17nov 14

Le lendemain et même ensuite

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Je publie ce post juste après la marche du 15 novembre. Je dirai dans ma prochaine édition ce que je pense de cet évènement. Car la satisfaction du travail accompli, et surtout de l’arc de forces constitué, ne me masquent aucune des difficultés rencontrées dans la mobilisation et l’organisation matérielle de l’évènement. L’appel par un collectif mal connu, la convocation de marches régionales bientôt doublée d’appels à plus de trente rassemblements départementaux très inégaux, a ôté sa visibilité à notre grand nombre et diminué la motivation à agir dans les secteurs les plus résignés parmi le peuple. La vigueur militante, l’enthousiasme des groupes qui marchaient doivent être savourés. Pour autant il ne faut pas manquer d’analyser ce qui doit être impérativement modifié pour que notre dispositif soit à la hauteur de la tâche à accomplir. Car à mes yeux le rôle du « collectif 3A », véritable front du peuple réunissant des syndicats des associations et des partis et mouvement politique n’est pas fini. Loin de là. Selon moi, il va être même central.

Ici, mes lignes traitent d’un jeu vidéo qui m’a impliqué dans quelques savoureuses polémiques. Puis je reviens sur les questions de stratégie pour notre camp après un bref séjour à Grenoble.

Au niveau national, les déclarations de Pierre Laurent sur France 3 le dimanche 16 novembre ont refermé la plaie ouverte aux municipales et retiré au PS son unique point marqué contre nous : désormais, plus question d’alliance avec le PS. Sauf au détail et uniquement pour ceux qui abjurent l’allégeance à Valls et sa politique d’austérité. Le contexte pour notre gauche change donc profondément.

Je rappelle quelques évènements récents qui me paraissent essentiels comme l’adhésion au Mouvement pour la sixième République des « socialistes affligés » et d’un groupe de membres dirigeants du MJS. Enfin j’annonce la signature au Mouvement pour la sixième République de deux des trois co-présidents de « Nouvelle Donne », la député Isabelle Attard et le conseiller régional Patrick Beauvillard. Dans le prochain post je rendrai compte du point où nous sommes rendus dans l’évolution du mouvement après la réunion du comité d’initiative qui va lui permettre de franchir un seuil d’organisation après qu’il a déjà atteint 66000 signatures.

Peut-on parler des jeux vidéo ? Je l’ai fait.

Et de nouveau de la grande Révolution de 1789. Ici le point de départ est le soutien que j’ai apporté à une saine interpellation lancée par mon ami Alexis Corbière sur son blog à propos d’un jeu vidéo situé dans cette période-là. Cela m’a valu une masse considérable de commentaires sur les sites spécialisés comme sur d'autres supports. Je suis très heureux du défi intellectuel que cela a représenté pour moi. J’ajoute que souvent grâce à la violence des répliques qui me furent faites, je fus conduis à devoir non seulement clarifier mes idées, mais encore à faire un effort pour les exprimer aussi clairement que possible.

Je vais donc partir de ce que j’ai trouvé de plus fruste dans ce qui m’a été objecté. Je montre donc d’abord l’importance qu’a à mes yeux le cyberespace dans toutes ses composantes et je discute la distinction faite d’habitude entre le monde « réel » et le monde « virtuel ». Puis je montre pourquoi je prends le jeu en général au sérieux et ne partage pas non plus le point de vue qui distingue absolument les activités « sérieuses » et le jeu « futile ». Ensuite, j’en viens à ce que je pense du jeu vidéo que je considère comme un art à part entière. Et de ce fait, le droit à la critique sur la forme comme sur le fond, loin d’être un mépris est, à l’inverse, une reconnaissance. Pour moi donc, ceux qui m’ont prié de ne pas m’en mêler, s’ils sont sincères, tirent une balle dans le pied de leur propre passion. Pourquoi la critique sur le fond et la forme d’une œuvre serait-elle réservée à certains arts et serait-elle futile pour d’autres ? Je persiste et signe. D’ailleurs je vais m’offrir une console de jeu.

Le nombre des commentaires est, à lui seul, est une indication très précieuse. Elle confirme l'étendue du cyberespace à l'intérieur du monde dans lequel nous évoluons. Il prouve sa forte capacité de réaction et d'interactivité en son sein et dans le monde réel. Pour une partie de ceux qui me lisent à cet instant, tout cela est parfaitement clair. Pour d'autres, ce que je dis est à peu près incompréhensible. Ce que j'ai à expliquer à présent s'adresse pourtant aux deux catégories de personnes. Je ne suis pas sûr d’être aussi clair qu’il le faudrait et je prie mes lecteurs de m’en excuser. J'appelle cyberespace l'ensemble des « lieux » sur Internet ou s'opèrent les relations interactives entre ceux qui s’y connectent. Pour résumer, cela concerne à la fois, bien sûr Facebook et les réseaux sociaux, mais aussi tous les lieux de réalité virtuelle comme par exemple l'espace de jeu vidéo puisque c’est d’eux dont il s'agit à présent. Ce cyberespace est capable d'englober toute la réalité connue de chacun d’entre nous puisqu’il la pénètre de mille et une manières. L'arrivée des objets connectés va étendre ce cyberespace dans des proportions désormais inouïes. Cet exemple des objets connectés permet d’ailleurs de comprendre à quel point la frontière entre le « virtuel » et le « concret » n'a pas le sens l'on pourrait d'abord croire. Bien des choses seront désormais à la fois virtuelles et réelles.

J'ai déjà eu l'occasion de décrire ici même comment un réseau « virtuel » du type de Facebook est souvent plus réel, humainement parlant, qu’un réseau « concret » comme celui que constitue un immeuble pour l'ensemble des voisins qui y vivent. En effet votre voisin, pourtant bien concret, peut être parfaitement virtuel dans la mesure où vous ne le rencontrez jamais, vous ne lui adressez peut-être jamais la parole, parfois vous ne connaissez même pas son visage. A l’inverse, un ami de Facebook, que vous n'avez jamais rencontré, échange avec vous, parfois chaque jour, des images, des impressions, il partage avec vous des centres d'intérêts politiques ou culturels, vous connaissez sa date d’anniversaire et ainsi de suite. Vu sous cet angle, l’« ami Facebook » est ainsi devenu plus concret et votre voisin plus virtuel qu’il n’y paraissait d'abord.

Dès lors, en ce qui concerne les jeux vidéo, il ne faut pas du tout commencer par se dire qu’il s’agit d’un espace « irréel » dont l'expérience serait sans impact sur la personne réelle qui joue. Et je ne vise pas seulement le fait que ces jeux donnent à ceux qui les pratiquent mille occasions d’en parler avec les autres joueurs « virtuels » ou « concrètement » connus. La raison la plus importante à évoquer concerne la pratique du jeu lui-même. Le jeu a toujours été une affaire très sérieuse. Contrairement aux apparences superficielles le jeu n’est jamais gratuit au sens où il serait sans motivation, sans finalités et sans résultat. Pour les enfants le jeu est indispensable dans la construction de soi. Il est un mode d’apprentissage social essentiel. Pour l’adulte le jeu est toujours l’occasion d’une réalité augmentée en émotion et en empathie. Qu’il s’agisse de jouer ou de regarder jouer, il s’agit d’obtenir des sensations d’un registre particulier, mais toutes aussi réelles que les autres sensations de l’existence. En ce sens, le jeu est une fin en soi comme activité et c’est aussi vrai qu’il s’agisse de poker ou de jeu vidéo, de la marelle ou de la belotte.

S’il fallait être provocateur pour surligner le trait, je dirai qu’on ne joue pas parce qu’on s’ennuie, mais qu’on s’ennuie parce qu’on ne joue pas, que la réalité du jeu n’est pas un pauvre à côté pour personnes inapte à la vie sociale réelle. A l’inverse, il est le fait de ceux qui cherchent une vie sociale augmentée par les émotions du jeu. La 3D et l’implication personnelle du joueur donne à l’expérience du jeu vidéo une force qui se distingue que fort peu de l’expérience réelle. Attention, ce surlignage ne doit pas conduire à une autre erreur d’évaluation. Le jeu n’est pas meilleur que la vie, mais il n’est pas moins bon que la vie réelle. Il en est une composante et, comme tel, discutable non parce que c’est le jeu et que « ce n’est pas sérieux » mais parce que n’importe quelle préférence d’activité faite à un instant se discute. D’ailleurs chacun d’entre nous le fait en soi avant de décider ce qu’il va faire. Il n’y a pas de hiérarchie entre les activités sinon relativement au moment et aux enjeux qu’elles comportent. Entre donner à manger aux gamins et jouer il y a une évidence : il faut donner à manger. Mais cela ne veut pas dire que jouer soit futile. La preuve : on peut le faire ensuite sans dommage mais utilement pour son plaisir. 

