20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. jacques G. dit :

    Une fois de plus encore madame Lagarde. Ses arbitrages nous coutent cher ! Ajoutons ce chèque a la Société Générale les yeux fermés, signe t'elle les chèques comme elle écrit ces lettres de soumission à notre ancien président ? Et dire que ça dirige le FMI ? Et dire que nous comptons tous notre petite monnaie pour finir notre marché ? Ce n'est plus un fossé qui nous sépare de ces gens là mais toute une humanité.

  2. PASCAL dit :

    Salut
    Si tu es persuadé d'avoir raison, non seulement c'est bien d'intervenir mais celà peut permettre de démonter les mécanismes pervers de la banque. Je suis un vieux coco qui sans te sanctifier compte sur toi.
    Continue !

  3. nicole dit :

    Je suis tout a fait d'accord ! J'ai toujours pensé qu'il était innocent !

  4. Myrrkel dit :

    Évidement qu'il a été utilisé comme bouc-émissaire ! La Société Générale n'allait quand même pas dire que leur métier est de jouer au casino, et que de temps en temps, ils peuvent perdre leur mise. Les actionnaires n'aiment pas ça!

  5. ahmed dit :

    Kerviel innocent ? Ce trader ? Qu'on m'explique. Un trader n'est-il-pas par définition coupable ? Son rôle n'était-il pas de faire du "fric" un point c'est tout ? Je ne suis pas d'accord avec JL Mélenchon sur ce coup. Je pense qu'il peut être dangereux de vouloir défendre ce type qui avec arrogance a foulé toute la société. Il y a des cause plus méritantes et plus urgentes...

  6. Luc dit :

    Bon courage dans ce combat... On va en prendre plein la gueule et toi particulièrement, camarade.

  7. Chausset dit :

    Merci d'avoir éclairci ce drame social et financier, qui parait si binaire dans les médias.

  8. alabergerie dit :

    On voit déjà les flèches que ne manqueront pas de lancer les petits bardes aux ordres "Ahaa ! Il vous fallait votre Dreyfus !" "Indigne récupération politique !"
    C'est un si beau stimulus qu'il devrait vous permettre, en fait, de bien placer votre plaidoirie, tant est incrusté tenacement le panurgisme des questionneurs. De votre accusation il restera donc quelque chose.

  9. naif dit :

    L'affaire Kerviel est pour moi le "11 septembre financier Français" qui a préparé médiatiquement l'opinion à planter le décors de la crise du système qui est aujourd'hui le prétexte à tous les mauvais coups. Les 5 milliards qui ont changé l'environnement stratégique pour des millions de Français. La suite s'est enclenchée sans transition, la fermeture de grandes banques liées aux titres pourris, le sauvetage des restantes par les états, les affaires Maddof et autres, l'austérité partout en Europe, l'agression du capital envers le travail et les droits acquis. Revoyez le planning, c'est étonnant !

  10. Jacqueline Radiguet dit :

    "...Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle..."

    C'est ce qu'il ne faut pas occulter. Ce salarié avait des "supérieurs" hiérarchique, il était forcément contrôlé, avait des comptes à rendre. Je trouve que cette condamnation était injuste et injustifiée, justement de ce fait.
    Merci.

  11. Michel Matain dit :

    Madame Lagarde, comme Jérome Kerviel, aussi est humaine, elle le démontre par une énorme qualité, la générosité. 400 millions à Tapie, 1700 à la Société Générale. Peut-être que d'autres encore ont bénéficié de la très grande générosité de Madame Lagarde ? Au point où on en est, une enquête parlementaire s'impose sur la générosité très ciblée de Madame Lagarde. Kerviel-Dreyfus même combat ? Excellent.

  12. le Prolo du Biolo dit :

    Espérons que la presse en fera un buzz.
    Si pour une fois dans les journaux l'accusé venait à être, non plus le Rom ou l'immigré ou le rmiste, mais la banque, cela pourrait nous aider à remettre l'indignation des Français dans le bon axe, et à ringardiser les fantasmes ridicules de Mme Le Pen.

