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 Arguments

29juin 13

Le Plus, Le nouvel Observateur du 26-06-2013

Ben Brick contre la « démocratie musulmane » prônée par Daniel Cohn-Bendit

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L'écrivain et journaliste tunisien Taoufik Ben Brik considère qu'il a perdu un ami. Depuis le Printemps arabe en Tunisie, il ne supporte plus les prises de position de l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit concernant un islam qui peut aller de pair avec la démocratie. Il s'en explique.

«Je suis au bord de l'apoplexie. Je n'en reviens pas. Jugez-en par vous même : par les temps qui courent, les gens du nord, nos amis français, allemands, italiens, espagnols, hollandais, suédois… tiennent coûte que coûte à nous vendre une marchandise formatée dans leurs boîtes de renseignements et leurs polices de désinformation : la démocratie musulmane.

Cohn-Bendit débarque et sait mieux que nous

Voilà Daniel Cohn-Bendit, la grande gueule de la rive gauche qui s'invite – depuis l'avènement du 14 janvier, la révolution Bouazizi – chez nous sans protocole ni grande pompe, pour prêcher : Il faut que la démocratie musulmane réussisse.

Et gare au bledard qui émet le moindre doute. Vous serez taxé de pauvre gauchiste stupide et obtus si jamais vous lui dites : "Dany, les islamistes sont pire que les fascistes. Ils veulent ériger un régime d'inquisition, anachronique et archaïque. Dany, n'oublie jamais qu'on a commis une révolution, et toute révolution s'impose l'égalité et le progrès. Elle réinvente la liberté, l'espoir, le bonheur. Tes islamistes veulent nous renvoyer à l'âge de pierre de la politique: plus de relais dans la société, plus de partis, plus de syndicat et bien sûr plus de presse. Dany, l'islamisme, c'est un récif d'acier sur lequel, le way of life du Tunisien se fracasse. L'islamisme c'est l'antidote du poison révolutionnaire".

Là, Daniel, le faux monnayeur que j'aime, lâche sa phrase bidon : "C'est plus compliqué que ça. Tu te goures mon grand Toto. Pourquoi vous n'essayez pas de collaborer, de négocier ou chercher un compromis ?"

Je suis abasourdi : "Dany, mon petit, y a des limites. C'est plus compliqué que ça, dis-tu !? Tu débarques de ton pays froid et brumeux, pays de la pensée ivrogne, dans mon pays, pays de la lumière et de la pensée révoltée, et en un temps lumière, le temps d'un embarquement et d'un débarquement, juste une heure ; et déjà tu comprends ce qui m'est compliqué. Tu m'accuses d'être l'analphabète de mon propre pays ! Normal ? Tu veux m'enseigner la Tunisie ? Tu veux me faire gober ce qui est bon et moins bon, ce qu'il faut et ce qu'il ne faut pas pour le pays qui est le mien ? Tu veux faire la politique à ma place chez moi ? Tu veux me vendre ta pacotille ?

Nos routes se séparent

Incroyable, tu deviens un blanchisseur des islamistes ? Hier seulement, tu étais mon ami. Je faisais appel à toi chaque fois que je me brouille avec Ben Ali. Tu m'accompagnais à Tunis et tu leur disais : "Ne touchez pas à mon pote". Tu m'invitais au Parlement européen pour parler de la Tunisie bafouée, humiliée, meurtrie. Tu as préfacé mon livre "Ben Avi la momie". Tu m’as offert un ordinateur portable pour écrire "Le rire de la baleine".

Aujourd'hui, tu t'es vendu à l'ennemi. Nos routes se séparent.

Au temps où les hommes tuaient les hommes pour rien, un homme plus intelligent que moi, Albert Camus, disait aux fascistes de tous poils : "J'aime trop mon pays pour être nationaliste". Au temps, mon temps, le temps des islamistes qui accablent mon pays avec le poids de la terreur, du charlatanisme et des chimères, je dis à Daniel Cohn-Bendit : "J'aime trop mon pays pour accepter les islamistes."

Daniel, j’aime mon pays, la Tunisie. J’aime le sel de sa terre. J’aime son vent qui poursuit le vent, ses arbres qui marchent la nuit. J’aime son histoire, son bruit, sa fureur. Je ne défends pas mon droit d’y vivre, je défends le droit de mon pays de vivre. Libre. Comme c’est dur de défendre mon pays. »

(Source)


19juin 13

Exception culturelle : la supercherie

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"Réactionnaire". Comme on le sait c'est le jugement du président de la Commission européenne José Manuel Barroso sur la défense de l'exception culturelle dans les négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis d'Amérique pour aboutir à un accord de libre-échange. Situons précisément son propos. Dans un entretien à l'International Hérald Tribune, Barroso dit que le refus d'intégrer la culture dans la négociation "fait partie d'un agenda antimondialisation que je considère comme complètement réactionnaire". En disant cela, il vise directement la position du gouvernement de la République française. Cela, deux jours après que le Conseil des ministres européens ait adopté le mandat de la Commission dans ces négociations. Pour Barroso, les Etats et leurs dirigeants peuvent être méprisés et insultés sans ménagement.

Barroso n'a même la reconnaissance qu'il devrait pour François Hollande. Il devrait pourtant savoir que la défense de l'exception culturelle, aussi légitime qu'elle soit, n'était qu'un os à ronger lancé par Hollande pour masquer son ralliement à l'annexion de l'Union européenne par les Etats-Unis. Hollande a en effet avalé tout le reste à commencer par le principe même d'un accord de libre-échange et son extension aux normes sanitaires ou environnementales. Il a seulement brandi la culture comme totem pour esquiver le débat sur le reste de ce projet funeste : OGM, bœuf aux hormones, poulet lavé au clore, déréglementation financière, protection juridico-financière accordées aux multinationales etc.

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