J’en viens maintenant à la place du jeu vidéo comme art. Le mot fera peut-être bondir. En ce qui me concerne, le refus de hiérarchiser les genres d’expression et de création est ancien et il s’applique « tous azimuts ». J’ai expliqué dans une note sur ce blog il y a déjà quelque temps le rôle qu’a joué dans mon auto-éducation ce que certains appellent avec mépris « la littérature de gare ». C’est de cette façon que j’ai découvert toute la science-fiction et la plupart des auteurs américains qui ont structuré ma manière d’écrire et de représenter les choses vues ou senties. J’attends à présent celui qui viendra m’expliquer que Philip K. Dick n’est pas un génie de la littérature. Et, après avoir vu « Blade Runner », je demande au même si la puissance philosophique du roman de Dick dont il est tiré, « les androïdes rêvent-ils de moutons électriques », lui parait aussi dérisoire que le titre pouvait le lui faire penser. J’ai même avoué la futilité de mes motivations d’achat et j’ai expliqué pourquoi, réflexion faites, elles me semblent tout à fait respectables : oui j’ai acheté des livres et découvert des auteurs à cause du dessin de la couverture ! Et c’est comme ça que j’ai acheté mon premier Erskine Caldwell qui a provoqué sur mon sens esthétique de littéraire le même choc que Marx sur ma vision du monde social ! J’ai eu une autre occasion de vivre moi-même la séquence mépris avant adulation dans un autre genre. Je lisais Mickey et Tintin. J’étais pressé de savoir lire couramment pour suivre les aventures des héros quand j’ai commencé à voir les vignettes dont j’essayais de deviner les liaisons. Puis quand advint « Pilote » et même « Harakiri hebdo » (les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître), je me souviens de l’insondable océan de mépris que ces « lectures » suggéraient à maintes belles personnes. Aujourd’hui, elles considèrent Corto Maltese comme un sommet du minimalisme graphique et Enki Bilal comme un Rembrandt de la vignette. Elles donnent des sommes folles pour avoir des originaux ou des premières parutions. Pour eux le marché a tranché. Je l’ai vérifié : on m’a cambriolé sans prendre mes romans reliés cuir mais en emportant mes BD de Tintin pourtant en loques. Je ne finis pas ce tour d’horizon des « genres mineurs » sans dire que pour moi, le zapping est une « écriture » à plusieurs niveaux d’entrée et le tumblr bien davantage qu’une pure rigolade même si on s’amuse bien avec.

Tous ces genres, toutes ces écritures, ne se hiérarchisent pas. Les critiquer c’est les apprécier les unes par rapport aux autres au hasard de nos appétits changeants et entre elles a l’intérieur d’un même domaine. On ne peut pas comprendre la splendeur de « Out of Africa » si l’on n’est pas capable de comprendre que « Les bidasses en folie » jettent un maximum de pâté. Mais demain les étudiants vont peut-être se jeter sur « Les bidasses en folie » comme sur un monument de l’humour troupier, lui-même issu de la longue tradition du comique troupier, genres aujourd’hui incompréhensibles depuis que la conscription a été abandonnée… Il n’est donc pas certain que le pâté d’aujourd’hui ne soit pas demain le morceau de bravoure qu’il faudra avoir vu pour être honnêtement informé des avatar de l’humour dans nos familles. Dans ce domaine, la liste est longue des réhabilitations tardives. Les « arts premiers » d’aujourd’hui sont les gribouillis de sauvages d’hier. Je reviens de l’exposition « Hokusai » au Grand Palais. Je n’y ai pas seulement rencontré l’un des ancêtres au dix-huitième siècle de la bande dessinée, auteur d’innombrables mangas aujourd’hui encore bien méprisées. J’y ai trouvé la production dont l’arrivée en Europe provoqua un choc esthétique dont l’un des enfants est sans doute l’impressionnisme. Je dis donc à ceux qui me soupçonnent de regarder de haut le jeu vidéo qu’ils ignorent combien l’honnête homme de la fin du vingtième siècle que je suis a appris à se départir de tout académisme. Et je forme le vœu que tous les « gamers » aient pour la contemplation des colonnes de Buren et sur les colonnes elles-mêmes le respect et la curiosité émotionnelle qu’ils demandent pour leur jeu.

Pour moi, je ne dis pas seulement qu’il faut accepter toute licence en art mais que tout art ne peut être que licence devant ce que nous croyons d’abord être le réel. Car plus cette liberté est grande et plus la complexité et la splendeur du réel nous est révélée. La « vérité » du bombardement de Guernica est davantage dans le tableau de Picasso que dans n’importe quelle photo ou film faits le jour même et même que dans le vécu de quelqu’un qui se trouvait, ici ou là, ce jour-là, sous les bombes. Ce qui est dit du monde par un air de Claude François et ce qui nous en est dit par Mozart ne diffère que par son but. Non par son instrument. On n’écrit pas à son patron pour une augmentation de salaire comme à la personne qu’on aime pour lui dire ses sentiments. La confusion serait audacieuse mais sans doute très contre performante. Les deux réalités se distinguent par leur mode d’accès. Entre autres choses bien sûr, mais aussi par eux ! Le jeu vidéo a d’ores et déjà ses chefs d’œuvre. Le graphisme et l’histoire, et sans doute la musique et les bruitages sont autant de composantes qui ont chacune leurs critères d’évaluation exactement comme au cinéma. Un jeu s’apprécie donc dans diverses directions, non ? Pourquoi celle du sens, de la signification politique serait la seule à devoir rester par définition hors débat ? Peut-on discuter le tableau « La Liberté guidant le Peuple » sans tenir compte ni du contexte dans lequel il fut fait, ni de ses finalités, ni de sa signification ? On parlerait de quoi alors ? Du tour de main du pinceau ? Des seins de la Liberté ? De l’impression reçue sans la décortiquer, comme si nous étions des animaux ? Qui connait les entreprises qui réalisent un jeu de cette nature sait qu’elles mettent un soin fantastique à leur préparation historique et contextuelle. La reconstitution du Paris de la Révolution dans le jeu qui nous occupe est considérée par mes amis historiens comme un pur tour de force.

Dans ces conditions, comment espère-t-on me faire croire à la neutralité purement ludique du jeu ? Il y a un parti pris idéologique. Le nieriez-vous si vous veniez à apprendre que tel ou tel personnage clef de cette entreprise ou de la réalisation a des liens personnels avec l’extrême droite ? Non, vous seriez troublés, n’est-ce pas ? Mais pourquoi le seriez- vous ? Parce que le rapport entre ces personnes bien réelles et la trame ludique virtuelle exposée vous sauterait aux yeux. Je vous propose de vous dispenser de cette preuve. Contentez-vous de voir ce qui est dit, raconté et mis en scène. S’agit-il de découvrir qui complote contre la vie de Robespierre ? Où est l’armoire de fer secrète où Louis XVI et Marie Antoinette cachent leurs correspondances avec le roi d’Autriche pour lui suggérer d’envahir la France ? S’agit-il de découvrir des preuves des complicités dans le parti révolutionnaire dont a bénéficié le Chevalier de Maison Rouge qui tenta de faire s’enfuir la reine ? Cherche-t-on les preuves de l’argent qui a circulé pour convaincre de voter la guerre alors que Robespierre défendait le contraire de peur que le régime républicain ne s’effondre, soit sous les coups de l’envahisseur, soit sous la botte d’un général ? Qui a tué Lepelletier de Saint-Fargeau, ancêtre de monsieur Jean d’Ormesson, notre actuel académicien, ami de Robespierre et rapporteur sur l’éducation ? Qui a payé Vadier, président du comité de sureté générale, élu de l’Ariège, qui se vantait de « faire tomber les têtes comme des tuiles », pour monter le complot contre Robespierre et faire croire qu’il agissait sur les suggestions d’une diseuse de bonne aventure, Catherine Théot, dite « la mère de dieu » ? 

