02juil 14

La vie hors de Sarkozy et du foot!

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Dans ce post je proteste contre la sanction imposée par l'empire nord-américain à la banque française BNP. Elle vient de lui être infligée sans que la France de François Hollande ne résiste une seconde. J'ai interrogé la Commission européenne sur le sujet car le cas n'a rien de juridique : il est entièrement et exclusivement géopolitique. Du coup, bien d'autres banques européennes sont sur la sellette. Mais pour la présidence française, ce n'est pas un souci. Aujourd'hui encore, le gouvernement a permis la fusion de l'entreprise qui produit les chars Leclerc avec son homologue allemande. Après Alcatel, Alstom, EADS, on voit bien comment l'« irealpolitik » et l'angélisme atlantiste des solfériniens confine à la haute trahison. L'indépendance nationale, gage de la liberté des décisions des citoyens français, est hélas le thème honni des libéraux et des gauchistes qui s'accordent pour en faire une variante du chauvinisme. Les déclinistes de la "grande presse", pas toujours désintéressés, sont très attentifs aux lobbies qui vivent de ces sortes d'abandons. Ils viennent en général fermer la marche du cortège funèbre. Il ne faut plus fermer les yeux ou continuer à agir comme s'il n'y avait pas d'urgence. J'ai la ferme intention de faire entrer ce débat à gauche. Je commence aujourd'hui avec ce post. 

Les princes qui menaient la Fronde sont rentrés au Palais. Bien enflés de vent médiatique, il n'en n'est pourtant plus resté qu'un seul pour s'abstenir sur cent qui plastronnaient ! Drôle d'époque ! J'ai voté contre la guerre du golfe de François Mitterrand, que j'aimais et respectais, parce que je la désapprouvais, contre le statut de la banque centrale européenne, contre le passage à l'euro. J'étais socialiste. J'ai été suspendu, blâmé et rappelé à l'ordre pour cela. En suis-je mort ? Est-on de gauche pour autre chose que pour agir selon sa conscience ? Voter contre un budget rectificatif d'austérité présenté par un président que personne n'aime et un Premier ministre que la plupart déteste est donc si difficile ? Non. Il y a autre chose. Quoi ?   

J'ai retrouvé l'hémicycle de Strasbourg. Les torrents de préchis-préchas libéraux ont immédiatement repris dès que la parole a été donnée. Avant ça, le décor de la grande coalition avait été solidement remis en place. Les sociaux-démocrates et la droite, l'UMP et le PS, se sont remis en couple pour faire la pluie et le beau temps. Martin Schulz, le grand héros de la lutte socialiste en France et en Europe, a retrouvé son fauteuil de président avec une écrasante majorité des « socialistes » et de la droite. La seule brèche dans le mur de béton de la dictamolle européenne aura été le discours de Pablo Iglesias, notre camarade espagnol de "Podemos" à qui nous avions confié le soin d'être notre candidat pour la présidence du Parlement.

La punition de la BNP est une provocation

Je proteste contre la décision des États-Unis prise contre la BNP. Non parce qu'elle est française, même si je sais que cet aspect du tableau n'est pas sans signification outre atlantique. Et pour ne pas perdre d'espace à expliquer à nombre de personnes qu'une banque nationalisable n'aura jamais le même statut à mes yeux, et dans l'exercice du pouvoir un jour, qu'une autre qui ne le serait pas du fait de sa nationalité. Ici, je veux m'en tenir à l'analyse du cas, tellement il est révélateur de ce qu'est l'impérialisme américain actuel. Tellement il est révélateur du futur qu'ils réservent au vieux continent une fois qu'il aura été annexé dans le cadre du Grand Marché Transatlantique. En contraignant la banque française BNP Paribas à une sanction financière et commerciale historique, les Etats-Unis ont posé un véritable acte de guerre économique face à la France et à l'Europe. L'amende est imposée pour avoir violé l'embargo imposé par ce seul État sur Cuba, l'Iran et le Soudan. Précisons d'ailleurs que l'embargo sur Cuba a été condamné des dizaines de fois par l'assemblée des Nations Unies. L'origine politique de cette sanction, sa gravité et son contenu géopolitique auraient dû justifier une vive réplique de la part du gouvernement français et de l'Union européenne. Il n'en a rien été ! Hollande, fidèle a son allégeance atlantiste, s'est couché au premier coup de sifflet ! Et le gouvernement français a aussitôt pleurniché sous la gifle : il n'y aura pas de risque pour les négociations du Grand Marché Transatlantique. Après l'espionnage généralisé des européens par les services états-uniens, c'est la deuxième capitulation et humiliation des Européens en silence en moins d'un an. La présidence Hollande étant la plus servile.

