20fév 15

Contre les coups de force, la sixième République

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Cette semaine se déroule sous le signe d’un double et violent déni de démocratie. Toute la scène est dominée par les coups de force des puissants. En Europe avec l’agression contre la Grèce orchestrée par le gouvernement allemand et actionnée par la banque centrale européenne. J’y consacre un développement argumenté. Pour l’instant, la représentation française et les officiels français des différentes institutions ne sont pas des appuis pour les Grecs. Pourtant, ce serait dans le mandat de l’élection présidentielle de 2012. N’est-il pas incroyable que l’occasion ne soit pas saisie au bond ? L’autre choc, c’est celui du 49-3, véritable coup de force du gouvernement contre la majorité et le Parlement. Ce moment montre comment la cinquième République est le nœud du problème pour nous, Français. C’est l’instrument qui rend possible toutes ces violences. Seules les institutions de la monarchie présidentielle permettent que la France fasse défaut aux Grecs impunément, quand bien même seul en profite le gouvernement allemand contrairement à l’intérêt du pays. Seule l’impunité qu’elles garantissent permet au Premier ministre de venir dire à la télévision qu’il utilise le 49-3 parce que « le pays a besoin d’autorité pour la réforme comme face au terrorisme » ! Incroyable phrase ! Pendant ce temps, sur la chaîne du service public, le ministre Macron, jamais élu par personne, et présent à ce poste du seul fait de la faveur du prince, l’homme qui a réussi à diviser toute la majorité, vient donner des leçons aux parlementaires qui le contestent. Pauvre France menée à la chicotte par des exagérés qui espèrent être appréciés non pour ce qu’ils font mais pour la brutalité avec laquelle ils le font !

A partir du 20 février commence le processus de mise en place d’une assemblée représentative du mouvement sixième République, par tirage au sort, élection et cooptation. Je commence par là.

Le Mouvement sixième République va constituer son assemblée représentative

Certes nous n’avons pas atteint encore les cent mille signatures visées. Mais les 78 000 acquises forment un milieu bouillonnant. Evidemment l’objectif sera atteint. La plate-forme « Nous le Peuple » tourne à son régime : discussions et votes s’y mènent aussi librement qu’on peut l’attendre d’un système horizontal absolument autogéré. Je m’amuse de voir qu’un système aussi ample passe sous les radars des observateurs et même des militants politiques traditionnels. La vie a fait son chemin sans bruit, comme si de rien n’était. Le nombre des signatures a continué à progresser, les échanges se sont étendus, les premières réunions locales ont eu lieu à l’initiative des signataires. Six mois après son lancement, le mouvement a prouvé qu’il n’était pas un champignon médiatique. C’est pour moi l’essentiel. L’enracinement est la condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante pour faire en sorte que le thème devienne majoritaire dans l’opinion d’ici 2017 et dans le processus électoral qui aura lieu. Au demeurant, pas une semaine ne passe sans que la question des institutions et de la règle du jeu de notre société ne vienne sur la scène d’une façon ou d’une autre. Outre le débat sur l’abstention, signal de méfiance absolue, on a vu les rebondissements de la discussion sur le nombre de parlementaire et le rôle du Sénat. Caractéristique commune : une discussion entre experts, entre élus, entre officiels dans laquelle personne n’évoque jamais le fait que le peuple puisse se mêler du sujet ! Mais tout cela constitue néanmoins un fond de scène qui aide nos amis à comprendre l’importance de l’enjeu et à approfondir leur préparation. 

Semaine après semaine, la jeune équipe qui anime l’outil internet qui porte cette action a multiplié les développements. Avec la mise en place de l’outil pour constituer l’assemblée représentative, construit de manière totalement autonome, nous disposons désormais d’un appareil global très remarquable. Il est transposable dans d’autres pays francophones. Il peut être prêté pour l’organisation d’autres mouvements dans notre pays. Il constitue une machine à faire fonctionner un outil de nouvelle génération succédant à la forme actuelle des partis. Dans l’immédiat, nous avons réussi à construire un outil de meilleur niveau d’efficience et plus complet que celui de nos camarades de Podemos, sans rien devoir à personne.

Grâce à cette machine, l’assemblée représentative puisera aux trois sources de la réalité du mouvement tel qu’il est. D’abord ses signataires qui seront représentés par deux canaux : le tirage au sort pour cinquante d’entre eux pris sur la liste totale des signataires. N’importe quel signataire est susceptible d’être sollicité de cette façon du seul fait qu’il a signé le bref texte de pétition. Ensuite il y a l’élection de cent personnes candidates parmi les signataires qui seront élus dans chacune des Régions. Cela représentera les trois quart de cette assemblée. Le reste, cinquante personnes, se cooptera parmi les signataires de l’appel initial. Il va de soi que l’assemblée une fois réunie décidera non seulement de son organisation, de ses travaux mais aussi du mode de convocation de la suivante assemblée. Pour permettre de couvrir le coût de la tenue de cette réunion une souscription en ligne est ouverte sur le site. C’est d’ailleurs là que je vous donne rendez-vous pour en savoir davantage.

L’Europe passe au détecteur de mensonges

Le révélateur de ce qu’est devenu l’Union européenne, c’est ce qui se produit depuis la victoire de Syriza et la formation du gouvernement d’Alexis Tsipras. Le nouveau gouvernement grec peut-il tenir ses engagements conformément au mandat reçu des électeurs ou bien les pays membres de l’Union européenne sont-ils désormais sous « souveraineté limitée » ? On a déjà compris la réponse. Mais il est important de mesurer à chaque étape si notre raisonnement est le bon. Et par-dessus tout d'examiner comment les choses se passent pour en tirer de l’expérience pour le futur. C’est-à-dire pour savoir comment nous y prendre, le moment venu, à la tête du pays.

Côté théorie, le premier à avoir donné une réponse, c’est le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, quatre jours à peine après la victoire d’Alexis Tsipras. Dans Le Figaro du 29 janvier, Jean-Claude Juncker affirme sans sourciller : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est l’expression crue et drue de ce que vivent les Français et les Néerlandais depuis les votes bafoués de 2005 contre le traité constitutionnel européen. En fait, la formule de Junker, c’est l’adaptation à l’Union européenne du principe de la « souveraineté limitée », inventé par le soviétique Brejnev en 1968 pour justifier l’écrasement du printemps de Prague.