Je pourrai en écrire des pages où l’on verrait que l’époque permet des milliers d’enquêtes où les grands hommes (et femmes) de la Révolution sont pris en tenaille entre des « exagérés » violents et le parti monarchiste des traitres à la patrie. On ne cherche pas à savoir combien Barras, « le prince des corrompus », Carrier, l’homme qui noyait les prêtres à Nantes, ou Fouché, celui qui décida de raser Lyon, ont payé pour former une majorité qui décrète l’arrestation de Robespierre le jour où il avait prévu leur élimination ? Ce n’est pas cette trame-là qui est proposée. Et ce n’est pas sans raison. Les gentils, ici, ce sont la reine, cette infâme traitresse et corruptrice, le roi, ce mollasson vendu, les aristocrates agents des autrichiens, des anglais et de n’importe qui qui soit contre le peuple, voilà les héros, subliminaux ou bien déclaré. Il suffit de voir le « trailer », écrit par un débile américain, pour comprendre le mal que fait ce genre de scénario à l’image de la France populaire et historique ! Que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et donc de l’égalité en droit de tout être humain, soit présentée comme l’œuvre de brutes sanguinaires et absurdes ne peut-être un hasard ludique. Aux « gamers » je leur dis : cette version de l’Histoire vous manipule. Que ça ne vous empêche pas de jouer ! Au contraire, ça rajoute au jeu. Essayez de repérer les manipulations en cours de route… Un bon début est de visionner ce bref résumé des bobards de la légende noire de Robespierre.  

Et voici un autre jeu. A vos heures libres, essayez de savoir « qui est qui », politiquement, parmi les décideurs de ce jeu. Ce n’est pas trop dur à éclaircir, croyez moi. Et ça vous explique la violence de certaines réactions contre moi parce que j’ai dit mon accord avec la critique qu’Alexis Corbière, le premier, a fait de ce jeu. Là non plus, il n’y a pas de débiles qui jouent sans cervelle. Ce sont des militants politiques qui font exprès de confondre la mise en cause d’un scénario avec la mise en cause du jeu vidéo, parce qu’ils considèrent les autres « gamers » comme des gens incapables de faire la différence ! Quant aux historiens qui minaudent, demandez aussi lesquels travaillent pour les sociétés de jeu et pour combien. Et je m’empresse de dire que je souhaite beaucoup la participation des historiens à ces scénarios car leur implication permet qu’à la fin quelque chose de vrais passe du virtuel au réel par l’intermédiaire des temps de cerveau disponible. Quant à moi je n’en fait pas mystère : l’occasion est bonne pour faire naître, dans une bataille culturelle, des consciences politiques.

La semaine passée j’étais à Grenoble.

Le dimanche, je suis allé enfin jusqu’à la Bastille qui surplombe la ville. Je voulais voir ce paysage que j’ai manqué à cinq reprises depuis que les remue-méninges du Parti de Gauche se tiennent dans cette ville. Cinq années de suite, il y a eu une fausse bonne raison de n’avoir plus de temps disponible pour cette promenade édifiante. Car on devine combien la hauteur permet de voir dans un grand souffle l’organisation de la plaine, des montagnes et des deux rivières. Comme toujours dans ce cas, la splendeur de la vue percole dans tout le corps et l’esprit. C’est comme une « limpia », l’exercice à vocation purificatrice des chamans des Andes. En tout cas, après ce regard porté sur ce tableau, on ne sait pourquoi, on se sent mieux qu’avant. Grenoble est bien posée de longue date comme un entre-deux mondes. Natif de Tanger entre Méditerranée et Atlantique, comme l’est aussi mon caractère, je repère ces sortes de lieux à des signes invisibles comme un oiseau migrateur connaît son chemin dans l’air. Les deux cours d’eau ont fait la loi ici au fil du temps long. Et si on a dompté leur croisement tout le paysage, reste un compromis avec l’eau. Elle affleure presque du sol partout où, pendant dix mille ans elle couvrait encore tout. La voie romaine savait cela et se tenait écartée de la zone restée inondable après le retrait du lac, au temps des marais. Je commence toujours par regarder ce qu’on fait les romains. Où est le « Cardo maximus » dans Grenoble, l’axe central fixé par l’arpenteur de l’Empire ? C’est la grande rue. Le plan n’a pas bougé pendant mille ans et la ville est restée sagement dans la muraille du troisième siècle. Je me demande comment s’est manifestée en ce temps-là cette constante tension politique qui semble couler du paysage. Je la sens comme une sorte de résurgence de l’énergie dissipée par le surgissement des Alpes, l’explosion du sous-sol calcaire en plateaux tout fripés et les fluides tumultueux des deux rivières se choquant l’une à l’autre pendant des millénaires. On me racontera ça, je suppose, un jour où l’autre.

La ville a d’abord été gauloise, bien sûr, car le lieu est habité depuis le temps le temps profond le plus abyssal, celui des silex taillés et des grottes en surplomb. Je suis stupéfait d’apprendre l’existence de cette église mérovingienne où l’on voit représentés des palmiers et des animaux du Moyen-Orient. A ce compte, la ville sent plus fort l’aventure que son air placide ne le laisse croire. D’ailleurs, la Grande Révolution a formellement commencé ici, un an avant l’heure parisienne et nationale. J’humais donc l’air, cherchant les fumets des remuements. Ils marquent la piste qui conduit jusqu’à Dubedout, gérant l’avant-garde de la gauche post soixante-huit et ensuite jusqu’à Eric Piolle, Elisa Martin et mon équipe d’amis. Ceux-là, depuis mars dernier, annoncent selon moi le futur de la gauche qui viendra après la nuit de la bureaucratie solférinienne.

Sous l’ancien régime, l’évêché trônait à l’est et le palais delphinal à l’ouest. Les consuls s’installèrent à mi-chemin, sur le centre-ville actuel. Le peuple ici, tel qu’il s’est défini au fil des âges, ne s’est jamais tenu sous les sujétions prévues pour lui. S’il y a consenti, c’est toujours comme si c’était négocié davantage que subi. La journée des tuiles se passe en 1788. Le parlement local se tourne en rébellion contre le roi qui envoie ses troupes pour rétablir l’obéissance. Le peuple harcèle les troupes royales en leur jetant depuis les toits les tuiles qui s’y trouvent sous la main. Le Cazeneuve de l’époque fit tirer. Sans parvenir à terroriser. C’est là une grande sagesse politique du grand nombre. Car partout en France ces Parlements étaient des antres réactionnaires défendant les refus devant l’impôt des puissants du moment. Reste qu’il fallait s’opposer et ruiner le pouvoir du monarque sachant qu’en cas de victoire sur celui-ci, la tourmente emporterait les autres privilèges ! Et c’est bien ce qui se passa. Une fois entré en rébellion, le Parlement se réunit dans une salle mise à sa disposition par un puissant notable bourgeois, dont un lointain descendant sera le président de la troisième république Casimir Perier. On vérifie ici que le temps long a toujours eu sa part entre le hasard et la nécessité. Une fois réuni, le Parlement proclama la confusion des ordres, une majorité du bas clergé et une grosse proportion de la noblesse locale se fondant avec les représentants du Tiers Etats. Un an avant la même scène à Paris, libérant l’énergie de la Révolution qui a ouvert l’ère moderne. C’est la même force préfiguratrice qui crée le maquis du Vercors, véritable et seule armée de plus de 4000 personnes en résistance constituée en pleine occupation. Les allemands eurent les plus grandes peine à la détruire en dépit de l’énorme différence de moyens mis en œuvre. Bref, Grenoble est davantage qu’une ville. C’est un cratère essentiel du volcan populaire français. Les activités souterraines et informelles de la tension politique d’une époque se libèrent ici combien davantage qu’ailleurs !

