01déc 13

Tout aura été parfait. Le coup monté médiatique du lendemain n'y changera rien. Après l’anxiété terrible de ces sortes de veille, tout fut en ordre. Le temps était certes d’un froid sec, à vrai dire insupportable dès que la nuit fut tombée. Mais le ciel est resté bleu. Le soleil de côté dorait sur l’horizon, au moment où la foule immense remplissait les boulevards. Un tableau à couper le souffle. Quelle masse gigantesque de drapeaux et de ballons ! Quel flot de cortèges ! Je me postais un instant au bas de la pente pour m’en faire une vision d’ensemble. Ce moment va rester dans ma mémoire d’homme autant que de militant. Et puis, une manifestation est comme un livre qu’il faut lire de près. Bien sûr je n’ai pu rester longtemps hors de ma place dans le carré de tête, car sitôt que j’en sors les camarades me font le reproche du désordre que ma présence créé. Ils n’ont pas tort car leur tâche est déjà si rude ! Mais comme ils sont gentils et délicats avec moi tous ceux qui m’accueillent dans leurs rangs ! Et quelle magnifique organisation spontanée que la nôtre ! Les foulards rouges de mon parti sont partout postés aux taches pénibles. Le général Benoît a aussi positionné cent camarades pour la sécurité et la tranquillité. Des dizaines d’autres ont été organisés sur place dès sept heures du matin pour tenir tous les postes de combat du jour. Les foulards rouges étant les plus jeunes, ils portent l’essentiel de la charge de travail concret sur leur dos. Leur bilan est brillant. C’est le zéro casse, zéro défaut de production. D’une occasion à l’autre ils apprennent. Les gestes sont plus fermes, les actions plus assurées. Jusqu’au mouvement des cars affrétés par les copains de toute la France, accueillis à l’arrivée par des brigades de camarades. Je vous l’avais dit : chaque occasion est une répétition générale.

Pour ce post, je publie mon discours. Pour une fois je l’ai écrit. Mon défi était de ne pas déborder de mon temps de parole par respect pour ceux qui devaient parler après moi. Vendredi au meeting de Danielle Simonnet et de la liste Front de Gauche à Paris, dans l’enthousiasme de la salle comble, j’ai explosé mon temps de parole. Pourtant, son discours à elle avait été une merveille de clarté et d’éloquence. Je me rengorgeais à part moi de fierté et d’orgueil à l’écouter. Pourquoi ai-je parlé si longtemps ? Je me le suis tenu pour dit. Capture d’écran 2013-12-01 à 21.20.20Cette fois, j’ai respecté mon temps et je crois bien que j’ai été le seul. A la joie du travail accompli se sont ajoutés bientôt les plaisirs de la rituelle bataille des chiffres. Cette fois-ci, nous l’avons gagnée avant de commencer. Comme d’habitude, il avait été annoncé que la préfecture ne donnerait pas de chiffres Mais Valls bouillait de rage. Il a ordonné de donner des chiffres. Les flics se sont vengés. Ils n’aiment pas faire la basse besogne politicienne du ministre. Ils ont donc raconté n’importe quoi. Du tellement gros que ce n’est même pas crédible : 7000 participants. Voyez les photos, et vous vous en ferez une idée par vous-même. Pourtant, je me réjouis de ce genre de bouffonnerie. Des dizaines de milliers de gens se sentent insultés, et cela augmente le dégoût que déclenche ce persécuteur des pauvres qu’est Valls. Même chose pour les jappements de rage de ces journalistes de Libération, du Monde et tutti quanti, qui continuent leur vendetta personnelle contre le Front de Gauche plutôt que de faire leur métier d’information. Excellente pédagogie de masse encore une fois. Ils préfèrent encenser les bonnets rouges plutôt que les foulards rouges. Même Michel Sapin dit préférer le contraire. Toute leur identité réelle est là-dedans. De toute façon, vous savez ce que vous avez à faire : n’achetez pas les journaux qui vous insultent et vous nient. Bon, oublions pour ce soir et restons-en à la jubilation de la réussite.

La suite des évènements vous implique encore. Le Front de Gauche a lancé une nouvelle initiative. Il s’agit de rassembler tous ceux qui se sentent concernés par la lutte contre la hausse de la TVA. Nous allons voir si c’est possible. Voyez comment je formule cette proposition dans mon discours. La marche pour nous est une stratégie de longue portée depuis que nous en organisons, c’est-à-dire depuis le 18 mars 2012 à la Bastille. Le Front de Gauche a pour objectif d’être un déclencheur du Front du peuple. Et le Front du peuple fera naître une envie de nouveau Front populaire. Dans le creux de la gauche, nous venons de faire une démonstration : nous sommes la seule force politico-sociale numériquement significative à gauche. Et depuis ce soir de décembre, elle porte un nom assumé : l’opposition de gauche. Le pas est franchi en beauté et… en force.    

