17avr 11

Débats avec Todd et Kahn, Côte d'Ivoire, Pérou et Equateur

Avant l’océan Indien, Kahn, Todd et maints autres

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Argentine 2010Je poste cette note tout en faisant mes valises. Me voici parti, pour l’île de la Réunion, dans l’océan Indien. Ce département français est décalé vers l’est de deux heures par rapport à la métropole. Au retour j’aurais donc un indicible sentiment de grasse matinée en me levant à sept heures du matin… On se rassure comme on peut des fatigues d’un long voyage à venir. N’empêche, mon empreinte carbone va être détestable. Mais je n’ai pas le temps d’un voyage en bateau. Je fais là bas deux jours d’intense activité politique, conclus par une réunion de la GUE, groupe où je siège au parlement européen avec le réunionnais Elie Hoarrau, secrétaire du Parti Communiste Réunionnais. Ce sera à La Possession, le mardi soir. Mon parcours prévoit pour l’essentiel l’observation de quelques unes des réalisations du projet d’autonomie énergétique de l’île tel que l’avait conçu son président de gauche Paul Vergès.

Cette note va et vient de Kahn à Todd, de Gbagbo à Correa et Ollanta Humala, sans oublier Carlos Ghosn. De Rennes à Paris, Abidjan, Quito et Lima. Pour Renault il faudrait faire le tour du monde des pièces détachées et des véhicules assemblés. C’est bien le problème.

Merci à Françoise Dinand pour les illustrations de cette note.

En bouclant ma note, je ramasse la pile de journaux qui encombrent ma table. Je n’y peux rien, l’œil glisse d’ici à là. Mes attractions vont toujours aux sujets européens. C’est leur coïncidence qui me marque. Tiens, donc, Socratés, le premier ministre social démocrate portugais, bien que démissionnaire, a appelé « à l’aide » l’union européenne dont il ne voulait pas il y a quinze jours. Et le FMI est arrivé dans ses wagons. Un peuple souverain soumis à la taille par un organisme extérieur convoqué par une premier ministre démissionnaire. La démocratie dans « l’Europe qui nous protège » fait un grand pas. Ici je lis à présent Argentine 2010quel est le nouveau plan d’austérité grec. En Grèce, tout le monde sait que la situation ne peut pas être redressée en raison même du traitement dépressif que le FMI inflige au pays. Mais le président de l’internationale socialiste, le premier ministre Georges Papandréou, inquiet des rumeurs selon lesquelles il serait conduit à stopper la saignée, a pris crânement son peuple par les cornes. « Nous allons restructurer le pays pas la dette ! ». Il vend encore 23 milliards de biens publics. Pour rien, bien sur. Mais quelle fête pour les banques ! Le cynisme de celles-ci est inouï. Ainsi en Irlande. Ruinée par la saignée, anémiée à mort ? Oui. Donc les agences de notations lui baissent sa note. Moody’s a baissé de deux crans pour la porter au plus bas niveau dont elle dispose. Lisez pourquoi : « en raison de l’activité atone et de nouveaux engagements liés aux banques ». Et voila la boucle est bouclée comme peu de temps avant en Grèce et au Portugal. Pour payer les banques qui demandent plus en raison d’une mauvaise note, l’Etat réduit ses dépenses, l’activité décroit et les agences baissent la note donc les banques demandent plus et ainsi de suite jusqu'à ce que mort s’ensuive. Mort ou révolution. Au choix.     

Ce Vendredi n’était vraiment pas comme les autres pour moi. Ce fut une journée chargée de débats. Le matin avec Emmanuel Todd, pour « Arrêt sur images », l’après midi avec Jean-François Kahn aux rencontres de Rennes de « Libération ». Rencontrer Jean-François Kahn pour un débat dans un amphi modéré par Nicolas Demorand devant mille personnes est un temps fort en adrénaline, cela va de soi. Le thème agitait bien : « que faire contre le Front National ». Auparavant il était question de venir me faire parler du salaire maximum. Mais pas un dirigeant de droite n’a accepté de venir se colleter avec moi sur le sujet. Pas très audacieux ces messieurs… Je pense que nous avons aidé à faire un peu de clarté, Kahn et moi, sur notre sujet. Mais je nous reproche d’être restés en dessous de la main sur le chapitre des « solutions ». Peut-être parce que c’est du registre plus direct de l’action militante et politique davantage que de l’analyse. Et je n’ai pas relevé l’idée de Kahn d’une candidature unique « républicaine ». Je n’y crois pas du tout. Je pense qu’elle serait totalement contre performante. Mais je n’ai pas relevé. J’étais dans la logique d’une démonstration. J’ai remis à un autre moment le soin d’y répondre et pour finir je ne l’ai pas fait, car la discussion  avait pris un autre chemin. Islande 2006J’attends avec intérêt de lire les commentaires sur ce qui est ressenti à propos de ce type de débat. Je ne sais pas ce qui en est attendu par ceux qui viennent y participer. Un mot encore sur cette salle. En guerrier endurci j’ai bien reconnu dans l’intervention du « petit jeune », soit disant naïf, un militant du Front national. Il commença par parler de ma double qualité de sénateur et de député européen. Pas besoin d’entendre la suite. C’est signé. Une reprise du collage qui circule sur moi et m’attribue des revenus immenses. J’ai donc juste perdu mon temps à devoir répondre à cette langue de fiel que le double mandat parlementaire est interdit et ainsi de suite. Mais c’est une indication sur le niveau de ce que ces gens là me réservent pour la suite. Et de la lâcheté infâme des socialistes des Yvelines, la bande à Huchon, qui ont relayé cette calomnie. 

Mais Todd, même à dix dans le studio « d’arrêt sur images », c’est équivalent en tension intérieure à une rencontre avec mille personnes ! J’ai pour lui une admiration intellectuelle très forte. Ses livres sont des moments d’étape dans l’évolution de ma réflexion politique. C’est du niveau de ce que j’ai ressenti découvrant Alain Accardo ou Jean-Claude Kaufmann. Leurs livres m’avaient sauté à la figure. Le livre « Après Argentine 2010la démocratie » de Todd m’a donné la même jubilation que, par exemple, « Le petit bourgeois gentilhomme » d’Accardo. Dans un passé récent, j’ai manqué la rencontre avec Todd au moment où elle m’aurait été le plus utile. « Le rendez vous des civilisations » est arrivé dans mon champ de lectures bien après que je me sois mis en mouvement sur le discours de Latran de Nicolas Sarkozy. Le travail de critique de ce discours a été pour moi le moment où je compris l’importance du texte de Samuel Huntington dans la doctrine des néoconservateurs français à la remorque de leurs homologues américains. D’ailleurs entre la rédaction de mon petit pamphlet et les quinze conférences que j’ai prononcées sur le sujet, cette critique de la thèse d’Huntington a pris la part centrale de l’argumentation. Un jour ou l’autre, quelqu’un aura la patience de faire le décryptage du texte de ma conférence prononcée à Lyon, puisqu’il en existe un CD. Ca ferait un bon texte, je crois. On y voit bien comment la critique du texte d’Huntington est au centre de la déconstruction du discours du président de la République française à propos de la religion et de sa place dans son projet de société. Mais je n’ai lu le livre de Todd, «Le rendez vous des civilisations»  que bien après. Quel dommage !

En effet ma critique avait une limite. Certes je faisais soigneusement, je crois, la démonstration du contenu politique de la thèse et de son articulation avec la stratégie politique nationale et mondiale des droites. Mais cette critique ne suffit pas. Au contraire, l’étude de Todd est conforme à une méthode matérialiste très puissante. Son analyse de l’évolution démographique en particulier le conduisait à faire des pronostics allant à l’inverse de tout ce qui se disait à ce moment là. Todd a annoncé et prévu, non comme un prophète mais comme un scientifique, ce que serait le contenu universaliste des révolutions arabes. "Le monde musulman est entré dans la révolution démographique, culturelle et mentale qui permit autrefois le développement des régions aujourd'hui les plus avancées. Il s'achemine à sa manière vers le point de rendez-vous d'une histoire beaucoup plus universelle qu'on ne veut bien l'admettre." Cette thèse explique l’échec radical de la « théorie du choc des civilisations » à décrire ou à prévoir les événements. Au cas particulier des révolutions arabes, les faits survenus depuis sont absolument conformes aux analyses de Todd. "Le "choc des civilisations" n'aura pas lieu. L'examen d'indicateurs sociaux et historiques profonds impose au contraire l'idée d'un "rendez-vous des civilisations" avait-il écrit en commençant son travail. « Certaines puissances et certains chercheurs, avait-il diagnostiqué, ont intérêt à ce que s'installe dans les esprits la représentation d'un conflit de civilisation, qui masque la violence latente des conflits économiques. La démographie libère de cette paranoïa instrumentalisée […] Les populations du monde, de civilisations et de religions différentes, sont sur des trajectoires de convergence. »  Si j’y reviens c’est, bien sûr, par gout du débat sur les idées. Mais aussi pour nous alerter. L’échec avéré de la « théorie du choc des civilisations » doit mettre en garde ceux qui n’en mesurent pas toute la portée. Cette théorie n’a pas davantage de valeur dans nos murs, dans notre pays. Pour les mêmes raisons, au départ, que celles décrites par Todd à propos de l’espace arabe. Pensez-y. Les prières de rue n’annoncent rien de plus qu’un embarras de la voie publique. En quelque sorte.

