30juil 13

A la recherche du temps et de la momie

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Ce que je lis de l’avancée de la crise écologique au pôle nord m’atterre si je pense à l’indifférence des pouvoirs politiques a ce propos. Ce que je comprends du nouvel abus de l’Union Européenne à propos des semences autorisées en Europe dorénavant me consterne.  Ce que j’entrevois de l’actualité dans notre pays depuis Quito en Equateur me révulse. Du moins ce ne sera pas sans réaction. Mais comment être partout à la fois ? Citoyens engagés, les militants du Parti de gauche sont sur le pont, drapeaux et musique en tête dans tous les combats de cet été sans trêve. Tous les partis n’en sont pas là et je suis donc très fier de ce dont je suis informé. Je crois que je participe à l’effort à ma manière ne serait-ce qu’en animant ce blog. A ce propos, je veux attirer votre attention sur un additif que j’ai apporté à ma précédente note. On y accède par un bouton qui se trouve dans le pavé gris à droite de l’écran. Il vous propose ma vision du rapport avec l’Amérique du sud. Cet effort de formalisation m’a paru indispensable au moment où la vague émancipatrice qui est née dans ce coin du monde entre en eaux troubles comme on le voit au Brésil et au Pérou. Plus que jamais : « ni rire, ni pleurer : comprendre ».

Quant à moi, je pensais prendre des vacances entrecoupées de politique. C’est l’inverse qui s’est produit : l’action politique a tout occupé, entrecoupée de pauses. J’en suis à quatre conférences et un meeting. A partir du 29 juillet, je participe pour la première fois au sommet de l’Alba et je n’en reviens sur Quito qu’après avoir prononcé ma cinquième conférence. Et encore ne dis-je rien de l’agenda des rencontres dont je me suis déjà fait l’écho, avec les présidents Correa et Moralès, puis le vice-président équatorien Jorge Glas, les ministres et  les divers responsables auprès desquels je fais ma cueillette d’idées. Ce n’est pas dans nos médias que vous l’apprendrez. Ni mon voyage, ni mes rencontres présidentielles, ni le contexte survolté de l’Amérique du sud autour de l’offense au président bolivien Evo Moralès n’y sont évoqués, même pour me nuire. Royal baby, accidents et noyades pour tous ! Ouf ! Enfin le calme ! J’ai donc pu jouer librement du clavier. Le blog de cet été mêle donc sans soucis des haineux, le récit de voyage, l’histoire et la philosophie politique. Mais je ne le cache pas : j’ai bien l’intention que tout ceci aide à éclairer notre présent. Finalement mon blog va fonctionner comme un feuilleton. Sur les pas de La Condamine et à la recherche de la momie perdue. Deux faits lointains ? Je les crois riches de leçons pour le présent. Penser passe par bien des sentiers retirés.

Hors du milieu scientifique, peu de  Français connaissent le nom de La Condamine. Ici pourtant, en Equateur, c'est un héros national. L’homme et l’expédition à laquelle il participait mesuraient le méridien pour connaitre la forme de notre planète. Mais le résultat obtenu ne fut pas seulement un succès pour l’académie des sciences. Ce fut un évènement politique dont l’onde de choc se propagea largement dans l’espace social, économique et politique. Une leçon qui fait réfléchir. L’autre chapitre de mon feuilleton me met aux prises avec une enquête pour retrouver la momie perdue d’Atahualpa, le dernier des « rois » Incas. A côté de ça, Da Vinci code est juste une amusette !  Ça commence en petites foulées dans ce post et je vous garantis que c’est aussi de la politique. D’une certaine façon.

Quand la science produit aussi de la politique

En 1735, lorsque l'expédition géodésique française arriva et que La Condamine entra dans Quito, l'Académie des sciences de Paris dont il était le mandataire était une institution mondiale du savoir. Une dispute l’animait alors, qui occupait aussi toutes les académies européenne de l’époque. Il s'agissait de la forme de la terre. Les uns postulaient qu'elle avait, en gros, la forme d'une patate ovoïde, les autres, à la suite de Newton, qu’il s'agissait d'une sphère aplatie aux pôles. Pour trancher, il fallait mesurer l'arc de courbure de la planète. Une première tentative avait été faite en France même. C'est à partir de là que fut décidé de vérifier ce qu'il en était en envoyant une expédition en Laponie et l'autre, ici même, à Quito, dans l'ancienne audience royale du Pérou espagnol, sur l'Équateur. La dispute scientifique avait évidemment une implication économique et politique. De la connaissance de la forme de la terre dépend l'évaluation correcte des distances à parcourir. Plus directement encore, la précision des cartes permet de s'orienter, de conclure ses voyages qu’ils soient marchands ou… militaires. Et puis, hum ! hum ! Cela permettait aussi de trouver de nouvelles voies d’accès… Si l’on se réfère aux premiers mots de cette note on fera le lien…avec l’actualité !

Aucun des protagonistes de l'époque ne pouvait ignorer cet arrière plan. Si bien qu'en donnant son accord pour que l'expédition française aille dans cette vice-royauté du Pérou, le roi d'Espagne flanqua l'équipe de chercheurs français de deux officiers de marine espagnols pour les accompagner en tous lieux. Ces deux là avaient une double qualité aux yeux de leur maitre. D’abord d'être des militaires capables de surveiller très officiellement les agissements des Français. Ensuite c’était aussi et surtout des officiers de marine, c'est-à-dire des hommes disposant de connaissances scientifiques qui les rendaient aptes à comprendre ce que les Français trouveraient d’utile. Enfin c’étaient des marins justement, c’est à dire des hommes ayant la capacité de manier eux-mêmes des instruments de mesure assez usuellement utilisés sur les navires pour s’orienter en mer.

Mais l'impact concret de l'expédition ne s'est pas limité aux aspects purement géodésiques comme on pourrait le croire. Si peu nombreux qu'ils aient été, les membres de l'expédition amenaient  avec eux un bien précieux extrêmement contaminateur : la science, dans la version de la philosophie des lumières. Ce n'est pas que le lieu fut peuplé seulement d’ignorants. Ni même qu'il n'y eut aucune capacité scientifique sur place. Même si La Condamine grince et ne cesse de répéter que « les arts et la science sont peu développés », sur place, les jésuites et les érudits locaux faisaient beaucoup, chacun à leur manière. C'est par eux que maints livres entrèrent dans le Nouveau Monde notamment ceux de presque tous les intellectuels européens des Lumières. Mais, pour faire simple, la science que les jésuites entretenaient n’était pas aussi libre que la science doit l’être pour mériter ce nom.  Elle restait intellectuellement captive de l'obligation d'établir un lien avec l'ordre divin tel que le dogme l'affirmait et donc, par-dessus le marché, de justifier l'absurde ordre féodal qui lui était attaché. Ce n’est pas pour rien qu’elle est appelée « sciences baroque ». La science que pratiquaient les Français était tout autre. Avec ses instruments de mesure, ses calculs méticuleux, sa méthode de confrontation des hypothèses aux réalités au moyen des expériences renouvelées et confirmées, l'expédition géodésique française obligeait publiquement à reconsidérer des principes et usages établis depuis des siècles. Elle modifiait ostensiblement les normes de production du savoir, ridiculisait l'acceptation dogmatique et tous les pouvoirs qui en découlaient. Et tout cela sans un mot de politique.

