11jan 14

Merci Tunis !

Ce billet a été lu 53  226 fois.

Je suis de retour en France depuis Dimanche dernier. J’ai tâché toute la semaine d’amortir le choc du décalage horaire qui est très violent pour moi dans le sens inverse à la course du soleil. Six heures, ce n’est pas rien. J’ai travaillé chaque jour comme aux heures de bureau sur toutes sortes de documents à propos desquels mon avis est sollicité. En fait, en dehors de la lutte contre le sommeil décalé, j’ai passé le plus clair de mon temps sur les documents de l’écosocialisme et les correspondances qu’il génère. La préparation de notre prochaine réunion internationale sur ce thème et le bilan de mes rencontres récentes dans le nouveau monde m’ont absorbé. La vérité est que j’ai le plus grand mal à retourner dans le champ de mines confus créé par le lâchage des dirigeants communistes, qui nous ont quittés pour passer sous la direction socialiste dans la moitié des villes de plus de 20 000 habitants. Décalé, certes, mais conscient, j’ai siégé dès lundi soir au secrétariat permanent du Parti de Gauche. Nous avons eu une longue et salutaire discussion stratégique de plus de quatre heures. Je m’inspire de ses conclusions pour proposer mon coup d’œil.

Comme il n’y a pas moyen d’y échapper, je parle aussi de l’affaire Dieudonné, de Valls et du CRIF, le trio infernal. Entre un antisémite assumé, un politicien sans scrupule, une arrogante poignée communautariste, il est vrai qu’une conscience républicaine honnête ne trouve qu’un chemin étroit où il n’est pas facile d’éviter les faux pas. Arrive là-dessus une diversion, certes plus gaie, mais tellement consternante, sur la vie privée du Président. Ce sera le sujet que je n’aborderai pas. Bref, en retrouvant le débat politique en France je n’ai pas encore réussi à atteindre son altitude. Je continue donc à m’impliquer dans le monde qui m’entoure. Je veux achever mon compte-rendu de séjour politique en Équateur, revenir sur la violence en politique et faire le lien avec la visite au siège du Parti de Gauche de Hamma Hammami, le porte-parole du Front Populaire tunisien. C’était mon sujet de méditation. Le surlendemain, jour sublime, l’Assemblée constituante tunisienne a adopté la stricte égalité des droits des femmes et la parité obligatoire dans toutes les élections ! Ainsi est née une Tunisie, pays le plus avancé du monde arabe, du bassin de la méditerranée, et d’une bonne partie de l’Europe continentale dont la France. A vous tous, chers tunisiens l’expression de notre admiration, notre respect et notre gratitude.  Au cœur des pires difficultés et dangers, en dépit des meurtres et des menaces, vous avez montré qu’il reste toujours un passage pour le courage et ses lumières. Tunis fonctionne comme un appel. La révolution citoyenne ne meurt que si l’on renonce à elle. Merci Tunis ! Merci très chers député(e)s insoumis(es).

Comme tout ça est bien long, je rappelle qu’on peut faite son menu de lecture avec mes chapitres en utilisant le pavé à la droite de l’écran et ne lire que par chapitre, quand on veut, ce qu’on veut, quand on peut.

Dieudonné : la manip totale !

En atterrissant, j’ai trouvé l’affaire Dieudonné en débat dans des conditions qui puent la manipulation à plein nez. Mais puisqu’il y a débat public, pourquoi le contourner. Même si le sujet fonctionne comme une diversion gouvernementale. Au contraire, cela vaut la peine d’y prendre part et d’essayer d’en utiliser le moment pour faire avancer les esprits. Et combien de masque tombent ! Qui a entendu l’infâme Plantu sait dorénavant que les dix mille euros payés par le Qatar sous le nom de « Prix de la liberté de la presse » étaient un bon investissement salafiste. Je sais bien que ce point de vue se discute, mais je ne crois pas que ce soit une affaire de liberté d’expression, ni de spectacle. Dieudonné est engagé dans un combat politique sur le fond. C’est bien son droit. Et le nôtre est de vouloir qu’il perde ce combat. La République n’est pas un régime politique neutre. C’est un choix global. Dieudonné doit être politiquement vaincu par tous les moyens pacifiques et légaux dont nous disposons. Si nous ne disposons pas de tels moyens, il faut qu’il soit écrasé par un rejet civique de masse.

