19juin 13

Exception culturelle : la supercherie

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"Réactionnaire". Comme on le sait c'est le jugement du président de la Commission européenne José Manuel Barroso sur la défense de l'exception culturelle dans les négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis d'Amérique pour aboutir à un accord de libre-échange. Situons précisément son propos. Dans un entretien à l'International Hérald Tribune, Barroso dit que le refus d'intégrer la culture dans la négociation "fait partie d'un agenda antimondialisation que je considère comme complètement réactionnaire". En disant cela, il vise directement la position du gouvernement de la République française. Cela, deux jours après que le Conseil des ministres européens ait adopté le mandat de la Commission dans ces négociations. Pour Barroso, les Etats et leurs dirigeants peuvent être méprisés et insultés sans ménagement.

Barroso n'a même la reconnaissance qu'il devrait pour François Hollande. Il devrait pourtant savoir que la défense de l'exception culturelle, aussi légitime qu'elle soit, n'était qu'un os à ronger lancé par Hollande pour masquer son ralliement à l'annexion de l'Union européenne par les Etats-Unis. Hollande a en effet avalé tout le reste à commencer par le principe même d'un accord de libre-échange et son extension aux normes sanitaires ou environnementales. Il a seulement brandi la culture comme totem pour esquiver le débat sur le reste de ce projet funeste : OGM, bœuf aux hormones, poulet lavé au clore, déréglementation financière, protection juridico-financière accordées aux multinationales etc.

L'arrogance des libéraux est sans limite. Outre Barroso, Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce, celui qui sera chargé de la négociation avec les Etats-Unis, y est aussi allé de sa provocation contre la décision souveraine des Etats. Officiellement le conseil des ministres a décidé d'exclure les services audiovisuels du champ de négociation. Mais l'encre n'était pas encore sèche que Karel de Gucht repartait déjà à l'assaut. Voici ce qu'il a déclaré : "Je vais écouter ce que nous disent nos interlocuteurs américains et, s'ils veulent une discussion sur l'audiovisuel, nous aurons cette discussion". Vous avez bien lu, pour la Commission européenne, les désirs états-uniens sont des ordres. Vous voila prévenus.

Ce n'est pas tout. Karel de Gucht est allé plus loin. Il balance. A propos de la ministre française du commerce extérieur, il a déclaré : "Je suppose que pour elle aussi, l'exception de la culture [du champs des négociations], ce n'est pas définitif car elle a assisté aux mêmes discussions que moi".

Dès lors la question mérite d’être posée : François Hollande a-t-il enfumé tout le monde ? La culture n'est pas vraiment exclue de la négociation ? A l'heure ou nous parlons, nous devons nous contenter des paroles contradictoires entre le gouvernement français et la commission européenne. En effet, le mandat de négociations adopté par les ministres des 27 Etats membres de l'UE n'est toujours pas public. La Commission s'est contenté de publier un mémo en guise de communiqué de presse. L'usage de la langue française appartenant déjà au passé de l'Union européenne, nous devons travailler sur un document en anglais. Il est disponible sur le site internet de la Commission mais il ne constitue qu'un résumé du mandat de négociation.

Cela n'aide pas à savoir qui de Hollande ou de la Commission ment. Car l'expression utilisée dans le mémo et par le commissaire est difficilement traduisible en français. Que dit le mémo de la commission ? Il dit qu'un compromis a été trouvé sur les services audiovisuels. Puis il dit : "There is no carve-out on audiovisual services. (…) As the EU legislation in this area still has to be developed, it has been agreed that audiovisual services are presently not part of the mandate, but that the Commission has the possibility to come back to the Council with additional negotiating directives at a later stage." L'artiste La Parisienne libérée, sur son blog sur Mediapart a traduit le passage comme suit : "Il n'y a pas de carve-out sur les services audiovisuels (…) Etant donné que ce domaine de la législation européenne est en cours de développement, il a été convenu que les services audiovisuels ne seraient pas inclus dans le présent mandat, mais que la Commission aurait la possibilité de revenir vers le Conseil à un stade ultérieur avec des directives de négociation complémentaires."

