Dernière mise à jour : Vendredi 2 décembre à 18h20

 

Paris Montparnasse – 12h10

Après un déplacement il y a quelques jours en Bretagne, c'est cette fois en Aquitaine et en Poitou-Charente que se rendent Jean-Luc et sa petite équipe. Accompagnés de Clémentine Autain et de Pierre Laurent, qui prendront eux aussi la parole ce soir lors d'un meeting à Talence, nous voilà installés dans le TGV 8525, à destination de Hendaye. Nous nous arrêterons avant le terminus, à la gare de Bordeaux Saint-Jean, où nous attendent des camarades du Front de gauche local. Avant d'arriver à Montparnasse, un membre de l'équipe s'est procuré des pin's du Sidaction. Nous arborons donc tous ce tristement célèbre ruban rouge, symbole de la lutte contre le VIH/Sida. En ce 1er décembre, nous avons donc une pensée, pour celles et ceux qui, chaque jour, luttent contre cette infection. Discriminées, mises à l'écart, les personnes séropositives, comme le rappelait hier le journal L'Humanité, subissent souvent une double-peine : celle de la maladie, et celle de l'exclusion. Ce genre de journées ne sont pas anodines. Elles sont le contraire de la résignation.

TGV 8525 – 13h00

Voilà les premiers journalistes qui rejoignent Jean-Luc. Ils sont une vingtaine à être montés dans le train. Pour des raisons pratiques, ils sont reçus selon le média qu'ils représentent. Aujourd'hui, ce sont donc les journalistes de la presse écrite qui sont les plus nombreux, avec des rédacteurs de Libération, de Mediapart, du Monde, de L'Humanité, du Journal du dimanche, du Figaro et du Nouvel Observateur. L'entretien se déroule bien. L'échange est intéressant et constructif. L'un d'entre eux fait remarquer qu'il était hier à une assemblée citoyenne, à Créteil. Le débat s'engage alors quelques instants sur la relation entre hommes et femmes politiques et citoyens… Pour ma part, me vient soudain le souvenir de ce déplacement à Poitiers pour les Assises internationales du journalisme, où Jean-Luc, sur le chemin du retour, avait discuté un peu plus d'une heure avec des salariés de la SNCF, quelques jeunes entrepreneurs et des syndicalistes. Une discussion improvisée qui avait étonné les interlocuteurs de Jean-Luc, surpris de voir un homme politique à leur écoute… Un comble.

TGV 8525 – 13h30

Après un peu plus d'une demi-heure de discussion, les journalistes de la presse écrite cèdent leur place aux suivants. Ce moment a permis d'évoquer, pèle-mêle, la campagne du Front de gauche, l'affrontement avec un Parti socialiste qui drague les électeurs centristes, l'Union européenne, et les propos d'Arnaud Montebourg sur l'analogie entre l'Allemagne de Merkel et celle de Bismarck. Insulter Mme Merkel et les Allemands, est-ce là la seule porte de sortie qu'ait trouvé le PS pour faire oublier que leurs amis du SPD ont cassé le modèle social allemand. Non sans regret, Jean-Luc fait aussi remarquer que partout où ils sont passés, ces socialistes ont fait avalé l'amère pilule de l'austérité à leur peuple. Elus à gauche, ils mettent en oeuvre les politiques de la droite, au prétexte qu'il n'y a pas d'alternatives et que la confiance des marchés vaut toutes les coupes budgétaires. A n'importe quel prix. Même celui de l'alliance avec l'extrême-droite en Grèce. Et voilà que le "pédalo" refait surface. Décidément, la formule a fait mouche…

TGV 8525 – 14h30

Après une courte halte à la gare d'Angoulême, c'est au tour de l'équipe de France 3 de s'entretenir avec le candidat du Front de gauche. L'occasion pour Jean-Luc et Clémentine de rappeler qu'aujourd'hui est la date anniversaire de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ce traité refusé par le peuple et imposé à ce-dernier par la droite, faisant fi de l'avis populaire. Puis, à nouveau, la politique franco-allemande est en question. Nicolas Sarkozy, qui interviendra ce soir à la télévision est dominé par une Angela Merkel qui, dans le sillage des socio-démocrates allemands et de la réforme Hartz IV, a fait de la super austérité une règle d'or. Nicolas Sarkozy a trouvé son maître.

Bordeaux – 15h35

Gérard Boulanger, ancien président de la Ligue des droits de l'homme, est un avocat bordelais qui s'est notamment illustré par sa pugnacité lors du procès de Maurice Papon. Il a été élu au Conseil régional en 2010 avec deux autres membres du Front de gauche. Christophe Micqueu, agrégé de philosophie et spécialiste de la laïcité, est professeur à l'IUFM d'Aquitaine. Alain Bousquet, travailleur social, est secrétaire général du groupe Front de gauche au Conseil régional. Brigitte Duraffour, responsable du Front de gauche est très implantée dans le Libournais où elle milite depuis longtemps. Ce sont eux qui, sous un grand soleil, sont venus accueillir la petite délégation de camarades et de journalistes. A peine descendu du train, Jean-Luc, flanqué de Pierre Laurent et de Clémentine Autain, est abordé par un représentant de l'union syndicale Solidaires.
Moment privilégié pour dénoncer le pacte ferroviaire signé par l'Union européenne et qui signe la privatisation du transport ferroviaire par l'ouverture à la concurrence. Encore un signe des temps qui ne laisse rien présager de bon.

