29juin 12

Europe, Front de Gauche

La semaine du carambar

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Au Sommet européen la France fait de la figuration

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon, député européen

C’est fini. Le nouveau Traité européen préparé par Merkel et Sarkozy s’imposera tel quel. François Hollande « considère que les négociations ont abouti ». C’est stupéfiant ! Mieux : « l’Europe a été réorientée comme il convient » dit-il. Le nouveau pouvoir avalise ainsi la politique européenne du précédent. Le libéralisme va s’aggraver, la souveraineté des citoyens sur leur budget est réduite à rien. Tous les diktats des libéraux ont été avalisés. Ils forment dorénavant une nouvelle construction dont la cohérence satisfait pourtant également François Hollande. Il s’en réjouit et le présentera au nom de son gouvernement devant le parlement !

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Ma cadence d’écriture sur ce blog a ralenti. C’est la saison qui veut ça. Je reviens à mon clavier plus lentement que dans le feu de l’action. Je vais parler de deux sujets très austères. Le sommet européen et le Front de Gauche. Pour l’actualité vous avez la vidéo de mon passage chez Bourdin à BFMTV.

Dans l’idée que je me fais de mon mandat de député européen le décryptage et l’information sont des tâches essentielles. C’est pourquoi cette note consacre un large espace au Conseil européen de la fin juin. J’aurais pu me limiter à placer mon analyse sur le sujet dans le blog européen que je tiens. Mais dans la mesure où il s’agit du premier sommet du nouveau gouvernement et parce qu’il porte sur un point décisif de la campagne des élections présidentielles, j’estime qu’il faut y consacrer du temps et de l’attention d’une façon spéciale. Que reste-t-il des engagements pris sur la renégociation du Traité budgétaire et du volet « croissance » qui était présenté comme le cœur de l’orientation des socialistes contre la nôtre jugée irréaliste ? Rien, selon moi. Ce sommet est une pantalonnade pour les Français. L’événement tombe la semaine où les smicards viennent de recevoir le fruit de la victoire socialiste : un carambar par jour ! Raison de plus pour veiller sur notre Front de Gauche comme sur un outil précieux et pour penser sereinement mais fermement son avenir. Nous ne sommes pas qu’une critique. Nous sommes un programme alternatif à gauche. Et une démarche collective.

Le Conseil européen des 28 et 29 juin produit son lot habituel de dramatisation kitch. Comme à l’accoutumée, l’abus des grands mots a permis d’éluder l’analyse des détails. Quand on en fait des tonnes sur le sommet de la « dernière chance » pour « sauver l’euro » et ainsi de suite, il est si facile ensuite de se contenter de peu. Et davantage encore quand ces gesticulations ne servent en dernier ressort qu’à masquer ce qui se décide vraiment. Cette fois-ci de nouveau, l’agitation bavarde sur le sommet de la « dernière chance » occulte le reste. Un point essentiel de l’ordre du jour passe sous silence. Il s’agit de l’approbation des « recommandations par pays » faites par la Commission européenne le 30 mai dernier. C’est la dernière phase du Semestre européen. Ce semestre c’est l’examen de passage auquel tout gouvernement doit soumettre son budget. Il n’en est question nulle part. La comédie sur le compromis entre Allemands et Français où l’on échangerait de la croissance contre de la rigueur occupe tout l’espace médiatique et tout le temps de cerveau disponible. Ce n’est qu’une comédie. Le pacte budgétaire sera voté tel quel, sans renégociation, contrairement à ce qu’avait annoncé François Hollande. La preuve : ce document est voté tel quel par le Bundestag le vendredi alors même que se tient encore le sommet ! Pourquoi ? La stratégie de pression sur le gouvernement allemand, telle que l’on pouvait la comprendre après les déplacements spectaculaires de François Hollande pendant la campagne présidentielle auprès des socialistes allemands, s’est effondrée. Ses alliés ont capitulé. Il n’a donc plus de marge de manœuvre. Il rend les armes à son tour. Le 20 juin, le SPD a totalement embrayé sur Merkel contre la mutualisation de la dette des Etats. Les Verts allemands ont fait de même. Le SPD a lâché François Hollande sur ses projets d’Eurobonds ou, à défaut, de « fonds d’amortissement de la dette ». Merkel peut ainsi se prévaloir de l’accord de toute son opposition et donc en fait de tout le Parti socialiste européen. Que reste-t-il alors du discours du nouveau gouvernement français ? Le « pacte de croissance ». Mais qu’est-ce que c’est ? Un trompe l’œil. En vérité ce pacte est une compilation de décisions dérisoires déjà prises sous l’ère Sarkozy. Certaines sont déjà en deçà de celles que le Parlement européen avait lui-même amendées ! Mais avant d’en parler ici, il est temps, d’abord, de rafraîchir les idées en rappelant quelles « recommandations de la Commission européenne pour la France » ont été acceptées par le nouveau gouvernement.

En tout premier lieu, la France accepte non seulement la rigueur budgétaire déjà mise en œuvre par Sarkozy mais son approfondissement. En effet la Commission affirme que notre pays doit « garantir que le déficit excessif (au-delà de 3% !) sera corrigé dans les délais fixés ». C’est-à-dire en 2013. Soixante milliards à retirer du circuit économique ! Ça c’est pour la continuité avec Sarkozy. Et maintenant l’alourdissement de l’ardoise. La Commission demande que « par la suite » la France « assure un effort d'ajustement structurel approprié pour progresser de manière satisfaisante par rapport à l'objectif budgétaire à moyen terme». Ce charabia volontairement réservé à la compréhension de ceux qui pratiquent la novlangue européenne veut dire que la France devra arriver ensuite le plus vite possible sous la barre des 0,5% de « déficit structurel ». Je suppose que ces informations gagneraient à être connues. Sans doute Jean-Marc Ayrault en réserve-t-il la primeur à sa déclaration de politique générale ? Le reste du document approuvé méritera a lors d’être connu lui aussi. Les citoyens y apprendraient que leur gouvernement est d’accord pour se donner comme objectif la fameuse « TVA sociale ». En effet la Commission demande au gouvernement français « d’introduire un système fiscal (…) qui déplacerait la pression fiscale du travail vers d'autres formes de fiscalité pesant moins sur la croissance et la compétitivité extérieure, notamment les taxes vertes et les taxes sur la consommation ». Bien sûr il faut lire deux fois pour comprendre puisque c’est la langue des technocrates. Mais chacun peut voir noir sur blanc que la TVA est citée sans faux semblant. Le sigle est d’ailleurs explicitement énoncé dans les considérants du texte. Et chacun peut constater aussi quel est le rôle des « taxes vertes » dans la stratégie des libéraux.

On se gardera de croire que ce genre de document ne s’intéresse qu’aux aspects comptables de la gestion gouvernementale, en supposant que cet angle soit possible sans engager des orientations politiques plus larges. Mais de toute façon le texte ne cache rien des intentions générales des rédacteurs. Il envisage aussi quel sort réserver à des sujets plus éloignés de la tenue des comptes du budget de l’Etat. Ainsi pour les retraites. La Commission demande au gouvernement français de « poursuivre l'examen de la viabilité et de l’adéquation du système de retraite et à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire ». Je suppose que personne n’a besoin de mes talents de traducteur-décrypteur pour comprendre ce que cela veut dire. De toute façon les recommandations de la Commission incluent un feu d’artifice qui lèverait tout doute, s’il y en avait, dans l’esprit de mes lecteurs les plus sourcilleux. En effet la Commission demande au gouvernement français de « poursuivre les efforts pour supprimer les restrictions injustifiées dans les professions et secteurs réglementés, notamment dans le secteur des services et du commerce de détail ; à prendre de nouvelles mesures pour libéraliser les industries de réseau, notamment sur le marché de gros de l’électricité, pour développer les capacités d’interconnexion dans le domaine de l’énergie et pour faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs dans les secteurs du transport ferroviaire de marchandises et du transport international de voyageurs ». Une orgie libérale en quelque sorte.

Je n’achèverai pas sur ce chapitre sans évoquer une exigence tout à fait odieuse : la recommandation de déréglementer le marché du travail ! Rien de moins. A prendre très au sérieux car cela a déjà été mis en œuvre en Espagne, en Grèce et en Italie sur ordre de la dite Commission. Ici elle demande à la France de réformer notamment « la procédure administrative applicable aux licenciements individuels ». Tout le texte est à l’avenant. Ainsi encore quand il est question des salaires. Pas un mot sur les salaires excessifs du sommet de la pyramide. Mais les écorcheurs n’oublient pas les mises en garde qui font peur à propos du salaire minimum. Certes il n’y a pas de préconisation précise. Mais la Commission y fait tout de même allusion. Elle demande au gouvernement de « veiller à ce que toute évolution du salaire minimum favorise la création d'emplois et la compétitivité ».