Pour moi, l’affaire a commencé quand j’ai pris position publique en défense de Patrick Cohen, bestialement agressé par Dieudonné. Là-dessus arrive la blague pourrie de Hollande contre l’Algérie devant le CRIF. Je condamne et la blague et l’ambiance de cette réunion communautariste. Loin de répondre à ma critique, le CRIF pense pouvoir m’assommer avec une de ses fameuses fatwas à répétition contre tous ceux qui ne se prosternent pas devant lui. Je suis donc aussitôt traité d’antisémite par tweet. Avec les grosses bottes mentales qui le caractérise, en réponse à ce que j’ai écrit sur l’ambiance des diners du CRIF, celui-ci réplique que je serai « bientôt l’invité d’honneur » de Dieudonné dont je dégagerais selon lui « les mêmes relents ». Et quelques jours plus tard, avec la même subtilité intellectuelle, le même aigle de la pensée déclare, encore une fois par twitter, que « l’anticommunisme est un humanisme ». C’est exactement « l’humanisme » que pratiquaient les nazis en expédiant à la mort nos camarades communistes, juifs ou pas, comme ceux, par exemple, de la MOI. Sans oublier les vingt millions de soviétiques morts pour vaincre les armées allemandes nazies. On me dira que j’accorde trop d’importance à une organisation au nom pompeux et d’ailleurs très discutable, dont les dirigeants sont désignés par moins de trois pour cent des électeurs de la communauté. La grande majorité des juifs de France ne se sentent en effet nullement représentés ni impliqués d’aucune façon par ce prétendu « conseil représentatif » des soi-disant « institutions juives » de France. Dans les synagogues, on prie pour la République française. L’immense majorité des citoyens français de toute religion sait que le Parti de Gauche, les Communistes et tout le Front de gauche sont la première ligne de défense contre l’antisémitisme. Et ils savent que cela ne se confond pas avec un blanc-seing donné à des énergumènes communautaristes vaniteux dont les injures irresponsables mettent en danger la cohésion de la ligne de défense qui protège la cohésion de la société et de la République française face a des tentatives comme celle de Dieudonné.

Vouloir interdire un spectacle, dans ce cas, n’est peut-être pas fondé juridiquement. Le point de vue des tribunaux a divergé sur ce point. Il est certain que la volonté de Valls d’instrumentaliser le rejet de Dieudonné a été si mal organisée que ce dernier est sorti renforcé du bras de fer. Nous aurions dû, nous aussi, tenir compte de l’avis de nos camarades avocats qui nous ont avertis du risque. Mais à nos yeux il ne s’agissait pas d’une question de liberté d’expression. Je sais que ce point est très discuté. Je lis ce qui se dit et je note que beaucoup d’arguments sont de bonne foi. Pour nous, l’idée du combat politique l’a emporté. A part la liberté de conscience, aucune liberté n’est illimitée dans notre pays. Exemple encore récent : la liberté de se vêtir à son goût est limitée par l’interdiction de circuler nu ou entièrement voilé. La liberté du culte est également limitée par des autorisations préalables, par exemple dans le cas des processions. La liberté d’expression est très encadrée. Il est interdit de diffamer, d’injurier, et ainsi de suite. La liberté d’opinion de même. Certaines affirmations sont considérées comme des délits et non comme des opinions. Bien sûr, chaque fois qu’on limite une liberté, il faut s’assurer que l’on ne crée pas un précédent qui atteindrait de façon imprévue d’autres libertés.

Mais au cas de Dieudonné, pour nous qui ne sommes pas gouvernants du moment, la bataille est exclusivement politique et idéologique. Pour nous, la République n’est pas un régime neutre. C’est une organisation de la société politique fondée sur des principes. En particulier la règle de l’absolue égalité en droit et en dignité de tous les êtres humains. Il est certain que nous n’aurions pas dû nous engager de cette façon sur cette question d’interdiction. Non parce que c’est une limite à la liberté d’expression, comme je viens de le dire. Mais parce que la base juridique n’était pas du tout assurée. Valls nous a emmenés dans le mur ! Non seulement il offert une formidable promotion au spectacle de Dieudonné, mais il affaiblit la bataille contre l’antisémitisme militant. Il s’est engagé de la pire des façons dans cette affaire, tournant tous les feux des médias sur cette décision sans s’assurer des moyens d’action. Une situation nouvelle aggravée est ainsi créée. Pour autant il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. Cette histoire fonctionne d’abord comme une diversion gouvernementale. Certes. Mais il faut rester lucide et saisir les enjeux profonds de ce bras de fer. Dieudonné tient des « spectacles » qui ont un résultat politique : créer un antisémitisme décomplexé officiel. Pour cela il compte sur la force de propulsion que lui donnent le scandale médiatique plus ou moins sincère qu’il provoque, et l’instrumentalisation que font de lui un politicien sans vergogne comme Manuel Valls et des communautaristes arrogants. C’est donc une lutte politique globale qui est engagée. Cette défaite provisoire ne doit pas nous désarmer. Si la liberté d’expression de Dieudonné doit être garantie, elle ne peut inclure la liberté d’organiser une campagne antisémite. Rien ne peut faire oublier ce qu’il dit : cruel et insupportable au plan humain, honteux au plan républicain. C’est pourquoi nous continuons d'affirmer à propos de Dieudonné : une tournée de "rire antisémite" n'est pas tolérable en République. Nous continuons la lutte sans compromis ni concessions : la France aux républicains ! 

