaire quand on a les mains dans le cambouis à ce point là. Ne voyez vous pas qu'il fait pleinement partie du monstre froid et a-t-on besoin de son innocence pour condamner le système et la collusion que vous dénoncez ?
    C'est parce que tout le monde veut en croquer que ce système tient, tout le monde après son petit "pouvoir" d'"achat". Et à 5 million d'euros ce n'est plus de la servitude volontaire.
    Après le portrait de Clément, celui là me fais mal.

  17. FORT dit :

    @cerise verte
    A-t-il peur d’être humain dans un monde inhumain qu'il veut transformer ? Il serait plus utile de ne pas douter de nous.

  18. jpp2coutras dit :

    @diouspikangliche à 13h04
    Merci de ressortir cette info cruciale. On l'avait oublié le R Day. Chapeau le Bob. Pur bonus: "La clé de la combinaison Lagarde-SG, c'est Robert Day". Voilà de quoi faire couler la gondole, car il n'y a pas de place pour le hasard à ce casino-là? Ou alors s'agit-il d'un "spiel", sorte de jeu d'échec. On sacrifie une tour (JK) pour que la reine FMise et le roi de trèfle mouline dans le vent pendant que les supputeurs démédias montent la garde (qui n'a pas la tête à ça, n'est-il pas), alors pourquoi laisseraient-ils descendre la "bonne mère" Christine ? Non mais!
    Décidément la démolition contrôlée de l'usine à gazer de la finance folle va être un sacré boulot dans l'urgence pour le peuple souverain. Quand il s'y mettra pour de bon, c-à-dire bientôt. L'Humain d'abord. Fraternité, égalité, liberté, laicité. Et VIte la VIème!

  19. cerise verte dit :

    Il ne s'agit pas de ça. Il s'agit de politique, de changer la politique. Le capitalisme tiens grâce à la servitude volontaire depuis 150 an. La deresponsabilité individuelle le suivisme de guides suprêmes noir ou rouge a mener au catastrophes du 20ième siècle. Et je pense juste qu'il serai temps de penser le monde avec un peu plus de nuances que les coupables d'un coté et les innocents de l'autre. Oui il y a un moment quand on est adulte ou on peut quand même se poser la question de ce qu'on fait dans ce monde. C'est souvent tellement plus simple de croire qu'on a pas le choix à cause de ces méchants exploiteurs.
    Et si Je ne suis pas très claire relis 414@loupassejaïre qui s'exprime mieux que moi (ainsi que @216 et @221).
    Quand à Kerviel, si il crève de faim, il y aura toujours une soupe pour lui à la maison bien sûr.

  20. vm dit :

    @lou passajaïre (14h44)
    Si Kerviel est reconnu innocent de ce dont on l'accuse, alors madame Lagarde sera mise en cause pour avoir donné 1,7 milliard à la SG, sans enquête préalable sur l'origine des pertes de la SG. C'est ça le "politique" de l'affaire ! Voyez aussi diouspikangliche 13h04 et jpp2coutras 17h03.
    La démonstration est claire. Pas étonnant que les médias aux ordres n'osent plus rien dire sur le sujet, attendant sans doute de savoir ce que vont dire les vrais coupables pour essayer de s'en sortir.

  21. jack dit :

    Bravo Camarade Jean-Luc, je ne suis pas douée dans tout ce qui concerne la finance, mais là j'ai tout compris ! C'est une évidence, Kerviel n'a pas nui à son employeur ! Il y a anguille sous roche !

  22. j-jour dit :

    Ayé, les médias n'en pouvaient plus de devoir se retenir sur la défense de Kerviel de Jean-Luc Mélenchon pour obéir aux intérêts qui les gouvernent, les voilà en train de se ruer sur ses propos sur sa préférence de la classe affaire pour voyager!

  23. Alain44 dit :

    Hors-sujet! Hélas non, tout le livre de J.Poperen traite de l'évolution du PS depuis 1983 vers sa dérive libérale ou la finance prend toute sa place et ou le compromis social est tout simplement passé à la trappe. Depuis cette époque nous devons avaler la vertueuse rigueur et céder tous nos acquis sans aucune compensations. Le PS arrivant au pouvoir n'avait même pas été capable de mettre au pas la Banque de France, ce n'est pas étonnant que nous récoltons l'affaire Kerviel aujourd'hui. Il faut lire ce livre Mr le Webmestre, tout est là.