  13. françois dl dit :

    On en apprend de belles en vous lisant. Je me doutais bien que Kerviel avait bon dos mais je ne connaissais pas l'ampleur et les finalités de la machination. Merci pour cette visite dans les coulisses de l'affaire. La prochaine fois prévenez nous, qu'on puisse se munir de la pince à linge (celle qui sert aussi pour voter). Quel monde pourri ! Mais il ne faut pas s'étonner, il est à l'image des salopards qui en tirent les ficèles et les bénéfices.

  14. teresa dit :

    Bien avec vous, car cette accusation me paraissait plus que douteuse ! Vos explications et arguments me font croire aussi que J.Kerviel est le bouc émissaire de la Société Générale et de l'Etat en défaut de ses dons sortis de nos poches ! Et sans preuves le donner avec aussi de facilité, alors que pour quelques euros en moins de nos versements, nous sommes rappelés vertement à l'ordre établi.
    Les Jérome ne sont pas les mêmes, mais je suivrai de près ce dernier qui a la chance d'être un salarié avant tout et que son employeur devait contrôler et non l’exploiter. Les Prud’hommes je leur fais confiance ! Mais les scélérats vont brouiller les pistes.

  15. NICO 75 dit :

    Et le patron de l'époque M. Boton je crois ou est il avec le blé qu'il a pris quand il est parti. Tous des voleurs. Il faudra qu'il rendent justice un jour. Enfin si les gent le décident, car avec des résultats comme à villeneuve ce n'est pas pour demain,à moins que?

  16. Dodo30 dit :

    Courageux billet.
    Je voyais les choses comme cela, mais confusément. Bien sur, il était un rouage.
    Encore une fois tout à été fait par nos médias pour réduire l'affaire à sa personne. N'empêche, cela va être dur de mener campagne pour sauver le soldat Kerviel.

  17. Joe dit :

    Pas de doute sur l'innocence de Kerviel, votre intervention va tous les dérouter, avec la complexité du dossier, et son imbrication avec le "système d'en face". Je vois très mal comment Aphatie et consort vont pouvoir réagir a votre prise de position sans se prendre les pieds dans le tapis. Bien vu, M. Mélenchon, "prenez soin de vous" !

  18. glaza dit :

    Chapeau Monsieur pour votre clarté, et pour cette navigation à contre courant.

  19. tartampion dit :

    J'ai été prestataire de service dans la salle des marchés de la Société Générale, avant l'affaire Kerviel. La sécurité informatique interne y était limite inexistante: pour ceux qui connaissent le métier, on faisait des telnet directement en root sur les serveurs, et les mots de passes n'avaient pas l'air de changer souvent. Cela signifie qu'il n'y a pas de traçabilité fiable des opérations commises par les gens du backoffice. Si Jérôme Kerviel a fait un séjour au backoffice, il a donc acquis des accès lui permettant de faire par la suite tous les trafics possibles sans avoir à pirater quoi que ce soit: il lui aura suffit d'exploiter la négligence omniprésente en matière de sécurité informatique, qui est assez éloignée de l'état de l'art en la matière. Il m'a été difficile de comprendre pourquoi c'était si laxiste, mais maintenant ma conviction est qu'on savait bien que sécuriser un accès risquait de couper la route à quelqu'un qui faisait des sous. Je ne peux pas imaginer que cette situation n'était pas voulue.

  20. Dinsdale dit :

    Bravo !
    Le titre choc interpelle et on apprend beaucoup sur une affaire. Si Kerviel est coupable c'est d'avoir choisi ce job pourri et d'avoir été un gros naïf (innocent).
    La honte sur sa direction.

  21. Tonya dit :

    Voilà je comprends maintenant à quoi rimait cet acharnement de la banque contre Kerviel, son employé qui en tant que tel aurait dû être l’objet d’un contrôle qu’elle n’avait pas fait.
    Au bout du compte, cette affaire est monstrueuse, vous avez raison de la dénoncer. Et j’espère que ce pavé dans la marre va faire ce à quoi vous le destinez. Attention aux éclaboussures. Ca pourrait faire mal !