Le moment Équatorien

Bogota, Bucaramanga, Cúcuta, Merida, Caracas : l’océan n’est plus si loin. De retour des Andes, je fais la planche. L’éveil demi suspendu je me laisse traverser par les images et les visages qui ont marqué mes jours au point de revenir d’eux-mêmes à la surface des souvenirs. Au demeurant, l’avion me procure une aide merveilleuse : un formidable flot de musique « classique », absorbée à plein volume des écouteurs. Juste compensation si je tiens compte de l’état dans lequel mes oreilles sont mises par le jeu des décollages et des atterrissages, de l’altitude et de cette absurde climatisation qui m’inflige une sinusite devenue permanente avec le temps. Ce soir la houle de la mémoire est bien vive. Mes rencontres en Colombie ont remué des terreaux profonds de ma vie de militant. Mais je n’ai pas été le seul, je crois bien. Le simple récit de ma soirée avec Carlos Lozano aura beaucoup touché certains de mes lecteurs. Et, parmi eux, les vétérans de ma génération et de celle d’avant, qu’ils soient restés au combat sous toutes ses formes, ou bien qu’ils aient mis sac à terre. Je leur redis à tous mon affection profonde et ma fidèle fraternité. Le passé ne veut pas mourir. Plus d’un a voulu me dire son mot en passant par les canaux discrets les plus divers. Eux sont à fleur de peau. Ils pensent que notre tour viendra en France. Ils craignent de me trouver naïf en ce qui concerne la violence des dominants. Beaucoup soupèsent pour moi le bilan de ce qu’ils ont vécu. Ils saignent encore. Personne ne fait la leçon. Les visages des disparus et nos rêves saccagés valent meilleur usage.

Le contraire des aigreurs d’un Paolo Paranagua, le « journaliste » du Monde. Oui, celui qui me fait un procès pour avoir révélé son passé argentin au temps où le soi-disant groupe de gauche « fraction Roja », qu’il dirigeait, enlevait, séquestrait ou tuait, et cela même après la fin de la dictature du général Lanusse, dans l’intermède « démocratique » argentin, avant le retour des bouchers. Celui-là poursuit de sa vindicte les gouvernements de gauche de l’Amérique latine. A lui pourrait s’appliquer aussi le bilan de cette période et de ces méthodes: tous ses camarades sont morts. Qu’il soit l’étrange rescapé de cette hécatombe, zombie relâché par les militaires, n’est pas ce que je veux interroger ici. Au tribunal, il se dira ce qui doit l’être. Mais sa survie nous renseigne surtout sur la part qu’occupent dans les situations de ce type les provocateurs, les agents doubles, dénonciateurs et autres meneurs de discordes et d’entretueries qui s’ajoutent aux cruautés insupportables de ces moments. Démoralisante, au sens littéral, la violence, quand elle est une stratégie, reste en tout point contre-productive pour nous. A mes yeux elle abandonne l’essentiel : le travail d’auto-éducation populaire de masse. La libération de la société doit être l’œuvre de la société tout entière. Et pour les tâches qui nous incombent, aujourd’hui plus que jamais, cette règle est indépassable. Car l’objectif n’est pas seulement de changer les règles de répartition de la richesse produite et d’appliquer la violence politique que cela implique contre ceux qui refusent de partager ! Il s’agit bien de changer le contenu de cette richesse, les moyens de la produire, et donc en amont la formation du désir et du besoin, toutes choses qui ne se règlent pas à coup de fusil mais par la formation d’une conscience humaine élargie.

C’est cette conscience élargie que je vois se construire avec la gauche à l’œuvre en Equateur. Le gouvernement de Rafael Correa nous parle comme une source d’inspiration. Seuls les frivoles croient que c’est là une obsession exotique. Tout ce qui se fait là-bas, raccourcit la distance d’apprentissage qu’il faut parcourir dans tous les quartiers du monde pour reconstruire la gauche de ce nouveau siècle. Quel genre de dirigeant serais-je si je ne regardais pas, si je n’apprenais pas, si je ne prenais pas ma part d’étude sérieuse pour nous préparer à gouverner autrement, en analysant ce qui se fait de mieux dans le monde ? Un bureaucrate obsédé de réélection et de chasse aux places ! Dès lors, j’encourage les nôtres à voyager, à s’impliquer et à étudier de toutes les façons possibles. En particulier, les plus jeunes doivent s’avancer tête la première et s’engager, agir, pour apprendre et perfectionner notre aptitude au combat ! Cette vie-là vaut la peine, croyez moi. Comme je suis fier de retrouver sur place à Quito un comité du Parti de Gauche. Et ces militants éprouvés, venus se mettre au service de la Révolution citoyenne. Ainsi quand je vois au feu Celine Ménesses, responsable dans le gouvernement Correa pour la campagne politique de riposte à l’agression de Chevron. Ou bien Sophia Chikirou, qui fut la directrice du service de presse de ma campagne présidentielle, diriger la campagne de communication de cette même riposte à Chevron ! Et combien d’autres à toute sorte de postes de combat : Eduardo, Marie, et ainsi de suite ! Ils servent, mais ils apprennent. Nos ressources intellectuelles et militantes s’accroissent d’autant.

Et c’est d’abord la révolution concrète qui marque des points. Cette semaine, la cour d’arbitrage saisie par Chevron a accepté la demande de nos avocats de reporter son travail jusqu’à la fin des jugements en cours devant les tribunaux américains et Equatoriens ! La stratégie s’affine. Les nôtres, tout en durcissant le ton, ne s’égarent pas dans la vindicte abstraite. A présent, c’est aussi sur la responsabilité sociale dans la gouvernance de la pétrolière qu’ils appuient leur effort  de conviction. Les actionnaires de Chevron ne sont peut-être pas tous d’accord avec cette façon inhumaine, immorale, et compromettante de mener l’action de leur entreprise. Au demeurant, Chevron est présent partout en Amérique latine. Dites, camarades, ne regardez pas ailleurs quand je vous fais ce tableau de détail. Car vous devez savoir aussi que le quartier général de Chevron pour l’Europe est en France, au Havre !