Car il s'agit bien là d'une sanction politique et non pas judiciaire. Il n'y a pas eu de tribunal, ni de procès, avec des procédures transparentes et contradictoires.

C’est une véritable armada institutionnelle qui a attaqué la banque française pour avoir violé les lois extraterritoriales imposant l'embargo sur Cuba, l'Iran et le Soudan. BNP Paribas s'est retrouvé face aux feux conjoints des ministères de la Justice et du Trésor, mais aussi de la Banque centrale et du régulateur bancaire de l'Etat de New-York, qui contrôle Wall Street. Pas moins de trois procureurs ont mené l'attaque : celui de l'Etat de New-York, Cyrus Vance, celui de Manhattan et le ministre de la Justice des Etats-Unis, Eric Holder. Ce dernier avait même indiqué en mai qu'il « supervisait personnellement les enquêtes en cours » sur les violations de l'embargo et qu'il « entendait qu’elles aboutissent ». L'attaque a donc été clairement portée depuis la tête politique du pays. D'ailleurs, même le régulateur bancaire de New York, Benjamin Lawsky, qui a mené le chantage contre la banque en la menaçant de lui retirer ses licences bancaires pour exercer à Wall Street, est potentiel candidat pour devenir gouverneur démocrate de l’Etat de New-York. Tous les protagonistes de cette attaque sont proches de l'administration Obama.

L'ampleur de la sanction est aussi politique. Avec 8,9 milliards de dollars à payer (6,5 milliards d'euros), c'est la plus grosse sanction jamais infligée à une banque étrangère par les Etats-Unis. Les efforts de BNP Paribas pour négocier ont d'ailleurs été vains, tout comme l'intervention du gouvernement français, puisque BNP proposait initialement de payer 4,8 milliards. A cette sanction financière s'ajoutent des sanctions commerciales multiples. D'abord, la suspension du droit de pratiquer certaines transactions en dollar pendant un an. Le fait que les Etats-Unis aient contraint la banque à plaider coupable sous la menace de lui retirer toute licence bancaire est aussi très dangereux commercialement. D'ailleurs, cela n'a jamais été appliqué à une banque états-unienne. Car cette reconnaissance juridique de culpabilité donne le droit, au même titre qu'une condamnation pénale, à certains régulateurs bancaires nationaux d'interdire désormais l'activité de la banque sur leur territoire en arguant de ses mauvaises pratiques. Les règlements de certains fonds de pension comportent même des clauses interdisant d'investir dans une entreprise dans pareil cas. BNP Paribas s'expose donc à des risques en chaîne. Enfin, il ne faut pas oublier la sanction boursière subie par la banque après plusieurs mois de poursuites publiques. 15 milliards de capitalisation boursière sont ainsi parti en fumée depuis février avec la chute de l'action BNP.

Il ne s'agit pas bien sûr de s'apitoyer sur le sort d'une banque dont les pratiques spéculatives sont par ailleurs très discutables. BNP Paribas détient le record des banques françaises pour le nombre de filiales dans les paradis fiscaux. Et justement, les opérations de contournement de l'embargo ont été effectuées via la filiale suisse de la banque, elle-même soupçonnée de longue date pour son rôle dans l'évasion fiscale. Il ne s'agit pas non plus de dire que le moindre argent public devrait venir en aide à BNP Paribas. Avec 6 milliards de bénéfices annuels et des distributions records de dividendes à ses actionnaires depuis des années, BNP a les moyens de payer en 2 ou 3 fois l'amende de 6,5 milliards d'euros. Il faudra cependant veiller à ce que les actionnaires n'essaient pas de faire payer avant tout les salariés de la banque.

Le contenu de ce litige des USA avec BNP est fondamentalement géopolitique. Il est donc reproché à la banque française d'avoir violé l'embargo décidé par les États-Unis sur Cuba, l'Iran et le Soudan en effectuant des transactions en dollar avec ces États pendant 10 ans à partir de 2002. En le faisant, la banque n'a pourtant violé aucune loi française, européenne ou internationale. Car en droit international, un embargo décrété par un pays contre un autre, à supposer qu'il ne soit pas considéré comme un acte de guerre, ne s'applique qu'aux acteurs économiques de l'État qui a décidé cet embargo. En violation du droit international, les États-Unis considèrent que leurs embargos ont une application extraterritoriale, c'est-à-dire au-delà de leurs frontières. Ils se réservent donc le droit de sanctionner des entreprises ou des citoyens dans le monde entier. Ils considèrent ainsi chaque dollar en circulation comme une parcelle de leur territoire, poussant la souveraineté monétaire à l'extrême. On pourrait dire aux naïfs qui en détiennent des quantités que c'est là une menace compromettant le caractère international du dollar voire, à terme, sa convertibilité. Et à tous les autres naïfs qui regardent de haut ce que nous disons sur la conséquence de l'hégémonie du dollar, nous recommandons une méditation sur le danger de l'irealpolitik et son angélisme mortel.

