24sept 09

Comme c’est le G20 qui tient le haut du pavé de l’actualité à propos de la façon de sortir de la crise, j’en parle. Juste pour rappeler de qui on parle.

Le G20 est en soi un abus de pouvoir. Pourquoi vingt pays décideraient-ils ce qui est bon pour la planète ? Qui leur donne le pouvoir de parler et de décider de mesures qui s’appliqueront à 192 nations ? Surtout quand le club est constitué sur la base du seul critère de la richesse de ses membres ! Car on ne doit jamais oublier que c’est justement l’accumulation de cette richesse chez certains qui est le problème de tous les autres ! «Oui mais, diront comme d’habitude les prétendus «modérés» partisans de la politique des petits pas : c’est mieux que rien». Ah mais, voila l’inadmissible ! Car il existe une institution représentative de toutes les nations, c’est l’ONU ! Elle dispose même d’un organe dédié aux problèmes du développement et du commerce. C’est la CNUCED (Conférence des nations unies pour le commerce et le développement). Et si par improbable les puissants s’en souciaient, rappelons que l’ONU dispose aussi d’un organe nommé programme des nations unis pour le développement (PNUD) qui a produit un indicateur de développement humain (IDH). Si imparfaits que soient ces organes et leurs instruments, est-ce que la crise écologique et la crise financière en cours ne serait pas le bon moment pour les faire vivre, amender leur fonctionnement, développer leurs méthodes de travail ? Eux sont réellement représentatifs de toute l’humanité ! Par contre, le G20 est un abus de pouvoir des tous puissants. Déjà il a une lourde hérédité. Il est enfant du G8. Quand il est devenu évident que le G8 était un cénacle trop ostentatoirement étroit, un club de très riches trop visibles, le G20 a surgi. En 2008. A Washington, bien sûr. La très discrète ancienne conférence des ministres des finances des 20 premières nations a muté pour devenir ce forum splendide que l’on voit à présent. Cela prouve au moins qu’il est possible de changer du jour au lendemain le statut d’un instrument politique. Ce que j’ai dit à l’instant de la CNUCED et du PNUD n’en est que mieux démontré. Le G20 totalise 90 % de la richesse mondiale pour seulement 65 % de la population mondiale. Les chiffres soulignent la brutalité du procédé qu’incarne cette réunion. 10,5 % des pays du monde décident pour les 89,5 % de pays restants. Et ces presque 90 % de pays tenus à l’ écart de la table des très grands ne disposent que de 15 % de la richesse mondiale. Pourtant ils représentent 35 % de la population mondiale !

