30mar 06

Après mure réflexion j’ai décidé de mettre en place sur mon blog cet article du journal Politis. Il s’agir de l’actuelle campagne d’adhésion du Parti socialiste. Je me sens bien représenté par ce papier. Il correspond à ce que je crois. J’ai eu l’occasion de le dire par incise dans une intervention au Conseil National du Parti Socialiste récemment. A présent je veux le dire plus fort. Je ne suis pas d’accord avec ces sortes de méthodes. Elles sont souvent intervenue dans les partis politiques. Staline dans le passé lointain, Blair recemment et plus récemment encore Nicolas Sarkosy à l’UMP, chacun l’a utilisé pour submerger la structure qu’il voulait mettre à sa main sous des flots de nouveaux arrivants. En quelque sorte, chaque fois que le gouvernement interne n’est pas content du peuple ou le soupconne de mal tourner, le pouvoir dissous le peuple dans un flot d’arrivants. Lisez Michel Soudais et vous serez édifiés.

Le socialisme en promo

POLITIQUE. Le succès de l’adhésion à prix attractif du PS risque de modifier la nature de ce parti, à l’instar de ce qu’a réussi Tony Blair.

Michel Soudais

Politis

No 895, 30 mars 2006

Prix en baisse, adhésions en hausse. Depuis le 9 mars, l’adhésion au parti socialiste est à 20 euros. Seulement. Une procédure allégée, simple comme un coup de fil à un numéro azur ou comme un clic de souris sur Internet (1), autorise le paiement en ligne par carte bancaire. Trois arguments, déclinés sur différents supports, incitent à l’achat : « Vous voulez décider du projet socialiste ? Choisir le candidat pour 2007 ? Battre la droite en 2007 ? Adhérez avant le 1er juin. » Résultat, la courbe des effectifs d’adhérents (125 000 en décembre 2005) est franchement orientée à la hausse. En deux semaines, « nous avons franchi le cap des 14 000 nouveaux adhérents », s’est réjoui Jack Lang, le week-end dernier.

En France, ce marketing politique n’est pas une nouveauté. Nicolas Sarkozy l’a initié en accédant à la présidence de l’UMP, s’assurant un doublement des effectifs en un peu plus d’un an. À gauche, en revanche, l’initiative de la direction du PS, annoncée sans consultation du conseil national, deux jours avant sa réunion, n’a pas de précédent, sinon dans le parti travailliste britannique.

Avant sa victoire électorale de 1997, Tony Blair, fraîchement élu à la tête du parti, « a initié une grande campagne visant à susciter des adhésions directes en ayant recours à un mode d’adhésion souple, facile, direct et peu onéreux, raconte Philippe Marlière, maître de conférences en science politique à l’université de Londres. L’idée en vogue dans les cercles du New Labour était de rompre le fameux lien organique avec le mouvement ouvrier et les syndicats. »

L’adhésion par téléphone (l’Internet de l’époque), moyennant une cotisation symbolique de 10 livres sterling, a connu un certain succès. Même si l’objectif initial de 800 000 adhérents n’a jamais été atteint, le nombre des adhérents directs s’est vite envolé. En 1995, le parti travailliste en comptait 250 000. Entre 1997 et 2000, ils sont 450 000 ! Derrière cette réforme anodine du mode de recrutement traditionnel, guidée par le souci d’avoir plus d’adhérents ? qui est contre ? ?, « il y avait, chez les modernisateurs du Labour, une volonté politique de renouveler la sociologie des adhérents, relate encore Philippe Marlière. Il s’agissait de faciliter l’arrivée de nouveaux membres sans attaches politiques antérieures, non syndiqués, pour draguer les catégories supérieures, professions libérales qui se retrouvaient dans l’action de Blair, décrits à l’époque par les médias comme le modernisateur de la social-démocratie, de son parti, puis du pays. »

Cette rupture sociologique se doublait d’une volonté de rupture symbolique et politique avec le passé. « Nous ne voulons surtout pas faire de ces nouveaux adhérents des adhérents actifs, avoua un jour Peter Mandelson, aujourd’hui commissaire européen. Entre les élections nous n’avons pas l’ambition de les encadrer ou de les faire débattre en section avec des adhérents anciens et politisés. Ils constituent une masse d’appoint dans notre combat pour nous affranchir des syndicats et soutenir, dans les moments électoraux, notre entreprise de rénovation du parti. »

Les nouveaux adhérents ont ainsi permis à Tony Blair de faire avaliser une réécriture de la « clause 4 » du Labour. Au milieu des années 1990, celle-ci assignait encore pour but au parti la socialisation des moyens de production. Un charabia post-moderne insignifiant remplace aujourd’hui cet objectif. Le parti travailliste compte très peu d’adhérents (entre 200 000 et 250 000) et encore moins de militants actifs. « Sur le long terme, cela n’a pas marché », commente Philippe Marlière en prêtant aux concepteurs de la campagne du PS « un dessein assez similaire à ce qu’a tenté Tony Blair ».

De fait, sur les 5 000 premiers à adhérer sur Internet, 870 étaient parisiens, 200 des Hauts-de-Seine, traduisant la tendance à un recrutement urbain, voire « bobo ». Leurs messages laissés sur le site du PS donnent le ton. « La rénovation du parti passe par le pragmatisme et non l’idéologie », y écrit Christophe, qui fait sienne une déclaration de Bernard Kouchner : « Les Français ne veulent pas être plus à gauche, mais moins malheureux. » « Un parti doit être assimilé à une entreprise. Ce qui fait gagner une entreprise, c’est l’attention qu’elle porte aux besoins de ses clients », note Daniel. « Le parti doit s’adapter à la mondialisation et perdre certains dogmes », ajoute un autre. Trois propos qui n’ont rien d’isolés.

Michel Soudais


(1) 0810 77 2007 ; www.parti-socialiste.fr/adhérer



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