Bordeaux / Talence – 15h50

Dans un bus affrété pour l'occasion, journalistes et membre de l'équipe de campagne se rendent à Talence, où aura lieu ce soir un meeting devant près de 2.000 personnes. Un moment au cours duquel Jean-Luc en profite pour prendre la température auprès des élus locaux. A l'arrivée sur les lieux, une vingtaine de minutes plus tard, les militants du Front de gauche qui travaillent à l'organisation de l'évènement depuis plusieurs jours, sont déjà sur place depuis un moment. A l'entrée du site, des camarades préparent des sandwichs pour le soir. A l'intérieur, d'autres s'occupent des derniers réglages pour la salle. Le son, la lumière, le placement, etc. Soudain, Gabriel Amard, qui s'occupe des déplacements du candidat, vient annoncer un contretemps : la capacité d'accueil de la salle va être augmentée. Nous serons donc plus de 2.500 dans quelques heures. Jean-Luc, pour sa part, avant de répondre à la presse locale s'en va se reposer quelques instants et discuter avec ses conseillers. C'est pour moi l'occasion d'envoyer les premières lignes de ce carnet de route en Aquitaine et Poitou-Charente.

Talence – 17h10

Clémentine Autain, Jean-Luc et Pierre Laurent prennent place tous les trois pour une nouvelle conférence de presse. Une cinquantaine de journalistes sont attablés autour d'eux. Quelques militants sont déjà là pour écouter leurs leaders. Et les premières questions surgissent. Notamment sur l'Europe. La crise. La dette publique. C'est alors que le secrétaire national du PCF prend la parole et d'emblée s'interroge : "En mai, où sera le pouvoir ? Auprès des marchés financiers ou du peuple ?" C'est tout simplement la démocratie qui est en danger aujourd'hui. En Grèce et en Italie, des gouvernements de banquiers ont été installés pour saigner les peuples. A ces derniers de reprendre la parole et leurs droits. Et Clémentine Autain de poursuivre : "Il ne peut y avoir de changement profond de la société qu'avec un appui populaire. La démocratie est un acte de participation. Non de délégation. Si l'on veut mener les réformes nécessaires, cela suppose que tout le monde s'y mette." Voilà pourquoi le slogan de la campagne du Front de gauche est "Place au peuple". Enfin, après une trentaine de minutes de débats, la conférence de presse s'engage sur l'écologie, notamment par l'évocation de la planification écologique et de la transition énergétique à laquelle invite le Programme populaire partagé. Une mutation de l'appareil productif qui appellera le travail de dizaines de milliers de contremaitres, de techniciens, d'ingénieurs, de scientifiques, etc.

Talence – 18h00

La conférence de presse achevée, Jean-Luc retourne dans sa loge pour regarder le discours du président de la République sur la crise. Le discours de Toulon II, comme l'écrit i-télé. Pour ma part c'est une chance pour souffler un peu. Et discuter avec les journalistes qui suivent Jean-Luc pour cette campagne. Puis c'est au tour de Clémentine Autain de s'entretenir avec eux. Installés dans une salle mitoyenne de celle où aura lieu le meeting, nous sommes nombreux à attendre l'intervention du "Président des riches", comme l'ont surnommé les époux Pinçon-Charlot. Non par plaisir bien sûr. Mais par nécessité. On ne saurait en effet laisser la droite néolibérale, qui se dit protectrice, exprimer des contre-vérités. Nul doute que, de sa loge, Jean-Luc doit prendre note de ce qui est dit. En tout cas, ici, on ne goûte pas vraiment aux propos de Sarkozy. Et c'est un euphémisme. Certaines mines déconfites et dépitées de camarades font mal au coeur. Mais elles incitent plutôt à relever la tête et à mener le combat qui s'impose pour renvoyer aux oubliettes de l'Ancien régime ce monarque républicain.

Talence – 19h08

Non je ne rêve pas. Le bandeau d'information qui défile en continu sur BFM annonce bien que Sarkozy veut continuer à "réduire les effectifs de la fonction publique" ; que "la France doit adopter la règle d'or budgétaire" ; que "la France doit se préparer au nouveau cycle économique qui s'annonce, celui du désendettement" ; que "nier la crise c'est s'interdire toutes perspectives d'avenir." Au passage, juste une question : qui nie la crise ? C'en est trop. Ecouter le président-candidat est un supplice. Comment rester de marbre à l'annonce de l'austérité, d'une France fermée, d'une nouvelle "révolution" de droite, d'une solidarité de classe explicite entre les puissants. Il y a trois ans, le Président faisait passé le traité de Lisbonne contre la volonté du peuple. Voilà qu'aujourd'hui il souhaite écrire de nouveaux traités ? Conclusion : dans le monde de demain que rêve la droite néolibérale, la solidarité, cet idéal républicain aura un coût : celui de l'austérité, de la marchandisation à tous crins. Désormais on sait à quoi s'en tenir.