Les services audiovisuels sont donc exclus des négociations « pour l'instant » et seulement parce que l’élaboration de la législation européenne n’est pas achevée. Le point essentiel c’est que l’exclusion n'est pas définitive comme le demandait la SACEM au départ. La supercherie est révélée par la Commission elle-même. Elle a communiqué l'extrait du mandat sur ce point précis : “The Commission, according to the Treaties, may make recommendations to the Council on possible additional negotiating directives on any issue, with the same procedures for adoption, including voting rules, as for this mandate”.En français cela donne approximativement "En accord avec les Traités, la Commission peut faire des recommandations au Conseil sur la possibilité de directives additionnelles de négociations sur tous les sujets, avec les mêmes procédures d'adoption, y compris les règles de votes, que pour l'adoption de ce mandat". Hollande a donc menti. Les services audiovisuels ne sont donc pas définitivement exclus. La Commission peut à tout moment demander leur réintroduction dans le champ de la négociation. Par contre, dans ce cas, la décision sera prise à l'unanimité.

Plus important, la phrase "there is no carve out on audiovisual services" pose question. Là encore, je renvoie mes lecteurs à ce qu'en écrit La Parisienne libérée : "Si mes dictionnaires ne m'ont pas trompée, la notion de « carve-out » en anglais renvoie au domaine de la scupture. "To carve-out" c'est faire une entaille, creuser, graver. Ainsi, il semblerait que les négociateurs n'aient pas réellement fait d'entaille dans le projet de grand marché transatlantique pour en exclure les services audiovisuels, contrairement à ce que réclamait la France et à ce qu'elle annonce avoir obtenu. (…) En réalité, si la commission avait pris la peine de traduire son compte-rendu en français, on ne serait probablement pas loin de : « les services audiovisuels ne sont pas exclus de la négociation »." Elle révèle en effet que lors de la conférence de presse du commissaire de Gucht après la réunion des ministres du Commerce, l'interprète a traduit l'expression "it's not a carve-out" par "il ne s'agit pas une exclusion".

Le memo de la commission doit être traduit en Français. Et j'exige que le mandat de négociation soit rendu public dans la langue officielle de la République française. Ainsi chacun pourra juger sur pièces. Je précise que quelque soit la rédaction exacte sur les services audiovisuels je resterai absolument opposé au principe même de ces négociations qui fait de l'Europe et de la France de vulgaires filiales des firmes multinationales états-uniennes. Et qui consacre le libre-échange comme mode d'organisation des échanges commerciaux alors que je plaide pour la coopération et un protectionnisme solidaire.


39 commentaires à “Exception culturelle : la supercherie”
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  1. Michel Guénot dit :

    Bonjour, Exigeons ! Exigeons ! D'ailleurs tous les documents devraient être traduit dans la langue des peuples, cela devrait être çà, la démocratie en Europe, il est nécessaire que tous citoyens soient informés avant ou autant que les médias, cela mettrait du charme à la politique.
    Amicalement

  2. Victor dit :

    Il faut quitter ce corps "institutionnel" pourri jusqu'à la moelle. Pas de détail, rien de bon, pire que du nuisible mortel pour notre classe ne sort de ce soit-disant parlement. Une position claire et lisible, un mot d'ordre direct doivent être énoncés. A bas l'UE et toutes ses institutions.

  3. Xavier Nathalie dit :

    "Carve out" peut être traduit par "gravé dans la pierre". Il n'y a donc rien de gravé dans la pierre, donc tout est encore possible, donc les enfumé-e-s, comptez-vous. 1.

  4. ESTIENNE Maurice dit :

    "Carve-out". Dans aucun dictionnaire anglais ou américain. C'est sans doute une invention de l'Europe pour nous enfumer.

  5. Invisible dit :

    Réactionnaire ! Encore un mot qu'ils nous récupèrent pour l'employer à contre-sens ! Ces gens sont sans limites dans l'outrecuidance.

  6. Torlet dit :

    La supposée sauvegarde de l'exception culturelle française est un leurre pour faire causer, une simple posture pour Hollande. L'empoignade feutrée avec Barroso procède de la même stratégie. La réalité vraie c'est l'ouverture économique prochaine de nos frontières aux States et cela Hollande n'en pipe mot comme si c'était une évidence. Pour lui, Hollande, c'est une évidence ! Alors, franchement, la pseudo bataille autour de l'exception culturelle française c'est vraiment l'arbre qui cache la forêt et dont personne n'est dupe.

  7. tito37170 dit :

    Ils faut rester motivés, justice vaincra (même s'il faut du temps).

