Publication dans la note du 26 septembre 2011

 

Nérac, Lot-et-Garonne

J’y participais à un banquet républicain organisé autour des candidats du Front de Gauche aux élections sénatoriales. Avant le repas on a planté un arbre de la laïcité. Une plantation de cette sorte, le lendemain du jour anniversaire de la fondation de la première République en France, voilà qui convient bien à me mettre le cœur en fête et l’esprit en mouvement. Un instant j’oublie le sordide du moment et la montée des périls qu’il contient. J’y serai assez vite ramené. Je me trouvais là dans un département rural et agricole. Les cantons ruraux ne sont pas forcément de droite ! Ici c’est bien l’inverse, notamment dans le Néracois et le Marmandais, ou dans les Landes de Gascogne. D’ailleurs on a connu dès les années vingt une élections glorieuse à gauche, celle du communiste Renaud Jean sur Nérac et Marmande. Ici c’est une terre de paysannerie qui a une forte tradition de gauche comme souvent dans le grand Sud-Ouest du pays. Je ne me contente pas de l’expliquer par la structure de la propriété ni même par le niveau de qualification requis pour les productions agricoles fruitières, très importantes par ici. Il y a longtemps que je sais combien est insuffisante la voie qui résume tout aux seules conditions matérielles d’existence. La culture commune d’un lieu est incontournable pour rendre compte des comportements sociaux. Le grand Sud-Ouest du pays est terre de luttes depuis des siècles. Son niveau de développement a longtemps été bien plus avancé, à partir de la présence romaine puis des traditions urbaines qui en sont pour bonne partie la suite. Sans oublier le rôle des langues occitanes pour conserver et développer l’acquis brillant du monde latin. Si bien que les grandes empoignades politiques et religieuses de notre pays, et aussi l’idée de leur solution, ont souvent commencé où lourdement transité par ici. A une heure et demie de route de Toulouse ou de Bordeaux on baigne profondément dans les grands courants de l’histoire de France. L’arbre que nos plantions voisinera la salle où fut rédigée la première version de l’Edit de Nantes.

Les vallées du Lot et de la Garonne sont une sorte de Toscane à la française. Trait que surligne, en quelque sorte, les descendants d’une forte immigration italienne, venue surtout entre les deux guerres, pour gagner dans l’agriculture le pain des pauvres. La question agricole et notamment celle des prix est toujours cruciale dans le département. Surtout pour la filière des fruits et légumes. Pour vous mettre l’eau à la bouche, apprenez que j’étais au pays de la prune d’Ente dans le Villeneuvois qui fait le pruneau d’Agen, de la tomate et des fraises du Marmandais, entre autres exemples. Le département est unique en son genre dans la mesure où il est le dernier à pratiquer toutes les sortes de cultures. Si le fait m’intéresse c’est qu’il prouve la viabilité du modèle de l’agriculture paysanne. Tout ça part en lambeaux sous les coups de la main invisible du marché et des rackets de la grande distribution. De cette façon, notre pauvre pays a perdu 25 % de ses exploitations agricoles au cours des dix dernières années. 750 000 emplois ont disparus de ce fait. Et pour quel profit collectif ? Bon, je ne reprends pas la démonstration de ce que donne le modèle productiviste dans l’agriculture.

Le soir venu, le banquet républicain qui devait réunir deux cent personnes en regroupa finalement plus de trois cent cinquante inscrits en dernière minute. Et une bonne cinquantaine supplémentaire resta soit debout soit sur des bancs pour écouter les discours. Ce qui me frappa fut l’extrême concentration de l’attention pendant que je présentais les arguments de ma démonstration. Mais aussi la ferveur amicale qui me fut exprimée à toutes les occasions dans les contacts des personnes qui me saluèrent ou celles au-devant desquelles j’allais. De la sorte je crois pouvoir dire qu’il y a une base solide qui se constitue pour porter les candidatures du Front de Gauche dans les élections à venir. Une autre observation que je me fais est que beaucoup de syndicalistes rejoignent notre combat à cette occasion. C’est un signe que je juge très significatif. Le mouvement qui s’engage porte large.


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