Je sais qu’Emmanuel Todd ne dit guère de bien de moi. Ses formules à mon sujet sont parfois très à l’emporte pièce. Je serai, selon lui, un « gugusse », un « esprit brouillon » et ainsi de suite. Mais j’ai eu aussi l’impression qu’il comprenait ce que j’essaie de dire avec ma manière de faire et qu’il dit partager. "Mélenchon, avec tout son côté brouillon, est dans son époque. Pour la première fois, on voit des gens de Yunnangauche se mettre au niveau de violence, réel ou virtuel, de la société. C'est pour cela que moi, consciemment, je m'astreins à parler brutalement, pour être en phase avec l'époque et l'adversaire" déclare-t-il à Rue 89 en novembre dernier. Bon. Alors pourquoi me rabaisser sur France inter en mars dernier par une caricature aussi trivialement médiatique que celle-ci "Mélenchon est un gugusse avec son affection pour la chine". Il s’en est expliqué au cours de notre face à face sur « arrêt sur images ». Ce n’est pas plaisant bien sur. Mais ce n’est pas décisif pour moi. J’ai pu voir sur le plateau que l’homme allongeait parfois les coups par une sorte d’emballement de la parole et du raisonnement. Ainsi quand il se mit à traiter de mon « indifférence à la question de la démocratie » ou à celle de « la condition des travailleurs ».  En tous cas, cela ne m’empêche pas d’avoir besoin de Todd pour penser plus juste. Et parfois pour recevoir de lui des confirmations bien utiles les jours de grands doutes sur soi. Ainsi comment ne pas me sentir en phase avec lui lorsqu’il déclare dans un entretien avec le journal « Marianne 2 », le 24 mars dernier: "Les hommes de médias de ma génération ont aussi une responsabilité dans cette déroute des élites françaises […] il s’agit moins de journalistes que d’idéologues purs qui tentent de perpétuer une vision du monde totalement archaïque. Mais ils font partie des classes dirigeantes." Je ne crois pas avoir dit autre chose, même si c’est autrement.

Mais je me tiens aussi pour dit ce qu’il déclare dans le même entretien : « je ne suis pas intéressé par les propositions irréalistes protestataires de la gauche de la gauche, et je ne crois pas une minute à la possibilité pour le Front national d’arriver au pouvoir en France. Je pense tout à fait que la France doit continuer à être gérée par une alternance entre les grands partis décents de la droite et de la gauche. » Ce n’est pas là une analyse mais une affirmation politique. Il en a bien le droit. Mais elle ne doit rien Islande 2006à son travail de scientifique. Et que dire de cette sorte d’élitisme presque caricatural. « Je ne suis pas partisan d’une destruction ou d’un rejet des élites. Je plaide simplement pour le retour des élites à la responsabilité et à la raison. […] Je pense que le projet protectionniste européen ou la sortie de l’euro ne peuvent, dans le contexte français, être gérés que par des gens sortis des grandes écoles. […] La bonne démocratie fonctionne quand une partie importante des élites prend en charge les intérêts économiques et moraux de l’ensemble de la population". A mes yeux cette formule contient sans doute sa part de vérité. A condition d’en retirer le caractère quasi disqualifiant pour toutes les autres catégories de la population que la formule « élite », même revue et corrigée par Todd, exclut de la pertinence politique… Pour moi, au point auquel nous voici rendus, la clef du renouveau c’est l’implication populaire la plus large. C’est elle d’ailleurs qui, en mettant les « élites » au pied du mur, fera le tri entre les progressistes et les contre révolutionnaires que cette catégorie comporte comme toutes les autres. Et, à la fin de sa démonstration, je ne peux ignorer ce qui me sépare de sa conclusion telle qu’il l’a résumée en novembre dans l’entretien avec Rue 89 et qu’il a reprise dans notre débat.  "Les protectionnistes sont des libéraux, qui croient au marché, à la libre activité de l'entreprise. Il faut juste fixer la taille du terrain de jeux. C'est le contraire de l'Etat bureaucratique. C'est l'Etat libéral qui organise l'existence d'un marché. Moi, je crois au marché ». Sur le plateau, il alla plus loin encore dans l’allégeance verbale au système « de l’économie de marché » et du capitalisme. Je ne le crois pas. Je ne crois pas qu’il pense vraiment cela. Tout ce qu’il écrit va trop à rebours de cette conclusion. Mais encore une fois, quand bien même cela serait, tout cela n’enlève rien à la force de ses analyses et des instruments qu’elles nous livrent pour penser notre temps. L’homme, je veux dire le citoyen, et son œuvre doivent être accueillis séparément.

Notre thèse sur la transversalité du précariat et la désagrégation du modèle économique dominant comme « modèle qui ne marche pas »  et donc est ressenti progressivement comme illégitime est en écho du diagnostic que Todd pose dans « L’ENA hors les murs », en mars 2009: « Ce qui est tout à fait particulier dans la situation la plus récente, ce que je décris, c’est la façon dont les effets négatifs du libre-échange Croatie 2008remontent du bas vers le haut de la société. Nous avons eu la phase des années 1980 durant laquelle c’étaient les ouvriers qui subissaient le plus. Nous avons ensuite vu le décrochage des classes moyennes inférieures au moment du traité constitutionnel européen. Nous avons vu que sur les sept dernières années, les gains d’argent dus au libre-échange ne bénéficiaient plus finalement qu’aux 1 % supérieurs de la société. […] Nous sommes confrontés à une idéologie dominante qui ne produit plus aucun bien pour aucun secteur de la société, y compris les riches !"

Parmi tout ce que j’ai lu dans son livre « Après la démocratie », et que personne ne peut se dispenser d’aller lire, je veux, pour finir, retenir à cet instant ce qu’il dit des élites dirigeantes. Elles font le lien entre le grand nombre et l’oligarchie. J’ai trouvé extraordinairement bien vue la déduction tirée de la contagion narcissique parmi ces élites. C’est une critique beaucoup plus abrupte et cruelle que tout ce que j’ai pu écrire ou dire sur le sujet. Pour lui, la classe des "éduqués supérieures" s'est autonomisé, et exerce le pouvoir pour elle-même, effaçant les clivages idéologiques. « Pour la première fois, écrit il, les "éduqués supérieurs" peuvent vivre entre eux, produire et consommer leur propre culture […] le monde dit supérieur peut se refermer sur lui-même, vivre en vase clos et développer […] une attitude de distance et de mépris vis-à-vis des masses, du peuple, et du populisme qui naît en réaction à ce mépris". Et comment ne pas applaudir cette trouvaille du regard sur des évènements qui paraissaient si peu corrélés ? "La disparition des idéologies traditionnelles renvoie chaque strate éducative, chaque profession à ses déterminations propres […] Le métier devient un objet d'identification primordiale, fragmentant encore plus finement le corps social. En 2008, les défections socialistes vers le Sarkozysme ont révélé l'existence d'un métier politique indifférent à l'idéologie. […] en 1988, Franz-Olivier Giesbert ouvrait une ère nouvelle du journalisme en passant directement du Nouvel Observateur au Figaro, en véritable pionnier de la mort des idéologies dans ce milieu."

Bref, les élites n'assument pas leur rôle de guide que Todd leur attribue dans la société. Elles se coupent du peuple : "Au narcissisme individuel des membres de l'élite répond un narcissisme du groupe de l'élite, reniant ses responsabilités économiques et sociales, méprisant les humbles et enfermé dans une politique économique libre-échangiste, qui dégage des profits pour les riches et implique la stagnation puis la baisse des revenus pour les autres". Ce narcissisme s’étend à la pratique de l’engagement politique lui-même. C’est drôle et bien vu. "Le militant ancien faisait vivre Croatie 2008le Parti dans la collectivité, et vivre la collectivité par le Parti. Le militant nouveau vient pour contribuer, certes, mais surtout pour s'exprimer, "s'épanouir" personnellement. Il est, dans sa section socialiste, l'un des millions de nouveaux narcisses engendrés par la révolution éducative supérieure". Après tout cela il n’en reste pas moins que dans la critique que Todd fait des positions qu’il m’attribue, il confond élite et oligarchie. C’est banal. Tous mes détracteurs font cette confusion. J’en vois bien l’intérêt polémique pour eux. Je ne le comprends pas pour Todd. Le premier service que l’on peut rendre à l’oligarchie, c’est de l’aider à se dissimuler derrière ses paravents, sa « suite dorée », selon l’expression de Karl Marx. C’est un double tour de passe-passe, on confond élite et oligarchie puis on confond « élite sociale », le dessus du panier des salaires, et élites intellectuelles et techniciennes. M’attribuer un rejet des « élites » en général, c’est méconnaitre le cœur de mon optimisme politique. Je crois qu’une autre société peut naitre précisément parce que la masse de notre peuple est éduquée, qualifiée et dispose en son sein d’une élite technique extrêmement nombreuse.    

Le parti de Laurent Gbagbo était membre de l’internationale socialiste. Quelle contribution a pris l’internationale socialiste au règlement de la crise ? Aucun. Quels ont été les membres de cette illustre organisation qui se sont interposés dans le drame ?Aucun. Pourtant le PS français assure la vice présidence de cette organisation et Pierre Mauroy en a été le président ! Que dit cette organisation sur la capture de l’un des siens et son emprisonnement dans une zone contrôlée par des mercenaires sanguinaires ? Rien. Quant aux dirigeants français du PS, prompts à faire des visites sur place ? Rien. Combien d’année, le délégué national aux questions africaines a-t-il été aussi un intime de Laurent Gbagbo ? Lui, du moins, a-t-il assumé loyalement jusqu’au bout. Mais les autres ? Et euro RSCG, l’agence de communication de Dominique Strauss-Kahn, organisatrice de la campagne électorale de Laurent Gbagbo. Vont-ils rendre l’argent au nouveau pouvoir pur et sincère de monsieur Ouattara ? Non bien sur ! Sinon il faudrait rendre celui d’Eyadema, Ethiopie 2008celui de Bongo et celui de combien d’autres ? Admettons. Admettons que chacun ait, en cours de route, découvert qu’ils ont soutenu par erreur un odieux tyran. Dans ce cas pourquoi ne demandent-ils pas à l’internationale socialiste une réunion pour prendre la mesure du nombre de ses membres qui viennent de perdre le pouvoir dans la violence ? Pourquoi n’ont-ils jamais demandé leur exclusion avant ? Pourquoi ont-ils gardé toutes leurs responsabilités dans cette organisation ?