  8. Bernard Samson dit :

    "There is no carve-out on audiovisual services", selon ce site, signifierait "Il n'y a pas d'exception concernant les services audiovisuels".

  9. Normandie-Niemen dit :

    A Jean-Luc Mélenchon.
    Il s'agit bien d'exclusion, en creux. Car to carve out a tunnel signifie creuser un tunnel, la roche autour restant intacte. Le tunnel, donc ce qui était de la roche avant qu'elle soit enlevée, c'est ladite exception culturelle. La roche autour étant ce qui sera négocié pour le GMT.
    Bon courage à toi.

  10. Un grand merci pour ce billet ! Le texte du mémo n'a pas encore été traduit en français, peut-être est-il possible d'en faire la demande au niveau européen ? En tout cas une version portugaise est maintenant disponible sur le site de la commission et la phrase « There is no carve-out on audiovisual services » a été traduite par « Não existe qualquer exclusão dos serviços audiovisuais » : Il n'y a aucune exclusion des services audiovisuels.

  11. Herve CRUCHANT dit :

    On serait un groupe de types qui savent pas quoi faire. On irait faire du lobbying à Bruxelles et on se ferait nommer manitous par les chefs d'états qui sont là. On s'appellerait "Européens" et in seraient des "Commissaires Européens au sein de la Commission Européenne". Çà en jette un max ! Deal : tout ce que vous voulez faire et ne pouvez pas faire chez vous pour cause de rebellion assurée, pas de problème ! nous, on dit "La Commission a dit" -comme dans Jacques a dit, voyez vous- et vous vous le faîtes. C'est pas vous! C'est la Commission Européenne. On n'est pas élus? On est souvent incompétents voire bons à rien? Où est le problème? On est les Commissaires Européens. C'est pas démocratique? Qu'est-ce que c'est que la démocratie? Une mode qui date un peu; il faut s'ouvrir au monde, aller de l'avant. Oui, nous sommes allés nous faire voir chez les Grecs. Çà n'a pas vraiment bien marché. Le FMI lui même l'a dit. Maintenat, il reste à démonter tous ces privilèges sociaux ringards qui trainent encore ici et là. Et relancer les marchés basés sur une concurrence libre et non faussée. Je ne comprends pas, vraiment! Où est donc le problème?

  12. tchoo dit :

    Va-t-on pouvoir arrêter cette forfaiture? Ce n'est pas Hollande qui va le faire. Est-ce que nos médias vont enfin comprendre quelque chose, où vont-ils continuer à servir la soupe indéfiniment ?

  13. Paul M. dit :

    Merci d'avoir fourni un dossier complet sur ce qui se passe en ce moment. Je suis choqué que les médias ne s'intéressent pas plus à la question du Grand Marché Transatlantique !

  14. titou 31 dit :

    Ce matin même Noël Mamère a dénoncé la supercherie, encore un bon point pour les verts. Espérons que ça ne soit pas encore une posture !

  15. Barousset dit :

    @wm
    Pour signaler que l'accès à ce billet n'est pas direct. On ne s'aperçoit de sa mise en ligne qu'en remontant vers le haut de page, après déroulement du précédent, manoeuvre faite par hasard, et dont je suis bien aise.
    Merci à Jean Luc pour ce dossier si bien documenté, et si explosif ! Merci à la Parisienne libérée et à tous pour leurs contributions à une traduction pointilleuse.

  16. moynacq marie dit :

    Je suis désespérée. Je ne veux pas faire baisser le moral de ceux qui nous lisent mais vraiment le projet transatlantique est la bombe (et non la cerise) sur le fumier. Mais que peut on faire de plus ? Comment faire pour que les gens soient un peu au courant et osent enfin se rendre compte de ce qui se passe et osent dire non ? Heureusement qu'il y a le Front de gauche pour me donner de l'espoir car vraiment tout ce que je déteste et rejette devient réalité. Faire des tracts avec en résumé toutes les horreurs par thème et les mettre partout où on peut. Je sais il faut du temps mais en ce qui concerne l'écologie on n'a plus vraiment le temps, il y a vraiment urgence. Le climat est complétement déréglé, partout où ils sont plantés ou disséminés les OGM ne partent plus, c'est irrémédiable. Quand la terre va prendre le dessus ils auront l'air malin tous ces "parlant-anglais" avec tout leur argent ils ne pourront plus vivre mais nos enfants non plus.
    Bravo à tous ceux qui luttent et merci à vous Mr Mélenchon et vos amis et camarades.