TOUJOURS TRES SELECT
On aurait tort de croire que les heureux invités à la jolie table des puissants sont de ce seul fait aussitôt traités en partenaires égaux en droits. Pas du tout. Dans le G20, le G8 fait la loi. Certes, ce n’est là qu’une façon de dire les choses. De lois il n’y aura jamais venant de là. Seulement celle du silence. Il y a ce dont on peut parler et ce qui est tabou. Pour le reste rien ne peut aller plus loin que les déclarations d’intentions. Lesquelles sont immédiatement bornées par la réalité institutionnelle du monde tel qu’il est. Car, si l’on veut bien s’en souvenir, le G20 ne dispose d’aucun organe capable de produire des lois où des règlements. Les parties prenantes peuvent donc juste prendre des engagements généraux. Ceux-ci ne trouvent de réalisations concrètes que si les gouvernements font des propositions à leurs parlements. Et ces derniers ne peuvent légiférer que si les traités internationaux qui les engagent par ailleurs le permettent. Ce qui ne se modifie pas par un communiqué de presse, même à vingt ! Suivez mon regard. Exemple. Si par hasard le G20 acceptait l’idée d’une taxe carbone aux frontières des grands ensemble économique du type de celle que prétend vouloir Nicolas Sarkozy, il faut alors savoir que le traité de Lisbonne l’interdit. Par conséquent il ne reste au G20 en matière économique qu’un instrument direct, le Fond monétaire international (FMI). D’ailleurs la seule mesure concrète et directement applicable du précédent G20 fut précisément de donner au FMI un budget et une mission pour huiler le système financier international. On se souvient que d’heure en heure, sans qu’on sache d'où sortaient en réalité les dites sommes, ce furent cinq mille milliards de dollars dont on parla. Personne aujourd’hui ne réclame le moindre bilan à ce sujet. Ainsi va la vie médiatique.
LA MAUVAISE REPUTATION
A l’époque, le FMI était si sulfureux et mal vu du monde entier qu’on parla de le réformer pour qu’il change ses façons de faire et ses conditions de prêt. On lui demandait aussi de remplir le rôle de surveillant de la finance mondiale  après qu’il n’ait si lamentablement rien vu arriver avec la crise du système financier. Vous aviez oublié tout cela ? Lisez vos journaux du jour. Ecoutez la télé et la radio. Je suis sur que tout cela s’y trouve. Car je crois bien que tout le monde comprend la sale passe dans laquelle est engagée l’humanité. Ca vaut donc la peine de traiter ces sujets avec sérieux et sens des responsabilités. Personne ne songerait a réduire toutes ces importantes réunions où se jouent le sort du monde a un spectacle politicien. Non personne. Donc faisons le bilan de cette réforme du FMI depuis qu’elle a été décidée.
LA (GRANDE) REFORME DU FMI
Le pouvoir au sein du FMI dépend du nombre de quotes parts de chaque pays (185 pays sont membres). Ces parts fixent le pouvoir de vote de chacun. Les Etats-Unis détiennent le plus gros paquet de quotes parts et ils ont donc plus de 16,77 % des droits de votes. Ils sont de ce seul fait le seul pays à disposer à lui seul d’une minorité de blocage. En effet les décisions ne peuvent être prises  qu’avec une majorité de 85 % des suffrages. C'est-à-dire qu’aucune décision ne peut être prise par le FMI sans l’aval des Etats-Unis. Après cela il faut savoir qu’à eux seuls les 5 pays du FMI, Etats-Unis, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni détiennent 38 % des droits de votes. C’est cela l’incroyable qui avait fait réagir lors du précédent sommet du G20 et obligé à annoncer une réforme.. En effet les géants démographiques et économiques du Sud sont des nains au FMI. Et cela alors même que c’est d’eux pour une très large part que dépend la sortie de crise dans la logique du système actuel. Voici les quotes part et droit de vote du bloc émergeant. 3,66 % des droits de vote pour la Chine ! 1,89 % pour l’Inde ! 1,38 % pour le Brésil ! Dès lors la situation vire au grotesque. La Russie pèse autant que les Pays-Bas. La Chine pèse quasi autant que l’Italie. Le Brésil pèse moins que la Suisse. L’Inde pèse moins que la Belgique. L’abus de pouvoir des vieilles puissances éclate au regard. L’Italie pèse autant que le Brésil et l’Inde réunis. La France ou la Grande-Bretagne pèsent plus que tous les pays africains réunis ! Et ainsi de suite.. Le G20 s’était donc engagé la main sur le cœur à rectifier cette odieuse situation. Hurra ! Cette réforme vient d’être votée par le Fonds. Hurra ! Toute la presse en parle car cela tombe en même temps que cette nouvelle réunion du G20 ? De nombreux commentateurs s’inquiètent ? Non ? Ce n’est pas le cas ? Ah bon. Faisons donc nous même l’information, modeste blogueur que nous sommes. Apprenez que la grande réforme FMI, braves gens, ne redistribue que 1,6 % des quotes parts de droit de vote ! Rien de plus.Les pays du Nord passeraient ainsi de 59, 5 % des droits de vote à 57,9 %. Et les pays du sud, qui regroupent pourtant 80 % de la population mondiale passeraient de 40,5 % à 42,1 % des droits de vote. Magnifique, non ? Ce n’est pas tout. 