Conformément aux lois du temps long et des hasards bien ordonnés, l’élection municipale de l’an passé a ouvert la brèche par où va se constituer la nouvelle période de notre camp. Le deuxième tour avait montré comment se passent les choses quand elles le doivent. Quand ils furent convaincus que les nôtres incarnaient le vote utile du second tour, ce fut une marée qui déferla depuis les quartiers ou régnaient l’absentéisme. Tout fut emporté : la droite autant que la coalition du PS et de ses commensaux. L’onde de choc de la déroute de nos adversaires de cette séquence n’a pas fini de travailler le terrain. L’émergence des nôtres a reconstruit de fond en comble le paysage. Je me réjouis de savoir que la direction locale du PCF est en pleine restructuration. Il le fallait après la déplorable aventure qui l’a entrainé à nous combattre de bout en bout et même à se maintenir au deuxième tour contre notre liste pourtant arrivée en tête. Sur la base des nouvelles orientations du PCF affichées en Convention, la grande convergence sans ambiguïté à laquelle nous travaillons depuis des mois est désormais possible localement, me semble-t-il. La logique d’élargissement du Front de Gauche sur la ligne de l’opposition sans ambiguïté au gouvernement est à portée de main. Je crois que Grenoble peut en être le point de départ une nouvelle fois. Je dis à nos amis de la majorité municipale qu’ils ont une responsabilité particulière. Elle leur fait devoir. Je sais très bien que c’est plus facile à dire qu’à faire. Car j’ai bien vu sur place mes amis dévorés à plein temps par l’action municipale, affrontant par-dessus le marché les traquenards que tendent les revanchards socialistes et leurs divers suppôts locaux, confits de haine et de rancœurs après avoir perdus leurs prébendes. Ici comme ailleurs les équipes municipales sont aussi confrontées au coup de rabot sur les finances publiques imposé par Berlin et Bruxelles via Hollande et Valls.

J’ai vu sur place l’effort réalisé pour constituer des assemblées citoyennes sur les thèmes municipaux. Je veux dire qu’on m’en a largement parlé. L’expérience ne manque donc pas, ni la légitimité à en parler. J’ai produit ici même ce que le Parti de Gauche pense sur cette forme d’organisation pour construire l’action dans l’avenir. Dès lors, nous serions à la disposition des Grenoblois pour relayer ce qu’ils nous demanderaient de faire. Car le temps est venu de passer aux actes. Leur autorité morale est grande à cet instant de désarroi généralisé. Nous devons impérativement entrer dans la fondation d’un nouveau cycle.

Le temps du PS est passé.

Il finit de s’effondrer moralement dans les connivences du libéralisme. Sa nécrose clientéliste et bureaucratique le prive même des ressorts du sursaut comme le prouvent l’évanescence des frondeurs et leur pusillanimité. L’actuel premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait annoncé la fin du PS issu d’Epinay. Il se plaint à présent publiquement que certain veuillent la mort du PS. La belle affaire ! Il n’y a pas de PS possible en France autrement que sur les bases de rupture avec le capitalisme qui furent celles endossées par le PS d’Epinay. Par conséquent, la situation présente ne demande pas de grandes enquêtes pour savoir qui veut la fin du PS. Ceux qui en ont réuni les conditions sont à l’intérieur des murs. De l’extérieur, nous ne faisons rien d’autre que de prendre sur la tête les éboulis de l’effondrement ! C’est bien pourquoi dorénavant plus personne ne veut s’allier avec le PS, de sorte que la principale fracture que les dirigeants PS avaient ouvert dans les rangs du Front de Gauche est refermée pour aborder les étapes suivantes. Cette étape sera celle à la fois de l’implication citoyenne mise au poste de commande et de la coalition des oppositions de gauche.

Nous ne partons pas de rien. Le Front de Gauche fournira sa part des fondations de la nouvelle alliance. Mais il doit tirer la leçon de ses propres limites. Ni avant, ni pendant, ni après la conquête d’une majorité, on ne peut agir sans s'appuyer sur un ressort populaire plus large que celui de nos partis. Les assemblées citoyennes, les vraies, sont notre avenir. C’est la condition de base. La conjonction des partis de l’opposition de gauche est évidemment nécessaire. Mais on voit que ce n’est pas un exercice facile. Les pesanteurs du passé moelleux, la peur panique du déclassement qui anime les nantis du système politique, la force des chantages de toutes sortes, tout cela compte beaucoup. Parmi ces âmes molles, la tentation de donner au moins disant le pouvoir de décision est si forte ! La pente est si bien huilée ! On a vu comment les « frondeurs » sont passés du vote contre à l’abstention « pour être plus nombreux » et de là au silence à l’heure de Rémi Fraisse.

Les aguichages concurrents des universités d’été socialistes sont finis. Le PCF vient d’en tirer la leçon à sa Convention Nationale. Pierre Laurent a été parfaitement clair dans son émission de dimanche à France 3. Il n’est plus question d’alliance avec le PS. L’arc de force visé est celui que nous défendons aussi depuis des mois : le Front de Gauche, les oppositions de gauche d’Europe Écologie-Les Verts, Nouvelle Donne, les socialistes affligés et ceux des groupes rompant avec la politique de Valls. Pour autant, tous les efforts accomplis par Pierre Laurent n’auront pas été vains. Ils ont permis de bien voir quelles étaient les limites des divers groupements concurrents de « la gauche » du PS de Hamon-Emmanuelli à Martine Aubry en passant par Emmanuel Maurel. Je n’en suis pas surpris. Ils ont donné le change. Rien de plus. Bien sûr il faut maintenir la porte ouverte. Bienvenue à qui veut combattre. Mais encore faut-il qu’ils veuillent combattre. Pour l’instant et pour de longs mois, tout ce petit monde va rester dans les méandres et les reptations des investitures cantonales et régionales et du congrès du PS.

Le congrès du PS sera intéressant. On peut présager sans mal que la « gauche » sera diluée et ce qui en restera sera écrasé. Au total, qui compterait dessus se lierait pour des mois à un poids mort. Je pense qu’en avançant, en agissant, se créé une dynamique plus efficace qu’en restant assujettis au règne des colloques et parlotes et de la diplomatie inter-groupusculaire. J’en veux pour preuve le mouvement opéré par Liêm Hoang Ngoc et les « socialistes affligés » accompagnés par un nombre significatif de dirigeants du mouvement des jeunes socialistes en adhérant au Mouvement pour la sixième République. En même temps qu’eux, ce sont des dirigeants de premiers plans, deux des trois co-présidents du mouvement « Nouvelle Donne » qui ont également décidé de s’impliquer dans le déploiement du Mouvement pour la sixième République. Il s’agit de la députée Isabelle Attard et du conseiller régional Patrick Beauvillard. Dans ces conditions, la question du passage à la sixième République est en train de s’inscrire comme une idée centrale dans le programme de l’opposition de gauche en construction. Et c’est bien le but si l’on veut qu’elle devienne demain l’idée capable de fédérer le peuple tout entier.


149 commentaires à “Le lendemain et même ensuite”
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  1. Mbretagne22 dit :

    Comment ne pas débuter une bonne semaine avec de pareils écrits. Excellent.

  2. thersite69 dit :

    Excellente analyse de la fonction du jeu. Un point de vue d’historien à propos du traitement de l’histoire de la Révolution française en tant que trame d’un jeu vidéo, il illustre le sens de la critique proposée par Alexis Corbière et Jean-Luc Mélenchon avec des extraits video.

  3. Wilhelm dit :

    Billet très intéressant et qui confirme un fait certain : un seul Jean-Luc Mélenchon renferme plus de culture générale que l'ensemble de la classe politique française réunie.
    Be curious. Read widely. Try new things. What people call intelligence just boils down to curiosity.” Aaron Swartz

  4. carol dit :

    Quant à la sincérité du congrès du PS à venir il n'est qu'à écouter l'édifiante interview de Liêm Hoang Ngoc.

  5. AF30 dit :

    La légende dorée de la pauvre petite reine triste n'est pas près de prendre fin. Chaque saison apporte son lot à la continuation de cette fable. Quelquefois même avec talent comme dans le film de Sofia Coppola. Cela n'est que plus désespérant car cette légende lumineuse dessine en creux la noirceur de ses adversaires. Implicitement et sans nécessiter de démonstration.

  6. paprika82 dit :

    Super comme dhabitude vivement Mélenchon meme si ca va etre dur il faut se battre!