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29nov 13

Au 1er décembre, la preuve par Varin

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Varin et ses frasques financières, Varin et son orgie de cruelle insolence et d’indifférence sociale, Varin est la démonstration concrète et personnelle du sens de notre manifestation du 1er décembre. C’est pour lui donner, à lui et à ses compères, 20 milliards de cadeaux sans contrôle que François Hollande augmente la TVA. Pour rien d’autre que leur usage personnel. J’en fais la démonstration dans ce post. Tel est le régime finissant que nous avons sous les yeux. Le régime des privilèges et des pensions somptuaires.

J’écris ce post à la veille de notre manifestation du premier décembre ! Dans quelques heures tombera l’article haineux du « Monde ». On sait que c’est dorénavant la tradition de ce journal, dont on a pu mesurer la violence de l’hostilité de principe en mai dernier. Il n’est pas le seul à avoir cette conception de la « mission d’information ». J’en donne un autre exemple avec le « Télégramme ». Les chaines d’information continue feront-elles pour notre marche ce qu’elles ont fait pour celle des « bonnets rouges », tout au long d’une journée entière ? Bon ! On devine mon anxiété. Elle est personnelle autant que politique. Ma pensée se tourne vers les milliers de camarades qui ont préparé toute cette mobilisation en moins d’un mois. Tous ceux qui vont passer des heures en transport. A la fin, on verra que personne dans le pays n’est capable de mobiliser autant que nous. Mais, bien sûr, Valls dira que nous sommes une poignée et les caniches diront que c’est un échec. Ceux qui m’ont suivi dans mon passage chez Bourdin ont vu que celui-ci m’interrogeait déjà sur cet « échec » avant que l’évènement ait eu lieu. Vous devez marcher sous l’outrage permanent, en pensant que c’est nous qui portons ce qui reste de dignité politique dans la gauche citoyenne cette semaine affreuse où nous avons vu les solfériniens voter le recul de la retraite à soixante-six ans, un an de plus qu’avant 1981 !

En réalité jamais autant de structures syndicales de base de la CGT n’auront appelé avec nous, autant de réseaux de toutes sortes ne se seront prononcés. Nous serons très nombreux j’en prends le pari. Cette force, c’est ce qui compte. Car le gouvernement et les puissants savent que tant qu’elle existe, qu’elle est là, tant que nos porte-paroles ne cèdent pas à la sale musique du renoncement, les étapes suivantes de la forfaiture sont paralysées. L’union nationale à laquelle commencent déjà à appeler certains socialistes en France ferait suite à celle qui s’observe dans 16 pays déjà et dorénavant 17 avec l’Allemagne. Elle est la pente obligée de la situation austéritaire. Elle n’aurait pas d’autres contenus qu’une immense purge sociale sous couvert de redressement national.  

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25nov 13

Et maintenant, marchez !

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Ce samedi 23 novembre était bien trop froid à mon goût. Rien à voir avec le dérèglement climatique et encore moins avec la tragique vacuité des conclusions de la conférence de Varsovie sur le climat. Peut-être le stress augmente-t-il la frilosité. Car je vis dorénavant dans la tension de la préparation de la manifestation du 1er décembre pour la révolution fiscale et contre la hausse de la TVA au premier janvier. L'enjeu me paraît si élevé ! Peut-on, pour une fois, marquer un point par la gauche face à ce gouvernement ? Ou bien sommes-nous condamnés à voir l'extrême droite et le courant qu'elle entraîne dans l'UMP, le Medef, une certaine presse, dominer la scène et avoir la main ? A la façon avec laquelle les « bonnets rouges » l'ont prise… Quelle réponse allons-nous recevoir de ce pays qui sait qu’il ne lui reste que la rue ? Inutile de nous cacher la difficulté que nous affrontons. Pour nous, le verrouillage institutionnel est pire que sous Sarkozy. Les députés socialistes qui dénonçaient autrefois la hausse de TVA sous Sarkozy l’aggravent aujourd’hui dans les taux intermédiaires. Mais ils votent comme un bloc le budget en recettes et en dépenses, qui inclue le cadeau de vingt milliards aux actionnaires des entreprises dont cette hausse de la Tva est le moyen. La « Gauche du PS » ? La quoi ? Puis-je oublier tout ce que cela implique et veut dire dans l’ordre économique et social ? Le forum de l’après-midi sur le « coût du capital » organisé par la commission économique du Parti de Gauche ramenait durement aux réalités les plus cruelles. Le panel des intervenants, totalement indépendant de notre parti et même du Front de gauche, en a administré un tableau atterrant. Voyez le récit qu’en font Guillaume Etievant et Nolwenn Neveu. Dommage que la salle soit limitée à l’accueil des deux cent personnes qui s’y sont trouvées. 