C’est par ce chemin que la mesure du méridien terrestre eut, entre autres effets, de participer directement à la naissance du sentiment indépendantiste créole. L'historiographie traditionnelle de l'Équateur l’enseigne aujourd’hui officiellement. Bien sûr, je suis très fier qu’un de nos compatriotes ait occupé cette place dans l'histoire nationale de mes amis parmi les plus chers et que son nom soit attribué à des rues et des places équatoriennes avec autant de naturel qu’il l’est au lycée français de Quito. Mais ce qui retient mon attention plus que tout c'est évidemment le rapport qu'il y a entre la production du savoir, ce qu’il permet de connaitre et l’évolution des idées politiques.

Je rassure mes lecteurs : mon propos n'est pas d'en revenir à l'idée d'une politique « scientifiquement » établie, à laquelle je n'ai jamais cru de ma vie de militant. Je le confirme alors même que, selon moi, l'action politique doit pouvoir trouver dans la science nombre de ses principaux outils de travail. Peut-on décider valablement sans comprendre ni connaitre ? L'action politique ne peut être un art de réalisation efficace sans que des savoirs objectifs nous alertent puis épaulent nos intuitions ! Mais ce n'est pas là l'essentiel pour mon propos d’aujourd'hui. Car chacun de mes lecteurs sait bien qu’il existe dorénavant un autre niveau d'intime articulation entre la science et la politique. Il en est ainsi depuis que les connaissances scientifiques sont devenues des moyens d'action susceptible d'anéantir ou de transformer radicalement la condition humaine. Depuis la bombe atomique et la manipulation génétique, dorénavant, la loi, c'est-à-dire la politique, doit donner son avis et organiser l'usage technique et commercial qui est fait des découvertes de la science. On peut dire que le savoir scientifique nous oblige à prononcer de façon explicite une vision globale du monde et de la place singulière des êtres humains en son sein. La bioéthique en est une des expressions. Ce point souligne que la politique ne peut jamais passer à côté des sciences et de leurs conséquences techniques. Cette idée est à présent essentielle. Elle a pour nous une actualité élargie en politique. La connaissance scientifique des mécanismes à l’œuvre dans l’écosystème pour se maintenir au point d’équilibre auquel il se trouve est décisive. C’est d’elle que se déduit l’intérêt général humain. Dès lors c’est elle qui prononce l’obsolescence de la pensée libérale et de toute la civilisation qui lui est attachée. Plutôt que de le démontrer une nouvelle fois, je préfère pour mon plaisir d’écriture de le montrer à partir de ce que fut l’impact d’une expédition scientifique sur l’ordre du monde politique. En ce temps là….

L'expédition de La Condamine intervenait dans un contexte que l'on va dire déjà « sensible ». Il était déjà marqué par de nombreux gestes d'affirmation créole à l'égard de l'absolutisme royal espagnol.  Les failles étaient partout. Même chez les jésuites chez qui La Condamine est allé s'installer en arrivant à Quito. Eux aussi avaient été en état de semi dissidence lorsque leur général eut décidé depuis Rome de leur imposer un recteur espagnol venu d'Europe en opposition aux candidatures locales. Ces jésuites fournirent aussi à l’expédition des matériaux d'information considérables. Ce sera la base sur laquelle ensuite le Français dressera bien des cartes géographiques qu'il publiera ensuite, après avoir accompli un travail considérable de corrections et de rectifications. Certes, il n'oublie jamais de préciser l'ampleur et les mérites qu'il eut à les établir sur le terrain, sans se laisser distraire par aucune autre obligation. C'était de sa part une critique implicite à l'égard de ceux qui combinaient le travail du géographe et celui d'évangélisateurs… Mais au demeurant les Français ne furent jamais seuls. Car, lorsqu’ils arrivent, l’élite intellectuelle locale est déjà marquée et divisée par la pénétration déjà bien  avancée des œuvres du siècle des Lumières. Quand l’expédition française arrive, on discute déjà des choses sérieuses sur place. Maints protagonistes locaux ont déjà « le feu sacré » selon une expression de La Condamine. La présence française joue le rôle de déclencheur. Cette élite intellectuelle créole fait mieux que de fournir l'appoint aux Français. Ainsi de Pedro Vicente Maldonado dont on peut même dire qu'il est de fait lui aussi membre de l'expédition, tant il va contribuer de toutes les façons possibles à son succès, que ce soit sur le plan matériel et financier ou sur celui des observations et de la collecte des faits scientifiques. C’est lui par exemple qui fait connaitre le latex à La Condamine qui s’en sert pour protéger ses instruments. Et c’est ensemble qu’ils étudient la « cascarilla », l’écorce de l’arbre de la Quina dont on tirera la quinine. D’une façon générale cette élite créole a vraiment beaucoup lu. L'analyse des bibliothèques possédées par ces patriciens montre l'influence considérable des auteurs des Lumières, Voltaire, Rousseau, d'Holbach, d’Alembert, Diderot et, bien sûr, de l'Encyclopédie. Notons ce point. Pour eux, comme pour toute l’époque, l'Encyclopédie et les « Lumières » c'est une seule et même chose. À mes yeux ce n'est pas rien que ce livre contienne tant de descriptions d'outils de travail et de procédés de production, en même temps que des définitions philosophiques ou scientifiques. Cela ne fait que souligner comment la centralité du savoir objectif expérimental ne peut être dissociée d’un contexte productif et d'une méthode de pensée que rien n'empêche d'appliquer ensuite à tous les domaines. Et de là part la contamination dans la politique. Ce fut le cas avec La Condamine.

Comprenons-nous bien : s’il y a une intrusion de la pensée scientifique en politique à ce moment-là, même si elle n'est pas explicitement formulée, c’est pour contester le fait que l'ordre politique puisse se déduire d'une volonté divine. On pourrait en dire autant de n'importe quelle autorité non démontrée. Dans cette façon de voir la foi dans l’action bienfaisante de la main invisible du marché est tout aussi ridicule que n'importe quelle autre affirmation sans preuve d’où on déduit une injonction légale. En tout cas à l'époque, l'origine divine de l'autorité politique royale est la pierre de voûte du système. Les rois le sont «par la grâce de Dieu».  Je me souviens que sur les pesetas espagnoles, le général Franco se disait « caudillo de Espagne por la gracia de dios ». L'Inca, lui, se disait « fils du soleil ». Car on ne doit pas perdre de vue que dans l'organisation des sociétés, la première question est celle de la légitimité du pouvoir. D’elle dépend le consentement à l’autorité qui ne peut se limiter à la violence du pouvoir. L'origine divine du pouvoir royal servait aussi à justifier une hiérarchisation du monde et de tout ce qu'il contient. C’est pourquoi les rites et usages liés à la preuve de ce lien divin occupe une telle place dans les pratiques des pouvoirs de cette sorte. Ce point-là est essentiel pour comprendre le fil de l’enquête policière dont je dois parler ensuite à propos de la « tombe » du dernier Inca, Atahualpa. En me promenant dans les rues de Quito où l’on croise une église tous les cents mètres dans le centre historique, je vois l’intensité de la bataille qui s’est mené ici dans ce registre. Car tous les lieux de culte chrétiens ont été construits à la place des « temples » indiens du secteur. Lesquels étaient tous surtout des observatoires astronomiques. La capacité à connaitre les temps de la nature était un pouvoir social, puisque tout dépendait de cela pour planter, chasser, pécher et récolter à bon escient. La légitimité de l’autorité avait ici une base utilitaire. Ainsi la hiérarchie sociale naissait du ciel, au sens littéral. Après la violence militaire, la conquête espagnole dut donc installer son autorité d’abord sur les lieux d’où se formait le consentement à l’autorité.

