10juin 09

Il y a un vertige de la page blanche un lendemain d'élection. En témoigne ce retour à mon clavier deux jours après un événement aussi considérable que cette élection européenne du 7 juin. S'ajoute à tout ce que l'on devine qui peut bloquer la plume, ce fait, dorénavant, que je ne peux substituer ma parole purement personnelle à celle nécessairement plus lente, parce qu'elle s'élabore collectivement, du Parti de Gauche dont je suis le porte parole. Ce qui suit n'est donc rien d'autre que quelques éclairages.
L'analyse globale viendra, dès que nous aurons fini d'en convenir ensemble, cette fin de semaine. Je commence par quelque chose de personnel. Je suis élu député des 18 départements du grand sud ouest de la France au parlement européen. C'est peu de dire que j'en ressens une immense et existentielle gratitude et fierté. D'autant que je sais à quel point c'est à un spectaculaire effort de mobilisation militante que ce résultat est du. Un effort dont je n'oublie jamais qu'il ne se faisait pas pour une personne. Mais pour une cause. Si bien qu'au moment où je suis chargé d'en assurer la représentation, le mandat ainsi acquis me fait devoir d'une façon spécialement impérative. J'en viens à mes éclairages. Et d'abord à propos du coût du refus par le NPA de l'alliance dans le Front de Gauche.

L'ARDOISE DE LA DESUNION

On se souvient, c'est une façon de parler, de notre bataille pour rassembler dans le Front de gauche toute l'autre gauche. Et notamment le NPA. Au vu des résultats que ce serait-il passé? En se contentant d'une simple addition, en excluant toute dynamique collective, le constat est vraiment très rageant. Et même accablant. Les scores, le nombre de sièges pour l’autre gauche et aussi le rapport de forces au sein de la gauche auraient été profondément changés. Et nous aurions bouleversé le paysage politique. En effet nous aurions été la quatrième force. A une toute proche encablure du PS et des Verts. Et surtout le résultat en sièges aurait été radicalement différent. Tous ensemble nous aurions pu avoir 12 élus au lieux des seuls 5 du Front de Gauche (puisque le NPA pour finir n'a aucun élu). Ce n'est pas tout. Il faut regarder le détail de la répartition des sièges dans chaque circonscription. Nord : deux élus au lieu d'un. Est : un élu au lieu d'aucun. Et nous aurions alors privé le FN d'un siège! Ouest : un élu au lieu d'aucun. Cette fois ci au détriment de l’UMP. En Ile de France : deux élus au lieu d'un. Là encore au détriment de l’UMP. Sud Ouest : deux élus au lieu d'un. Et dans cette circonscription nous aurions pu être la troisième force politique…Sud Est : deux élus au lieu d’un. Et surtout voici le vrai sujet de remord: nous aurions privé Le Pen de sa réélection! Centre : un élu au lieu d'aucun. Et là, c'est à Hortefeux que nous aurions coupé les ailes! Hortefeux, l'homme de la traque aux sans papier! Quel symbole non? Relisez et faites savoir: la désunion de l'autre gauche a permis à Le Pen et à Hortefeux d'être élus… Unis, nous aurions laminé le Front national. Je suis certain que les camarades du NPA n'ont jamais imaginé que leur stratégie aurait ce coût quand ils nous accusaient de façon si étroitement polémique de vouloir faire un «bon coup électoral». Mais peut-être auraient-il dû au moins écouter nos arguments «électoraux» en comprenant qu'une bataille électorale est une lutte dont le contenu et les résultats peuvent être tout à fait concrets. En effet, battre le Front National en le devançant comme le fait le Front de Gauche est déjà très beau. C'est un mérite de ses militants et de leur campagne. Mais sortir Le pen lui-même de la scène politique où il représente notre pays devant l'Europe, voilà qui eut été notre plus grand titre de mérite. Non? Sans parler d'Hortefeux et sans le mettre dans la même case que Le Pen! De cela le NPA ne semble même pas avoir conscience du tout. Et je me demande quel enseignement tire Olivier Besancenot, personnellement candidat en troisième position sur la liste d'ile de France, du fait qu'il recueille 3 % des suffrages, tandis que le Front de Gauche en fait le double! J'imagine assez facilement ce qu'auraient été les commentaires si tel avait été mon cas dans le grand sud ouest!

UNE PROGRESSION CONCRETE

C’est la première présence du bulletin de vote «Front de Gauche» dans les bureaux de vote. A quoi comparer son résultat pour en mesurer la signification politique? La seule comparaison possible est avec les résultats obtenus aux précédentes élections par le PCF, puisque c'est le seul parti du Front de Gauche présent à l'élection européenne de 2004. Soit. Le journal l'Humanité note que le score est en progression alors qu'il était en baisse constante pour les communistes depuis la première élection de 1979. De fait, on constate bien une augmentation des suffrages non seulement en pourcentage mais surtout en valeur absolue. Et aussi un renouvellement des électeurs. Un nombre plus grand d'électeurs. Représentant un part croissante du total de ceux qui ont voté. Des gens nouveaux pour voter. Ces faits se vérifient dans chaque bureau de vote. Comme l'abstention a aussi frappé les bastions communistes traditionnels c'est donc que des électeurs nouveaux sont venus compenser ceux d'hier qui ne sont pas venus cette fois ci. Dès lors on doit faire ce constat qu'il existe dorénavant un électorat Front de Gauche spécifique. Et il ne se résume pas uniquement à l'addition de ceux qui votaient avant communiste même si ceux bien évidemment y sont déterminants. La progression en nombre de voix est l'aspect le plus important et le plus incontestable de ce constat. Parce qu'il s'agit de personnes réelles qui se déplacent et pas de pourcentages de quantité de gens en diminution comme c'est le cas pour les premiers Partis du tableau des résultats. C'est particulièrement frappant si l'on compare aux résultats en voix du premier tour de la présidentielle de 2007. La quasi totalité des listes perdent des voix. C'est le cas de l'UMP qui perd plus de 6 millions de voix. Le PS, plus de 5 millions. Le Modem, près de 3 millions. Le FN, 650 000. Le NPA, 400 000. Seules deux listes progressent. Europe Écologie qui gagne 1 700 000 voix. Et le Front de Gauche qui en rassemble 400 000 de plus! Mais si l'on en revient à la comparaison avec le scrutin européen de 2004, la progression n'en est pas moins frappante. Les plus fortes progression sont dans ma circonscription du Sud Ouest avec 31,36% de voix supplémentaires. Puis dans l'est avec 30,41% de voix de plus. Une seule circonscription est en recul, le Nord-Ouest qui perd 3,03% de voix mais sur une population elle-même en décroissance.