D'autant que les USA appliquent leurs propres principes avec beaucoup de souplesse. En fait et globalement, ils font ce qu'ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent, du moment que cela est conforme à leurs intérêts et à leur pouvoir. Ainsi, les USA ont une application discrétionnaire et très fluctuante dans le temps de ces embargos. Alors que les violations de l'embargo par la BNP étaient connues des Etats-Unis dès 2006-2007, ils ont attendu plusieurs années avant de menacer de sanctions. C'est à partir de 2009 et la crise financière que les États-uniens adoptent une nouvelle stratégie agressive face à l'Europe qui va dérouter BNP Paribas. Le rôle des banques et agences de notation états-uniennes dans la crise grecque puis celle de l'euro en attestent. Les Etats-Unis se lancent dans une véritable reprise en main mondiale du système financier pour maintenir la suprématie du dollar. Des circulaires de la Réserve fédérale exigent dès lors des banques étrangères qu'elles se conforment à toutes les lois états-uniennes y compris à l'étranger si elles veulent continuer à exercer.

Ce n'est pas un hasard si BNP Paribas est la première banque européenne attaquée pour violation des embargos. Ses transactions gazières et pétrolières avec les trois pays concernés (190 milliards dont 30 milliards jugés illégaux par les Etats-Unis) représentent une taille critique vitale pour les économies de ces pays. Leur PIB se situe en effet entre 60 milliards annuels pour Cuba ou le Soudan et 500 milliards annuels pour l'Iran. Le choix de la BNP de continuer ses activités avec ces pays a donc eu un rôle majeur pour leur survie économique face à l'embargo. Et c'était d'autant plus stratégique et insupportable pour les Etats-Unis que les entreprises pour le compte desquelles BNP effectuait ces transactions étaient souvent chinoises. Des importateurs de gaz et de pétrole voulant contourner les filières d'approvisionnement alliées des Etats-Unis. Sanctionner durement BNP Paribas était donc une exigence géopolitique pour l'administration Obama. Il s'agit de faire peur à toutes les banques européennes. D'autant que des poursuites en cascade sont en cours contre d'autres banques européennes pour violations de l'embargo : contre les françaises Crédit agricole et Société Générale, les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank et l'italienne Unicredit. L'attitude des gouvernements concernés de ces pays sera décisive.

L'action du gouvernement français a été totalement inefficace. Une fois de plus, Hollande n'a servi à rien. Officiellement, le gouvernement a pris acte de la sanction. On ne saura jamais au nom de quel principe ni de quel mandat. Depuis des mois, il en contestait le montant mais pas la légitimité. C'est toute la logique de ce pauvre Hollande qui est contenue dans cette attitude de capitulation. Son vis-à-vis américain a bien compris que cela ne pouvait être un tracé de ligne rouge à ne pas franchir. Il est donc mal placé pour dire désormais, comme Michel Sapin à l'annonce de la sanction, que les lois extraterritoriales des Etats-Unis posent problème. Pourquoi alors avoir accepté depuis des mois le principe de telles sanctions et ne pas avoir aidé la banque française à s'y soustraire au nom du droit international ? Pourquoi ne pas avoir porté l'affaire devant l'ONU puisqu'il est question d'embargos sans légalité internationale ? L'incohérence et l'inconséquence du gouvernement sont totales. Il en est de même concernant l'impact de cette affaire sur les négociations du Grand Marché Transatlantique. Arnaud Montebourg a annoncé qu'elles allaient se durcir. Mais la ministre Fleur Pellerin s'est ensuite empressée de dire qu'il n'y avait « pas de risque » pour les négociations.

Hollande a été non seulement incohérent mais aussi inefficace. Alors que le conflit est public depuis février, le gouvernement n'est intervenu qu'en juin pour contester le montant de l’amende. Il a ainsi été réduit à en marchander en vain le montant. Obama a vite compris quel genre de personnage il avait en face de lui. A moins qu'il ait disposé des moyens de savoir que François Hollande ne résistera jamais à une décision des USA. On peut dire que de toute façon, Hollande lui-même s'est mis au garde à vous à la façon des faibles en demandant directement à Obama des sanctions « proportionnées ». Alors que toute son administration était mobilisée pour faire céder la banque française, Obama a rejeté la demande en faisant mine de n’avoir aucune responsabilité dans le dossier. A force de céder sur tout aux Etats-Unis, le dossier BNP montre que Hollande n'a plus aucune crédibilité et marge de manœuvre internationale. Il a rangé la France dans la case des soumis et il faudra des efforts populaires et politiques considérables pour l'en ressortir.