Une orgie libérale est donc en vue. Le gouvernement français n’a pas dit non. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il pense que les engagements à propos des « recommandations » de la Commission n’engagent pas vraiment ceux qui les votent ? Mais alors à quoi servent-ils ? Je vais le dire aux innocents qui croient s’émanciper d’une injonction venue de la Commission sans qu’il leur en cuise. Le plan de marche de la Commission est surtout un document de référence notamment pour les agences de notation et les bureaux d’évaluation financière de toutes sortes. Ceux qui s’en écartent après avoir pris des « engagements » et approuvé des « recommandations » le donnent à voir et à mesure aux évaluateurs des « marchés ». Et cela n’est jamais sans conséquences. Voilà pourquoi il est important de savoir si le gouvernement français accepte ces recommandations. Et s’il les accepte il est important de savoir s’il compte les mettre en œuvre. Et sinon pourquoi il les a acceptés.

Venons-en au fumeux « pacte pour la croissance et l’emploi » prétendument arraché au gouvernement allemand. Une pantalonnade ! Le document ne comporte aucune nouveauté par rapport à ce qui avait déjà été décidé. Contrairement à ce qui s’est beaucoup claironné de tous côtés, les bornes de ce « pacte » ont été clairement fixées par référence au passé récent où Sarkozy et Merkel menaient la barque. Car il est bien précisé qu’il s’appuiera « sur l'ensemble de mesures arrêtées lors des précédentes réunions » en la matière. Et, en cas d’oubli, il est bien dit que ce « pacte » respectera « le cadre des efforts d'assainissement budgétaire intelligent qui sont actuellement déployés ». Intelligent ? Dans ces conditions, que contient le « pacte pour la croissance et pour l’emploi » tel que « négocié » par Hollande, Merkel, Rajoy et Monti à Rome le 21 juin dernier ? L’injection, paraît-il, de 120 à 130 milliards d'euros « pour la croissance ». Chiffre qui permet d’annoncer qu’il s’agit de « 1% du PIB européen ». Impressionnant ? Notons déjà que le PIB européen est de 14 000 milliards. 1% ferait 140 milliards et non 120 ! Quoiqu’il en soit, cette somme est dérisoire comparée aux milliards engagés récemment sans contrôle d’usage au profit des banques. Ainsi quand plus de 1000 milliards, rien que pour janvier et février 2012, ont été prêtés aux banques européennes pour trois ans et au taux de 1%. Personne n’en a vu la couleur dans l’économie réelle. On dit que même madame Merkel est déçue ! Cela tourne à la farce quand on découvre que cette somme de 120 milliards est acquise en mobilisant ce qui reste des « fonds structurels » inutilisés ! D’autant que pour savoir ce qui sera effectivement utilisé ou pas il y a doute aussi car le budget les a provisionnés jusqu’à 2013 ! Cela devient insupportable à entendre quand on sait que ces fonds « structurels » ainsi réaffectés sont ceux dont bénéficient prioritairement les régions les plus pauvres ainsi que les DOM et les TOM français. Enfin le ridicule vient de ce que ces fonds ne sont pas utilisés en raison même de la politique d’austérité. En effet ils cofinancent des projets conclus entre les Etats et le secteur privé. Mais les Etats sont invités à ne pas augmenter la dépense publique !

J’achève cette partie démoralisante de ma note avec la fausse victoire de « la taxe sur les transactions financières ». Les quatre dirigeants européens se sont mis d'accord pour adopter cette taxe dans le cadre d'une « coopération renforcée » c’est-à-dire un accord incluant au moins neuf Etats de l'UE. Quelle nouveauté ? Aucune ! Il n’y a strictement rien de nouveau là-dedans. La France de Sarkozy, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, la Grèce et le Portugal, ont annoncé en février dernier qu’ils entraient en coopération renforcée pour la mise en place de cette taxe ! Je précise, comme je l’ai déjà fait à l’époque, qu’il s’agit d’une taxe déséquilibrée, trop favorable à la spéculation. En effet les produits dérivés, qui représentent plus de 80% des transactions financières, se verraient appliquer un taux d’imposition réduit. Je découvre à présent que cette taxe sera perçue sur une base très loin de l’« assiette assez large » promise par Hollande. Elle ne concernerait pas par exemple le marché des changes.

Ces temps, je lis aussi des analyses critiques du score du Front de Gauche aux élections législatives. Il est naturel, et utile, qu’une séquence de cette ampleur soulève sa masse de regards croisés. Je m’instruis donc. Ici, là, je m’imprègne. Je fais l’éponge, selon mon usage intellectuel favori. Une bonne source pour moi, comme d’habitude, est dans ce blog même, à la rubrique des commentaires. Les lecteurs attentifs en trouvent la trace dans mes notes, par-ci par-là. En voici une nouvelle illustration. Car à cette heure, parmi les nombreuses constructions et hypothèses formulées, sans oublier les fulgurances des apophètes (prophétie à propos du passé : « J’ai dit il y a huit mois, que trois mois plus tard on verrait bien…. »), je me suis réjoui d’une idée proposée par un commentateur de ce blog. Une idée simple et roborative. Pour être honnête, elle recoupe ce que j’en avais dit moi-même en réunion à des camarades dont certaines fresques définitives me saoulaient légèrement. Comment aurions-nous pu faire mieux dans ces élections législatives ? C’était élémentaire mon cher Watson. A l’élection suivante mieux vaut récupérer au moins les voix de la précédente.

C’est le cas à propos des 3 984 822 électeurs du candidat du Front de Gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, votre serviteur. Ils ne sont pas tous revenus voter aux législatives. Loin s’en faut. Les causes sont multiples, cela va de soi. Et parmi elles une culture qui résume tout à l’élection présidentielle. Elle est dorénavant entrée largement dans les mœurs y compris dans nos rangs. Et elle n’est pas sans fondement dans le cadre de la Vème République. J’en ai largement traité dans ma précédente note à propos de l’analyse de l’abstention. On ne peut faire l’économie de cette perte en ligne.

Ma situation est singulière. Je me sens comptable de l’élan que ma candidature à la présidentielle a pu mettre en mouvement. Je crois que ce serait une bêtise de plus que de vouloir tourner la page de cette campagne, chaque composante « reprenant ses billes » avant de nouvelles tractations d’appareil et d’identité. D’autant que le deuxième rideau de ce débat ne peut rester masqué sans provoquer les dégâts que l’ambiguïté génère toujours. La question de savoir si nous sommes dans la majorité ou l’opposition s’imposera à nous. Elle est réductrice ? En tous cas elle l’est à cette date, alors que le sens de l’action du nouveau gouvernement n’est pas bien défini aux yeux du grand nombre. Et surtout si elle nous divise nous ne gagnons rien a en faire un thème de controverse abstraite. Il faut nous donner un espace d’action positive. Pour cela nous devons choisir nos mots pour désigner par nous-même notre place. J’ai proposé le concept d’autonomie conquérante pour définir notre positionnement. Selon moi, nous ne sommes pas membres de la majorité présidentielle car nous ne sommes nullement liés au programme de François Hollande. Nous ne devons pas voter la confiance au gouvernement Ayrault. Pour autant il ne faut pas l’empêcher de s’installer. Si j’étais député je m’abstiendrais à l’Assemblée. Pierre Laurent a exprimé la même appréciation. Nous sommes donc synchrones à l’heure de rendez-vous concrets. C’est cela qui compte.

Notre plus grande erreur serait d’oublier nous-mêmes, pour d’obscures disputes de responsabilité notre résultat global ! Car enfin, nous avons tout de même progressé ! De 600 000 voix par rapport au score des communistes aux élections législatives précédentes, en 2007. Nous faisons plus de voix mais nous avons moins de sièges. Voilà le scandale. Pourquoi relativiser ce fait ? Pourquoi céder aux sirènes médiatiques et socialistes qui veulent faire de notre résultat un « échec » ? Dans nos rangs, c’est assez clair. Il y a des nostalgiques de la gauche plurielle, et des partisans d’un accord avec le PS. Cette position est parfaitement légitime. Je veux dire qu’on a bien le droit de le proposer et même de le penser. Mais on a aussi le devoir, quand on n’est pas d’accord avec, de pointer que ces deux positions ont intérêt à dénigrer les résultats de notre stratégie d’autonomie à l’égard du PS. C’est la ligne de Robert Hue. Mais Robert Hue n’est plus membre du PCF et son mouvement n’est pas membre du Front de Gauche. Je comprends parfaitement que continue au PCF le débat avec lui. Ce débat est légitime compte tenu de son influence parmi les communistes de base et parmi ceux du sommet. Ce n’est pas mon affaire d’ailleurs, je l’admets sans problème. Pour autant je ne me sens pas tenu aux mêmes égards ni précautions. C’est bien mon droit aussi. D’autant que Robert Hue a été d’une constante violence, méprisante à mon égard, avant, pendant et après la campagne présidentielle. Tout ceci nous fait perdre du temps par rapport au cœur de la difficulté qui s’impose à nous. A nous tous, nous les tenants de la ligne d’un Front de Gauche autonome et conquérant.