  24. educpop dit :

    Comme c'est drôle. On sait tout mais on ne peut rien faire, on n'a pas de preuves ! Et si on fait un procès on va perdre ? Jean-Luc Mélenchon explique que Kerviel est innocent mais que ce n'est qu'un agent du système. Alors on parle du système car on a bien compris que c'est un mauvais système. Le problème c'est comment l'arrêter, pas de le désapprouver. A force de bénéficier de toutes ces révélations on a l'impression d'être des acteurs, mais on est au mieux des victimes et plutôt des agents du système. D'ailleurs on en est assez conscients mais ça ne nous empêche pas de continuer.
    C'est comme dans la blague de l'homme qui tombe du 20ème étage, qui répète "jusqu'ici ça va" avant d'arriver en bas.

  25. Eric dit :

    «Jérome Kerviel est innocent comme les malgrés-nous de la division Das Reich étaient innocents à Tulle, à Oradour à Maillé et ailleurs... puisqu'ils étaient innocents. Voilà ce qui sera retenu. Les zélés serviteurs sont innocents. »

    Mélange des genres, et trolling. Premier point, je vous suggère d’aller visiter the Struthof (Natzweiler) en Alsace pour voir ce qui attendait les familles des Malgrés-nous déserteurs. Quand à les qualifier de zélés, vous étiez là pour en témoigner, de leur zèle ? Peut-être l’ignorez-vous, mais être dans la SS pour un Alsacien était une mesure disciplinaire (souvent suite à une désertion).
    J. Kerviel est innocent juridiquement. Pas plus que vous je n’apprécie son choix de carrière, mais après tout, je connais des gens qui croient que les riches créent la richesse… Ceci dit, il y a des gens qui n’apprécieront pas les différents choix que j’ai fait, dont acte.
    Vous dites que vous avez un doute politique ? JL Mélenchon le dit et le répète. L’action politique est basée sur la justice. Si vous refusez la justice à ceux que vous n’aimez pas, alors je comprends votre doute… politique.

  26. phiphi the biker dit :

    Très cher Jean-Luc, très chers tous,
    Je viens d'écouter ton intervention du 21 juin sur RTL. J'y entends parler d'emplois subventionnés (par Hollande). Laisse moi te narrer comment j'ai vu "vivre" l'agriculture subventionnée, grâce à la PAC (politique agricole commune) dans les années 75 (et oui !). Mes parents étaient agriculteurs.
    D'abord l'amalgame : les agriculteurs", c'est pratique, ça permet de mettre tout le monde dans le même sac et de monter la partie de la population non agriculteurs, contre ces "assistés". Quoi ? "Ils ont du fric plein les tiroirs, et en plus on les subventionne". Salaud d'agriculteurs !
    Quel sont les avantages de la subvention de l’agriculture ? 1) Monter une très grosse partie de la population contre les agriculteurs. 2) Obtenir le coût minimum auquel le système oligarchique consent à les payer (c'est à dire au coût minimum acceptable, car tant qu'ils ne gueulent pas, c'est que ça passe.
    Protestations ! Manif ! Aller hop, une petite perfusion, on injecte juste ce qu'il faut pour arrêter les protestations, mais juste ce qu'il faut aussi pour laisser crever la frange des agriculteurs que l'on destine à l’abattage. Et comme le ressenti de l'agriculteur, ce terrien, bosseur à en crever, est de défendre sa terre, il approuve lui même ce système qui l'étouffe. Mieux, il participe, sans sans rendre compte au remembrement et à la concentration des surfaces agricoles, qui seront absorbés, le temps venu, par les gros groupes financiers, avide d'industrialiser l'agriculture à leur profit.
    L'emploi subventionné, c'est copié collé de ce système ! Papa, maman, je sais combien ce système vous a détruit, vous et vos homologues, je ne pouvais pas ne pas écrire mon amertume et ma colère. Je vous aime.
    C'est pourquoi j'ai pris ma carte au Parti de gauche, en espérant foutre tout ce...

