12avr 10

Une semaine après avoir fait le tour du web avec votre « engueulade », que tirez-vous de cette histoire?
C’est effrayant de voir une telle meute qui part d'une prise de bec dans la rue et qui en huit jours fait plus de passage sur mon nom qu'en dix ans de livres écrits, de meetings… C'est une manipulation ! Ce sont des images volées.

Mais pourquoi avoir parlé "des journalistes" en en faisant une généralité?
Les mots d’une prise de bec ne sont pas pesés au trébuchet. Les médiacrates eux ne se gênent pas pour mettre en cause « les politiques ». Ils le font sciemment, eux.

Les élus PG ne participent pas aux exécutifs régionaux et, en Ile-de-France, ils ne siègent même pas dans le groupe communiste. Les stratégies du PG et du PCF ne sont-elles pas divergentes?
Ce serait stupéfiant de ne pas avoir de divergences ! Le PG est un petit parti et cela nous rend sous doute plus intraitable. On avait dit: « Nous irons dans les exécutifs si un certain nombre de conditions sont remplies ». Ici, ce n'était pas le cas. Les situations sont différentes selon les régions. Les dirigeants communistes, surtout en Ile-de-France, doivent renoncer à penser qu’il leur suffit de décider pour que nous les suivions. Nous ne demandons pas l’inverse, non plus. Problème: celui qui menait la liste (Pierre Laurent, ndlr) va devenir le premier responsable du PCF. Il n’a pas su surmonter les difficultés ni faire les gestes nécessaires. Mais au-delà de ces difficultés, nous sommes en phase sur l’essentiel.

La « gauche solidaire » proposée par Martine Aubry, ça vous intéresse ?
Si ça veut dire qu'on est solidaire pour battre la droite, d'accord. Si ça veut dire que nous sommes solidaires d'un programme de gouvernement établi par le PS et amendé par ses satellites, c’est non ! La photo d'entre-deux tours où l'on ressuscitait la gauche plurielle était factice. De quel côté est-on? Du côté de la sociale-démocratie européenne qui est le caniche du capitalisme financier ou du côté de la rupture sociale et écologique ?

Comme le NPA, vous dîtes qu'il y a deux gauches qu'on ne peut pas « marier »?
Non. Cela voudrait dire qu'on renonce à convaincre ! Si on applique la ligne de Besancenot, on amène la gauche à une division mortelle.

Comment voyez-vous la poursuite du Front de gauche?
C’est une réussite inouïe en Europe. On peut donc accélérer la marche. Le Front de gauche doit chercher un double ancrage : chez les travailleurs et parmi les intellectuels. Il faut se préparer à gouverner avec une implication populaire forte. Il faut donc transformer le Front de gauche en un fait de société et ne pas en rester à un cartel électoral. Je propose la mise en place d'une assemblée permanente du Front de gauche qui pourrait compter 100 à 200 membres, de milieux politiques, associatifs, culturels, intellectuels… Rassembler ainsi le « pôle de la révolution citoyenne » axée sur le partage des richesses, la refondation républicaine, la sortie du Traité de Lisbonne et la planification écologique.

Le PCF parle de « Front populaire du XXIe siècle ». Vous adhérez?
Je n'ai pas d'hostilité de principe. L'expression a un côté vieillot. Et ça ne dit pas qui le dirige. Je préfère parler de gouvernement du Front de gauche. Ca c’est clair.

Vous avez proposé un « paquet trois élections » – cantonales, présidentielle, législatives – aux communistes mais ils n'en veulent pas.
A présent, le paquet précède le projet. Si nous ne sommes pas capables de présenter un candidat commun à l'élection présidentielle cela veut dire que n'avons pas de vrai projet commun pour gouverner. Cette candidature ne peut être crédible qu’en se construisant des cantonales aux législatives.