DOMINIQUE L’ETRANGLEUR FINAL
Et maintenant après la réforme des statuts voyons la réforme des pratiques. Nous n’allons pas parler de mesquineries comme la permanence du soutien du FMI aux voyous qui font de bons putsch. Donc nous laisserons de côté le fait que le FMI et son directeur social démocrate défenseur intransigeant des libertés et des droits de l’homme surtout chez ceux qu’ils n’aiment pas aient accordé cet été 163 millions de dollars de prêts au Honduras des putschistes. Non. Il faut seulement observer comment a été donné suite au principal reproche fait au Fond pour la passé. Il a été mille fois démontré en effet comment le FMI, en intervenant sur des économies asphyxiées, se comportait en fait en étrangleur final avec ses mesures de rebouteux libéraux. Ce genre d’exploits fut la spécialité d’un certain Michel Camdessus, qui fit merveille contre l’Argentine, le Mexique et quelques autres systèmes bancaires qui faillirent déjà envoyer le monde de la finance dans l’abîme du fait de ces médecines ! On connait la recette. Serrer la ceinture. Rien de tel pour finir d’anémier le malade. Ca s’appelait les politiques d’ajustement structurel. Moins d’Etat moins de fonctionnaire, moins de Services public et ainsi de suite. Plus de marché libre et non faussé. Et ainsi de suite. Dominique Strauss-Kahn prolonge cette tradition sans état d’âme. Voyez plutôt. Je commence par la Roumanie. 12 milliards lui sont accordés. Mais avec obligation de réduire le poids du secteur public et du système de retraites :« réduire la masse salariale du secteur public, de 9% du PIB actuellement à environ 6% d'ici cinq ans » a écrit le FMI. Soit l’équivalent de 150 000 postes de fonctionnaires qui seront supprimés. Autre exemple l'Ukraine : 16 milliards lui sont accordés. Avec obligation d’une plus grande discipline budgétaire grâce à la réduction des dépenses sociales, à la hausse des loyers publics et au relèvement de l’âge de la retraite. Le FMI a aussi recommandé à l’Etat ukrainien d’utiliser des recettes de privatisation pour accorder des prêts aux entreprises. On n’est jamais assez prévoyant dans ce domaine au pays de la révolution orange. Voyons la Hongrie. Contre un prêt de 20 milliards d’euros le gouvernement hongrois a gelé les salaires et supprimé le 13ème mois pour les fonctionnaires et les retraités. Encore un exemple pour faire taire ceux qui me reprochent de n’avoir aucune compassion pour les pays baltes. Voyons la malheureuse Lettonie. Elle a reçu un prêt de 7 milliards de dollars accordé conjointement par le fonds et l’UE et conjurer la mise en faillite de l’Etat pourtant délivré de l’économie socialiste qui le paralysait comme on le sait. Pour répondre aux exigences de rigueur budgétaire et de réforme économique imposées par le FMI, l’Etat letton a réduit de 35 % les salaires dans les administrations et le salaire minimum de 25 %. Faut-il nommer salaire ce qui reste ? De toute façon tout était dit depuis la fin du communisme quand la contre révolution Lettonne, en plus de voter les retraites des anciens SS, réussit à imposer un partage capital travail où, à rebours de tous les autres pays de l’ancienne Europe de l’ouest, même les plus réactionnaires, le capital prend cinquante et le travail cinquante, dix points de moins qu’en France par exemple. Bien sûr les impôts ont été bestialement augmentés pour que le peuple socialise les pertes provoquées par la merveilleuse économie libérale. Ça n’a pourtant pas suffi au FMI. La Lettonie s’est donc vu retirer une aide de 200 millions de dollars cet été. Il est vrai que l’Etat avait dépassé le seuil de 5 % de déficit public qui lui avait été imposé par le FMI ! Plus dur que Barroso, Dominique ! Le reste est à l’avenant, jusqu'à la caricature.
Ce sera tout pour cette fois-ci. Je reste pendant d’attendre le résultat de ce nouveau G20. Je ne parle pas de résultats concrets. Je parle de la taille de la bulle de communication qui va sortir de la réunion. Tout en ironisant, je ne perds pas de vue non plus qu’un affichage trop déprimant pourrait avoir aussi un impact réel tout à fait considérable. Supposez que « les marchés » repartent à la baisse, faute d’avoir eu droit à une nouvelle tournée de cadeaux. A tout instant la montagne de « papier pourri » peut connaitre une avalanche. La crise financière n’est pas finie.