  7. jorie dit :

    Je suis profondément touchée par votre article à propos de la vidéo évoquée. Enfin, on reconnaît la réalité quasi physique de l'impact de la culture sur notre être. Les gens, à tort, pensent qu'il y a le réel et de l'autre côté de la barrière, le virtuel, les livres, la culture etc. Les gens oublient l'interpénétration entre ces mondes. Certains livres, certaines rencontres, certaines paroles ont m'ont façonnée au-delà de la séparation des siècles et ont abouti à mon engagement d'aujourd'hui. Curwood, J.London, Orwell, W.Reich, la violence bénéfique d'un paysage, tout cela façonne notre être pensant et agissant. La vidéo, c'est pareil, voilà pourquoi c'est un objet de propagande. Depuis 2 ans, une force conservatrice est à l'œuvre et revalorise l'ancien monde en attaquant systématiquement la Révolution française. Jamais pour l'expliquer dans ses errances, dans ses combats positifs pour la liberté et les fondamentaux que nous défendons aujourd'hui. L'image la plus évidente, la commémoration du 14 juillet cette année, 1789 occulté pour 1914-2014 "la paix", S. Bernd qui nous parle des "victimes de horreurs de la révolution", choix des musiques et textes etc. La contre...

  8. Lilly54 dit :

    Bonjour Jean-Luc, bonjour amis,
    Je salue ici la détermination et le courage de tous ceux qui luttent et oeuvrent pour la naissance de la 6e République. Je salue le sens du devoir d'informer de Jean-Luc et je rends hommage à sa force intellectuelle. Merci à vous et nul doute que nous finirons bien par y arriver !

  9. anar dit :

    Et dire que j'ai passé un long moment de ma vie à voter ou à travailler pour ces libéraux bobos. Le réveil en est parfois douloureux, mais salvateur ! Qu'ils dégagent tous !

  10. Clément dit :

    Si, en tant que "gamer", j'apprécie le passage parlant des jeux vidéos, j'ai deux réactions.
    Le jeu vidéo est tout de même différent des autres formes d'art dans le sens où contrairement aux autres, il est interactif. Si le scénario est moins important dans un jeu vidéo que dans un film, c'est car un jeu vidéo est avant-tout fait pour jouer, et non pas pour se faire raconter une histoire. Il est bon que le jeu vidéo puisse comme les autres formes d'art émettre des critiques, dire quelque chose sur notre société ou notre histoire, et recevoir des critiques sur ce qu'il dit, mais la comparaison avec les autres formes d'art s'arrête là où commence l'interactivité. Si le sujet intéresse quelqu'un, je vous propose cette vidéo d'un chroniqueur de jeuxvideo.com traitant des deux visions du jeu vidéo, narratologue ou ludologue.
    Je n'apprécie que très peu cette qualification de "débile américain" à propos de l'auteur du trailer. Ce débile est Rob Zombie, un musicien et réalisateur, bref un artiste qui, de mon point de vue, a réalisé de grandes choses. Je comprends qu'on puisse critiquer cette vidéo mais ce qualificatif est insultant, et superposer le "américain" à "débile" me rappelle encore une fois que s'il y a quelque chose que je n'aime pas chez vous, c'est cette propension à considérer l'Amérique du nord comme le mal absolu. Moi non plus je n'aime pas trop cette société puritaine où l'argent est roi, ni les propensions de ses gouvernements successifs à vouloir être les maîtres du monde, mais ça ne veut pas dire que tout ce qui vient des Etats-Unis est mauvais.
    Je vous apprécie beaucoup monsieur Mélenchon, mais s'il vous plaît, ne soyez pas manichéen, ne soyez pas caricatural.

  11. Julien dit :

    Le problème avec la critique d'Alexis, c'est qu'elle est fondée sur une bande-annonce (trailer) non-officielle. En musique, on appellerait ça un remix, ou une réinterprétation. Même s'ils sont validés par Ubisoft, les trailers non-officiel ne représentent que ceux qui les font. Et un gros bourrin d'américain ne peut produire que ce genre de chose vu qu'il n'a jamais dû étudier cette période. Et les trailers officiels sont bien moins tendancieux que l'officieux. Et un trailer, ça reste un trailer, ça n'est pas le jeu. Comme une bande-annonce de film n'est pas le film (sinon, personne n'irait au cinéma).
    On peut aussi objecter que la Révolution Française sert de toile de fond, l'intrigue principale ne porte pas sur la Révolution Française, mais, comme dans tous les Assassins'Creed, sur la lutte (imaginaire) entre les Templiers et les Assassins. Certes, on y croise des personnages historiques, comme dans les précédents opus, mais ils ne sont là que pour le décor, si j'ose dire et c'est prendre les joueurs pour des abrutis que de penser qu'ils vont prendre ça comme une vérité historique. Et c'est un peu le ressenti qu'on a en tant que joueur quand on lit la...

  12. Vassiviere dit :

    Pierre Laurent très souvent cité dans ce blog y a-t-il la place qu'il mérite ? Prenons ses déclarations pour argent comptant. L'avenir dira ce qu'elles valent. L'avenir du front du peuple me semble justement résider dans la fin de ces embrassades mortifères.

  13. Chat dit :

    « il ne faut pas manquer d’analyser ce qui doit être impérativement modifié »

    Il serait peut être temps de revoir la méthode. Les défilés dans les villes, s'ils laissent de bons souvenirs dans les mémoires ne laissent rien sur l'opinion qui n'a que la télé pour prendre la mesure de la résistance. Or la télé nous occulte. Nous pourrions occuper les places par des fêtes républicaines ouvertes à tous et notamment aux petits producteurs qui viendraient y présenter leurs produits. Il y aurait à manger à boire et échanger. Pour peu que des artistes y fassent de la musique, du théâtre de rue, cela deviendrait une fête bien difficile à réprimer. Et un peu plus de drapeaux tricolores au milieu du rouge traditionnel rappellerait notre attachement à la République. Si nous voulons fonder une nouvelle république, il ne faut plus la défendre comme nous défendions la cinquième. Ce n'est qu'une idée, pas un sujet de débat.

  14. shaunlemouton dit :

    Cher Jean-Luc,
    il me semble évident que l'intervention sur Assassin's Creed visait dans ton esprit tout autant à profiter de l'immense couverture médiatique de la sortie du jeu pour imposer un sujet d'importance, 1789 et Robespierre, qu'à défendre ce que tu as pris sincèrement comme une propagande. Car la vidéo qui t'a été montrée, interprétation (dessinée) personnelle du réalisateur américain de films d'horreur Rob Zombie, est effectivement très tendancieuse. Malhonnête ou crétine, je ne sais mais le résultat est là.
    Le souci c'est que ce n'est aucunement le jeu. Qui a joué aux précédents AC sait qu'il s'agit de productions artistiques, ludiques et semi-historiques puisant leurs histoires dans les principes complotistes et ésotériques d'un genre spécifique de la culture populaire (templiers, ancienne civilisation etc). Les joueurs savent également l'approche humaniste des développeurs, ne serait-ce que l'image très positive des Arabes pendant les croisades, des Indiens dans AC3, les pirates du IV comme exemple de société libertaire, etc. Je n'ose imaginer que cet esprit ait été tellement bouleversé dans le dernier opus.

  15. Rune dit :

    Pour tout dire, je fais partie de ceux qui n'ont pas compris le pourquoi de la critique du jeu vidéo incriminé, le jour même de sa sortie alors qu'il était alors impossible de connaître le contenu réel du scénario. Car il faut plusieurs dizaines d'heures pour faire le tour de ce jeu. Je comprends la critique du trailer du jeu, pour peu que celui-ci appuie vos dires. Car là, dès que vous l'avez vu, vous parlez "par expérience".
    Pour avoir joué au jeu pendant une vingtaine d'heures, je me place du côté de la personne ayant fait l'expérience. La révolution n'est là que comme "musique d'ambiance" ou "background" comme on dit et n'intervient quasiment pas dans le scénario qui est centré sur la lutte entre les templiers et les assassins. Robespierre est au mieux mentionné une fois ou deux, de manière marginale, tout comme Nicolas Flamel, Vidocq, le Marquis de Sade ou d'autres noms connus de l'époque.
    Critiquez la vidéo, pour ce qu'elle est. Critiquez le fait qu'elle soit associée au jeu aussi. Mais le jeu en lui-même... ne raconte au final rien sur la révolution, ni sur ses protagonistes. Il parle d'une éternelle guerre entre sociétés secrètes, comme il l'a...