Ne craignent-ils pas, en cas de candidature de votre part, de ne pas être représenté à la présidentielle…
Pourquoi ont-ils peur de cela? Le PCF est co-fondateur du Front de gauche. Ce label le représente, tout comme nous. Quant au mythe de la personnalité consensuelle, quel aveu d’échec ce serait ! Ce n'est pas avec une personnalité associative ou syndicale sortie du chapeau qu'on va pouvoir crédibiliser une révolution citoyenne ! Le candidat doit être aguerri à la lutte politique. Le PCF et le PG doivent proposer ensemble une candidature aux militants du Front de gauche qui diront s'ils l'acceptent ou non.

Et ce candidat vous aimeriez l'incarner?
Je m'en sens capable. Mais je refuse d'entrer dans les habits de l’homme providentiel, un rôle de statue de bronze. Quelle prison ! Quel poison ! Pour autant, arrêtons de flinguer une personne dès qu'elle semble se distinguer. Je suis prêt à être utile. Dans la crise, c'est l'heure des personnes qui ont du caractère, pas des « fromages pasteurisés » ou des « poissons lyophilisés ».


4 commentaires à “L’apprenti journaliste, le Front de Gauche et le « paquet électoral »”
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  1. Henri-Georges NATON dit :

    Attention au danger du concours de beauté de 2012. Ne faudrait il pas rechercher un candidat de la VIe République, c'est à dire quelqu'un qui se présenterait avec la promesse d'organiser le passage à la VIe Republique avec sa démission promise. Ce programme pourrait rassembler bien au delà du Front de Gauche, je pense par exemple à Europe Écologie. Imaginez un candidat unique de tous ceux qui souhaitent tourner la page de la pseudo-monarchie qu'est la Ve République...

    Fraternellement

  2. counch dit :

    Je suis complètement d'accord avec Henri-Georges! Cette présidentielle nous bouffe par petits morceaux et finira par nous faire disparaitre entièrement.... Vite une VIeme république parlementaire et proportionnelle. Bien chiante sur la forme...Mais tellement plus efficace sur le fond.... Vive la Démocratie!

  3. Darthé-Payan dit :

    @Jean-Luc Mélenchon

    Oui ta candidature peut-être salvatrice pour la gauche mais également pour les institutions républicaines du pays.

    Un jour il faudra bien à finir avec l'élection présidentielle au suffrage universel direct et aussi avec l'élection présidentielle tout court. Ne pas remplacer le régime présidentiel ou semi présidentiel actuel par un régime primoministériel car le pouvoir personnel s'exercera encore et toujours (regarde en Allemagne où tout tourne autour de l'élection du Chancelier, au Royaume uni autour du 1er ministre, idem en Italie ou en Espagne.

    Je suis pour un exécutif collègial (un comité de la république de 5 membres élus par le parlement). Ce comité nomme un premier ministre et le collège gouvernemental (le comité de la république et le collège gouvernemental constituent le conseil de la république). Le premier ministre et le collège gouvernemental reçoivent l'investiture par le parlement dans le cadre d'un vote de contrat de législature. Le parlement dans ce nouveau système institutionnel est prééminent. Le citoyen pourra avoir la possibilité d'améliorer ou de changer les lois dans le cadre d'ateliers civiques réunis au niveau circonscription et commune.

    Pourquoi ne pas créer des cercles civiques ou politiques, citoyens, syndicalistes, associatifs, intellectuels se retrouveraient et lanceraient les bases d'un processus constituant et républicain?

  4. Patrick dit :

    @Henri-Georges Naton et @crounch
    Salut les gars, je suis d'accord avec vous mais je tiens à apporter deux réflexions à ce que tous les deux vous dites. Primo, certes il faut que l'on présente un candidat pour qu'on passe à une 6ème République mais à un moment donné, il faudra choisir ce candidat et pour moi, comme pour d'ailleurs à mon avis, c'est Jean-Luc qui doit l'être. Segundo, je ne pense pas que l'on puisse avoir de candidat commun pour 2012 avec Europe et Ecologie car : ils sont je pense bien différents de nous (n'oublions pas les différences et divergences entre eux et Les Verts) ; de plus, eux comme nous chercheront à se compter, à continuer dans leur lancée et ce n'est pas par une candidature commune Europe Ecologie/Front de Gauche (dans une optique d'élargissement du FdG) qui pourra être profitable à eux, comme à nous.


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