En tous cas, à l’époque de La Condamine, la pensée scientifique fait exploser l’ordre des choses. Non seulement elle montre que la réalité physique n'est pas celle qu'affirme la vérité révélée, mais elle en apporte la preuve argumentée. De cette façon est démontré qu'on peut accéder à la vérité par soi-même, par son propre esprit, d'après des lois qui se vérifient et se complètent ou se nient à mesure que l'intelligence humaine les compare aux faits. La vérité est une construction provisoire, pas une révélation définitive. Dès lors, si l'on peut accéder à la vérité par soi-même et la libre discussion, l'origine de l'aveuglement et des injustices est dans le dogmatisme et l'autorité d'un pouvoir qui ne peut faire l'objet d'aucune discussion raisonnée. Tel est le contenu politique détonnant de l'esprit des lumières dans l'ancien régime. Et dans le nôtre.

Bien sûr, cette sorte de confrontation idéologique commence souvent en vase clos parmi les intellectuels. Mais elle prend sa dynamique expansive quand les conditions particulières de la lutte politique et sociale d'une époque y trouve une expression. Il ne peut pas en être autrement. Les idées deviennent des forces matérielles lorsque des forces sociales s'en emparent. J’ai lu les textes des « libertins » du seizième siècle qui disent sur tous les tons que tout pouvoir politique qui prétend venir de Dieu est une imposture. Aucune condition objective ne permit que ce message devienne un programme politique. Car les conditions matérielles et sociales n’en était pas réunies. En 1735, il en va tout autrement. L'arrière-plan de l'expédition de La Condamine est aussi une bataille géopolitique entre les puissances européennes. « La compétition pour mettre au point des cartes géographiques précises a d'innombrables conséquences matérielles pour le commerce et les transports. La représentation géographique elle-même est un enjeu idéologique, car selon que l'on situe le fleuve Amazone au centre de la région ou bien qu’on le fasse avec la montagne andine, on désigne clairement des centres et des enjeux de pouvoir » m’explique Pedro l’économiste. La curiosité et l'émerveillement scientifique d’un La Condamine d’un Joseph Jussieu ou de Pedro Vicente Maldonado rejoint ainsi les attentes d’intérêts très matériels de l'époque. La Condamine ramène en Europe la quinine, la cannelle, le curare, le platine, le latex que l’économie d’alors est prête à prendre en compte avec avidité. Tout cela est oublié aujourd'hui. Mais à l'époque cela fit grand effet. De très nombreuse expéditions scientifiques dans le Nouveau Monde, notamment espagnoles, ont été organisées ensuite. On pourrait presque parler d'une deuxième conquête. L’espace géographique est une matière très directement impliquée dans les relations humaines. Il n’a de sens que par rapport a elles aux yeux des sociétés humaines. Dès lors, je crois que tout le monde voit le rapport entre l’espace et la politique, non ?

L’expédition de La Condamine produisit donc beaucoup d’effet politique. D’abord sur le plan de la méthode de compréhension du monde, je viens de le dire. Puis par les produits stratégiques qui furent collectés et présentés pour la première fois en Europe. Ensuite par le nombre de cartes géographiques dressées ou rectifiées qui ouvraient autant de chemins d’accès possible. Sans oublier l’usage idéologique qui en fut fait ici en Equateur pour justifier l’existence d’un « royaume de Quito » distinct du Pérou. Car ainsi étaient jetées les bases d’un nationalisme dont l’Equateur actuel est l’héritier. Enfin il y eut aussi des effets politiques encore plus imprévus. Ainsi, quand La Condamine se mit à mesurer, à décrire et à commenter les monuments incas pour occuper les périodes où les nuages et les brumes rendaient impossible les mesures stellaires. Je me suis promené sur le site d’Inga Pirca, « la pierre de l’inca », orgueil archéologique du pays. Entre deux moments de fascination en découvrant que le site était construit d’après une vision de l’univers, je pensais à nos compatriotes qui s’en émerveillèrent avant nous. La différence c’est qu’ils trimballaient avec eux toutes sortes d’instruments de mesure dans le fouillis végétal d’alors. N’empêche que ce fut là une curiosité féconde. Elle créa un bouleversement du regard des élites sur l’histoire locale. Elle s’intéressa à son tour aux ruines alors encore visibles. Le résultat politique ? Cela conforta l’estime de soi du sentiment créole. Le métissage changeait de signification. Au lieu d’être une source de gêne d’un sentiment  d’imperfection ou même de honte face aux « bien blancs » d’Europe, le métissage humain des créoles les adossait à une histoire où la puissance et le savoir venait aussi des indiens. Encore un ajout à cet inventaire des progrès collatéraux dus à l’expédition géodésique. Il ne faut pas oublier l’impact de ce qu’ils voyaient sur les deux officiers de marine espagnols chargés de surveiller les Français. Car eux aussi se mirent à leur tour à mesurer et décrire. Mais eux non plus ne s’en tinrent pas seulement aux faits géodésiques, aux monuments et à la botanique. Ils franchirent le pas de descriptions plus dévastatrices avec leurs « Nouvelles secrètes de l’Amérique ». Et ce témoignage sur la société coloniale de l’époque, fait de dures critiques, féconda à son tour les révoltes ibériques et créoles! 

Avant d'aller plus loin sur les pas de ceux qui m’ont précédés ici et dont j'ai cherché si passionnément la trace, comment ne pas surligner quelques analogies entre cette époque et la nôtre. N'y a-t-il pas aussi aujourd’hui un obscurantisme qui tient lieu de vérité révélée auquel l'ordre politique doit se conformer ? Le dogmatisme libéral ne suppose-t-il pas lui aussi ordre implicite du monde ? Ne formule-t-il pas à son tour une définition de l'identité humaine ? L'une et l'autre ne viennent-elles pas en opposition avec ce que le savoir et l'expérimentation nous permettent de connaître d'une manière certaine ? C'est-à-dire avec notre connaissance démontrée de ce que l'existence de l'écosystème qui rend possible la vie humaine est condamnée si les injonctions de la doctrine libérale et productiviste continuent à s’imposer ou à justifier l'ordre politique ? Pour moi, dans le combat que nous menons aujourd'hui, le rapport entre le savoir objectif est la contestation de l'ordre en place, la redéfinition philosophique de l'identité humaine et de ses droits sont d'une nature comparable au travail des lumières dans l’obscurantisme de leur temps. Le monde néolibéral est un obscurantisme. Il porte en lui une cosmogonie aberrante. Il suppose, par exemple, un monde capable d'être l'objet de prélèvements et de rejets sans limite. C’est aussi absurde que l’idée du soleil tournant autour de la terre. Pourtant de là il déduit des principes d'organisation politique qui sont présentées comme des lois naturelles en vue du bien commun. Celui-ci qui résulterait mécaniquement de l’expansion sans fin de la richesse produite sous le fouet bienfaisant de la compétition de chacun contre tous. Dès lors, la concurrence libre et non faussée, le droit privatisé réservé à la conservation des privilèges et puissants de notre temps comme sont les tribunaux d'arbitrage, ne sont-elles pas des duplications de l'absolutisme de l'ancien régime ? N’y retrouve-t-on pas les gargouilles juridiques destinées à réserver aux féodaux ces droits sans légitimité que l’on nomma du coup privilèges ? Et le mépris qui nous est suggéré contre l’identité révolutionnaire de notre République et ses fondateurs ? Et les apologies incessantes des créatures les plus viles de l’ancien régime comme cette pauvre petite gosse de rois qu’était la traitresse Marie Antoinette ? Et les simagrées devant le royal baby de ces bourriques somptueuses de Windsor ? N’est-ce pas la version contemporaine d’une acculturation politique semblable à celle des créoles dont je parle ?