  16. killevan dit :

    Chat échaudé craint l'eau froide. Pierre Laurent a tiré la leçon dit J-L Mélenchon, je m'en méfie comme le lait sur le feu; il virevolte (P.Laurent) au grés des claques qu'il se prend de-ci de-là; j'ai côtoyé les communistes dans un temps lointain, ils ont toujours eu des réactions surprenantes c'est pourquoi je m'en suis éloigné. Pour moi les communistes ne sont pas des alliés sûrs en tout cas ils n'auront plus jamais ma voix si ils se présentent seuls à un élection.

  17. Mamie J dit :

    Bonjour et merci pour toutes ces analyses très enrichissantes.
    Je voudrais revenir sur l’idée de « résignation », donc de démission des esprits, contre laquelle il est si difficile de lutter. Un rassemblement diversifié est légitimement souhaité. Tel qu’il s’amorce, il paraît un peu fragile. En effet, on pourrait courir le risque de voir émerger un rassemblement porteur d’intérêts spécifiques, juxtaposés, avec un cadre flou. Un rassemblement sera plus solide s’il appelle à partager et défendre certains principes fondamentaux. C’est pourquoi, ce souci, qui s’exprime parfois au sein du Front de Gauche, de ne pas « s’imposer » me paraît, en fait, très démobilisateur. Ceci n’exclut aucunement un débat démocratique, sur un solide socle idéologique commun.

  18. Bjarne Mortensen dit :

    Une analyse bienvenue et à la hauteur d'une compréhension indispensable du rôle que joue "l'offre culturelle" dans la formation des représentations et des imaginaires ! Trop peu de citoyens qui sont politiquement actifs dans la lutte pour une rénovation politique et sociale, prennent en considération le rôle que joue la culture au sens large dans la formation des sensibilités. L'enjeu est pourtant décisif. La construction de notre "logiciel de références" se fait souvent de manière prépondérante à travers les créations et l'industrie culturelle. A tous les niveaux la création est un vecteur incontournable dans l’évolution des mentalités et de la société. Une souhaitable autonomie de la création ne dispense pas de la prendre en compte dans la réflexion politique et sociale. Non plus, le cas échéant, de s'en enthousiasmer, ou de critiquer, et surtout pour en enrichir le combat !

  19. Fulgence dit :

    Cher Jean-Luc, sans vouloir doucher ton optimisme concernant les derniers engagements de Pierre Laurent, je me permets de citer Pierre Dharréville, membre de l'Exécutif du PCF, faisant le compte rendu du Conseil national du 15 octobre, préparatoire à la Convention nationale du PC, début novembre, publié dans "CommunisteS", supplément à l'Huma du 22 octobre.
    Et comment se présentent les élections départementales de mars prochain ?
    Dharréville : "L'idée est d'être dans cette démarche que nous avons décidé ensemble lors de nos débats sur les élections municipales : avoir le rassemblement le plus large possible pour s'opposer à la casse de la démocratie, pour proposer d'autres perspectives."

    La même démarche qu'aux municipales...

  20. Cedric dit :

    Un des meilleurs textes publiés jusqu'a maintenant. Epoustouflant d'intelligence, de culture et une trame absolument magnifique. Ca commence comme un roman de Marcas (Giacometti-Ravenne) et finit avec un Mélenchon radieux, juste et fidèle à ses idées.
    Bravo Jean-Luc!

  21. Jacques-Alain Miller dit :

    Mélenchon, vous êtes un écrivain, et un penseur. Vos considérations sur le jeu sont originales et percutantes. Sur Robespierre, je suis à 100% avec vous. Ecrivez les pages que vous promettez. Quand je pense qu'un Michel Onfray qui encense Charlotte Corday passait encore il y a peu pour un homme de gauche.

  22. Dorian Guiguet dit :

    Cher M. Mélenchon,
    Je suis un joueur de la série Assassin's Creed et je constate une divergence certaine entre l'univers qu'Ubisoft a réalisé dans cet opus et l'avis que vous semblez vous en être fait.
    En effet, il semblerait que vous ayez construit votre avis depuis un "trailer" qui n'en était pas un, ce film d'animation reprend certes le nom et l'univers du jeu mais n'est pas le fait d'Ubisoft et ne peut donc être comparé à leur oeuvre, puisque c'est comme d'une oeuvre que vous en parlez et je vous rejoins sur ce point.
    Après quelques heures de jeu, j'ai constaté que les "gentils" étaient loin d'être la Reine ou les agents de l'Autriche mais bien des acteurs favorables à la Révolution. Le mentor du héros est d'ailleurs Mirabeau, un personnage certes ambigu mais révolutionnaire. De plus, les ennemis que l'on combat sans cesse sont des agents extrémistes payés par les "Templiers", les ennemis du clan du héros afin de déstabiliser la Révolution.
    L'action du joueur n'est donc pas de s'opposer au peuple mais bien de prendre son parti et d'agir pour la démocratie. Il semblerait qu'un changement dans vos sources s'impose pour comprendre ce qui est...

  23. O. Mauco dit :

    Pour la première fois, nous avons une analyse construite sur le contenu d'un jeu vidéo. Merci d'avoir eu le respect pour ce média, jusqu'alors catalogué comme pur divertissement dangereux et idiot.

  24. Franck dit :

    Votre réflexion est une belle preuve de curiosité et d'humilité intellectuelle autour des jeux vidéo et de l'art numérique en général. Il ne faut pas négliger l'importance de la charnière anthropologique dans laquelle nous sommes. Le cyberspace que vous évoquez est la nouvelle "Terra incognita" que l'humain va explorer. Au même titre que la découverte et la conquête de l'Amérique au XVIè siècle, qui engendra le marché mondial actuel, cet espace des marchandises maintenant agonisant.
    La participation de chacun à la production ne sera plus l'unique signification de notre existence. Le savoir de chacun pourrait le devenir dans ce nouvel espace dit virtuel. On en est encore loin, tout est à écrire, je comparerais bien nos vertiges et angoisses de l'inconnu à ceux des hommes face à l'apparition du langage articulé. Sauf que là, l'évolution de l'outil est sensiblement plus rapide ! Tout ce que nous faisons là, à une importance certaine quant à la nature de ce nouveau monde. À nous de garantir la transmission des valeurs fondamentales avant que tout ne soit verrouillé.
    Pour l'heure, Liêm Hoang Ngoc et Co. me font bien plaisir. Un espoir d'une force alternative...

  25. Fredix dit :

    Mr Antoine "Vimal du Monteil", le producteur du jeu, ne partage pas votre opinion, étonnant non ?

  26. Nina dit :

    Sur ce jeu vidéo, mollo, ne pas s'éparpiller ce soir chez Calvi car la plupart des gens s'en foutent ! C'est à suivre par des historiens au vu du jeu lui-même et pas de cette bande annonce. Bon courage pour affronter les chiens de garde ce soir !

  27. Poncet dit :

    Ce n'est pas prendre les joueurs pour des abrutis que de penser qu'ils puissent être manipulés. Nous pouvons tous l'être. Ce n'est même pas être un abruti que de se croire capable de déjouer une manipulation dont on est l'objet : nous sommes tous faits ainsi. Si vous pensez le contraire, alors vous êtes capable de déceler tous les "trucs" de n'importe quel prestidigitateur, et bien entendu de les reproduire. Avez vous essayé ?
    Quant à l'opposition entre le réel et le virtuel, nous souffrons particulièrement de l'idolâtrie de la pensée de Descartes et de la fichue dualité corps-esprit prise pour une vérité démontrée (bien qu'elle ne soit chez lui qu'un postulat et que l'essentiel dans son discours de la méthode, soit justement dans la méthode et non dans le postulat...) Philip Johnson-Laird est, à ma connaissance, un des rares à avoir osé égratigner le cartésianisme en introduction de son livre L'ordinateur et l'esprit.