  22. vm dit :

    Encore un trait de justice (et de génie). Il n'y a pas à hésiter ! Défendons J. Kerviel, et faisons-en une cause nationale qui permette de mettre à nu le système dans lequel nous vivons. La démonstration est lumineuse et met en cause les responsables financiers, administratifs et politiques au plus haut niveau.
    A l'heure où la banque JP Morgan réclame des gouvernements autoritaires en Europe, et que, avec la bénédiction de la droite, les sociaux-libéraux qui nous gouvernent nous entraînent dans le gouffre du Grand Marché Transatlantique, assorti d'un Partenariat Commercial qui va achever de détruire les normes du droit des gens, faire éclater l'affaire Kerviel (assortie de l'affaire Tapie) est un bon moyen de crier dans tous nos hauts-parleurs la vérité sur les banques. Et de dénoncer devant tout le peuple les mensonges et les dérobades d'un pouvoir qui a trahi ses électeurs.
    Le TCE, nous ne l'oublions pas, était entre autres l'oeuvre du banquier Giscard. La France avait dit NON. Le PS s'est arrangé pour faire voter à l'AN le traité de Lisbonne qui le remplaçait. On voit le résultat pour notre vie quotidienne et l'indépendance de la France. NON, un PS qui fait une politique de droite, qui agit contre toutes nos conquêtes sociales, n'est pas, n'est plus un parti de gauche. Lienemann, Filoche, Maurel et compagnie, aveuglés par un faux point d'honneur, n'ont pas encore compris qu'en essayant encore de défendre le PS en tant que tel, ils sont tout bonnement les complices de cette trahison et bafouent les valeurs qu'ils croient défendre.
    Kerviel, le tradeur tradé, est le bouc émissaire sacrifié à la respectabilité - plus que douteuse - de la banque qui l'employait. Défendons son appel aux Prudhommes !

  23. Laurence dit :

    Et pourtant je suis d'ordinaire diamétralement opposée à vos idées monsieur Mélenchon ! Mais chapeau bas, bravo pour votre courage.

  24. agatha5116 dit :

    D'accord pour Kerviel. On a toujours pensé que c'était probablement un bouc émissaire.

    [...]

    [Edit webmestre : La suite était hors sujet. Ce billet à un thème unique. Tenez-vous y sous peine d'encombrer les commentaires de rengaines maintes fois rabâchées...]

  25. Christiane galland dit :

    Je pense aussi que Kerviel est innocent. Le coupable c'est le système pourri dans lequel nous vivons avec les Lagarde et compagnie. Bravo Jean Luc pour avoir pris sa défense et le clamer si haut avec autant de clarté. Décidément je suis toujours d'accord avec vous et bien sûr avec le Front de Gauche

  26. Nani dit :

    Ah! Merci de porter jusque là notre idéal de justice !
    Grâce à votre exposé, je viens de comprendre que c'est un combat majeur. Il ne faut laisser aucune miette sous le tapis, d'ailleurs, en parlant de Tapie, cette affaire là commence à révéler toutes les malversations dont le bonhomme a non seulement profité mais qu'il a habilement mis en oeuvre avec la complicité des plus hauts responsables de l'Etat. Cela révèle aussi à quel point il faut se sentir intouchable pour aller aussi loin !
    Merci d'avoir toujours des mots très durs pour cette caste d'oligarques et leurs affidés médiacrates. Je fais partie de celles et ceux qui approuvent à fond tes choix lexicaux.
    Hardi camarade ! Sus aux ennemis de la république et de la démocratie et vive la 6ème !

  27. Ariane Walter dit :

    Grand courage, monsieur Mélenchon.
    Ceux qui disent, il ne faut pas parler de ça, à mon humble avis, qui n'est que le mien, se trompent. Vous faites face à un monstre dévoyé qui est celui de la finance. N'a-t-on pas appris, aujourd'hui, que Goldman Sachs avait des actions dans la prostitution des mineures ? Ne connaît-on pas l'arnaque du Libor ? Et personne ne parle. Tout le monde se tait.
    Vous prenez parti. Vous accusez. Vous faites face. Sans aucun intérêt si ce n'est celui de défendre la justice et la morale. Et on sait, pour beaucoup, ce que valent ces deux mots. Vous avez raison, il faut donner des coups de boutoir de tous les côtés.
    C'est à la fois une information passionnante qui se lit comme un roman et atterrante car notre vie glisse dans l'abîme de ces folies. On y lit des chiffres monstrueux alors que nos vies n'ont besoin que de quelques billets pour être simplement équilibrées.
    Je me souviens d'un mot de votre campagne "inéluctablement." Oui, le compte à rebours a commencé. Le peuple qui s'éveille peu à peu, lentement chez nous, violemment au Brésil, ne se calmera plus. Les vieilles machines vont tomber.
    Merci de jouer ici un rôle d'éclaireur, sans compter ni les risques ni votre peine.

