03jan 12

Interview à l'AFP

Bilan de Sarkozy, programme du Front de Gauche, lutte contre le FN

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Quel bilan faites-vous du mandat de Nicolas Sarkozy?
Jean-Luc Mélenchon. Sa victoire en 2007 n'était pas seulement la déroute de la gauche organisée autour du PS.  C'était un changement d'époque. Ca y est, il y avait le Thatchter  français qui allait affronter l'Etat social né de la Libération! Et puis  cet homme a été fauché par quelque chose à quoi il ne s'attendait pas :  l'heure a sonné dans le monde de la fin du système libéral. Dès lors,  ses voeux du premier janvier sont la récitation d'un catéchisme libéral  crépusculaire. Maintenant il veut même démanteler la protection sociale  avec la TVA soi-disant sociale. Nicolas Sarkozy est le premier démolisseur de France. Aucun changement de cap ne peut venir de lui.

Face à la crise de la dette, quelles mesures préconisez-vous?
Jean-Luc Mélenchon. Il faut trancher le noeud gordien, éteindre l'incendie. L'urgence c'est que la BCE  prête directement aux Etats à 1%. Puis il faut briser les mécanismes  spéculatifs. Et aussitôt il faut une harmonisation sociale et fiscale  par le haut en Europe. Sinon où va-t-on ? Mauvais traitement des  ouvriers, recul de l'Etat social, résultat : on vit déjà moins longtemps  dans certains pays d'Europe dont l'Allemagne. Tout ça pour, à la fin,  dire sa fierté "j'ai mon triple A, je suis une bonne andouillette de  qualité" !

Quels sont vos thèmes de campagne?
Jean-Luc Mélenchon. L'idée centrale est le refus des politiques d'austérité et de l'Europe  +austéritaire+ qui est une vis sans fin. On ne sortira de la crise que  par la relance de l'activité. D'abord avec un horizon commun de progrès : la planification écologique. Ensuite avec une méthode : le partage des  richesses en taxant les revenus du capital comme ceux du travail. Il  faut aussi des mécanismes vertueux dans l'entreprise, comme  l'instauration d'un salaire maximum. Ma campagne s'inscrit dans une  perspective de longue durée, celle de la révolution citoyenne, avec deux  mots d'ordre : "résistez" et "prenez le pouvoir".

Est-ce crédible de proposer un Smic à 1.700 euros en temps de crise?
Jean-Luc Mélenchon. Augmenter le Smic, c'est la gauche! Comment vivre avec mille euros ?  C'est le cri d'alarme que je lance : si la gauche ce n'est pas la  retraite à 60 ans, l'augmentation des petits salaires et plus de  démocratie, c'est quoi au juste? Je suis le candidat de la gauche  traditionnelle. Je suis autant le candidat des électeurs socialistes que  François Hollande et, à certains égards, davantage. Je rappelle aussi à ceux qui se veulent les héritiers de François Mitterrand qu'en 1981, on a augmenté très fortement le Smic. Quand on a un coeur et une tête socialistes, on est plus proches de Mélenchon que de Hollande, ils sont nombreux à me le dire. Il veut donner un sens à la rigueur, je veux donner un sens à la gauche.

Finalement, ça vous arrange de l'avoir comme concurrent ?
Jean-Luc Mélenchon. Sa ligne tournée vers Bayrou et les politiques centristes affaiblit  toute la gauche. Quand le candidat de gauche qui est à 30% dans les  sondages pense qu'il faut de l'austérité comme le candidat de droite,  tous les repères sont brouillés et pour nous le travail est plus  difficile. L'arme de conviction massive des chefs socialistes c'est le  trouillomètre du vote utile. Mais cette élection est d'une volatilité  inouïe. Ceux qui rejettent tout le système n'ont jamais été aussi  nombreux. En toute hypothèse, déjà, il n'y pas de victoire de gauche  possible sans le Front de gauche.

En cas de victoire de la gauche, le Front de gauche, PCF en tête, finira bien par conclure un accord avec le PS ?
Jean-Luc Mélenchon. Les partis du Front de gauche  se prononceront puis je m'exprimerai le dernier. A titre personnel je  le répète, je ne siègerai dans aucun autre gouvernement que celui que je  dirigerai. Et je préviens : aucun accord d'appareil d'aucune sorte ne  pourra tordre le bras des Français.

Comment comptez-vous lutter contre Marine Le Pen ?
Jean-Luc Mélenchon. Le Front de gauche  est la première force sur le terrain, avec une campagne d'implication  et d'éducation populaire. La vérité est que le gros des milieux ouvriers  de droite est passé au FN. Les ouvriers UMP ont suivi les idées de  leurs chefs en quelque sorte. Pour nous le plus pénible est de se  heurter au mur de consentement dont est entouré Mme Le Pen dans la  sphère médiatique. Là elle est autoproclamée représentante des  préoccupations des travailleurs! Pourquoi? Alors qu'elle est contre  l'augmentation du Smic, la retraite à 60 ans, le blocage des loyers et  le pôle public financier! Les Le Pen restent les diables de confort du  système!

Propos recueillis par Julie DUCOURAU.



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