10mar 11

Sondage et gros lot, la scène politique en lambeaux, la CGT défend notre honneur

Avis aux moutons, le grand méchant loup est là. Suivez vos bons bergers !

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J'ai laissé tomber mes notes et mon récit sur les réunions publiques à Dole, Nancy et ailleurs. J'ai mis à part mes commentaires de la visite de la centrale géothermique de Soultz-sous-Forêt. Et, bien sûr, j'ai remisé ce que j'ai à dire des mauvais coups contre les peuples que l'union européenne prépare. 

Il y a le feu chez nous ! Enfants, craignez le loup et courrez vers vos bons bergers : madame Le Pen est présidente. Le Front National est au pouvoir. Ou presque. Mauvaise blague. Mais un coup médiatique sans principe est en train de tourner au tremblement de terre politique. Le président Sarkozy ressort en chaussette de l'épisode. Dans quinze jours après le vote des cantonales, il ne lui restera même pas les chaussettes. Un monde est en train de basculer. Un sondage bidonné suffit à provoquer un ouragan en Indonésie. L'effet papillon en politique est prouvé. Ben Ali et Moubarak en ont su quelque chose.

Profitant aussitôt de l'avantage concédé si facilement, madame Le Pen pousse l'avantage. Elle porte plainte contre moi. Et contre la CGT. Dans les deux cas il s'agit pour elle d'obtenir que le FN soit considéré "comme un parti comme les autres". Pour les sondeurs et le journal "Le Parisien" elle est déjà "un parti mieux que les autres". Il s'agit donc de démontrer que la gauche, celle qui tient tête, elle, est "moins que les autres". Un coup monté de longue main où les compères ne manquent pas, à droite comme à gauche et dans les médias. Mais le cirque n'en a cure. Il est déjà allé battre la grosse caisse plus loin. Un rapide état des lieux s'impose.

Les photographies qui illustrent ce billet ont été envoyées par Franc Servière. Merci à lui.

Madame Le Pen porte plainte contre moi parce que j’ai dit qu’un « Français sur quatre n’est pas prêt à se donner à un fasciste ». Elle n’a pas lu Plantu, l’ami à dix mille euros du Qatar, et elle ignore donc q18ue selon lui nous serions identiques. Assez blagué. Plainte ? Je l’attends de pied ferme ! Elle changera d’avis avant moi. Je ne suis pas accoutumé à défendre mes idées politiques dans un tribunal notamment parce qu’il ne me semble pas que ce soit le lieu. Mais j’irai. Je demanderai moi-même la levée de mon immunité parlementaire. Elle est pourtant strictement réservée à ce genre de cas où la liberté de parole politique de l’élu doit être protégée. Madame Le Pen n’hésite pourtant pas à parler elle de « méthodes fascistes » à propos de l’invitation annulée à radio J sur l’injonction du président du CRIF. Lequel, elle sait comme moi n’est pas un fasciste. Juste quelqu’un qui veut exercer un pouvoir normatif communautaire sur la liberté de parole des autres. On l’a vu avec son interdiction de la réunion autour de Leila Shahid à l’ENS de Paris. Un pouvoir d’intimidation suffisant pour que, tout en protestant bien fort, madame Le Pen porte plainte de nouveau mais prudemment et bizarrement contre l’UEJF. Mais pas contre le CRIF. Pas téméraire la vague bleue Marine ! Quelques heures plus tard on apprenait qu’un nouveau sondage la plaçait en troisième position et que Strauss-Kahn redevenait le sauveur suprême de la gauche. 

Ainsi, les rebondissements rocambolesques et inouïs de la société du spectacle qui ont suivi les jours après la publication du sondage b07idon de l’institut Harris Interactive soulignent un changement d’époque politique. Je fais bref : nous voici dans l’ère du « Qu’ils dégagent tous ». Le système est à bout de souffle. Il tient par le spectacle qui distrait l’attention. Que pense-t-on du moment chez les Toulemonde ? Que la politique des libéraux ne mène nulle part. Inutile de dire pourquoi. Tous mes lecteurs le savent comme moi. Mais ce qui est, pour les esprits qui analysent et dissèquent, un fait politique, est pour la masse des gens un fait de vie quotidienne. Elle voit un monde qui est non seulement injuste mais où on ne peut rien espérer. Un monde où tout doit être payé, cher, et où rien ne fonctionne vraiment comme prévu. Ni l’ascenseur du HLM, ni la hotline, ni le train, ni l’avion, ni les urgences, ni Pôle emploi, et ainsi de suite, toutes choses qui marchaient encore avant. Autrefois. C’est la grande régression que décrit Jacques Généreux. C’est un monde sans horizon. Sacrifice hier, sacrifice demain et après demain. Des efforts, encore des efforts et des puissants qui se gobergent.

Les nôtres, à gauche, savent pourquoi. Ils ont l’apprentissage de la bataille collective, ils ont des traditions, des syndicats, des mots, de l’idée. Mais la droite populaire, la droite d’en bas ne sait rien. C’est à présent une meute affolée qui ne sait pas de quel côté se tourner. Son agitation exaspérée déstabilise à mort tout le système qui, au fond, ne repose que sur eux puisque les nôtres lui tournent déjà le dos. C’est dans ces moments que tout passe par la politique. C'est-à-dire par la capacité de mettre en mots le ressenti et de lui tracer un chemin. A droite cette fonction là est en panne totale. Pour moi, tout part de ce fait qu’il n’y a plus de centre de gravité au pouvoir politique institutionnel.01

L’écroulement de l’autorité de Nicolas Sarkozy à droite est le point de départ. Dans le vide, ce qui avance c’est la seule force cohérente qui combine en un tout une organisation, la notoriété d’un nom et une aptitude à donner un sens à la colère du grand nombre à droite et parmi les désorientés. Madame Le Pen est le vase communicant de la fuite de la droite populaire hors du camp Sarkozyste. Elle est en train de réussir dans son camp ce que nous, l’autre gauche, n’arrivons pas à faire dans le notre : siphonner les dominants et prendre leur place, pour pouvoir enfin agir autrement que d’après les vieilles routines qui ont échoué. Comprendre sans perdre son sang froid, et balayer devant notre porte. Balayons : la division de l’autre gauche du fait du NPA nous cloue au sol. Les lenteurs et les frilosités du Front de Gauche étouffent sur la scène nationale une dynamique pourtant partout visible sur le terrain ! Ceci dit, ne perdons aucun des enseignements de ce qui vient de se passer pendant ces quelques jours.