La leçon géopolitique de cette attaque contre une banque française est que les Etats-Unis sont plus que jamais lancés dans une fuite en avant agressive, tant sur le plan militaire que sur le plan économique et monétaire. Déjà sans valeur réelle intrinsèque depuis qu'il est déconnecté de toute contrepartie matérielle, le dollar est désormais une monnaie dangereuse pour ceux qui la manipulent. Le dollar est plus que jamais une arme géopolitique qui expose celui qui la détient ou l’utilise à des risques juridiques et géopolitiques sur les fronts ouverts dans le monde entier par les Etats-Unis. La Chine et la Russie l'ont bien compris en signant un accord en mai 2014 pour se passer totalement du dollar dans leurs échanges, notamment énergétiques. Une information que le grotesque système médiatique français n'a ni vu ni analysé. Il s'agit pour ces grands pays émergents de créer des zones commerciales sécurisées contre les sanctions unilatérales et extraterritoriales, c’est-à-dire sans dollar. L’expérience des sanctions contre BNP montre que les États, entreprises et banques européens auraient aussi un intérêt croissant à se passer du dollar. L'Europe le comprend malheureusement trop lentement. La part du dollar dans les réserves de change mondiales des États a perdu 10 points en 10 ans : elle est passée de 71 % en 2001 à 61 % aujourd’hui. Ne doutez pas un instant que les USA prennent cela très au sérieux, car c'est leur survie qui est en jeu! Celle de l'euro est passée de 17 à 27 %. La crise de l'euro est donc arrivée à point nommée pour l'outre atlantique. Mais la part du dollar dans les échanges commerciaux et monétaires dépassent encore les 80 %. Pour la sécurité du monde, il est temps que ça change ! Je suis partisan d'une alliance altermondialiste avec les grands pays émergents. Un des éléments essentiels de cette nouvelle alliance serait la création d'une nouvelle monnaie internationale de réserve et d'échange comme le propose la Chine depuis 2009. Les Etats-Unis le savent ! Tout le monde le sait. Il n'y a donc que deux camps. Ceux qui se préparent à la suite et ceux qui n'en veulent pas. Hollande est un homme du passé atlantiste.

La fronde est une affaire de Princes

Tout ça pour ça ! Depuis des semaines, on parlait tellement des critiques des « frondeurs » du PS et d’Europe Ecologie contre le budget rectificatif. On avait entendu les paroles, encourageantes. On attendait les actes. Ce mardi 1er juillet, c’était l’heure de vérité. L’Assemblée a voté. Et au final, quoi ? La fronde a fait pschitt ! Bien joué Valls !

Pourtant les députés du Front de Gauche leur ont tendu la main. Ils ont soutenu leurs amendements. Nous les avons encouragés et même cajolés ! Tout ça pour rien ou presque. Dans le groupe PS, tous les députés ont voté pour la nouvelle purge de Manuel Valls. Aucun député n’a voté contre. Seul un s’est abstenu, Christophe Léonard. Où sont passé les 99 autres de « l’appel des 100 » ? Où est l’aile « gauche » du PS, les Razzy Hammadi ou Mathieu Hanotin ? Et les autres « frondeurs » comme Laurent Baumel ou Christian Paul ? Ils ont voté pour ! Et parmi les 11 députés qui n’avaient pas voté la confiance à Valls ? Ceux-là sont censés être les plus courageux, non ? Chez eux aussi, aucun n’a voté contre la nouvelle purge austéritaire. Et un seul n’a pas voté pour. C’est Pascal Cherki. Il était absent au moment du vote !   Formellement, c'est un tête-à-queue. Car on pourrait comprendre que ces gens n'aiment pas la personne de Valls à qui ils refusent la confiance et non sa politique qu'ils viennent de soutenir par leur vote du collectif budgétaire ! Bien sûr, ce n'est pas ce qu'ils veulent dire je suppose. Mais quelle cohérence entre leurs votes ? Dès la mi-journée du vote, les « frondeurs » avaient rendus les armes sans gloire ni panache ! Ils avaient annoncé qu’ils voteraient pour le budget rectificatif. Dans le même temps, ils menaçaient bien sûr encore de ne pas voter le budget rectificatif de la Sécurité sociale qui sera soumis au vote la semaine prochaine. Comment les croire ? Après tout, rien ne les désigne mieux que ce vocable de « frondeurs ». La Fronde est une révolte des princes contre le monarque. Pas contre la monarchie. Je me demande, quand même, quel argument a bien pu être utilisé pour les faire capituler aussi piteusement ! car tous leurs amendements ont été rejeté. Alors, peur de quoi ? De qui?