  28. le bris rene dit :

    Oui, c'est bien le système capitaliste à son troisième âge comme l'avait prédit Ernest Mandel qui est responsable ! Ce procès contre le trader a été honteux. Ou alors, c'est le PDG qui aurait dû être condamné. Mais la mafia financière, c'est comme la mafia des proxénètes à Lille, ça finit par s'arranger entre amis. Quant à la critique qu'il faudrait parler d'autre chose en ce moment, est-ce la faute à Jean-Luc si les négociations sur la remise en cause des retraites se fait une fois de plus à froid ? Vu les leaders syndicaux que nous avons actuellement, le peuple va encore se faire avoir pour le bon compte de Mme Le Pen !

  29. Anny Paule dit :

    Bonjour,
    J'ai eu peur en lisant les premières lignes de ce post ! La brillante démonstration qui a suivi m'a rassurée.
    Cette lecture, suivant de quelques heures, celle de Médiapart qui tend à apporter la preuve que Khadafi a versé 20 millions d'euros pour financer la campagne de Sarko de 2007 donne vraiment la nausée. Ceux qui sont sensés nous représenter sont des brigands de bas étage et tout leur est permis. Ce sont deux assassinats dont il s'agit : celui (social) d'un petit trader et celui d'un chef d'Etat (même si c'était un tyran) et ce, pour masquer les malversations des puissants (qu'ils soient dirigeants d'une grande entreprise bancaire ou qu'ils soient gouvernants). Les eaux troubles nous entourent... nous noient !
    Mes craintes, face à toutes ces révélations, à l'attitude de ce gouvernement dit socialiste, sont que nous ne soyons pas assez nombreux à avoir la conscience des choses, à avoir une conscience politique alors que les médias à la solde des grands patrons continuent l'intox qui leur est favorite. Nous avons désormais le devoir (plus urgent que jamais) d'organiser la résistance et de démonter méthodiquement tous les arguments fallacieux qui consistent à faire monter la mayonnaise lepéniste ! Il ne se passe pas un jour sans qu'il soit question de la Marine, sans qu'on l'entende ou qu'on la montre. Et les gens non politisés (ou non "instruits") excédés par ce qu'ils entendent ou voient, affichent désormais haut et fort leurs intentions FN. Nous sommes tout à fait dans le cas de figure : "plutôt Hitler que le Front Populaire". C'est très grave.
    En tous cas, merci de ces écrits qui redonnent la "foi" politique ! Il faudrait seulement que cela réussisse à dépasser notre cercle, à l'élargir... et c'est loin d'être gagné !

  30. Jean-Luc dit :

    Bravo M Mélenchon, cela méritait d'être dit, et je vous félicite de cette prise de position courageuse. Je le dis depuis le début, Jérôme Kerviel n'est que le bouc émissaire d'un système qui a engraissé et qui continue d'ailleurs, de nombreuses personnes sur le dos d'autres. Il est impossible que ses supérieurs n'aient pas eu vent de ses actions, et même qu'ils ne les aient pas encouragé. Cela me rappelle l'affaire Lagarde/Tapie, pour laquelle un certain ventilateur à talonnettes serait totalement étranger. Qu'on arrête de nous prendre pour des cons. Il faut des réactions, des prises de position afin de faire comprendre à la population que le monde politique n'est pas complètement inféodé à ces vautours.
    Continuez M. Mélenchon.
    Bien amicalement

  31. alinber dit :

    Il est évident que Jérôme Kerviel est un bouc émissaire, bien qu'ayant exercé un métier de vautour le rapport entre le niveau de ses bonus et ce qu'il faisait gagner à sa banque démontrent sa naïveté. Le mettre au banc comme certains ici sont tentés de le faire c'est se tromper de combat et tomber dans le piège tendu par cette manipulation. Il faut appuyer sur le "bouton" le PDG en place de la SG au moment des faits est le maître d’œuvre de cette manip. Pourquoi ces gens qui sont prêts à sacrifier des populations entières hésiteraient à sacrifier un individu pour continuer leur cours aux profits faciles. La vraie question est pourquoi l'état se rend complice de tels agissements.