PIRE QU'AVANT

Si j'en reste là, et quelque soient les précautions que j'ai prises avant de commencer pour signaler que je ne donnerais que quelques éclairages sans prétention globalisante, on me dira que je reste dans le triomphalisme de Parti. Rien n'est plus éloigné de moi que cette approche,à cette heure. Pour moi la gauche est dans le trou. Le 7 juin, dans les urnes, cette Europe là, la leur, celle du traité de Lisbonne, est officiellement devenue un désert de la démocratie. Dans toute l'Europe les milieux populaires s’en sont auto-exclus par une abstention presque totale. Les élites sociales, et leurs préoccupations qui ne sont guère sociales, la dominent presque sans partage. Du coup, ce qui va mal, ira encore plus mal. En France, ubuesquement, la droite l’emporte. Toutes listes confondues, elle est majoritaire en voix. Il faut regarder cette réalité en face. La droite marche en tête et donne le rythme au moment même où sévit une crise historique du capitalisme. C’est vrai dans toute l’Europe. Le Parlement européen sera ainsi l’un des plus à droite de son histoire. Un cauchemar. Ce n'était pas une fatalité. L'histoire aurait pu être tout autre. Les partis sociaux-démocrates dominants à gauche en Europe portent la principale responsabilité de ce désastre. Face aux partis de droite, ils n’offrent aucune alternative. Aux mieux proposent-ils, d'une façon d'ailleurs très vague, la régulation du capitalisme financier. On connait le modèle. Et on peut donner des noms. Pascal Lamy et Dominique Strauss Kahn comme horizon politique!. «Non merci» ont répondu les salariés dans tous les pays, délaissant une partie qui semblait jouée d’avance entre pareil et même. Tous les modèles sociaux-démocrates sont en déroute. En Italie, pays des primaires, la défaite est sans appel. En Grande-Bretagne, pays du « parti unique à gauche », le Labour, l’effondrement est historique. C’est donc un problème d’orientation politique qui est posé à la social-démocratie en Europe. Hélas, mille fois hélas, c'est exactement la pente que j'avais décrite dans mon livre «En quête de gauche». Le Parti socialiste en France peut-il en tirer les conséquences? Va-t-il renoncer à son alignement sur le PSE? Va-t-il enfin renoncer à cogérer le Parlement européen avec la droite avec le groupe du PSE ? Bref va -t-il situer la source de son impuissance là où elle est c'est à dire dans son orientation social libérale dont l'adhésion au Traité de Lisbonne est le cœur? Ça m'étonnerait. Les discours contradictoires des grands chefs et sous chefs innombrables, vont fonctionner comme d'habitude sur le modèle des pavés auto bloquant. Il ne se passera donc rien. Ou alors seulement des appels poignant à la «rénovation". A moins que ce soit à la «modernisation». Ou l'inverse. La rénovation de la modernisation serait mieux venue. Ou bien la modernisation de la rénovation. Ca changerait un peu le refrain de ces invocations psalmodiées en cadence depuis dix ans après chaque défaite électorale. Combien ont-elles usées de trentenaires devenus quadras et à présent quinquas! Il est probable enfin que la rédaction d'un nouveau projet «pour dix ans» sera annoncée. Sera aussitôt mise sur pied une magnifique commission de deux cent membres pour le rédiger et cinq grand coordinateurs représentatifs des personnalités, de la parité, de la diversité, des minorités visibles et des courants pour l'animer. Ce sera la quatrième fois en sept ans que le PS se projettera sur les dix prochaines années dans un splendide parcours des feuilles de papier de l'ordinateur à la poubelle en passant par la case «amendements venus des sections». On peut faire mieux. Sans trop de mal. D'ici samedi, sur le site du Parti de gauche nous ferons nos propositions. Ce n'est pas le lieu ici. Ici je parle à saut et gambade de ce qui me semble devoir relever d'une parole qui va à son rythme et selon ses inclinations, sans autres limites qu'elle-même. Hum! Et la limite de l'heure. Je vais dormir, plaisir rudement disputé aux emploi du temps depuis plus de quatre mois…..


69 commentaires à “Après le 7 juin”
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  1. maxou dit :

    Excusez moi Hervé, j'ai posté trop vite !

  2. Lionel PG dit :

    @ 44 suite de Valls
    Le démon du "modernisme" a encore frappé. Avec les mêmes prétextes (il y a longtemps qu'il n'y a plus d'arguments au PS),on peut aussi abandonner le Darwinisme, la Démocratie, la République… idées qui sont encore plus anciennes, qui ne fonctionnent pas vraiment parfaitement…
    Quand à l'idée de mouvement, c'est effectivement bien d'agitation impuissante qu'il s'agit encore une fois au PS, incapable d'assumer la défense et l'amélioration de l'idée socialiste, sans doute trop exigeante de patience et d'intégrité pour cette gauche-caviar qui a pris en a pris possession. Adieu le Pseudo-socialisme bourgeois, vive la Gauche Républicaine Socialiste Populaire qui (re)commence à se dessiner avec le PG et le Front de Gauche.

  3. Pulchérie D dit :

    Suite au post 20

    Le Monde Diplomatique de ce mois de juin publie, entre autres articles très importants, une étude sur les manoeuvres politiques pour justifier la baisse des salaires :"Des grèves racistes au Royaume-Uni ?
    Résumons : le 28 janvier 2009, un sous-traitant de Total (implantation de Lindsey) fait venir 300 ouvriers de l'étranger, que cette société hébergera dans une barge
    flottant sur la rivière Humber. Tout contact de ces gens avec d'autres salariés est soigneusement évité. Le soupçon naît et s'amplifie : les normes européennes de salaire ne sont pas respectées. Grève sauvage brutale.
    Les travailleurs étrangers sont italiens et portugais.
    Se basant sur quelques banderole portant l'inscription:" Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques", les patrons européens se groupent pour traiter cette grève de "manifestation xénophobes". La présidente de la confédération des employeurs Confinindustria invoque l'exemple de Thatcher pour persuader le gouvernement britanniques de ne pas se laisser faire. L'élite européenne de l'industrie se ligue contre ce chauvinisme.
    En France, le Figaro du 3 février 2009 titre "Grande-Bretagne : grèves contre les étrangers". Et, souligne Seumas Milne, l'auteur de l'article du "Diplo", "même ceux qui d'habitude soutiennent les revendications des salariés se laissent prendre au jeu, comme le porte -parole du NPA, M. Olivier Besancenot".
    M. Besancenot "s'inquiète de ces "mouvements xénophobes suscités par la crise, notamment en Angleterre".
    En réalité, le slogan provocateur cité plus haut, qui a permis de donner une connotation xénophobe (pqp raciste tant qu'on y est !) "n'a jamais fait partie des revendications du comité de grève". Au contraire, des affiches rédigées en italien sont rapidement apparues, invitant les travailleurs de la Péninsule à se joindre aux grévistes. Et le slogan "Travailleurs de tous les pays, unissez-vous", fleurira tout au long des manifestations.
    La Gauche de la gauche est bizarrement informée, et particulièrement son chef.
    Oui, c'est bizarre.