A côté de notre progression il y a aussi un autre fait contrariant mais essentiel. Le voici : nous avons également perdu deux millions de voix depuis l’élection présidentielle. Il n’y avait pas de fatalité à cela. La preuve : pour ma part, j’ai gagné des voix depuis la présidentielle dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. Et je ne suis pas le seul candidat du Front de Gauche dans ce cas. François Delapierre aussi, André Chassaigne de même. Il y en a d’autres et je leur demande pardon de ne pas tous les citer. Ce n’est pas un détail. Que ce serait-il passé si nous avions convaincu l’ensemble de nos électeurs de la présidentielle de renouveler leur vote pour le Front de Gauche aux législatives ? Nous. Je veux dire nous, le Front de Gauche, sans compter sur une remontée mécanique de la participation. Juste nous, comme un effet d’un travail politique d’éducation et de motivation populaire de notre propre électorat. Alors, le résultat aurait été tout autre. Il aurait été extraordinairement différent. Notre score national eut été de 14.16%. Du coup, celui du PS aurait été de 26.94%. L’UMP serait à 24.55%, le FN à 12.7% et EELV 5.78%. Nous aurions ainsi, à la fois, fait reculer l'abstention de 5 points et battu le FN. Rien de moins. Comment se fait-il que cela ne se soit pas fait ? Parce que nous avons été trop critique avec le PS ? Parce qu’on nous reprochait d’être trop « Front de Gauche » ? Parce qu’on nous reprochait d’être « obsédés » par le Front National ? Poser la question c’est un peu y répondre.

Voici venu le moment d’élargir le coup d’œil. Il faut regarder de haut le moment pour en saisir les traits qui comptent pour l’avenir. Nous venons de clore un cycle politique complet. La présidentielle puis les législatives après quatre autres séquences électorales menées en commun, contre vents et marées, c’est davantage qu’un calendrier. Ce temps a été fondateur. Il s’achève par la renaissance du courant politique riche de divers rameaux qui ont su s’accorder pour proposer une alternative à la social-démocratie. D’une élection présidentielle à l’autre, méthodiquement nous avons réglé le compte des problèmes politiques qui cantonnait « l’autre gauche » dans un rôle de figuration folklorique. Je sais mieux que d’autres la fragilité de tout cela, bien sûr. Nous marchons sous la menace de l’écueil gauchiste comme sous celle de la bascule dans l’orbite socialiste. Sans oublier la maladie sénile du gauchisme qu’est la ratiocination des aigreurs et la délectation morose des « je vous l’avais pourtant annoncé ». Quoiqu’il en soit, on doit s’accorder un moment pour faire une évaluation de l’objet politique que nous avons constitué.

Cette évaluation est une nécessité. Il s’agit en fait d’une mise en mot de ce qui est déjà et qui a fonctionné en dépit d’innombrables scepticismes, railleries et mises en garde. A mesure que le temps a passé, nous avons stabilisé l’idée que nous nous faisons du Front de Gauche. Nous ne sommes pas partis pour cela de scénarios abstraits ou de colloques savants, et moins encore des textes définitifs et savants des stratèges en pantoufles, mais de la pratique réelle du Front de Gauche. Car le Front de Gauche est d’abord une stratégie d’action, avant même d’être un cadre formel, une organisation. Il en est ainsi depuis les premières heures et cela pour des raisons strictement concrètes.

Au départ, c’est-à-dire à la fondation du Front de Gauche, il y avait deux visions sous le même label. D’un côté les dirigeants communistes. Ils y voyaient une concrétisation de leur mandat de congrès. Celui-ci fut rappelé à maintes reprises. Il établissait que les communistes formeraient des « fronts ». Le mot était au pluriel. Ce pluriel signifiait que les composantes et les objectifs de tels « fronts » étaient censés varier selon les circonstances à affronter, dans les luttes et dans les urnes. De l’autre, chez les fondateurs du Parti de Gauche, il y avait la théorie du modèle « Die Linke ». Ici c’était le singulier. L’idée était de constituer au plus vite un parti fusionné. Inutile de souligner qu’entre les deux interprétations il y avait un très large espace politique et même une franche contradiction. Au premier coup d’œil les deux thèses sont inconciliables. Combien d’observateurs ne nous ont-ils pas régalés de sarcasmes ! Pourtant il n’y a eu aucun blocage. Au final ni l’une ni l’autre des deux doctrines ne fut mise en œuvre. Les deux le furent en même temps, en quelque sorte. Comment cela a-t-il été possible ?

L’avantage essentiel des deux formules est qu’elles n’étaient pas figées dans l’esprit de leurs concepteurs. Peut-être parce que pour des raisons diverses et du fait des exemples internationaux il était évident que nous étions condamnés à nous entendre. La peur de la bascule dans le néant a été bonne conseillère. D’étape en étape nous avons cherché les points de passage communs dans l’action, sans surévaluer l’écart qui restait à combler sur le plan doctrinal.

Cette ouverture ne fut pas le problème. Ce fut au contraire la voie de passage de la solution. Ce n’est pas un débat théorique qui a tranché, mais la pratique. La question se résuma à savoir comment on appellerait notre liste aux élections européenne. On combina les deux idées. La liste s’appela donc « Front de gauche pour changer d’Europe ». « Front de Gauche » suggérait un modèle d’organisation, « pour changer d’Europe » reprenait l’idée d’un front conjoncturel. Cet assemblage ne signifiait pas un compromis mais une façon de laisser ouverte toutes les pistes pour l’avenir. On se disait qu’on verrait bien quelle conclusion chacun tirerait des résultats. Comme on s’en souvient le résultat fut spectaculaire. Il y avait deux sortants communistes, il y eu quatre entrants Front de Gauche. La méthode d’approximation et d’expérimentation successives fut conservée au fil des élections. La première tentative pour organiser des adhésions individuelles ne passa pas la rampe du congrès extraordinaire du PCF de juin 2009 où l’idée, pourtant convenue en réunion commune, et relayée par Marie-George Buffet, fut repoussée par un vote des congressistes communistes. L’obstacle psychologique était précisément l’idée que cela créerait une organisation pérenne se substituant aux organisations fondatrices. On continua donc de façon pragmatique, au cas par cas, d’une élection à l’autre, d’une lutte et d’une manifestation à l’autre. A mesure, le Front exista à la fois comme entité distincte des partis qui le composaient mais avec un fonctionnement réel de cartel. A la base, sur le terrain, selon les départements et même selon les localités, l’existence et l’intégration du Front variaient du tout au tout. Cette bigarrure a duré et dure encore. Mais elle change de nature de plus en plus profondément. Dans les faits s’installent des modes de fonctionnements très divers liés aux circonstances et aux personnalités davantage qu’à quoi que ce soit d’autres. Cette diversité des approches et des pratiques ne résulte en effet jamais de grands débats théoriques. Elle combine toutes sortes de paramètres politiques culturels et souvent même très personnels. Jamais ce processus de mise en place du Front n’a été ni théorisé ni même mis en mots. L’extension des domaines d’action du Front qui s’est opérée pendant l’élection présidentielle a procédé de la mêle démarche pratique. Nous n’avons pas créé par exemple, « le Front de gauche de la culture » ou le « Front de Gauche des luttes » pour autre chose que pour remplir une tâche électorale avec l’idée que nous nous faisons de cette tâche. Et nous ne l’avons pas fait autrement qu’à partir de personnalités qui se sont avérées capables de porter concrètement ces démarches. Et dès que ces outils se furent mis en place de cette façon, ils produisirent une dynamique, des pratiques et des contenus qui en modifièrent complètement le sens prévu. Une évolution qui enrichit le projet déborda le cadre et rallia d’autant plus largement qu’il n’avait pas commencé par autre chose qu’une mise en mouvement. S’il avait fallu d’abord décrire et s’accorder sur la définition du cadre et de ses fondamentaux on y serait encore.

Dès lors, voici ce que l’on peut dire : c’est en s’auto-construisant que le Front se définit. Pour ma part je suis très attaché à cette démarche pragmatique. Pour être franc, je ne crois à aucune autre. Pour finir, le Front de Gauche n’est ni un simple bail électoral reconductible ni un parti unifié. Il en est ainsi non pas parce que nous en avons délibéré expressément mais parce que les circonstances et nos décisions intermédiaires nous ont ouvert un autre chemin. Il suffisait de vouloir avancer vers la même ligne d’horizon et de laisser à chacun une chance pour sa thèse. Cette logique « floue », pour reprendre un terme scientifique, a produit son résultat cent pour cent opérationnel. J’en déduis qu’il n’y pas d’autres méthodes praticables pour nous dans cette phase. Par conséquent, à cette étape la question à se poser n’est pas qu’est-ce que le Front de Gauche ni même comment le construire. La question est : quelles sont nos tâches ? A quoi pensons-nous qu’il faut s’atteler ensemble ?