Ces débats sur la nature et l’orientation de cette organisation m’ont été mille fois refusé, l’air excédé, par un François Hollande, du temps qu’il dirigeait le PS. Il n’y a pas eu une minute de débat quand leur ami De Larua fit tirer sur la foule argentine par ses policiers, ni quand leur ami président du Venezuela social démocrate fit tirer sur celle de Caracas, ni sur leur cher Alan Garcia élu président du Pérou avec l’aide de la droite qui fit massacrer paysans et prisonniers de droit commun. Aucune de mes mises en garde concernant cette organisation, faites de vive voix ou par écrit dans mes livres et articles, n’a jamais reçu un mot de réponse ni soulevé une minute de débat. Ils s’en moquent, ils ne savent pas où c’est, ils ne savent pas de qui il s’agit…. On connait la musique. Ils soutiennent n’importe qui, n’importe comment, du moment que l’intéressé a un tampon de l’Internationale Socialiste et paye le voyage. «Nous ne permettons pas aux autres de nous dire ce que nous devons faire, de quel droit irions leur dire ce qu’ils doivent faire eux » m’avait lancé François Hollande.  Après quoi ils sont prêts à abandonner leurs amis d’un jour à la mare aux caïmans, quand ça tourne mal. Mais le cas de Laurent Gbagbo ne ressemble à aucun autre. Je prends le risque de me voir affubler par bien des petites cervelles qui liront ces lignes une nouvelle fois de leurs simplifications offensantes. Mais je ne risque, moi, aucune confrontation désagréable avec mes actes. J’ai rencontré Simone Gbagbo du temps où elle était dans l’opposition. Je n’ai jamais été invité sous sa présidence. Je n’ai jamais participé à une conférence sur place, ni été défrayé pour cela, je n’ai pas eu de tache d’écriture rémunérée par euro RSCG. Gbagbo ne m’a jamais téléphoné, écrit, fait porter des messages ou interpellé. J’étais, pour lui aussi, ce que j’étais pour ses chers amis du PS et de la gauche du PS. Une ombre au tableau. Mais il reste ceci : que ça plaise ou pas, Gbagbo a été la seule tentative de faire de la vraie sociale démocratie en Afrique. Qu’il ait échoué, dérivé ou ce que l’on voudra, mérite mieux que le lâche abandon auquel ont procédé les dirigeants du PS français. Les ivoiriens méritaient au moins une tentative d’interposition politique. Aujourd’hui, au moins par compassion humaine, par respect pour leur propre passé et leur ancienne amitié, ils devraient se soucier de savoir ce que devient Laurent Gbagbo et sa famille entre les mains des mercenaires givrés de Alassane Ouattara. Ils ne feront pas. Ils espèrent juste que ça passe et qu’on ne leur demande aucun compte.

Je crois bien  que les images de « l’arrestation » de Laurent Gbagbo devraient créer un grand malaise. Leur violence, le style « mercenaire aux yeux rouges» des assaillants, l’ambiance de lynchage des vaincus, les violences faites aux femmes, l’évidente main mise de notre armée sur l’opération, rien ne ressemblait moins à une opération de protection de la population sous mandat  de l’ONU. Mais, depuis le début, Laurent Gbagbo est l’homme à abattre pour les concessionnaires français qu’il a menacé dans leurs intérêts un temps même s’il les a bien cajolé ensuite. Cela n’excuse rien, mais cela explique tout. Et Ethiopie 2008d’abord la réécriture de la personnalité d’Alassane Ouattara. En fait, un vrai aventurier repeint en bon père de la démocratie. Soutenu par l’ancien président hier accusé de totalitarisme, Konan Bédié qui l’avait empêché en son temps d’être candidat à l’élection présidentielle, et par le premier ministre de Gbagbo, un soi disant « rebelle du nord », vrai seigneur de la guerre, dont les mercenaires ont été immédiatement maintenus en place et rebaptisés en « force républicaine », le changement de camp valant amnistie pour les crimes qui leur étaient hier reprochés. Alassane Ouattara est un chef de clan et rien de plus. L’argument de sa victoire électorale est une fiction qui pouvait être utile aussi longtemps qu’il pouvait y avoir une perspective d’accord sur ce point entre les parties. Mais il n’y en avait pas.

Ne restaient donc en présence qu’une addition de tricheries. Valider les mensonges des bourreurs d’urnes d’Alassane Ouattara  revenait à prendre partie dans une guerre civile. Elle dure depuis 2003. La raconter obligerait à un récit qui prendrait trop de place. Aucune page n’y valut mieux que la précédente. Mais aucune ne correspond au récit simpliste de la lutte entre gentil et méchant qui repeint  Gbagbo en tyran et Ouattara en démocrate.  Car si l’on en a vu beaucoup montrer du doigt ce fait que Gbagbo n’a pas obéi aux injonctions de l’ONU, on dit moins, et même jamais, que Ouattara n’y a pas davantage obéi. Notamment parce que ses mercenaires n'avaient pas désarmé pendant l'élection, contrairement à la demande de l'ONU. Leur influence pédagogique explique sans doute les votes à 90 % en faveur de sa candidature dans les zones qu’ils contrôlaient. On vit clairement le parti pris quand fut refusé le recomptage des suffrages, demandé par Gbagbo et refusé par Ouattara. Pourquoi ? On l'avait bien fait aux USA, faut-il le rappeler ? A la fin il faut se souvenir que le mandat de l'ONU était de "protéger les civils" et d'"empêcher l'utilisation d'armes lourdes" contre eux, pas d'aller arrêter un président sortant en bombardant le palais présidentiel.

Mais qui s’en soucie ? « Vae victis », comme dirait Michel Denisot. Malheur aux vaincus ! Je crois que cette opération militaire déclenchée sans le début d’une discussion et ou d’un vote de l’assemblée nationale commence un mauvais style pour la suite de nos relations avec l’Afrique. Il est urgent que notre pays se ressaisisse. En premier lieu que le parlement ne laisse plus s’installer cette habitude qui voit dorénavant tous les artifices d’interprétation et de procédure réunis pour justifier que les parlementaires n’aient jamais leur mot à dire sur les expéditions militaires du pays. On n’a voté à l’Assemblée et au Sénat ni sur l’Afghanistan, ni sur la Libye, ni sur la Cote d’Ivoire ! Ni avant, ni pendant, ni depuis ! Et, bien sûr, c’est nous qui donnons des leçons de démocratie aux autres ! Mais nous, quelle genre de démocratie est donc la nôtre entre l’Europe qui nous dicte des lois et des astreintes jamais délibérées et un régime présidentiel  qui déclenche des guerres à sa guise et sans mandat ni contrôle du parlement ? Il me semble qu’une commission d’enquête parlementaire sur cette intervention est seule capable de faire la lumière sur l’enchainement qui a conduit jusqu'à cette intervention militaire française dans la guerre civile ivoirienne.

Des nouvelles particulièrement intéressantes nous arrivent d’Amérique latine. D’Equateur d’abord. Le 5 Avril dernier, le président Rafael Correa, notre ami, a déclaré Madame Heather Hudges, ambassadrice des USA, persona non grata. Elle a été invitée à quitter immédiatement le territoire équatorien. L’Equateur est en négociation commerciale avec les USA pour desserrer l’étau des traités de libre échange que ceux-ci ont conclus avec ses voisins sur les mêmes productions que celles du pays. On devine la raison qui a conduit le président à agir de la sorte. La même que celle qui l’avait conduit auparavant à ordonner l’expulsion de deux fonctionnaires de cette ambassade. Il s’agit bien sûr de l’intrusion avérée des agents américains dans les affaires internes de la Police nationale et leur tentative de déstabilisation du gouvernement. C’est la parution d’informations diplomatiques diffusées par Wikileaks dans le quotidien espagnol El Pais qui a mis le feu aux poudres. Madame Hudges y déclare que le Président Correa a Guatemala 2009  délibérément choisi de mettre un homme corrompu, le général Jaime Hurtado, à la tête de la Police nationale. L’article paraît au moment opportun pour les médias locaux. L’Equateur est en pleine campagne pour la "consultation populaire", c’est le nom qu’on donne là-bas au référendum, du 7 mai prochain. Ce référendum pose notamment la question de la définanciarisation des médias équatoriens. C’est aussi le premier rendez-vous du président Correa avec les urnes depuis le coup d’Etat. L’Assemblée nationale a d’ores et déjà choisi son camp. Le 12 avril, elle a « soutenu sans restrictions » la décision du président. Je suppose qu’on va bientôt entendre pis que pendre sur Correa dans la presse bien pensante. La dernière fois il était accusé d’avoir inventé un coup d’état contre lui. Des policiers qui tirent sur leur président puis le séquestrent, des militaires qui bloquent des aéroports, quoi de plus naturel ? S’imaginer autre chose, c’est de la paranoïa ! Les commentateurs bien pensant, et les défenseurs des droits de l’homme à Cuba et toutes les créatures des agences d’influence nord-américaines estimèrent donc qu’il n’y avait pas de quoi s’émouvoir. Auparavant elles n’avaient rien trouvé à dire non plus contre le putsch au Honduras. Ni contre les meurtres qui y continuent.

Au Pérou aussi ca bouge. Dimanche 10 avril, les péruviens étaient appelés aux urnes pour les élections générales. On y élisait à la fois le président de la République, les députés nationaux et les députés au Parlement andin. Les résultats sont sans appel. L’équivalent du Front de Gauche au Pérou, « Gana Peru », est le grand vainqueur des élections. Son candidat au premier tour des présidentielles, Ollanta Humala fait plus de 31%, loin devant les 23.47 % de son adversaire, Keiko Fujimori, fille du dictateur du même nom. Le président sortant était un socialiste. Alan Garcia. Son parti, l’APRA, est membre de l'Internationale socialiste. Je note avec satisfaction les résultats des élections législatives à un tour. L’APRA  social démocrate y est tombé à 6% ! Une déroute à la mesure de la nocivité de ce parti et de son personnage emblématique. Les socialistes n’avaient d’ailleurs pas de candidat à la présidentielle. Ils ont préféré soutenir le très libéral leader de droite Kuczinky. Ce dernier est arrivé pour sa part en troisième position. Bon débarras. La déroute du parti d'Alan Garcia est Guatemala 2009  vraiment un soulagement. Son gouvernement de coalition avec la droite a mené une politique des plus droitières de l’histoire du Pérou. Garcia lui-même est une caricature. Déjà Président de la République de 1985 à 1990, il a ordonné des centaines d'exécutions arbitraires entre 1986 et 1988. Un massacreur. Le bilan est lourd. Exécution sommaire de plus de deux cents détenus dans les prisons de Lurigancho, de el Fronton et de Santa Barbara, massacre de  paysans à Accormarca, massacre de Cayara. J’en passe malheureusement. A partir de là, le score d'Ollanta Humala, est plus qu'une bonne nouvelle. Il s’élève à plus de 50% dans les régions où les multinationales exploitent minerais, pétrole, gaz, électricité au détriment des populations locales. Le second tour aura lieu en juin. Surveillez la mise en marche de la machine à calomnier d’ici là. Ça va être un festival.