    britanniques

  4. Pulchérie D dit :

    J'ai tapé rapidement et laissé quelques petites fautes dans mon texte.Excuses.
    J'en profite pour vous informer que le motif de la grève (non respect des conventions syndicales en matière de rémunération et de conditions de travail)
    s'est avéré justifié: des ouvriers non qualifiés et mal payés sont venus prendre la place d'ouvriers qualifiés.
    M. Besancenot devrait se surveiller.

  5. BA dit :

    Pourquoi nous n’avons pas réussi à séquestrer Christine Ockrent.

    (Article du blog des salariés de Radio France International).

    http://rfiriposte.wordpress.com/2009/06/12/pourquoi-nous-n%E2%80%99avons-pas-reussi-a-sequestrer-christine-ockrent/

  6. Philippe dit :

    Manuel Valls prépare son parti : Union sans socialisme et pour l'entreprise.
    USS Enterprise. Captain Valls, vous êtes attendu sur la passerelle.

  7. Annie dit :

    Hervé et Maxou, j'avais cru qu'à la suite des élections européennes, Sarko recevait les formations qui se sont présentées. Mais comme Buffet a été reçue juste après Jean-Luc Mélenchon, j'avais cru à une énième magouille de Sarko pour polluer le cerveau du 1er.
    Le Nouveau Centre qui a fait liste commune avec l'UMP a-t-il été reçu ?

    En tout cas, je suis quand même curieuse de lire Jean-Luc Mélenchon à ce sujet.

  8. anna dit :

    Je trouve dommage que seule l'absence de nos camarades du NPA soit regrettée. Pourquoi ne pas parler aussi de ceux de la mouvance "républicaine de gauche" (MRC, Valmy, V.A.R.,..). On ne peut savoir combien de voix se seraient portées sur eux puisqu'ils ont demandé l'abstention. Mais justement, à l'intérieur de l'abstention il y a des gens qui sont d'accord avec la presque totalité de nos propositions. Seule la question des élections européennes nous a séparés. Et il y a beaucoup de gens qui se sont abstenus...

  9. Chris JOUS dit :

    M. le nouveau député européen, cher Jean-Luc,

    Dans un premier temps, dimanche soir, nous avons pris un coup sur la tête. Nous pensions naïvement, nous les Français ordinaires, et quelles que puissent être nos préférences d’opposition, qu’étant donné la gravité de la crise et les responsabilités dans celle-ci, étant donné les attaques du pouvoir sarkozien contre nos libertés, étant donné la mise au pas des médias et de la justice, étant donné la fin de notre indépendance nationale décidée par un seul, étant donné le viol de notre souveraineté populaire, étant donné la destruction de la dignité de la fonction présidentielle, étant donné l’incapacité criante de ce pouvoir à chercher le progrès pour tous, étant donné la nullité de la plupart des têtes de listes UMP, étant donné l’énormité des mensonges, falsifications, duperies et « menteries » auxquels se livraient le Président, son gouvernement, son parti et son secrétaire général en particulier, l’UMP ne pouvait que chanceler lors de cette élection, en dépit des annonces sondagières. Or ce ne fut pas le cas… a priori. Quoique !

    Oui, je fus abasourdi, de voir les Français, comme en 2007, mettre l’UMP loin devant ses poursuivants. Quelle tristesse alors même que ce pouvoir nous fait tant de mal. Dorénavant, comme vous l’avez pressenti, « on va manger bon ».

    Je fus très déçu que les Français ne renversent pas la table comme ils l’avaient fait en 2005. Ils auraient pu décider de vous mettre en tête de la gauche et comme vous le disiez, cela aurait pu tout changer. Ils auraient pu décider de donner davantage de voix à Nicolas DUPONT-AIGNAN qu’à MM. LE PEN et DE VILLIERS. Ils auraient pu voir que la liste dont on parle tant n’est qu’une coalition de circonstance et je ne dis pas ça par jalousie ou par mauvaise humeur. Tant mieux que l’écologie soit ainsi plébiscitée encore que 16% n’est pas un triomphe comme je les conçois. Surtout quand c’est 16% de 40%. Quand on examine un peu en détail le profil et l’Histoire des membres de la dite liste et les philosophies des uns et des autres, on doute qu’elle perdure très longtemps et qu’elle gagne les élections futures sur leur seule belle gueule.

    Outre ces deux déceptions, j’ai quand même ressenti également une certaine joie à voir le MODEM et le PS sanctionnés. Et pourtant, j’avais adhéré au premier dès l’origine puis je l’avais quitté avant la fin de 2007 pour me rapprocher du second. Ce n’est pas un sentiment de vengeance satisfaite face à deux partis qui avaient trahi ma confiance que j’ai ressenti mais une réaction salutaire. Ils ont tous les deux mérité cette punition électorale mais ce qui est triste, c’est que pour le MODEM, c’est finalement un leader qui a, à lui tout seul, provoqué une magistrale claque subie par d’autres dirigeants, des seconds couteaux, des militants et des électeurs qui eux, ne méritaient sans doute pas cette gifle ; quant au P.S., c’est également une direction centrale et un état major qui ont entraîné toute une armée dans la déroute. C’est affligeant et pathétique. J’imagine la colère des socialistes qui voient ce spectacle de désolation et je pense à tous ceux qui n’ont pas osé être infidèles à leur parti alors même que leur cœur penchait sans doute vers le Front de gauche. Ils doivent regretter amèrement leur manque d’audace mais aucun de nous ne leur jettera la pierre. Il est cruel de devoir abandonner ceux avec qui et pour qui on a donné tant d’énergie, de temps, de dévouement. C’est une décision qui ne se prend pas à la légère. Il faut du temps pour la mûrir et oser se résoudre à quitter ceux qu’on a aimés et estimés. Mais puisque décidément rien ne semble vouloir changer du côté de la rue de Solférino, ces socialistes d’en bas et du milieu vont peu à peu et de plus en plus nous regarder autrement et je ne doute pas qu’ils vont ressentir, au fond de leur âme républicaine et citoyenne, que le P.S. hélas est une histoire qui prend fin et qu’il est temps de créer autre chose autrement. Que le Front de gauche a relevé ce défi et porte le flambeau jusqu’à nos prochaines victoires. Il nous revient de tendre la main plus que jamais, d’expliquer ce que nous voulons faire, et comment nous entendons le faire, de nous présenter comme nous sommes et comme nous devons être, c’est-à-dire ouverts mais résolus, tolérants mais déterminés, patients et courageux, inventifs et bien inspirés.