Face au sondage bidon de l’institut Harris Interactive, il fallait résister ! Immédiatement ! Instantanément ! Comme lors de la parution du rapport du COR sur les retraites qui prétendait prévoir l’avenir sur quarante ans ! A l’époque nous avons résisté séance tenante. Et en deux jours étaient ridiculisés tous ceux qui s’y référaient. Ce point de départ nous facilita considérablement02 la tache de mobilisation contre la réforme Sarkozy. Cette fois ci je me suis senti un peu seul dans les heures qui comptaient, les premières. Sont en cause de misérables réflexes : le manque de sang froid, l’occasion médiocre de coller sur le dos de tel ou tel autre la responsabilité de la situation, le goût de faire des bavardages sociologiques à deux sous, l’habitude de se coucher devant les injonctions de l’industrie du spectacle médiatique. Cependant ajoutons qu’il fallait répondre à un évènement dont personne ne savait rien. Il fallait donc jouer sur ses réflexes. Et précisément ce que l’on a vu n’était pas joli joli. Palme du cynisme, comme souvent, à François Hollande qui a assumé de ne « pas critiquer les sondages » et aussitôt tiré parti du résultat pour exiger de tous les autres candidats de gauche qu’ils se retirent ! Ceci explique cela, évidemment. Je vais en parler. Finalement seule Ségolène Royal a aussi vu venir l’ennemi et sa grosse manipulation. Mais sur le champ, dans les heures d’émotion où des journalistes vous harcèlent pour répondre alors même que la plupart des éléments précis vous manquent, le nombre des résistants au bidonnage fut très restreint. Il fallait avoir une carcasse théorique solide ! Mais la suite a prouvé que mon réflexe était le bon !

Tachons de comprendre comment le bidouillage est désormais inscrit dans le code génétique des instituts de sondage. Aujourd’hui pire que jamais. Apprenez ceci. L’industrie du sondage butte sur un énorme problème. Le nombre de03 gens qui acceptent de répondre est déclinant. Les gens ne veulent plus participer à un exercice qui leur parait futile. D’ailleurs il est amusant de savoir qu’une « enquête » d’opinion a révélé que 54 % des sondés avouent mentir aux sondeurs. Ce qui laisse perplexe sur ce qu’il faut en conclure : mentaient-ils aussi à cette occasion ? Donc pour avoir une personne qui accepte de répondre dorénavant il faut faire vingt fois plus d’appels téléphoniques qu’avant. Vous suivez ? Quelle conséquence ? Il ne s’agit pas d’un aspect intellectuel. C’est une réalité matérielle. Cette situation fait que le coût de la réalisation d’un sondage augmente. D’où l’invention de nouvelles méthodes pour constituer un panel de personnes qui répondent. Dorénavant les sondeurs recrutent au hasard des gens qui acceptent d’être sondés. En échange il leur propose soit de l’argent (une camarade reçoit 2,67 euros pour une série de question sur vingt huit minutes) soit contre participation à une loterie. Ce sont donc souvent des militants qui acceptent de s’inscrire. Mais eux-mêmes avouent qu’ils n’ont pas toujours le temps à perdre pour se torturer le cerveau sur ce qui n’est pas de la politique. D’aucuns me disent qu’ils répondent donc n’importe quoi au bout de dix minutes. Le tout c’est de remplir toutes les cases pour arriver au droit d’être dans la loterie ou recevoir sa prime ou les deux à la fois. Harris Interactive met en place un tel système de participation à un jeu concours, très officiellement contrôlé par huissier. Il permet de gagner des lots qui sont en fait des chèques bancaires par tirage au sort. Selon le site d'information Mediapart, M. Lévy "est bien obligé de reconnaître" que son institut pratique une forme de "rémunération". Pour attirer le chaland et le motiver à répondre à son enquête, réalisée sur internet. Au cas présent, comme tout le monde le sait maintenant, l'institut a organisé un jeu-concours et fait miroiter une récompense. Au final, on apprend que 7.000 euros ont été offerts à l'un des 1.600 membres du panel. Frédéric Dabi de l'Ifop, un autre spécialiste des sondages politiques, admet également que son institut dédommage les gens pour le temps passé à répondre. "Pour cela, on les inscrit à un programme de fidélisation, qui revient à 10 centimes d'euros par questionnaire, ce qui est extrêmement symbolique", a-t-il déclaré à l’AFP. "On ne veut pas instaurer avec eux de relations mercantiles". Ben voyons, c’est juste par amitié.