  27. Vince_BZH dit :

    @j-jour 423
    On atteint le niveau zéro du journalisme en ce moment, aucun relai pour ce billet qui parle de près de 2 Milliards € que le contribuable s'est fait discretement sourtirer de sa poche. Mais non ces journaleux preferent la Classe Affaire, je rirais que Jean Luc ne fournisse tous les billets de ces derniers déplacements en classe éco, alors qu'au final c'est une question sans la moindre importance. Tout le monde préfère la classe affaire non ? Et après ils se demandent faussement pourquoi Marine est si bien vu et pourquoi Jean-Luc l'est aussi peu des classes qui n'ont pas accès à la pluralité de l'information, voir à l'information tout court sorti du JT de 20h, et ce pour des raisons diverses et variées.

  28. Maximilien R. dit :

    @lou passajaïre
    Là c'est quand même limite. Même si je suis d'accord pour dire que Kerviel n'est pas innocent, ce qu'on lui reproche est tout simplement hallucinant (merci vm, cette distinction méritait d'être faite), le comparer aux SS de la Division Das Reich me paraît particulièrement malvenu et je salue la réponse d'Eric, reprécisant certaines choses sur les malgré nous.
    Pour ma part, je n'ai aucun doute politique. A partir du moment où le grand capital s'en prend à celui qui le sert, fut-il zélé, et surtout de cette manière, avec la complicité de l'Etat qui ne contrôle plus rien, soumis qu'il est aux diktats de Bruxelles et de sa commission aux ordres de la finance internationale, notre devoir est clair. L'Humain d'abord, et donc la défense du salarié (fut-il trader) face aux patrons rapaces.
    Non, Kerviel n'est pas innocent, non Kerviel n'est pas un malgré nous, mais oui, il ne peut avoir agi autrement que sur ordre, ou, à tout le moins, avec l'assentiment passif de sa hiérarchie, plus préoccupée de ses profits que de l'intérêt du Peuple.
    A quand la privatisation des pertes des banques ? Elles ont, après tout, joué et souvent perdu l'argent du contribuable, le seul à être mis à contribution à tout propos et au seul profit d'intérêts privés.

  29. pascal des landes dit :

    Bonsoir à tous, camarades et amis.
    On ne peut comparer l'activité de Kerviel, salarié d'une banque, à celle d'un criminel de guerre, car justement, un criminel de guerre enfreint les règles de la guerre, car il y en a, en l'occurrence celles de Genève. Kerviel n'est autre qu'un employé de banque comme celui qu'on va voir pour des menus soucis d'argent (parfois de gros), ce qui ne le rend ni plus ni moins sympathique. Le conseiller est il coupable lorsqu'il vous coupe les vivres en vous assommant d'agios, ou fait il le boulot que sa hiérarchie lui a ordonné de faire ? Cela le rend il coupable, ou est ce la banque qui lui dicte la sale besogne ? C'est tout de même bien différent de ces salauds qui commettent des crimes de guerre ivres de puissance et de cruauté. La banque a acheté l'audace de Kerviel, et c'est ce qui lui a couté cher. Kerviel dans ce contexte accompli les gestes techniques propres à son métier, et la morale, la loi est étrangère à tout cela. Il ne commet pas un crime. Le débat portera sur la faute professionnelle ou non. Pour cela on ne mérite certainement pas le lynchage médiatique dont il a été victime, car, l'argent qu'il a tradé était celui de la banque avant toute chose à ses yeux et non, dans sa conscience, celui de millions de petits épargnants. C'est aussi ce qui le différencie de Madoff qui lui sait qu'il joue avec l'argent de milliers de personnes. Kerviel ne cherche pas directement d'ailleurs à gagner de l'argent pour lui même, il cherche d'abord à briller pour son entreprise, ce qui ensuite sera gratifié d'une prime indécente. Mais au départ, il veut briller, pour celui qui l'emploie. Et c'est en voulant briller qu'il se plante. Un peu comme un pilote planterait son avion en faisant une manoeuvre hasardeuse autorisée par ses chefs. Kerviel est un exécutant, pas un coupable.