On a beaucoup parlé de Renault-Nissan ces temps-ci. Je m’épate de voir comme la dimension sociale et financière de la question est masquée par les avatars de l’histoire de gribouille qui a ridiculisé le haut management de l’entreprise. Renault-Nissan n’est pas pauvre. Son bénéfice pour 2010 s’élève à 3,5 milliards d'euros. Son patron non plus n’est pas pauvre. Carlos Ghosn coute cher. Très cher. Il gagne 9,1 millions d'euros par an. C’est le patron le mieux payé de France. Dans le même temps, les salaires ouvriers de Renault ont baissé de 15 % en raison du chômage technique. Le crédo du patron pour Renault : «être le constructeur généraliste européen le plus rentable ». Résultat, un plan de 6 000 suppressions d'emplois lancé en 2008, appliqué en dépit des aides publiques reçues en 2009-2010. Et bien sûr, le gel des salaires sur 3 ans et l’accroissement de la flexibilité. Et tout ça pour quel résultat ? Afin de réduire les coûts et d'augmenter ses marges Renault a multiplié les délocalisations de production de toute sa gamme depuis 5 ans. L'entrée de gamme, Logan, Twingo, Clio 2, se fabrique au Maroc et dans les pays de l'est. Le milieu de gamme c’est la Clio 3 produite à 60 % en Turquie. Le haut de gamme, Latitude et 4×4 Koleos sont fabriquées en Corée. Ces délocalisations massives obligent désormais Renault à importer l'essentiel des voitures qu'il vend en France : les 2/3 des Renault immatriculées en France sont fabriquées à l'étranger. Estrosi mentait donc ouvertement quand il affirmait : « une voiture française, destinée à être vendue en France, doit être fabriquée en France ! ». Et pourtant l’argent public est fortement mis à contribution dans Renault. 4 milliards d’euros d’aides ont été versés par l’Etat en 2009, sous forme d’avances remboursables. Sur les 500 millions d’euros de primes à la casse payées par l’Etat en 2009, Renault a largement pris sa part car ses clients ont été parmi les principaux bénéficiaires. Enfin n’oublions pas les 300 millions d’euros que Renault va économiser en 2010 grâce à la suppression de la taxe professionnelle. Que les impôts des français compenseront.

En dépit de toutes ces participations publiques, l’influence stratégique de l’Etat sur Renault est quasi nulle, alors qu’elle devrait contribuer à réorienter ses productions compte tenu de la crise écologique. L’Etat le pourrait s’il assumait son pouvoir. L’Etat possède encore 15 % du capital de Renault représentant 18 % des droits de vote. Deux administrateurs siègent pour cela au conseil d’administration de Renault SA. L’Etat est donc le 1er actionnaire de Renault. Que pèse-t-il dans les choix ? Pire, l’Etat a subventionné la future voiture électrique de Renault, la Zoé, sans avoir de garantie en termes de localisation de l’activité. Guatemala 2009  100 millions d’euros en capital, 150 millions pour la chaîne de fabrication des batteries, sans parler du bonus fiscal de 5 000 euros qui sera offert à l’achat. Inutile de rêver pour l’avenir si tout reste en l’état. La Commission européenne a interdit toute mesure anti-délocalisation dans les plans d'aides à l'automobile. Dès l’annonce du Plan français d’aide à l’automobile, la Commission avait déclaré le 10 février 2009 que « toute obligation de garder une unité de production en France rendrait ces aides illégales ». Et à l’issue du Sommet européen du 2 mars 2009, la Commission s’était réjouie d’avoir obtenu de la France que « les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités en France. »  C’est tout cela le bilan, à l’arrière plan de l’affaire d’espionnage bidon, qui mine l’entreprise. L’affaire, avec sa conclusion ubuesque ne s’arrêtera pas là. La secousse a touché un organisme déjà en forte tension. Une maison où les suicides professionnels sont déjà bien ancrés dans le paysage du mal être et de la souffrance au travail. 

Ce n’est pas l’évènement du siècle mais je le raconte. Combien de fois en effet a-t-on vu les médias citer Maxime Gremetz comme la figure des communistes qui rejettent ma proposition de candidature pour représenter le Front de gauche aux élections présidentielles. C’est bien son droit. Mais pas avec ces mots injurieux ni au nom d’un parti dont il n’est plus membre. Oh, comme cela amusait certains de présenter Maxime Gremetz comme image du Parti Communiste ! Au cours de leur réunion hebdomadaire, les députés communistes, républicains, citoyens et du parti de Gauche ont décidé, à l’unanimité moins deux voix, d'exclure Maxime Gremetz de leur composante au sein du Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine (GDR) à l’Assemblée Nationale. Ils déclarent condamner « son attitude scandaleuse et irresponsable du 16 mars dernier, succédant à tant d’autres incidents, ils ont considéré que les valeurs qu'ils portent ne peuvent s’assortir d’un comportement humainement et politiquement inadmissible. » Il faut savoir qu'à l'heure actuelle il est suspendu pour deux mois de son droit de pénétrer dans quelque local de l'Assemblée Nationale suite à son irruption violente lors du débat sur les suites du séisme et de l'accident nucléaire de Fukushima. C'est la première fois qu'une telle sanction est prononcée contre un député. Car il s'agit de fait de "récidive" en quelque sorte. Il avait notamment défoncé la porte du bureau d'un autre député du groupe à coup de pied de biche. Il a par ailleurs, hors assemblée, porté la main sur Marie-George Buffet, ce qui avait abouti à son exclusion du PC, là aussi à la suite d'autres incidents de cet ordre. Et récemment il s'en est pris à Pierre Laurent. Par ailleurs une plainte au pénal a été déposé par le président de l'assemblée nationale, car il a frappé un fonctionnaire de l'assemblée. Il a essayé de nouveau la semaine passée de pénétrer de force dans l'assemblée. Ce comportement en réalité révèle un trouble personnel grave qui est davantage humain que d’ordre politique. Il est peu probable que des raisonnements et des injonctions en viennent à bout. Quoiqu’il en soit, les communistes ont considéré que la situation devenait intenable pour l'image de leur parti.


233 commentaires à “Avant l’océan Indien, Kahn, Todd et maints autres”
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  1. Guillaume BRICOUT dit :

    Un soutien par une visite au Peru et en Equateur renforcerait le message "que se vayan todos!"

    Vous avez la stature et le credit pour sponsoriser le message la-bas face aux socio democrates desinformes.

    Merci Jean-Luc pour votre note d'avant depart. Que se vaya bien.

    Saludos,
    Guillaume

  2. Alin dit :

    J'ai écouté votre débat avec Todd sur le plateau d'ASI. J'ai été déçu par cet homme, que la moitié de la France "vénère" intellectuellement.

    Il est en contradiction constante. Je ne peux pas l'accuser de paresse intellectuelle. Mais alors, comment se fait-il qu'il y ait un tel décalage entre ses observations et ses paroles quand il s'agit de solutions et d'actions? Comment se fait-il qu'il vous ait reproché des "yaka fokon" quand vous donniez des exemples concrets, alors qu'il disait lui-même "yaka-fokon" dès que vous remettiez en cause le "marché"? Là, ça devenait tout de suite: il y a qu'à laisser le marché faire (je grossis le trait, naturellement, mais ce n'était pas loin).

    Sincèrement, grosse déception, étant donné que je ne connaissais pas plus que ça le personnage. Je pense que Todd est un sous-marin, qui agit en torpilleur. Aussi "grand intellectuel" qu'il soit, il semble ignorer l'art du débat et à plusieurs reprises il s'est contenté de vous caricaturer et de tenir des propos réducteurs. J'ai regardé deux fois le débat, espérant trouver autre chose lors de la deuxième écoute. Rien à faire, la deuxième écoute n'a fait que confirmer l'impression de la première écoute.

  3. anne dit :

    J'ai vu la vidéo de votre débat avec Emmanuel Todd. Il est évident que 1h30 de débat permet de développer les arguments et de mettre en évidence les concordances et différences des points de vue et donne sujets de réflexion. Il est certain que la qualité de l'émission par l'intermédiaire de ses journalistes participe aussi à la qualité du débat. Les interventions de Judith Bernard étaient bienvenues et apportaient un regard qualifiant. C'était donc un excellent débat sur tous les plans. A renouveller !
    Il faut impérativement dire et redire que vous luttez contre l'oligarchie (à très juste raison et E. Todd. est O.K avec vous) et non contre les élites ce qui est un erreur voulue de vocabulaire.
    Bonne journée à vous et tous les lecteurs

  4. Louis st O dit :

    Jean-Luc Mélenchon,
    Toujours un bonheur de vous lire.
    Comme je j'avais précisé, la confusion délibérée entre Oligarques et élites?
    On peut dire aussi que vous êtes le seul qui vient présenter un livre et à qui l'on demande où vont les bénéfices de ce livre. Je ne l'ai jamais entendu, pour aucun autre écrivain.
    Continuez, nous sommes avec vous.
    Louis

  5. 4 Août dit :

    @ JLM

    Moi non plus je n'ai pas compris cette conclusion de Todd. Après tant d'années d'analyses pertinentes, finir par conclure qu'il faut continuer à voter pour les mêmes, afin de changer les choses...

    http://www.marianne2.fr/E-Todd-Face-au-FN-il-faut-rompre-avec-deux-concepts-zombies-le-libre-echange-et-l-euro_a204202.html

  6. Nicolas B. dit :

    M Mélenchon, il est de plus en plus évident que l'Europe est aux mains des affairistes qui n'ont pas de considération pour les peuples, mais seulement pour les portefeuilles. Avant on nous disait c'est à cause de l'Europe, maintenant c'est à cause de la Mondialisation, qu'ils s'en aillent tous ces oligarques et autres larbins ! Devant la résignation et l'abstention il faut que le message du Front de Gauche donne l'espoir et le courage de se battre contre cette fatalité et ces puissances nauséabondes.
    Combien je suis d'accord avec vous pour regarder de plus prés les peuples d'Amérique latine, quel exemple. Avec la Guyane, la France pourrait avoir et développer de formidables relations économiques et culturelles, nous partageons la même culture latine, et j'espère que vous aurez l'occasion de voyager aussi là bas.
    Pour l'Europe, quand les peuples seront étranglés jusqu'à plus soif, ce qui est déjà commencé, alors le temps de la révolte viendra, je souhaite comme vous qu'en France cela se passe par les Urnes avec le Front de Gauche.
    Pour Todd, j'ai retenu une de ses phrases, lors de votre entretien << ....les coopératives ouvrières, on sait que ça ne marche pas....>> moi, j'aurais répondu que le capitalisme, le libre échange aussi ne marchent pas, à moins que la misère, les famines, les guerres, soit une réussite ?. Il en est resté aux vieilles images du bolchévisme, pour continuer à faire peur à la ménagère de 40 ans, comme on dit !
    Bon voyage, en France d'Outre Mer, envoyez nous une carte postale !