Je reviens sur les pas de La Condamine. J’ai commencé tout a l’heure à piquer l’esprit de qui me lit à propos de la signification sociale et politique de la description géographique. Mais calculer la courbure de la terre, redessiner les cartes et en lever de nouvelles, produit aussi un modèle d'espace-temps. Car la description des espaces est une autre façon de décrire le temps. Celui qu'il faudra pour accéder, parcourir, dominer les espaces décrits. Mon propos est d’amener au fil de mon feuilleton à cette idée que le temps n’a jamais cessé d’être avant tout un résultat de l’univers social. Ou dit autrement que le temps est lui-même une matière sociale avec des temps dominant et des temps dominés. Il y a une histoire des formes de cette domination et des arguments de sa légitimité donné par ceux qui en ont bénéficié au fil des âges. Pour l’instant, je marche en commentant derrière La Condamine. On voit bien la question de l’espace dans le travail de cette mission géodésique. Mais on ne devine pas aussi facilement celle du temps. Cela tient à ce que les moyens de transport de l'époque qui s'appliquent aux distances qui seront décrites fonctionnent d'après les vélocités connues et limitées. On a tout dit quand on a décrit la distance car la mesure du temps qui s’y rapporte est tout d’une pièce. L’espace et le temps semblent aller chacun leur logique séparée sans que cela soit un problème concret. Pourtant la corrélation intime entre les dimensions d'espace et de temps est pressentie par La Condamine. Voyez plutôt cette histoire. Dans le fouillis des unités de mesure de l'époque féodale, le pouce, le pas, la toise, et ainsi de suite, l'idée d'une unité de  mesure « objective », universellement acceptées faisaient son chemin. La Condamine propose d'abord de construire cette mesure universelle en prenant comme base un segment du méridien. L’Équateur contemporain a retenu le lieu de cette inspiration. On a en effet marqué la trace de la visée qui se fit depuis la montagne avoisinante, surnommée depuis « la montagne du Français », sur une église. J’ai vu cette petite plaque mesquine sur une des églises qui pullulent dans ce secteur de Cuenca. La légende rapporte que c’est dans les murs de cette église que La Condamine eut cette idée. Carmen, notre consul honoraire, mon guide ce jour-là, a été catégorique sur le sujet. D’ailleurs la plaque déclare que ce lieu est plus fameux que les pyramides pour cette raison qu’on y a établi le mètre. En tous cas, l’idée fut retenue par la grande révolution de 1789. Après qu’une nouvelle expédition sur le territoire français ait permis une nouvelle mesure du méridien, seront ensuite établis la portion qui forme le mètre et le système métrique. Mais La Condamine, pour sa part, changea d'idée. Il eut l'intuition d'un autre étalon de mesure autrement en phase avec des conceptions scientifiques bien plus actuelle. En effet, jusqu'à la fin de ses jours il proposa, que l'unité de base de cette mesure universelle soit la distance parcourue par un pendule battant pendant une seconde, à l'Équateur. L’espace et le temps se trouvaient ainsi réuni par cette façon de les mesurer l’un par l’autre. Comme s’il était possible d’avoir l’intuition à cette époque qu’il s’agit bien en effet d’une réalité unique. Peut-être que son périple parmi les ruines indiennes lui avait permis de comprendre que si l’espace est une dimension politique, le temps l’est tout autant. Et même bien davantage à notre époque. J’y viendrai dans ma prochaine note en même temps qu’à la suite des aventures dont je vais maintenant commencer le récit.

Sur les pas de la momie disparue

J'ai raconté comment j'ai appris la découverte de la dernière « tombe » de l'Inca Atahualpa en lisant un article sur le sujet dans « Science et Vie » en voyage de retour depuis Strasbourg. Il faut m’imaginer à présent embarqué dans un quatre-quatre pour m’y rendre a la surprise de tous ceux à qui j’ai dû demander le moyen d’y aller. La vérité est que presque personne ne sait de quoi je parle quand j’aborde le sujet ici. On m'avait annoncé une heure trente pour m'y rendre, il a fallu cinq. Je ne dis rien de la piste, du raccourci en chemin de chèvre, et, par-dessus tout, de l'angoisse de voir le temps passer avec le risque d'avoir à faire le chemin du retour dans la nuit et la brume. Mais la magie des paysages avait tout compensé. Le mieux restait à venir. C'est cette rencontre avec l'historienne qui a fait la découverte, Madame Tamara Estupinan. Je la trouve à l’heure au rendez-vous, claudicante mais rayonnante. On vient de lui opérer la hanche et elle marche pour l’instant avec une canne. Rude contrainte pour une femme sportive car c’est aussi une cycliste. On se met à table comme si on s’était quitté de la veille et on se tutoiera quasi aussitôt. On vient vite au récit de ce qui nous réunit en mangeant des aiguillettes de poulet au quinoa trempées dans du miel. Elle me raconte comment elle a mené son enquête. Elle sait ce qu’elle cherche : la momie de l’inca Atahualpa. Car celui-ci n’a accepté le baptême qu’en échange de la promesse que son corps ne soit pas brulé. Pizarro a promis. Le plus urgent pour lui c’est d’accroitre la soumission des indiens en liquidant la dernière autorité dont ils pourraient disposer. Et cet Atahualpa est un rude politique qui n’a pas trouvé ses galons dans une pochette surprise. Pizarro applique à Atahualpa la sentence d’un jugement ridicule. Il lui est, par exemple, reproché l’assassinat de son demi-frère Huscar, concurrent pour le trône. Et c’est un envahisseur qui le fait ! On lui reproche aussi un rejet blasphématoire de la Bible. C‘était le jour où on lui avait dit qu’il entendrait par ce moyen la voix de dieu. Après avoir approché de son oreille le livre, Atahaulpa l’aurait jeté en disant « je n’entends rien ». Les Espagnols passent Atahualpa au garrot. Puis l’histoire se brouille. Mais on sait que le corps disparait. On connait le nom de celui qui le prend en charge. Il n’y a aucun doute que celui-ci ait fait aussitôt momifier le mort. Cette momie c’est un trésor dont on ne peut se figurer l’importance. Elle est autant institutionnelle que religieuse pour les Incas. On ne peut prendre la succession au trône de l’Inca si l’on n’a pas l’accord de la momie de son prédécesseur. Donner une chance à la dynastie fracassée par ses luttes internes et par le désastre de la conquête espagnole, c’est avant tout sauver le corps d’Atahualpa, c’est-à-dire sa momie. Ces sortes de momies ont d’ailleurs un statut spécial. Elles sont présentées aux yeux de tous dans un lieu qui leur est réservé. On les consulte. La momie a ses serviteurs. Elle est promenée. Elle rend visite à d’autres momies. Bref, la momie continue la fonction de celui qui en est l’origine. Alors, où la momie d’Atahualpa a-t-elle été emmenée et cachée si bien que les Espagnols ni personne ne la retrouva jamais au cours des quatre siècles derniers ?