  30. Thaumasios dit :

    Bon un peu — carrément — hors sujet (désolé Webmestre), mais voilà. Je suis en train de me bidonner depuis deux jours en voyant les tentatives lamentables de "déstabilisation" de Jean-Luc par les Solfériniens et leurs relais médiatiques. Maintenant, le nouveau scandale, c'est que Jean-Luc voyage en classe affaire. Wouhou ! Et il y a des dizaines d'articles là-dessus en plus, sans rire. S'ils n'ont vraiment plus que ça à nous servir, c'est que ça marche vraiment bien pour nous. Vivement les Européennes qu'on rigole encore plus…

  31. allebosch freddy dit :

    Bien joué Jean Luc, ils veulent encore te piéger et oui tout le monde devraient voyager en classe affaire, nous avons un cas semblable en Belgique dans un parc d'attractions pour enfants. En file d'attente en voiture ceux qui payent plus passent les premiers, c'est à dire que les enfants de parents qui sont moins bien nantis on le temps d'attendre. Scandaleux !

  32. j-jour dit :

    @Maximilien R.
    A quand la privatisation des pertes des banques ? Elles ont, après tout, joué et souvent perdu l'argent du contribuable, le seul à être mis à contribution à tout propos et au seul profit d'intérêts privés.

    On n'en prend pas le chemin, si l'on en croit ce qui se trame en haut lieu européen. Schaüble propose pour "sauver les banques une ponction de 8% sur les dépôts et les actifs". Chypre était donc bien un premier test miniature. La conclusion nous rappelle "qu'entre 2008 et 2011, les contribuables européens ont consacré plus de 4,5 trillions d’euros, soit un tiers du PIB de l'UE, au sauvetage des pays et des banques." Ces banques n'en finissent-elles donc jamais d'être sauvées? Comment se fait-il qu'elles se paient le luxe, dans ces mêmes périodes où elles sont l'objet d'une aide publique aussi importante, de verser 46% de leurs résultats nets à leurs actionnaires? Grâce à l'argent public venu à leur rescousse? C'est le tonneau des Danaïdes, cette affaire.

  33. cr_sud dit :

    @433 j-jour
    Merci pour ce lien, on se rend compte que les jours passent et la machine infernale, elle, s'organise. Plus besoin d'un J Kerviel pour sortir d'affaire les banques dans l'ornière si une telle mesure était gravée dans le marbre. Mais, en réalité pour la France, elle est déjà gravée. En effet, la réforme bancaire Moscovici prévoit d'ores et déjà une fusion entre les fonds de garantie des déposants et le fonds de garantie des banques (voir titre II de la loi). Ce scandale ne heurte personne. Mais dixit les spécialistes qui se sont penchés sur la question, si une crise systémique survenait, la taille de ces Fonds de Garantie ne pourraient rien honorer du tout comme garantie aux épargnants et aux déposants...!
    Tout est déjà prévu à l'avance pour que le moment venu les citoyens soient dans l'ornière, sans qu'ils ne puissent rien faire car il serait trop tard, devant le fait accompli. Alors le lien fait froid dans le dos. Que Schauble puisse évoquer de décrêter une spoliation des déposants alors, en 2008, personne n'a évoqué de spolier les actionnaires et de nationaliser les banques, c'est purement scandaleux.
    A quand la révolution!

  34. Jean-Louis50 dit :

    Entièrement d'accord avec toi Jean-Luc. Tu as raison de dénoncer cette arnaque de la Société Générale qui nous coûte 1,7 milliards €.
    Prends soin de toi.

