20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. Michel dit :

    Bravo pour cette attaque du système par un biais sur lequel on, et moi en particulier, ne t'attendait certainement pas, la défense du trader Jérôme Kerviel.
    Un petit point technique dans ta démonstration de la duplicité de la société générale. Celle-ci peut-elle vraiment porter en perte dans ses comptes les 4,9 milliards d'€ de perte attribués à Jérôme Kerviel et les compenser au crédit par la condamnation de JK à 4,9 milliards d'€ tout en portant au crédit le cadeau de 1,7 milliard que Mme Lagarde lui fait avec l'argent public? Je ne suis pas comptable, mais cela me paraît douteux. Si JK exécute sa condamnation, alors j'imagine, la société générale devra rembourser l'état. Donc les 1,7 milliards doivent être provisionnés. Mais sur le plan comptable c'est peut-être plus compliqué que cela.
    Sur le fond, je m'associerai aux quelque uns qui ont fait remarquer qu'il n'est pas innocent de s'engager dans une carrière de trader.
    Sur la forme, je m'associerai à Jérôme Kerviel qui t'a dit "prenez soin de vous". C'est ce que j'aurais dû te dire lorsque tu es venu me serrer la main samedi dernier à l'occasion de notre belle fête du Front de Gauche à Besançon où tu as tenu un discours remarquable. Mais le mot ne m'est pas venu. Oui, que ce soit sur ton blog, dans les innombrables meetings que tu animes, dans les medias, tu exprimes avec clarté, sincérité, enthousiasme et talent les idées que nous défendons mais que nous ne savons pas exprimer aussi bien. Pour que tu puisses continuer encore longtemps à le faire, prends bien soin de toi.

  2. Jean Jolly dit :

    Les banques en France (toutes privatisées) sont devenues opaques pour masquer à l’opinion publique ce genre de magouilles internes et par conséquent sont devenues intouchables. La libéralisation du système bancaire, grâce au traité de Lisbonne, et avant lui celui de Maastricht, et encore avant l’interdiction à la banque de France de financer l’État par la loi du 4 janvier 1973, ne fait que renforcer l’impunité et donc la surenchère vers le banditisme à échelle mondiale puisque ces banques sont protégées de fait par le danger systémique qu’elles représentent, trop importantes pour disparaître sans créer un effet domino qui ferait s’effondrer l’économie mondiale dans ce contexte. Les États sont donc condamnés à garantir la mafia … et l’ État c’est nous, les contribuables. Ce n’est qu’un rappel pour ceux qui se sont intéressés à ce processus vicelard depuis que Denis Robert a découvert toute une organisation capable de tromper les institutions. Il faut se rendre à l’évidence, nous ne maîtrisons plus le monstre.
    Jérôme Kerviel est bien une paille dans cette botte.

  3. saturnin dit :

    Merci de l’éclairage ! De toute façon, j'ai toujours, dés le début, considéré ce mec comme un bouc émissaire de ce système.
    Merci à toi Jean-Luc !

  4. HjS dit :

    Il manque juste une observation. La perte subie à la liquidation des positions prises par JK est (surtout?) due à la liquidation précipitée effectuée par la SG.

  5. Diogene dit :

    La faute de Kerviel masque les pertes d'une banque "ordinaire", prête à sacrifier un de ses fidèles. La taille de la SG lui octroyant une "immunité", too big to fail. Si la vérité éclate enfin, nos chères élites diront toutes en cœur qu'elles ont été trompées, a l'image de la banque vis a vis de son salarié.
    La nécessité de séparer les activités de dépôt avec celles qui relèvent de la spéculation reviendra sur la table du pouvoir, une commission sera crée et accouchera d'une mesurette prudente, car le pouvoir politique est lié par pantouflage interposé aux banques. Avec Kerviel, c'est 60 millions de citoyens qui n'ont eu d'autres choix que celui du prince. Seule une 6eme République peut redéfinir les règles, car espérer le changement avec nos institutions serait comme espérer que certains renoncent volontairement à leurs privilèges.
    Je te soutiendrai dans ce combat JL, car il est une faille dans ce système qui pourrit la vie de tous les citoyens.
    Amitiés fraternelles,

  6. Max Bézard dit :

    Pas si étonnant que la lutte finale commence au cœur du temple de l'ogre. M.Kerviel, je pense que votre nom va rester dans l'histoire, non pour votre passé, mais pour ce qu'il va induire. Vous êtes le scrupule qui nous manquait. Maintenant que nous sommes dans le bon sens, on pourrait se mettre à quelques millions d'humains derrière vous et pousser très fort. Nous verrions alors si les banquiers savent chanter.

  7. Michèle dit :

    Kerviel est responsable de ses actes à savoir d'avoir obéi à l'autorité qui lui demandait de faire ce travail, l'autorité qui est responsable de la définition et du contrôle des missions des employés. Donc Kerviel est innocent de ce dont on l'accuse qui revient à noircir un homme pour blanchir un système. Porter le débat sur cette question est fondamental et lumineux.