La figure de Rafael Corréa s’impose à l’étude, non comme celle de je ne sais quel improbable prophète mais pour le travail de synthèse et de prospection concrète qu’il fait aux frontières des acquis de la réflexion de la nouvelle gauche mondiale. A mes yeux il est d’abord le praticien le plus accompli de la rupture institutionnelle comme stratégie de conquête du pouvoir et de nettoyage civique de l’Etat. En refusant de présenter d’autre candidat qu’à l’élection présidentielle sur l’engagement ferme de dissoudre toutes les institutions et de convoquer une assemblée constituante, il a mis en œuvre la plus brillante méthode de construction d’un peuple souverain et d’une révolution citoyenne.  Ce n’est pas une anecdote locale ! C’est un acquis tactique et théorique pour notre mouvement en général dans le monde. Sur ce point et avec toutes les réserves que cette expression a toujours soulevé en moi, c’est un modèle. Je crois qu’il n’est ni marxiste ni écologiste dans le sens où nous l’entendons en France. Pour autant, l’expression de sa pensée et sa capacité à la faire devenir des actes gouvernementaux signalent un visionnaire avancé, ancré dans la pesanteur du réel. Le contraire d’une pantoufle aussi dérisoire qu’un Jean marc Ayrault. Les larmes de Corréa à la télé, au moment d’annoncer qu’il renonçait au projet de gel de l’exploitation du gisement de pétrole de Yasuni, sont un moment de sincérité qui bouleverse par ce qu’elles nous apprennent de la situation et de l’homme.

L’équateur de Corréa avait pris une décision sans précédent dans l’histoire politique de l’humanité : renoncer à une richesse au nom de l’intérêt général humain. La Révolution citoyenne s’était engagée à ne pas exploiter un gisement pétrolier si les Etats dominants du monde acceptaient de mettre la main à la poche et de verser la moitié de la valeur marchande du stock sur un compte à l’ONU. Au bout de six ans, à peine quelques millions de dollars étaient promis. Il a fallu trancher et changer de cap car les sommes attendues sont vitales pour les tâches sociales du nouveau régime. Le gisement sera exploité. Il affectera 1% du territoire de Yasuni. Ceux qui ont vu fonctionner le champ pétrolier de Panacocha savent qu’une exploitation absolument propre est possible. Ils voient aussi comment l’attribution de 12% de la recette pétrolière aux communautés indigènes du secteur bouleverse de fond en comble la dignité des populations humiliées et abandonnées pendant des siècles dans les détours de l’Amazonie profonde. Je connais les airs supérieurs de ceux qui entendent parler de cette façon de gouverner. Vous souvenez-vous de cette morgue de tireur dans le dos, le ci-devant Michel Sapin, ministre du chômage et des accords anti sociaux ? « Nous ne sommes pas la gauche vociférant à la latino-américaine, nous sommes la gauche qui agit ! » Beuark ! Au nouvel an les camarades tonitruants faisaient le point : 324 000 adultes équatoriens ont appris à lire et à écrire. Ils sont sortis de l’illettrisme, cette affreuse humiliation, cette abominable discrimination. Et toi, Sapin, avec ta bande de la « gôche qui agit », combien en affiches-tu ? Il lève les yeux au ciel : « Pfff ! Quand même on est en France ! ». C’est que les solfériniens ignorent qu’il y a trois millions d’adultes cloués dans l’illettrisme dans notre pays ! Ce n’est pas leur souci ! Ah certes, Ayrault a proclamé en 2013 la lutte contre l’illettrisme « grande cause nationale ». Des mots. De la « com », comme d’habitude. « Compétitivité, flexibilité, bla bla ! » et chômage pour tous ! L’année prochaine sera pire. La récession pourrait revenir puisqu’elle n’a jamais vraiment cessé. Pendant ce temps, la gauche « tonitruante » en Equateur a sorti 34 000 personnes de l’extrême pauvreté cette année encore. Combien Hollande en a–t-il jeté dans la misère noire depuis qu’il « agit ». L’espérance de vie allonge chez les « tonitruants » ! En France elle recule, à mesure que Hollande « agit ». 