  35. Bracam dit :

    Fascinante opposition entre deux interventions radiophoniques présentées sur ce blog, Samedi Roumanoff et RTL midi. Chez Roumanoff, Jean-Luc répond aux détracteurs et sceptiques à la question de l'opportunité de sa présence dans des émissions de variété : j'y suis bien accueilli, dit-il, et on me laisse parler.... J'écoute ce propos et je me rends compte qu'en effet, c'est un monde nouveau pour moi dans lequel il a sa part, le droit à la parole : il est l'invité. Certes, les thèmes sont traités avec légèreté pour le moins, les animateurs lui semblent acquis. Probablement que l'implication politique très indirecte et l'absence de questionnement de fond rend l'atmosphère bien plus agréable, bien qu'en contrepartie, il devienne difficile d'aborder des sujets de fond. Du moins, comme on rigole, je ne suis pas sûr que la sympathie que l'on éprouve à l'égard de Jean-Luc touche beaucoup de monde et surtout, en profondeur. Mais, va donc savoir.
    Cette réaction parce que j'ai enchaîné avec ce que j’appellerais la grotesque de RTL. Une question tragique m'est venue à cette instant : pourquoi Jean-Luc était-il invité ? Jamais je n'avais été frappé à ce point par la vulgarité de ces "journalistes" qui, comme des harpies, bouffis d'importance, harcelaient l'invité, faisant questions hyper attendues et réponses caricaturales, confits dans leur certitudes et récitant leurs litanies mille fois copié-collées sur tous les réseaux les jours passés, faisant un pitoyable de leur présumée connaissance du tout média, convaincus de détenir un tel savoir qu'à eux deux, ils ont bien dû occuper les trois quarts de cette "émission" formatée pour décerveler, par la forme imbécile, stéréotypée et insultant l'intelligence. Je suis fasciné par la manière dont la plupart des "journalistes" sont incapables d'écouter une réponse. Un spectacle misérable, qui me fait dire que j'admire Jean-Luc, dont je persiste à estimer qu'il s'en tire de mieux en mieux dans les médias...

  36. proletaire dit :

    En général, l'argent frauduleux est récupéré là où il se trouve, c'est-à-dire là où les 4.9 milliards ont filé. Si cela se passe dans un casino, c'est bien le casino qui rembourse. Dans le cas Kerviel, c'est le bon père de famille qui rembourse à la banque SG 1.7 milliards sans un seul doute avant que l'affaire ne soit jugée. Pour ensuite venir frapper à la porte de cette même banque demander un emprunt de 1.7 milliards (ou plus) et devoir payer les intérêts! Faites vos jeux... les jeux sont faits!

  37. ermler dit :

    @ lou passejaire 14h44
    J'ai comme un doute politique.

    Moi j'ai un comme un léger doute sur vos facultés intellectuelles. Je passe sur le choix subtil de votre comparaison, mais veuillez noter que les "malgré-nous" - exécutants des massacres d'Oradour sur ordre de la SS -, n'ont pas été mis en justice... sur plainte de la SS, ni jugé pour avoir porté préjudice... à la SS ! Vous saisissez la petite nuance avec Kerviel - SG ?
    Je vous laisse cogiter.

  38. Yvon BH dit :

    Merci de confirmer ce que toute personne sensée se demandait !

  39. Bruno LERMON dit :

    Kerviel est coupable comme nous tous a des niveaux différents. Des circonstantes attenuantes vu son jeune age, et a le droit d'etre défendu correctement comme tout citoyen Français et du monde ! Osons, cotisons nous pour payer un charter a Madame Lagarde via un paradis fiscale en lui signifiant bien que nous n'avons pas besoin de ses capitaux qui avilisent l'être humain. Cessons de penser que nous ne pouvons pas nous passer de nos riches, de leurs capitaux pour vivre décemment et correctement. Ces riches nous maintiennent dans la peur de perdre alors qu'en réalité il n'y a rien a perdre, mais tout a gagner a ce passer d'eux. Ils ne vont pas partir avec leurs terres, au kaiman ou au costa rica, ou de toute manière il sera facile de les retrouver. Nous avons des travailleurs, des techniciens, de bons économistes et nous avons largement les moyens de nous passer de cette forme de "faschisme liberal" sous la forme de ce capitalisme aliénant qui nous renvoie a nos bas instincts.

  40. juju dit :

    Mille fois d'accord avec Bruno 440 sur l'affaire Kerviel et la finance en général. Le seul gros problème, et il est de taille, ce sont les médias. Silence radio depuis 5 jours sur cette affaire qui aurait du faire exploser l’audience de tous les médias. Nous sommes, avec le Front de gauche et JL Mélenchon en particulier, volontairement invisibles et transparents au travers des infos qui, tout le monde le reconnait, est la 2eme peau de l'oligarchie qui nous dicte notre chemin de croix. En comparaison, l'histoire de la classe affaire d'hier à déjà fait le tour de tout les médias de France et de Navarre. Pour arriver à fédérer le citoyen lamdba qui ne se préoccupe pas de la politique, il faudra déplacer des montagnes. A moins d'un frémissement vers la gauche des médias qu'il me semble apercevoir. Mais peut être est ce mon optimisme naturel. Vive la 6eme.