La vocation du Front de gauche n’est pas de gérer un patrimoine électoral ou bien une image de marque ou encore la sympathie pour un sigle. Ses soutiens comme toute la situation sont volatils. Il faut en tirer toutes les conséquences. Le Front de Gauche n’a de sens que par son action. Nous sommes donc tous en phase comme en témoigne notre calendrier de travail commun à commencer par l’organisation de nos estivales citoyennes de cet été. Les secousses de la discussion sur le bilan de la séquence législative ne doivent pas être abandonnées aux surenchères que la fatigue de fin d’année provoque aussi parfois. Une véritable meute campe à nos portes, prête à bondir à toute occasion pour se jeter sur la première faille interne qui apparaîtrait. Depuis quatre ans il en est ainsi à chaque étape. Avant on nous dit que ça ne marchera pas. Pendant on nous dit que ça ne marche pas aussi bien que ça en a l’air. Après on nous dit que ça n’a pas marché comme prévu et que nous sommes voués à nous déchirer. Une telle pression rend très difficile la discussion franche. Mais elle ne la rend pas impossible à condition de la mener sans bouc émissaire et sans infaillibilité auto-proclamée.

Ni homme providentiel, ni parti guide, ni secte bavarde. Le Front de Gauche est un petit miracle politique. Mais ce miracle ne doit rien au surnaturel. Seulement a une volonté humaine. La nôtre. Notre Front sort de l’épreuve plus grand, plus fort, n’en déplaise à ceux qui ne savent pas compter les bulletins de vote ni mesurer l’affection et l’adhésion conquises de haute lutte et par l’exemple ! Quand à savoir si nous sommes de la majorité ou de l’opposition devant le gouvernement socialiste, la question va être réglée de toute façon par le comportement et les choix du nouveau gouvernement. Je suis d’accord pour que tous les points de vue aient leur chance une nouvelle fois. Mais je n’ai pas de doute en ce qui me concerne quand je mets bout à bout ce qui est dit et fait depuis trois mois. A la fin de la semaine du carambar je suis surtout ulcéré.


406 commentaires à “La semaine du carambar”
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  1. Jake B dit :

    je viens de lire ceci sur le parisien.fr
    A plus long terme, M. Van Rompuy a annoncé que les dirigeants de la zone euro avaient donné leur feu vert à une feuille de route dans le but de renforcer l'union économique et monétaire. Ce renforcement s'appuierait sur «quatre piliers»: un cadre financier, un cadre budgétaire, un cadre en matière de politique économique et un renforcement du contrôle démocratique. De premières propositions en ce sens seront présentées en octobre, a-t-il dit.

    çà veut dire quoi le renforcement du contrôle démocratique ?

  2. Pascale DEBIEUVRE dit :

    Ils peuvent toujours baver, nous sommes là, et bien réveillés, maintenant on lâche plus rien, Résistance et révolution citoyenne.
    Jean-Luc tu n'as rien a te reprocher et on t'aime.

  3. Blondin luis dit :

    Ton courage est exemplaire et après cette campagne épuisante tu as droit à un repos bien mérité.
    Cette belle dynamique du Front de gauche va susciter je l'espère des vocations sur le terrain, des Saint-Just, des Louise Michel, des Jaurès... Le peuple se réveille et résiste.

  4. Georges Roullier dit :

    Notre déception est de ne pas t'avoir comme Président du Groupe Front de Gauche à l'Assemblée Nationale, mais tu es là à la pointe du combat Marie George aussi, Pascale a raison Jean-Luc, on t'aime pour le contenu des solutions que tu apportes aux luttes, oui nous ferons à nouveau les grands meetings, pas de victoire sans combat. La résistance s'organise.
    Que vienne la VIème république.

  5. Lyburn dit :

    L'augmentation du Smic par le PS, «c'est un Carambar par jour»
    Excellente boutade !

    Mais où allez vous chercher tout ça ?
    ;)

  6. Dau Nathalie dit :

    Ils bavent et ça fait mal, mais ça nous rend encore plus déterminés à continuer d'exister, à nous battre, à marcher fièrement car nos valeurs sont dignes, propres, et celui qui est notre porte-parole a la beauté de les incarner, sans l'hypocrisie qui nuit tant à l'image d'autres mouvements. En effet, les casseroles que traînent les figures de proue nuisent à l'ensemble de la base, nous en avons conscience. Et ce n'est pas céder au culte de la personnalité que d'aimer le fait que notre porte-parole à nous, celui qui est mis en lumière pour s'exprimer en notre nom, soit une personne honnête et sincère.

  7. stokaad dit :

    De l'analyse des résultats au projet Front de Gauche à porter, voilà bien les messages qu'il faut relayer sur nos terrains respectifs.
    Collectifs, conquérants et autonomes! En quelque sorte, ce sont les mots d'ordre. Mais il ne s'agit pas d'obéir, il s'agit de faire! A bon entendeur!

  8. Louise dit :

    "C’est en s’auto-construisant que le Front se définit"
    Complètement d'accord avec vous Jean-Luc, j'ai admiré la clarté de vos explications sur BFM TV et votre calme face à Bourdin qui ne cessait de vous couper la parole.
    Longue vie au Front de Gauche et merci à vous de continuer à être présent sur ce blog !

  9. Maignial dit :

    Monti et Rajoy se sont tout de même opposés au pacte de croissance afin de pouvoir négocier: "Nous ne signerons pas le pacte de croissance sans obtenir des mécanismes rapides pour ramener le calme sur les marchés de la dette."(sommet du 29 juin). Qu'ont-il obtenu? La recapitalisation des banques espagnoles en difficulté et le rachat d'une partie de la dette italienne par "des fonds structurels", le tout "sans aucune contrepartie, mais à condition que le pays qui demande des aides soit déjà engagé sur la voie de la discipline budgétaire et des réformes." (oui, je ne fais que citer). Admirable, non? Mais au moins ça prouve, si besoin est, qu'on peut s'opposer à l'Allemagne de Merkel et induire un rapport de force. Monti et Rajoy n'ont pas obtenus mieux parce qu'ils n'ont pas joué leur carte jusqu'au bout, mais ni eux, ni Hollande n'ont d'excuses pour laisser les conservateurs décider de tout à la place des peuples.

  10. Lilly54 dit :

    Bonjour Amis, Bonjour Jean-Luc. Ce billet est moins poétique mais les explications sur les décisions prises au sommet européens sont limpides et l'analyse politique sur le devenir du Front de Gauche compense largement la soif de douceur qui nous assaille. Tout ce que tu décris sur le sens que les éditocrates, les politiciens néo-libéraux, les socialistes, le MEDEF, les lobbies, bref, l'oligarchie en place, veulent donner à cet "accord" européen (je ne sais même plus comment le désigner) est déjà repris en boucle pour s'enfoncer dans les consciences. Ici nous savons ce qui nous attend car nous sommes éduqués politiquement soit depuis longtemps, soit parce que Jean-Luc et le Front de Gauche nous ont fourni tout au long de la campagne les décryptages essentiels à la compréhension de cette orientation néfaste pour les peuples.
    Quant aux résultats et à l'avenir du Front de Gauche, il est impératif de considérer que la percée est très importante et que notre programme commence à être volé car les discours des observateurs se modifient lentement. Votre stratégie était la bonne. Elle doit le rester. L'heure est à la lutte et au rassemblement actif. Nous sommes si riches de nos diversités comme le peuple français. Et les temps à venir vont être si durs. Tous les militants et sympathisants du Front de Gauche ont besoin de cette union, de messages politiques forts, d'explications claires. Bon repos à tous si toutefois les évènements nous en laissent le temps.

  11. Invisible dit :

    Ce blog est vraiment une perle rare. Ces billets sont vraiment une feuille de route et un point de ralliement. C'est génial, en un mot. On va vers tellement de difficultés et de durcissement politique que c'est bien de se féliciter des niches de résistance et de bonheur. Ce n'est pas de la flagornerie. Parfois j'imagine le pire et que tout soit censuré ou surveillé de si près que cela deviendrait dangereux d'y laisser trainer son adresse IP....
    Concrètement, où trouver les renseignements pratiques sur le remue-méninges de Grenoble ? Il y a un site dédié ?

  12. Morel Paule dit :

    Communiste de conviction j'adhère complètement à ton analyse comme toujours franche et directe. Comme le dit Pascale tu n'as rien à te reprocher, tu as reçu les coups les plus bas et les plus vils et tu les as assumés avec courage bien souvent seul parmi les autres membres du front de gauche qui devant les médias ne se battaient pas pour prendre ta défense. Mais les citoyens ne s'y trompent pas et tu as raison de faire confiance au peuple nous savons pour peu qu'on s'y intéresse faire la part des choses et analyser par nous même les résultats obtenus et grâce à qui.
    On lâche rien, on continue car nous savons que que tu es le maillon indispensable pour une vie meilleure.