Mais tout ça ne facilite pas notre travail. Comment « reconstruire la gauche » avec de tels pleutres qui auront tout cautionné ? Ce n'est pas tant ce que nous en pensons qui compte ! C'est le dégoût qu'ils inspirent autour de nous aux yeux de tous ceux qui s'étaient pris un instant à espérer une issue raccourcie ! Pour ceux-là, les « frondeurs » sont une variété de la duperie globale du PS. Les fréquenter de trop près pourrait surtout nous disqualifier à notre tour.  

Et à Europe Ecologie ? Le 15 juin, le conseil fédéral du parti avait appelé à « ne pas soutenir » ce budget. Tout au long du débat, les députés d’EELV ont dénoncé en particulier les nouvelles coupes dans le budget du ministère de l’Ecologie et dans les investissements pour la transition énergétique et écologique. Au total, ce sont plus de 250 millions d’euros qui vont être supprimés dans ces budgets par rapport à ce qui avait été voté en décembre 2013. Pourtant, 10 des 17 députés ont voté pour ! La majorité des députés d’Europe Ecologie a finalement voté pour ce budget rectificatif ! Les sept autres se sont abstenus. C'est mieux qu'au PS. Mais aucun n’a voté contre. Pas même Noël Mamère qui avait pourtant voté contre le budget initial en décembre dernier !

Finalement, seuls 11 députés de gauche ont voté contre ce budget d’austérité. Parmi eux, il y a évidemment les 10 députés du Front de Gauche. En décembre, ils avaient déjà voté contre le budget initial. Ils ont confirmé leur opposition ferme à l’austérité. A nos côté, seule la députée Isabelle Attard a voté contre. Elle appartient toujours au groupe Europe Ecologie à l’Assemblée mais seulement comme « apparentée », c’est-à-dire comme membre associée. Elue sous l’étiquette EELV aux législatives de 2012, elle a quitté le parti Europe Ecologie il y a maintenant plusieurs mois. Nous sommes donc bien seuls pour l'instant à cet étage de la société. Cela ne me fait pas changer d'avis : pas de concession pour se gagner la sympathie de supposés alliés aussi friables. Doit-on reporter nos espoirs sur le vote du budget de la sécurité sociale ?

Le budget de la Sécu : l'épreuve du feu

Maintenant qu’elle en a fini avec le budget rectificatif de l’État, l'Assemblée débat à présent du pacte de responsabilité. C’est le nouveau cadeau au MEDEF de François Hollande ! Il y en a pour 10 milliards d’euros par an. Le débat a lieu en catimini. En fait, les mesures sont intégrées dans le budget rectificatif de la Sécurité sociale. L’Assemblée l’examine actuellement. Le vote final aura lieu mardi prochain, le 8 juillet. Je vais en présenter l'essentiel des grandes lignes, comme je l'avais fait déjà quand le plan fut arrêté. Personne ne peut dire qu'il s'agit d'une nouveauté et qu'il n'a pas eu le temps d'y penser ou d'en débattre.

Le pacte de responsabilité, c’est une nouvelle montagne de cadeaux fait aux actionnaires et au patronat. Dans le détail, le texte prévoit d’abord une double baisse des cotisations sociales patronales. Les employeurs ne payeront plus aucune cotisation sociale patronale pour les salaires équivalents au SMIC. Et en plus, le taux de cotisations payées par les employeurs pour la branche famille de la Sécurité sociale sera désormais abaissé à 3,45% au lieu de 5,25% pour les salaires inférieurs à 1,6 fois le SMIC. Les travailleurs indépendants verront aussi leurs cotisations famille réduites de plus de trois points. Au total, ces trois mesures vont coûter 5,5 milliards d’euros dès l’an prochain. Quel bénéfice attendre de tout cela pour le pays? Le gouvernement espère la création de 30 000 emplois grâce à ces cadeaux fiscaux. Cela ferait 180 000 euros pour un emploi créé ! Même Le Monde parle d’« un chiffre qui paraît dérisoire au regard du coût des dispositions ».