  32. Michel Tissier dit :

    Merci Jean-Luc pour cet acte de courage qui ne m'étonne aucunement.
    Bien sûr la chaine des annonces médiatiques simplistes va sans doute se déchaîner contre toi, contre nous, une fois de plus. Les rêveurs du grand soir qui existent aussi très près de nous souvent vont crier que tu nous fais perdre on ne sait quoi d'ailleurs. Mais comme Zola, comme tous ces anti militaristes ont courageusement défendu Dreyfus, tu es de ceux qui savent comme nous tous que les notions de justice et de morale ont des bases intangibles et que l'innocence doit toujours pouvoir être reconnue.
    J'ai vécu, depuis 1983, 27 ans de traversée du désert, j'ai adhéré au PG en admirant ton courage de 2008, ce fut pour moi une renaissance et j'y milite comme je peux mais avec enthousiasme et confiance, je ne regrette rien et te remercie pour tout.

  33. isabelleh dit :

    Aucune incompréhension ni reproche de ma part non plus ! Même si, malgré votre démonstration, je me pose encore juste une petite question. Ne s’est-il jamais demandé pourquoi la banque le laissait dépasser le montant autorisé ? Où peut être cela est il courant ?
    Merci et bon courage pour ce combat en tout cas. Prouver que ce système est stupide, démonter les rouages entre la finance et l’Etat, et plus humainement, rappeler que ce Mr Kerviel est un salarié comme un autre, vous avez tout mon soutien également !

  34. crenn dit :

    De tout coeur avec vous pour dénoncer cette mascarade de procès, il ne faut pas que ce vol des Finances reste impuni, merci à la Gauche et au gouvernement actuel de laisser la justice faire son travail, on découvre de sombres affaires depuis que Mr Sarkozy n'est plus au gouvernement !
    Bon courage.

  35. TonTon Juju dit :

    Bonsoir a tous,
    J'ai été un peu surpris en lisant le titre. Non pas parce que je n'étais pas d'accord avec, mais parce que j'avais oublié cette affaire. En effet, la condamnation est grave, mais la façon dont la presse traite l'information l'est tout autant. Durant une semaine ils reviendront sans cesse au même sujet. "Kerviel le menteur", "Kerviel le voleur" lira t-on à la une de tous les journaux. Puis, un mois après, fini, affaire classée, on n'y reviendra plus jamais. Aux oubliettes Kerviel.
    Il est certain en tout cas que dans le combat contre la finance, il ne faut pas couper les bras mais la tête. J'ai toujours pensé que ce monsieur ne méritait en aucun cas ce qui lui était infligé, n'étant qu'un sous rouage du système. Je le voyais plutôt comme un indicateur de mauvaise santé de la finance ! Un point encourageant, de droite comme de gauche, beaucoup à l'époque s'accordaient à dire (autour de moi) la même chose que sur ce blog. C'est cela, le bon sens !

  36. Charles dit :

    "pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ?... Avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?... La vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société générale est le cœur de la supercherie suspectée."

    Voilà tout est dit. Cette affaire dans ses méthodes ressemble à l'affaire Tapie-Lagarde. Les mêmes procédés semblent à l’œuvre. Des juges peut-être corrompus qui n'opèrent pas de vérifications afin de donner un large satisfecit à aux riches plaignants. Je le dis, ces 1.7 milliards d'euros est notre argent. Il y a une escroquerie manifeste ! Pour le savoir, il faut non seulement enquêter sur le juge ou les juges pour vérifier qu'il n'y a pas eu conflit d’intérêt et demander une nouvelle enquête avec des expertises et des perquisitions. Comment peut-on accepter de payer ses impôts, de travailler plus pour gagner moins et dans le même temps l'Etat refuse d'enquêter sur des affaires ou les juges croient les banques sur parole et décident de prononcer contre un simple salarié un jugement Kafkaïen, grotesque par la charge de sa démesure.
    Nous simples citoyens, nous sommes contrôlés sur la route, dans les transports publics, dans les supermarchés, dans la rue, sur notre lieu de travail, quand nous déclarons nos impôts, pour un accident matériel il y contrôle et expertise des assureurs. Bref nous sommes soumis à des contrôles systématiques, un soupçon permanent.
    Nos élus doivent agir. C'est pourquoi, je demande à nos élus du Front de gauche d'exiger du gouvernement l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les juges, et une expertise...