Côté pratique, aujourd’hui c’est la Banque centrale européenne qui tient le manche du gourdin. Elle peut décider la mise à mort économique d’un État sans qu’aucun responsable élu n’ait à se prononcer. Comment ? En décidant que les banques de cet État ne puissent plus se refinancer auprès d’elle. C’est-à-dire de venir chercher les liquidités dont elles ont besoin pour faire fonctionner la vie quotidienne. La conséquence serait quasi-immédiate. Premièrement, la panique bancaire, les épargnants se ruant sur les guichets pour retirer leurs économies. Deuxièmement, l’effondrement du système bancaire du pays en question sous la pression de ces retraits massifs et de l’impossibilité d’obtenir des liquidités auprès de la BCE pour y faire face. Troisièmement, l’obligation pour le gouvernement du pays de céder aux exigences de la BCE ou de voir toute son économie s’effondrer faute de circulation monétaire et faute de délai pour mettre en circulation une monnaie de remplacement, ce qui équivaudrait de toute façon à une expulsion de fait de la zone euro.

Cette méthode, c’est celle d’un véritable coup d’État financier : la BCE, instance indépendante et non-élue, est en position d’imposer ses vues à un gouvernement issue du suffrage universel. C’est ce qui a déjà fait contre l’Irlande en 2010 et contre Chypre en mars 2013. Le Parlement chypriote avait refusé d’adopter le plan d’austérité et de restructuration des banques du pays en échange de l’aide de l’Union européenne. Un refus sans nuance : il ne s’était pas trouvé une voix favorable au plan européen lors du vote solennel. La BCE a menacé de couper l’accès aux liquidités s’il n’obtempérait pas. Et le Parlement a fini par céder devant la menace.

C’est la même démarche qu’a entamée la BCE contre le gouvernement d’Alexis Tsipras. Il s’agit d’un chantage aux effets progressifs. Cette démarche est faite de seuils destinés à faire monter la pression, jusqu’à l’ultimatum final. La Banque centrale européenne a décidé de serrer une première fois le nœud autour du cou de la Grèce le mercredi 4 février. Elle l’a fait avant que les discussions aient commencé entre la Grèce et les autres pays de la zone euro. Sa seule justification pour agir aussi violemment fut sa « présomption » que le désaccord persisterait ! On ne pouvait énoncer plus clairement le caractère politique menaçant de cette décision.

Qu’a fait la BCE ? Je vais le décrire de façon assez détaillée pour que chacun puisse bien comprendre le mécanisme qui est présenté souvent d’une manière opaque ou dans un vocabulaire spécialisé assez impénétrable. Elle a décidé de couper l’accès des banques grecques à l’un des deux principaux canaux grâce auxquels elles accèdent aux liquidités que leurs clients leur réclament. Le résultat sur le terrain, dans la vie ordinaire ? L’usager/client d’une banque va chercher de l’argent liquide au guichet ou à la tirette. La banque est dans l’obligation de fournir la somme demandée si elle correspond aux avoir du client ou au découvert autorisé. D’où la banque tire-t-elle ces sommes ? De ses réserves, qu’il vaut mieux peu abondantes car la fonction essentielle de la banque est de faire circuler la monnaie, pas de la bloquer pour en faire des tas ! C’est donc la banque centrale, seule à avoir le pouvoir de fabriquer de la monnaie qui les lui remet. Mais elle ne le fait qu’en échange de dépôts de toute nature garantissant la somme qu’elle lui avance en liquide. Au cas précis, dans ce type de programme, le dépôt accepté était fait de titres de la dette de l’État grec que les banques privées grecques possèdent. Le 4 février, la BCE a décidé d'arrêter d'accepter les « obligations » d'État grec comme garantie apportées par les banques grecques pour obtenir des liquidités au taux habituel de 0,05%. Cet accès particulier couvrait 15% des besoins de refinancement des banques grecques.

Ainsi la BCE, a frappé le gouvernement Tsipras deux fois : une fois via ses banques comme on vient de le voir. Et une fois encore plus directement. Car concrètement, cela revient à priver le gouvernement Tsipras de la possibilité de financer sa dette par des emprunts à court terme auprès des banques grecques, celles-ci n’ayant plus la possibilité d’obtenir ensuite du cash auprès de la BCE en contrepartie de ces obligations de l’État grec. Cela revient aussi à obliger les banques grecques à recourir à un autre programme de la BCE pour obtenir des liquidités.

Cet autre programme, c’est le programme ELA pour Emergency liquidity assistance. Les banques peuvent le solliciter lorsqu’elles doivent faire face à une besoin de liquidités urgent (emergency) ou exceptionnel. Il est moins facile d’accès car il est plus cher. Au lieu d’emprunter à la BCE à 0,05%, les banques empruntent à 1,95%. Cela renchérit donc le coût de leur prêt, que ce soit au gouvernement, aux ménages ou aux entreprises grecques. Dans le cadre du programme ELA, la BCE fixe le principe du droit pour un pays d’en bénéficier, le taux d’intérêt (1,95% donc), le montant total auquel a droit un pays (65 milliards d’euros pour la Grèce) et doit autoriser toute sortie supérieure à 2 milliards d’euros. Mais c’est la Banque centrale nationale, en l’occurrence la banque de Grèce, qui accorde les liquidités et fixe les règles d’acceptation des garanties qu’elle accepte en échange. La banque de Grèce accepte, elle, toujours les titres de dettes publiques grecque comme garantie. Mais cela coûte plus cher ! Bilan : d’une part la BCE aggrave les coûts de la dette pour la Grèce, de l’autre elle crée un doute sur l’accès au liquide si bien que les gens se précipitent préventivement au guichet de leur banque, provoque un asséchement des fonds disponibles et cela conduit tout droit au bug.

Ce mercredi 18 février, le conseil des gouverneurs de la BCE devait décider s’il maintenait l’accès des banques grecques à ce programme malgré l’absence d’accord entre la Grèce et les autres pays de la zone euro. Les banques grecques ont un besoin vital de ce programme pour faire face aux retraits massifs de leurs clients. Ces retraits ont été supérieurs aux dépôts de 5 milliards d’euros en décembre, et probablement de 11 milliards d’euros en janvier selon les premiers chiffres. La banque américaine JPMorgan estime que les dépôts des banques grecques fondent de deux milliards d'euros par semaine du fait de l’incertitude sur les discussions entre le gouvernement grec et l’Eurogroupe. Incertitude créée de toutes pièces par la BCE. A ce rythme, les banques grecques se retrouveront à court de garanties pour de nouveaux prêts dans 14 semaines. Si la BCE coupait aussi ce programme, les banques grecques s'écrouleraient plus rapidement du fait de la panique qui ne manquerait pas de se produire.