Depuis quelques jours, le gouvernement équatorien est inquiet. Les Etats unis montrent les dents et les réseaux sociaux liés aux nord-américains fourmillent d’allusions malsaines. L’effectif des militaires gringos présent à l’ambassade des Etas unis en Equateur est monté à 50 personnes. Corréa demande publiquement la raison de cette inflation ! « Soyons courageux, sans être provocant ni téméraires » déclare-t-il, en annonçant que son gouvernement n’accepte pas cette situation. Surtout quand elle coïncide avec une campagne qui commence aux Etats unis comme dans la droite et les médias gorilles contre « les menaces sur les libertés publiques » que ferait courir la politique de Rafael Corréa. Je suppose que les médias français liés aux agences nord-américaines vont s’y mettre bientôt. Il est vrai que Corréa vient de renvoyer chez eux les effectifs de USAID, cette soit disant ONG qui alimente en dollars l’opposition sous prétexte « d’aider la démocratie Equatorienne à se renforcer ». Argument d’autant plus offensant qu’il vient d’une nation qui espionne le monde entier et viole les libertés individuelles des citoyens de tous les pays ! L’Equateur prend ainsi la suite de la Bolivie pour cette expulsion. Le moment venu il faudra bien avoir aussi en France du courage. Au moins celui d’un Charles Pasqua ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac. Il avait expulsé en son temps quarante-sept « diplomates » nord-américains accusés d’avoir corrompu des hauts fonctionnaires et espionné (déjà) le gouvernement ! Il ne faut pas avoir peur face aux USA. De la Colombie d’où j’observais quelques-uns des aspects des activités nord-américaines, j’ai vu quelques réalités peu flatteuses pour l’Empire. Les gringos sont… 2500 à l’ambassade US de Bogota. En fait, une noire bureaucratie où tout le monde se monte sur les pieds. Une inefficacité crasse. Et des manipulations délétères  générées par les bastons entre « services ». Pourtant, c’est là le deuxième poste nord-américain au monde, aux frontières du Venezuela et de l’Equateur.  Si vous y ajoutez l’activité de l’agence anti-drogue qui a ses réseaux interlopes, on devine quel chaos tout cela porte en soi, non seulement dans ce pays mais dans l’environnement régional. Dans l’immédiat, la vigilance est mère de solidarité. La sécurité du gouvernement Corréa est notre bien commun. Les bagarres entre services américains et les surenchères entre eux peuvent déclencher toutes sortes de dérapages violents. Il faut donc se tenir prêts si besoin est.

Mongi Rahoui, juste avec un gilet pare-balle

J’avais l’esprit plein de ce travail d’écriture sur les stratégies de la violence quand j’ai su que nous rencontrions au siège du PG Hamma Hammami, le porte-parole du Front populaire Tunisien. Quel homme mieux que celui-ci peut m’en apprendre davantage sur la violence et la riposte à la violence ? Car lui est confronté directement et concrètement a la question comme à une question de vie ou de mort. Hammami est un homme à qui nous portons un respect considérable. J’ai dit "respect" car c’est là un sentiment plus construit intellectuellement que l’admiration, par exemple. Ce n’est pas de cette rencontre à Paris qu’est né ce sentiment. Mais de Tunis. J’ai vu de près pour la première fois Hamma dans une réunion de format restreint, juste aux lendemains de l’assassinat de Chokri Belaïd. La Tunisie retenait son souffle. C’était des heures sombres d’angoisse et de peurs. Comme souvent l’impression première peut nous apprendre beaucoup si on la médite. Hamma était très marqué. Sa voix restait posée mais je le sentais, comme nous l’étions tous, envahi par l’idée du déferlement que le meurtre de Chokri pouvait déclencher. Les islamistes allaient-ils commencer un cycle du type des escadrons de la mort latino-américain ? Comment riposterait-on alors ? Quelques-uns des nôtres allaient-ils rendre coup pour coup ? Ou nous mènerait une telle escalade ? Le tour de table a eu lieu pour répondre avec amitié à nos questions. Une tâche de plus pour une équipe déjà éreintée de travail. Mais Hamma, dans cette situation, en portait plus que d’autres sur le dos. Parce qu’il est la figure de proue du Front. Il assume sa tâche avec un total engagement. Il s’est démis de ses fonctions de parti pour accomplir la tâche qui lui a été confiée par le Front. 

Ses camarades comme lui-même ont une longue expérience politique et tous leurs comportements sont encore profondément marqués par les réflexes de la clandestinité. J’ai d’ailleurs noté comment Hamma en appelle au dépassement de cette culture spontanée tout en étant vigilant à en conserver le réalisme. Car, en dépit du silence médiatique en France et du lamentable soutien de Hollande et de son gouvernement au pouvoir islamiste et à ses alliés, la Révolution tunisienne n'est pas terminée, 3 ans après son déclenchement le 14 janvier 2011. Et les rebondissements sont rarement tranquilles. Quelques meurtres le rappellent. Mais à chaque fois que certains ont tenté d'étouffer ou de "terminer" cette Révolution, le peuple tunisien s'en est mêlé. Par exemple, une véritable insurrection civique s'est déclenchée après l'assassinat du député Mohamed Brahmi. Le 6 août dernier, selon les comptages effectués sur des images satellites états-uniennes, 475 000 manifestants étaient alors dans la rue pour refuser la violence politique et dénoncer le coup d'Etat rampant des islamistes. Rapporté à une Tunisie de 10 millions d'habitants, c'est comme si 3 millions de Français descendaient dans la rue. Dans les 6 mois qui ont suivi ce nouvel assassinat, le Front populaire a concentré ses forces sur la lutte démocratique et pour les libertés. Il a pour cela été à l'initiative de la constitution d'un Front de Salut national, avec l'ensemble des composantes, y compris libérales, de l'opposition au pouvoir islamiste. Pour autant, il ne s’est pas dilué dans ce rassemblement. Et, en dépit du « danger-de-la-droite-et-de-l’extrême-droite » brandi par les « grands frères » français, qui les appellent à se cacher aux élections sous le logo grande taille du Front de Salut national, le Front populaire maintient l’autonomie de ses candidatures. Une forte pression sociale et populaire a été construite notamment avec le sit-in de la place du Bardo devant l'assemblée constituante et plusieurs marches civique. Je ne suis pas prêt d’oublier celle du 7 septembre dernier à Tunis. J’ai eu l'honneur d’y prendre la parole. Bref, cette stratégie, c’est celle de l’éducation populaire de masse et le refus clairement énoncé et argumenté de la violence. Cette stratégie qui a fini par payer. Le dialogue national engagé sous les auspices du puissant syndicat ouvrier UGTT a obtenu la démission du gouvernement islamiste. Ennahdha a donc dû quitter le pouvoir qu'elle occupe de manière illégitime depuis que l'Assemblée constituante a épuisé le mandat de un an qui lui avait été donné lors de son élection le 23 octobre 2011. Puis, coup sur coup, une série de victoires fondatrices ont été arrachées dans l’enceinte du Parlement. Le point de départ est une fois de plus une réplique à une tentative de passage en force des Enhadistes.