  37. jmb dit :

    Bravo !
    C'est bien de ramener les choses à la question de l'humanité qui se trouve détruite par les actes de certains et c'est précisément ce que fait la finance, elle nous déshumanise ! La démonstration est donc foudroyante. L'humain d'abord !

  38. Alin dit :

    J'en suis sans voix à la lecture de ce billet.
    Une bombe! Un grand merci pour cet éclairage !

  39. Claude Péronnet dit :

    Comme il fait du bien ce billet ! Tu viens d'écrire ce que je disais de Kerviel depuis le début... sans être beaucoup entendue, hélas !
    Merci encore d'écrire ce qu'il faut, de là où il faut, quand il le faut !

  40. rodolphe13 dit :

    Billet inattendu et salvateur ! Bravo pour la démonstration, Mme Lagarde, avait elle déjà écrit sa lettre de soumission à N. Sarkozy à cette date ?

  41. jean ai marre dit :

    Jean-Luc, sabre au clair...
    C'est Zola, c'est Victor Hugo, qui allaient vers l'impossible défense, et pourtant...
    Défendre Kerviel, c'est montrer le mécanisme financier, et ce qui est le plus intéressant (pour moi) c'est montrer la servitude de l'humain au travail. Pour ces deux raisons, je ne suis pas contre notre leader.
    Mais alors par ricochet, il faudrait parler des cadres qui, à cause des ordres de la hiérarchie, agissent contre nature, ou bien de l'employé de banque qui est obligé de vendre des produits dérivés.
    Pour le militant politique que je suis, et que nous sommes, il va falloir expliquer, attention aux éclaboussures, c'est de la très haute stratégie.

  42. archerducher dit :

    Franchement Mr Mélenchon, un trader est un employé et un outil de la finance, Kerviel victime ou coupable, c'est quand même des gens qui jouent où (travaillent) avec l'argent des actionnaires qui comme bon leur semble œuvrent au démantèlement d'entreprises qui parte a l'est ou en Chine. Les PSA et Mital et d'autres ne seront pas comme moi convaincu de votre billet, je peux me tromper, il est vrai qu'avec la CFDT tout est possible.

  43. Michel Matain dit :

    @ 19 tartampion
    Si ce que vous écrivez est exact, le 4 juillet vous devriez apporter votre témoignage en direct au tribunal. Votre témoignage serait capital.

  44. jeannine dit :

    Selon moi Jérôme Kerviel est innocent.Et s'il l'est sa condamnation est insupportable pour une conscience libre.si je ne la supporte pas je dois la combattre

    Eh bien Monsieur, je ne peux que vous faire part de mon admiration. Qui dans toute la classe politique peut avoir seulement l'idée de développer ce que vous venez de faire brillamment. Personne ! Vous allez les prendre de court et si quelqu'un le fait sur ce coup là ce sera un pâle copieur. Dans un commentaire (vm) plus haut, quelqu'un parle de génie. C'est tout juste ça, du génie, je suis tout à fait de cet avis. Il fallait vraiment y penser. Bravo, Monsieur.

  45. PG PAULETTE dit :

    Cher Jean-Luc, C'est avec beaucoup de bonheur si je peux dire cela, que j'apprends que vous soutenez aujourd'hui monsieur Kerviel. Depuis l'éclatement de cette affaire, j'ai trouvé qu'il lui était fait une grande injustice. Ce monsieur était engagé par cette banque pour faire du chiffre et toujours plus de chiffres, nous connaissons l'avidité de ces organismes. Tout le temps où il a fait prospérer les gains cela les satisfaisaient. Donc un risque est un risque, son travail était d'en prendre le maximum, ce qu'il a fait. Ce qui est tragique c'est de constater qu'ils l'ont utilisé comme un pion tout en encaissant bien sûr les gains qu'il faisait gagner à la banque. Mais en prenant connaissance de votre message, je me rends compte qu'ils sont beaucoup plus dangereux et qu'ils n'hésitent pas à détruire totalement un homme qui les a fait prospérer. Aussi c'est moi qui vous remercie pour lui, pour nous et pour tous ceux qui n'ont pas le pouvoir de se défendre devant tant de puissance malfaisante finance et pouvoir. Je compte sur vous pour tout le reste des combats que nous avons à mener ensemble. Merci. Prenez soin de vous...