  7. Louis st O dit :

    Après le contrôle des élections en Afrique (Côte d’Ivoire) ou en Amérique du sud par UE et OEA (Organisation des États Américains), il va falloir contrôler les primaires socialistes (on sait qu’il y a eu, dans le passé récent, quelques irrégularités) comme d’ailleurs au prochaines élections Américaines par des observateurs internationaux comme OEA (Organisation des États Africains).
    Il faudrait poser la question au États-Unis, s’ils sont d’accord pour faire contrôler leurs élections par les observateurs internationaux tel que les pays Africains.

  8. micmousse dit :

    Comme dirait mon copain qui n'a pas fait d"études : "Todd n'est rien d'autre qu'un gland qui se la péte, je préfére cui de F1, ca va plus vite"
    Autrement mon copain y savait pas qu'en amériques, y avait des équivalents PG, il pensait que c'était tous des lèches bottes des ricains.
    Moi, Francis Mer, ancien ministre et ancien PDG d'Usinor m'a traité de menteur car je lui ai causé que nous serions de futurs chômeurs, mais il avait raison le Francis, nous n'avons pas été chômeurs mais en Convention de Protection Sociale de la Sidérurgie. Cette CGPS a été mise en place par le PS (merci PS) et a favorisé mon'éveil'par des formations bidons et des stages à la cons tout cela pendant 12 ans.
    Bon j'arrete de raconter ma vie, ma femme vient de me demander de faire la viande au barbecue.

  9. redline69 dit :

    Bonjour,
    Todd finalement est un "intervenant" du PS. sa place au sein de l'UMP et le PS l'oblige à tirer sur le Front de Gauche par des analyses sans fondement. Démocrate et républicain ! lui ? surement pas. Par principe toute personne qui critique une organisation politique dument représenté est un mauvais personnage.
    De quel droit le Front de gauche, ce rassemblement populaire serait inquiétant ? Tout simplement car il fait de l'ombre au PS en voie de recul, peut être de disparition.
    Même s'il est présenté comme un intellectuel, c'est par pour çà qu'il serait une lumière.
    Faut pas confondre, culture et intelligence! On peut être intelligent sans réelle culture et l'inverse cultivé mais un grain d'intelligence.
    Ebloui par son soutien à Martine Aubry et Nicolas Sarkozy, Todd s'aveugle lui même de belle phrase sans aucune perspective pour le pays et qui font le lit des banquiers et des assureurs.
    Le gugusse c'est lui justement car lui n'a aucune légitimité à juger un représentant politique qui assoit un programme et non pas une "gueule" comme DSK !

    Pour les Gremetz and co, c'est pitoyable ! Ce qui nous importe c'est que le PCF soit au FdG. N'en déplaise à Sieur Gérin qui voudrait créer une scission au PCF. Mais c'est au communistes de régler le problème de ses "petites" individualité sans réelle consistance.

    cordialement

  10. Jean-Pierre NEEL dit :

    Bonjour,
    Existe-t'il un lien qui permette de visionner ou d'entendre le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Todd?
    Merci à qui saura me répondre
    Bien cordialement

  11. leonardo dit :

    J'ai vu aussi le débat sur @si. J'aime beaucoup Emmanuel Todd et ses ouvrages. Mais, là, je pige pas.
    Alors qu'il reconnait que le seul débat intéressant est celui qui oppose les opposants (pourquoi pas?), sa conclusion est de rééduquer les "élites" perverties pour qu'elles se remettent dans le droit chemin... Au delà de la confusion relevée ici entre "élites" et "oligarchie", on reste quand même assez pantois devant tant de naïveté.
    En gros, le système est pourri, on va droit dans le mur, il est temps que ceux qui nous ont conduits dans cette impasse se ressaisissent... Incompréhensible, non pas que quelqu'un le pense, mais que quelqu'un comme lui le pense.
    J'ai senti JL Mélenchon un peu désemparé. Comme moi, je l'étais d'ailleurs face à a mon ordinateur. On admire un mec, on considère qu'il est un formidable éveilleur, et (par provocation?) il nous joue "Bonne nuit les Petits".
    Au delà de ça, une bonne réflexion de Todd, tout de même. Pourquoi ne pas revendiquer haut et fort le protectionnisme économique? Protéger n'est tout de même pas un gros mot...

  12. citoyenne21 dit :

    A Jean-Pierre Nell (11) et à tous : voici le lien Arrets sur image Todd/Mélenchon

  13. adzo dit :

    @ Jean-Pierre NEEL

    l'émission entre Jean Luc Mélenchon et Emmanuel Todd :
    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3931

  14. pichenette dit :

    Fouiller, gratter, chercher pour trouver, comprendre, clarifier, mais "mal nommer les choses ajoute au malheur du monde".
    Ainsi E Todd, dans " le grand entretien" (rue 89 du 28/11/2010: " Notre classe dirigeante n'est pas au niveau" exprime des arguments convaincants et plouf, lorsqu'il considère que l'action des citoyens selon M Mélenchon se résoud à "la population défilant dans les rues" excluant toutes les élites (" tous dehors").
    Cette confusion entre les oligarques, pas toujours fins connaisseurs et élites s'appuyant sur des savoirs, est choisie par E Todd car en son for intérieur il ne lui est pas possible d'accepter qu'il y ait un brassage dans la répartition des pouvoirs. Tout doit rester bien rangé, à sa place. Pas propre de bousculer les choses, pas de désordre, sauver les apparences d'un ordre établi.
    En chacun persiste souvent un dilemme entre la raison et la croyance, la tête et les viscères.
    Belle analyse dans ce billet, où est mis en relief ce qui est bien vu par E Todd avec quelque regret sur des appréciations hâtives et peu conformes! Cette hauteur dont fait preuve le rédacteur de ce billet est à son honneur et lui fait encore gagner quelques galons dans la "race des élites".. zélites, mot à créer pour titiller les guindés.
    Le plus problématique reste pour de nombreuses personnes d'accepter de véritablement se servir de son côté gauche. Si longtemps est resté ancré que d'écrire de la main gauche c'était du style de la malédiction. Heureusement que des vainqueurs au tennis, sport si noble sont gauchers!
    Donc plus d'hésitation, si les programmes qui sont vraiment à gauche vous semblent justes, il faut se lancer.
    Bien sûr il vaut mieux ne pas être de ceux qui se nourrissent de contradiction mais plutôt de cohérence.
    Rechercher ce qui rassemble plutôt que ce qui divise. Aller à La Réunion, une île rien de tel pour prendre du recul, là où l'environnement impose des choix novateurs. L'autonomie énergétique, la clé...

  15. citoyen dit :

    Cher Jean-Luc, je vous souhaite bon voyage sur cette terre créole plus proche de la France par la tolérance qui y règne que notre propre métropole...

    J'aimerais que votre prochain billet soit l'occasion de clarifier ce point : si l'on s'accorde sur le fait que la libération des Français du joug des puissants nécessite le passage à un nouvel ordre constitutionnel, si l'on accepte l'idée que la démocratie consiste avant tout en la participation du plus grand nombre aux décisions qui les concernent, enfin si l'on croit que notre peuple est suffisamment éduqué pour savoir faire ses propres choix, pour peu qu'il soit correctement informé, alors pourquoi vouloir faire de ce processus constituant que nous appelons de nos voeux une foire électorale qui reconduirait au postes de constituants la plupart des soutiens de l'oligarchie? Pourquoi vouloir une assemblée constituante dont les élus seraient des hommes et des femmes positionnés sur des listes par des partis dont la plupart, y compris au FdG sont loin d'être des modèles de démocratie participative et active, pourquoi risquer par le scrutin proportionnel que les soutiens des oligarques se coalisent contre les révolutionnaires?
    Pourquoi vouloir un scrutin de liste qui interdit toute possibilité de révocation par des électeurs trahis?
    Pourquoi ne pas laisser les citoyens, réunis en assemblées locales déterminer les clauses de leur futur contrat social et choisir des mandataires révocables, tournants et obligés d'effectuer des comptes rendus des discussions du niveau national,
    pourquoi ne pas laisser les citoyens choisir face à face plutôt que dans l'isoloir ceux qui seraient chargés de porter leurs exigences et leurs valeurs?
    Pourquoi vouloir encore une fois que les citoyens se dessaisissent de leur souveraineté au profit délites démagogues, inféodées à l'oligarchie et soutenues par des média démophobes quant les débats peuvent avoir lieu là où est la souveraineté!

  16. Thierry dit :

    Pour la Cote d'Ivoire et le recomptage des voix demandé par Gbagbo "on l'avait bien fait aux USA ". Non, justement, l'élection de Bush en 2000 a été plus que contestée, en raison notamment de ce qui s'est passé en Floride, état dirigé par le frère de Bush. La Cour Suprême, présidée par un républicain, a refusé le recomptage.

    Concernant les élites, pas d'accord non plus avec Todd qui les défend en bloc.On connait l'endogamie (Todd ne devrait pas l'ignorer) et la cooptation qui règnent dans le personnel politique issu de certaines grandes écoles. Je crois aussi que Todd se laisse parfois emporter dans ses longues démonstrations, pour arriver à l'inverse de son propos de départ. A un intellectuel, même brillant, il peut manquer parfois la confrontation avec le terrain.