  13. PoivreetZen dit :

    Bonjour de Claye Souilly ville de fin de banlieue près de Meaux, profondément ancrée a droite aux cotés d'un député maire fraichement réélu et je dois le reconnaitre (je ne suis pas de son coté) toujours aussi competent et efficace dans notre ville.
    C'est donc l'heure des premiers bilans.L'Ump est battue mais par qui ? Le Front de Gauche ? Le Front National ? On doit bien admettre que les deux Fronts en sont responsables.....
    La France me parait divisée en deux plus que jamais dans son histoire. D'un coté ceux qui aiment partager de l'autre ceux qui ne veulent pas.
    Je ne vois pas d'issue aujourd'hui a cette impasse qui fait ressembler nos elections a une espece de pile ou face en fonction du talent plus ou moins evident des orateurs de chaque camp ou des evenements plus ou moins fortuits du moment.
    Je suis avec vous du coté de ceux qui veulent le partage et la solidarité des peuples. Mais bon sang que le chemin parait long !
    Il me semble que dans l’immédiat un livre d'analyse et de synthese est necessaire qui ferait reference et serait la fondation d'un nouveau depart.Il est important de marquer concretement par ce moyen l'emergence ou plutot la renaissance des idees que nous defendons.Je n'ai ni le talent ni les connaissances necessaires pour marquer sur les pages l'histoire en marche mais je sais qu'il en est qui ont surement deja des fourmis dans les doigts....

  14. Bélatar dit :

    Je partage, depuis le début de la campagne, l'idée qu'une campagne nationale vigoureuse était le bon chemin et n'ai pas compris qu'il n'en ait pas été ainsi. C'est aussi ce qui a conduit certains à désigner la campagne d'Hénin-Beaumont comme l'écran qu'elle fut en partie, par défaut pourrait-on dire.
    Merci d'ouvrir la voie à l'analyse critique, un peu malmenée pendant la campagne (y compris sur votre blog) : il y en a besoin si nous voulons progresser collectivement. C'est la seule solution (en non qu'on taise ses appréciations éventuellement différentes) qui, finalement empêchera la "meute" de nous sauter à la gorge.
    Une impression pénible en ce moment : le petit espoir qu'avec les socialistes ce serait tout de même un peu moins pire qu'avant ne cesse de s'amenuiser.

  15. Pierre dit :

    La semaine du Mer-Sark-Hollande
    Nous ne sommes en effet peut-être dans l'opposition au sens parlementaire du terme, mais nous sommes dans l'opposition aux politiques d'austérité que soutien ce gouvernement, nous sommes donc bien dans une lutte politique contre ce gouvernement. quoiqu'il en soit nous sommes l'alternative et c'est en cultivant notre autonomie totale qu'on a une chance d'y arriver. toute accointance avec le PS est une atteinte à notre conception du Front de Gauche.
    Merci Jean-Luc-Mélenchon de maintenir invariablement notre cap qui est le bon. Quelle est notre tâche? Investir tout ce qui va rapidement se manifester en rupture avec le gouvernement PS pour éviter que ça ne soit capté par la droite et se constituer non plus seulement électorale mais sociale.

  16. Romain dit :

    Salut,
    Le coup du SMIC c'est un vrai scandale quand même. Un doigt d'honneur dont on va se souvenir tous comme les travailleurs pauvres dont on se moque allègrement.
    Par ailleurs, ces temps-ci le sujet de la prostitution revient sur la scène. Ce serait intéressant que tu y sois présent. J'ai aussi écrit à ce sujet.
    Romain

  17. Poncet dit :

    Un commentaire technique, pour commencer. "faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs dans les secteurs du transport ferroviaire de marchandises", nous demande la Commission. Qu'est-ce que cela veut dire ? L'utilisation du réseau ferré national par les opérateurs de fret est déjà ouverte depuis des années. Veolia, ECR, Colas Rail, entre autres, tirent des trains de fret (et nous ont déjà manqué deux ou trois catastrophes, soit dit en passant). La SNCF a déjà refusé des trafics pour les laisser à d'autres -qui ne les ont pas forcément pris, d'ailleurs. Le résultat est que le transport de marchandises par rail continue de diminuer. Que faut-il faire pour "faciliter" l'arrivée de nouveaux opérateurs ? Si les gros comme Veolia et ECR ont déjà tant de mal à faire rouler des trains, quels nouveaux vont y arriver mieux ? Virgin ? Bouygues ? Free ? Je ris (jaune). "faciliter", cela veut dire concrètement 1) pour Fret SNCF, refuser encore quelques clients qui lui restent 2) en matière de sécurité, permettre n'importe quoi.
    Dans la maison SNCF, je crois qu'un de nos objectifs prioritaires va être de se couvrir pour que la responsabilité du prochain "carton" ne soit clairement pas la nôtre (et accessoirement, continuer de faire rouler des trains).

  18. Marie-Pierre dit :

    Je suis tout à fait d'accord pour rester pragmatique. Nous avons une course de fond à mener. Membre du PG, j'ai envie de militer sous l'étiquette PG, sans renier le Front de Gauche. Je pense que c'est le moment de développer l'assise du parti de gauche. Le plus important est d'aller de l'avant et nous avons acquis par ces élections une base électorale et une écoute importantes. Il s'agit en fait d'adapter nos pratiques en fonction du moment. Nous ne sommes plus en période électorale, donc travaillons, et faisons en sorte que la population ne se sente pas complètement abandonnée jusqu'aux prochaines élections.
    On lâche rien !

  19. turmel jm dit :

    Militant de base du PCF je suis agacé par certaines positions de mon parti, et par des paroles inutiles et idiotes qui, si JLuc l'écrit, il a la preuve qu'elles furent véritablement prononcées..
    Malheureusement, il y a encore chez nous des nostalgiques de la défunte gauche plurielle. Je ne parle pas du carriériste Hue qui n'est plus rien au PCF, mais chez certains élus, voir dirigeants (parfois se sont les mêmes). C'est extrêmement minoritaire, mais c'est un fait.
    Est-ce au nom de ce passé (et non des statuts..) que le vote sur une question qui pour beaucoup d'entre nous ne se posait absolument pas,ait occupé l'espace médiatique au point de porté le trouble par rapport à nos intentions?
    Toujours est il que sur le terrain cette épisode n'a certainement pas aidé les gens à y voir très clair.
    Chers (e) amis (e) , n'ayez crainte, la base communiste, (et je la connais ma base), mais également je le crois, une forte majorité de nos dirigeants souhaitent sincèrement la poursuite du FdG.
    Nous sommes ok : Ni homme providentiel, Ni parti guide, Ni secte bavarde.
    Bonnes vacances pour celles et ceux qui peuvent en prendre, et courage à tous les autres.

  20. miss coquelicot dit :

    Encore une fois merci, Jean-Luc, pour toutes ces informations et analyses qui stimulent notre esprit critique ainsi que notre conscience citoyenne. Il est essentiel que le front de gauche reste ce creuset d'idées et d'initiatives. Je ne cesse de puiser dans votre écriture poétique, lucide et engagée, des arguments pour convaincre ainsi que l'énergie pour agir. L'éducation citoyenne exige de la patience et constitue un travail de de longue haleine mais je suis d'accord pour reconnaître qu'il porte déjà ses fruits. Continuons sans relâche à faire appel à l'humain dans la moindre occasion qui se présente, ouvrons la voie au programme "l'humain d'abord" en le faisant connaitre et l'histoire se chargera de faire le reste.

  21. Et encore une très belle analyse de la situation, ou des situations, camarade Jean-Luc. Bravo pour ton sang-froid et ta grande clairvoyance. J'adhère tout à fait en tant qu'électron libre à ta vision de ce qu'est le Front de Gauche. A trop vouloir construire un cadre on prend le risque de rigidifier le mouvement et de l'ensuquer dans des jeux d'appareil, ce que j’abhorre au plus haut point (c'est cela qui m'a fait quitter le PCF). Laissons le Front de Gauche croitre naturellement, c'est un objet complexe mais comme la nature il n'a pas forcement de finalité intrinsèque c'est ce qui fait sa grande force. Son principal moteur ce sont les idées et la construction de son programme qui constitue une vision d'avenir cohérente et basé sur des valeurs humanistes de partages des richesses dans le but est la pérennisation de l'écosystème viable pour l'Humanité...

    On lâche rien, on avance en développant l'éducation populaire ce qui demande un travail de longue haleine, pas d'impatience les graines ne germent pas forcement très vite, mais elles finissent toujours par le faire...