  46. Sophie Clerc dit :

    Bravo Monsieur Mélenchon ! Une fois de plus, grâce à vous, les insectes se retrouvent en pleine lumière !

  47. CF dit :

    Si je partage bien avec toi l'analyse des agissements de la Société Générale dans cette affaire, je ne vais pas jusqu'à dédouaner Kerviel de toute responsabilité.
    Ayant fréquenté pendant plusieurs années les salles de marchés pour mon travail (sans être trader moi-même), je peux dire que la thèse, que les juges ont validée, suivant laquelle la direction de la SG avait été la victime de son trader, et n'aurait pas décelé ses prises de risques gigantesques durant des mois et des mois, que cette thèse, donc, ne peut que déclencher l'hilarité de quiconque connaît un peu le fonctionnement de ces plateformes. A se demander comment les juges ont pu être bernés à ce point. C'est donc bien la direction de la SG qui porte la principale responsabilité dans cette affaire, cela ne fait aucun doute, et c'est elle qui devrait donc répondre devant la justice de ces comportements au final coûteux pour la collectivité. Kerviel a donc raison de se défendre en disant que ses dirigeants étaient au courant.
    Mais, à mon avis, cela ne l'innocente pas de sa faute, qui consiste, en l’occurrence, à avoir joué sans aucune prudence, en violation délibérée des règles de sécurité reconnues dans la profession, avec de l'argent qui ne lui appartenait pas. On pourra dire que ce n'est malheureusement pas rare dans ces métiers, mais je ne crois pas qu'on arrangera les choses en déclarant par principe comme irresponsables les salariés qui procèdent ainsi, même quand ils le font avec l'accord tacite de leur hiérarchie.
    Quoi qu'il en soit, merci pour l'oxygénation des cerveaux à laquelle tu contribues si efficacement sur ton blog et par ton action.

  48. peyo dit :

    Le seul fait de condamner un petit salarié à payer 4,9 milliards est indigne de la justice, sauf si la SG peut réintégrer cette somme dans l'actif de ses comptes. Cette affaire sent l'arnaque, comme l'affaire Tapie. La finance triomphera-t-elle ? Attendons la suite. Que peut faire le FdG ? En tout cas l'argumentation semble plausible.

  49. Stéhane dit :

    Qui peut porter plainte contre les responsables de l'état qui ont donné l'argent du contribuable à une banque en compensation des carences de son système de contrôle ?

  50. pichot_mont dit :

    Techniquement on ne peut pas dire qu'il est innocent car son activité passée est un des plus gros scandales de la finance internationale. Les "têtes" ont elles eu peur de se faire "bouffer" tou crus ? Toujours est-il que JK s'est mis dans la peau de l'homme à abattre. Il n'est pas innocent des malversations légales que ses supérieurs l'ont amené à exécuter.
    Mais son recours auprès des Prud'hommes est justifié. Il était inutile que la SG l'enfonce à ce point. Il suffisait de le virer en douceur, discrètement, car amener ce cas sur la place publique ne pouvait que conduire les citoyens à s'interroger. Mais les médias ont comme à leur habitude couvert la banque. Donc quel était le but ? Annoncer que ces pauvres banques, qui allaient avoir besoin de l'argent public pour se refaire, avaient été flouées par des gens malhonnêtes, tel JK, qui les avaient précipitées dans cet enfer. Sauf qu'elles s'y étaient mises toutes seules. Et pour le faire taire on essaie de le briser, avec plus gros bâton possible.
    Personnellement je suis à 100% sur la ligne de Jean Luc, encore que je n'aurais pas pensé attaquer le système sous cet angle-là. Bravo, Camarade ! Tu as toujours l'idée qui fait mouche !


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