Pour Tamara Estupinan, tout commence avec le testament du fils de l'Inca Atahualpa. C’est elle qui l’a trouvé. Ce n'était pas du tout un document inaccessible. Seulement il est écrit dans la forme de l'ancien espagnol et il est collationné avec des milliers d'autres feuilles dans un très gros registre que personne n'avait consulté. Trop rebutant. Mais Tamara, elle, a un don : celui de lire facilement la calligraphie de l’ancien espagnol. Elle s'attarda avec émotion en me présentant la photocopie de ce document. On voit le travail d’une main habituée à écrire ce genre de document avec ordre et d'une écriture ferme. Mais à la fin, la signature est d’une autre facture. Le fils d’Atahualpa a signé lui-même. C’est la loi. Il est sans doute malade. Sa main a tremblé. Nous restâmes un petit moment en silence à regarder ce trait. C'est la seule trace matérielle de l'existence de cet homme. Mais une trace très personnelle. Toute son humanité et dans ce léger tremblement sur la première lettre et quelques-unes des suivantes. C’est un geste fossile que je vois en quelque sorte.

Dans ce testament, il fait le point de ses propriétés matérielles. Tamara a donc entrepris une étude encyclopédique de l'histoire de la propriété de chacune des parcelles désignées par ce testament. Elle a constaté que seule une d'entre elle n'est jamais vendue au fil du temps très long qui nous sépare de ce texte. En fait elle ne change de propriétaire que depuis peu et encore par un coup de force du beau-frère d'un récent dictateur. En élargissant la recherche de l’histoire des propriétés voisine, Estupinan découvre aussi que le principal général d'Atahualpa, Rumiñahui, a lui aussi acquis une propriété à proximité de ce lieu, après la mort de son souverain. Elle reconstitue aussi les déplacements des principaux personnages de l'entourage d'Atahualpa à partir de la disparition de son corps juste après l’exécution. Elle constate alors de nouveau que ceux-ci d'une façon ou d'une autre ont convergé vers cette propriété particulière. Elle se met donc en route, elle aussi dans la zone et son enquête démarre à partir de cette ancienne propriété.

Surprise ! Une fois rendu au point de départ de son travail, elle reste bouche bée. Ce lieu, à Insinche, c’est un lieu de culte particulier dans la région. Il est plus que célèbre ! C’est celui où l’on célèbre le niño d’Insinche, une sorte d'enfant Jésus, figuré par une poupée solitaire. Drôle de figure religieuse. Elle se présente dans une étrange posture, le bras levé, la tête penchée dessus. Cette position, c'est un coup de tonnerre pour Tamara. Car c’est la pause traditionnelle de la momie d’un Inca. Et ici, chaque année aux solstices, des fêtes sont célébrées qui réunissent des milliers de personnes qui viennent rendre hommage au niño, prier et donner des offrandes. Elle ne dit rien. Elle a compris qu’elle brûle ! Partant de ce point de départ elle enquête sur les noms des lieux-dits de cette région de plus en plus montagneuse à mesure qu'on s'éloigne du point de départ pour aller vers la côte. Elle étudie aussi les patronymes des familles qui habitent dans cette zone. C'est un travail scientifique. Elle constate que beaucoup d'entre eux sont des noms des lignages de la cour de l'Inca. Bientôt elle peut resserrer sa recherche autour d’une zone un peu éloignée de son point de départ, mais en ligne droite, dont elle découvre que les toponymes évoquent une momie.

Elle travaille aussi beaucoup en bavardant avec les gens. Après tout il s'agit de retrouver des ruines. Peut-être quelqu'un a-t-il vu quelque chose ? C'est cette façon de faire qui va lui permettre de trouver l'endroit recherché à l’intérieur de la zone étroite qu’elle a fini par délimiter à partir des noms de famille et des toponymes. Car elle découvre dans l'axe de la propriété dont j'ai parlé, en ligne droite à travers la montagne entre le lieu de culte du niño d’Insinche et un lac sacré, une micro localité qui est appelée Malki. Ce mot, Malki, signifie « la momie ». Mais où aller dans ce fouillis de pentes et de vallées, cet entrelacs de végétations dense et de prairies? D’ailleurs il y a plusieurs « Malki » dans ce secteur, additionnés de toutes sortes d’adjectifs qualificatifs. Elle parle avec ceux qu’elle croise. Un jour, elle tombe sur un couple d’indien du coin. « Savez-vous s'il y a des ruines par ici » leur demande-t-elle ? Non, non ils ne savent pas. C'est alors qu'elle a la bonne idée. « Alors vous savez peut-être s'il y a des pierres par ici » précise-t-elle. Car elle a compris que le mot ruine n'est peut-être pas connu de ces gens. « Ah oui des pierres, il y en a là-haut ! » dit la femme. Bingo ! « Ou ça ? demande Tamara. Comment ça s'appelle l'endroit où sont ces pierres ? ». « Là-haut, montre la femme avec le doigt. « Et ça s'appelle comment là-bas », insiste Tamara. « Matchaï ! » dit la femme. « Matchaï ! Ça s'appelle Matchaï ». Cette fois-ci c'est un frisson glacé pour Tamara. Elle ne pouvait rêver plus clair message. « Matchaï », cela veut dire : le nid. « Malki Matchaï », c'est « le nid de la momie ». Ca ne peut pas être plus simplement dit.

L'expédition est vite organisée. C'est son habituel complice, Jaïme, son mari, qui tiendra le volant comme d'habitude après avoir calculé le trajet et organisé la logistique. Elle sera accompagnée cette fois-là d'une archéologue avec qui elle a l'habitude de travailler. Celle-ci aussi se prénomme Tamara. Sa présence est indispensable. Car notre historienne n'est pas archéologue. Elle ne sait donc pas, avec l'autorité de la science, identifier à coup sûr le caractère Inca de ruines. Bientôt, il faut couper le moteur et continuer à pied. Le Malki Matchaï est situé dans une propriété privée. C'est une hacienda de très grande dimension. Jaime se donne le temps de bavarder respectueusement avec les personnes qui se trouvent sur le trajet. Il veut solliciter leur autorisation, ne bousculer personne si près du but, peut-être. Mais les deux femmes sont parties quand même devant, à travers la végétation extrêmement dense à cet endroit. Elle l’est toujours autant d’après ce que j’ai vu et encore suis-je arrivé par l’arrière du site qui a été dégagé, quoiqu’il faille passer sur un pont de bois nullement engageant. Mais Tamara se réjouit de l’hostilité des lieux et du parcours car elle ne souhaite guère les visites intempestives en l’état actuel. Ce jour- là, en escaladant la pente, l’historienne arrive la première devant un mur de pierre. Ce seul repère permet à l'œil de mettre en perspective tout le secteur. Elle distingue plusieurs niveaux de plate-forme et la boursouflure d’une enceinte. Sans hésitation possible c'est bien un ensemble de ruines. C’est un même site monumental que Tamara distingue, en dépit des arbres, des herbes hautes et des éboulis. Elle appelle, pleine d'émotion. Et sa voix porte comme jamais. Jaïme, si loin en contrebas, tout occupé à ses palabres de précaution, dit qu’il l’a entendu et qu’il a aussitôt compris. « Tamara ! Tamara ! » L’homonyme archéologue est à bout de souffle parce que la pente est rude à cet endroit. Mais pas besoin de se parler. Elle voit à son tour le mur de pierre. Elle aussi se met à arpenter le lieu en tous sens. En hauteur la plate-forme est en bonne partie dégagée et il y a même une grande cabane d'habitation posée dessus. L'archéologue voit bien ce qu'il faut voir. Elle dit en anglais : « ce que vous venez de trouver est extraordinaire ! ». « C'est bien Inca ? » demande avec angoisse l’historienne. « Oui, c'est inca, sans aucun doute » répond l'archéologue en montrant la bouche trapézoïdale typique d'un conduit d'irrigation Inca qui débouche sur la plate-forme. C’est bien le « Malki Machaï », le lieu de vie de la momie. Toutes les caractéristiques de ce type de lieu sont visibles sur la plateforme. On discerne la petite « estrade » où était posée la momie pendant le jour, l’emplacement à l’inverse où elle était abritée la nuit, le bassin d’ablution, le canal souterrain pour l’eau et ainsi de suite.   