  8. Bénédicte Cottaz-Cordier dit :

    Bonjour,
    @Ahmed (commentaire 5).
    Je veux rappeler que si des militants transigent avec leurs principes, même si leur cause est la plus juste du monde, ils lui nuisent. J'y pensais avant de lire mon courrier électronique et cet article sur l'innocence de Kerviel illustre joliment mes réflexions matutinales. Kerviel est une victime du système, plus encore que je ne le pensais, parce qu'une origine humble n'aide, sauf si elle ne s'accompagne d'un environnement politisé, critique, voire militant, à saisir ni les enjeux de pouvoir derrière les profits financiers, ni leur dangerosité sociale et leur nocivité humaine, et qu'elle facilite l'acceptation de critères simples : "on le paye confortablement" (pour un fils de coiffeuse standard, 30 000 euros, puis 60 000 euros de prime, c'est beaucoup, même s'il manipule des milliards virtuels), "c'est que je fais bien mon travail." CQFD ! Quant à imaginer que tous ceux qui n'ont pas atteint notre niveau de conscience sont coupables, ce serait terrifiant, du dogme à l'état pur ! Kerviel est un jeune qui a bien travaillé à l'école, bien travaillé à l'université et bien travaillé pour son employeur, juste comme on lui avait appris qu'il devait le faire. A nous de lui faire comprendre, et à ses pareils, ce qu'est le capitalisme et quels crimes se commettent pour son maintien. Mais le laisser condamner sans protester, pour que la banque en sorte renflouée et blanchie, ce serait commettre une vilénie, contraire à nos convictions et à nos principes. Peu importe que l'innocent soit sympathique ou odieux, peu importe qu'il croit en dieu, en diable ou aux vertus de l'oignon, nous avons à toujours le défendre, y compris, je tiens à le rappeler, si le coupable est sympathique et de notre bord (ce qui n'est pas le cas ici).

  9. Alain Tétart 60150 74 ans dit :

    L'élève Kerviel a fait mieux que son maître la SG, alors le maître par lâcheté a estimé que celui-ci avait dépassé les bornes que la banque s'était fixée ! Si le maître n'a pas été capable d'établir des règles strictes c'est qu'il est lui même incompétent, et c'est donc à lui de payer les conséquences, surtout dans son incapacité à fermer toutes les portes de la pièce ou il obligeait son employé Kerviel à travailler. Si l'armée met des cartouches atomiques dans les fusils de ses soldats, ce ne sont pas les militaires qui seront responsables d'un désastre nucléaire !
    Merci et bravo à Jean-Luc Mélenchon de se mettre défenseur du soldat Kerviel, je soutiens à 100 % ce choix indiscutablement humain !

  10. Lilly54 dit :

    Bonjour Jean-Luc, bonjour amis,
    Que ce combat est juste ! Et les Etats n'en ont pas fini d'aider les banques. J'apprends que les 17 salopards se sont réunis en urgence pour étudier la façon dont ils vont s'y prendre pour les sauver. Et ils ont encore osé envisager de ponctionner les déposants (en dernier recours disent-ils). L'envisager est déjà un acte de guerre. Moscovici s'est encore une fois réjoui d'être d'accord à 99 % et sa pierre à l'édifice est de dire que "dans certaines circonstances" ils pourront prélever les particuliers et les PME. On croit rêver. Mais c'est un cauchemar. Et les médias se taisent sur tout. Seuls la grotte de Lourdes et le jeune et craquant candidat du FN de Villeneuve sur Lot les intéressent. Nous sommes tous des Kerviel entre leurs mains.

  11. ada chem dit :

    Bonjour à tous et merci en particulier à @294 Ouilya pour son commentaire, car il est urgent pour nous d'être attentifs à nos enfants !
    Oui Kerviel est un prolétaire qui s'ignore, car masqué derrière une valorisation sociale : salaire, voiture de luxe, mode de vie hipe. Valorisation du cynisme et des pulsions où nous conduisent un monde débridé, conduit par le calcul et l'économique et sur lequel le politique a perdu la main.
    Kerviel est prolétaire car totalement aliéné au désir de son patron. Il est tombé de très haut en constatant que son patron-maître n'a même pas la reconnaissance du ventre. De son propre aveu, il méprise le Kerviel-trader qu'il était avant 2008 : voir itw sur blog de soutien officiel de Kerviel. Puisse-t'il trouver le chemin de la résistance sur lequel nous nous battons tous les jours. Il y va de sa santé mentale. Son passage en prud'hommes est un pas dans le bon sens.
    Car, oui, le travail n'est pas forcément aliénation. Il peut même être terrain d'apprentissage de la démocratie et renforcer notre désir d'honorer la vie. Les femmes qui accèdent au travail le sentent bien. Oui relire Marx et remettre les mots aliénation et émancipation sur les situations qui conviennent est urgent pour nous tous.
    J'invite tous ceux de notre bord et en particulier les syndicalistes à lire les travaux de Christophe Dejours ("Travail vivant", Petite bibliotheque Payot 2013) et Frédéric Lordon ("Capitalisme, désir et servitude - Marx et Spinoza" La fabrique 2010).
    On ne lache rien dans nos têtes, même quand c'est décourageant car nous sommes minoritaires et même si nous perdons du terrain jour après jour.