    Hasta la victoria siempre

  22. Fischer Gilles dit :

    S'abstenir, je trouve ça un peu court sous prétexte que le PS se dit de gauche. Il fait la même politique que la droite et l'écart ne se fait qu'à l'extrême marge (et encore, je le présuppose car je n'ai rien vu venir sauf les 0.6%) et c'est, à mon sens, voter contre le devoir du groupe de gauche. Rien dans ce que propose et fait le gouvernement actuel n'est digne d'être caractérisé par l'"humain d'abord" et à ce titre doit être combattu.

  23. alinber dit :

    Bon le sommet européen accouche et le bébé est génétiquement conforme à ses géniteurs.
    Résultats nous sommes complètement engagés dans le toboggan infernal,le changement dans la continuité est bel et bien en marche y compris pour faire passer des vessies pour des lanternes,ce qui pose vraiment le problème de comment se situer par rapport à ce gouvernement.....enfin peut-être sur un plan stratégie politique.....car sinon cela me semble évident il suffit de rester pragmatique puisque cela a fait ses preuves.
    Le néo-libéralisme quelle que soit la prétendue étiquette politique qui l'accompagne reste ce que nous rejetons au même titre que la cohorte de bonimenteurs qui le promeuvent.
    Un sujet d'interrogation et d'inquiétude pour ce qui me concerne est qu'est- ce qui se cache derrière l'union bancaire, curieusement vous n'abordez pas ce point particulier.

  24. gaelikprat dit :

    Merci Jean-Luc
    Ces dernieres annees grace à toi et au front de gauche,j'ai beaucoup appris et actualisé la vision de notre societe.
    Avoir 20 ans en MAI 68,se promener dans les rues de Paris croiser des inconnus souriant sentir la liberté c'est inoubliable et cela reste une réference. Vieux militant syndicaliste mutualiste et associatif (comme beaucoup d'autres) a 50ans. J'ai encore decouvert et pris conscience de la duplicite du mensonge par omission.Tu as raison l'urgence est à la pedagogie. Quand à moi sans trop d'illusion mais avec des reves (Lenine) je reste avec un zeste de deception et une grosse colére enfouie en moi.

  25. sergio dit :

    Tu nous donnes du boulot, Jean-Luc, et c'est ça l'apport irremplaçable du FdG dans notre pays : nous instruire, nous armer intellectuellement pour nous libérer de la chappe de propagande bétonnée qui nous écrase depuis longtemps.
    Rien que de lire attentivement tout ton nouveau texte demande du temps, de la disponibilité mentale et beaucoup d'attention.
    Concrètement parlant, j'espère qu'il y aura à nouveau des assemblées, des stages bien placés, à côté des mobilisations qui vont revenir puisque déjà nombreux sites industriels condamnés sont en lutte. je vais bien sûr de mon côté faire mon possible pour assister-participer (assister de façon active et non endormie) à des réunions politiques, convaincre toujours les autres (et c'est dur, les vingt ans de béton médiatique libéral), rejoindre les "actions" des syndicats et des salariés de mon coin ou quand il y a un mot d'ordre national.
    Je savais que ce ne serait pas cette fois-là que Jean-Luc serait chef de gouvernement, je savais qu'il y aurait du boulot encore et après les élections, mais c'est toujours mieux de mettre son énergie dans "l'auto-construction progressive" du Front, sic J.-L., que dans la rage et l'amertume nihilistes. Et que les militants compétents, énergiques, décidés, continuent à rejoindre les cadres et responsables afin que les uns puissent souffler un peu et les autres maintenir une analyse FdG dans les médias n'importe quand. Courage et aussi Détente, camarade, quand il le faut !

  26. Charles dit :

    Comme le plus souvent, excellent billet! Merci!
    Mon vécu des législatives (je vis à la frontière de deux circonscriptions): les candidats FdG étaient inconnus du "grand public" La campagne a été "anémique" (j'exagère un peu, mais bon!), fatigue ou lassitude des électeurs après le canardage médiatique de la présidentielle? Reflux suite à "l'échec" des présidentielles? Les seuls à voter ici étaient les "enragés" de la politique, majoritairement PS (Cambadelis réélu à 70% avec plus de 51% d'abstention, à pleurer!) Clairement, il manque un tissu, un réseau local "concret" comme ils disent! Nos candidats doivent se faire connaître plus, ce n'est pas aisé. Une remarque cependant, ici le vote PS est massivement soutenu par les noirs, qu'on voit très peu dans nos réunions, je ne sais pas pourquoi, je cherche encore...
    Sinon, avez-vous vu la pétition des économistes contre l'austérité, qui confirme notre positionnement? La pétition rassemble déjà plusieurs milliers de signatures!

    @ Webmestre: un grand, grand merci pour l'affichage en gras des liens, bien plus lisible pour le pauvre daltonien que je suis...
    Et désolé de revenir dessus, mais le site de PaP2012 est encore vérolé, j'ai essayé de me connecter hier, blackhole trojan! J'aurais volontiers signalé via mp, mais vous n'êtes pas accessible si ce n'est ici!)

    [Edit webmestre : Comme vous le savez, je ne suis pas en charge du site PAP2012, et à ce titre, je n'interviens qu'avec prudence. J'ai déjà nettoyé ce serveur le 16, le 17, le 18 et le 19 juin. Dans le même temps, j'ai sécurisé tous les serveurs dont j'ai la charge, dont celui qui accueille le blog de Jean-Luc Mélenchon, et qui n'a plus jamais été attaqué depuis. Mais concernant PaP2012, même si je viens de le nettoyer suite à votre alerte, cela va recommencer. En effet, il faudrait prendre des mesures appropriées qui ne sont pas de mon ressort. Les responsables en ont été avertis. Dans l'immédiat, n'ayant pas évalué l'exacte menace, je vous recommande de ne plus le visiter.]

  27. Nathenjoie dit :

    Évolution du prix du Carambar selon Wikipédia : Dans les années 1960, un Carambar coûtait cinq centimes de franc. Aujourd'hui, il est commercialisé au prix de 0,15 euro, ce qui correspond à un peu moins d'un franc. Ainsi, en l'espace de 40 ans, son prix a augmenté de plus de 2 000 %, mais pas à monnaie constante. Si la taille du Carambar avait eu la même inflation que son prix, il mesurerait 80 centimètres et six millimètres.
    Bon, ce n'est pas le cas de nos salaires, mais celui des plus riches.
    Le monde semble appartenir aux sociétés privées plus riches que les États qui sont, pour elles, un frein à leur expansion/exploitation sauf si la machine médiatique qu'elles payent met un homme de paille à leur tête. Et cela a quelque chose de terriblement décourageant ! Hollande a été élu bien avant les élections par les médias. Ces sociétés privées sont de terribles machines inhumaines, sans conscience, qui broient tout sur leur passage, le monde est un vaste Monopoly pour elle (elles ressemblent aux camps de la mort dans leur gestion méticuleuse de la destruction).
    Sauf si nous, les gens, préférons le chômage que de travailler pour elles. Je crois qu'il est temps de remettre en valeur les vertus du chômage, mieux vaut le chômage qu'être embauché dans une usine de mines antipersonnelles, ou une usine de Médiator, ou pour Monsento… Créons nos emplois. Sans travail, on devient enfin actif !

  28. undeplus dit :

    Mais boudiou c'est la 100 000ème fois qu'on nous fait le coup, nous mettre en état de crise pour faire passer des diktats capitalistes. Il semblerait, d'aprés ce que j'ai compris (me trompe-je), que ce soit la Commission Européenne qui fasse le sale boulot. Question: quels sont nos moyens, démocratiques ou civils, dans le sens de désobéissances, pour la contrer?

  29. nathenjoie dit :

    Heureusement, la vie est plus grande que le capital, plus grande que la prédation, la vie est une propagande résolument anti-libérale, il suffit de faire ses comptes et de chercher du boulot pour comprendre le piège dans lequel nous, les gens, nous ne devons plus jamais tomber.

  30. Le drame de l'Europe, pour ne pas parler de tragédie, c'est qu'il n'y a plus la moindre différence entre l'Internationale ultra libérale et l'Internationale "socialiste". Ces deux forces, qui devraient s'opposer très durement, compte tenu de la vision délirante de la première, collaborent, au pire sens du terme. On ne peut qu'être révolté de voir cette unanimité écoeurante dès qu'il s'agit de mettre à 100 % tout l'appareil de la puissance publique, existant au niveau européen et national,au service exclusif des intérêts privés, ceux des accumulateurs de fric, et non au service des populations. A ce stade on peut parler de haute trahison et de fanatisme : tout ce qui, de près ou de loin, rappelle la démocratie vraie, l'intérêt général, la justice sociale, la solidarité entre les êtres humains, le service public doit être détruit ! Comme s'ils ne supportaient pas que des gens avant eux aient essayé de mettre en oeuvre des politiques combattant la maxime "homo homini lupus " (l'homme est un loup pour l'homme"). Car telle est la devise de cette "Europe" qui n'est pas la nôtre. La puissance publique qui devrai protéger les peuples,est retournée contre eux ! Ca n'est pas supportable. Que va faire le parti "socialiste" dans cette galère ?