Apprécions mieux cette dimension de l’affaire en lisant cet extrait d’interview du patron de Harris  Interactive que j’ai trouvé dans Marianne 2. Voici la question : «  Une personne « gratifiée » pour répondre à un sondage politique est-elle dans le même état d'esprit qu'un citoyen ? » Voici la réponse merveilleuse du manipulateur. « L’idéal de démocratie devrait amener les citoyens à participer sans le moindre stimulus. » Un détail : en quoi le fait de répondre a un sondage est-il un 04acte citoyen ? N’est-ce pas plutôt le contraire ?  Voyons la suite « Aujourd’hui, on remarque que certaines catégories de population répondent plus facilement si elles entrevoient une forme de gratification potentielle ou envisageable. L’enjeu est évidemment de faire en sorte que le stimulus ne soit pas l’unique motivation à répondre à une enquête. » La phrase dit clairement que cependant la rémunération est une des dimensions de la motivation. Comment ce biais est-il lui-même ensuite corrigé ? L’est-il ?

 « A Harris Interactive, déclare son patron, nous avons, après avoir effectué des recherches, opté pour la participation à une sorte de loterie. Il s'agit là de la stimulation ayant le moindre impact social. La probabilité de "gain", reste extrêmement faible. Tant qu’à la fin des questionnaires un nombre conséquent d’interviewés nous remercierons de leur avoir « donné la parole », nous pourrons considérer que « l’appât du gain » n’a pas porté atteinte à la sincérité des réponses. » Sans commentaire tant le cynisme est grossier. Notons que personne ne saura jamais qui, ni combien, ont remercié ce monsieur de leur avoir « donné la parole ». Ce que l’on sait : c’est cela que promet sa notice d’incitation à s’inscrire dans un panel de sondés « gratifiés » pour « influencer les décideurs ».

Ce sondage Louis Harris était donc un sondage « en ligne ». Il a donc été réalisé en questionnant des sondés « gratifiés » et bien clientélisés. Non seulement qu’il n’y a aucune certitude sur l’identité de celui qui répond mais il n’y en a pas non plus sur ses motivations : répondait-il à des questions ou avançait-il vers la case d’accès à la loterie ? Ce sondage était aussi un sondage « omnibus ». C'est-à-dire que les questions sur la présidentielle sont posées entre deux questions05 sur la mairie de Paris et sur la qualité de divers produits cosmétiques. Inutile de dire que tout cela aggrave considérablement tout ce que l’on dit d’habitude contre ce type « d’enquête ».

Mais tout de même ! Ca ne faisait pas bon genre de contester la validité du sondage. Des années de débat, des centaines de textes et de livres sur la question, tout Bourdieu (haï de la caste des médiacrates) tout Champagne et Garrigou, pour ne parler que d’eux ont été rayés de la carte intellectuelle par un petit monde cynique et avide de bons coups qui évitent de réfléchir et de créer des stratégies de conquête politique fondées sur de la conviction. C’est tellement plus confortable de commenter un sondage en se donnant le beau rôle sur le mode « ce n’est pas de ma faute c’est celle du voisin ». Dans ces heures difficiles, la voie doucereuses de la capitulation prend mille intonations sinueuses : « il ne suffit pas de casser le thermomètre pour faire tomber la température », « tout de même, il n’y pas de fumée sans feu », « il ne faut pas faire l’autruche ». Et ainsi de suite ! Il ne s’agit pas de nier que l’extrême droite avance. S’il en est ainsi c’est parce qu’elle se nourrit d’abord de l’extrême décomposition de la droite. Et ensuite de l’effondrement de la sphère politique dans un spectacle sans contenu ! On le sait ! Mais dans ce cas  il s’agit de ne pas participer à la manœuvre de ceux qui affirment sans fondement que le premier parti politique du pays serait le Front national et qu’un français sur quatre serait prêt à donner les clefs de la maison à l’extrême droite !  

N’empêche, c’est bien joué. Le piège du sondage bidon de l’institut de massage électoral Harris Interactive a fonctionné à mille pour cent, avec la complicité plus ou moins consciente de bien des belles personnes. Le résultat de l’enquête a été pris pour argent comptant. Comme si avait un fondement la pseudo réalité que met en scène un sondage. Dès lors, ce qui n’exist10ait que dans l’alambic bricolé d’un sondage omnibus est devenu une réalité. Puisqu’elle était en débat. Le débat a créée la réalité du résultat du sondage dans les esprits de ceux qui recevaient l’information. J’ai nommée « méta-réalité » cette réalité fondée par le fait « qu’on en parle ». Le mot désigne un « au delà du réel » comme le mot métaphysique désigne un discours qui prétend décrire la réalité au delà du monde physique. Un au-delà qui n’existe pas. Mais dont l’existence supposée fait agir très concrètement dans la réalité vraie. C’est ce qui s’est passé là. En plaçant madame Le Pen en tête du premier tour tout le débat politique s’est aussitôt recentré sur la magouille de la stratégie électorale. En ce sens la méta-réalité est un moment de la réalité. Il faut en jouer nous aussi. Appuyons nous sur l’indignation et le soupçon que déclenche cette opération pour frapper le système qui les produit. C’est le moment de militer pour la loi Sueur-Portelli, adoptée à l’unanimité du Sénat. Quand viendra-t-elle en débat à l’Assemblée ? Faisons d’une pierre plusieurs coups : discréditons les instituts de sondages, dénonçons le gouvernement qui ne veut pas d’une loi comme celle-ci et préfère la magouille.

En attendant, les pauvres progrès accomplis dans le débat sur le fond ont été aussitôt anéantis. Retour à la case départ. Pour affronter le diable de confort il faudrait se regrouper sans condition vers nos chefs de meute auto proclamés. Pour aborder cet aspect du  sujet je vous donne à lire un éditorial que j’ai découvert dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace ». C’est un texte réconfortant. Il l’est en ceci qu’il montre comment de tous côtés, et  notamment parmi les professionnels des médias des interrogations se font jour, des remises en cause peuvent s’opérer par delà tous les corporatismes et les engagements. Car nombreux sont ceux qui sentent qu’une limite a été atteinte. Cette fois-ci un pallier dans la déchéance de la démocratie politique pourrait être franchi. Ce que vous allez lire rend plus urgent que la loi, expression de la volonté de tous fasse respecter l’ordre public démocratique, qui est incompatible avec les mœurs des mercantiles du type de cet institut qui vendraient père et mère pour un coup de pub. Les consciences sont mures pour cette loi ! 