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103 commentaires à “Le G20 en vain!”
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  1. 4 Août dit :

    @ Jennifer

    Ton post 98...

    Bon, tout le monde a compris que ton clavier a fourché !

  2. Pierre dit :

    @Hol-dup,
    merci pour vos petites touches incitatrices qui malheureusement ne préoccupent pas grand monde sur ce blog.
    Ils leur faut tout un G20 pour une déclaration de guerre à 3...
    Cherchez le leader-ship !
    Il y a une poutre dans l'œil de la pyramide ! Et la base est aveugle...
    @Jennifer
    Bientôt comme là-bas ici... Mais moins exotique, plus nuits et brouillards.
    Mais les affaires intérieurs des états unis ne nous regardent pas, pas plus que le coup d'état d'Obama au Honduras alors... J'hallucine moi aussi... Belle cohérence...

  3. Pierre dit :

    Nicolas Sarkozy le mentor en chef ne connaît pas les livres de Denis Robert ni "cette banque" Clearstream... Ses services ne lui ont toujours pas communiqué cette article du canard du 03/06 au sujet d'une affaire qui débute en 2002...
    C'est juste après sa traversée du désert durant laquelle il refusait encore de lire la princesse de Cléve... Et les mauvais "romans" de Denis Robert !
    Et il est pourtant déjà aux manettes le ministre d'état de l'intérieur puis de l'économie... Jusqu'où nous laisserons nous enfumer ?
    http://ladominationdumonde.blogspot.com/2006_03_01_archive.html

    Au feu les banquiers !

    DENIS ROBERT a toujours payé de sa personne. Seul, tranchant... et parfois exaspérant, il s’est voulu le samouraï attaquant un certain monde de la « finance ». Avec l’affaire de la banque luxembourgeoise Clearstream en 2002, il a perdu des plumes et multiplié les procès. Aujourd’hui, avec ce roman, « La domination du monde », il raconte son histoire, ou plutôt il la fait raconter par l’un de ses amis psychanalyste. Le voilà donc héros d’une redoutable aventure décrite par un autre, ce qui n’est pas une mince affaire.
    Ainsi Robert devient Yvan Klébert, qui, au bout du rouleau, débarque chez un homme tranquille, aisé, famille, 4 x 4, avec ses fiches, ses dossiers, son carnet d’adresses et son passé sulfureux d’investigateur intrépide. Chargé, en plus, d’un terrible poids sur la conscience : la mort suspecte de Justine Mérieux, jeune attachée parlementaire qui était au courant de ses « découvertes ». Pour lui c’est un meurtre. A partir de là, son ami le psychanalyste, abandonnant clients et divan, va s’efforcer de remonter la filière. De tout démonter.
    L’épicentre du scandale se trouve à la Shark Company, située sur le plateau de Blankenberg au cœur du grand-duché de Luxembourg : le boss de cette holding monstrueuse est un nommé Ruddy Weierming. Chez lui, ce sont des transferts permanents de sommes vertigineuses… qui, au moyen d’une informatique diabolique, « s’effacent » comme par enchantement. D’où viennent-elles, où vont-elles, à qui appartiennent-elles ? C’est le noir absolu. Klébert veut comprendre les mystères de ce « paradis » d’un nouveau genre.
    On va le suivre dans ses tentatives d’approches, on va se retrouver au plus près de ces hommes de l’ombre… et on plonge alors dans un polar où les « tueurs » n’ont pas forcément besoin d’armes sophistiquées. Mais bien plutôt d’écrans magiques. Et Robert, avec une maestria assez ébouriffante, nous fait entrer au cœur du secret. On y rencontre des personnages « bien sous tous rapports » qui, d’une seule opération, peuvent bloquer ou détourner, ou blanchir, des quantités insoupçonnables d’argent. « L’étoile noire de la finance c’est Shark Compagny. La météorite, c’est le pavé de Klébert. Il peut arriver que certaines étoiles explosent au contact d’une météorite. » Alors, à quand la déflagration ?
    Ces « élucubrations compulsives » sont du genre remuant. Et dans « La domination du monde », « l’arrogant et manipulateur » Denis Robert (c’est ainsi qu’il s’autoqualifie dans l’ouvrage) domine fort bien son sujet…

    André Rollin – canard enchaîné – 29/03/06


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