    La prochaine élection sera dans quelques mois. Ça va arriver très vite et il ne faut pas nous retirer sur l‘Aventin. C’est maintenant qu’il faut nous faire connaître de ceux qui ignorent encore notre existence et tenter de convaincre ceux qui hésitent. Il faut en particulier –c’est en tous points fondamental pour gagner demain et surtout pour pouvoir ensuite transformer le pays avec son soutien- chercher à ramener vers la vie électorale et vers nous toux ceux qui ont déserté les urnes, les jeunes, les ouvriers, les employés, les petits commerçants, les classes moyennes inférieures et intermédiaires, cet électorat du non au référendum de 2005, ce « peuple de gauche » pour les uns, « le métro à 6 heures » pour les autres, ce peuple que Ségolène ROYAL avait, il faut le reconnaître, su entraîner et amener vers les urnes en 2007, ce peuple qui avait constitué une très forte partie des électeurs du NON de 2005 et qui a fui les isoloirs tant il est convaincu, non sans raison hélas, que de toute façon il ne sera pas entendu et que quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, quel que soit son vote, sa vie ne s’améliorera pas, ses décisions ne seront pas entendues, ses choix pas respectés.
    Car, quelques jours après dimanche, quand des analyses plus sérieuses que les présentations initiales se sont faites jour, quand ont été proposées d’autres lectures des résultats, quand on s’est penché non pas seulement sur les tendances globales mais sur la réalité du vote, ville par ville et bureau de vote par bureau de vote, une autre présentation se dégage. Vous l’avez évoquée cher Jean-Luc et ce samedi, Marianne la développe. Quelques évidences qui nous redonnent de l’espoir…

    1/ Le vainqueur est de loin non pas l’UMP mais le corps des abstentionnistes. Et la question est de savoir d’où ils viennent, dans quel sens ils votent en général ou plutôt quel fut leur vote précédent, notamment en 2007 et aux municipales de 2008. Nous avons une « petite » idée sur ce point mais cette idée devient une réalité scientifique quand on examine à la loupe les résultats. Là où l’abstention est la plus forte on est dans des secteurs populaires où la crise est lourde de sens, on est dans des bureaux de vote où les électeurs votent en général à gauche ou au Front et où le non au projet de TE en 2005 atteignit des sommets, pas très loin de 60 ou 70 %. L’abstention est donc une très large réserve de voix de gauche et sans doute de voix de gauche qui ne sont pas prêtes à revoter de sitôt pour le PS.

    2/ le grand succès de l’UMP est donc tout à fait relatif. Certes, ce serait de la mauvaise foi et une attitude de mauvais joueur que de leur refuser une certaine victoire puisque c’est une réalité que jamais un pouvoir en place ne gagna des élections européennes, voire des élections intermédiaires tout court. Dont acte et d’une certaine façon on pourrait dire au Président chapeau l’artiste ! Sauf que deux éléments majeurs viennent limiter très sensiblement l’enthousiasme de la Sarkozye et même s’ils n’en disent rien, ils le savent ! D’une part, l’abstention précisément qui réduit presque à néant l’effet réel de la victoire de l’UMP. 28% de 40% des électeurs exprimés (ce n’est même pas des inscrits), ça ne fait pas lourd ! Alors c’est vrai que tous les forces en présence connaissent cette règle et que les forces non Sarkozystes n’en sont elles-mêmes que plus amoindries. Mais au moins aucune autre formation politique qui a concouru n’a-t-elle crié victoire sur tous les plateaux et sur tous les tons. D’un autre côté, c’est du déjà vu, à chaque élection ou presque ! D’autre part, l’existence du parti unique à droite, si peu gêné par le mouvement de DE VILLIERS et par le Front national qui doit retrouver, avec 6%,s on étiage c’est-à-dire le score correspondant aux forces vraiment nationalistes et xénophobes qui, quelles que soient les circonstances, sont attachées à ce parti et à ses chefs. E parti quasi unique de toute la droite est seul face à une cohorte d’oppositions et c’est normal qu’il touche les fruits de cette situation politique. Mais ce parti unique ne règnera en maître absolu que le temps où les leaders non dévoués à SARKO se tairont. Nous savons bien que le jour approche où VILLEPIN, JUPPÉ et quelques autres reprendront voix et que derrière eux se ligueront beaucoup d’actuels Sarkozystes. Ainsi va la vie politique à droite. Doit-on copier cette uniformisation en créant un parti unique de la gauche ? Surtourt pas. D’abord, on le voudrait, on n’y arriverait pas car la gauche est diverse et c’est la diversité qui fait la force. Ce n’est pas qu’une formule. Et si d’aventure, certains voulaient forcer le destin en entreprenant cette folie, beaucoup la fuiraient si bien que le parti unique deviendrait un échec magistral. Le Front de gauche est un rassemblement beaucoup plus intéressant qu’une globalisation de tous au sein d’un appareil unique. Comme vous le dîtes, cher Jean-Luc, chacun reste ce qu’il est avec son histoire, ses valeurs -pour l’essentiel communes-, ses espérances -qui ne doivent pas non plus être très éloignées les unes des autres- et ainsi, chacun se sentira libre individuellement et fort collectivement.