  31. Antraigues dit :

    Cher Jean-Luc Mélenchon, merci pour ce nouveau billet. Sachez que nous vous accordons toujours notre entière confiance, le fait que nous nous interrogions (ou même râlions parfois) n’y change rien. Merci aussi pour cette analyse sur la construction du FdG.
    Vu hier soir au « soir 3 » un reportage surprenant, dans lequel il était expliqué, experts et références historiques à l’appui, que les politiques d’austérité menaient obligatoirement à la catastrophe. Les idées développées par le FdG commenceraient elles à faire leur chemin dans les médias ?

  32. Garnier dit :

    Nous vendre l'austérité comme une nécessité incontournable n'a d'autre but que de nous faire accepter l'inacceptable. C'est un discours propagandiste libéral. A force de nous expliquer que tout va mal, que nous ne sommes pas compétitif, que le travail coute trop cher (Sans nous dire que le coût du travail c'est notre protection sociale (SS, Retraites, chômage, accident du travail, congé payés, durée hebdo de travail...)) ils nous enferment dans une logique culpabilisante nous donnant à penser que nous sommes les coupables de cet état de fait. Le renoncement à tout ou partie de nos privilèges de riches travailleurs serait donc la solution à la crise.
    Ils ont déjà gagné, le fait même que plus l'on est pauvre, plus ce que l'on à perdre pèse lourd, enferme le bon peuple dans une logique défensive ou la réflexion s'efface devant la réaction. Cette logique est l’opposé même de notre vision.
    5 ans de libéralisme socialiste vont finir de clore le projet de dé-tricotage de notre société, de celle voulu par le conseil de la résistance. Les arguties de justices sociales mises en avant, portées aux nues par Hollande va faire accepter à la majorité de nos compatriotes les mesures qu'une droite, même décomplexée, n'a pas osé porter à l'assemblé.
    Quel est le chemin, dans cette voie étroite d'une unification européenne, voulue par ailleurs comme une union positive des peuples, que nous pouvons prendre. Il ne sera pas facile de naviguer pour faire valoir nos...

  33. erlea2904 dit :

    Belle définition d'un Front de Gauche se définissant au gré des combats à mener.
    Je suis d'accord avec vous, à l'Assemblée Nationale, bien sûr notre attitude doit être constructive mais aussi intransigeante! Sinon nous serions vus par nos concitoyens comme des supplétifs au PS...et donc inutiles! Comme nous ne pouvons pas trop compter sur les médias (un euphémisme), il va falloir trouver comment faire connaître nos positions, propositions en les relayant le plus possible sur la place publique: Seule manière d'éveiller les consciences les plus réfractaires chez nos concitoyens abstentionnistes.

    Ce matin sur France Inter, un banquier de la BNP nous était présenté pour nous expliquer les enjeux des accords négociés en Europe (Très drôle!).
    Autant dire que c'est avec plaisir que j'ai lu votre analyse sur ce qui s'y trame!
    Comme beaucoup, j'aurais préféré savoir Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée Nationale mais au Parlement Européen vous serez notre sentinelle éclairée et éclairante!

  34. Moreau France dit :

    Cher Jean-Luc, ces analyses sont obligatoires dans un pareil contexte.
    Le gouvernement socialiste en place commence déjà à se mettre des premiers boulets aux pieds, ce que les électeurs ne manqueront guère de constater. La conséquence est le risque d’une désaffection supplémentaire de la population pour la politique, avec un retour aux comportements de fatalité en toile de fond et un électorat qui pourrait être encore plus abstentionniste dans le futur. Je pense qu’après les premiers faits observés, les socialistes prennent une énorme responsabilité pour le pays, à voir.... Ce qui conforte effectivement l’idée qu’une gauche autonome et surtout conquérante, comme tu en as si bien choisi les termes, devra s’afficher comme telle et sans faille, démontrant les incohérences et proposant des solutions. Une autre conséquence devient alors possible réduisant l’effet de la précédente : des mouvements sociaux sans précédant qui changeront la donne. La cohésion du front de gauche s’accentuera alors. Le rendez-vous est proche j’espère. J’attends cela avec impatience. Et puis, exprimer ce que l’on pense n’est pas se désunir, comment progresser sinon ? Tu n’as rien à te reprocher. Sincèrement et fidèlement, courage !

  35. Yann Dantal dit :

    Je suis globalement d'accord avec ce billet, mais par contre ils me semblent que deux points doivent être débattus pour aboutir à une éducation populaire sur ces sujets.
    1. La TVA sociale. En tant que chef d'entreprise, je trouve absurde de relier cette idée à un impôt. Les charges sociales ne sont pas un impôt, elles sont des cotisations pour payer les soins, la retraite, la formation professionnelle, l'assurance chômage... Les charges sociales n'ont pas de barêmes progressifs. Si vous gagnez deux fois plus, vous payez deux fois plus de charges sociales. Supprimer la TVA qui lui est un impôt injuste pour placer les charges sociales sur la consommation n'est donc pas une idée absurde, d'autant plus que c'est une idée qui se corrèle avec la planification écologique. En effet, les pays qui ne pratiquent pas de politiques sociales se voient alourdir d'une même charge que ceux qui en pratiquent. Cela ralentirait les politiques de dumping social. On peut même imaginer des politiques de reversement à des politiques sociales à l'extérieur de nos frontières pour "contaminer" les autres pays.
    2. Le moratoire sur la dette est indispensable pour stopper cette arnaque des taux d'intérêts pratiqués aux états. Mais cela ne veut pas dire que nous devons créer des budgets absurdement déficitaires. Nous devons également chiffrer notre rigueur au risque de toujours voir notre crédibilité affecté.
    Il me semble important de débattre et d'éclaircir ces deux points. Crédibilité...

  36. Caleb Irri dit :

    Monsieur Mélenchon, l'échec du Front de Gauche n'implique pas nécessairement la fin de son programme : l'Assemblée Constituante n'a pas besoin du gouvernement pour se réaliser. Nous avons tout ce qu'il faut pour cela.

  37. Charles dit :

    Ah, j'oubliais! J'ai beaucoup aimé l'intervention chez Bourdin, mon seul regret, c'est que tu n'aies pas renvoyé un "notre vote sera un vote dynamique et agressif" dans les dents du père Ayrault pour justifier l'abstention de confiance au gouvernement!
    C'est une bien belle perche pour rappeler le passage du MES au sénat! (qui est d'ailleurs une épine qui me reste bien solidement plantée dans la gorge!)

  38. COLLONGE Madeleine (Maddy) dit :

    Belle définition d'un "mouvement Front de Gauche". Nous sommes tous issus de partis différents voire du monde associatif et syndical. Pour certains d'entre nous, il ne faut pas abdiquer les partis, pour d'autres, une majorité, ils ne veulent pas adhérer aux partis classiques, mais directement au Front de Gauche.
    Dans mon coin d'Auvergne, je me pose la question comment le faire perdurer ? Nous continuons pour notre part à travailler en atelier, morceau par morceau de notre programme, afin que la gauche carambar en tienne compte dans ses propositions à l'assemblée. Bien décidés que nous sommes à ne pas lâcher la moindre brindille pour construire notre nid. Notre tâche est lourde, difficile, il nous faut préparer les municipales, voir plus loin que le bout de nos nez.
    Toutes les suggestions pour être présents, maintenant et demain sont les bienvenues dès lors qu'elles représentent l'idéal pour lequel nous nous battons.
    Bonnes vacances à celles et ceux qui peuvent en prendre.

  39. gagneur dit :

    Ce gouvernement est aux ordres de l’Europe d’austérité du capital…Virons Hollande et les socialistes qui se foutent de notre gueule avec l'augmentation de 0,6 % du SMIC ! "Quand on est a 10 € près pour boucler la fin du mois, 21€50 de plus, c'est pas mal." déclare Najat Vallaud-Belkacem-"Morano",porte parole du gouvernement sur Europe1. En faite, la véritable augmentation du Smic n’est que de 6,5 €, le reste n’étant que le rattrapage de l’ inflation ! Et il n y a pas que le Smic, il y a aussi le nouveau traité merkozy que Hollande ne veut plus renégocier, et le soulagement de la victoire de la droite grecque... Faut gueuler les amis ! ne rien attendre de ce gouvernement aux ordres de l'Europe austèrité Merkel ! Ne pas créer d'illusion chez les gens, en leur disant, comme j entends souvent: "on fait parti de la majorité de gauche" ou « faut attendre, bla bla bla »... Ce qui ne veut rien dire sinon faire croire au peuple que nous participons à ces mesurettes indécentes comme le 0,6 % d'augm. du smic... Nous ne faisons pas parti de la majorité de gauche, nous avons simplement aidé à virer Sarko. Et bientot il faudra virer les socialistes libéraux, valls, Moscovici, etc … pour réaliser notre révolution citoyenne !