  17. Roland011 dit :

    E Todd, " Notre classe dirigeante n'est pas au niveau" et il dégomme sévère les dirigeants PS, pour finir par dire qu’il votera PS. Décourageant !
    Surtout de la part d’un intello-critique, souvent pertinent, mais, MAIS, (et je l’ai déjà dit ici) malheureusement il n’arrive pas a se défaire de toute la propagande du maccarthysme et ses dérivés (qui sévissent encore), qu’il a en commun avec nombre de personnes même ‘’de gauche’’ PS, VERTS, etc. qui refusent obstinément toutes introspections et critiques justes et équilibrées des idées et pratiques vraiment de gauche.
    Pour eux/elles, tout ce résume au rejet du stalinisme ‘’modèle’’ du ‘’ça marche pas voyez l’échec des pays ‘’socialistes’’, donc, replie sur le capitalisme critiquable … a la marge. Conclusion pour une grande partie de la population, rejet de tout ce qui se rapproche du ‘’communisme’’ et, est classé extrême-gauche tout ce qui ce trouve a gauche du PS, en cela fortement aidé par le système médiatique (il y en a encore pour …. Un certain temps).

    A décharge, il faut bien admettre que certains a gauche, s’ingénient à perpétuer ‘’la tradition’’ et que le sens critique de ‘’ce qui n’a pas marché, voir, carrément raté (on est gentil) ’’, s’obstinent aussi dans le déni, les erreurs manifestes, etc. Les ceussent qui z’ont toujours raison et détiennent LA vérité contre vents et marées (plusieurs chapelles).

    C’est le printemps, il serait peut être temps de faire un peu de ménage (sourire) Cordialement

  18. dave dit :

    C'est vrai que Ollanta a gagné malgré les médias ont voulus altérer son discours, peut-être sois le premier président socialiste réel, parce que en Peru nous besoin un mieux change.

  19. Veytizoux Jean-Philippe dit :

    A propos de Todd... compte tenu de tout ce que je lis, le problème n'est-il pas celui d'une peur du peuple assez commune chez tout intellectuel engagé, disant par ailleurs des choses intéressantes, dès lors qu'il s'agit de passer aux choses sérieuses ?
    Les intellectuels dépassant cet état de choc ne deviennent-ils pas de ce fait les révolutionnaires ? N'est-ce pas un de ces chocs salutaires qui fit basculer Jean-Luc au soir d'un meeting du NON en 2005 pour en faire aujourd'hui un très bon candidat à la présidentielle de 2012 ?

  20. Jean Marie dit :

    Passionnant.
    De l'analyse du désaccord qui vous sépare de Todd, nait la lumière: Todd ne fait pas le tri dans "l'élite", vous distinguez élite d'oligarchie; finalement le fond du discriminant c'est la perte du sens des responsabilités qui affecte nos élites: elles se sentent, sans doute, responsables de leurs résultats, mais pas devant le peuple (qui les a cependant instruites). Et il n'est pas sur que le mot résultat ait encore le même sens pour elles et pour le peuple. Peut être ne se sentent elles plus responsables que devant l'oligarchie. La célèbre expression "responsable mais pas coupable" disait déjà tout de la dérive morale d'élites lourdement coupables à force d"être irresponsables et pétries de bonne conscience pathologique. Et ceci vaut aussi clef de compréhension dans le cas de l'internationale socialiste.
    Comment rétablir le principe essentiel de la responsabilité démocratique?
    On pourrait, comme Staline, fusiller les généraux qui n'avançaient pas contre Von Paullus, sous quinze jours, à Stalingrad; ceux là, en acceptant leur mission, faisaient preuve du vrai sens de leurs responsabilités, voyez comme ils sont loin du comportement amolli et arrogant de nos dirigeants!
    Mais certainement vaut il mieux approfondir le dialogue entre vous et Todd car il n'y a pas de raison que vous restiez adversaires et parce que, de la compréhension de votre désaccord, surgira aussi celle des mécanismes qui ont conduit à la déresponsabilisation de nos élites. Ce sont ces mécanismes qu'il faut décortiquer et inverser.
    On pourrait aussi aborder le chapitre du remplacement de la méritocratie par la logique d'appartenance aux réseaux d'influence, qui ne doit pas être tout à fait innocente dans ce phénomène de déresponsabilisation des élites, mais c'est une autre histoire.

  21. salvatore dit :

    Il me semble que votre analyse des effets du libéralisme est illustrée avec une pertinence frisant la violence dans le documentaire "la stratégie du choc" qui passe en ce moment sur une chaîne payante française et qui est tiré des bouquins de Naomi Klein. Ce documentaire ne m'a rien appris de nouveau, mais en mettant en perspective toutes les étapes les plus marquantes de l'offensive néolibérale, il provoque lui-même un choc émotionnel qui m'a donné la nausée. Nos ennemis sont puissants et impitoyables. Il faudra s'en souvenir à chaque étape de la construction du Front qui est censé les expulser du pouvoir national, et international. Car plus on les menacera, plus leurs réponses seront violentes. Alors autant faire preuve de grande solidarité entre nous, camarades...

  22. Ako dit :

    Merci pour l'article concernant le FPI dont je ne suis pas membre.
    Français par choix, ivoirien de naissance, je suis membre du PS français et j'ai eu si honte que j'ai démissionne de tous mes mandats électifs, en me mettant en réserve de la république. Il est parfois si dur d'assumer des choix de son pays d'accueil. Ce parler vrai est principalement une des raisons pour lesquelles je compte rejoindre le Front de gauche, car la gauche oui mais sans le caviar.

  23. jean ai marre dit :

    Emmanuel Todd est un intellectuel qui a été très séduisant, puis convaincant et maintenant apparait critique.
    Il a avancé une analyse très pertinente sur les révolutions dont l'origine est liée à la démographie.

    E. Todd nous raconte avec certitude le film dont nous sommes les propres acteurs. C'est très intéressant de se faire narrer des histoires, mais lorsqu'on prend acte de notre rôle, que nous prenons conscience que c'est notre destin qu'il nous raconte, alors nous pouvons dire à E. Todd :''Ne pensez plus pour nous, nous savons ce que nous espérons, et si vous voulez prendre part à notre révolution, mettez vous aux cotés des gugus, militons ensemble. Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous."

    Pas besoin d'être spécialiste pour se rendre compte que: la répartition des richesse est bafouée,la corruption est présente, la justice va dans le même sens, les vrais faux procès, les niches fiscales, les 45 millions de dédommagement pour préjudice moral, que les hommes ne sont plus placés au coeur du système, que l'intérêt privé prend le pas sur l'intérêt général.
    Le seul espoir est de prendre notre destin à bras le corps, les élites suivront., sans nous précéder.

    Je partage l'opinion de JL Mélenchon : M’attribuer un rejet des « élites » en général, c’est méconnaitre le cœur de mon optimisme politique. Je crois qu’une autre société peut naitre précisément parce que la masse de notre peuple est éduquée, qualifiée et dispose en son sein d’une élite technique extrêmement nombreuse

  24. Alain44 dit :

    Relisez Todd dans son livre "L'illusion économique" c'est un Grand Monsieur, il ne se moque pas de nous, il a beaucoup de choses à nous apprendre mais s'est compliqué.

  25. francis dit :

    A quoi bon gloser à l'infini sur les "prouesses" médiatiques de M.Todd, l'affaire est entendue, il l'a dit lui-même en substance à Arrêt sur Images "à l'oral je suis nul". Mais que cela ne nous empêche pas comme M. Mélenchon le suggère d'aller voir de près sa prose; elle est éclairante et par certains aspects très proche des positions du Front de Gauche. Quant à moi, je viens de lire Après l'Empire (2002). Le texte est sourcé, chiffré, accessible et visionnaire sur le monde tel qu'il est aujourd'hui, avec des paragraphes sur la fixation des Etats-Unis sur l'islam, sur la disparition possible de l'euro, sur les oligarchies (ploutocratie parfois utilisé) où l'on voit qu'il distingue parfaitement élites et oligarques. Ce sont ses conclusions qui cristalisent certainement les oppositions au PG, car en plus d'affirmer que le capitalisme est la seule organisation économique raisonnable, il avance que les forces éco., socio., et histo. nous dépassant, il faudrait accompagner modestement les transitions qui s'opèrent d'elles-même.
    Pour finir, j'ai pu mesurer l'écart d'analyse (chiffres à l'appui) qu'il pouvait faire sur certains pays l'Iran par exemple et celles que les médias peuvent rapporter, rabâcher.
    Voyons voir Après la démocratie maintenant.
    Et bienvenue à M. Mélenchon... un dionysien de La Réunion.

  26. Christophe dit :

    Après l'écoute de l'émission avec Tod, je trouve que Jean-Luc s'en sort très bien, tout en ayant montré le profond respect qu'il éprouve pour l'anthropologue. Comme souvent, Tod est rapide, péremptoire et je demeure frappé par ses approximations. En particulier, sa méconnaissance totale (et je pèse mes mots) au sujet du marché est confondante. De ce fait, une discussion au fond est rigoureusement impossible. Je propose que le parti de gauche invite pour une formation le sociologue Pierre François, auteur d'un très intéressant Sociologie des marchés (Paris, Armand Colin, 2008). Ce livre contient des analyses qui me paraissent éclairer le point aveugle de Tod concernant le marché et en l'occurrence de lui faire subir une sorte d'effet Dracula! Nous n'en sortons pas indemnes non plus, puisque nous sommes amenés à penser à nouveau frais par exemple le marchand et le non marchand, autrement dit, aussi, le marché et l'État.
    Bravo encore Jean-Luc pour ce débat de haute tenue.

  27. nico_38 dit :

    "Mais je n’ai pas le temps d’un voyage en bateau. "

    Malheureusement, sur de longues distances, le bilan carbone pour le passager d'un voyage en bateau est pire que celui d'un avion. Par kilo transporté, le bilan est évidement meilleur, mais les bateaux doivent transporter l'hôtel quand le voyage dure plus d'une journée...

  28. Michèle dit :

    Bon voyage à la Réunion où vous allez semer vos paroles fertiles qui vont comme ici réenchanter par l'espoir enfin converti en possible.

  29. Bélatar dit :

    Quel tour d'horizon ! :)

    « Après la démocratie » de Todd est passionnant. Il décrit exactement à la fois pourquoi nous en sommes là (mais pas forcément où on croit) et les scénarios possibles à venir d'évolution du système : le pire ou le mieux.