    Voyez-vous, cher Jean-Luc et chers internautes, je dis tout cela d’autant plus librement que j’ai connu le RPR de l’intérieur il y a une quinzaine d’années et l’UMP n’a fait qu’exacerber ce qui était déjà la pratique sous CHIRAC et JUPPE. Ayant fui le RPR, j’ai rejoint en 2007 le MODEM pour son projet humaniste et pour la promesse de son leader de faire un parti démocratique. J’y ai cru puis très vite j’ai vu que le projet humaniste ne pourrait prendre corps puisque le parti voulait ratifier –et a ratifié- le Traité de Lisbonne comme tous les précédents traités d’ailleurs. Et le parti n’avait rien de démocratique. Les anciens amis de BAYROU l’ont expliqué, on les a crus menteurs et assassins. Aujourd’hui, les plus proches et les plus prometteurs tels Corinne LEPAGE et Jean-François KAHN disent la même chose. Je l’ai vécu là aussi de l’intérieur et c’est notamment la démocratie interne du P.S. qui m’a séduit en même temps que son combat naturel pour un autre monde plus juste. Sauf que là encore, celles et ceux que j’avais rejoints ont pris des décisions trop souvent contraires à ce qu’ils prêchaient. Aujourd’hui, et depuis plusieurs mois déjà, disons depuis le début de l’année, je me sens très souvent en phase avec Jean-Luc Mélenchon et celles et ceux qui l’entourent. Et comme je trouve l’idée d’un nouveau Front populaire absolument enthousiasmante sans être irréalisable loin de là pour gagner d’abord et ensuite et surtout pour gouverner et enfin, enfin, changer la vie dans le sens du progrès, je vais sous peu prendre contact avec les équipes locales. Il y a tant de travail à réaliser.

    Je reviens, après ces longues digressions, sur l’analyse du scrutin. Victoire de l’abstention par KO, victoire à la Pyrrhus de l’UMP et de SARKOZY, raclée méritée du P.S., contre-performance non moins justifiée du MODEM, succès très relatif du NPA puisque le peuple a préféré mettre en tête le Front de gauche qui lui porte un espoir de changer la vie quand le NPA hélas semble se confiner dans une lutte de la rue et, j’y viens....

    3/ Succès incontestabe de l’écologie disent-ils tous et partout depuis une semaine. Si telle était la leçon du vote, qui ne pourrait s’en féliciter et s’en réjouir ? Mis à part AREVA, TOTAL, quelques autres entreprises généralement multinationales ou Claude ALLEGRE et quelques autres idiots utiles (encore que !), on est tous heureux que les Français plébiscitent l’écologie mais est-on certains que c’est ce que les Français ont dit et voulu dire dimanche 7 juin ? Rien n’est moins sur. Ils ont choisi la liste qui représentait plus que les autres le vote hors système. Même le MODEM était un parti établi lors de cette élection et on ne reviendra pas sur les erreurs de ce mouvement ou de son chef. Le Front de gauche, cette magnifique nouvelle occasion de dire m**** à la fois au pouvoir et au P.S. tout en incarnant une alternative, contrairement à d’autres, n’était pas assez médiatisé hélas pour que le choc électoral se produise. Mais des graines ont été semées par les pointures d’en haut à qui nous pouvons rendre grâce (entendu au sens laïque et républicain évidemment car point de caporalisme ni de culte du chef chez nous) et aussi et surtout par ces milliers de « petites mains » qui ont porté la bonne parole (il faut que je trouve d’autres formules que celle issues des textes religieux sinon vous allez me prendre pour ce que je ne suis pas ?), qui ont dévoué leur temps et leur énergie au service de notre cause commune. Je les remercie et je leur dis que je vais ajouter bientôt ma propre force de travail à la leur.

    Non, les listes Europe écologie n’ont pas fait des merveilles. Elles ont fait certes un « joli » score enfermé dans les limites qu’une abstention massive et record provoque, elles ont « niqué » le P.S en bien des endroits et ont même pris la première place dans certains cas mais l’analyse montre que ce sont dans les villes et en particulier dans les villes de gauche que les écologistes font leurs plus gros scores. À Paris le P.S. représente désormais moitié moins que les écologises. DELANOË a sans doute quelques sueurs froides depuis une semaine. À Nantes, chez Jean-Marc AYRAULT, même topo à peine édulcoré et on peut constater, ville après ville, que c’est la même chose. Que faut-il en déduire ? Que la majorité des électeurs d’Europe écologie sont des Français de gauche et votant socialiste qui ont ainsi, puisque la pertinence de voter pour le MODEM avait fondu et puisqu’ils ne se sentaient pas encore prêts à venir vers nous, choisi une formation sortie de nulle part, verte certes mais non exclusivement ni hégémoniquement « verte ».

    On ne peut prétendre savoir aujourd’hui si ce matelas électoral survivra et si on n’assiste pas à un simple feu de paille. L’avenir nous le dira mais notre travail est, à mes yeux, non pas de chercher à faire des alliances tout de suite et les yeux fermés sous prétexte qu’ils sont devant nous mais à travailler sur du concret, des idées des actions communes, des votes communs. Or je crains que lorsqu’il s’agira de voter au Parlement européen, les députés d’Europe écologie ne penchent pas forcément vers les positions qui sont les nôtres. On les sait adeptes du système européen tel qu’il est et notamment d’une Europe des régions qui n’est pas la notre. Alors gare aux alliances qui aboutiraient à abîmer notre message. Accords ponctuels oui, votes communs bien sûr si ce qu’il faut voter va dans le sens que nus voulons mais pas de compromissions. Je ne suis pas naïf et je sais que rassembler implique des compromis. Je veux d‘ailleurs le rassemblement le plus large possible et c’est pourquoi j’ai défendu l’idée, il y a déjà 15 ans quand j’étais au RPR dans les années 1993-1995, qu’il fallait s’ouvrir vers l’UDF et vers le centre-gauche. Pas en débauchant tel ou tel mais en élaborant en commun un projet fédérateur. J’ai pensé bruyamment de même au MODEM et dans mon court interlude à Désirs d’avenir. Je n’ai pas changé d’idée aujourd’hui que je me retrouve dans le Front de gauche mais avant de me faire des reproches ou me dire que je n’ai pas ma place parmi vous, entendez la fin. CE N’EST PAS LE RASSEMBLEMENT DES PARTYIS QUE JE VEUX AIS CELUI DES FRANÇAIS. Il faudra sans doute mettre un peu d’eau dans son vin lors des deux élections capitales de 2012, la présidentielle et les législatives, afin de conquérir puis de conserver à nous un certain tems, le plus long possible, la majorité absolue des électeurs inscrits (et pas seulement des votes) sans quoi on ne réussira pas à imprimer durablement un changement de progrès à notre pays. Mais ces compromis qui devront être faits sans doute en leur temps, ne pourront pas toucher à nos valeurs et à nos principes les plus chers. En outre, je pense que le meilleur moyen de mettre sur pied un projet fédérateur sera de l’élaborer selon des modalités de démocratie directe et c’est un long travail que celui-là si l’on veut qu’il soit un projet solide, convaincant, rassembleur, crédible. Il ne faut pas attendre 2012 ou même 2011 pour commencer à réfléchir ensemble, à faire des propositions à soumettre au débat lors de conventions thématiques. Puis à faire remonter vers les instances dirigeantes des résumés de ces débats « participatifs ». Veuillez m’excuser d’utiliser ce terme employé avant moi par d’autres ! Oui, je crois que le seul moyen de faire revenir le peuple français vers la politique, c’est de l’y intéresser et cela passe par son implication directe.