  17. alainlerigolo dit :

    Bonsoir,
    "Carve-out" signifie "exception". C'est plus facile en passant par l'espagnol.
    Le chemin est encore long.

  18. guinet dit :

    Nous n'oublierons pas que les USA sont les pires ennemis (économiques) de l'Europe, et que leur but est d'écraser l'Euro. Alors, laisser le loup entrer dans la bergerie, déjà largement entrebâillée... Ne nous laissons pas éblouir par Obama, qui est le Président des USA, pays toujours impérialiste.

  19. CHAUDOUET Michelle dit :

    Ça suffit, la prépondérance de la langue anglaise dans tous les rapports de quelque commission que ce soit! La langue française est belle, utilisons-la. Demandons la traduction de tous les textes et autres rapports dans notre langue. Il y a 27 pays dans l'Union Européenne, donc au moins 27 langues différentes, donc au moins 27 traductions possibles. C'est un droit pour chaque pays, pour nous Français, de savoir ce qui se dit, se prépare, se trame dans l'UE, Etats-Unis, Libre Echange, Mondialisation. Libre échange, au profit de qui ?
    Merci à Jean-Luc Mélenchon de nous tenir informés, et mobilisons-nous ! Sans quoi, notre démocratie, qui faiblit tant déjà, va s'effondrer.

  20. jerome dit :

    A part les plus crédules, tout le monde a bien compris que cette exception n'est qu'un leurre pour mieux faire passer tout le reste. Il faut bien comprendre que au-delà du simple fait de gestion de flux monétaires, financier, de biens et services, il a pour but uniformiser la réglementation et les normes entre EU et UE pour les imposer au monde. Le mandat donné à la commission européenne en date du 23 mai 2013 est très clair, voir articles 1, 5, 6, 7, 9, 10, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24 du texte adopté suivant.
    Alors même que l'Europe se "construit" ou plutôt impose petit à petit une réglementation commune à ses états membres nous voilà sous le dictat Etatsunien qui nous imposera la législation de réglementations et de normes alors même que la convergence des lois est loin d'être finie ! Déjà que le parlement européen n'est là que pour valider les décisions de la commission européenne dans une mascarade pseudo démocratique, maintenant les Etats-unis à travers ce traité se donnera un moyen légal de nous imposer leur "way of life".
    Quand on voit notre balance de commerce extérieur et le cours Euro/Dollar, nous allons droit vers une asphyxie de notre économie avec ce traité qui devra s'affubler des atours de la politique Etats-unienne pour survivre. Quel marché de dupe ! On pourra refaire nos papiers peints avec leur monnaie de singe qui coulera à flot en Europe.

  21. jorie dit :

    Le rouleau compresseur en place est effrayant. Mélenchon fournit du matériel de réflexion, explique clairement des choses pourtant compliquées, arrive à toucher au coeur.....le FdG organise des "résistances". Les média nous occultent sur le FOND et glorifient le FN sur la FORME. Notre stagnation, c'est l'inertie du peuple français souvent réduit à voter pour "l'image en papier glacé" proposée par le marketing idéologique. Nous n'arrivons pas à les toucher. Souvent, je discute sur les marchés, j'essaie d'expliquer de convaincre. Et quand je crois y être arrivée, je vois bien que j'avais déjà quelqu'un de gauche en face de moi...mais les autres, bon sang! pourquoi ne viennent ils pas à nos rassemblements du FdG qui ne rassemblent....que les militants. Nos tracts sont ouverts,francs, nous n'avançons pas "masqués" comme le fait le FN. Peut être avons nous tort dans notre présentation. Je n'en sais rien. Je ne comprends plus. Une chose est claire: le FN avance dans le milieu rural totalement déstructuré par la télé, rien que par la télé. Il faut donc parvenir à joindre ces gens là, leur expliquer notre alternative et conquérir aussi cette partie du territoire traditionnellement de droite, mais qui est totalement sacrifiée par le libéralisme économique, la mondialisation et leur montrer que nous savons faire!. Second tabou : le problème de la sécurité hante les gens fragiles qui vivent dans des zones désertées par la République. Pourquoi n'en parlons nous jamais, alors que les faits prouvent que la gauche n'a jamais été plus laxiste que la droite, c'est quand même la droite qui a supprimé les polices de proximité et qui réduit les sces publics de protection. Nous faisons les choses, mais nous avons honte d'en parler. Les gens croient "bêtement" que nous sommes des "immigrationises forcenés" et que nous excusons la délinquance. Il faudrait montrer que notre angle de vue est plus large, plus efficace et arrêter d'en faire un tabou.