Ce n’est pas le seul cadeau fait au Medef par Manuel Valls. Le budget rectificatif de la Sécurité Sociale entame aussi la marche vers la suppression pure et simple d’un impôt payé par les entreprises. Il s’agit de la « C3S », c’est-à-dire de la Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés. Manuel Valls a promis sa suppression avant la fin du quinquennat. Cette taxe de 0,16% du chiffre d’affaires est payée par toutes les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 760 000 euros. Qu’on ne me dise pas que cela concerne les petites entreprises ! Mais pour Hollande et Valls c’était encore trop. Le gouvernement va relever fortement le seuil à 3,25 millions d’euros. Dès l’an prochain, plus de 200 000 entreprises ne devront plus payer cette taxe. Et il continuera ainsi jusqu’à extinction de la taxe. Manque à gagner pour les finances publiques ? Un milliard d’euros dès l’an prochain, près de 6 milliards d’euros par an une fois la taxe définitivement supprimée, en 2017.

Tout cela va se payer cher. Les cotisations sociales financent la Sécurité sociale. La C3S finance le régime de solidarité des travailleurs indépendants (commerçants…) et le Fonds de Solidarité Vieillesse qui verse le minimum vieillesse. Les cotisations non versées vont manquer dans les caisses pour la Sécurité sociale. La loi oblige le gouvernement à compenser le manque à gagner pour la Sécu ! Le gouvernement devra donc puiser dans le budget de l’État. Et cette somme manquera donc dans le budget de l’État.

Conséquence directe : le gouvernement prévoit de nouvelles mesures d’austérité pour compenser les cadeaux au MEDEF. Encore une fois, le peuple payera pour enrichir les grands patrons et les actionnaires. Le gouvernement a ainsi prévu de geler les pensions de retraites de base de la moitié des retraités du pays. Tous ceux qui touchent une pensions supérieure à 1200 euros par mois verront leur pouvoir d’achat reculer. Cela concernerait 8 millions de personnes dans le pays ! Et cette mesure va s’ajouter au gel des pensions de retraites versées par les régimes complémentaires, déjà imposé par le patronat. C’est injuste socialement. Et c’est dangereux économiquement. Cela va encore comprimer la consommation populaire de plus d’un milliard d’euros par an. C’est pourtant le poumon de l’activité de plusieurs dizaines de secteurs économiques dont dépendent des millions d’emplois : commerçants, artisans etc. Valls a déjà prévu de geler aussi les allocations familiales l’an prochain. Et, comble de l’injustice sociale, il a aussi prévu de geler les pensions d’invalidité que perçoivent les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Ces deux dernières mesures ne figureront que dans le budget de 2015 qui sera débattu à l’automne. Mais en discutant du budget rectificatif de cette année, c’est tout cela qu’il est question d’accepter ou de rejeter dans son principe.

Pour faire avaler la pilule, Valls et Hollande n’ont reculé devant rien. Ils sont même aller puiser dans le programme de Marine Le Pen ! En effet, c’est aussi dans le budget modificatif de la Sécurité sociale que figure le prétendu « coup de pouce » aux salariés mal payés. Manuel Valls a décidé de baisser les cotisations payés par les salariés payés moins de 1,3 fois le Smic. Son argument ? Augmenter le salaire net sans augmenter le salaire brut ! Le patronat peut se frotter les mains. Là encore, c’est la Sécu qui perdra en recettes. C’est une nouvelle offensive contre le système de sécurité sociale. Surtout, Valls prétend qu’il va ainsi donner 500 euros par an aux smicards. Mais c’est une arnaque. Il va leur donner de l’argent qui appartient déjà aux salariés ! Cet argent sert à rembourser leurs soins médicaux, à payer les retraites, à indemniser les périodes de chômages etc. Avec Manuel Valls, c’est « donne moi ta montre et je te dirai l’heure » ! Cette proposition figurait explicitement dans le programme de Marine Le Pen. On la comprend. C’était une manière de se faire passer pour l’ami des salariés sans prendre un centime aux actionnaires. Mais c’est absolument contraire à l’Histoire de la gauche et au principe de solidarité entre les travailleurs.

Ce budget de la sécurité sociale est un condensé de tout ce que nous combattons chez Valls : les cadeaux ruineux et inefficaces au MEDEF, l’austérité pour le peuple, et l’ignominie des copinages idéologiques avec l’extrême droite. Pour toutes ces raisons, il faut voter contre mardi 8 juillet. C’est une question d’efficacité économique et de justice sociale. Mais aussi d’honneur politique quand on se réclame de la gauche. Les frondeurs sont au pied du mur !


164 commentaires à “La vie hors de Sarkozy et du foot!”
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  1. Michel Matain dit :

    @ 146 durluche
    les frondeurs sont forts en gueules mais (...) ils ne sont pas fiables.