  40. Gac Romain dit :

    C'est sur que depuis la campagne présidentielle on peut s'imaginer que le front de gauche va être une mode... Mais bon je crois que c'est faux. Au contraire en persistant et signant on peut montrer notre constance, au contraire d'autres partis qui présentent un candidat une année et un autre l'année suivante.
    Le vrai défi va être de renouveler le programme l'humain d'abord et de commencer à engager un rapport de force avec le socialisme... Pour cela pensez aux intérêts de vos électeurs et restez critique... Comme d'hab quoi:)
    Sinon bon courage car je sais que vous avez été personnellement menacé dans la campagne... Tenez bon et bon boulot!

  41. sylvie va dit :

    Comme le dit si bien Sergio, tes interventions qu'elles soient écrites ou parlées, sont pour nous un vrai travail, d'attention, d'interprétation, d'analyse. Il nous aide à voir au delà de l'horizon blafard que nous renvoient souvent nos comités.
    Les spéculations sur les prochaines élections ont déjà commencé pour certains et le travail de ceux qui veulent bien les accompagner les soutenir, va être rien qu'à imaginer... insurmontable.
    Il nous faut des élus de terrain, c'est une évidence importante, capitale, mais le PS continuant avec obstination, acharnement, comme des charognards son travail de destruction massive du front de gauche, a déjà enclenché la guerre des "places".
    Les listes d'union il en faudra, mais comment se fait il que la page des législatives à peine tournée, cette bataille là, soit déjà commencée ? La charrue avant les boeufs ça s'appelle... et les boeufs il va leur falloir plus d'un carambar à avaler avant de se soumettre à des conflits d'égos. Perso si la ligne n'est pas clairement définie, je quitterai ce parti, à grand regret car j'y ai découvert une immense et vraie fraternité, mais parce que je refuse de servir la soupe à qui que se soit !
    j'ai joué les "larbins", bon gré mal gré, à une grenouille qui se voulait plus grosse que le boeuf pour les législatives et qui désormais considère que sa candidature a transformé la grenouille en princesse...
    Halte là, redressons les lignes vite.
    bon courage camarade nous garderons le...

  42. coline dit :

    Sur la casse du droit du travail et le famaux pacte de croissance, voici un lien vers une vidéo de François Ruffin et les Mutins de Pangée, Le plan d'attaque des financiers tourné il y a déjà quelques semaines. Edifiant.

  43. Arnoux hervé dit :

    Bonjour Jean Luc,
    On ne gagne pas une guerre sans perdre quelques batailles. Bravo Jean Luc pour tout et surtout pour m'avoir réveillé et permis de m'initier à l'économie.
    Gardons le cap, la lutte ne fait que reprendre.
    Bien amicalement

  44. j.lou dit :

    La France par son histoire a mis en place des fonctions publiques pour améliorer la vie du plus grand nombre. Qu'elles soient d'état, territoriales ou hospitalières, elles existent encore et jouent un rôle d'amortisseur contre la politique destructrice de la fonction publique des états de l'Europe actuelle. Ce bien public que l'Amérique nous envie est menacé. En France pendant 10 ans la droite n'a cessé de matraquer dans les médias que les fonctionnaires étaient les nantis qui coûtaient cher à la nation. Le message est passé dans les têtes et l'Europe actuelle prend le relais du matraquage. Le commun des mortels n'a pas encore pris conscience de la dégradation de la puissance publique française. Confronté à survivre avec un salaire de misère la chose publique n'est pas son souci premier. Aussi la pérennité du bien public ne pourra se faire que par une volonté politique de fer des états contre l'Europe. C'est ici l'objet de la révolution européenne. Il nous faut passer d'une Europe libérale génératrice de misère sociale pour le plus grand nombre au profit de quelques uns à des états unis pour une République européenne en vue du bonheur du plus grand nombre.

  45. erlea2904 dit :

    Pour Michel Sapin, il faudrait être au SMIC et manger des carambars pour critiquer le "coup de pouce". Donc si je comprends bien les hommes et femmes politiques ne défendent plus l’intérêt général, mais leurs intérêts de caste! Les socialistes n'ont rien à répondre et s'enfoncent dans des arguments de droite: de mieux en mieux!

  46. JOE dit :

    Les gourous du "marketing" auquels il faut emprunter les methodes, car le revolutionaire doit etre dans le peuple - et dans la societe contemporaine - comme un poisson dans l'eau. declarent que pour vendre et se faire approuver il faut " creer l'evenement et occuper l espace " Nous avons cree l'evenement, maintenant il est vital d occuper l espace et surtout d'y faire du bruit, pour que cette occupation se voit, nos idees etant rationnelles petit a petit les refractaires y adhererons, reflection oblige. Afin d'entretenir l elan, il faudra de temps en temps d'autres "Bastilles", d autres "Prados", l'espace temps qui leurs succedera, sera occupé par les commentaires donc du bruit qui reveillera encore d'autres conscience et ainsi de suite. Hasta La Victoria Siempre..... le route est longue mais la victoire en sera d autant plus ecrasante....Mr. Mélenchon ! A+

  47. mathias95 dit :

    Un carambar par jour pour les smicards et des milliards pour les oligarchies financières, qui viendront se rajouter à la dette ! Elle est pas belle la vie de ces gens là. Ils vont pouvoir continuer à se lancer dans toutes les incuries financières ; jouer au monopoly, acheter de l'immobilier à n'en plus finir, spéculer sur des valeurs pourries, sachant qu'en finalité les bons peuples paieront." Pas d'argent, c'est la crise", c'est le leitmotive de la droite et des socialistes ? Maintenant ? A quand des impôts pour les multinationales réfugiées en Suisse, Luxembourg qui n'en paient pas par ce tour de passe-passe ? A quand la suppression des niches fiscales, 140 milliards (le vrai chiffre) qui ne profite pour l'essentiel qu'aux riches et qui ne créent pas un seul emploi ? A quand une véritable lutte contre la fraude-l'évasion fiscale, 80 milliards par an, plusieurs milliers de milliards planqués dans les paradis gris ? A lire le livre :" Les 600 milliards qui manquent à la France" du journaliste de La Croix. A quand une taxation sur l'argent gagné en spéculant,en dormant, qui rapporterait 100 milliards ? A quand l'abrogation de la loi scélérate de 1973 qui oblige à emprunter aux banques ; 1400 milliards perdus en 40 ans ! Soit le poids de la dette.
    Continuons notre programme d'éducation individuel, nous n'avons pas le temps ni les moyens de polémiquer comme le souhaiterait la " médiacratie aux ordres", autiste et qui vit dans le déni de tout ce qui est...

  48. MIchils Franz dit :

    Excellent, comme d'habitude.

    Dorénavant on ne parlera plus du capitaine de pédalo, mais de Monsieur Carambar.

  49. Jake B dit :

    Avant d'éduquer, il faut raser les vieux préjugés de notre éducation séculaire. Je parle de la peur de l'autorité sous toutes ses formes (le seigneur, le curé, l'instituteur, le gendarme, le patron,...).
    A ce jour, les gens pensent dans un cadre bien défini. il y a une dette, il faut payer. Il y a des riches et des pauvres, et on ne peut rien y faire. Il y a un ordre naturel des choses et on n'y peut rien changer.
    Même aujourd'hui, des quasi-smicards contestent la hausse de 2% du smic. C'est pas bon pour les entreprises ! çà nous dévalorise ! l'économie ne peut pas supporter çà ! çà va encore accroitre les délocalisations,...
    A l'intérieur de ce cadre, la pensée néo-libérale, il est clair qu'il n'y a pas d'autres solutions. L'argent avant l'être humain!
    Il faut donc changer de cadre. Faire péter les murs pour commencer à apprendre à penser autrement.
    Et là, commence le vrai boulot.

  50. agnès G dit :

    Qu'est-ce qu'on attend pour se démarquer vraiment de la politique du PS ? et d'une manière générale avec tous ces surfeurs de surface qui ne semblent pas prêts, du tout, à résoudre ce qui prend vraiment aux tripes : bosser pour être pauvre, se considérer enropéen-ne pour s'apercevoir au final que là encore c'est vivre pour être pauvre.... Marre de l'oeil fermé du gouvernement PS qui ne veut voir que les petits 10 euros alloués fin de mois et pas les 100 euros qui manquent déjà début de mois quand les factures en augmentation ont troué le découvert du mois précédent.... Marre des guéguerres de souverainetés, d'égos, entre chefs de pays qui masquent le gouffre où on va droit... à reculons ! Pourquoi laisse-t-on le temps passer, s'installer des principes et des traités, accords irréversibles ? Pourquoi n'oppose-t-on pas un parti du bon sens aux conflits d'intérêts " d'entre les murs " ?... Qu'attend-on ?


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