Quand Tamara m'a raconté cette histoire nous étions à table avec son époux Jaïme, au restaurant du « Patio Andalou » dans le vieux centre historique de Quito. Jusque-là les fourchettes n’avaient pas beaucoup servi car le récit nous avait saisi les trois de la tête aux pieds. Tamara sait raconter. Jaïme son époux appuyait le récit de hochements de tête et de quelques précisions par-ci par-là sans rompre le rythme de l’histoire ni la magie de la voix de Tamara racontant comme si elle était revenue au moment même de la découverte. Puis ce fut le silence, quelques coups de fourchette méditatifs et un peu d'eau pour faire passer le tout. Je me revoyais arrivant dans ce jour maussade et cette pauvre lumière d’une après midi avancée, sur cette plate forme, devant cette improbable cabane, après ce pont de bois tout pourri. Le chien aboyait et les propriétaires révélèrent leur présence au bout d’un bon moment aussi confus que nous de cette rencontre inattendue. Ils faisaient la sieste. J’allais d’un endroit à l’autre en suivant Fédérico, l’historien qui nous accompagnait ce jour- là. Le mur de verdure qui entoure le site étouffait le regard. Je repérai quand même tout seul le lieu du sommeil de la momie car j’ai les ruines dans la peau depuis que mon père m’a trainé dans mon enfance dans celles des Romains et des Etrusques tant de fois. Quand on a été un explorateur amateur en culotte courte à Volubilis au pied de Mulay Idriss au Maroc, arpenter le Malki Machaï est plus simple, même si c’est à couper le souffle d’émotion. Mais mon parcours dans l’enquête de Tamara ne fait que commencer. J’ai décidé d’aller à Insinche voir de près le niño. Et cette fois- ci j’y vais avec elle et Jaïme !  Avant cela je vais au sommet de l’Alba à Guayaquil, en hiver, sur la côte. Mes récits vont devoir suivre. De fait, pour la première fois, j’écris un feuilleton. Ici on est arrivé sur un site que personne n’a trouvé en quatre siècles. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché car le « trésor » à trouver était l’obsession des cupides. Ils s’acharnèrent pour un malentendu. Une population entière s’est mobilisée autour d’un secret politique. Car avec une momie de cette sorte c’est un ordre du monde qui était en jeu. En cela consistait le « trésor ».

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71 commentaires à “A la recherche du temps et de la momie”
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  1. JOE dit :

    Monsieur Mélenchon..
    Votre blog est aussi le temoignage d'un itineraire. Que le voyage ai commencé hier ou durant vos années en culottes courtes a Volubilis, n'est pas important. Toute revolution est avant tout une prise de conscience, et celle-ci ne peut s'effectuer qu'apres un long travail de comparaison, avec l'histoire, avec les decouvertes scientifiques, ou avec des debats philosophiques. La durée de la demarche est definie par de nombreux facteurs, celui du denigrement du sujet, celui de la ridiculisation par les forces conservatrices qui y voient un danger pour leurs privileges sont auatnt de forces don't il faut se mefier. Vous faites un travail intellectuel considerable dans sa profondeur et nul ne pourra nier sa grandeur symbolique et son importance, fut-elle personnelle ou dans l'application de strategies future pour convertir le peuple a une rationnalité autre que celle du pain et des jeux de cirque avec lequel le liberalisme conditionne l'humanité tout entiere. Est-il utile de vous mettre en garde ? Car dès votre retour, et selon vos propos ou vos references Sud Americaines les chiens de garde baveux et sans cervelle vont faire feu de tout bois avec des clichés malvenus afin de vous faire passer pour ce que vous n'etes pas, bien entendu.
    J'ai beaucoup apprecié vos références a la divinité qui sert d'outil a l'autorité ferodale pour assoir son pouvoir et la comparaison avec le liberalisme et ses doctrines dont se servent nos gouvernants pour assoir leurs privileges, mais je voudrais surtout souligner que depuis la nuit des temps ces procedés n'ont pas changé, faut il rappeler au lecteur l'image d'un Giscard rayonnant avec son Aneymone a ses cotés debout au premier rangs des fidele a Notre-Dame de Paris, ou encore a l'aberration Sarkozy qui s'est fait nommer Chanoine de Latran. Monsieur Jean Luc, c'est toujours un grand plaisir de vous lire, Hasta la Victoria sempre.

  2. Rodfab dit :

    J'ai adoré, le feuilleton était génial. Écrivez des feuilletons toute l'année Jean-Luc ;)

  3. souria dit :

    Ci-joint album photos de JL Mélenchon lors de sa visite à Quito (photos de la chancellerie équatorienne).

  4. Denis F dit :

    Période estivale oblige, il est de bon ton de parler des destinations de vacances, voici des nouvelles d’un endroit aux paysages paradisiaques, d’ailleurs la compagne du Président de la République l’a choisie, la Grèce bien évidemment, voici quelques nouvelles de là bas :
    » Manifestement, ce mois de juillet n’est plus comme les autres. En cet été 2013 nous nous éloignons alors bien davantage du passé. Et nous nous éloignerions même autant entre nous, certains liens deviennent plus distants, étant donné, que nos solidarités n’ont... plus rien d’automatique. Une certaine Grèce des côtes et surtout des îles, plus touristique que jamais, se détache à sa manière et jusqu’à un certain seuil déjà, du “sort commun” et des amertumes de la capitale. Récemment, et ceci durant le même jour, François Hollande et Jean-Claude Juncker ont visité l’île d’Ulysse en mer Ionienne à bord de yachts luxueux, sauf... qu’ils n’avaient pas choisi la même baie... preuve si l’en est que l’Europe est toujours grande, d’après le “Quotidien des Rédacteurs” daté du 23 juillet en tout cas, qui rapporte la nouvelle. Le titre de l’article est évocateur rien que par son apparente simplicité: “Vacances en Grèce”. On peut alors soupirer, notre pays, bien qu’occupé par les... seigneurs Sith de la dette demeure attractif, ceci explique peut-être cela. «Texte de Panagiotis Grigoriou.

    Et aussi : » Signe des temps, d’autres... enfants du Pirée habillés en noir et rangés à la manière... des bataillons, avaient investi samedi dernier 20 juillet le quai No 8. Ils distribuaient le journal ainsi que des imprimés de l’Aube dorée aux voyageurs. “C’est rien”, répondit alors une mère aux apories évidentes de ses enfants. En réalité tout le monde faisait comme si de rien n’était. À la question “Greek n..i ?” d’un touriste, un des nôtres répondit gêné par un seul mot: “Yes” «

  5. jean ai marre dit :

    Jean-Luc Mélenchon:
    " l'origine de l'aveuglement et des injustices est dans le dogmatisme et l'autorité d'un pouvoir qui ne peut faire l'objet d'aucune discussion raisonnée."