  28. l'écossais dit :

    Bonjour les humains d'abord.
    Jean-Luc a pris un risque énorme en se lançant dans ce chemin très multiple en facettes (je tiens compte de la pertinence des commentaires). Sa culture lui permet bien des exercices, mais il a souvent devant lui un sujet qu'il découvre en grande partie. Quand d'autres se cachent derrière leurs certitudes dogmatiques, lui prend le défi d'y aller ! Ce qui est vrai pour le côté culturel du propos, l'est aussi pour des aspects techniques qui entrent dans l'esprit de la règle verte et l'écosocialisme. C'est à nous le peuple d'en bas et un peu au dessus (...) de saisir le moment qui nous est offert par la démarche initiée par Jean-Luc. Le virage est proche pour ceux qui savent ce que piloter veut dire ! Mais il le dit lui-même, il y a encore bien des coups à prendre. Alors calme, courage et détermination.

  29. thersite69 dit :

    @ Wonk 24
    Personne ici ne pense que "le jeu devrait davantage faire preuve de rigueur historique pour mieux éduquer la jeunesse de façon ludique » Pardon, ce n’est pas cela qu’il s’agit ! Mais de critiquer le choix d’une action ludique qui conçoit son moment historique comme une simple musique d’ambiance, un décor de fond qui change selon les séries alors que l'action reste la même, a-historique. Et il faut bien constater que dans un spectaculaire décor, superficiellement « touristique », ne dominent que des d’images violentes et meurtrières, alors que l’éducation, reprenant ailleurs le travail de l’historien sur les événements et les textes, s’attacherait au contraire à montrer que ces gens n’étaient ni des assassins ni des « templiers » virtuels, mais des représentants de la nation, épris de paix, qui voulaient dans une époque troublée écrire une Constitution qui soit juste et pérenne.

  30. Lam dit :

    Un écrit vraiment passionnant. Pour ma part, je trouve que Robespierre est utilisé comme a pu l'être Oda Nobunaga chez les Japonais, parfois dépeint comme un être démoniaque et dans d'autres jeux comme un héros.
    Je suis assez d'accord avec le commentaire de @Julien #11, Assassin's Creed devrait être "lu" comme une uchronie avec, comme toile de fond, la bataille entre les Assassins et les Templiers. Les personnages historiques sont remaniés, de manière plus ou moins fidèle, pour servir la trame. Voir, par exemple, ce qui a été fait de Machiavel et De Vinci dans le 2e épisode, ou même Georges Washington dans le 3e opus.

  31. Courrierlecteur dit :

    Magnifique cette campagne sur le jeu menée par Jean-Luc et Alexis. Tout à fait d'accord avec ces bons articles et je suis bien en peine d'en citer des détails tant tous les aspects sont pertinents. A tout cela, cependant, à l'attention de grincheux journalistes qui ne vont pas manquer de railler sur la "futilité" du sujet, il ne faudrait pas négliger l'aspect économique du jeu vidéo. Bien loin au dessus du chiffre d'affaire de la musique et du cinéma, "Le jeu vidéo devrait générer 93 Mds de $ en 2013 et plus de 100 Mds en 2014. [...] Du côté du cinéma, il a représenté 34,7 milliards de dollars l'an passé selon la MPAA [...] Les ventes de musique devraient représenter environ 16 milliards de dollars cette année. Cela ne comprend toutefois que les CD, les DVD audio et bien sûr le numérique qui a représenté 5,6 milliards de dollars en 2012 et ne cesse de croître." (source)

  32. Poncet dit :

    Je ne polémiquerai pas avec ceux qui défendent ce jeu. Il est évidemment trop tôt pour qu'ils puissent reconnaître qu'il leur a suggéré des idées à leur insu. Pour les autres, je recommande de lire la page Wikipedia consacrée à ce jeu. J'attends les arguments de ceux qui soutiendraient qu'il ne véhicule pas, en arrière-plan (en "décor"), une idéologie réactionnaire.
    J'en profite pour lancer mon petit boulet contre GTA. Même punition, même motif. Les personnages politiques du jeu témoignent à eux seuls de l'idéologie de ses promoteurs, mais il y aurait aussi beaucoup à analyser dans l'idéologie implicite des personnages auxquels le joueur est censé s'identifier.

  33. PIETRON dit :

    Je trouve surprenante la découverte du fait que la vidéo serait manipulatrice. Il en a toujours été ainsi à chaque époque du déroulement et de la stratégie capitaliste. Déformer l'histoire à son avantage a toujours été l'une des stratégies du système. Mais il est bien de le rappeler en effet. Ce qui est notable dans le déroulement précité c'est la mutation que sait fort bien opérer le système.
    Du stade du profit "partagé relativement" au gré des luttes des travailleurs, au stade de la "finance", terme bien vague finalement et très opportun pour l'oligarchie, puis au stade, non dit, de la spéculation effrénée élevée au rang de marchandise qui exclut la nécessité pour les parasites capitalistes d'une main d'oeuvre à exploiter comme avant (le chomage, la précarité, la misère, la pauvreté, en découlent mécaniquement).
    C'est bien ce combat contre la spéculation-marchandise qu'il faut mener. Ce qui implique encore et toujours la prise de conscience du capital, avec les bonnes volontés qui voudront bien s'absoudre de tout anti communisme, de tout anti ex PS, etc., dans un combat qui n'omette pas les travailleurs.

  34. RAVEN Eric dit :

    Merci Jean Luc pour cette belle leçon de chose entre l'art et le jeu où le virtuel est concret.
    « Si nous osons dire la vérité sur le passé, peut-être oserons-nous dire la vérité sur le présent. » Ken Loach Cinéaste engagé

  35. Dominique FILIPPI dit :

    Ne pas être naïf ! Fulgence a raison de se méfier du double langage de Laurent. "le rassemblement le plus large possible" est en train d'être mis en œuvre par les secrétaires fédéraux du PCF qui discutent, négocient vraisemblablement avec les notables socialistes pour les cantonales et les régionales par dessus la tête des militants de base du PCF qui n'en veulent pas. Et pendant ce temps, Laurent amuse la galerie !

  36. JJ DULONG dit :

    Je me permettrais d'ajouter à vos pertinents et bienvenus commentaires sur la Révolution française: et pour Robespierre et ses amis, qui a aboli l'esclavage dans les colonies et qui l'a rétabli ? Sans commentaires, n'est-ce pas !

  37. Luc dit :

    Camarade, tu as dis "roi d'Autriche", si l'on veut être exact, il n'y avait pas de roi en Autriche à l'époque (il n'y en a jamais eu, d'ailleurs), mais un archiduc, qui était accessoirement empereur du Saint-Empire Romain Germanique. (Enfin, de ce qu'il en restait par rapport à son étendue au moyen âge). Suite à la dissolution de cette instance par Napoléon en 1806, les archiducs d'Autriche sont devenus empereurs d'Autriche.
    [...]

  38. Nico dit :

    Juste une petite précision qui me semble importante. Je me suis employé à terminer le jeu avant d'émettre cette remarque, afin qu'il n'y ait aucun doute. Robespierre n'est cité que deux fois dans le jeu lui-même, une fois en tant que simple invité d'une soirée, et l'autre dans une cinématique où il est sous-entendu qu'il oeuvre pour le camp (fictionnel) des Templiers. Aucun rapport, donc, avec la vision développée dans le court métrage de Rob Zombie, (très) librement inspiré du jeu et que vous dénoncez.
    Du reste, ce fut un plaisir de vous lire, je ne vous connaissais que pour vos gesticulations et je découvre à travers ce blog une personne bien plus subtile et éclairée que je ne l'aurais pensé.

  39. proGamer dit :

    Donc si on avait le prochain opus avec en "toile de fond", en "background", l'Allemagne nazie et le gentil Hitler, ça ne vous possèderait pas de problème ? Non mais franchement, faut arrêter avec vos arguments débiles !
    Je ne sais pas pour le jeu en lui même mais le mec qui a fait cette bande annonce est un réac. La critiquer me parait tout ce qui a de plus normal quand on est de gauche. Après tout, rien ne les obligeaient à parler de Robespierre.