    Mais les chercheurs dont le boulot est de produire des connaissances peuvent parfois être aussi des crétins finis en politique (ce qui n'est pas le cas non plus de Todd, il ne faut pas exagérer). Pas d'homme providentiel là non plus. Prenons ce qu'ils produisent pour en faire ce que bon nous semble.

    Votre réflexion rétrospective sur votre analyse et ce que vous a apporté les analyses de Todd me paraît honnête et intéressante en ce qu'elle montre une méthode pour que la pensée progresse plutôt qu'elle ne se bloque. La conserver ouverte, y compris à la confrontation, est source de bonne santé et d'inventivité.

    Il nous en faut...

  30. boris dit :

    Un débat de qualité entre Khan et Jean-Luc Mélenchon durant le forum de libé à Rennes : TVR 35 Bretagne. Après son passage à arrêt sur image en compagnie de Todd, Jean-Luc Mélenchon a pu une nouvelle fois développer ses arguments tranquillement sans être constamment interrompu comme c'est le cas lors de ses passages à la tv. Une parole qui me semble être de plus en plus écoutée et respectée. Vive le FdG...

  31. Je ne voudrais pas paraître prétentieux, mais je n'ai pas besoin de Monsieur Todd pour penser par moi même et me faire ma propre opinion. Que toutes ses analyses débouchent sur une apologie de l'"altenance bidon" - gauche molle/droite dure - démontre qu'il n'y a rien à attendre de "ces gens là", qui pourtant se croient au-dessus des autres. Des homo sapiens en quelque sorte parlant avec un complexe de supériorité injustifié, aux néandertaliens que nous sommes.
    J'ai toujours été persuadé de la stupidité de la théorie du choc des civilisations qui, pour moi, est avant tout le choc des imbéciles. Et je n'ai pas eu besoin de Monsieur Todd pour être convaincu, qu' au-delà des différences superficielles entre les hommes, existent une même aspiration universelle à la dignité. Ce qui explique que partout, sur n'importe quel continent, y compris là où on s'y attend le moins, des révoltes pour la dignité et donc la démocratie et les libertés puissent éclater à tout moment.

  32. Jean-François GODARD dit :

    Quelle bonne idée d'"Arrêt sur images", d'avoir organisé cette rencontre Jean-Luc Mélenchon et E Todd. J'en ai d'autres : avec Paul Jorion, Hervé Kempf, Frédéric Lordon et pourquoi pas Naomie Klein, Pierre Rahbi, tous les empécheurs d'oligarcher en rond. Plusieurs fois j'ai cité E Todd sur ce blog.
    De lire de vous Jean-Luc Mélenchon "En tous cas, cela ne m’empêche pas d’avoir besoin de Todd pour penser plus juste." " J’ai pour lui une admiration intellectuelle très forte. Ses livres sont des moments d’étape dans l’évolution de ma réflexion politique."
    Ecrire cela malgré certains "gugusse" et autres "esprit brouillon ", chapeau bas Jean-Luc Mélenchon, la classe à l'état pur. Je relis actuellement la biographie de Marie Curie. Je ne fais du passéïsme, mais nous serons d'accord, qu'à une époque d'élite oligarchique totalement guidée par sa cupidité (1 des 7 pêchés capitaux, capiteux ? non capitaux au sens €€€ ou $$$ ou £££), nous avons bien besoin d'une élite nourrie d'une autre morale (Pierre Curie a refusé la Légion d'Honneur, ils ont refusé de breveter leur procédé d'obtention du radium: "La science ne nous appartient pas"). Votre attitude est de cette nature.

    " Ses livres sont des moments d’étape dans l’évolution de ma réflexion politique."
    Exactement la même chose pour moi! Dans l'ordre de mes lectures:
    Après l'empire, Essai sur la décomposition du système américain, 2002: voir si clair dans l'état de délitement des US, aurait-il eu la même clairvoyance dans le passé ?
    La Chute finale, 1976: quelle méthode! un peu plus lourd que le précédent mais c'est un ouvrage de jeunesse (26 ans). et vu 13 années avant 1989 !
    L'Illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées, 1998: deux points importants, la "pensée 0" de nos élitogarchies (en particulier le PS, désolé Jean-Luc Mélenchon, vous y étiez encore mais quel départ salutaire pour nous!) et sans en être je...

  33. Julien Laval dit :

    Le débat Mélenchon/Todd est un débat nécessaire dans la mesure où ce sont des gens qui ont une vraie vision du monde. Quand aux personnes ici qui sont dubitatives, méfiantes ou vindicatives à l'égard d'un personnage comme Emmanuel Todd, qu'elles n'oublient pas qu'il ne s'agit pas d'un homme politique. C'est un historien et un compilateur, un analyste consciencieux du réel à une échelle qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans la sphère sociale. Ce qui n'empêche pas l'homme d'avoir des convictions avec lesquelles on peut ne pas être d'accord. L'avenir nous dira s'il avait raison.

  34. Gilbert La Porte dit :

    Bienvenue à La Réunion.
    Je serai dans la foule pour cette rencontre à La Possession.
    Mais je suis dubitatif sur la qualificatif "Président de gauche" que vous affublez à Paul Vergez. Prenez le temps d'écouter les représentants du Front de Gauche qui ne voit pas d'un très bon oeil votre phagocytage par Vergez. Il est surement un homme politique de grande envergure, mais de gauche, cela reste à démontrer et à observer de très près avec les alliances très contre-nature qu'il a nouées avec un certain Thien-Ah-Koun, seul maire de La Réunion à avoir accueilli Le Pen père avec les honneurs de la République, et qui n'a pas hésité à lancer les 4 x 4 de ses nervis contre une manifestation de femmes menée par Huguette Bello, véritable femme de gauche, elle.
    Cela me déconcerterait beaucoup de vous voir manipulé par certains dirigeants de ce PCR là.
    Ne me décevez pas, ne décevez pas les vrais militants de gauche de La Réunion.

  35. citoyenne21 dit :

    Jean-François GODARD (33)
    "Ecrire cela malgré certains "gugusse" et autres "esprit brouillon ", chapeau bas Jean-Luc Mélenchon, la classe à l'état pur".

    Vous avez parfaitement résumé ma motivation quant à mon soutien pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon ! voilà quelqu'un qui, grâce à ses nombreuses qualités, nous donne l'occasion d'assister à des débats passionnants, et offre aux citoyens éduqués que nous sommes, une qualité de réflexion tout à fait salutaire ! Je trouve cela très révélatrice dans le bon sens, porteuse et saine l'attitude de Jean-Luc Mélenchon consistant à avouer son admiration vis à vis d'un intellectuel comme Todd, dans ce cas de figure ! Cela démontre que contrairement à ce que claironnent certains pour semer la zizanie, Jean-Luc Mélenchon est tout à fait capable d'ouverture et n'est certainement pas aveuglément guidé que par ses seules convictions. C'est extrêmement positif ! Que le bec piaffant des langues putréfiées soit cloué sur le champs.

  36. Jake dit :

    Todd est un intellectuel brillant pas n'a pas le courage de ses opinions. C'est en fait un petit bourgeois attaché à ses privilèges et qui ne veut surtout pas que les choses changent. Rééduquer nos élites ! Et pourquoi pas réhabiliter la royauté pendant qu'on y est !
    Concernant Elite et oligarchie, nous avons surtout besoin de compétences, et à tous les niveaux. Je suis contre la notion d'élite qui pour moi signifie être au dessus des autres. Les gens compétents mettent leur savoir-faire au service des autres et sont reconnus par les autres pour leur compétence. Et cette compétence, on peut la développer de l'ouvrier au ministre.

  37. Louis st O dit :

    Contradiction quand tu nous tiens.
    le Gros problème d’E Tood c’est qu’il critique les dirigeants socialistes et tous les dirigeants en général, en disant qu’il ne sont pas à la hauteur, mais il ne les met pas en cause, il veut les garder.
    Il critique le capitalisme tel qu’il est, mais dit qu’il faut continuer dans cette voie.

    On comprend sa position, si, comme il dit, il n’y a qu’eux qu’il peuvent diriger un pays et que même si il critique la mondialisation il dit qu’il n’y à pas d’autres solutions.
    Conclusion :
    On ne peut pas changer nos gouvernants, il n’y a qu’eux qui en ont la capacité.
    Cela ne peut être le peuple « une bande de gueux comme nous » qui pouvons avoir le moindre pouvoir.
    On dehors du « néo » capitalisme et de la mondialisation, il n’y a que le communisme et son goulag. Donc il faut continuer dans cette voie.
    Après avoir lu son livre, « après la démocratie » j’attendais de lui un homme un peu plus ouvert, comme un chercheur qui est prêt â bifurquer, quand il pense qu’il s’est trompé, pour sortir de l’impasse dont il se trouve. Non !
    Il donne l’impression de quelqu’un qui à peur du changement, Il faut que rien ne bouge.
    Nous avions eu les « diables de confort » avec E Tood on a une autre version « Diable ! Quel confort » surtout ne changez rien.

  38. toto dit :

    Dans Arrêt sur Images on n'attendait rien de moins et rien de plus de la part d'Emmanuel Todd ou de Jean-Luc Mélenchon. Par contre la journaliste Judith Bernard a plaisamment joué sa partition sans agressivité et avec humour ce qui ne gâte rien. Climat apaisé, on en redemande.

  39. Gombal dit :

    @ micmousse, pour rebondir sur les vérités qui sortent de la bouche des incultes :
    Comme dirait mon copain qui n'a pas fait d"études : "Todd n'est rien d'autre qu'un gland qui se la péte,...
    Vous aussi vous avez ce genre de copains. Pourtant... Emmanuel Todd, politologue, démographe, historien, sociologue, essayiste et j'en passe... pourtant je l'avoue, de sa fiche wiki, je n'ai retenu qu'une chose : il a appelé son fils ainé David, (David, comme le roi... faut tt de mm se la péter grave, non ?...mébon...). C'est dans ces moments où je ressens mon appartenance à la société de l'arbre à singes. Là où la position dans l'arbre détermine le" point de vue". Les singes qui sont en haut regardent en bas et voient des singes qui sourient... les singes qui sont en bas regardent en haut et voient des trous d'uc.