  12. pascal vercors dit :

    La lecture des commentaires est toujours instructive. J'aimerais malgrés tout signaler le peu de productivité des "cirages de pompes" à Jean-Luc Mélenchon. On peut admirer un homme sans agresser sa modestie publiquement. Le front de gauche s'exprime par sa voix, ses billets sont le fruit du bain politique qu'il pratique quotidiennement. Ne faussons pas l'avenir par cette adulation stérile et dangereuse !

  13. teresa dit :

    Les chiens de garde sont muselés "Kerviel est innocent" ne les arrange certainement pas avant le 5 juillet 2013. Ils ne sont pas prêts pour l'innocence ! Ils sont entrain de refaire leurs papiers pour vous faire face et faire face à la foule qui demandera des comptes. Le socle du veau d'or bouge enfin. Merci !

  14. Harry dit :

    On pourrait aussi rappeler qu'aux élections prud’homales de 2008, l'abstention était de 75 %. Chiffre révélateur de la mentalité de toute une génération ayant volontairement fait le choix de l’individualisme de manière à justifier leur irresponsabilité politique derrière l'argument facile du "Tous Pourris". Sauf que lorsque les mêmes perdent leur job, alors là, il faut ameuter tous le monde, participer à des manifestations et signer des tracts. En vertu de cet état de fait, pour Kerviel ce sera sans moi.

  15. Pascale dit :

    Une pétition à l'intention la Garde des Sceaux Mme. Taubira, en soutien à Jérôme Kerviel, est en ligne.
    "... nous vous demandons, Madame la Garde des Sceaux, qu’une expertise indépendante soit diligentée, dans un esprit de transparence indispensable au bon fonctionnement des instances de la République."

  16. Invisible dit :

    Dans un système inique, on peut être à la fois le complice et la victime. Prenons le cas d'un agriculteur. Il "sulfate" ses arbres fruitiers de tout un tas de saletés chimiques. Il est complice. Mais à la fin, il attrape le cancer. Il est victime.
    D'où l'importance de pas avoir juste une formation professionnelle où on vous inculque les gestes techniques, mais aussi il faut un minimum de conscience humaine et d'esprit critique ainsi que le bon réflexe, sortir du système.
    Voilà, c'est la fin de l'année scolaire et mon petit voisin vient de terminer son option "marchandazing" au collège. La semaine dernière, les élèves ont d'abord payé leurs "charges salariales", oui, oui ! Ils ont donc bien senti la douleur de cette obligation. Mais cette semaine, il vont passer au bon côté du système et recevront, selon leurs mérites, une somme avoisinant les 30 à 40 euros. Je trouve cela scandaleux. Comment avons-nous pu laisser le MEDEF avoir une telle emprise sur notre école publique ?
    Et je retombe sur le sujet. Ces gamins sont formés pour être les complices du système. Leurs parents n'y voient aucun mal. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
    Je ne sais pas comment, nous, petit Front de Gauche, allons pouvoir renverser la vapeur.

  17. naif dit :

    @Michèle à 8h33
    "Kerviel est responsable de ses actes à savoir d'avoir obéi à l'autorité qui lui demandait de faire ce travail, l'autorité qui est responsable de la définition et du contrôle des missions des employés..."

    Qu'en est-il de tous ces cadres et agents de maîtrise d'entreprise, dénommés "managers", qui sont payés pour organiser le travail au moindre coût, innover et rationaliser les processus, faire plus d'argent avec moins de ressources, s'engager sur des objectifs de résultats de plus en plus difficiles à atteindre. Ces items sont décrits dans leurs fiches de postes et leurs contrats de travail. Leurs résultats se traduisent le plus souvent par des suppressions d'emplois, des déqualifications de postes, des temps de travail hors code du travail, des équipes stressées et individualisées. Ne sommes-nous pas tous des Kerviel ? La différence est surement dans les sommes engagées, quoi que, comptons le nombre d'emplois supprimés et multiplions le par les salaires et charges et le nombre d'années qu'il représente, nous serions surpris. JL Mélenchon ne termine-t-il pas sont billet par "...il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires."

  18. M. Ardouin dit :

    Cela ne m'étonne pas. J'en avais le pressentiment. Je savais que la Société Générale avait déjà perdu 5 milliards d'euros lors de la crise des subprimes, c'était dans Le Monde Diplomatique.
    [...]
    Bon mais c'est courageux de nous informer aussi clairement, merci !