Le Front populaire et plus largement les Tunisiens, ont d’abord remporté une victoire remarquable contre la violence des religieux. C'est une nouvelle provocation haineuse d'un député d'Ennahdha qui l'a précipitée. Ce député se fait appeler cheikh Habbib Hellouze. Il a désigné samedi dernier son collègue député du Front populaire Mongi Rahoui comme "ennemi de l'Islam", en appelant "le peuple à prendre les mesures adéquates contre lui". Chez les extrémistes, cela constitue un appel religieux au meurtre pour apostasie, sous le nom de "takfir". Diffusé à la radio, cet appel au meurtre, a immédiatement suscité une émotion considérable. Mongi Rahoui, l’homme à abattre, je l’avais rencontré en septembre à Tunis. Il était déjà équipé en permanence d’un gilet pare-balle. Et je l’avais accueilli au Parlement européen en novembre, toujours aussi ferme et posé, cette fois ci sans gilet. Il se lève dans l’Assemblée et interpelle son accusateur fanatique : « Combien de temps encore faut-il que le sang coule pour revenir à la raison ? Aujourd’hui, ma femme ne peut plus vivre à la maison, mon fils est perturbé en cette période de révision pour ses examens ! Je suis musulman, mon père est musulman, mon grand-père est musulman ! Je n’attends pas que le cheikh des menteurs me le certifie ! » L’émotion fut considérable ! Dans l'impossibilité de cautionner publiquement un tel appel au meurtre, le parti islamiste Enahda fut obligé de prendre ses distances. Spectaculaire : il est alors obligé d'accepter ce qu'il avait toujours refusé jusqu'à alors : la proscription constitutionnelle du "takfir" et de toutes les incitations à la violence au nom de la religion. Cette avancée est aussitôt inscrite dans l'article 6 de la Constitution en cours de discussion à l'assemblée constituante. Cet article introduit aussi pour la première fois dans une Constitution d'un pays arabe la "liberté de conscience", en complément de la liberté de culte et de croyance. C'est une avancée historique non seulement pour la Tunisie, mais plus largement pour l'émancipation de l'humanité. Car cela peut servir d'exemples à d'autres. Certes, l'Islam est toujours reconnu comme religion de la société tunisienne comme elle l'était depuis le compromis adopté par Bourguiba après l'indépendance. Mais les tentatives des islamistes pour faire de la religion une source de droit ont toutes été mises en échec. La charia n'aura pas sa place dans la Constitution tunisienne, contrairement à ce qu'escomptaient au départ les islamistes. Une autre avancée historique vient de se produire dans la discussion de la Constitution : l'affirmation d'une stricte égalité entre "citoyen et citoyenne" et l'interdiction de toute discrimination entre homme et femme. Là aussi, il s'agit d'un texte unique dans le monde arabe. La discussion de la suite des articles de la Constitution se poursuit et devrait aboutir d'ici 4 semaines.