  40. Roland011 dit :

    32 Jean Louis CHARPAL
    « Je ne voudrais pas paraître prétentieux, mais je n'ai pas besoin de Monsieur Todd pour penser par moi même et me faire ma propre opinion. »

    « Penser par moi-même » quel stupidité rabâchée en boucle par tous les bords !
    Comme si nous avions la possibilité de tout inventer et créer ou recréer ! Non et non, nous ne sommes que le produit des siècles d’histoire, de pensée qui nous ont précédé (sur les épaules des anciens), plus notre vécu d’éducation (scolaire) mais aussi de notre environnement familiale, de travail, de la société dans laquelle nous vivons et évoluons, média environnement etc., que cela nous plaise ou non, l’influence des autres et forcement présente. Donc oui, nous avons besoin de cette diversité d’opinion, d’analyse etc. Rien ne vient spontanément.

    Pour mon compte j’aime mieux : « Nous pensons avec et par les autres » et ensuite seulement je tente de me forger mon opinion (quel que soit le sujet) et je revendique le droit de me tromper et de modifier mon avis en fonction de mes connaissances qui évolues au fil du temps.

    Cordialement

  41. komorowski dit :

    Programme économique du FN et Alexis Corbière.
    Il faut cesser de se voiler la face la société française a beaucoup évolué : les soutiens du FN ne sont plus chez les petits commerçants (en voie de disparition) et les PME qui préfèrent Sarko ou DSK mais chez les petits blancs et même chez les antillais vivants en France et même... J'arrête la liste car on va y trouver tout le monde sauf nous. Le programme du FN est flou car les vieux que tu décris y sont encore bien présents dans ces petites sphères dirigeantes mais son chemin c'est le national socialisme au sens étymologique des mots et là c'est un vrai défi et c'est pas les élections finlandaises où un parti de ce tonneau vient de multiplier par cinq ses voix et par huit ses élus qui vont me démentir malgré toutes les analyses savantes. L'Europe des oligarques et des puissants accélèrent le phénomène et la gauche semble impuissante collée dans ses vérités révélées ou dans ses trahisons sociales comme la social démocratie. Finalement, si nous devons choisir entre DSK et la Marine, qu'est-ce qui est pire à terme ?
    Par lâcheté sans doute j'oublierai de choisir pour garder ma conscience mais cela n'arrêtera pas la lame de fond !

  42. François dit :

    C'est curieux qu'Emmanuel Todd ait dit que les coopératives de production ne marchaient pas, il ne doit pas connaître les Scop (voir le site) dont voici pourtant un exemple très connu : voir le site ECF et il y en a d'autres...

  43. Descartes dit :

    @jean ai marre (#24)

    Je partage l'opinion de JL Mélenchon : "M’attribuer un rejet des « élites » en général, c’est méconnaitre le cœur de mon optimisme politique. Je crois qu’une autre société peut naitre précisément parce que la masse de notre peuple est éduquée, qualifiée et dispose en son sein d’une élite technique extrêmement nombreuse"

    Moi aussi. Mais ce qui m'embête, c'est que Jean-Luc ne met pas cette opinion en pratique. S'il juge les élites si nécessaires à la naissance d'une nouvelle société, qu'est-ce qu'il attend pour associer ces "élites techniques" à son travail politique ? Pourquoi maintenir l'illusion d'un "programme partagé" fabriqué "les citoyens eux mêmes" ?

    Tu peux imaginer que pour moi, qui ai défendu ici et ailleurs l'idée qu'il faut réfléchir sérieusement sur le rôle des "élites techniques" (que j'avais appelé "experts" ou "gens qui savent", pour ne pas exciter le réflexe anti-élite de certains) dans le changement social, le fait que Jean-Luc s'attaque à ce problème est une grande satisfaction. Mais cela étant dit, il faut aller jusqu'au bout de la réflexion. Cantonner les élites à "suivre et non précéder" est une absurdité: les élites artistiques doivent elles suivre le goût du peuple ou le précéder ? C'est au nom du "suivisme" qu'on aboutit à l'assassinat dans les années 1920 de l'abstraction et du constructivisme russe pour leur substituer le "réalisme socialiste".

    L'interaction entre les élites et le peuple ne peut pas se réduire à une vision mécanique. Leur rapport est dialectique. A certains moments et sur certains sujets, l'élite précède et même décide. On ne fera jamais de référendum pour dire aux chirurgiens quelle technique ils doivent utiliser dans une opération. Todd a raison lorsqu'il dit que "le projet protectionniste européen ou la sortie de l’euro ne peuvent, dans le contexte français, être gérés que par des gens sortis des grandes écoles". Mieux vaut l'admettre.

  44. Marcailloux dit :

    36 citoyenne21 dit:
    Jean-Luc Mélenchon est tout à fait capable d'ouverture et n'est certainement pas aveuglément guidé que par ses seules convictions. C'est extrêmement positif ! Que le bec piaffant des langues putréfiées soit cloué sur le champs.
    Je partage tout à fait les deux premières phrases, à condition toutefois qu’il ne s’agisse pas là d’une compréhensible attitude tactique pour ne pas se mettre à dos un intellectuel écouté.
    Pour ce qui est de la dernière phrase, à moins de la classer dans la catégorie « poésie surréaliste », je n’ y comprend rien. Ou faudrait - il la considérer comme "extrêmement négative" de votre part ?.
    Éclairez SVP, merci

  45. @Roland011
    Je ne suis pas aussi "stupide" que vous le pensez, puisque je suis entièrement d'accord avec vous (si tant est que ce soit un critère). Je ne crois pas, évidemment, qu'il faut penser à partir de rien. Par contre, ce que je n'accepte pas chez Todd, c'est sa conception méprisante et l'escamotage du peuple. Il se comporte en mandarin, en promoteur d'une nomenklatura de la pensée qui n'est pas acceptable dans une République démocratique où le citoyen, d'après moi, a non seulement le droit, mais le devoir de se faire son opinion. Un citoyen pour moi a trois fonctions : observer, critiquer, proposer. Mieux il sera éduqué et mieux il accomplira sa tâche de citoyen. Or, monsieur Todd veut conserver pour lui seul et pour sa caste cette prérogative citoyenne et considère que seuls les politiciens en place sont capables d'améliorer les choses, alors que ça fait 35 ans qu'ils se trompent dans toutes les démocraties. Monsieur Todd est utile cependant : il indique une voie dans laquelle il ne faut pas aller. En ce sens, et je vous rejoins "dialectiquement" même si nous en sommes pas d'accord sur le personnage, il aide à la formation de mon opinion.

  46. Jake dit :

    @ 47 Jean Louis CHARPAL
    ... alors que ça fait 35 ans qu'ils se trompent dans toutes les démocraties

    Pas tout à fait d'accord là-dessus. Malheureusement, ils ne se trompent pas. Ils nous trompent. Ils disent qu'ils vont faire notre bien alors que leur seule préoccupation est de faire le leur. Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent et à ce jeu ils sont très forts pour nous en faire.
    Hier encore... Bertrand + Baroin: une prime minimum de 1000 € par salarié... aujourd'hui Lagarde... Ce ne peut être qu'un maximum et qui donnera des exonérations de charges au patronat. Ouf, nous sommes rassurés, ce ne sont pas les riches qui verront leur dividendes baisser, mais l'impôt qui paiera.

  47. citoyenne21 dit :

    A Marcailloux (45) : oui il faut voir cette phrase plutôt comme une ciselure de l'esprit (le peuple éduqué sait aussi manier notre belle langue française alors pourquoi il se priverait d'en user) et placé là un peu comme une provocation certes, envers certaines langues vénéneuses....

  48. Gombald dit :

    A 41 -Roland 011 qui faisait la leçon :à (32) Jean Louis CHARPAL qui s'avançait ainsi :
    « Je ne voudrais pas paraître prétentieux, mais je n'ai pas besoin de Monsieur Todd pour penser par moi même et me faire ma propre opinion. »
    Qui a suggéré à Roland une volée de poncifs :
    « Penser par moi-même » quel stupidité rabâchée en boucle par tous les bords !
    Comme si nous avions la possibilité de tout inventer et créer ou recréer ! Non et non, nous ne sommes que le produit des siècles d’histoire, de pensée qui nous ont précédé (sur les épaules des anciens),

    Monsieur Charpal ne faisait-il pas (plus simplement) allusion à "penser par soi même" par rapport à la fabrique de "l'opinion" ?
    Cet "opinion" trop souvent incarnée par quelques " intellectuels auto-proclamés" qui monopolisent le porte voix médiatique et se font la courte échelle pour parler par-dessus la "pensée vulgaire" du peuple".
    Alors, après tant de rinçages d'oreilles,on peut comprendre que l'on ait envie de se rassurer en vérifiant que l'on à garder la faculté de "penser par soi-même". Comme celui qui ne dit rien mais n'en pense pas moins.

  49. Marcailloux dit :

    @ Jean Louis CHARPAL, #32
    nous ne sommes que le produit des siècles d’histoire, de pensée qui nous ont précédé
    Entièrement d’accord avec ce que vous écrivez, et j’en profite pour « pousser le bouchon » un peu plus loin.
    Ce sont des millions d’années d’évolution qui font que nous sommes ce que nous sommes, et la résultante se traduit par nos réactions spontanées, déterminées par la « zone reptilienne » de notre cerveau, avec ce que cela peut engendrer de valeurs dans notre conscient et notre subconscient. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec
    « rien ne vient spontanément ». Les réflexes d’égoïsme, les pulsions de violence, le besoin d’accaparer, etc …..
    Ce sont nos organisation à partir du néolithique qui nous ont peu à peu doté de raisonnement et de règles sociales pour progresser et nous protéger. Mais les instincts profonds subsistent et réapparaissent spontanément, que cela nous déplaise ou non.
    C’est pourquoi, nous tentons de forger, comme vous le dites, notre opinion, mais il faut être conscient de son évanescence potentielle, de l’intemporalité des valeurs humaines face à la temporalité des circonstances.
    Ou alors comment pourrez vous expliquez les cataclysmes de civilisation que le 20ème siècle nous a imposé.
    Rêver d’une civilisation où les hommes ne seraient plus ce qu’ils sont véritablement est une utopie absolue. C’est renoncer implicitement à changer le réel, aujourd’hui même. Kant, il me semble, disait que l’homme est un loup pour l’homme, eh bien c’est vrai et c’est pourquoi il faut sans cesse chercher à lui raboter les crocs ou lui mettre une muselière.
    Bonne journée dans la jungle !


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