    Notre hôte traite longuement de la vérité, de la vérité révélée. Il nous dit que la vérité doit être argumentée pour être vérité.
    Comment ne pas rapprocher ces dire du temps présent politique que nous vivons ? Comment ne pas faire le lien avec les déclarations du président Hollande qui sont chaque fois désavouées par les chiffres des experts ? Qu'il s'agisse de la croissance prévue à la hausse en 2014 et aussitôt démentie par les prévisions du FMI, ou la courbe du chômage qui doit s'inverser, contredit par les chiffres de l'INSEE.
    Ce qui est frappant c'est le silence des ministères, alors qu'eux savent que ce n'est pas vrai ! Ici on rejoint le dogme et les scientifiques. JL Mélenchon nous rassure : " L'action politique ne peut être un art de réalisation efficace sans que des savoirs objectifs nous alertent puis épaulent nos intuitions ! "
    Le capitaine de pédalos se mutant en grenouille météorologique, pour nous assurer qu'après la pluie viendra le soleil !
    Comment peut on prendre autant de désinvolture avec la réalité ? Pourquoi se doter de la méthode Coué, pour se persuader ? Pourquoi ne pas considérer ses concitoyens comme des êtres responsables ? Ne pas dire la vérité est un délit politique.

  6. keriel dit :

    Beau billet en effet, mais nous sommes habitués avec JL Mélenchon. On le savait philosophe, historien politique, le voici historien des sciences: un encyclopédiste à la manière de Diderot, Rousseau. Mélenchon c'est l'Esprit des Lumières qui revient. J'espère que l'avenir lui donnera l'opportunité de conduire la France qui aurait bien besoin d'un homme qui prenne la mesure de la complexité du Monde, le contraire de ces énarques formatés à la vérité révélée du néolibéralisme triomphant!
    Concernant l'idée de Condamine pour définir le mètre étalon à partir du mouvement d'un pendule, il y avait bien l'intuition d'associer temps et espace mais la solution était mauvaise, elle dépendait en effet de l'instrument de mesure (les frottements mécaniques). La bonne solution a été notée dans un post précédent: la distance parcourue par la lumière dans un temps donné.
    Bonnes vacances à tous et à jean Luc en particulier.
    PS à l'attention du Web Master: JL Mélenchon prend il connaissance de tous ces commentaires? en a t'il le temps?

  7. Lilly54 dit :

    Quelle bouffée d'oxygène ce blog ! Et pendant que d'aucuns se moquent de Jean-Luc et de sa quête de la momie (le Lab d'Europe1), France 3 diffuse un documentaire sur Tamara et ses recherches. Belle coïncidence qui devrait inciter les médiacrates à la mettre en sourdine ! Excellent récit de Jean-Luc ! Merci pour ces moments de jolie lecture et d'évasion.

  8. jacquelin dit :

    Quelle lecture !
    Merci Jean-Luc Mélenchon de nous apporter ce savoir des choses.

  9. Arnoldo dit :

    Merci Jean-Luc pour toutes ces infos sur l'Amérique du Sud. Coïncidence, hier soir la chaîne France 3 rediffusait "Faut pas réver" consacré à l'Equateur. Et nous y avons vu vos amis Tamara et Jaime Estupinan à l'oeuvre pour retrouver la tombe du dernier souverain Inca Atahualpa. Au plaisir de continuer à vous lire.

  10. Mahouss dit :

    Il y a une rue La Condamine à Paris dans le nord du 17ème arrondissement "Géographe et voyageur" est-il indiqué.

  11. albireve dit :

    Quel politicien français, de droite comme de droite, pourrait signer un texte d'une telle qualité ?

  12. Lutte de classes dit :

    Un sondage d'apparence loufoque commandé par Marianne, dans le but évident de donner un point d'orgue à la campagne médiatique du ministre de l'intérieur Manuel Valls cet été, recèle une perle bien dissimulée.
    Dans le cas d'un second tour face à Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon est à 37 %, mais il y a 8 % de sondés qui ne se prononcent pas. Si on rétablit le sondage sur les intentions de vote exprimés comme on le fait habituellement, Jean-Luc est à 40 %. Aussi bien que François Hollande dans le sondage du CSA fin avril à l'occasion du premier anniversaire de l'élection de 2012... Le candidat Mélenchon au même niveau de crédibilité électorale que le président "socialiste" sortant!

  13. sylvie974 dit :

    Je me permets d'intervenir à propos du tout début du billet de Jean Luc, concernant la crise écologique au pôle nord. Je clic sur le lien et je vois un article AFP de 2008 qui nous dit qu'il y a 50% de chance qu'il n'y ait plus de glace au pôle nord à la mi-sept toujours en 2008. A ce que je sache, nous sommes en 2013 et je pense qu'il va falloir attendre encore un moment avant d'aller y chercher du pétrole. Si à certains endroits du pôle la glace fond à d'autres elle épaissit. N'oublions pas qu'il y a une activité volcanique sous marine qui peut aussi être responsable de ces fluctuations d'épaisseur de glace (voir en Islande l'intense activité volcanique). Pour ce qui est du CO2, il a été décrit par certains "chercheurs" américains comme un polluant ! Or, surprise ! le CO2 soit disant responsable du "réchauffement climatique" (alors que les carottages ont prouvé que les hausses des taux de CO2 sont consécutifs à une hausse des températures et non l'inverse) s'avère en fait être un fertilisant. Voir les dernières mises à jour du 17/06/2013 du site "pensée unique" animé par un scientifique, Jacques Duran dont les références ne peuvent mettre en doute ses compétences en matière de climatologie. C'est parce que j'ai beaucoup de respect pour le travail de Jean Luc Mélenchon et du front de gauche que j'interviens sur ce sujet. Cette farce du réchauffement climatique dû au CO2 ne sert que les vendeurs de nucléaire qui serait une énergie propre face aux énergies fossiles ! C'est pourquoi j'engage les responsables écologiques du front de gauche à se pencher sur ce site qui est une mine d'information sur ce sujet. Parce que on ne peut combattre que ce que l'on connait bien (désolée j'aurais voulu mettre le lien direct mais j'y arrive pas). Et comme dit Jean Luc, ce n'est pas aisé d'être partout à la fois. Et maintenant je repars à la poursuite d’Atahualpa.

  14. Poncet dit :

    @vetea84 31 juillet 2013 à 0h23
    "les avions soviétiques étaient les seuls à avoir des instruments gradués en système métrique, avec des vitesses en km/h et des altitudes en mètres, ce qui n'était pas sans compliquer la vie de leurs équipages dès qu'ils allaient dans les autres pays."