    Je crois que la fiabilité des frondeurs et la profondeur de leur fronde et ancrage à gauche viendra de notre propre poids, de notre capacité à imposer un autre rapport de force à gauche. Tant que le Front de Gauche restera à son niveau quantitatif actuel, les frondeurs mèneront une dance un pas en avant un pas en arrière. Lorsque nous serons forts, nous pourrons les maintenir à nos côtés. C'est juste une question de rapport de forces. La question est de savoir si nous sommes capables de travailler à l'élargissement de notre audience ou si nous préférons (comme le fait remarquer @ 145 HJS) polémiquer en interne.

  2. Sebag dit :

    Bonjour et merci pour votre dernier blog. Chaque jour apporte son lots de mensonges et de tricherie, je dirais même de vols. Jusqu'à quand le Peuple va encaisser sans bouger ?

  3. Moreau dit :

    Comment peut-on, pourrait-on accepter de collaborer un "programme social" avec les frondeurs du PS et EELV qui se couchent lamentablement, minablement devant les diktats néo libéraux. Cela suffit d'entendre ces pleureuses dans les médias et de rentrer ensuite dans leurs niches. Cela suffit. Jusqu'où doit aller la casse sociale avec ce gouvernement de larbins, de pantins, de godillots. Cela suffit. Pétain voulait établir une révolution nationale. Le PS est en train de la réussir.

  4. J-jour dit :

    @Michel Matain
    Mais évidemment, quand le rapport de force est en notre faveur, évidemment que les opportunistes viennent manger dans la main de qui a plus de poids pour les conforter dans leur place! Mais si c'est en ce genre de cadres politiques que vous nous proposez d'avoir confiance, non merci ! Ils n'ont pas assez de franchise pour expliquer clairement pourquoi ils n'ont pas voté contre mais se sont abstenus, les frondeurs ? Ou ils nous prennent pour des imbéciles ? L'un d'entre eux s'est camouflé derrière une alerte rouge de dernière minute, sans en dire plus ! 

  5. richard30 dit :

    @ Moreau.
    Un député, un élu, représentant et membre d'un parti politique peut-il conserver son "salaire", s'il est en désaccord avec son parti et obligé de démissionner de son poste ? En clair, que se passe-t-il si un député élu avec une étiquette appartenant à un parti financé, démissionne ? Ne serait-il pas essentiel de répondre à cette question ? Comment peut-on, gérer ses opinions personnelles si l'on est exclus ? Ne serait-ce pas ce système totalement perfide qu'il faudrait changer ?

  6. Nicks dit :

    @Michel Matain
    Notre audience sera proportionnelle à notre crédibilité. Rester à proximité du PS, c'est fatalement la saboter et laisser le champ libre au FN.

  7. Michel Matain dit :

    @ 154 J-jour
    Mais si c'est en ce genre de cadres politiques que vous nous proposez d'avoir confiance, non merci !
    En les socialistes, je n'ai personnellement aucune confiance. Mais il ne s'agit pas d'un problème de confiance ou de morale, il s'agit d'une lutte de classes et d'un rapport de force à établir. De ce que je constate autour de moi, c'est que si le constat parait partagé (la finance, les banques, la BCE), la façon de sortir de ce système ne l'est pas du tout. J'ai le sentiment que c'est là que nous devons progresser au niveau du Front de Gauche. Et ne pas hésiter à parler nationalisation, à parler socialisme etc. C'est à dire à proposer des solutions alternatives, proposer de réver de nouveau et sortir du cauchemar actuel.

    @ 156Nicks
    S'il suffisait d'être loin du PS pour élargir son audience, alors le NPA aurait cartonné aux dernières européennes. Ca n'a pas été le cas, il a vu son score divisé par 10. Il faut creuser un peu plus au niveau de l'explication.

  8. Moreau dit :

    @richard30
    Ok. D'accord le système est perfide. La réponse est une VI République avec le peuple qui impulse, participe, suit, s'associe, contribue à son élaboration. Faut-il encore que le peuple veuille et suive ce bouleversement démocratique. Pour ce qui est de conserver son salaire d'élus. Et si nous parlons des délégués de personnel qui perdent leur emploi, leur avancement, leur carrière (s'ils en ont une), leur vie de famille, et le bénévolat (combien cela coûte) pour un combat quotidien. Pour être en accord avec leurs idées,leurs consciences. Que les politiques prennent leurs responsabilités. Cela suffit. Gérard Filoche ancien inspecteur du travail, par exemple n'est pas un élu et pourtant qu'est ce qu'il a pu pleurer sur l'ANI et pourtant il est toujours au PS. Lamentable.