  41. François LEFEBVRE dit :

    Cher camarade,
    Adhérent au parti de gauche depuis le début, je pense que nous devons concentrer notre action sur bien d'autres sujets que sur la défense d'un trader qui a gagnait plus de 300 000 € en 2007 (à ce titre de toute façon, il est coupable!). Il ne peut en aucun cas être considéré comme un pion à ce tarif. Je penses que le discours d'un porte parole doit être mieux maitrisé et ne pas se perdre dans des combats qui ne sont pas les nôtres.
    Reprend vite tes esprits, Jean-Luc, le Front de gauche a besoin de toi!
    On lâche rien

  42. Ouilya dit :

    Dans son post, Jean-Luc développe bien autre chose que de savoir si Kerviel-ci, si Kerviel-là. Nous avons compris que pour ce jeune homme qui pratique un métier légal, devait suivre ce qu'attendait de lui ses supérieurs et que la SG l'a utilisé pour ses magouilles avant de se casser la figure et trafiquant la raison de son renvoi et d'entrer dans le cadre d'une loi qui permet aux banques qui subissent "des malversations" peuvent en appeler à l'état pour se faire dédommager à hauteur de 33 %, etc. Oui Lagarde n'a pas fait son boulot et s'est empressée de contenter la SG, à nos dépends.
    Ce que Jean-Luc veut également nous montrer en dénonçant l'affaire Kerviel, c'est tout le système de fonctionnement de toutes ses banques privées qui portent et créent les armes qui dépouillent, volent les peuples avec l'aval des états en place !
    Plus encore que l'injustice de traitement qu'à subit Kerviel, il faut prendre conscience de l'organisation monstrueuse qu'ont développés ces libéraux de tout poil, mégalomaniaques et devant lesquels nous représentons la seule résistance, tous les autres s'étend couchés. Voyez l'immense tâche qui nous attend. Quant aux médias, leur laisse est courte et ils n'ont pas encore reçu de consigne alors ils font un peu de zèle. La pauvreté mentale, c'est une pitié !

  43. pichenette dit :

    C'est la démarche qui est porteuse. Pour que les choses prennent sens, il faut une histoire, un récit et non une succession de formules exprimant des revendications, des idées, un programme: demandez le programme!
    Tous coupables, tous complices ou tous innocents, cela ne signifie rien, n'apporte rien à l'édifice. Par contre être à la recherche de sens, vivre dans la plus grande cohérence possible entre ses actes et ses idées, c'est déjà un chemin qui se dessine qu'il est bon d'emprunter, pour la paix de sa conscience et compatible avec l'intérêt général. La contradiction est le propre de nombreux autres partis politiques qui se nourrissent de contradictions tant dans leurs propos, faciles à relever que dans leurs actes, chacun peut trouver des exemples. On peut être innocent sans être naïf. Lorsque les filets sont invisibles ou lorsque la lumière éblouit, les appâts font des prédateurs des victimes. Le prédateur est innocenté d'autant plus facilement qu'il est énorme. Et dans les gestes quotidiens à côté des actions collectives associatives, politiques, faire des choix cohérents c'est de la vraie résistance. D'atomes sont faites les montagnes, ils échangent, se lient, résistent aux forces répulsives.
    Et quelle fable: réclamer des milliards d'euros au fils de la coiffeuse! Vite une dévaluation.

  44. Michel Matain dit :

    Il faut défendre l'innocence de Kerviel comme celle du Marine US Bradley Manning comme celle du consultant pour la NSA Edward Snowden qui, tous, après avoir bien servi le système, sont victimes d'une tentative de broyage. C'est particulièrement vrai pour Bradley Manning qui a subi pendant plus d'un an des conditions de détention épouvantable en prison miltaire aux USA. Aucun d'entre eux n'a exercé un travail que nous glorifions, aucun d'entre eux n'a travaillé pour des institutions pour lesquelles nous avons du respect, bien au contraire.