  22. madmarx dit :

    Bonjour à tous,
    Puisque nous sommes sur le sujet "Europe" avec les mensonges, tromperies, trahisons et supercheries qui vont avec, j'aimerais signaler un article émanant du World Socialist Web Site dans lequel il est question d'un document produit par JPMorgan qui "réclame des régimes autoritaires en Europe". La préconisation n'est autre que le totalitarisme pour tous.
    Je rejoins quelque peu jorie (21) tant il est est vrai que ce qui se manigance et s'accélère depuis quelques temps est tout bonnement effrayant. Si l'on prend du recul et observons toutes les dérives dans leur ensemble on ne peut y voir qu'une synergie du désastre. Dans le même temps, une majorité de citoyens gagnée par une sorte de neurasthénie, et aidée par cette arme de distraction massive qu'est la tv (mais pas seulement), sombre dans le repli total en désignant les mauvais coupables qui ne sont que des mythes, accentuant ainsi le malaise et la dissociété (dixit Jacques Généreux). Tout se retrouve brouillé, inefficace, inopérant et les grands vainqueurs restent toujours les mêmes.
    Bien que l'exception culturelle et ce qu'elle cache soit un vrai sujet, elle m'apparait alors comme un piège, une distraction supplémentaire (même dans ce qu'on est censé y dénoncer) au regard de ce qui se trame et se joue réellement.
    Il y a urgence et trouver l'écho est le cœur du problème.
    Fraternellement.

  23. reneegate dit :

    Bon je l'ai déjà dit mais l'enfumage est depuis le départ puisque dès le 12 Mars 2013 il est clairement spécifié sur le document que j'ai sous les yeux que les lois spécifiques des états pour protéger la diversité culturelle doivent être respectées. Cela veut dire que l'on assiste à un pantomime, Barroso offusqué, Hollande combattant pour arracher une concession qui est déjà couchée sur les recommandations au conseil depuis le 12 mars. Du théatre pour les infos du soir et pour justifier ce qui se trouve en filigrane.
    Concernant Kerviel, cela m'a toujours offusqué et je n'ai jamais cru à cette histoire, mais sais tu que maintenant ce sera le sujet obligé devant la presse ? Et je pense aussi aux autres victimes, à Laurent Gbagbo [...]. Mais bon tu dois le savoir, et ton papier est clair et convainquant, alors allons y. Il me semble que l'on mobilise notre artillerie lourde un peu sottement mais bon je suis loin d'être un politique.
    Sauvons le soldat Kerviel !

  24. Guy-Yves Ganier d'Emilion dit :

    De quoi meurtrir les oreilles de certains et en réjouir d'autres. Bertrand Tavernier affiche son sentiment sur les dirigeants de l'UE et spécialement Barroso en termes non équivoques.

  25. hervé le gall dit :

    Cher jean-luc,
    Il n'y a aucune ambiguïté dans l'utilisation du mot carve-out. Pour essayer de faire comprendre son sens de manière imagée, c'est ce que fait un marchand de kebabs lorsqu'il découpe une tranche de l'ensemble en train de rôtir sur son tournebroche. La phrase veut donc dire: "les services audiovisuels ne sauraient être détachés du reste de l'accord", ce que confirme la suite "un accord a été trouvé, qui stipule que les services audiovisuels ne sont pas inclus dans le mandat à l'heure actuelle ("presently"). c'est bien ce "presently qui est important, en l'occurrence. F. Hollande nous enfume donc, là non plus, pas d'ambiguïté.
    A vrai dire le site "arrêt sur images" a donné l'info dès hier, dans un article de G. Klein sur l'exception culturelle, il y cite un article de l'U.P.I. dans lequel l'éditorialiste indique avec beaucoup de franchise (pourquoi ne pas être franc, quand on a en face de soi, à la table de négociations, des carpettes comme nos solfériniens ?), que l'exception culturelle n'a été que ce que les anglo-saxons appellent un "fudge", c'est à dire un article ajouté à la dernière minute destiné à tromper ceux qui veulent bien l'être, un écran de fumée en quelque sorte.
    A noter que libé/"let's do it" s'était ridiculisé une fois de plus, en traduisant "fudge" par "caramel", sans tenir compte du contexte … J'en avais fait la remarque à G. Klein, qui en a tenu compte aussitôt. Quant au mémo, je n'ai pas vérifié la traduction intégrale de "la parisienne", mais si besoin est, je veux bien en proposer une autre, si on m'indique où l'adresser.