« Où va-t-on, amis journalistes ? L’éditorial d'Olivier Picard. Les Dernières Nouvelles d'Alsace – 9 mars 2011. « Et si on refusait, nous, les journalistes, de nous soumettre à la dictature des sondages ? De refuser d’entrer dans la ronde12 infernale de ces enquêtes d’opinion dont les rouages secrets nous échappent ? De rejeter l’abrutissement progressif que nous assène la mesure d’une majorité sur tous les sujets ? De ne pas répondre à ce besoin de vérifier que nous sommes comme il faut, que nous pensons comme il faut, que nous choisissons au supermarché comme il faut, que nous avons des comportements comme il faut à la maison, dans la rue et jusque sous la couette ? 

Réaction, extrême sûrement, à une dérive extrême. Contestable, évidemment, par son manque de nuance, et par son utopie qui fait fi de la curiosité et de l’irrépressible tentation, tellement humaine, de comparer, de créer une compétition non seulement entre les hommes mais entre les concepts. De jouer, tout simplement… Nous ne sommes pas jansénistes après tout. Ah, l’excitation des classements, des projections avant le verdict des urnes, du calcul des rapports de force : qui niera, sans hypocrisie professionnelle, qu’elle produit l’adrénaline du feuilleton politique ? Ce vertige artificiel qui met en tension l’actualité du pouvoir et des réalités. 

Cette lucidité salutaire, luxe démocrate, en appelle une autre : le sondage, et en particulier le mauvais sondage, est en train de tuer le débat politique. C’est un alcool fort. Une véritable addiction qui ravage peu à peu, élection après élection, la liberté des acteurs de la comédie du pouvoir. Stratégies, attitudes et jusqu’aux décisions majeures comme mineures sont guidées par les réactions supposées de ceux auxquels elles s’adressent. A ce degré, c’est nouveau.

Les communicants qui manipulent l’instrument sondagier comme une règle à calcul infaillible nous font glisser de la démocratie d’opinion, déjà risquée, à une reddition générale de l’instinct et de la raison politiques.

Et voilà qu’on découvre que de nombreux sondages sont régis, d’une façon ou d’une autre par des concours d’argent. Alors là, c’est le pompon clinquant d’un manège politique devenu fou. L’adoption rapide par l’Assemblée de la proposition de loi, votée à l’unanimité par le Sénat, qui exige la transparence d’enquêtes qui ont la puissance de manipuler le jeu politique serait un minimum. Elle ne suffira pas pour autant à réhabiliter une information politique largement décrédibilisée. Encore faudra-t-il, comme nous le faisons aux DNA, savoir dire non aux sondages qui n’ont aucun sens. Être scrupuleux. Sélectifs. C’est simple, après tout. Une question de volonté. Celle de résister à un spectaculaire vide, pour privilégier un journalisme affranchi. Une question de dignité pour des journaux qui doivent à leurs lecteurs ce respect et cette ambition élémentaires. Olivier Picard » Rien à ajouter. 

« L’institut » Harris Interactive a évidemment utilisé subtilement la sottise des premières réactions. Comme j’ai été le seul à critiquer la méthode elle-même et l’abus de confiance, le sondeur se sentait fort. Puisque personne d’autres 16que moi parmi les candidats ne contestait l’outil lui-même, quelle critique restait-il ? La plus stupide et la plus contre performante ! Que l’on n’aurait pas sondé les bons noms. C’était bien le but de la manœuvre. C’est donc « à la demande générale » que le nom de Strauss-Kahn a été introduit dans le tuyau avec celui de ce pauvre Hollande comme faire valoir. Cette méthode a permis de faire d’une pierre deux coups. Premier but atteint : il ne resterait que Strauss Kahn ou Sarkozy dans chaque camp pour représenter la droite ou la gauche. Affirmation scientifique d’un institut de sondage qui a fait l’enquête à la demande des personnes concernées par le précédent sondage. Complément subliminal : l’un ou l’autre est automatiquement élu au deuxième tour. Car bien sûr tout le monde sait que madame Le Pen ne peut pas être élue au deuxième tour. Face à Jean Marie Le Pen en 2002, Chirac pourtant perdu de réputation et pris jusqu’au cou dans les affaires avait été réélu avec quatre vingt pour cent des voix ! Est-ce pour masquer l’ampleur de la manœuvre que « le Parisien » titre « Sarkozy, Strauss-Kahn, Hollande : tous battus !» Battus ? Mais au premier tour de ce sondage. Dans la vraie vie, au deuxième tour, n’importe lequel d’entre eux battrait marine Le Pen sans distribuer un seul tract.