L’Union européenne n’est pas faite pour les peuples et leur démocratie. Cette situation en est une preuve de plus : une institution indépendante et non-démocratique dispose du pouvoir de vie ou de mort sur l’économie grecque. Il y a pire encore. Toutes ces décisions de la BCE se prennent sans l’accord du gouverneur de la Banque de Grèce pourtant membre du conseil des gouverneurs de la BCE. En effet, en 2003, les gouvernements européens ont décidé que les droits de vote au sein du conseil des gouverneurs deviendraient tournants dès lors que 19 pays auraient l’euro comme monnaie. Or, il y a 19 pays dans la zone euro depuis… le 1er janvier dernier. Et le hasard du tirage au sort a fait qu’en février la Grèce fait partie des pays dont le représentant ne vote pas. C’est aussi le cas de Chypre, allié historique de la Grèce, et de l’Irlande, deux pays qui ont déjà subi les mêmes menaces. C’est aussi le cas du gouverneur de la Banque de France. Certes, au conseil des gouverneurs, les pays sont représentés par le gouverneur de leur banque centrale et non par des représentants de leur gouvernement. Les gouverneurs des banques centrales sont eux aussi « indépendants » de leur gouvernement. On ne peut donc pas déduire leur attitude de leur nationalité ni de leur fidélité à leur gouvernement. Mais si la BCE décide d’expulser la Grèce de la zone euro, l’histoire se souviendra que cela aura été décidé sans que les représentants de la Grèce ni de la France ne participent au vote. Notre pays ne peut accepter ni les menaces de couper les liquidités, ni ce mode de prise de position. Car demain, ce sera notre tour d’être sous le pistolet de la BCE si nous prétendions agir souverainement contre un plan imposé par le gouvernement allemand ou ses marionnettes de la Commission.

Le gouvernement allemand est le problème posé à l’Europe

On me reproche parfois de focaliser sur lui. Mais la géopolitique commande la politique. Le dire, ce n’est pas céder à un quelconque ethnicisme. C’est seulement comprendre que les arrière-plans, effets de structures, dispositifs de classes, systèmes de domination, ne se déploient pas comme des abstractions surplombant le réel qui se contenterait d’en illustrer les contenus ! Ils se déploient à partir des conditions matérielles réelles et des circonstances concrètes. Le nombre de ceux qui m’objectent que « le problème ce n’est pas l’Allemagne c’est le capitalisme » me consterne. Revoilà la caverne de Platon de retour où les catégories idéelles précédent le réel ! Pour quelle raison l’Allemagne est-elle aujourd’hui collée à l’intérêt du capital transnational en Europe dont elle est le chien de garde zélé ? Pour les raisons liées à sa démographie, à ses rapports de domination de ses voisins de l’est, et à sa dépendance aux USA depuis 1945. L’existence détermine la conscience collective. En Allemagne, la conscience collective comme partout ailleurs se construit autour du modèle et des préférences du noyau central qui domine la société : les vieux retraités par capitalisation et les suivants de la classe moyenne et moyenne supérieure. C’est eux qu’il faut convaincre ou contraindre.

En atteste ce qui vient de se passer depuis quelques jours face à la Grèce. Je veux le récapituler pour que chacun s’en saisisse. Encore une fois, c’est pour nous la meilleure préparation. Les discussions entre la Grèce et les autres membres de la zone euro sont présentées comme un « dialogue de sourds ». La réalité est que les discussions butent sur l’intransigeance totale des « Européens », comme les nomment les commentateurs, sans se rendre compte de l’exclusion qu’ils prononcent ainsi à l’égard des Grecs. En fait ces « Européens » sont complètement sous tutelle de la droite allemande.

Depuis la victoire électorale de Syriza, les autres Européens n’ont fait aucun pas en direction du nouveau gouvernement grec. Les deux réunions de l’Eurogroupe, la réunion des ministres des Finances de la zone euro, en ont été de parfaites illustration. Ainsi, mercredi 11 février, les 18 autres pays de l’Eurogroupe ont proposé au gouvernement grec un document proposant une « extension » du programme actuel au-delà du 28 février. Or, l’extension de ce programme est catégoriquement rejetée par Alexis Tsipras ! Peut-il en être autrement ? Cela reviendrait pour lui à accepter la poursuite du « mémorandum » de réformes imposant l’austérité. Et donc d’exiger que Tsipras endosse la politique du précédent gouvernement de droite grec alors qu’il a été élu pour changer de politique.

La seule concession des autres européens aura été de ne plus utiliser le mot « Troïka ». Le symbole est important. Mais croire que cela suffirait, c’est croire que Tsipras se paye de mots. Changer les mots sans changer les choses est une ruse qui marche peut-être avec d’autres, mais pas avec le nouveau gouvernement grec. Le summum de l’arrogance au cours de cette réunion est revenu sans aucun doute au ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, parti avant la fin de la réunion, pendant que le ministre grec des Finances téléphonait à son Premier ministre Tsipras pour valider la position de son pays. Le but de Schaüble est d’humilier ses interlocuteurs dans la tradition germanique la plus grossière et la plus haïssable.

Le lendemain, jeudi 12 février, au conseil des chefs d’État et de gouvernement, le dialogue a pu être rétabli. Aucune déclaration commune n’a été faite sur la Grèce et il n’y a pas eu de véritables discussions sur la dette ni sur le contenu du futur programme pour la Grèce. Pourtant, et c’est très important, il y a eu un accord pour engager des discussions techniques pendant le week-end sur le contenu d’un futur programme accepté par tous. Il s’agissait alors de préparer la réunion suivante, celle de l’Eurogroupe prévue pour lundi 16.

Pendant tout le weekend, les représentants du gouvernement grec ont ainsi travaillé avec les autres fonctionnaires pour essayer de rapprocher les points de vue. Le dimanche, c’est Alexis Tsipras lui-même qui a appelé le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker pour avancer. Le gouvernement grec a ainsi discuté d’un projet d’accord avec le Commissaire européen Pierre Moscovici. Un document d’une page, en anglais, que le journaliste du Guardian, Paul Mason, a obtenu et publié sur sa page Facebook. On en était donc là. Arrivent les Allemands et tout s’écroule. Les faucons de l’austérité ont tout mis par terre. Toute la table a été renversée. Au point que, ce lundi 16 février, à l’Eurogroupe, Moscovici n’a jamais présenté le document travaillé pendant le weekend avec les Grecs. À la place, le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, une marionnette de Schaüble, a présenté un autre document. Un texte encore plus dur que celui rejeté la semaine précédente. Telle est la vérité ! Pendant que le gouvernement grec discutait et montrait sa volonté de conclure un accord honnête, l’Eurogroupe durcissait en secret sa position sur ordre de Berlin. Dans son texte, l’Eurogroupe exigeait purement et simplement du gouvernement qu’il demande l’extension du programme actuel. Retour au point de départ, comme une semaine auparavant, l’arrogance et le mépris pour les discussions du week-end en plus. Le ministre grec Varoufakis a évidemment refusé une nouvelle fois. L’Eurogroupe a ainsi adressé un véritable ultimatum à la Grèce, exigeant que la Grèce capitule avant d’envisager une nouvelle réunion. Alors que le gouvernement grec avait montré sa volonté de négocier et que les autres Européens n’avaient pas bougé d’un pouce, le président de l’Eurogroupe a ainsi eu le toupet d’exiger que « le prochain pas doit venir de la Grèce ».