  26. Ninon dit :

    "There is no carve-out on audiovisual services. (…) As the EU legislation in this area still has to be developed, it has been agreed that audiovisual services are presently not part of the mandate, but that the Commission has the possibility to come back to the Council with additional negotiating directives at a later stage."

    Ce que je comprends du "no carve-out" c'est que le sujet audio-visuel n'a pas été travaillé, creusé et donc pas non plus ébauché (sinon il y aurait eu "carve-out". La raison invoquée étant que la législation de l'UE dans ce domaine est encore à élaborer. Donc l'audiovisuel n'est pas incluse dans le mandat. Donc, même avec mon interprétation, Hollande a menti car il n'a pas eu à se battre pour que cela soit exclu du mandat.

  27. jerome dit :

    Concernant cette exception, j'ai lu que la véritable raison serait la numérisation et plus particulièrement d'empêcher Google (Google Book Search for Libraries) de vampiriser notre bibliothèque nationale. Il y a déjà eu des problèmes avec eux.

  28. Vinnie Reb dit :

    "There is no carve-out on audiovisual services. (…) As the EU legislation in this area still has to be developed, it has been agreed that audiovisual services are presently not part of the mandate, but that the Commission has the possibility to come back to the Council with additional negotiating directives at a later stage." L'artiste La Parisienne libérée, sur son blog sur Mediapart a traduit le passage comme suit : "Il n'y a pas de carve-out sur les services audiovisuels (…) Etant donné que ce domaine de la législation européenne est en cours de développement, il a été convenu que les services audiovisuels ne seraient pas inclus dans le présent mandat, mais que la Commission aurait la possibilité de revenir vers le Conseil à un stade ultérieur avec des directives de négociation complémentaires."

    La phrase d'origine est à l'indicatif, alors que la traduction est au conditionnel. Ouch ! C'est une nuance de taille, sans jeu de mot avec "carve-out". Il n'y a donc pas de place pour la supposition ou l'hypothèse ici. C'est bien un fait, les services audio-visuels ne font pas actuellement partie du mandat. Ce qui veut dire qu'ils pourraient bien le devenir à l'avenir alors ? Eh oui, la phrase suivante, elle aussi à l'indicatif, le confirme. Que la Commission (encore elle ! décidément) a bien la possibilité ultérieurement de revenir sur le statut de ces mêmes services. C'est effectivement "presently" et l'usage de l'indicatif qui nous montrent bien que FH a une fois de plus enfumé les Français. La Commission fait ce qu'elle veut actuellement et elle se réserve le droit de faire ce qu'elle veut à l'avenir. C'est vrai qu'elle en a pris l'habitude depuis quelque temps, alors pourquoi vouloir changer, eh ? "Pathetic".

  29. Roubachoff dit :

    "Carve-out" = "dérogation", tout simplement.
    "Il n'y a pas de dérogation concernant les services audiovisuels... La législation européenne restant à développer, il a été convenu que les services audiovisuels ne sont pas actuellement inclus dans le mandat." La suite coule de source.

  30. vvna dit :

    Pourquoi une exception culturelle ? C'est l'arbre qui cache la forêt. Ce que moi je trouve impensable c'est que les décideurs-négociateurs ne soient pas des élus. Et puis ce manque de respect envers le Président français. Ce Barroso [...] aurait-il fait de même avec l'Allemagne ou l’Angleterre ?
    Le pro-européen que j'étais devient petit à petit anti-européen. Une Europe à l'écoute des ses commissaires et non de ses citoyens qui ont de plus en plus de difficultés et cela dans tous les pays. A l'époque du franc nous aurions dévalué notre monnaie avec l'euro c'est plus difficile voir impossible. Juste des petits caprices de personnages nantis que nous devons écouter ou lire à longueur de temps sur les différents médias.