    Nous ne pouvons accepter qu’un peuple déserte aussi massivement le suffrage et un pays où finalement la somme des voix réunies par les Républicains de droite, de gauche et du Centre n’atteint même pas le tiers des inscrits est un peuple en danger. 2007 était revenu sur ce phénomène mais 2009 nous y a faits retomber de plus belle. À qui la faute ? À tous ceux qui ont violé le peuple souverain en refusant de respecter ses choix. Et donc honte à l’UMP, au PS et au MODEM.

    D’une certaine façon, la décrépitude du P.S. et les difficultés du MODEM vont vous faciliter la tâche. Il faudra expliquer en quoi « Europe écologie », si elle apporte bien sûr quelque chose de neuf et d’attrayant au paysage politique français et européen et a le mérite de remettre au cœur l’écologie et le développement durable, ne peut pas jouer le rôle premier en raison des contradictions qui animent ses leaders et puis, je le dis clairement, de ses choix assez éloignés je crois de la plupart de nos idées en matière de construction européenne, de démocratie, de République…

    Je pense qu’il faut que chacun de nous, qu’il soit syndiqué ou pas, encarté au PG, au PC ou ailleurs ou pas, extérieur aux structures politiques et sociales ou intégré à celles-ci, se sente responsable et s’investisse dans le travail commun en assumant une part de la mission qui revient au Parti de gauche, aux autres partis du Front de gauche et à ce Front populaire en cours de fondation. Je vais y prendre ma part et à Nice, ce ne sera pas facile ! La population sera plus difficile à convaincre dans cette terre largement sarkozienne mais ca n’en sera que plus stimulant ! Après tout, la gauche n’est pas ridicule par ici, loin s’en faut. Patrick ALLEMAND a fait un joli score au 2nd tour des municipales. Alors il y a du potentiel et des points à gagner.

    Cher Jean-Luc, vous allez, avec les leaders nationaux, Marie-George, Patrick et les autres, travailler dans les assemblées où vous êtes élus et nous comptons sur vous pour remplir vos missions de représentants de la nation avec honnêteté, intégrité, abnégation, détermination et intelligence afin de donner de la crédibilité à nos engagements et continuer à façonner une notoriété globale et une image très positive à ce mouvement de renouveau en cours de construction. Vous allez chercher aussi à rassembler les forces aujourd’hui séparées et je vous souhaite bon courage car, même à gauche, il y a parfois de petits intérêts qui expliquent bien des renoncements, bien des pudeurs, bien des malveillances. Il y a des égoïsmes et des calculs qui nous font perdre des voix et qui réduisent nos chances de peser. Il y a des enfermements qui nous sont tout à fait défavorables. Pendant ce temps, nous, en bas, nous nous efforcerons aussi de rassembler les troupes et de rallier à nous des Français de tous horizons car je ne pense pas que l’on puisse gagner sans un très large rassemblement. Alors évidemment on ne sera pas tous d’accord sur tout et tant mieux ! Comme vous l’avez dit « la démocratie, c’est le débat, l’opposition, le désaccord ». Il y a quelques années, au fameux meeting de lancement de l’UMP à Toulouse, BAYROU (excusez-moi de le citer ici !) qui n’y avait pas été invité et ne voulait pas se noyer dans ce parti hégémonique, avait osé venir sur place, braver les insultes et les crachats, défier les nouveaux maîtres de la droite pour jeter à la face de ces importants du parti du Président « si nous pensons tous la même chose, c’est que nous ne pensons plus rien ». J’aime bien cette phrase et je la trouve assez juste pour guider notre propre futur. La gauche plurielle de 1997-2002 n’était pas un bloc uniforme et ça ne l’a pas empêchée de gouverner. Il faut chercher à convaincre sans jamais se livrer à la vindicte quand nos co-débatteurs ont un avis différent du notre. Il faut accepter la différence car elle nous enrichit. Voila ce que je crois. Je l’ai dit plus haut et je m’y tiens. Il faut se respecter l’un l’autre. Le respect est une vertu cardinale en République. L’autre a le droit de penser autrement que nous sans être insulté, sans être caricaturé ou diabolisé, sans subir les foudres de la réprobation qui exprimerait la morgue de celui qui croit savoir, sans être même empêché de s’exprimer et sans être cloué au pilori. Et cette conduite ne nous amène pas forcément à devoir céder ou à devoir en rabattre sur nos principes, nos espoirs, nos exigences. L’ouverture d’esprit et la tolérance ne sont pas des gages de faiblesse mais bien au contraire traduisent que c’est parce que nous sommes des humanistes que l’on donne à l’autre le droit d’exister. C’est parce que nous sommes surs de nos convictions que nous ne craignons pas d’entendre l’autre exprimer les siennes, fussent-elles différentes des nôtres. Chacun peut comprendre que discourir en rond entre gens pensant la même chose sur tout et tout le temps, n’apporte pas grand chose.

    Si j’exprime ces quelques exigences que je juge nécessaire de respecter si nous voulons rassembler, c’est afin de conjurer le sectarisme qui peut hélas parfois animer les gens passionnés.
    Oui, je ne vois pas les choses de manière binaire avec les bons toujours d’un côté et les mauvais toujours de l’autre ou ceux qui ont raison toujours d’un côté et ceux qui ont tort toujours de l’autre. La vie n’est pas binaire mais tout en nuances. On a le plus souvent successivement tort avec les uns et raison avec les autres. On est, en certains temps, du côté des « bons » et en d’autres temps du côté des « moins bons ». Il faut savoir se remettre en cause et accepter le jugement d’autrui qui parfois peut être pénible à entendre. Il ne s’agit pas de penser qu’on a forcément tort devant autrui mais d’avoir la lucidité de se juger non infaillible et d’accepter l’idée que l’on puisse s’être trompé.