C’est la ligne dure du ministre allemand qui l’a emporté. Les propos rapportés par la presse montrent que les proches de François Hollande n’ont pas joué le rôle de facilitateur qu’ils prétendent assumer. Le Commissaire européen Pierre Moscovici comme le ministre des Finances Michel Sapin ont répété en cadence ce que disait Wolfgang Schaüble. Comme l’a dit Michel Sapin : « Il y a seulement un chemin raisonnable, c’est une extension technique [du programme actuel] avec de la flexibilité. Si les autorités grecques veulent prendre ce chemin, une réunion aura lieu vendredi pour confirmer leur décision ». Ne pas comprendre le rôle agressif néfaste du gouvernement allemand c’est de l’iréalpolitique la plus puérile. Tout céder aux Allemands pour satisfaire au mythe du « couple franco-allemand » c’est enfiler soi-même la camisole de force qui ficelle l’action des Français.


110 commentaires à “Contre les coups de force, la sixième République”
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  1. EGR dit :

    Merci pour cette explication claire et concise des machinations politiques derrière les évènements des derniers jours par rapport à la Grèce. Je suis d’accord qu’il ne faut pas "ethniciser" le problème allemand, mais en tant qu’Allemand je dois dire que j’ai honte de l’être (plus que d’habitude) et que ma colère augmente jour par jour. En espérant que l’Allemagne et tous ceux responsables de cette politique arrogante, destructrice et brutale en paient un jour.

  2. Je trouve très intéressant ce que vous dites dans votre premier paragraphe sur l'Allemagne et son attachement à l'Europe dans sa version néolibérale, "pour les raisons liées à sa démographie, à ses rapports de domination de ses voisins de l’est, et à sa dépendance aux USA depuis 1945. L’existence détermine la conscience collective." Cela montre bien les illusions que se font ceux qui, au PS notamment, espère qu'une victoire du SPD suffise à changer la donne en Europe.

  3. gswan dit :

    Qu'on en soit arrivé dans l'opinion, les médias et le personnel politique, à ne pas du tout s'insurger de l'attitude et de l'action concrète des Allemands et à leur suite des institutions européennes, vis à vis de la Grèce, est effrayant. Le terrorisme en col blanc est en train d'attaquer la démocratie en plein cœur et il n'y a personne pour crier "je suis Grec". L'internationalisme est enterré mais c'est bien lui qu'il va falloir relever d'entre les morts.

  4. michel samson 49 dit :

    Tout porte a croire que l'Allemagne veut le chaos, les Grecs ne peuvent pas caler, des milliers de monnaies genre sel vont fleurir. Tout cela ne mène a rien. Bon courage a tous et attention aux éclaboussures.

  5. Margareta Norlin dit :

    Cher Jean-Luc Mélenchon,
    Merci pour cette excellente analyse de la situation critique pour la Grèce, et merci pour votre ténacité en général quant à la situation dans la gauche française. Souvenez vous que "on reconnait un génie au nombre d´imbéciles ligués contre lui".

  6. Nicks dit :

    Le cas grec met aussi en exergue l'absence de la France. Notre pays est dans un reniement constant depuis trois décennies et sa normalisation a entrainé de facto la domination allemande, sans garde-fou. Tous les réformistes à la Valls qui accélèrent cette homogénéisation néolibérale font en réalité à la fois la perte de notre pays et plus généralement celle de l'Union. C'est bien pourquoi l'axe principal d'une reconquête passe par la notion de souveraineté. Syriza ou Podemos n'en font pas l'économie.

  7. Franck dit :

    Quel spectacle désolant ! Quelle violence crasse venant de ceux-là même qui se gargarisent de "projet européen pour la paix" et autres formules travesties, pour mieux asservir les populations qu'ils considèrent comme du bétail. Le plus triste est que ces symptômes martelés quotidiennement finissent par déclarer une résignation généralisée. C'est la guerre en Europe, certes économique, alors utilisons les armes adaptées, il faut se battre, chacun à son niveau, ne plus acheter les produits allemands par exemple (j'ai lu quelque part qu'ils correspondent aux codes barres entre 400 et 440, comme pour donner le "La", tiens !), tourner en dérision les acheteurs compulsifs de béhèmes et mercos, des ringards face aux changement anthropologiques actuels. Bref, construisons notre imaginaire collectif, c'est notre arme principale, redoutable et redoutée par nos adversaires !

  8. Amar dit :

    Le problème est que ce pays n'aurait jamais du être admis dans le club de la zone euro, c'est ce que reconnait VGE. On lui a permis de s'endetter aux mêmes conditions que des pays comme l'Allemagne. Résultat : chaos total.
    JL Mélenchon, ce que j'aimerais savoir, c'est quelles conséquences politiques vous tirez de toutes ces observations. Vous dénoncez le caractère antidémocratique de l'UE et l'arrogance allemande, ce qui est à peu prés la même chose, mais les allemands ne sont pas responsables de cette situation, pas plus que l'euro. Vous ne pouvez pas reprocher à quelqu'un d'être fort et bien portant. Nous sommes dans une économie financiarisée, et la BCE ne fait que défendre ce modèle de croissance économique et ce qu'il implique de casse sociale. Le seul moyen de s'en préserver, c'est d'en sortir. On veut dissuader les autres peuples européens de voter dans le sens grec, c'est à dire extrème-gauche. C'est une première sur le continent.

  9. semons la concorde dit :

    Explications claires du comportement allemand. J'espère de tout coeur que la nouvelle équipe grecque, connaissant l'adversaire, aura prévu un plan B pour maintenir le minimum vital du peuple grec. Le peuple peut soutenir encore un peu d'austérité si l'espoir est au bout. Si les Allemands continuent leur petit jeu cruel, c'est le début de l'anarchie en Grèce, puis en Europe. Après deux guerres militaires déclarées par l'Allemagne, une guerre économique totale contre les peuples européens. Quelle folie !