  19. hamel dit :

    Dès le début de cette affaire, çà sentait l'enfumage de manipulations de la Banque SG et de l'Etat. Quand çà commence à brûler pour les banques et l'oligarchie financière il faut trouver qu'ils trouvent un pigeon voir des pigeons pour les mettre aux lynchages public par les médias qu'ils ont dans leurs poches ainsi que la justice de l'état. Jean-luc je suis tout à fait d'accord avec vous pour soutenir cet homme qui à cru et s'est défoncé pour sa hiérarchie qui lui à fait un lavage de cerveau afin qu'il n'est plus de sentiments pour dissocier le bien du mal. Je suis ravi qu'il est peu à peu repris conscience de ces origines sociales, il va avoir beaucoup de mal psychologiquement mais si est bien encadré de sa famille et des soutiens extérieurs dont j'en fait partie comme beaucoup d'être humains à qui cela auraient pu nous arriver.bBien entendu que je le soutiens dans tous les sens du termes mêmes pour l'aider en dons pour lui et sa famille car la pression doit-être forte.
    Monsieur Kerviel tenez bon nous sommes beaucoup (et plus que vous le pensez) à vous soutenir dans tous les sens du terme, ne craquez pas, résistons ensemble pour toutes et tous qui se font piéger par ce système diabolique de la petite terre de l'argent qui se cache sur l'humanité, nous ne nous laisserons pas faire tous les peuples du monde entier et surtout rnous oublions personne car nous amassons et relevons toutes et tous qui se sont fait abattre par cette oligarchie de l'argent roi (roi de quoi, du pouvoir çà c'est sûr, mais ils pensent que les peuples vont avoir peur d'eux, mais ils sont en train de déclencher un anti-peur de la peur.

  20. jean ai marre dit :

    @ 370 hamel
    Monsieur Kerviel tenez bon nous sommes beaucoup (et plus que vous le pensez) à vous soutenir dans tous les sens du terme, ne craquez pas...

    Attention, il ne faudrait pas trop en faire non plus et dans le même temps oublier l'essentiel.
    L'essentiel est de démontrer que le système financier broie, asservit, culpabilise l'Humain. Que ce système au centre de notre société est le problème de tous nos maux. Pourquoi J Kerviel n'a t-il été mis en garde pendant son apogée ? Combien de Kerviel font le canard ?

  21. renée dit :

    Comme toujours c'est le petit qui doit pâtir, il faut toujours un bouc émissaire que ce soit à ce niveau ou à un autre. J'ai perdu deux fois mon emploi pour avoir refusé de fermer les yeux sur des malversations qui ont été pratiquées au sein d'entreprises pour lesquelles j'ai travaillé (dont une qui c'est terminé à la brigade financière). J'ai gagné les deux fois mes procès, j'ai perdu mon travail aussi, non pas pour avoir été malhonnête mais pour l'avoir été, je n'ai jamais regretté de ne pas avoir accepté de tremper dans leur magouilles.
    En ce qui concerne l'affaire Kerviel, je partage ton point de vue, car lorsque l'on connait les pratiques dans certaines sociétés on s'attend à tout. Il me paraît invraisemblable que les audits n'aient rien remarqués pas plus que les responsables de la banque. Les garde-fous existent à ce niveau, pourquoi n'ont-ils pas fonctionné ?

  22. pichenette dit :

    Cette jeune brebis est la belle illustration du pouvoir de l'un lorsqu'il prend la peine de s'accorder ce pouvoir. Pouvoir de choisir de faire des études qui lui permettront d'accéder à un moyen de manipuler des sommes immenses derrière des écrans sous couverts d'une institution ayant pignon sur rue.
    Tout est cline, lissé les machines à sous tournent à toute vitesse sans faire de bruit. La belle réussite dans un monde où avoir du pognon plein les fouilles est la seule reconnaissance médiatisée donc reconnue. Rejet de la simplicité, de la sobriété, de la mesure. Ainsi, tout un a le pouvoir qu'il s'accorde selon sa conscience, ses connaissances et c'est là que tout se complique: les philosophes, les juristes, les politiques se partagent l'arbitrage. Innoncence, culpabilité, responsabilité interfèrent d'autant plus que des intérêts flirtant avec la mafia légale sont en jeu. Ce billet est très intéressant (à imprimer et distribuer à ceux qui ont encore envie de comprendre et non d'être pris pour des c..s) car il ouvre des portes sur d'autres portes.
    Sont-ils innocents les Zélus qui ne voient pas les conséquences de leurs choix, sont-ils victimes de la course mondiale à celui qui aura la plus grosse tête nucléaire. L'égo des uns fait l'inégalité des autres. Et le Qatar rit.