Donc, les trois rendez-vous que j'avais ce samedi m’ont au moins réchauffé l'esprit. Le matin j’étais invité à la réunion qui a jeté les bases publiques de l'unification de plusieurs composantes du Front de gauche. Ce n'est pas un événement qui retiendra l'attention car il est d'apparence modeste. Mais je le crois de grande portée. Un certain cycle de dispersion dans l'autre gauche est peut-être en train de s'achever. C'est pour moi un très grand espoir. Car c'est notre devoir que de nous unir. Si nous voulons être une alternative crédible et durable à l'actuelle hégémonie institutionnelle du Parti Socialiste, nous devons aussi être capables de proposer aux Français un outil à la hauteur des tâches qu'il faut accomplir. Après le repas je voulais participer, sans ostentation, à la manifestation féministe au départ de Montparnasse. Le froid m’a suivi. Je voulais marcher dans les rangs des partisans de l'abolition de la prostitution et de la pénalisation des clients. Je sais combien le sujet est polémique. Et je ne doute pas qu'il n'y ait que de bonnes intentions en présence dans les divers points de vue qui s’expriment. En tous cas, à la suite du travail accompli par mes camarades, j'ai été convaincu par le raisonnement philosophique qui est à la base de la volonté d'éradiquer purement et simplement la prostitution. J'ai accepté l'enregistrement de mon point de vue en vidéo. J'y reviendrai bientôt par écrit. Ce ne sera pas la seule prise de risque de ce post qui va sur des terrains minés. Je dis aussi ce que je pense de l’accord avec l’Iran et je le fais en partant de ce que m’inspire le séjour de François Hollande au Moyen Orient.

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20nov 13

Remise à plat, prud’hommes et bonnets rouges

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J'écris ces lignes à Strasbourg. J'y vis le naufrage de l'idéal européen au jour le jour. Cette fois-ci le Parlement vient d'adopter sans amendement, en un vote bloqué, sept années du budget de l'Union ! Sur (presque) tous les bancs, l'indignation était à son comble. Mais cela n'a pas empêché la décision. L'homme qui a fait passer cette manœuvre s'appelle Martin Schultz, ci-devant président du Parlement européen. C'est un social-démocrate allemand. C'est aussi le candidat de tous les socialistes européens au poste de président de la prochaine Commission, qui sera constituée au lendemain des élections européennes ! S'il est élu à ce poste, le verrouillage politique de l'Europe sera achevé. Il s'agira d'un président allemand, dans un système institutionnel dominé par les Allemands et placés sous pilotage politique du gouvernement allemand, lui-même composé d'une coalition avec les socialistes sous la direction de la droite. L'appétit des procédures démocratiques de cet homme est bien montré avec ce qu’il vient de faire, alors même qu'il est pourtant le président du Parlement. On peut toujours rêver du fait qu'il change son comportement. Mais pourquoi le ferait-il ? Il vient d'être désigné comme candidat commun des socialistes sans aucun vote d'aucun des partis qui l’ont désigné ! Seuls les dirigeants se sont entendus entre eux. Et encore, pas tous. Il aura suffi que les Anglais et les Français s'accordent sur une suggestion faite par les Allemands pour que tous les autres, par un effet domino facile à comprendre, aient dit chacun à leur tour qu'ils étaient également d'accord ! Je tiens tout cela de la bouche du cheval ou presque. Et quand la question fut posée au groupe socialiste du Parlement européen, un insolent Italien demanda si, même avec une candidature unique, il ne fallait pas organiser un vote pour connaître le degré d'approbation des députés socialistes. Leur président M. Svoboda décida il n'en était nul besoin du fait qu'il sentait bien l'approbation de ses collègues sans avoir besoin de la vérifier. Tel quel ! Humour : Svoboda en tchèque signifie « liberté ». J'en reste là.

Jean-Marc Ayrault a décidé de « remettre à plat » la fiscalité en France. C'est une très bonne nouvelle pour nous. Le thème de la « révolution fiscale » est donc validé. C'est tout bénéfice pour notre lutte. Je ne fais preuve d'aucune naïveté en prenant au mot Jean-Marc Ayrault. S'il s'agit de collecter par l’impôt demain autrement la même somme qu’avant, la seule question qui reste est : « Qui va payer » ? Cette question est une très bonne question ! Elle résume les enjeux de toute fiscalité. Mais qui peut croire que la répartition de l'effort va se faire par une mutuelle générosité ? Personne, bien sûr ! Les « remises à plat » fiscales sont en réalité une réorganisation du rapport de force entre classes sociales dans le partage de la richesse. C'est bien pourquoi cet exercice est si souvent couplé avec des situations révolutionnaires ! Ayrault croit que nous ne le savons pas. Il est vrai qu’au point d’amnésie où il en est sur lui-même… J’y viens.