  10. Louis31 dit :

    Bonjour tout le monde.
    Enfin de vraies explications. Bien avant les élections en Grèce, que tout le monde donnait gagnant, j’avais dis qu’ils utiliseraient la méthode employée à Chypre pour les mettre à terre c'est-à-dire refuser les liquidités. Mais là je crois qu’ils veulent aller plus loin. Ils ne veulent pas qu’elle cède à leurs exigences, ils veulent que la Grèce quitte non seulement l’Euro mais qu’elle sorte de l’UE. Ils se rendent compte que la Grèce ne votera pas pour le GMT (ou TAFTA) et donc du risque qu’il y a à la garder la au sein de l’Union européenne. Je souhaite, comme tous ici, que la Grèce trouve la solution sans sortir de l’euro (monnaie nationale en plus de l’Euro …) et qu’elle bloque l’UE en ne votant plus les lois européennes lorsque l’unanimité est exigée.
    Vive la VIè Vive la VIE

  11. Mat dit :

    Bonjour à tous,
    Avec 2,4 millions de millionnaires en France, le Français moyen est clairement du côté du capital dont il profite. Il collabore donc naturellement avec les Allemands contre les Grecs. A mon avis, la seule alternative pour les anticapitalistes, même modérés (les antifinanciers), est donc de reconnaître leur défaite et de quitter la France pour les pays du Sud, ou les intellectuels et militants politiques peuvent se rendre plus utiles et rencontrer des gens comme eux. C'est aussi mon expérience personnelle pour être allé plusieurs fois en Grèce, avec l'envie d'y retourner.

  12. Francis dit :

    @ Mat 11
    2,4 millions disposant d'un patrimoine de 650 000 euros habitation incluse. La flambée des prix de l'immobilier et un euro fort a grandement participé à la progression du nombre de ces millionnaires en dollar. La réalité est toute autre en vérité. En France les 10 % les mieux dotés possèdent 48 % de la richesse totale, tandis que la moitié la moins favorisée se partage à peine 7 % du patrimoine. C'est un autre tableau que celui qui peut nous apparaître à première approche. Ce sont tout de même ces derniers qui doivent faire l'objet de notre attention, non ? Ceci étant j'aime également beaucoup la Grèce et j'envisage également un petit séjours dans ce magnifique pays cette année, ça ne pourra que les aider un peu.

  13. Lilly54 dit :

    Bonjour Jean-Luc, bonjour Amis, Le rouleau compresseur médiatique est plus agressif que jamais. Ode à Macron (illégitime). Ode à sa loi, Ode à Valls (illégitime). 0de à son autorité, haro sur la vraie gauche, haro sur la Grèce, haro sur Mélenchon. C'est suffocant et je ne comprends plus l'inertie des responsables syndicaux, associatifs, jeunes et retraités, des forces vives, bref, cette inertie qui va nous conduire au pire. Une manif est prévue le 9 avril ? OK. Pourquoi pas à la Toussaint ? Et ces frondeurs ! C'est avec eux que l'on doit aller vers la 6e République ? Excusez-moi je ne veux pas saper le moral mais là je suis très très pessimiste. Seuls Jean-Luc et les camarades de terrain forcent mon admiration. Dans quel état serions-nous sans eux ? Cette Europe nous tue lentement mais sûrement !

  14. Gènevois dit :

    C'est grâce à vous que depuis quelques années je comprends bien des choses vous êtes un des rares à expliquer sans employer la langue de bois et vous ne vous défilez jamais dans les différentes émissions télé. J'ai signé pour la 6e, bien sûr ! Pour moi le 49-3 c'est le 18 brumaire, j'ai relu Bonaparte, il y a bien ça chez Valls. Je croise les doigts pour les Grecs. Et tiens, pendant que j'y suis, la dette de la France me fait penser à cette "loi du milliard" sous Charles X, pour rembourser les émigrants partis en Angleterre sous la Révolution, je crois que les Français s'étaient révoltés. Les temps changent mais tout est toujours pareil. J'ai 74 ans et je commence à fatiguer.

  15. Cyril07 dit :

    Je suis entièrement d'accord sur la 6ème République, afin que le peuple puisse se constituer lui même. Cependant il ne faut pas mettre de côté le fait que le peuple n'est pas forcément que de Gauche, ce que certains ont du mal à comprendre, notamment dans mon département. Un mouvement citoyen s'est créé ici même, et compte remettre la démocratie à l'ordre du jour. Dommage qu'au moment où sont arrivées les élections et que ce mouvement comptait présenter des candidats sur un canton, les organisations de l'autre Gauche locale aient été effrayées par le peuple et ne lui ait pas accordé leur soutien, bien au contraire. Ce mouvement (légitime) fut noyauté avec des méthodes critiquables relevant d'un autre temps, il ne présentera pas de candidats, l'abstention sera au plus haut, et l'alliance pseudo-progressiste fera pshitt. Très mauvaise stratégie, que j'ai décidé de fuir très vite.
    On ne peut pas uniquement se contenter de théorie sur papier, surtout avec des conditions très souvent non transposables depuis l'étranger vers nos petites bourgades. Ça ne m'empêchera pas de continuer de te suivre de près car je sais que tu as compris que la révolution sera citoyenne, ou...

  16. maryse dit :

    Merci infiniment une fois de plus de ces explications, Jean-Luc. N'ayant pas la culture de Genevois ni la connaissance historique et économique qui me permettrait de comprendre tous ces phénomènes en connaissance de cause, je ne peux que m'enthousiasmer et adhérer à ce mouvement pour "autre chose", en tant qu'un petit wagon de ce train magnifique dont vous êtes la locomotive. Un ancien député belge dont je ne retrouve pas le nom a dit quelque chose comme : "il est vrai que là-haut, au-dessus du plafond de verre, il a été décidé que la résolution de la difficulté actuelle, c'est foutu. Mais on ne le dit pas car cela ferait peur. De là-haut on décide des comment continuer "la casse". Mais il y a une chose que jamais personne ne pourra contrôler, c'est l'émergence de la forêt qui pousse". Vous êtes, nous sommes avec et grâce à vous cette forêt. Persévérance et patiente, entêtement et solidarité. La force de la jeunesse de Tsipras, d'Iglesias et assurément les millions d'autres encore anonymes vous remercient !

  17. Poncet dit :

    Je pense qu'il y a erreur d'analyse quant au rapport de force entre la BCE et la Grèce. D'une part, l'affirmation "faute de délai pour mettre en circulation une monnaie de remplacement" est fausse. Si les dirigeants grecs ne sont pas des enfants de choeur, ce remplacement est déjà prêt. Ne pas le préparer reviendrait à considérer que la négociation entre la Grèce et l'UE serait une partie de "bluff" et que l'UE se dégonflerait la première. Or Yanis Varoufakis pense exactement le contraire. Evidemment je ne suis pas dans les secrets du gouvernement grec et, peut-être commettent ils la lourde erreur de ne pas se préparer à l'éventualité d'une expulsion forcée de l'euro.
    Mais, quoiqu'il en soit, plus de monnaie, et après ? L'économie s'effondre ? Quelle économie ? Celle qui renaît aussitôt sur les cendres est bien plus saine car la "machine à concentrer les richesses" est détruite ! Et certes, la vie quotidienne peut devenir "difficile" pour les Grecs, mais "difficile" par rapport à quoi ? Pour eux, ce sera de toute façon une libération. Ils consacreront leur énergie à se procurer de l'eau, de la nourriture, de...