  45. jean ollive danielle dit :

    Non Jean Luc, Kerviel n'est pas innocent. C'était son métier, il n'était pas là par hasard, n'est pas trader qui veut. Il y a bien des choses que je refuserai de faire même pour bouffer alors encore moins pour mener une vie grand train.
    Par contre tu as raison de souligner que des coupables, y en a d'autres et qu'il serait bien que tous payent leurs fautes à la hauteur de leurs implications.
    je suis d'accord aussi de laisser à Mr Kerviel une dignité qui lui permette de repartir dans la vie sur d'autres critères de valeurs qui ont été le siennes jusqu'à la catastrophe. Sinon on y serait encore. Ce sont des chemins de vie. Il n'est plus question de liasses de billets qui sortent on ne sait d'où et qui repartent et enrichissent quelques établissements bancaires au passage. Par contre sur cette terre, qu'une seule âme change, et le monde change !

  46. durluche dit :

    François Lefebvre 442
    Tu fais parti des rares à n'avoir pas compris, Kerviel est innocent de ce dont on l'accuse et Lagarde est coupable, c'est simple. En plus c'est une bombe politique, cette affaire; c'est une démonstration de plus du coté mafieux de la direction du pays et c'est en droite ligne avec nos positions. (@WM, Super le correcteur d'orthographe)
    Quant aux médias qui savent traiter Jean-Luc Mélenchon de populiste, ils nous la jouent sur quel registre, eux, avec le montage en épingle de cette histoire de classe affaire? Si tu voyageais en classe éco, ils diraient que c'est pour faire peuple alors que t'as les moyen de te payer un billet en classe affaire, preuve de ton populisme; on les emm****, on sait que t'es sincère.

  47. jeannine dit :

    @ lou passjaÏre 414
    Absente deux jours, je reprend ma lecture. Il fallait oser, eh bien vous l'avez fait ! Pardonnez moi, mais je suis sidérée. Enfin bon.
    Quant à cette histoire de classe d'affaire, les média si vous lisez ce blog, bravo, c'est intéressant cette info, par les temps qui courent, vraiment capital ! Et vous pouvez rajouter aussi que les militantes de Monsieur Mélenchon aiment le bon parfum et quelques bijoux, vous verrez cela intéressera tout le monde, je vous assure. Franchement ça c'est du journalisme !

  48. diego dit :

    @ermler,
    Je suis d’accord avec votre réflexion. Mais c’est la même chose pour la comparaison « Affaire Kerviel = affaire Dreyfus » qui est mal venue. Les banques ne sont pas anti-traders comme l’armée pouvait être antisémite.

  49. Un banquier de passage dit :

    Je pense que Mr Mélenchon ne sait malheureusement pas ce qu’il dit.
    « On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions »
    Non, les meilleurs éléments font dans les 100 millions.

    « Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux. »
    10 millions, c’est parfaitement et affreusement banal. Ça ne mérite même pas un gros bonus. Si Kerviel avait gagné 100 millions deux fois, en revanche, vous pouvez être sûr que les inspecteurs internes se collaient illico sur son cas.

    « il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait »
    Les meilleurs reçoivent 2 ou 3 millions de bonus, pas 30,000€. C’était un trader moyen sur un desk minable (le delta-one) qui n’a même pas vocation à gagner de l’argent (mais on leur demande d’en faire, ça les occupe, sinon ils deviennent un peu fous)

    « 125 millions… 50 milliards ».
    Et vous allez dire que la banque est au courant que Kerviel a dépassé de 400 fois la mise autorisée ? Ok, ils ont passé sur des excès de 10% ou 20%, mais on n’est pas dans le même ordre de grandeur.

    « En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse »
    Ce qui se passe est très différent. La SG a payé 33% d’impôt sur les sociétés sur un gain qui n’a jamais existé, car en fait, Kerviel avait fait des pertes. Ce qui se passe est que, lorsque des comptes faux ont été publiés sincèrement, on peut les corriger après coup et se faire rembourser la différence. C’est une pratique courante, pas uniquement dans le milieu bancaire. La seule chose d’exceptionnel ici est le montant. Donc pour rembourser, il fallait juste que les comptes soient de bonne foi, donc que le management n’aie pas su. Malheureusement, si vous aviez travaillé dans le milieu, vous sauriez que c’est une évidence.

    « Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de process »
    Malheureusement non. Aucun auditeur ne laisserait parler ça, sans parler des contrôles internes. La SG va inscrire dans ses comptes la valeur estimée et actualisée de la dette de Kerviel à son égard, ce sera bien moins de un million d’euros. D'ailleurs, si la dette de JK valait 4.9 milliards... il n'y aurait aucune perte pour la SG, donc aucun impot rembouse !

    « la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard »
    Elle n’est absolument pas nécessaire. Il suffit, comme dit plus haut, que le top management n’aie pas été au courant. Qu’on trouve un coupable ou non est hors sujet.

    « La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. »
    Exactement comme pour la quantité d’impôt payée par toutes les sociétés, l’état fait confiance aux experts comptables. C’est la norme.

  50. cr_sud dit :

    @452 banquier de passage
    Vous défendez votre système, vous mangez dedans, et vous ne vous rendez même pas compte de votre nuisibilité.
    delta-one... des minables... et 10M€ c'est normal comme objectif... 100M€ c'est bien le moins qu'on puisse demander à un trader...
    Tout cela est terrible ! Le trading, la gestion de belles positions bien lourdes en produits dérivés, avec grosses marges latentes, la gestion de book, les grecques delta gamma vega theta, mais aussi d'ordre supérieur avec des produits bien complexes, j'ai donné. Le directionnel, je connais également, et quand je lis vos propos dédaigneux à l'égard de l'un de vos pairs sous prétexte qu'il n'est qu'un trader directionnel, sans doute sans pedigree scientifique, ou sans particule, vous me faites vomir.
    La France n'aurait pas dû sauver le secteur bancaire, et vous auriez fait partie des wagons de licenciés comme ceux de Lehmans qui sont partis sur le champs.
    Ce système est un Casino légal où des gens comme vous considèrent normal ce qui s'y passe, en nuisant au plus grand nombre par vos interventions au quotidien. La banque d'investissement a créé des fonctions parasites, qui permettent de capter une valeur ajoutée qui n'a pas de réelle utilité pour la collectivité quand çà va bien, et qui est nuisible quand les bulles s'effondrent. Junk-bonds et la chute de Drexel Burnam Lambert et 1000 caisses d’épargne US au tapis, La crise des.com, ENRON, LTCM, les subprimes... Actuellement, un gap de 1000 Mds d'euros entre l'actif réel et le passif réel des banques européennes si on valorise sans les extérioriser les actifs toxiques à leur vraie valeur au lieu de gérer leur extinction dans un SPV à part et de faire supporter dans le temps ces pertes (comme DEXIA).
    Votre secteur d'activité ne devrait plus exister cher Monsieur, mais tôt ou tard, cela va arriver, car il se peut que la crise fatale du système soit en Chine aujourd'hui, et le marché ne pourra pas le supporter !
    Préparez votre parachute, car cela risque fort de sauter...

    Donc pour en revenir à l'affaire JK, Jean-Luc Mélenchon a tout à fait raison de remettre en lumière cette affaire pour dénoncer le système, et ce système est pourri jusqu'à la moëlle. Un seul homme dans une salle de marchés comme à la SG, avec les garde-fous de Middle office, et surtout back-office qui doivent honorer au quotidien les appels de marges sur les positions, ne peut engager autant sa banque, sans que sa hiérarchie ait consenti à cette prise de risque.
    Les 1.7 Mds d'euros ont donc été payés à tort à la SG, et c'est un pur scandale. La hiérarchie devrait à tout le moins être comptable de la perte, et saisie sur ses biens propres. Et Lagarde aussi.

    @Poncet
    Tout à fait d'accord. Et la conséquence, les citoyens doivent se protéger car il est probable qu'en cas de secousse, celle qui arrive soit un tel tsunami, que les épargnants et déposant en fassent vraiment les frais (voir ballon d'essai chypriote). Une migration bancaire vers des banques non toxiques serait de bon aloi pour tout un chacun.
    Quant au système, il va vaciller. Le propre du système capitaliste est de contenir en lui ses gênes d'autodestruction. Le constat qui est fait par Olivier Delamarche, un gérant qui n'est pas un homme de gauche, sur l'Etat du système fait frémir.


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