Je donne encore la parole à un journaliste pour expliquer ce point. C’est Philippe Cohen, du journal Marianne. « A l'endroit ou à l'envers, selon le camp dans lequel on tricote sa pelote. Le terrible sondage Harris-Le Parisien souligne un 13drôle de paradoxe : désormais le candidat de l'UMP comme celui du PS va rêver d'affronter Marine Le Pen au second tour pour mettre de son côté toutes ses chances de gagner. Pour Nicolas Sarkozy, cette hypothèse est même en train de devenir la seule lui permettant d'espérer la victoire. Dès lors, la priorité absolue, à droite comme à gauche va être d'éliminer tous ses concurrents et d'imposer une candidature unique dans son camp. » 

C’est évidemment François Hollande qui a frappé le plus fort, séance tenante pour réclamer un retrait général devant le candidat socialiste. Mais à droite aussi il y a eu des grands esprits aussi peu finauds pour saisir trop vite et trop fort l’occasion que préparait ce sondage. Evidemment l’éditorial de « Libération » était là pour monter en ligne dans la bataille des manipulateurs.  « Une fois la compétition lancée, si la gauche radicale devait renvoyer Sarkozy et le candidat socialiste dos à dos, elle apporterait alors de l'eau au moulin frontiste. Une multiplication des candidatures à gauche, au-delà du raisonnable, affaiblirait aussi ses chances de victoire. » Hop ! On se souviendra que ce journal de donneur de leçon relégua en page huit mon débat avec Marine Le Pen et de surcroit en nous renvoyant dos à dos ! Mais j’étais à la une comme « L’homme qui veut faire battre Strauss Kahn ».

Mais c’est encore petite bière que ces grosses ficelles. Le pire a été le traitement médiatique qui a reproduit jusqu'à la nausée l’univers sémantique qui fait pousser dru le Front national. On ne compte plus les unes et les articles à 14l’accroche sensationnaliste lepenisante. « Le sondage qui affole la classe politique » « Qui a peur de Marine Le Pen » et ainsi de suite. Rien n’est meilleur pour l’intéressée que cette façon de la mettre en championne de l’anti système. Juste auparavant les mêmes avaient reproduit en boucle encore les informations qui montraient un FN rallié de tous côtés par des gens de gauche. Ici un syndicaliste CGT, là des militants du NPA et la liste s’allongeait. Aucune enquête, aucune indication de la manière dont ces informations étaient remontées jusqu’aux champions du journalisme d’investigation  « je n’ai pas à vous donner mes sources » que nous connaissons tous. Vu de près, une fois décrypté un à un on découvre là encore la manœuvre. Le cégétiste l’était depuis quatre mois, la NPA n’a jamais eu de carte au NPA mais sa maman en avait une au FN, et ainsi de suite. C’est comme ça que dans une émission une zélée de l’investigation fit surgir contre moi un groupe de quatre membres d’une famille du Pas de Calais composé de deux communistes et deux socialistes passés au FN. Comme si l’extrême droite était composée de transfuges de la gauche.

Evidemment cette journaliste avait mené son investigation de terrain en téléphonant au siège du Front national et n’a jamais vérifié la véracité des affirmations des comédiens locaux. Il s’agit évidemment d’une manœuvre. Au point de départ il y a les manœuvriers retors du Front national et à l’arrivée un journaliste surbooké « qui n’a pas le temps » mais qui a de solides préjugés. Le mythe de l’ouvrier de gauche raciste et xénophobe fait parte de la bataille idéologique de la droite et du monde des belles personnes pour qui le peuple doit être tenu à sa place répugnante. Dans cet environnement médiatico politique voici un document qui fait du bien. Un texte de grande tenue. Celui que vient de diffuser aux secrétaires généraux des syndicats CGT Bernard Thibault. Je le publie pour contribuer à sa diffusion déjà bien engagée sur la toile puisque je l’ai déjà reçu trois fois dans ma boite aux lettres. Il faut évidemment que ce texte soit connu de tous côtés. Il met les pendules à l’heure.

Montreuil, 8 mars 2011 -Bernard Thibault, Secrétaire général de la CGT. « Cher(e)s camarades, à circonstance exceptionnelle, démarche exceptionnelle, je m’adresse directement aux secrétaires généraux des organisations de la CGT suite à l’annonce par la direction d’un parti politique, le Front national, de son intention de porter plainte à l’encontre de la CGT au motif qu’un de ses candidats aux élections cantonales est suspendu dans l’attente d’autres décisions. La direction du Front national revendique au travers de la tenue de ce futur procès d’en faire « un événement dans la vie politique et sociale française en faisant reconnaître le FN comme un parti politique comme les autres ». Pour eux « la liberté d’opinion est bafouée », « il faut déverrouiller l’étau syndical » et cela s’inscrit «dans la s15tratégie de Marine Le Pen de conquérir le champ social et le monde du travail » dixit P. Alliot, Vice Président du FN.

Naturellement, la CGT saura répondre devant tout tribunal de son bon droit. Les jurisprudences européenne et française sont suffisamment fournies pour qu’il n’y ait aucun doute sur l’issue juridique de cette affaire. Ce n’est pas tant le terrain du droit qui motive le FN que la campagne que cette affaire peut alimenter. Nous avons à faire face à une volonté délibérée d’instrumentalisation du combat syndical et donc de la CGT pour promouvoir les thèses du FN parmi les salariés. Après que nous ayons mis en échec par voie de justice, dans les années 90, toutes les tentatives du FN de créer des pseudos syndicats qui n’étaient que des succursales de ce parti (FN-Police, FN-RATP …), nous avons également repoussé la tentative du FN de présenter ses candidats derrière la façade de la Confédération Française nationale des Travailleurs (CFNT) aux élections prud’homales de 2008. Confronté à ses échecs successifs, le FN avait explicitement indiqué dès cette époque que sa stratégie consistait à s’infiltrer dans les organisations existantes. Nous savons qu’il y est parfois parvenu dans des sections syndicales d’autres confédérations peu regardantes. Cet entrisme dans les syndicats a clairement pour objectif d’en faire des marchepieds au service d’une stratégie politique.