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Talence – 20h01

L'heure approche… Me voilà enfin attablé devant mon clavier pour vivre en direct le meeting du Front de gauche. A la tribune défileront dans quelques minutes Clémentine Autain, Pierre Laurent et enfin Jean-Luc Mélenchon. Je n'ai vu aucun d'entre eux depuis la conférence de presse. Mais j'imagine qu'ils doivent être remontés après les sombres perspectives d'avenir esquissées par Nicolas Sarkozy. Quant à moi, installé à quelques pas de la scène, je vais pouvoir vibrer de près. Comme à Stalingrad… Derrière moi, impatiente et bruissante, une foule bigarrée a investi les lieux. "Elle est où la star ?" ai-je même entendu de la bouche d'un sympathisant amusé…

Talence – 20h17

La lumière tombe, une musique retentit. La foule applaudit puis se tait. Sur un écran, un clip résume les grandes lignes du programme partagé. Après quelques minutes, la speakerine prend la parole pour accueillir les trois orateurs de la soirée. Au rythme de la musique de la Web-série, En marche, Jean-Luc, Clémentine et Pierre se hissent sur la scène en fendant la foule. Puis s'installent tous trois sur scène. 40 minutes après le discours de Nicolas Sarkozy, première riposte. C'est Clémentine Autain qui ouvre le feu.

Talence – 20h47

A la suite de Clémentine Autain, c'est au tour de Pierre Laurent d'envoyer une salve à la droite. "Le système est devenu fou", lâche-t-il. "Le capital et ses privilégiés, pour sauver leur fortune, veut sacrifier le niveau de vie des européens. Ils ont fait leurs comptes ; pour eux la solution est là : faire régresser le niveau social européen. (…) Qu'en est-il du projet d'Europe sociale et solidaire ? Et bien la perspective d'une Europe de la paix, de la fraternité ne les intéresse plus", conclut-il. Point d'orgue de son discours, Pierre Laurent a appelé à reprendre "les Bastille de la finance", car ce n'est plus d'une camisole mais d'un corset de fer dont les marchés veulent habiller les peuples européens. Par conséquent, "c'est pour ne pas qu'on les reprenne qu'ils cadenassent la démocratie".

Talence – 21h12

C'est au tour de Jean-Luc de prendre la parole. La foule applaudit. Jean-Luc s'avance au pupitre. Il s'apprête à prendre la parole. Un ange passe. Puis il rompt le silence et commence par remercier ceux qui sont venus. Dans le public, un homme l'interpelle : "C'est nous qui te remercions", lâche-t-il. Les présentations sont faites, si je puis dire. Remonté, Jean-Luc raille Nicolas Sarkozy et son intervention sur la Cote d'Azur, "devant un public réactionnaire". Sans trop s'attarder dessus, il a simplement souligné que c'est le fruit de sa politique que le président avait critiqué. Puis il a ensuite égrainé plusieurs mesures phares du Front de gauche. Je dois avouer que part la suite, difficile de ne pas lever le nez du clavier pour écouter Jean-Luc. Face à tel tribun, se contenter de prendre des notes… Dur dur. Oscillant entre gravité et légèreté, Jean-Luc a renouvelé ses critiques à l'égard du PS et mis en garde contre le vote utile, "un vote futile", à l'opposé d'un vote éclairé "bon pour sa patrie, sa classe ou l'idée que l'on se fait de la dignité humaine". Auparavant, il avait aussi évoqué la grande responsabilité du Front de gauche, qui, en choisissant le non au TCE ne s'était pas trompé puisque les dirigeants européens parlent aujourd'hui de changer les traités actuelles. "En 2005, c'est nous qui avions le mieux compris le projet" a martelé Jean-Luc. Réitérant ses appels à la résistance, Jean-Luc a tout de même prévenu : ne cédez pas à la voix mièvre de la capitulation. Celle qui préfère l'homme qui parle plutôt que ce qu'il raconte… Qui préfère "l'emballage à ce qu'il contient".

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Talence – 22h01

Après trois quart de discours, raisonne désormais dans la salle l'Internationale. En choeur, la salle, poing levé, unie, chante. Place ensuite à La Marseillaise. Aux urnes citoyens ! Face à la droite et au sombre avenir qu'elle veut pour nous, nos enfants, nos parents, nos grands-parents, frères, soeurs, cousins, ami(e)s, proches, il faudra se battre. Allez camarades ! On lâche rien ! Car seule la victoire est belle.

Les photographies qui illustrent ce "Carnet de route" sont de Stéphane Burlot
Le récit est de Baptiste Le Maux


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