  31. danavek2l dit :

    Je ne sais pas si le Front de Gauche a réagi lorsque les députés ont voté la loi qui permet que l'enseignement se fasse désormais en anglais à l'Université. Je n'ai rien lu en ce sens et ça me désole, parce qu'en matière de "carve-out", c'était là non pas une entaille, mais une brèche, un tunnel, une autoroute qui permettra désormais de faire entrer la culture US comme une déferlante, sans contrôle, sans nuance.
    L'exception culturelle devait commencer par l'exigence que l'enseignement dans nos écoles et nos universités de toutes les matières se fasse en français. Pour exemple, il n'existe pas de traduction exacte en anglais de "laïcité", de "sécurité sociale", de "libéral", de "républicain", etc. Ces mots véhiculent une conception du monde, une Histoire, des luttes... qui, en anglais n'évoqueront plus rien de notre exception culturelle, si ce n'est l'idéologie US.
    Et je crains fort que désormais nos professeurs ne soient recrutés d'abord sur leurs compétences en anglo-US et conformité à l'idéologie néo-libérale plutôt que sur leurs capacités à enseigner leur discipline.

  32. Xavier Nathalie dit :

    Pour en finir avec cette phrase…
    L'anglais est, comme le français et toutes les langues, faite d'expressions. Et ces expressions ne sont pas traduisibles rationnellement dans une autre langue, bien souvent ! Aussi la phrase "There is no carve-out on audiovisual services." se traduit en français par "Rien n'est inscrit dans le marbre au sujet des services audiovisuels."
    Le sens n'est donc pas seulement que ces services ne sont pas exclus des négociations, mais la phrase annonce ouvertement que cette prétendue exclusion de circonstance est clairement un enfumage, et que si les paroles s'envolent, les écrits… s'envolent tout aussi bien. Ce texte ne dit pas autre chose que "on leur a dit ce qu'ils voulaient entendre, mais on n'en tiendra pas plus compte que le reste."

  33. Adrien dit :

    Il semblerait que le document soit désormais accessible en français. Le carve-out se traduirait donc bien par exclusion.

  34. mich27_France dit :

    Il semblerait que si les textes ou décrets européens soient rédigés en anglais, ce n'est pas anodin, c'est une étape nécessaire pour faire de l'Europe un enième Etat ricain. L'Europe est un terrain de jeu, sans arbitrage, pour installer le libéralisme télécommandé depuis les Etats-Unis d'Amérique. On rencontre la même démarche dans certaines écoles de commerce ou dans certaines spécialités en universités. Quoi qu'on veuille, on veut nous américaniser de force. Regardons l'Europe par qui elle est conduite, par des Goldman Sachs, spadassins du néolibéralisme. Nous sommes presque cuits car la majorité des Européens s'en foutent. Sauf que l'Alter Summit se met en ordre de marche pour lutter contre cette Europe néolibérale. Un sommet vient de se tenir à Athènes les 7 et 8 juin 2013. Nous devrions unir nos luttes, en Europe, pour faire reculer tous ces néolibéraux dangereux qui veulent faire de nous tous, les Européens (nes) des esclaves au service des possédants. A nous de résister et de rejoindre les mouvements qui doivent combattre les responsables de la crise chronique (déjà 5 ans, 2008) et de l'austérité éternelle.

  35. Gerard Marcel Zimmermann dit :

    La position forte de Mélenchon face à la privatisation de la culture en Europe est un acquis et un espoir pour empêcher l'aliénation totale de ce qui nous reste de liberté en France et dans le reste de l'Europe.