  18. l'écossais dit :

    Bonjour les humains d'abord, bonjour Jean-Luc. Ce que dit @Margareta Norlin me va tout à fait si ça se vérifie "on reconnaît un génie au nombre d'imbéciles ligués contre lui." Parce que des imbéciles (français) j'en ai croisé quelques uns. L'autre idée que j'ai notée dans les présents commentaires est la possibilité d'aller aider les grecs par des collaborations directes. Cela me semble effectivement plus judicieux que de marcher dans la rue. Puisque de toute façon l'on perd son temps à essayer de faire quelque chose dans ce pays qui est déjà vendu aux financiers vautours. Vous verrez, après la mascarade de fin d'année sur le climat, que je ne dis sans doute pas de conneries. Dure lutte, n'est-ce-pas Jean-Luc ?

  19. richunter dit :

    Mais alors, qu'elle est la porte de sortie pour la Grèce et le gouvernement d'Alexis Tsipras ? Peut-elle se tourner, une fois exclue de la zone Euro, vers d'autres sources de financement telles que le Brésil, la Chine, la Russie, l'Inde ? Une fois l'analyse faite, l'indignation, les protestations quelles sont les solutions pour la Grèce ? Si parmi nous, les solutions existent, faites les nous partager.

  20. Jmk011 dit :

    Bonjour.
    Merci Jean-Luc pour tes remarquables explications politico-economiques.
    Je viens de lire 2 articles dans "les échos".
    La BCE se préparerait à une sortie imminente de la Grèce de la zone Euro, ce qui semble vouloir dire que le gouvernement grec tient bon face aux menaces de la Banque centrale et du gouvernement allemand.
    Le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté en Allemagne vient de dépasser 12,5 millions, soit plus de 15% de la population allemande. Ce n'est certes pas une bonne nouvelle pour ces personnes mais cela montre à quel point le "miracle" allemand ne touche pas tout le monde et que certains connaissent eux aussi l'austérité dans ce "merveilleux" pays.
    Le gouvernement grec doit absolument tenir bon, quitte à sortir de l'euro.

  21. Palumbo Viviane dit :

    Moi je n'aurais qu'une phrase : "ne lâchons rien". Tout démontre que nous avons raison, que seul le programme de l'Humain d'abord peut nous apporter dans un premier temps une reprise en main de la République, puis une constituante et enfin la sixième ou appelons-là comme on voudra, la cinquième est morte, elle pue et nous entraîne avec elle.

  22. oxy dit :

    Suis je optimiste, utopiste, si je dis qu'il faudrait lancer une souscription internationale pour aider en partie le gouvernement d'A. Tsipras à voir venir la suite ? Car à l'échelle internationale les peuples sont capables de réussir l'impensable. Car il faut empêcher les vautours que sont les marchés financiers, les banques et autres escrocs de la finance à faire plonger le gouvernement d'A. Tsipras et avec lui l'espoir pour l'Europe que nous a apporté Syriza.

  23. Nuno dit :

    Varoufakis a parlé de syndrome post-vichyste pour décrire l'attitude de Hollande qui se couche devant les Allemands et les faits semblent bien lui donner raison. Et même si l'on désapprouve le manque de courage du gouvernement de l'époque, on peut le comprendre, face à la puissance mécanique militairement hostile de l’Allemagne. Aujourd'hui on n'a même plus cette excuse, notre voisin bien qu'étant un géant économique est un nain militaire, un peu comme notre président qui lui est un nain politique.

  24. marco polo dit :

    C'est donc le diktat allemand, devant lequel les autres Etats se couchent, qui devient la politique officielle de l'Europe. Tout pays résistant sera soumis à la question et sommé de rendre les armes. Toute idée de démocratie est assujettie à cela via la volonté de la Commission de Bruxelles et de la BCE. Monsieur Junker l'a très bien exprimé. Donc tout pays et y compris le nôtre sera soumis à la même pression. Nous avons bien sûr plus de poids, à condition toutefois d'avoir une autre politique, celle du Front de Gauche. Mais nous en sommes loin, pour le moment. Si la Grèce est exclue de l'Euro, elle fera donc défaut, quels sont ses autres recours, afin d'appliquer sa politique, emprunter à l'extérieur ?
    Je ne vois pas quels sont les solutions pour convaincre les socialistes frondeurs (!) et le écolos qu'il faut ouvrir un front commun pour un programme de gauche avec le Front de Gauche. Je pense que ce seront de bien piètres alliés s'ils venaient vers nous ! La réponse possible : le M6R qui pourra pousser et fonder et ainsi entraîner un mouvement fédérateur, moteur des luttes et du changement.

  25. cogilles dit :

    Jean Luc Mélenchon donne l'explication du rôle de l'Allemagne "collée à l’intérêt du capital transnational en Europe dont elle est le chien de garde zélé". Et dans les discutions avec la Grèce "c'est la ligne dure du ministre allemand qui l'a emporté".
    Pour quelle raison profonde les proches de François Hollande se sont ils couchés ? "Satisfaire au mythe du couple franco allemand" ne me parait pas suffisant, car ces hommes politiques savent bien ce qui va nous arriver, la preuve pour moi l'utilisation de l'article 49/3 de la Constitution de la Vème République, qui permet le passage en force d'une n'ieme loi austéritaire. Il me semble qu'ils collent bien aussi a l’intérêt du capital transnational dont ils sont aussi les chiens de garde zélés.

  26. JeanLouis dit :

    "L’Union européenne n’est pas faite pour les peuples et leur démocratie"

    Tout est dit. Et en plus ce gouvernement allemand il y en a marre. Il faut en tirer la leçon. Il faut quitter cette Europe là, ça doit devenir, hélas, le cœur de la politique l'humain d'abord et du mouvement pour la 6éme république. En dehors de cette orientation il ne peut y avoir d'issue favorable électoralement parlant d'abord.

  27. cata dit :

    Vous nous expliquez qu'il faut faire la 6eme république. Puis vous nous expliquez que l'Europe, dirigée par la BCE, en fait par la droite allemande, a tous les moyens pour contraindre quelque gouvernement que ce soit à faire ce que, eux, ont choisi. La démocratie n'existe plus en Europe (pas plus qu'en France). Sans sortir de ce cadre, j'ai du mal à voir ce qu'apporterait une "autre" constitution ?
    Autre question, Merkel a t-elle une revanche à prendre ? Je ne peux m'empêcher de penser à l'histoire du siècle passé (et même avant).

