L'argument de la semaine

La dette publique n’est pas responsable de la crise

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Les efforts demandés au pays au nom de l'austérité font comme si nous étions tous responsables de la dette. Or les peuples ne sont nullement responsables du creusement de la dette publique. Et celle-ci n'est pas la véritable cause de la crise actuelle. Le matraquage sur la dette est une ruse du capital pour opérer de nouveaux prélèvements sur le travail en nous culpabilisant.

La crise n'est pas causée par les déficit publics

Les critères de Maastricht (limitation du déficit à 3% du PIB) étaient parfaitement respectés par l’Espagne, l’Irlande ou encore le Portugal avant la crise. L’Espagne et l’Irlande étaient même en surplus budgétaire. Pourtant depuis 2010 ce sont ces pays qui sont les plus en difficulté. Les critères budgétaires européens n'ont donc rien de protecteur contre les crises. L'Espagne est même le pays d'Europe qui est le plus en difficulté actuellement alors qu'elle a été le premier pays européen après l'Allemagne à adopter la fameuse règle d'or désormais imposée par le Traité TSCG.

L’Italie a accumulé un excédent budgétaire primaire (hors intérêt d’emprunts) depuis la fin des années 90. La seule hausse des taux d’intérêts explique 43% de l’augmentation de la dette publique italienne entre 2008 et 2010 (27% pour le Portugal, 21% pour la Grèce) !

Graphique : variation du déficit public des pays de la zone euro (1999-2007).

En rouge les pays qui subissent des taux d’intérêt élevés, en bleu les pays qui empruntent à faible taux. On voit sur ce graphique qu'il n'y a pas de lien entre la hausse des taux d'intérêt subis par certains Etats et la variation de leur déficit public. Les attaques de la finance contre certains Etats ne sont donc pas des "sanctions" pour des déficits publics excessifs.

 

Un autre financement de la dette est possible

Les Etats Unis ont une dette supérieure à 100% du PIB, le Royaume Uni de près de 90% : tous deux empruntent à moins de 2% sur les marchés ! Le Japon a une dette de 200% et emprunte à moins de 1% ! Pourquoi ? Parce que leurs Banques Centrales rachètent directement et massivement les dettes ou menacent de le faire, ce qui interdit toute spéculation sur le défaut souverain, à l’origine des taux élevés en Europe.

Aux Etats Unis, la banque centrale (FED) a acheté depuis 2008 pour 2 300 milliards dollars de bons du Trésor émis par l'Etat. Et la banque centrale s’est engagée dans le programme QE3 en septembre 2012 à poursuivre sa politique de rachat de bons du trésor : 45 milliards de dollars par mois pour une durée illimitée !Elle s’engage à maintenir des taux bas jusqu’en 2015 ! De nombreux économistes soutiennent cette intervention illimitée des banques centrales, comme Mike Woodford de l’Université Columbia (spécialiste des questions monétaires), le prix nobel Paul Krugman ou même Xavier Ragot aujourd'hui conseiller auprès d’Arnaud Montebourg qui la préconisait dans un rapport de 2011.

Le vrai problème c'est la dette privée, pas la dette publique

Entre 1999 et 2007, l'endettement public dans la zone euro a diminué : il est passé de 72% du PIB en moyenne à 68%. Les fameux “PIGS” (Portugal, Italie, Gréce, Espagne) aujourd'hui montrés du doigt étaient même plus “vertueux” que la moyenne européenne : leur dette est passée de 90% à 75% en moyenne !(pondéré par leur poids économique). La dette publique italienne baisse de 20 points entre 1995 et 2007, ce qui ne l’empêche pas de subir aujourd’hui les foudres des marchés.

Si la dette publique s'est envolée à partir de 2008, ce n'est donc pas parce que les pays concernés avaient trop dépensé les années précédentes. C'est l'envolée de la dette privée pendant ces années qui a conduit à la crise financière de 2008.

En 10 ans (1999-2009) la dette privée des Etats de la zone euro est ainsi passée de 96 % à 135 % du PIB. Cette crise de la dette privée a menacé tout le système bancaire d'effondrement. C'est pour la résoudre que les Etats ont lancé des plans massifs de sauvetage des banques. C'est donc pour éponger les errements des banques que les Etats ont commencé à creuser leurs déficits publics. Des déficits qui ont ensuite été aggravés par le recul de l'activité et la hausse du chômage liés à la crise financière.

-> Les déficits publics et la hausse de la dette publique sont une conséquence et non une cause de la crise : + 20 points de dette en seulement 2 ans ! Cette dette doit être payée par ceux qui s’enrichissent sur le dos des Etats qui lui s’appauvrît depuis 30 ans : les patrimoines privés s’accumulent pour atteindre aujourd’hui 600% du revenu national en richesse nette accumulée. En parallèle, la richesse nette de l’Etat ne cesse elle de décroitre (cf. graphique ci-dessous)

Graphique  : évolution comparée de la richesse nette publique et de la richesse nette privée (1970-2010).

 

 



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