  36. MERELLE dit :

    Le président J. Manuel Barroso (non élu par le peuple) de la Commission européenne, trouve réactionnaires les pays qui protègent encore l'exception culturelle contre les accords de libre échanges (OMC). Et c'est tant mieux,pour l'accès à une culture variés pour tous (Info TV 17 Juin 2013).
    Je répond à ce Barroso que ce qui est réactionnaire, c'est de continuer à mépriser le peuple d'Europe, en imposant des OGM dont il est prouvé qu'ils sont dangereux pour l'environnement, ce qui est réactionnaire, c'est de continuer à débiter autant de contre-vérité sous couvert d'Europe unie. Ce qui est réactionnaire, Monsieur Barroso, c'est de continuer à établir une Europe néolibérale alors même que les peuples ne veulent pas de ce genre d'Europe. Europe qui ne respecte plus l'esprit de ces fondateurs d'après-guerre. Ce qui est réactionnaire, c'est de continuer de faire croire que une concurrence "libre et non-faussée" est génératrice de bienfaits pour les citoyens. Ce qui est réactionnaire, Monsieur Barroso, c'est de continuer à imposer le pillage des Etats sous couvert de crises structurelles. Ce qui est réactionnaire c'est les décisions que votre Commission prend en matière d'environnement, de santé publique, causent et continuent de dégrader durablement l'environnement et notre santé. Ce qui est réactionnaire c'est de vous entêter à vouloir inonder l'Europe de produits frelatés et nocifs (boeufs aux hormones, farines animales, viande clonées, OGM, poulets au détergent, vache-folle) sous couvert de respect de la Concurrence. Ce qui est réactionnaire, Monsieur Barroso, c'est que vous ne respectez pas les citoyens, ni mêmes les Députés européens. Ce qui est réactionnaire, Monsieur Barroso, c'est que l'Europe continue de fonctionner sur un traité "caduque", le traité simplifié de Lisbonne (refusé par la France et 6 autres pays).
    Ce qui est réactionnaire Monsieur Barroso, c'est votre comportement anti-démocratique, alors que jamais vous n'avez été élu par les peuples. Alors pour qui vous prenez vous Monsieur ? (question vous étant déjà adressée par un Député européen Nigel Farage). Ce qui est réactionnaire Monsieur Barroso, c'est que vous êtes persuadé que l'Europe actuelle et que les peuples rejettent, puisse fonctionner indéfiniment comme cela et que tout va bien. Qu'il ne faut rien changer. Ce qui est réactionnaire Monsieur Barroso, c'est d'espérer briser la démocratie en Europe et de tenter de vous essuyer les pieds sur les peuples.
    Il est temps, Monsieur Barroso, que vous laissiez votre siège à une personne plus compétente, avec de vrais qualités humaines, et qui ne soit pas aussi obtuse et fermée que vous à la réalité, laquelle vous rattrapera si le cap ne change pas sérieusement de direction. Cette citation n'est pas réactionnaire mais une simple vérité.

  37. A propos de la traduction de carve out, [...] tailler, découper, donc mettre à part. Idée d'exception, de protection, de niche.
    Et en suivant le lien indiqué ci-dessus et par le commentaire n°33 d'Adrien, on lit en effet :
    Quel compromis sur les services audiovisuels?
    Les services audiovisuels ne sont pas exclus. La Commission européenne a invité récemment les parties intéressées à exprimer leur avis sur l’avenir des médias numériques (IP/13/358). Comme la législation de l’UE dans ce domaine doit encore être élaborée, il a été convenu que les services audiovisuels ne seraient pas couverts par le mandat actuel, mais que la Commission aurait la possibilité de soumettre ultérieurement des directives de négociation complémentaires au Conseil.

    D’après le texte du mandat, «Dans un esprit de transparence, la Commission fera régulièrement rapport au comité de la politique commerciale sur l’évolution des négociations. En vertu des traités, la Commission est habilitée à formuler des recommandations au Conseil sur d’éventuelles directives de négociation additionnelles concernant toute question, suivant les mêmes procédures d’adoption que pour le présent mandat, en ce compris les règles de vote».
    Quel est le rôle des États membres et du Parlement européen dans ces négociations? Qu’en est-il de la société civile?
    Le Conseil a donné aujourd’hui des orientations à la Commission à l'égard de son mandat de négociation au nom de l’UE. À l'issue des négociations, le Parlement européen et le Conseil devront en approuver les résultats avant qu’ils ne deviennent contraignants pour l’UE.

  38. Christine dit :

    Très bien votre commentaire Merelle (36) 21 juin 2013, vous devriez en faire une "lettre ouverte à Monsieur Barroso", la faire signer par tous ceux qui sont d'accord de le faire (il y en aurait une multitude), par le biais des réseaux sociaux, mais pas seulement, tout le monde n'est pas sur ces réseaux, et la lui adresser officiellement au nom des citoyens de toute l'Europe.

  39. Antraigues dit :

    Au sujet de la pseudo-polémique entre Barroso et Montebourg, au delà de la diversion que souhaite créer Montebourg, et de l'image de trublion qu'il souhaite se donner pour redorer son blason, il est tout de même savoureux de voir des responsables du PS confrontés aux mêmes arguments que ceux qu’ils nous opposent régulièrement (la gauche et l’extrême droite, c’est pareil). C’est l’arroseur arrosé !


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