  23. dubois bruno dit :

    Ça apparaîtra au commun des mortels comme invraisemblable, rien que par le fait de la dépendance au pouvoir dont on nous cultive dès notre naissance. Les parents, l'école source de tous les maux et mots. C'est de la stratégie de pouvoir. C'est un fait et se battre contre n'a que très peu de chance à nous faire grandir. Il faut surtout que chacun se prenne en main et retrouve son libre arbitre. Je pense qu'il faut que l'individu s'enseigne la psychologie ainsi il pourra de lui même corriger ses attitudes de dépendance aux addictions, pouvoir, drogues, jeux, produits, etc. afin de compenser ce manque affectif ou plus profondément se manque d'équilibre en soi. Ces expériences en sont pour les plus simples d'esprit qu'une forme d'intégration par l'expérience douloureuse. C'est du masochisme. Bien entendu, il est fort possible que la démarche juridique puisse être aussi une façon pour les préjudiciables d'exprimer leur mégalomanie, c'est aussi faire émerger leur dépendance aux autres. Que de peurs inavoués. Dommage que ce soit les plus atteint qui gouvernent. Ou cela reste un équilibre naturel action réaction la loi de l'attraction universelle. C'est une question de dimension philosophique. Etre ou ne pas être. Mes propos sont peut être un peu décalés compte tenu des sommes annoncés. Mais moi, je suis au SMIC et travailleur social.

  24. Yves Gerech dit :

    L'affaire Kerviel est révélatrice du pouvoir que les puissances financières capitalistes détiennent sur les médias pour informer l'opinion dans le sens qui leur conviennent et de l'entente cordiale qu'elles entretiennent avec le pouvoir politique en place pour arranger et résoudre, a leur avantage, les problèmes causés au depart par leur cupidité, leur avarice et leur avidité de profits exclusifs toujours plus grands. C'est tout bonnement lamentable mais surtout dangereux et nocif pour l'avenir de l'humanité toute entière car cette manipulation des opinions et des gouvernements n'est évidement pas isolé a notre territoire. Elle s'inscrit dans un schéma d'unification mondialiste des consciences pour les faire agir dans le sens voulu ou pour les contraindre si elle s'y oppose. Qui est au sommet de cette machination ? Evidement les plus grands intérêts capitalistes de la planète désignent les manipulateurs: banquiers, pétroliers, vendeurs d'armes, publiscistes, mediacenters, la plupart issus de dynasties nord americaines, organisent le monde entre eux pour se garantir de la perte de leur richesses et de leur pouvoirs accumulés au fil des crises economiques et des guerres qu'ils ont provoquées par le passé et qu'ils nous preparent pour demain. L'accord transatlantique est une catastrophe, le parlement europeen une comedie, le socialisme liberal une traitrise. Je remercie le Front de Gauche d'etre né pour nous guider vers la sortie de ce cycle infernal. Vivement la 6eme republique citoyenne, vivement l'ecosocialisme, vivement la mondialisation du partage et de la solidarite !

  25. Julia dit :

    Tout salarié vit aujourd'hui avec ce paradoxe : coupable ou responsable.
    Kerviel a mis, en bon soldat, son intelligence au service d'une organisation et a mis en lumière ce que permettait à cette organisation de faire. Que dire de ces ingénieurs, salariés qui travaillent pour vivre dans des entreprises de démolition (multinationales) qui mettent leur intelligence leur force au service de la destruction de la forêt primaire ? les conséquences ne seront elles pas d'un coût plus élevé à ce que Kerviel a provoqué comme perte ? Normalement, je suis coach en entreprise (par le diplôme). J'ai d'énormes freins personnels pour signer un quelconque contrat avec les entreprises du cac40 et aller mettre un suppositoire aux salariés qui y travaillent. A quel prix ? Celui de ma difficulté à survivre et à accepter un certain dénuement !
    Kerviel est le symbole de ce dilemme : il a suivi, il a accepté de jouer et d'être complice des pratiques d'une banque. Il n'en demeure pas moins que le débat est ouvert car je suis consciente du chemin qui reste à faire pour que chaque citoyen sorte de l'aliénation qu'il subit.

  26. sebidf dit :

    Bonjour, très intéressant article mais dès le début cela me paraissait clair. La question que je me pose est: si Mr Kerviel avait gagné les 5 milliards, comment aurait réagi la banque? Elle aurait empoché point barre.
    Maintenant pour FH, je crois de plus en plus qu'il ne peut rien, le pouvoir étant dans les mains de la commission européenne. Il y a alors deux solutions: le renoncement, se coucher et faire souffrir les peuples, ou lutter en menaçant de quitter l'UE. Et là, qui le propose à part le FN personne et je crois que les raisons du succès de ce parti sont là. Quand je discute autour de moi, tout le monde voit l'Europe et l'euro comme des problèmes, les gens n'en veulent plus et comment leur donner tort, donc pour moi, dire qu'on peut changer l'UE, c'est de la rigolade, plus crédible du tout car cette ue va toujours plus loin dans la bêtise. Ne faut-il pas les effrayer de faire péter la zone euro le monde éco mondial?
    Quant aux sondages, c'est peut-être supercherie mais à chaque fois, le FdG prend une veste, le FN gagne. La stratégie échoue, le FdG reste cantonné à de petits scores et j'aimerais qu'il en soit autrement. Alors que faire stratégiquement car le PS a enterré toute la gauche (l'appel à voter FH est dévastateur même si c'était ce qu'il fallait). Le vote utile a de beaux jours devant lui sauf si on s'abstient au risque de faire passer le FN (mais au moins comme FH, les Français comprendraient). Le temps du discours, de la tentative pour convaincre est peut-être passé Les élites s'en moquent et continuent la destruction. les Brésiliens, eux ils ne manifestent pas avec pancartes et petits chants sympathiques, ils font peur aux élites qui bizarrement vont négocier. Mais il est vrai que leurs chômeurs et leurs pauvres sont dans une toute autre misère et difficulté qu'ici.