C’est ce qu’il a réalisé dans le syndicat CGT des Territoriaux de Nilvange affilié à la fédération des Services publics et à l’union départementale de la Moselle. Comment comprendre le choix du FN de présenter aux élections cantonales un adhérent de fraiche date (4mois) si ce n’est pour instrumentaliser sa première qualité de secrétaire général d’un syndicat CGT. Cette appartenance syndicale qui est historiquement une tare aux yeux de l’extrême droite compte tenu « de la philosophie marxiste de la CGT » devient subitement une qualité en période électorale.

Les deux organisations, union départementale et fédération concernées, travaillent en étroite relation pour faire face à la situation. Les membres de la Commission exécutive confédérale réunis le 1er mars ont apporté un soutien unanime aux procédures qu’elles ont engagées. Nous avons également décidé d’élaborer un argumentaire détaillé pour les organisations qui reviendra sur la véritable nature du FN. J’ai clairement indiqué lors de notre discussion qu’il revenait en particulier aux secrétaires généraux des organisations de la CGT de veiller au respect des valeurs fondamentales et des statuts de la CGT dans leur organisation. Cela nécessite de revenir sur quelques principes : la CGT est ouverte à tous les salariés quels que soient leurs statuts social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses. La liberté de candidature aux élections politiques est elle aussi reconnue dés lors qu’elle s’exerce en respectant l’indépendance de l’organisation et que nul ne se réclame de son appartenance à la CGT pour des fins autres que l’action du syndicat. C’est 17une règle de vie commune qui s’applique quelques soient les étiquettes et qui préserve ainsi l’unité des adhérents dans la CGT pendant et au-delà des campagnes électorales.

Ces principes rappelés, il n’est cependant pas envisageable qu’au nom de la liberté d’opinion dans la CGT, la CGT puisse être représentée, à quelque niveau que ce soit, par des militants revendiquant par ailleurs publiquement leur adhésion au concept de « préférence nationale » qui est le socle du FN. Ceci pour une raison simple mais oh combien essentielle : cela est contraire aux principes et aux valeurs fondamentales de la CGT inscrits dans ses statuts. La CGT « agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie, et toutes les exclusions » (statuts de la CGT). Le FN, quoi qu’il en dise, ne peut pas être considéré comme un parti politique comme les autres, par la CGT comme par l’ensemble du mouvement syndical. Les positions du FN, en préconisant la préférence nationale sont même contraires aux principes républicains et aux textes internationaux, comme les tribunaux l’ont dit lors de jugements successifs. Il est de notre responsabilité dans ce contexte de faire preuve d’une grande vigilance et d’une réactivité collective déterminée. C’est une exigence supérieure à toute autre considération, y compris la perte éventuelle de syndiqués, voire exceptionnellement la perte d’un syndicat.

On ne transige pas avec les valeurs fondatrices de la CGT. Les organisations syndicales qui, en Europe, n’ont pas su porter les principes d’entraide et de solidarité qui sont au fondement de la constitution des syndicats, sont aujourd’hui en prise aux pires difficultés, avec des partis d’extrême droite très influents, voire au sein de gouvernements.

L’histoire nous enseigne que les partis fascistes se sont souvent parés de vertus sociales pour accéder au pouvoir. Face à ce risque majeur pour les salariés et la démocratie, il est de notre responsabilité d’éclairer les salariés par l’information et le débat sur la réalité des thèses et des positions du FN, sur le plan économique et social comme en matière de libertés publiques. Même repeinte à « la couleur Marine », l’exploitation par le FN des peurs et de la précarité sociale engendrée par les politiques en vigueur demeure la même et trouve sa source selon lui dans une cause principale : l’étranger. L’immigré comme le français qui n’est pas « de souche » sont ainsi présentés comme les responsables de tous les maux. Cela a comme conséquence de détourner l’attention des véritables causes de l’exploitation dont les salariés, quelque soit leur origine, sont victimes et donc de contribuer à entretenir le système tant décrié.

D’ailleurs, régulièrement, les déclarations du FN ont dénoncé les mobilisations syndicales, ce fut encore le cas lors des manifestations pour défendre les retraites.


212 commentaires à “Avis aux moutons, le grand méchant loup est là. Suivez vos bons bergers !”
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  1. Arte dit :

    Les sondages ne sont pas une "photographie de l'opinion". Voir Bourdieu : "L'opinion n'existe pas"...
    http://homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html
    .

  2. le Prolo du Biolo (PG 69) dit :

    @ - 193 - jean ai marre
    "Samedi soir à Toulon, pour chauffer la salle, le FN avait mit en boucle, Ma France de J Ferrat".

    En guise de modernisation du FN par Marine Le Pen (Sarah Palin, pour les intimes), elle en revient en fait aux stricts fondamentaux du national-"socialisme", à savoir la perversion et la récupération des thèmes de gauche par les fachos, comme au "bon vieux temps"...
    Pour démasquer leur imposture, peut-être sortir du terrain de leurs obsessions habituelles et leur poser les vraies questions qui fâchent ?
    Genre: "Les entreprises du CAC40 ont doublé leurs bénéfices en 2010, année "de crise" comme on sait, et n'ont en moyenne payé que 8% d'impôts sur les bénéfices au lieu des 33% appliquées aux petites entreprises. Quelle réforme urgente vous suggère ce constat ?"
    10 chances sur 10 qu'ils regardent ailleurs et répondent en parlant des minarets...

  3. Née un 19-Août dit :

    Je viens de consulter un site tout à fait intéressant, le LEAP, Laboratoire Européen d'Anticipation Politique. Y figure un article sur ce qui pourrait bien se passer en 2012 et qui nous préoccupe : le FN devance l'UMP. Voici le lien vers l'article qui me paraît tout à fait pertinent par rapport au billet de Jean-Luc Mélenchon : http://www.leap2020.eu/France-2012-Le-Front-National-devance-l-UMP_a6041.html

    Des arguments très précis sont avancés pour expliquer ce qu'il se passe, ce n'est donc pas de l'examen d'entrailles de poulet ou de lecture du marc de café. Je vous laisse lire, ce serait trop long à rapporter ici.