    Et le variomètre en m/s. Mais ce n'est pas totalement exact de dire qu'ils étaient les seuls : les planeurs (qui sont des avions sans moteur, c'est d'ailleurs ainsi qu'on les désigne en espagnol, si je ne m'abuse) ont aussi des instruments gradués en système métrique. Ce qui ne pose pas tant de problèmes que ça (la précision de la conversion d'altitude nécessaire pour assurer l'étagement avec les autres aéronefs, est parfaitement compatible avec un simple calcul de tête).
    D'où cela vient-il ? Je l'ignore. Le planeur s'est beaucoup développé en Allemagne pendant l'application du traité de Versailles, ainsi qu'en France sous le Front populaire, il fut même tenté de l'appeler "aviation populaire" à cette époque. Je pense néanmoins que les instruments sont apparus d'abord sur les planeurs allemands (toujours avec un cran d'avance sur les autres, encore aujourd'hui).
    Bref, difficile de voir un rapport de cause à effet entre révolution et unités des tableaux de bord d'aéronefs. Je veux bien croire que les ingénieurs Soviétiques étaient réfractaires aux anciennes unités, mais dans le cas des ingénieurs Allemands (et surtout des pilotes de la Luftwaffe !) je n'y vois pas grand chose de révolutionnaire.

  15. Josephine March dit :

    Bonjour ! Je me régale et m'instruis des billets estivaux de Jean-Luc, même si je suis un peu en retard dans leur lecture, la faute à un été bien rempli, pas par des vacances, hélas, mais lire ces posts me fait changer d'air et m'apporte ce que j'attends des vacances : réflexion et évasion, et c'est tellement bon.
    Une question : certains parmi vous ont-ils lu l'article de Mediapart (accessible sans être abonné) qui donne la parole au comité de soutien à Cajamarca ? Cet article, en date du 19 juillet, est extrait d'un blog hébergé par Médiapart, dont le nom est "Clarté à gauche pour (com)battre la droite". L'auteur de l'article termine en parlant de "l'absence de recul critique dont font preuve le PG et JL Mélenchon vis-à-vis des révolutions citoyennes d'Amérique Latine" et d'un "dérapage sur le Pérou". J'espère que Jean-Luc ou quelqu'un du PG fera une réponse à cet article. Désolée si ce sujet a déjà été évoqué dans de précédents commentaires, je n'ai pas eu le temps de les lire tous.

  16. ermler dit :

    @ joséphine march

    Un début de réponse dans l'article : "Amérique latine : une solidarité raisonnée".
    Pavé gris en haut à droite, troisième bouton.

  17. Michèle dit :

    "Toute son humanité est dans ce léger tremblement sur la première lettre..."

    L'infime détail recèle ce que l'histoire racontée révèle comme vérité qui s'affranchit de l'obscurantisme. Encore faut-il désirer la trouver et faire le chemin chaotique d'approche. C'est cela même qui est emblématique de la connaissance scientifique et de la liberté qu'elle requiert pour servir l'humanité. Du coup la suite de l'histoire est attendue avec l'intérêt qu'elle mérite.

  18. Gilbert La Porte dit :

    Cher Jean-Luc,
    Je pense que vous avez vu et écouté ce passage sur BFM-TV. Ce n'est pas trop l'interpellation du capitaine du pédalo par cette chomeuse de longue durée de plus de 50 ans qui est repartie vivre chez ses parents retraités à qui l'on a dû qui m'étonne. Car c'est malheureusement la triste réalité d'un foule grandissante parmi ceux qui ont cru faire gagner la gauche en mai 2012. Mais c'est l'attitude méprisante, odieuse, scandalisante de ce type qui s'est fait élire par le peuple de gauche qui lui répond à la 3ème personne, et qui se tire sans répondre.
    Jean-Luc, crois-tu vraiment que nous allons continuer longtemps à t'écouter à propos de ta stratégie de Révolution citoyenne ? Ne faut-il pas passer très bientôt à la Dictature du prolétariat ?

  19. Serge Maurin dit :

    Que le symbolisme se fasse le vecteur du sacré et par là institue l'autorité légitime n'est pas propre aux peuples précolombiens. Il s'agit sans doute d'un comportement nécessaire à la cohérence et donc à la pérénité de toute société humaine élaborée. L'embaumement et la préservation du corps de l'ancien chef est un comportement assez logique si l'on y réfléchit bien, car il simplifie grandement la méthode de transmission et de continuité du pouvoir et donc de l'équilibre si délicat de toute société vivant dans un monde instable et complexe.
    Je pense pour ma part que l'héritage des Lumières et de la Révolution Française est principalement celui de remplacer les mythes du sacré par la raison. Le récit de Jean-Luc Mélenchon est pour moi la rencontre et la conjonction du mythe sacré et de la raison représentées sans doute par la démocratie réelle et cela au nom du combat des peuples d'amérique du sud contre toutes les dominations dont ils sont victimes.

    @Sylvie974
    Si la vérité de la vie des Hommes est éphémère, relative, passagère, celle de la science n'est que contestable et évolutive.
    Hélas pour nous il n'est plus contestable que l'effet de serre du principalement au CO2 produit par les activités humaines sera responsable dans des délais extrêmement courts à l'échelle géologique d'un réchauffement global de la biosphère dont les effets seront très dommageables à tout ce qui fonde notre vie actuellement. Que des tas d'autres facteurs interviennent pour limiter cette vitesse de réchauffement et/ou en modifier les modalités, c'est indéniable, mais ne change strictement rien aux problèmes de nos arrières petits enfants.

  20. Yves Gerech dit :

    Recit passionnant et comme chaque nectar, il faut savoir le consommer avec moderation. Je laisse donc pour l'instant ce premier episode s'integrer dans une mémoire déjà bien remplie d'histoires non conventionnelles mais toujours reliees entre elles par le fil de la conscience politique et philosophique. En première réaction sur les chapitres au sujet de La Condamine, je ne peux m'empecher de faire un paralelle immediat avec ce qui se passe au Moyen-Orient et notemment en Egypte bien sur. Nous sommes tous d'accord ici pour convenir que les dogmes neoliberaux, élévés par l'éducation officielle a un rang quasi divin, nous avilissent et nous rabaissent au rang de moutons surtout pas égarés mais bien parqués et surveillés dans les prés du capitalisme assassin. Les dogmes des pouvoirs musulmans en place ne sont pas moins meurtriers et ce sont bien là les deux fléaux qui ralentissent quand ils ne l'empêchant pas, nos élans émancipateurs républicains depuis des siècles.Le capitalisme et le fanatisme religieux façonnent nos civilisations et nos consciences avec des outils contraignants qui ne laissent aucune place a la critique, a l'experimentation et a l'évolution scientifique, c'est a dire raisonnée, de nos existences et de nos projets. Je me delecte a l'avance de lire la suite de ce feuilleton pyramidal très actuel mais qui en realité a commencé il y a déjà bien des millénaires, merci Jean Luc de nous le remettre en bouche de façon aussi appétissante.

  21. Vinnie Reb dit :

    Passionnant, ce récit de la découverte de ces ruines et de toute l'histoire autour de la momie ! On s'y croirait presque tellement la plume est bonne. Et je vous imaginais bien, cher Jean-Luc, en Indiana Jones !
    Plus sérieusement, les rapports entre les faits politique, social, religieux, scientifique, font d'une société ce qu'elle est et sur quelles bases elle décide d'agir. Acceptons-nous d'être une nation d'ignorants ? Cassons l'école. Acceptons-nous que la pensée unique triomphe ? Continuons l'abêtissement et que s'intensifie la médiocrité au sein de notre société. Etc. C'est donc toujours intéressant, au fil de ces billets venus du plus lointain, que de décrire et analyzer ces mêmes rapports qui interagissent entre eux pour donner du corps et de l'âme à un ensemble humain. C'est même ce qui distingue la civilization du troupeau.
    Je m'en vais lire la suite des billets qui, je n'en doute pas, sera fort intéressante.


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