    [Edit webmestre : Votre précédent commentaire a été modéré car il était complètement hors-sujet. Celui-ci l'est également en très grand partie. N'insistez pas !..]

  27. gerald rossell dit :

    Beau travail déconstructiviste qui permet de mieux comprendre le réel. Oui, Kerviel, dans le système est un innocent.

  28. Yves Gerech dit :

    Nous voila en effet au coeur du dilemne (Julia 376)
    Je suis pour ma part cadre technique dans un grand groupe d'assurance je vois passer sous mes yeux, chaque jour, des montants exorbitants déposés ou retirés sur les contrats d'épargne. Nos consciences sont alertées au quotidien par les actes des grandes firmes, placements speculatifs, delocalisation, restriction budgetaires, pollution planetaire, etc. Tout est mis en oeuvre pour orienter l'économie vers un axe unique : le profit des dynasties régnantes. Le peuple n'a pas droit a sa part dans cette economie dévastatrice. Il n'a le droit que de suivre ou de mourir a petit feu. C'est leur but ultime: anéantir nos consciences, standardiser nos actes. Leur plan se met en oeuvre sous nos yeux. Il est encore temps de se reveiller et d'enrayer la machine infernale ! L'indignation et la résistance face aux dictatures de tout poil sont les premiers devoirs d'un être libre et républicain, la révolte citoyenne en découle naturellement lorque l'on a du coeur au ventre et le partage ecosolidaire lorsque l'on a de la suite dans les idées. Les idées ne servent a rien si elles ne sont pas mises a l'oeuvre. Je crois bien que le temps des compromis est decidement revolu et qu'arrive a grands pas celui de l'esclavage ou de la revolution. A chacun de choisir son destin.

  29. j-jour dit :

    Quelqu'un sur ce blog faisait remarquer que la meilleure preuve que Jean-Luc Mélenchon avait tapé juste dans cette prise de position était le silence radio par nos habituels commentateurs des médias prompts à s'offusquer au quart de tour. Il me semble que l'annonce récente que Jérôme Kerviel déposait plainte pour faux et usage de faux est faite dans une égale discrétion. Pour ceux qui seraient intéressés par la lecture du jugement intégral de la première décision de justice, on le trouve ici.

  30. jean ai marre dit :

    @ 376 Julia
    Tout salarié vit aujourd'hui avec ce paradoxe : coupable ou responsable.Que dire de ces ingénieurs, salariés qui travaillent pour vivre dans des entreprises de démolition

    Enfin, je désespérais de ne pas trouver un commentaire allant dans le sens de ceux que j'ai essayé de faire réagir @ 41, @ 205. De faire prendre conscience que nous, cadres, faisons souvent des taches contre nature. Ma dernière a été de participer activement à rendre une usine de production lourde, complètement autonome, c'est à dire sans personne, totalement automatisée. Je me disais : si ce n'est pas moi, ce sont d'autres qui vont s'en charger !

  31. Raymond Douaud dit :

    J'ai toujours été convaincu qu'il était le dindon de la farce ! Merci pour ton explication qui a matérialisé pour moi ce que je pensais confusément persuadé qu'en tant employé tous ses agissements étaient connu par ses supérieurs. En fait c'est une arnaque en vers nous autres citoyens. Même si ce gars plus instruit que beaucoup d'entre nous il lui a manqué le raisonnement et la connaissance de de la vie de la majorité d'entre nous dommage. Cependant s'il s'en sort, il faut tout de suite l'embaucher à la place de Lagarde partant du principe que le roi des voleurs, Viddock, a été le ministre de la police le plus performant. Dégouté du capitalisme il devrait pouvoir nous rendre service en déminant les saloperies du capitalisme foireux !

  32. Magda Corelli dit :

    @Anne Jordan 339
    Merci pour ce lien. Honte à ceux qui se couchent devant la finance. Ce sont des criminels et ils paieront bien
    un jour leur forfaiture. Comment ? L'avenir nous le dira. Ne perdons pas espoir.