    Pourquoi dis-je cela ? Parce que le combat politique est rude, parfois cruel, souvent ingrat. Que l’on a tous tendance, j’en sais quelque chose, à se croire plus intelligents que les autres, plus informés, plus perspicaces…jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que l’on était dans l’erreur. Alors, je suis convaincu que l’on est plus convaincant encore quand, sachant que l’on est humain et donc faillible, on exprime ce qu’on croit avec modération et surtout sans jamais chercher à imposer à l’autre SA propre vérité qui n’est jamais que relative.
    C’est en tout cas dans cet état d’esprit que je vais, moi-même travailler au service de notre cause commune.

    Chacun a ses préférences, ses forces, ses faiblesses, ses « dadas ». Moi qui suis juriste et amoureux de la démocratie et de la République, je mène, depuis des années, une réflexion et une analyse de notre système institutionnel national (nos institutions politiques) et local (notre décentralisation) et de celui de l’Union européenne (le machin communautaire). Je vais continuer ce travail car je le crois essentiel. Le jour où un nouveau pouvoir sera en responsabilité, ce sera la première réforme de fond à mener car c’est elle qui permettra ensuite de mener toutes les autres. Je crois à cela de plus en plus chaque jour. De même que vous avez dit avec raison pour l’Union européenne que celle-ci était devenue le problème alors qu’elle était sensée être la solution, je suis de ceux qui pensent que sans changement fondamental de notre constitution, nous ne pourrons pas amener les transformations que nous voulons au sein de notre économie, de notre vie sociale et politique. Vous promettez qu’avec vous au pouvoir, « on votera très souvent ». Cela me réjouit car ça semble indiquer que vous avez bien l’intention d’écouter et d’entendre le peuple souverain, donc de le respecter. De le guider sans le contraindre, de le conduire sans le brusquer. D’ici peu, j’exprimerai sur ce blog quelques-unes des propositions de réforme que je pense indispensables pour redonner le pouvoir au peuple puisqu’on le lui a arraché. Ce sera une contribution parmi d’autres, beaucoup d’autres car je ne doute pas et vous devez le savoir vous-même, que les Français ont des idées même s’ils n’ont pas fait l’ENA, Science PO ou normale Sup’, qu’ils vivent dans un même monde, connaissent à peu près les mêmes joies, les mêmes peines et les mêmes difficultés, ont à peu près les mêmes espérances et le même bon sens, qu’ils sont prêts à travailler ensemble à l’élaboration en commun d’un projet qui les rassemblera.

    Donc à bientôt cher Jean-Luc. Je vous adresse mes très chaleureuses salutations. A vous et à tous ceux qui consultent ce blog.

    Post-scriptum1 : je remercie Dominique BARDY pour son post n°14 qui exprime aussi l’immense gratitude que l’on peut et doit avoir vis-à-vis des militants.

    Post-scriptum12 : merci aussi à « anna » post n°57 de parler des Républicains de gauche. Je n’en suis pas mais j’ai toujours considéré qu’ils exprimaient des idées et des solutions nobles.

    Post-scriptum 3 : que chacun ne se prive surtout pas de publier des « contributions » sur d’autres sites de gauche que celui-ci afin de faire entendre notre voix. Je pense aux blogs de Pierre MOSCOVICI, de Vincent PEILLON, de Ségolène ROYAL, de gGaétan GORCE et des atres députés socialistes mais aussi sur les forums du Nouvel Obs, de Libé, de Marianne. Il faut que l’on nous connaisse sur la toile et qu’on nous voit et nous entende sur d’autres sites que ceux où l’on est entre nous. Je vais m’y employer. J’ai commencé à m’amuser en démontant les faux arguments pro-Lisbonne d’un commentateur du message « plus qu’un revers, un avertissement » sur le blog de MOSCOVICI. I will ride again !

    chris.jous@live.fr

  10. la yourte dit :

    Jean-Luc Mélenchon, je souhaite que tu finisses ton mandat de sénateur en beauté.....en boycottant le cirque du congrés de Versaille. Sarko 1° , accompagné de son ego, convoque les valets, senateurs et députés, ne lui fais, s'il te plait, ce plaisir. Pour cette fois, laisse de coté ton esprit républicain, ce congré est un piège où il ne sera possible que de se taire devant le roi....qui vous laissera la parole....une fois parti ! Oui, j'espère ne pas te voir dans ce palais, couché devant Sarko, aucun elu du pc ou pg ne mérite telle humiliation. BOYCOTT
    Au fait, bravo à tous les camarades du FdG pour l'énergie mise dans cette campagne

  11. marillion dit :

    Que ce passe t-il exactement avec ce site? Quelqu'un aurait-il la réponse sur les pannes répétitives?

  12. Pulchérie D dit :

    Avez-vous lu les réflexions de SAPIR sur les résultats du 7 juin ?

    http://www.marianne2.fr/Sapir-les-commentateurs-du-7-juin-sont-aveugles!_a180643.html

  13. abel dit :

    @ 4 Août
    Oui, et alors ? ça ne répond pas à mon post (36). J'aimerais bien que l'on me dise qui a financé la campagne d'Europe-Ecologie.

  14. BA dit :

    Les comptes des banques ne se redressent pas ? Truquons les comptes !

    Même si la crise financière s'est calmée (ce que symbolise la décision de dix banques américaines de rembourser les aides du Trésor US), la récession généralisée pèse sur le bilan des banques françaises. Entre l'augmentation des faillites et la chute de l'immobilier, les établissements financiers risquent de continuer à déprécier leurs actifs (toxiques ou non). Et à afficher des pertes. La Société générale ou Natixis sont concernés au premier plan. Que faire pour éviter ces mauvaises nouvelles ? Changer les normes comptables, tout simplement.

    C'est ce que le lobby bancaire, soutenu par le gouvernement français, est en train d'obtenir. Les autorités comptables de l'Europe, l'International Accounting Standards Board (IASB), ont cédé aux pressions des pouvoirs publics européens. Une réunion s'est tenue mardi à Luxembourg entre les ministres des Finances de l'UE et les représentants de l'IASB. Au menu, la révision de la norme comptable dite "IAS 39".

