02août 06

Article paru dans VSD le 2 août 2006 sur le thème « Peut-on être Sarkozyste et de gauche ? »

La semaine passée, Brice Hortefeux, proche du ministre de l’Intérieur, nous affirmait que des hommes de gauche s’étaient ralliés à Nicolas Sarkozy. C’est exact, confirme l’UMP Roger Karoutchi, qui cite Jaurès. Une hérésie, lui répond le socialiste Jean-Luc Mélenchon. Propos recueillis par Paul Wermus.

Roger Karoutchi. L’UMP a créé avec d’anciens socialistes une association de Sarkozystes de gauche : La Diagonale. Ces gens se reconnaissent en Nicolas et n’en peuvent plus de l’immobilisme d’une gauche dépassée.

Jean-Luc Mélenchon. Il existe effectivement, à gauche, un réservoir de carriéristes déçus et de décervelés par l’idéologie libérale prêts à toutes les aventures. Je n’ai pas beaucoup d’estime pour eux.

R. K. Sarkozy s’adresse à l’électorat populaire, fonds de commerce de la gauche. Le Sarkozysme dépasse les clivages classiques.

J.-L. M. On peut être issu des milieux populaires et voter à droite, ça n’est pas une nouveauté. Les ouvriers qui votaient à droite étaient souvent ceux qui dénonçaient les grévistes et qui se croyaient supérieurs aux autres à cause de la couleur de leur peau et de leur religion. À Peugeot Sochaux, on les appelait les  » suivettes « .

R. K. Selon un sondage, 14 % des sympathisants de gauche sont dans les rangs des nouveaux adhérents de l’UMP, ce sont ces 14 % que Mélenchon méprise. L’objectif c’est de se dire qu’il y aura 20 % des électeurs de gauche qui voteront pour Sarkozy au premier tour.

J.-L. M. C’est un chiffre consternant. Je crains qu’il n’augmente à mesure que des porte-parole de gauche chercheront à récupérer des idées de droite avec un vocabulaire de garde-chiourme.

R. K. Sarkozy s’occupe de tous les thèmes qui préoccupent la gauche : le pouvoir d’achat, l’égalité des chances, la discrimination positive.

J.-L. M. Sarkozy est un faiseur de phrases. En réalité, il est l’ami des riches et des puissants, le peuple n’y trouvera jamais son compte.

R. K. Vous n’avez pas dépassé 1917 et la révolution bolchevique. Le seul dirigeant révolutionnaire c’est Sarkozy, qui va conduire en ce XXIe siècle la révolution citoyenne qui rendra la République au peuple.

J.-L. M. La vérité, c’est que vous nous ramenez au XIXe siècle, avec les contrats de travail précaire, la destruction des protections sociales, le retour de la pauvreté massive. Les puissants comptent sur leurs larbins médiatiques pour nous dorer la pilule et nous faire prendre toutes ces souffrances archaïques pour de la modernité.

R. K. On rencontre dans La Diagonale des personnalités socialistes comme Jean-Marie Boeckel, Max Gallo, le Dr Véronique Vasseur, Jean-Marie Colombani. Sarkozy rejoint Jaurès ; pour lui  » la nation est le bien des pauvres « .

J.-L. M. C’est sans doute pour cela que la droite remet en cause un siècle de conquêtes sociales et de droit du travail. Il n’y a pas matière à se vanter quand, après quatre ans de gouvernement, on revient aux chiffres du chômage qu’avait laissés la gauche.

R. K. Le clivage gauche-droite ne fait qu’immobiliser le pays. La droite populaire dépasse les clivages classiques, elle a une capacité de rassemblement plus forte que la gauche, trop idéologique.

J.-L. M. Si l’on vous suit, il faudrait que la gauche cesse d’être de gauche. La droite, c’est la liquidation de l’État et la liberté totale du marché. De Gaulle défendait l’État, les grands projets d’intérêt national. Aujourd’hui, la droite défend les stock-options et les parasites du capitalisme français.

R. K. Il y a aussi des idées de gauche dans le programme de Nicolas, c’est une évidence, mais, ce qui compte, c’est l’efficacité.

J.-L. M. Ce que je constate, c’est que le libéralisme ne marche pas et menace l’identité républicaine du pays. Et que nombre de porte-paroles sont totalement aveuglés par l’idéologie du libéralisme.

Paul Wermus. Si Sarkozy est de gauche, Ségolène Royal est-elle de droite ?

R. K. Je propose à Ségolène Royal d’organiser un courant sarkosyste qui pourrait être majoritaire au PS.

J.-L. M. La gauche n’est pas soluble dans les calembours.

P. W. Le mot de la fin ?

R. K. La gauche ne comprend plus le peuple et, ça, le peuple l’a bien compris.

J.-L. M. Ne vous bercez pas d’illusion : partout en Europe, le peuple vomit les libéraux, c’est pourquoi vous êtes obligé de mettre des plumes de gauche à votre chapeau.


Aucun commentaire à “Interview dans VSD sur Sarkozy”
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  1. gaouri dit :

    C est hallucinant de lire de pareils inepties...Monsieur Karoutchi est un vrai lèche-cul,si c est ca la politique je préfère aller ramasser des pommes de terre en provence!


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