  33. Armand Barbentane dit :

    Jean-Luc, mes félicitations pour ton billet. Je te soutiens entièrement dans ce combat politique. Kerviel était au sens plein un innocent, comme tant d'autres encore à ce jour. Il est comme tout le monde responsable, il a une responsabilité individuelle. Mais, la meilleur sanction n'est pas la prison voire l'amende. C'est la réinsertion et la réhabilitation. Désormais, sa vie a plus de sens qu'à l'époque où il était trader. Il a droit comme tout être humain à une vie descente et digne. Lui réclamer des milliards est indécent, amoral et fait peu de cas de la responsabilité individuelle de la SG et du gouvernement. Ils ont aussi un nom et un prénom, comme Jérôme Kerviel. Et, la finance incarnée par la direction de la SG nous gouverne toujours même s'ils ne sont pas au gouvernement comme le reconnaissait au Bourget un certain François Hollande. En effet, la SG l'a recruté pour faire trader, la SG lui a fixé des objectifs irréalistes par esprit de lucre, la SG devait contrôler ses salairés. La SG est pleinement fautive. Ton billet est un exemple de déconstruction. La SG n'est pas réinsérée, ni réhabilitée. Elle est toujours dans l'économie financiarisée et casino. Elle sanctionne un lampiste pour sauver le système. Ce système que nous dénonçons politiquement. Cela pose donc la responsabilité de la ministre de l'époque. Cela pause aussi la responsabilité individuelle et politique de nos actuels gouvernements eu égard notamment à la soi-disant "réforme bancaire"!

  34. Invisible dit :

    Je veux bien soutenir Kerviel dans son litige prud'hommal. De là à m'attendrir sur son sort, il y a une marge. Faudrait tout de même pas que ceux qui nagent continuellement en pleine compromission croient qu'on leur passera tout une fois qu'ils auront atteint la côte d'alerte.
    Chacun doit tout de même garder à l'esprit le sens du bien et du mal et avoir la conscience de son implication. La conscience politique doit plus que jamais être ravivée et cultivée. On ne peut pas tout excuser. Les humains du XXIème siècle sont des enfants gâtés qui veulent la piscine, le bateau, le pick-up et la machine à dosettes de café et changer les fenêtres en bois pour des isolantes en plastic.. Ils sont tous gentils et innocents, même s'ils travaillent dans les bureaux à l'armement, à l'armée ou chez Plastic Omnium. N'empêche que le 7ème continent provient de nos déchets. Restons conséquents et ne faisons pas ceux qui savaient pas.
    Kerviel aura au moins une dette morale. Faisons-lui donc confiance pour... se racheter !

  35. christian de B dit :

    Ainsi Remy Garnier (inspecteur des impôts) est à Jérôme Cahuzac ce que Jérôme Kerviel est à la Société Générale. Un arbre pour cacher le mensonge et la fraude. Et toujours les finances publiques dans ces affaires tordues. Sans oublier très bientôt celle de monsieur Bernard Tapie!
    L'Etat est-il corrompu à ce point par ses affaires, remisées par les journaleux aux ordres?

  36. Alain Breheret dit :

    Bravo Jean Luc! J'espère que les banquiers voleurs sans respect pour leurs employés pourront finir en prison.
    Vive les prudhommes, la CGT et le Front de Gauche.

  37. turmel jm dit :

    Kerviel innocent nous sommes d'accord, mais SVP n'en faites pas trop cela devient presque indécent.
    Sans ce scandale, ce trader continuerait ses basses oeuvres de spéculations avec les conséquences que vous connaissez. Nous avons traité du fond ça suffit.

  38. Damien dit :

    @ turmel jm (18h52)
    Pensez-vous que des dizaines d'autres Kerviel ne sont pas actuellement en train de pérenniser le boulot spéculatif que JK n'effectue plus depuis sa chute ? De même qu'avec Cahuzac hors jeu, pensez-vous qu'il en est terminé des magouilles en politique ? Qu'on ne s'y trompe pas. Notre défense de Kerviel permet d'enfoncer un gros coin dans l'appareil systémique, c'est un "allié objectif", alors n'ayons pas peur d'en faire trop, jusqu'à ce que la chaîne casse.
    Bien à vous.

  39. VÉRET dit :

    Il n'y a pas à tourner autour du pot Kerviel est un salarié obéissant a son employeur à ce titre il doit ètre défendu tout comme le fut Dreyfus.

  40. Bernard Vialette dit :

    Je suis entièrement d'accord avec l'analyse de Jean-Luc et cela depuis le début. Il est bien sûr évident que J.Kerviel ne pouvait pas opérer sans l'accord des instances supérieures de la banque, même en admettant qu'il ait camouflé certaines de ses opérations. Je ne savais pas, au demeurant, que cela nous avait coûté 1,7 Milliards d'Euros à nous, couillons de contribuables!
    Je suis prêt à appuyer toute démarche pour demander des comptes à la Société Générale et à Christine Lagarde, par pétition, constitution de partie civile ou toute autre procédure, l'avocat de JK a peut-être des propositions à faire. Soutien au lampiste seul contre les mégalodons de la finance !

  41. tchoo dit :

    Le meilleur moyen de faire oublier un fait, un problème est de ne pas en parler, voila pourquoi nous avons très peu de réactions aux propos et à la position de Jean Luc dans les médias. Ceux là, comme il le dit sont la deuxième peau du système, donc prennent le parti de se taire pour ne pas lui porter atteinte. Il était donc important que ce que Jean Luc nous décrit soit porté à notre connaissance.

