Dernière mise à jour : vendredi 4 mai à 9h30

Plancy-l’Abbaye dans l’Aube – Sodimédical

La lutte continue ! Ce n’est pas parce que le premier tour de l’élection présidentielle est passé que le combat s’arrête. Des milliers d’hommes et de femmes se battent chaque jour dans notre pays pour défendre leurs acquis sociaux, leurs conditions de travail ou tout simplement leur emploi.

Durant toute la campagne présidentielle, le Front de Gauche a tenu à être aux côtés de cette France qui résiste. Des liens forts se sont tissés – notamment grâce au travail du "Front des Luttes" animé par Laurence Sauvage – des liens si forts qu’ils ne pourront disparaître une fois l’élection présidentielle terminée.

Jean-Luc Mélenchon est donc reparti sur la route pour rencontrer les salariées (l’entreprise compte 47 femmes et 5 hommes) de Sodimédical installées à Plancy-l’Abbaye dans l’Aube, à qui il avait promis de rendre visite. Jean-Luc avait en effet rencontré une salariée de Sodimédical en septembre 2011 lors d’une émission de télévision. Touché par le combat de ces femmes, il les avait invitées à une rencontre à l’Usine, le siège de campagne du Front de Gauche. Elles l’avaient alors invité en retour à venir visiter leur usine à elles mais cela avait été difficile à organiser pour des questions de disponibilité. Jean-Luc tenait absolument à ce que cette nouvelle rencontre ait lieu et aujourd’hui il s’est excusé de venir si tard en plaisantant : “Au moins, on ne pourra pas me dire que je viens ici pour faire des voix”.

L’objectif de cette visite était bien évidemment ailleurs. Il s’agissait de se rendre compte directement des absurdités auxquelles conduit notre système économique et de ce que vivent les salariés qui subissent au quotidien les décisions des actionnaires et des patrons voyous. Il s’agissait également d’apporter un peu de soutien et d’affection car la solidarité est essentielle dans la lutte. Dans le couloir d’entrée, les salariées ont d’ailleurs affiché sur un panneau tous les courriers de soutien qu’elles ont reçus.

Le conflit de Sodimédical dure maintenant depuis plus de 2 ans ! Et pourtant, les salariées étaient venus en nombre aujourd’hui sur leur ancien lieu de travail. En avril 2010, la direction de Sodimédical annonce la fermeture du site de Plancy-l’Abbaye pour le mois de juillet. Mais le premier plan social est annulé par le Tribunal de commerce. En février 2011, le Tribunal de commerce rejette cette fois-ci la liquidation considérant que la filiale Sodimédical n’a pas d’autonomie vis-à-vis de la maison mère Lohmann&Rauscher France, qui ne présente pas de difficultés financières particulières. Le Tribunal de grande instance annule donc le deuxième plan social pour absence de “cause économique réelle et sérieuse”. Pourtant, la direction s’obstine mois après mois à vouloir se débarrasser des Sodimédical et ne verse plus aucun salaire à partir de mai 2011. Les salariés remportent une nouvelle victoire devant les tribunaux en août 2011 et la Cour d’appel ordonne le paiement des salaires par la maison-mère Lohmann&Rauscher France. Et on pourrait continuer cette longue liste judiciaire puisque près de 30 procédures ont eu lieu. A chaque fois la justice a annulé les demandes de mise en liquidation. Mais le patron se pense visiblement au-dessus des lois puisqu’il a de nouveau arrêté de payer ses salariées dès le mois d’octobre 2011. Voilà donc maintenant plus de deux ans que les Sodimédical se battent pour sauver leurs emplois tout en n’étant plus payées.

Les salariées ne se battent pas exclusivement pour elles. Bien évidemment elles entendent sauver leurs emplois afin de pouvoir vivre dignement et subvenir aux besoins de leurs familles. Mais les Sodimédical sont surtout conscientes qu’avec la fermeture de leur usine c’est un savoir-faire et un travail de qualité qui disparaîtraient. Or, les Sodimédical fabriquent différents textiles utilisés dans les blocs opératoires (champs opératoires, poches de sang, casaques de chirurgien, etc.) – autant dire que la question de la qualité des produits est essentielle puisque des vies humaines sont en jeu. L’entreprise qui a pris la décision de fermer son usine en France continue aujourd’hui la fabrication en Chine. Les ouvrières nous ont raconté ce qu’elles ont vu lorsqu’elles étaient chargées de contrôler les premiers produits arrivés de Chine : des puces et autres insectes dans les cartons d’emballage, des morceaux de métal coincés dans les champs opératoires, des poches de sang qui n’étaient pas graduées aux bonnes dimensions… Un constat qui fait froid dans le dos quand on sait que seulement un petit échantillon de la production chinoise était inspecté avant que la totalité de la production ne soit distribuée sur le marché français.

Ce qui se passe aujourd’hui à Sodimédical est un condensé de tous les dangers causés par une économie laissée aux mains des actionnaires : des vies brisées par les destructions d’emplois, la disparation de savoir-faire de qualités reconnus par tous, des patrons voyous qui ne respectent plus la loi de la République et arrêtent de payer leurs salariés quand ils le décident. Le combat des Sodimédical prend alors une signification particulière. C'est une lutte d’intérêt général, car si un patron peut arrêter de payer ses salariés du jour au lendemain, outrepassant les lois de la République, il y a fort à parier que cela puisse donner des idées à des centaines d’autres patrons-voyous.

Pour toutes ces raisons, les Sodimédical ne “lâchent rien” ! Et beaucoup espèrent que les choses changeront après le départ de Nicolas Sarkozy et de tous ses ministres qui ont laissé faire pendant des années durant les patrons-voyous. En attendant, le prochain rendez-vous des Sodimédical avec la justice est prévu à Reims le 23 mai, afin d'obtenir le paiement des salaires non versés.

 

Texte et photos de Souleymane Ba


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