    A lire cet article, je me suis demandée si les prolos et classes moyennes qui sont tentés de voter FN, ne sont pas les mêmes qui ont voté d'abord pour Sarko en 2007. Je ne crois pas aux bidonnages du FN qui met sur le devant de la scène des anciens militants CGT, NPA ou PCF désormais encartés chez eux. Ca doit exister mais en quantité négligeable. Non, l'essentiel du vote FN provient d'abord de la droite (anciens FN devenus RPR/UMP, nouvelles "acquisitions" UMP, droite dure). Sarko joue un poker dangereux, croyant se servir du FN pour se faire réélire, alors que c'est ce même FN qui va mettre l'UMP en liquette et lui avec.

    Pour info : le LEAP est un think tank européen de prospective qui avait annoncé dès 2006 une crise financière systémique et ses conséquences en chaine, en décrivant précisément les différentes phases de la crise et leur timing :
    - phase 1 : déclenchement (la crise des "subprimes")
    - phase 2 : accélération (extension à l'ensemble du système financier)
    - phase 3 : impact (transmission de la crise à l'économie réelle)
    - phase 4 : décantation (appronfondissement de la crise économique, récession mondiale)
    - phase 5 : "disloquation géopolitique mondiale" avec un risque de guerre civile...

    Nous y sommes, dans certains pays du moins. Ca gronde dans d'autres. Reste à faire la révolution chez nous.

  4. JULIA dit :

    @Le Bris le courant Convergences du NPA est prêt mais pour discuter il faut être au moins deux !

    Oui...déjà tu réfléchis, c'est bon pour la conscience de classe...pourquoi, vous n'êtes pas deux dans ta tendance ?
    Chaque citoyen de cette future "révolution" peut créer son orga et exiger d'être accepté par les dizaines de miliers déjà organisés en partis, "à part égale": voila donc ta révolution citoyenne : moi égale cent mille pôv'cons ?
    Ah les méchants ils sont stalimiens, y veulent pas de moi !
    Bon je sais c'est pas encore rendu là, mais on y va : au fur et à mesure qu'on démolit les unités existantes, on se proclame "unitaire"...c'est un processus qui coûtera cher, il grèle !
    On peut adhérer aux partis qui jouent déja le jeu du programme partagé, renforcer ceux qui sont encore faibles comme GU ou PG si l'on désespère du PCF, mais avouons qu'il joue lui aussi le jeu attendu par le Front de gauche !

  5. l.e.f. dit :

    Sondages truqués, surement, mais qui a fait son petit effet. les trois partis émoussés tiennent le haut du pavé, et vive l'union des libéraux. coup réussi. Si on continue à ne pas s'unir fortement dans la vraie gauche, la révolution se passera dans la rue avant même que l'on ait l'aube de l'espoir de la révolution par les urnes. il y a comme un air...
    Tête contre tête, il faut faire front.
    M. Mélenchon, il va falloir monter au créneau! les grandes causes font des grands effets. L'histoire nous enseigne et nous renseigne, leur système est mort et il ne doit pas entrainer les peuples dans sa vague destructrice.
    Il faut impérativement que les vrais partis défenseurs des droit de l'homme s'insurgent comme vous le faites. Réfléchissons bien à l'enjeu et visons une stratégie comme d'autres l'ont fait autrefois.

    jamais je n'accepterai qu'il y ait 25% ou plus (j'en ai bien peur si nous ne cherchons pas à nous rencontrer) prêt à voter noir dans notre pays. soyons conscients de ça et que se vayan todos!

  6. René Azambre dit :

    Je suis d’accord avec Jean-Luc Mélanchon pour déplorer que :
    1 – les sondages se donnent pour plus scientifiques qu’ils ne le sont. S’ils l’étaient vraiment, ils n’hésiteraient pas tant à livrer leurs recettes de fabrication. La transparence sur leur mode d’élaboration serait un minimum démocratique, compte tenu de leurs effets sur l’opinion.
    2 – Sérieux ou pas, ils ont un effet de « prophétie auto-réalisatrice », car ils induisent chez les esprits faibles tentés par la démagogie du FN un comportement moutonnier : si tant de gens adhèrent à ces idées, elles ne peuvent pas être si idiotes. Chez certains « citoyens » existe une envie d’appartenir à la majorité, au camp des vainqueurs … Chez les électeurs que les idées du FN rebutent encore, ces sondages induisent un vote utile au lieu d’un vote par adhésion.

    Néanmoins, le phénomène Marine Le Pen, même s’il est monté en épingle, voire exagéré par certains médias, est bien réel.
    Tant que la classe politique française était issue de la résistance – réelle ou prétendue – certaines idées étaient taboues. C’est resté vrai jusque sous Mitterrand, et même encore sous Chirac.
    J.M. Le Pen récupérait les exceptions pour en faire son électorat. Au prix de quelques contorsions, car ces miettes d’électorat étaient disparates – nostalgiques de Vichy, ex OAS, anti-républicains à l’ancienne de tous poils, catholiques intégristes, fachoïdes punckiformes et autres illuminés ultra-minoritaires – le tout instrumentalisés par une petite équipe d’aventuriers cyniques qui n’aspiraient pas au pouvoir, mais à une sinécure de politiciens d’opposition. Ce noyau séduisait, bon an mal an, des mécontents et des déçus des autres partis. Il empoisonnait la vie de la droite « républicaine » avec la menace de triangulaires aux législatives et aux cantonales. On doit à l’honnêteté de dire qu’il rendait possible l’alternance dans un pays où la majorité est à droite.
    Sarkozy et sa droite décomplexée ont remis en scène, relégitimé ces idées...