  40. Nicks dit :

    Il faut se souvenir que Jean-Luc Mélenchon relaie la logique "gramscienne" de la guerre idéologique. Il faut également prendre la critique du jeu video à cette aune. Même si la trame des Assassin's creed ne prend l'époque historique que comme une trame, le fait de voir Robespierre faire partie des ennemis (les templiers) et ce même s'il n'est pas cité souvent, n'est pas anodin. Pourquoi pas Danton dans ce cas là ? Dans l'imaginaire thermidorien dans lequel nous baignons, Robespierre est la figure de l'intransigeance inflexible face à la domination des puissants et elle doit être pervertie par tous les moyens. Je ne pense pas que cela soit très conscient dans le jeu, mais cela en illustre d'autant plus à quel point certains pré-supposés sont profondément incrustés et qu'il faut donc être vigilant à les combattre.
    Par ailleurs, un mot sur la manifestation de samedi à laquelle je n'ai exceptionnellement pas participé pour raison laborieuse. Elle a été occultée purement et simplement par les médias, selon la tendance amorcée depuis déjà belle lurette. Cela conforte mon impression qu'il faut penser à d'autres formes de rassemblements à l'avenir.

  41. tholger dit :

    Ne vous réjouissez pas si vite Jean Luc il reste encore des résistances locales ou le PCF nous joue la lutte des places et c'est le cas sur l'Ardèche ou le secrétaire fédéral nous la fait à l'envers en indiquant qu'il faudrait voter PS au second tour des cantonales et ainsi s'assurer qu'il pourra compter sur le PS pour sa réélection aux régionales. La plupart des militants que j'ai rencontré n'approuvent pas cette stratégie car elle rend illisible notre démarche alternative. Beaucoup de potes ne veulent plus du Front de Gauche mais préfère aujourd'hui parler de Mouvement du peuple ou de Front du Peuple car nos électeurs ont peur de la gauche car cela leur fait penser aux mots menteurs et taxateurs que sont les députés et l'éxécutif solfériniens. Il faut faire évoluer notre langage et vite !

  42. jorie dit :

    Bon, ce soir vous passez sur le fil des "mots croisés". Je vous souhaite un grand courage et une grande sérénité, c'est là que vous êtes le meilleur et le plus percutant. Je crois que c'est Lapix qui vous interrogera et non Calvi, j'ai eu chaud. J'ai le sentiment que celui ci qui ne vous a jamais invité nulle part ne chercherait, en face de vous, qu'à vous détruire, vous faire sortir de vos gonds pour exploiter les caricatures médiatiques. Attention à vous !
    Voilà, le PS et l'UMP vont tous en cœur à droite. Au fond, cela correspond à la destruction de notre nation politique républicaine. Cela est conforme également à ce que souhaite l'Europe. Si en plus, on régionalise tout dans cette fédération apolitique, tentaculaire et contrôlée par les oligarques, ce serait le pied pour les Américains qui viendront se servir avec leur GMT et leurs tribunaux d'arbitrage. J'ai hâte que vous désobéissiez aux diktats européens, et pour ce qui me concerne, que vous sortiez de cette illusion européenne. L'Europe a été construite par les pro-américains et pour le faire, il fallait passer par le marché. Pour le faire, il fallait former les élites dans les universités américaines.

  43. georges13 dit :

    "La même démarche qu'aux municipales..."
    Cette citation de Darheville est à remettre dans le contexte marseillais où les listes "les plus larges à gauche" ont été montées sans les socialistes ayant eux même leur listes. Il faut arrêter de sauter sur des propos en les sortant de leur contexte. Le moment est au rassemblement le vrai dont acte et c'est tant mieux.

  44. eric dit :

    J'aime l'analyse sure les jeux video. Se rappeler que tout est mathématiques, d'abord, puis une histoire qui transporte comme un film. Art certainement, du conteur (ou des conteurs) qui transporte le joueur adans son univers, comme Herbert l'a fait avec Dune. [...]

  45. oneval dit :

    Dans la bouche de Pierre Laurent "un rassemblement le plus large possible" alors que les communistes ont trahi l'idée de rassemblement pour garder ici un sénateur et la un maire. Désastreux le comportement des communistes pour les municipales, ils ont désigné Marine le Pen la seule opposition visible contre le pouvoir actuel et phrase souvent entendu "le PC ils sont contre la politique des socialistes sauf pendant les périodes électorales". Enfin nous verrons bien, si pour nos concitoyens se sont les institutions qui sont en cause (et elles le sont) ou l'Europe et je crains fort que le positionnement des Le Pen and co risque de remporter la mise tant la gauche est inaudible pour dénoncer l'Europe. Pour ma part simple électeur de base j'attend de voir la position de ce rassemblement à gauche sur l'Europe pour savoir si je dois préparer mon matériel de pêche ou ma carte d'électeur. Changer les instituions sans remettre en cause le principe de subsidiarité c'est bien mais aprés on fait quoi on applique les directives avec nos nouvelles institutions. Y a comme un parfum des années 30 qui plane.

  46. Pierrot de Pont dit :

    Encore un brillantissime billet où, à l'occasion de la sortie du 5ème épisode d'Assasin's Creed, Jean-Luc "le plus intelligent des hommes politiques français de l'époque" (dixit moi-même), nous gratifie de lumineuses considérations sur le rôle du jeu dans la formation de l'individu. Ce domaine culturel est en effet très largement occulté, voire méprisé, de nos intellectuels médiatiques qui sont bien peu de choses. Roger Caillois est bien oublié, sans parler du travail trop souvent ignoré du théoricien révolutionnaire Guy Debord sur "le Jeu de la Guerre" qu'il avait construit comme un prolongement de ses réflexions sur la dialectique et ses tactiques. Et bonne occasion que ce billet pour, au moment où s'engage l'élan majeur vers cette 6ème république tant attendue et espérée, oeuvrer à la défense et illustration de la 1ère et de son plus résolu artisan Maximilien Robespierre. Merci de m'avoir ainsi fait découvrir le superbe plaidoyer de Cécile Obligi pour les Ernest, renvoyant, entre autres, le pitoyable Onfray et sa défense de l'illuminée Corday aux poubelles de l'Histoire.

  47. Mimi dit :

    Dommage que nous soyons trop peu à vous lire. Pour moi, c'est un régal à chaque fois ! Merci.

  48. Calou dit :

    Brillante analyse sur les jeux vidéo! Merci Jean-Luc. Je suis moi-même de cette génération des premiers "gamers". Bien loin des clichés, je suis actif dans plusieurs mouvements (association, syndicat, parti). Il est souvent très difficile de parler aux camarades militants de ce fait de société comme d'une simple pièce du puzzle, et non comme d'un appauvrissement culturel.
    Dans la continuité de ce que tu dis, j'ajouterais que les nouveaux lieux de socialisation politique, abandonnés par notre camp pour des raisons dignes mais à courte-vue, ne sont plus le lieu de travail, ni même les bistrots, ce sont les stades, Facebook et les commentaires des articles postés sur internet. Autant de lieux que nous désertons. Il faut les investir (en plus de nos autres lieux), car c'est là que le peuple parle de politique désormais. Le jeu vidéo recèle autant de danger que de richesses, comme n'importe quel outil (car ce n'est qu'un outil !). Si nous ne nous en emparons pas, les marchands, eux, s'en occupent. Il existe un tas de jeux, y compris populaires, qui sont dignes d'intérêt. Notre militantisme devrait se former massivement à répondre à ces nouveaux défis.

  49. Fulgence dit :

    @ Georges 13
    Je crois avoir donné suffisamment de références à ma citation pour que certains ne puissent m'accuser de manipulation. Ton commentaire est une pure et simple falsification. Chacun pourra le constater à la lecture du texte de CommunisteS.

  50. Titoune dit :

    Tout cela frise le sublime, pour avoir fais parti des marcheurs à Paris, je n'arrive pas a mesurer l'impacte si impacte il y a, combien m'ont dit tout cela ne sert a rien. La lucarne à blaireaux n'en fait pas cas et puis les manifs en région ? Bien sur il ne faut pas négliger les tarifs SNCF qui mettent des freins aux plus téméraires. Mais que faire ? les Français commentent la politique, peut être serait t'il temps de leur permettre de prendre la parole avant de prendre le pouvoir ? Quand au peuple il semblerait qu'il n'existe vraiment que lorsqu'il se soulève, est ce que ça vient de lui tout seul ou bien est ce que cela se fabrique ? Attendre encore un peu puis espérer un regain d'envie d'en découdre avec ce pouvoir et le reste de ceux qui s'acharnent à vouloir nous gouverner alors que nous ne voulons plus d'eux. En attendant il fait froid humide pour les mal logés les mal nourris, etc.


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