  9. Bob.pollet dit :

    @Richard30
    Un député, un élu, représentant et membre d'un parti politique peut-il conserver son "salaire", s'il est en désaccord avec son parti et obligé de démissionner de son poste ?

    Désolé, mais un citoyen, une fois élu, fait ce qu'il veut dans cette obsolète 5ème République (avec ou sans sens moral). Aucun "mandat impératif" ne l'oblige à... De quoi sérieusement se poser la question d'imposer ce type de mandat dans notre 6ème république !

  10. Gilles PETIT dit :

    Pour menacer les pleutres et les obliger à bien voter, Valls avait menacé : "Je peux très bien dissoudre !". Tous sont devenus bleus : "Merde, ma fin de mois !". Menace stupide, pour ne pas dire grotesque : Valls aurait-il osé un possible changement de majorité ? La réponse est dans la question. De même l'attitude des frondeurs ridicule. Mais nous le savions depuis longtemps.

  11. perrin dit :

    Si j'ai bien compris, les responsables du PC auraient négocié une alternative à gauche avec des membres du PS et d'EELV, sans que le PG y soit convié. Effectivement, la stratégie est radicalement différente. Mais je mets en garde tous ceux qui font l'amalgame avec les militants de base. Et qui lisent probablement vos commentaires. Plusieurs remarques à ce sujet. Il n'y aura pas de force de transformation radicale sans les militants du PC, les accabler ou les exclure est une erreur majeure. Le sentiment de détenir la bonne stratégie ne doit pas conduire au rejet systématique, il faut au contraire discuter, démontrer et convaincre du bienfondé d'une coupure avec le PS. Nous aurons l'air malin d'être seuls à avoir raison. L'ostracisme envers ceux qui pensent différemment me laisse toujours un goût amer. Le travail commence dans des actions concrètes auprès des citoyens, dans des associations, des syndicats, au travail pour recréer des solidarités de proximité, montrer qu'on peut changer notre quotidien, montrer que collectivement on peut, les stratégies politiques sont subalternes.

  12. LE BRIS RENE dit :

    Triste été ! Il faudra bien clarifier les attitudes des députés à la rentrée. Pas question pour moi d'appeler à voter pour des carriéristes qui votent l'austérité. Eux, il est vrai, n'en connaissent pas les effets. Et que dire de ce président de la république qui encourage les bourreaux du peuple palestinien à tuer des enfants et leurs mères. Enfin, concernant les éternels perroquets des médias, je répète que tant qu'on ne manifestera avec des gens en lutte pour leur garantir leur expression, ils continuerons leur travail de sape. Quant aux confédérations syndicales, quelle cohérence de boycotter une réunion tout en annonçant leur participation à la rentrée ? Comprenne qui pourra ! L'actualité pour dire ça suffit, c'est l'appel fin septembre à une grève générale de 24 heures, laissons Berger dormir avec ses moutons !

  13. Jean-François91 dit :

    @161 perrin
    Personne ici n'accable les militants de base du PC, bien au contraire. Mais face aux décisions et aux positions de ce gouvernement de droite de moins en moins complexée, comment ne pas s'étonner puis s'indigner de voir les contorsions d'une partie visible du FdG pour rendre présentables des soi-disant «affligés» qui, avec leurs protestations en trompe-l’œil, laissent passer les politiques réactionnaires et contribuent surtout à ce que rien ne change dans l'échiquier politique. La droitisation du PS n'est pas réversible. S'accrocher à ses basques est mortifère, qu'il se pasokise à la grecque ou pire qu'il se PDise à l'italienne. Nous devons porter l'espoir d'une politique tout autre. Nous ne serons pas crédibles si nous portons pas haut et fort l'Humain d'abord. On a l'impression que pour certains il est passé au second plan. Cela permet aux capitaines des bouées de sauvetage du PS, comme la "Nouvelle donne", de proclamer que nous n'aurions «pas de programme» ! Si certains n'en veulent pas, demandons leur de quels points ils ne veulent pas. Alors les discussions pourront être sérieuses.

  14. jean-marc dit :

    Bonjour à tous.
    Qui peu croire ces sois-disant frondeurs. Tels des roquets aboyant sur le passant, ils se dégonflent dès que l'on hausse le ton. Je tiens à rappeler ici qu'ils ont votés tous les textes de ce président. Je ne voterais plus jamais pour ces gens mème si c'est face au FN. Je pense qu'il serait temps de ne plus s'occuper de ces pleutres, et de considérer que le parti socialiste est devenu un parti de droite.


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