Les élections des juges prud’hommes sont supprimées. Les seules ou tous les salariés de toutes les branches et de toutes les tailles d’entreprise votaient à égalité. Et c’était aussi la seule où tous les patrons de toutes les branches, eux aussi à égalité, élisaient leurs représentants. Bref : la seule élection qui donnait une vraie photographie sociale et « politique » du « monde de l’entreprise » et des deux classes sociales qui le composent. La seule qui établissait le même jour, dans la même élection, la véritable représentativité des travailleurs et des patrons. Bien sûr, Michel Sapin, cet immense démocrate, a su trouver l’argument : ça coûte trop cher (cent millions) et trop peu de monde vote ! Avec un tel raisonnement, les élections cantonales ou législatives partielles, pour ne parler que d’elles, devraient être supprimées. L’hypocrisie de Sapin est éclatante. Car avoir refusé d’organiser les bureaux de vote dans les entreprises a fait à la fois exploser les coûts et massivement dissuadé les électeurs salariés. Mais quel est le sens de cette décision. Par exemple, où est l’économie à réaliser qui sert de prétexte à la suppression si, comme le dit le ministre, la somme est distribuée aux syndicats représentatifs ?

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16nov 13

Après la bruine, et jusqu’au 1er décembre

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Une petite bruine fine tombait gentiment pendant cette balade matinale dans Tarbes, peu avant mon départ pour Pau. Je cheminais au hasard des rues avec Christophe, mon camarade, déjà mon accompagnateur de sécurité depuis deux jours. Allez savoir pourquoi, je décidai à cet instant de commencer ce post par l’évocation de ce moment. Les discrètes et fines gouttes de pluies brillaient sur mon manteau comme un tissu de petites perles. Mon chapeau fit son office de parapluie de circonstance pour protéger la tignasse qui est à l’origine du nom de ma famille parait-il. Sous le manteau gris des nuages, la ville avait cet air tranquille que prennent les choses, loin de l’agitation fébrile des capitales régionales. Je raconte sans ordre ce qui me revient de ce périple que je viens d'accomplir de Barbaste dans le Lot-et-Garonne à Pau dans les Pyrénées Atlantiques, avec un séjour à Bagnères-de-Bigorre et Tarbes comme halte. Trois meetings, trois salles combles pour recharger les batteries et connaître toutes ces rencontres, ces paysages, ces odeurs qui sont le meilleur de ce que l’on ramène dans son bagage de retour.

La bataille pour le changement fiscal est cette fois-ci sérieusement engagée. Cela signifie qu'avec l'appel du Front de gauche à la marche du 1er décembre sur Bercy, une alternative existe à côté de l'incroyable confusion des rôles créés par l'opération « bonnet rouge » manigancée par le Medef, l'UMP et le Front National, flanqués de la fédération départementale de l’agriculture productiviste. Ces « bonnets rouges » devraient se retrouver le 30 novembre à Carhaix où se trouvaient les nôtres la dernière fois à l'appel des syndicats ouvriers du département. L'inversion des lieux créera de la confusion dans les mémoires, mais quelle importance ? La confusion en général est en train de reculer de façon très nette. Les organisations CFDT de Bretagne se sont exprimées d'une manière on ne peut plus claire. La CGT, Sud, la FSU en avait fait autant avant cela en manifestant ensemble à Carhaix le jour où les autres étaient à Quimper. À présent c'est le syndicat FO qui prend ses distances en dénonçant le corporatisme qui structure l'opération « bonnet rouge » et la logique « identitaire » qui l’anime. Le 23 novembre prochain les organisations de salariés prennent la rue pour la défense de l'emploi dans chacun des départements bretons. Et nous serons, nous autres, le lendemain dans la rue à Paris le 1er décembre pour la révolution fiscale et contre l'augmentation de la TVA en janvier prochain. Ici, après la confusion c'est l’éclaircie. Nous avons tenu bon et maintenant cela est apprécié rétrospectivement. Nous traçons un chemin sur le futur qui va à la racine des problèmes que rencontre le pays : la question de la répartition des richesses et du système fiscal qui l’organise. La marche du 1er décembre est une marche sociale, elle implique la vie quotidienne des citoyens, et touche au cœur du mécanisme institutionnel. Car l'impôt plus que tout est le résumé des relations entre les catégories sociales dans un pays. J'y reviens en partant du dernier coup de menton de M. Moscovici.

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