  7. Doudou dit :

    Dommage que ton débat avec Marine Le Pen n'ait pas été l'occasion d'expliquer à ses électeurs potentiels en quoi ils se fourvoient.
    Là, maintenant ça va être difficile de reprendre la main: entre les écologistes qui ont le vent en poupe du fait du séisme au Japon, et des diverses campagnes d'information sur les dégâts environnementaux (gaz de schiste, pesticides...) et l'extrême droite vers qui vont aller tous les paumés qui vivent mal et subissent la délinquance...
    On est mal...Tu devrais vulgariser plus souvent les enjeux écologiques de la politique, dans ton blog. Courage, et merci pour tout.

  8. René Azambre dit :

    Suite et fin de mon message d'hier, qui était trop long.
    Sarkozy et sa droite décomplexée ont remis en scène, relégitimé ces idées nauséabondes d’avant-guerre. Elles réapparaissent au grand jour et se reconnaissent aujourd’hui dans les thèses du FN, mais elles n’avaient jamais disparu. Quiconque vit dans la France ordinaire et laisse ses oreilles traîner près des zincs des bistrots ou près de la machine à café le sait bien. Laissées en jachère par la classe politique depuis un demi-siècle, ces « idées » ne demandent qu’à prospérer à nouveau. Elles n’attendaient qu’un politicien assez cynique pour les cueillir. Sarko a cru pouvoir être celui-là, il se fait doubler par Marine Le Pen, qui a donné au FN un look plus présentable et caché sous le tapis ses vieilles troupes hétéroclites et pittoresques. C’était prévisible, sondage ou pas. Je le sens venir depuis une décennie.
    L’étape suivante de ce scénario catastrophe, c’est l’alliance de second tour entre l’UMP décomplexée et le FN devenu respectable. Sur ce chemin, l’Italie nous a devancé, ainsi que l'Autriche,les Pays Bas. L'Europe devient un continent de vieux, frileux et assiégé. Inutile de se voiler la face, le combat sera difficile...

  9. komorowski dit :

    Pour DSK, c'est parti
    Les seconds couteaux, les plus tristes carnassiers, rejoignent le beau vaisseau dans l'espoir de rester ou de devenir parlementaires. Je comprends l'agacement de Martine Aubry quand on lui parle d'une certaine Aurélie qui malgré son jeune age a fréquenté pour faire seulement carrière, le PCF, les Verts, Ségolène Royale et qui maintenant se jette dans les bras de DSK avec la fougue d'une grande passionnée... pour ne pas dire plus.
    On ne voit plus autour de Martine Aubry que ceux qui ont quelques valeurs sociales. Son cercle s'il se rajeunit se réduit aussi gravement. Pas bon signe cela !
    Maintenant l'heure de vérité va sonner : la gauche va t'elle disparaitre après l'élection du maitre du monde comme en Italie ? L'heure n'est plus à la boutique mais à faire front à gauche!

  10. gronours dit :

    Malheureusement au moment ou le Japon se débat dans ce qui va être la plus grosse épreuve qu'un pays puisse connaitre (avec les retombées, écologiques et planétaires, économiques et sociales prévisibles), nos petites affaires paraissent bien insignifiantes... je suis, comme nous tous, de tout coeur avec eux et partage dans la faible mesure de mes moyens, leur détresse.
    Il n'empêche, Jean-Luc, si je puis me permettre, je crois qu'il serait temps d'envisager une stratégie différente vis a vis des médias et surtout des futurs électeurs : faire passer tes idées (les miennes par conséquent) devient dès a présent une priorité absolue ! Ton programme doit être lisible par tous et non seulement par ceux qui accèdent à ton site !
    Une large diffusion est absolument nécessaire par tous les moyens possibles et imaginables. En simplifier la présentation et expliciter le plus possible doit être la ligne a adopter... ce n'est que mon humble avis et je pense que beaucoup ont du émettre le même.
    bon courage

  11. Soleil dit :

    Bonjour,

    Dans la mesure où il n'y a vraiment aucune raison valable d'occulter, du fait de la tragédie japonaise en cours, les autres questions importantes pour notre futur, que ce soit au plan national, européen ou mondial*, je me permets de signaler à l'attention de tous un article situé ici sur le net :

    http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/les-faux-sondages-le-pen-90565

    qui prétend apporter les preuves du fait qu'on retrouve dans la structure capitalistique et/ou dirigeante de Louis Harris et de Marianne des personnes et des organismes servant les intérêts euro-atlantistes, tels que le fonds Carlyle, ou des membres de la French American Foundation (dont un certain nombre de politiciens français de tous bords sont membres ou "clients").

    Si tout cela est vrai (je ne suis pas assez armé pour vérfier ces dires), alors, on aurait une forte présomption de manipulation destinée à "sécuriser" le résultat de 2012 (soit c'est Sarkozy, soit c'est DSK) au orofit des intérêts de l'Empire, comme vous dites.

    ---
    * eh, quoi, un "honnête homme" serait-il incapable de se préoccuper de plus d'une question grave à la fois ? Quelle bêtise !

  12. Damien dit :

    "Je le publie pour contribuer à sa diffusion déjà bien engagée sur la toile puisque je l’ai déjà reçu trois fois dans ma boite aux lettres."

    Attention à cette fausse impression : ce n'est pas parce qu'une info remonte de plusieurs réseaux qu'elle atteint un nombre plus important de personne... On est tous dans plusieurs réseaux, et l'intersection de ces réseaux n'est souvent pas très différente de leur union.


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