  28. jean ai marre dit :

    Pour comprendre la position allemande, il faut être attentif à leur culture. Ils ont toujours eu une attitude suffisante par rapport aux pays du sud, dont nous faisons partie. C'est un sentiment de supériorité naturelle qui s'exprime. D'ailleurs ce qu'ils ont fait aux Allemands de l'Est en témoigne. Au début à l'abattage du mur, ils étaient frères et 6 mois après c'étaient des cousins, alors que pour les anciens de RDA, ils ont vite compris qu'ils allaient remplacer les Turcs, ou les immigrants. Je crois que De Gaulle et Mitterrand l'avaient parfaitement compris. Leurs attitudes et leurs déclarations face à la Grèce démontrent leur posture. Non, ils ne céderont pas. Une solution pour les faire plier, serait de créer une Union des pays du Sud. Mais sur ce coup, ce serait la finance qui ne supporterait pas !

  29. gaelikprat dit :

    je suis un petit homme, un ignorant qui demande à apprendre, sans moyens et pourtant j'ai pensé bien avant les élections grecques aux capitalistes ayant 2 ou 3 coups d'avance afin de faire mourir le peuple grec. Il existe en France des sels. On peut recourir au troc. Les grecs rentrent en résistance et ils connaissent. Peuvent-ils trouver des alliés, l'ennemi de l’intérieur est-il à craindre ?

  30. Veytizoux Jean-Philippe dit :

    Évidemment, l'épisode du 49/3 ne fait ni la démonstration que Jean-Luc Mélenchon dit tout et son contraire ni la démonstration que le groupe FdG à l'Assemblée Nationale ne suivrait pas la bonne ligne. Cet épisode fait la démonstration que la VIè république est la solution. Aussi bien intentionnés que nous soyons, les uns et les autres, cette constitution n'est plus bonne à rien. Sauf à satisfaire Marine Le Pen qui n'aurait plus besoin d'en changer une virgule!

  31. Romain Kroës dit :

    Pourquoi continuer de dire que les Etats de l'eurozone doivent chercher, auprès de la BCE, les liquidités dont elles ont besoin pour faire fonctionner la vie quotidienne ? Le protocole de 2008, qui constitue l'application pratique des traités (téléchargeable en français sur le site de la BCE), donne au contraire une large autonomie aux banques centrales nationales en matière d'Open market, c'est-à-dire d'adjudications d'euros sur leur place financière. Il suffit que la Banque nationale grecque achète les bons du Trésor et les place à la Banque centrale grecque contre les liquidités offertes par cette dernière. Bien sûr, c'est entrer en conflit avec la BCE, mais celle-ci n'a qu'un seul recours (cf. ledit protocole), la Cour de Justice européenne où tout le monde plaide. Et nul ne peut exclure la Grèce de l'eurozone.

  32. CEVENNES 30 dit :

    Bonjour à tous,
    Ne vous inquiétez pas un compromis sera trouvé à la dernière minute, Tsipras passera sous la table en gardant la tête haute, les Etats-Unis ne peuvent laisser de côté un pays stratégique comme la Grèce en Méditerranée, le parti des intérêts et son bras armé l'OTAN sont à l'oeuvre, l'Allemagne de Merkel sont les maîtres d'œuvre de ce plan d'encerclement de la Russie. Que faisons-nous dans cette galère ?

  33. BOUCHET dit :

    Bravo à @Oxy commentaire n°22. Cela fait un bon moment que je voulais faire la même proposition. Oui à l'info explicative, mais du concret. Lancer une souscription nationale, puis européenne et mondiale, par tous les syndicats et partis progressistes, pour le Peuple Grec. Une somme minimale individuelle par des millions d'humains ferait un pactole et un formidable outil de propagande d'unité des peuples.
    Salut et Fraternité

  34. Veytizoux Jean-Philippe dit :

    Sur la panique aux guichets grecs, je me posais la question suivante. Pourquoi le gouvernement grec freinerait-il la panique et instaureraient-ils un contrôle des changes ? Les Grecs sont sous la menace de la fameuse Grexit. Si ils font défaut les coffres encore pleins, aucun intérêt. Il vaut mieux du numéraire en Euro en circulation en Grèce dans la poche des Grecs, que l'argent dans les coffres des banques grecques à la merci d'une balle dans la nuque. J'ai lu quelque part que les fonctionnaires de la BCE s'interrogeaient sur l'attitude du gouvernement grec, ils ne comprennent pas pourquoi le contrôle des changes n'est pas encore instauré. Et si Syriza se souciait finalement peu de sauver un Euro qui leur fait tant de mal ?

  35. JULES IMPRÉCATEUR dit :

    Décidément la démocratie recule.
    L'Allemagne et la troïka déclarent la guerre financière à la Grèce.
    Hollande et Vals pour ne pas affronter l'exercice démocratique à l'Assemblée, à l'exemple du Ménard de Béziers, ils dégainent l'arme fatale, gros calibre, "49-3, le nouvel ami du gouvernement". Sans faire de dégâts ?

  36. maximilien r dit :

    L'UE doit faire plier Syriza. Ce n'est pas une question d'argent mais une question de survie politique.

  37. Julien dit :

    Curieux que vous ne présentez pas l'option de la sortie de l'Euro et du défaut sur la dette, qui paraît pourtant la seule possible désormais.

  38. elnigo dit :

    @maximilien
    Ils doivent absolument démontrer, aux yeux des peuples européens qui seraient tentés de les imiter, que la tentative des Grecs est vouée à l'échec. Que la seule option viable est la soumission.

  39. Veytizoux Jean-Philippe dit :

    L'accord pour prolonger de 4 mois vient d'être trouvé. L'Eurogroupe demande à Athènes les mesures qu'elle compte prendre d'ici lundi. Donc, c'est le gouvernement grec issu des élections populaires en Grèce qui va fixer le cadre politique concret des mesures à prendre, lundi il va donc proposer des mesures de justice fiscale pour faire rentrer l'impôt, des réformes profondes pour mettre à contribution les armateurs et l'Eglise, des réformes sur la fonction publique pour en finir avec le clientélisme etc. Maintenant évidemment les conservateurs allemands ne vont pas dire la même chose amis les faits sont têtus. C'est le gouvernement grec qui a l'initiative politique, la troïka c'est fini.

  40. Trebor54 dit :

    A lire ce post, vouloir réformer l'UE de l'intérieur est quasiment mission impossible. D'autant plus Jean-Luc, dans certaines de tes interventions tu nous expliquais que pour vouloir changer ne serais-ce qu'une petite loi il fallait l'accord absolu des 28 pays membres, tous à la solde des étatsuniens, de la Troïka et de l'OTAN ne sont pas prêt de faire quelques concessions que ce soi en faveur des peuples. Envisager une sortie de l'euro et de UE et par la même occasion s'affranchir de l'OTAN ne serait pas pire de ce que subit le peuple grec, au moins nous redeviendrons un peuple souverain et non un peuple à la ramasse.