  42. turmel jm dit :

    Damien @ 389
    Quand j'écris, "en faire trop" c'est par rapport à l'individu lui même qui, à lire certaines interventions serait un pauvre travailleur comme les autres. Je ne partage pas du tout cette vision.

  43. luozod dit :

    Très bonne analyse des méthodes des financiers et des différentes fonctions de chacun des acteurs de cette profession qui ne cherche rien d’autre que le profit immédiat. Bien vu également sur les méthodes douteuses de l'état.
    Bravo Jean-Luc Mélenchon.

  44. souria dit :

    Intervention de JL Mélenchon aujourd'hui dans l'émission "Sud Radio" intitulée "Le Brunch Politique" en deuxième partie d'interview (il parle de la retraite, de Kerviel..).

  45. Maité dit :

    J-Kerviel était un mouton au milieu des loups, la finance c'est servie de lui comme ils se servent de nous (1,7 milliard d'euros) Madame Lagarde devra s'expliquer ! Kerviel a été manipulé tel un pion, oui il doit etre défendu meme si il a conscience de sa responsabilité, c'est aussi dénoncer, attaquer ce système. Merci J-Luc de votre courage et de nous éclairer ainsi. Prenez soin de vous.

  46. Maximilien R. dit :

    Innocent Kerviel ? Certainement pas. Il a servi les patrons millionnaires de la société générale, il leur a obéi. Condamner Kerviel ? Certainement pas. Condamner les patrons de la société générale, oui ! Cherchons les vrais coupables !

  47. Sylvain dit :

    Si Kerviel est innocent dans cette affaire, peut-on en dire autant de Christine Lagarde? Je trouve très étonnant qu'on cite aussi régulièrement son nom dans nombre de cas de corruption avérée sans qu'on se pose enfin certaines questions. C'est tout de même fort de café, à la fin, que l'accumulation de preuves finisse toujours noyée dans un flot de palabres médiatiques pendant qu'en coulisses, les escrocs se couvrent!

  48. JL Barts-Andreetto dit :

    "J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre."

    On peut compléter cette lecture par celle de l'excellent ouvrage de Frédéric Lordon "D'un retournement l'autre" : la crise de 2008 sous forme d'une pièce de théâtre en alexandrin. Ou aller voir le film qu'en a tiré Gérard Mordillat : "Le grand retournement". Tous les protagonistes y sont dont la SG et Kerviel.
    En tous cas, je suis d'accord que Kerviel n'a été et n'est encore que le rouage d'un système hypocrite qui se croit au dessus de tout et de tous. La justice a besoin de contextes et de faits précis pour être rendue le plus justement possible. Donc ne mélangeons pas tout. Il ne s'agit pas ici de défendre un ou les trader(s) mais bien de montrer comment le système fonctionne pour ne pas être inquiété et collusions entre l'état et les grands financiers.

  49. Yves Thiébaut dit :

    Bravo, Jean-Luc ! (pardon pour la familiarité, mais celà exprime aussi quelque chose de sincère). Bravo pour rester ouvert, non dogmatique, bravo, rester curieux de la vérité et de la réalité, sans à-priori, bravo, pas de dogme. Et cette affaire est vraiment effrayante! Il faut changer ce système, mettre au pas le fric-roi, lui fixer ses bornes, le remettre à sa place. Non, l'argent, la finance ne doivent plus tout dominer et tout régir. L'argent et la finance au pouvoir, c'est l'aveuglement, le gaspillage, l'inverse de la réflexion intelligente, souvent la grossièreté et la brutalité. Il faut leur interdire déjà les domaines les plus importants : la santé, l'énergie, l'information. C'est tout à fait concevable, pas ringard, au contraire, intelligent et porteur d'espérance. Merci, Jean-Luc !

  50. cr_sud dit :

    Après écoute de Europe1 et Sud Radio, l'argumentation sur l'affaire Kerviel est détonnante et bien dans le sujet qui nous préoccupe tous, le système financier et politique qui nous gouverne, et la collusion qu'il y a entre les deux. Les émissions radio sont très bonnes, Je vous ai trouvé très bon et vous avez eu le temps de bien exprimer ce système qui a choisi de magouiller des écritures en accablant un homme, et sauver les système à l'agonie avec les subprimes.
    Pourquoi ne parlez-vous pas du titre 2 de la nouvelle réforme bancaire Moscovici, qui est une organisation des hold-ups futurs qui seront faits sur les épargnants et déposants français? En effet, dans cet article de la réforme, on a une fusion du fonds de garantie des dépôts avec celui des banques, et comme celui-ci est insuffisant en cas de problème systémique, cela signifie que l'on aura plus besoin d'un nouveau Kerviel dans chaque banque exposée, puisque le sauvetage viendrait des déposants directement, car la garantie soi-disant annoncée ne serait bien entendu plus valable compte tenu des encours de pertes possible !


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