Une fois la Constitution enfin adoptée et le nouveau gouvernement formé, s'ouvrira une nouvelle phase civique pour le Front populaire pour porter son programme économique et social devant les électeurs. La relance de l'activité, le partage des richesses, le retour de l'Etat et de la planification dans le développement du pays sont autant d'axes d'action urgente qui distinguent le Front populaire de toutes les autres forces politiques tunisiennes. En l'état actuel des choses, le Front a décidé à l'unanimité des 13 forces qui le composent de partir uni comme Front populaire aux prochaines élections législatives et présidentielles. Selon les sondages, il est bien installé comme la 3ème force du paysage politique tunisien. Dans cette nouvelle phase, les mobilisations sociales et civiques, mais aussi écologiques joueront un rôle décisif. Le Front populaire a bien conscience qu'elles sont la clef du rapport de force dans la société qui déterminera le résultat des urnes. Alors que nos camarades viennent de traverser l'année la plus dure et meurtrière depuis le début de la Révolution, l'avenir est donc à nouveau ouvert pour la Révolution tunisienne. Nous leur avons dit toute notre disponibilité pour soutenir toutes les initiatives de solidarité et d'échange. Nous avons la conviction que nous formons avec les peuples du Maghreb une société commune méditerranéenne. C’est la thèse que j’ai développée au meeting de la plage du Prado à Marseille. Le peuple tunisien est le héros de notre temps en méditerranée car il est en train de démontrer concrètement que le monde arabe n'est nullement voué au despotisme. L'aveuglement du PS français et des sociaux-démocrates européens à ce sujet est définitivement consternante et criminelle. Nous savons qu'au-delà du soutien politique aveugle que François Hollande et son gouvernement ont apporté au gouvernement d'Enahda, le PS français a financé les alliés des islamistes, notamment le parti Ettakatol, sans lesquels ceux-ci n'auraient jamais eu de majorité à l'Assemblée. Bien des supplices auraient été épargnés aux Tunisiens et bien du temps aurait été gagné. Mais la Révolution citoyenne a été plus forte qu'eux.

Municipales, le Front de Gauche en piteux état

Martine Billard, qui dirige le travail de mise en place des listes auxquelles participe le PG, et Eric Coquerel, qui gère nos relations unitaires, ont préparé la discussion de notre Secrétariat national sur la base du bilan de notre activité et des accords locaux qui se sont conclus au dernier trimestre de 2013. Le lâchage du Parti Communiste dans la moitié des villes de plus de vingt mille habitants et la volonté de réduire le Front de Gauche à une étiquette donnée au plus offrant a rendu notre situation illisible. Cela est vrai sur le terrain, où l’usurpation du logo Front de Gauche dans les listes socialistes aggrave la confusion. Ce sera vrai dans les résultats finaux du ministère de l’Intérieur, qui comptabiliseront comme liste PS la moitié des villes ou le PCF est son bagage accompagné, diminuant ainsi de moitié le score national des listes autonomes labélisées Front de gauche. Comme si cela ne suffisait pas, les dirigeants du PCF veulent interdire l’usage du logo Front de gauche quand ils ne sont pas sur la liste. Et quand ils y sont comme à Montpelier, ou ailleurs, certains d’entre eux peuvent encore changer d’avis en cours de route pour mieux marchander leur postes avec les socialistes. Avec de tels amis, nous n’avons plus besoin d’ennemis. Le Front de gauche est en lambeaux. France Info pouvait dire qu’il est la première victime des municipales. On sait pourquoi et à cause de qui. Comment reprendre pied dans ce champ de ruines ?

Le nombre de listes où les communistes ont ralliés les socialistes est trop important pour que nous puissions espérer faire comme s’il s’agissait de retards à l’allumage ou de spécificités locales comme dans le passé. C’est une ligne qui se substitue à une autre. Sans le dire. Car dans le passé, à chaque élection, le Conseil national du PCF proposait une option stratégique. Pas cette fois ci. La ligne des « fronts » à géométrie variable, écartée après les européennes de 2009 est donc redevenue la règle. Elle commence avec ces élections, elle s’élargira aux régionales-cantonales de 2015. S’il s’agissait d’autre chose, les communistes auraient essayé de convaincre leurs partenaires du Front, ils auraient pu proposer de les embarquer pour négocier ensemble, ou que sais-je encore. Rien de tout cela. Le contraire : des négociations en double, des allers et retours pleins de secrets et sous-entendus trompeurs. A Paris, nous avons appris dans le journal « Libération », par une interview de Pierre Laurent, l’appropriation des résultats du Front de Gauche à la présidentielles par les négociateurs communistes parisiens, et le nombre des postes mendiés au PS. L’énormité du prix payé par les solfériniens, treize sièges de conseillers de Paris, trente-et-un conseillers d’arrondissement et un siège de sénateur, montre ce qui est visé. Les solférinien veulent bien autre chose qu’un apport électoral, puisque le PC parisien faisait 2 % dans la capitale la dernière fois qu’il s’est compté seul. Les solfériniens ont payé pour disloquer le Front de Gauche et ils ont trouvé des partenaires pour le faire. La preuve par un contre-exemple : rien n’a été dit ou fait pour éviter que les Verts fassent une liste autonome. Tout le monde sait que le premier tour est sans risque pour la gauche à Paris. C’est donc de propos délibéré que tout ce sabotage a été fait. Le mal est donc très profond.