  41. Jmk011 dit :

    Bonsoir.
    Il parait qu'un accord vient d'être trouvé entre la Grèce et ses principaux créanciers, tant mieux si c'est vrai. Toutefois la Grèce n'aurait plus qu'un délai de 4 mois (et non de 6) pour satisfaire ces derniers, qui continuent à imposer aux Grecs la même politique austeritaire qui les a enfoncés encore plus. Tsipras et son gouvernement n'ont pratiquement plus de solution face aux vampires troïkestes s'ils persistent à maintenir la Grèce sous l'eau, je pense donc de plus en plus que la solution ultime pour la Grèce est de quitter la zone euro, ce qui permettrait au pays de se déclarer en cessation de paiement, donc d'honorer ses dettes quand elle le décidera, de retrouver une banque centrale independante de la troïka, de nationaliser les banques en renforçant le contrôle des mouvements de capitaux et en promouvant une politique fiscale à l'encontre des vrais riches (armateurs et Église entre autres).

  42. Veytizoux Jean-Philippe dit :

    Bien d'accord avec le hourra de Jean-Luc sur twitter. Le projet politique des conservateurs libéraux prend un gros stop ce soir. Car derrière l'économique, se cachait le politique. C'est le gouvernement grec qui a l'initiative politique du choix des réformes, le mémorandum est mort. Mme Merkel parle ce soir de "vérifications techniques" et non de choix politiques pour lundi. Schauble est descendu fondre sur sa proie, qu'il pensait aux abois, hier du plateau de Pratzen, il a pris une grosse charge de Ney/Varoufakis cet après-midi à Bruxelles. Le plus drôle c'est quand la BCE a quasiment demandé hier le contrôle des changes en Grèce... eh ben le libéralisme, ce n'est plus ce que c'était ! Tiens ce soir elle tient à affirmer que ce contrôle est inutile, c'est vrai des libéraux qui effrayés demandent l'intervention de l'Etat dans l'économie, ça fait mauvais genre.

  43. tchoo dit :

    Je n'ose imaginer que ni Syriza, ni vous n'aviez envisagé le scénario qui est en train de se jouer. Vous ne pouvez pas être assez naïf pour penser que tous ces affameurs allaient se coucher juste parce que un peuple a voté différemment. Alors la question se pose, quelle est l'alternative pour Syriza pour faire face à la catastrophe qui s'annonce et qui risque d'être très très violente ?

  44. Nicks dit :

    L'accord est simplement le résultat d'impératifs de communication et d'un objectif majoritaire, peut-être pas du fait allemand, qui était de ne pas envoyer sans sommation la Grèce en dehors de l'euro. Les orthodoxes sauvent la face en prétendant continuer à diriger les choses, mais il semble que l'important est que c'est le gouvernement grec qui va présenter ses réformes. Il est évident que les néolibéraux ne feront aucun cadeaux, mais Tsipras a pu garder une marge d'action non négligeable, sans doute le plus qu'il pouvait faire sans passer sous les fourches caudines d'une sortie de la monnaie unique, ce qui aurait été trop violent et surtout trop tôt pour la Grèce. L'avenir n'est pas construit, mais l'espoir est vivant...

  45. Dwaabala dit :

    En Allemagne, la conscience collective comme partout ailleurs se construit autour du modèle et des préférences du noyau central qui domine la société : les vieux retraités par capitalisation et les suivants de la classe moyenne et moyenne supérieure.

    Le noyau central qui domine la société, en Allemagne comme ailleurs, est le grand capital, le capital financier. En Allemagne comme ailleurs, il sait se constituer une clientèle, qui est peut-être ici celle des vieux retraités. Cependant ce n'est pas eux qui mènent en dernière analyse la barque allemande. Autant dire que du temps d'Hitler, c'était l'Arbeiter qui était le noyau central qui dominait la société et non pas Krupp, IG Farben etc.

  46. marguerite dit :

    En Allemagne les règles remplacent la sensibilité et les lois remplacent la morale ! C'est dur et j'espère revenir au plus vite en France !

  47. AJAS dit :

    Bien sûr. Il y a danger ! Il s'agit de démontrer qu'il serait impossible d'appliquer une vraie politique conforme aux intérêts des peuples conformément à ce que propose le Front de gauche en France déjà. Donc l'expérience vitale que vit le peuple grec à travers ses représentants négociateurs est cruciale pour tous les peuples d'Europe, dont la France, les Espagnols, les Italiens dans l'immédiat. Si Syriza capitulait devant les dictats allemands représentés par cette Europe de la finance et des multinationales, ce serait le grand bon en arrière dans la conscience des peuples européens et chez nous en France dont les médias font tout pour asservir la population aux objectifs de cette Europe dictatoriale.

  48. Rémi dit :

    De tout coeur avec les grecs et Syriza, contre cette Europe du fric.
    Par contre je suis très déçu que la vrai gauche n'ait pas voté la censure contre notre gouvernement. La loi Macron est une infamie, y faire obstacle même en s'alliant au diable un devoir.

  49. edrobal dit :

    J'ai bien aimé le parallèle avec le printemps de Prague en 68. Pour avoir vécu cette période avec l'enthousiasme de la jeunesse, je ressens violemment les similitudes et je prévois la même fin. La violence du système est en relation avec sa peur d'une contagion démocratique comme ce fut le cas en 68. Preuve que le système y met tous ses moyens, il a même lancer sa cavalerie médiacratique dans la bataille. Il faut convaincre le peuple qu'il devrait payer la dette grecque pour le dissuader de faire cause commune avec le peuple grec. Diviser pour régner est toujours d'actualité. [...]
    Mais le combat de Syriza est encore plus important qu'il n'y parait et sa défaite nous impactera plus que l'échec du Printemps de Prague.

    [Edit webmestre : Ce n'est pas une question de "politiquement correct", mais sur ce blog, les écrits délétères de J. Quatremer ne sont pas les bienvenus, même à titre d'exemple. On trouve toujours le moyen de s'en passer...]

  50. octobre dit :

    L´Allemagne a un excédent commercial de 200 milliards et pratiquement deux millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Oui @Marguerite retourner en France mais dans quelle France ? Celle européene d´Angela Merkel, de Junker et de ce ce vieux grippe-sous de Schauble, ou celle du temps des cerises même si il ne nous reste plus que les noyaux à picorer ?
    Souhaitons que Syriza fasse plier le modèle allemand et pour cela le mieux serait que la Grèce sorte de l´euro puisqu´il est possible de sortir de l´euro tout en restant dans l´Europe à l´exemple de l´Angleterre.


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