    Les gouvernements ont plein de bons arguments: l'IASB n'est pas un organisme démocratique, son conseil d'administration ne comporte pas de représentants des autorités ou des patrons d'entreprises, etc.), et surtout la norme IAS 39 est critiquable.

    Rappelons-le, pour les ignorants de la chose comptable. IAS 39 encadre la manière dont doivent être valorisés les actifs financiers possédés par les entreprises. Et il repose sur la notion de "fair value" (juste valeur), c'est-à-dire de comptabilisation à la valeur de marché (ou "mark-to-market"). Beaucoup de jargon pour décrire une transformation récente de la comptabilité française. Dans la comptabilité traditionnelle, on enregistre l'acquisition d'un bien le jour de son achat et ce n'est qu'au moment de sa cession (à un prix différent) qu'on enregistre la différence (sous forme de moins value ou de plus-value). Avec IAS 39, c'est à chaque fois qu'on présente ses comptes qu'on vérifie si la valeur de l'actif a évolué à la hausse ou à la baisse. Et qu'en conséquence, on déprécie ou non son bilan.

    Du fait d'IAS 39, le bilan des banques a connu une très forte volatilité, et cela a amplifié la crise. Quand le marché des actifs structurés (CDO, CDS, RMBS, etc.) s'est effondré, les banques ont dû passer des énormes dépréciations, annoncer des pertes gigantesques, et préparer des augmentations de capital pour augmenter leurs fonds propres et ainsi respecter les obligations légales. Et cela au pire moment puisque, en pleine crise, plus personne n'était prêt à leur apporter de l'argent.

    Depuis le début de la crise, IAS 39 est accusée de tous les maux par les banques. Qui ont réussi à ce que cette règle soit déjà largement amendée. Une première fois à l'automne 2007. On a autorisé les banques à utiliser la méthode du "mark-to-model" pour valoriser certains de leurs actifs, en l'absence de référence sur les marchés. Au lieu de prendre en compte la valeur de marché (nulle), on se référait à un modèle de calcul établi en interne. Exemple, un CDO avec des prêts subprimes était valorisé, non au cours fixé par le marché ABX (où étaient cotés ce type d'actifs), mais à partir de la probabilité que les prêts subprimes soient remboursés.

    A l'automne 2008, alors que la crise est à son summum, nouvel amendement à la règle. Les banques peuvent "reclasser" une partie de leurs actifs en les faisant passer du "trading book" au "banking book". En clair, certains actifs structurés de dette avaient été achetés pour être revendus immédiatement et étaient donc comptabilisés à leur valeur de marché. On a permis aux banques de les requalifier en prêts, donc remboursables à échéance de long terme. Avec, encore une fois, un calcul de valorisation basé sur la probabilité ou non de voir ces prêts rembourser d'ici dix ou vingt ans.

    Toutes ces manipulations ont permis d'atténuer fortement les effets de la crise. Rien que pour la Société générale, cela permis d'augmenter son résultat 2009 de 1,5 milliards d'euros. Mais cela ne suffit pas pour les banquiers, qui réclamaient une extension de "l'assouplissement des normes" à tous les actifs financiers. Avec un argument choc: le FASB, l'autorité comptable américaine, l'a déjà fait en avril dernier. Et les banques européennes sont donc désavantagées.

    Avec la prochaine réforme, on risque d'aboutir à des effets identiques. Elle permettra, selon la Tribune, à ce que "les titres de dette donnant lieu à remboursements prévisibles ne soient plus comptabilisés à la juste valeur, mais au coût historique amorti, c'est-à-dire selon la méthode des flux de trésorerie actualisés. Un changement qui aura pour effet de ne plus prendre en compte les risques liés au marché (contrepartie, liquidité...), mais seulement le risque de crédit." Et le quotidien économique de prédire que "le principal impact de la révision pourrait donc être d'éviter des pertes futures sur des classes d'actifs qui risquent de subir les foudres du marché, comma la dette d'entreprise et LBO".

    Que conclure de tout cela ?

    C'est d'abord la victoire d'une conception de la comptabilité plus "européenne", et plus à l'écoute des besoins des entreprises, alors que l'imposition récente de la norme IAS 39 (2005) s'était faite sous la pression de la finance anglo-saxonne, et des investisseurs institutionnels américains qui demandaient à pouvoir suivre sur le court terme la valorisation des entreprises dans lesquels ils avaient acheté des actions.

    C'est ensuite la preuve éclatante du pouvoir de l'establishment bancaire dans la société actuelle. Les règles comptables sont destinées à contrôler les banques. Quand les règles ne satisfont plus les banques, on change les règles !

    Cela montre enfin à quel point les règles comptables sont une vaste fumisterie, et à quel point la comptabilité est le contraire d'une science. La comptabilité est avant tout le résultat d'une lutte entre acteurs institutionnels (banques et entreprises contre gros actionnaires, avec pouvoirs publics au milieu, penchant suivant les moments d'un côté ou de l'autre) pour imposer une vision de l'état des entreprises.

  15. carlo dit :

    Je ne vois pas comment une alliance avec les Verts libertaires et européistes pourrait être envisagée. La priorité doit être la reconquête des classes populaires qui s'abstiennent parce qu'elles sont hostiles à la gauche bobo, européiste et libertaire dont le PS, les Verts et le Modem se partagent l'électorat. L'échec des négociations avec JPC a certainement coûté de nombreuses voix au Front de Gauche. C'est cette alliance qu'il s'agit maintenant de privilégier.

  16. BA dit :

    Source de l'article ci-dessus :

    cordonsbourse.blogs.liberation.fr

  17. Lila L dit :

    Commence à faire la tournée des calvaires de Bretagne dès maintenant, Tiago Jaïme, pour que la gauche parvienne à se faire entendre, qu'elle ne se recroqueville pas dans des attitudes stériles comme l'abstention ou la division, comme si elle avait décidé que de toutes façons nos adversaires avaient gagné, qu'il n'y avait plus rien à faire.

    J'admire beaucoup les chrétiens socialement engagé en Amérique latine, notamment au Brésil. Et j'aime le poème d'Aragon
    "Celui qui croyait au Ciel Celui qui n'y croyait pas
    Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
    Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat"
    C'est sûr, on a des choses à faire ensemble.

  18. 4 Août dit :

    @ Abel

    Erreur d'aiguillage, c'était pour jihel (35) :-(


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