Le Front de Gauche est une stratégie, pas un logo. La politique à géométrie variable du PCF a tué dans l’œuf le principal argument de crédibilité du Front de Gauche : sa cohérence et son indépendance depuis 4 élections consécutives. Elle porte un très rude coup au PCF lui-même et démoralise des milliers de militants communistes. Sa ligne devient illisible, elle aussi, passant du zig au zag comme on peut le voir en lisant « L’Humanité », qui tantôt affirme : « les communistes parisiens font le choix de l’union » et tantôt décrit avec précision comment les socialistes font tout pour effacer la signification nationale de cette élection pour sauver la peau du gouvernement. L’erreur serait de s’enfoncer dans des batailles de sigles, de logo et ainsi de suite. Ce qui ne fonctionne plus doit être changé, et les vieilleries inutiles abandonnée aux fétichistes. Nous savons bien que si le PCF était si sûr de son affaire et s’il croyait lui-même à sa ligne il ne se cramponnerait pas au sigle Front de Gauche pour aller sur les listes socialistes. Il se contenterait de dire qu’il est le PCF et qu’il propose ceci ou cela. Mais les solfériniens payent pour avoir le sigle Front de Gauche. Si le PCF croyait vraiment au « risque-de-droite-et-d’extrême-droite » dès le premier tour il essaierait d’en convaincre et d’associer les autres composantes de notre gauche. C’est tout le contraire. A Paris, il prétend que la liste Hidalgo est celle de « la gauche rassemblée ». Et celle qui regroupe tous ses alliés du Front Gauche, c’est quoi à ses yeux ?

Nous avons donc proposé une rencontre le 17 janvier prochain pour clarifier la situation. Nous allons faire des propositions à la direction communiste. Il y a deux lignes rouges. D’abord, la confusion doit cesser. Le sigle Front de Gauche ne peut sous aucune forme être associé aux listes du PS. Ensuite, cette situation ne doit plus se reproduire dans l’avenir. Pour cela, il y a un moyen simple : le vote de tous les électeurs du Front de Gauche qui le souhaitent. Ce n’est pas une primaire. Quand les autres proposent de trancher entre des personnes, nous proposerons aux nôtres de trancher entre des lignes d’action. Il est donc temps de reprendre l’idée d’une « association des amis du Front de Gauche », qui établirait cette liste électorale chargée de décider entre les orientations proposées. Cette idée avait été acceptée au début du Front de Gauche. Elle fut présentée au congrès extraordinaire du PCF en juin 2010 par Marie Georges Buffet. Elle y fut repoussée. Je suis certain que des milliers de communistes doivent le regretter amèrement aujourd’hui.

Le Front de gauche est notre bien commun. Un seul parti ne peut se l’approprier pour son avantage. Il nous a coûté de le construire. Surtout à nous qui avons quitté nos partis d’origine et remis tout en cause dans notre vie militante. La ligne conductrice de notre action ne peut pas être dans les micmacs d’appareil mais dans l’accompagnement de la situation du pays et des gens vers l’opposition de gauche. Les mois à venir vont être encore plus durs pour tous en France. L’économie va retourner aux limites de la récession ou même y replonger. Le chômage va s’aggraver. Les cadeaux au patronat vont s’accélérer. En Europe, l’alliance des sociaux-démocrates avec Merkel va faire peser une chape de plomb sur les peuples. Être collés aux solfériniens est la pire position pour porter un discours d’opposition de gauche crédible aux yeux du grand nombre. On a le droit de ne pas le penser et de croire aux balivernes sur « les politique locales » qui serait d’un autre ordre que la politique nationale. C’est gravement méconnaître l’intelligence politique des citoyens et les résultats électoraux de ces dernières années. Mais nous n’avons pas le droit, pour des raisons de diplomatie intergroupusculaire ou de peur du « qu’en dira-t-on dans la presse », de laisser la confusion s’installer et souiller tout le monde. D’une façon très personnelle, je veux dire que je ne me laisserai pas entraîner dans cette impasse.

Mais quel gâchis ! Car s’il n’y avait pas eu ce lâchage communiste parisien, ouvrant les vannes des ralliements aux socialistes dans tout le pays, que verrions-nous à la place de ce tableau pitoyable ? Non seulement il y aurait une liste Front de Gauche dans chaque ville, mais on verrait que notre énergie politique a élargi son espace. En effet, dans nombre de villes, l’alliance avec les structures de base d'EELV se réalise. C’est le moment de demander au lecteur assommé par la situation de regarder le tableau présent avec d’autres yeux.

La présence ou non du parti communiste n’est pas l’horizon ultime de l’autonomie ni de l’existence d’une opposition de gauche. La preuve ! Pour l’instant, le plan de marche que nous avons fixé fonctionne. L’opposition de gauche que nous voulons construire se met en place certes lentement, avec de gros revers parfois, à un rythme et sous des formes différentes selon les lieux. Mais ça avance. Avec ou sans PC, les listes autonomes incluant le Front de Gauche sont présentes dans une écrasante majorité de commune de plus de vingt mille habitants. En prenant appui sur cette réalité, Il faut faire un bond en avant. Cela va encore bousculer bien des routines. La stratégie qui a fondé le Front de Gauche (je ne dis pas le logo !) n’est pas un emballage pour ripoliner les vieilleries. C’est une stratégie de guerre de mouvement. C’est dur, nous sommes trompés et parfois trahis, mais ça avance. Il ne faut pas faiblir ni avoir la main qui tremble. Nous ne défendons pas une marque, un parti, ni des sièges, ni des ressources. Nous sommes appelés à rendre réel un rêve de renouveau humain dans la déchéance d’un monde voué à l’argent. Cette ligne dégage peu à peu un contour plus large d’année en année. Elle aura son heure si nous lui sommes fidèles.


100 commentaires à “Merci Tunis !”
» Flux RSS des commentaires de cet article

Blog basé sur Wordpress © 2009/2015 INFO Service - V3 Archive