20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. Max Bézard dit :

    Merci Jean-Luc, la dernière image de ce blog me fait réfléchir sur le sens du mot affiché sur la bannière des distributeurs de monnaie, "retrait". Cela me fait penser que mon ordinateur me demande à chaque fois que je vais l'éteindre "Que voulez-vous faire?" Vous n'imaginez pas mon vibrant espoir lorsque à chaque fois je réponds "Arrêter le système".

  2. Sandrine dit :

    Monsieur,
    il n'y a que la sincérité qui puisse avoir la force que vous déployez avec vos écrits et vos discours.
    Votre article sur Kerviel s'attaque à un gros poisson. Je sais que rien n'est donné, que pour récupérer un minimum, il faudra aller le chercher avec les dents, vous le faites avec courage, un grand courage. Mais, de la même manière que vous cristallisez les espoirs de beaucoup, vous pouvez comprendre que ces mêmes personnes puissent redouter, justement parce que vous portez quelque chose de leur parole, de leur intime donc, que ces mêmes personnes disais-je craignent que l'on vous fasse du mal. Nous écoutons vos discours, faites un signe s'il vous plaît, dites que vous faites ce qu'il faut pour protéger votre personne. Vous vous appartenez mais vous ne vous appartenez plus non plus. Ce que vous dites à propos de Kerviel est super pertinent, et cela va nourrir les argumentaires au quotidien, et par petites touches, la conscience continue de s'élargir, et c'est le but. Mais je ne crois pas que ce soit à vos amis politiques que cela va déplaire, Monsieur, mais à la finance. Cela vous met en danger.

  3. Pierre Pifpoche dit :

    Kerviel est innocent.
    Démonstration si étonnante de vérité de Jean-Luc Mélenchon parfaitement claire. Suis retourné et convaincu. Kerviel simple salarié Société Générale. Perdu 1,7 milliards comme contribuable. Vérité doit être établie aux Prudhommes. Scandale doit éclater. Révolution Citoyenne et 6è Répubique s'imposent.

  4. Grillet Nicolas dit :

    Merci de faire vivre une autre idée de la politique à travers vos actes et vos écrits.
    Et de la rendre vivante, créative et ouverte. Qui sait se mettre en dehors de la norme et du conformisme. Que ce soit au niveau national, européen ou bien humain comme ici dans cette affaire.
    Résister c'est exister! (ce n'est pas de moi !)

  5. fg13 dit :

    On apprend de plus que la Société Générale, qui avait enregistré ses interrogatoires de Kerviel et qu'elle a transmis à la justice, qui l'a condamné aussi sur ces bases, a caviardé plus de 2h des interrogatoires en faisant des coupures et des montages. Qui est le voyou sur ce coup ?

  6. Ouilya dit :

    @ Sandrine,
    Bravo, mille fois bravo, je suis totalement en accord avec votre écrit. Votre première phrase est magnifique et oui, nous sommes inquiets pour la sécurité de Jean-Luc.
    Fraternellement.

  7. Jean Jolly dit :

    Jérôme Kerviel n’est coupable que d’avoir cru à un monde virtuel où l’argent n’est considéré que comme une mise en jeu, comme beaucoup ont pu miser des flageolets, des allumettes ou des cigarettes, lors de pokers entre amis. L’intérêt n’est pas de récolter une poêlée de flageolets mais de gagner la partie et si possible les parties pour terminer "le premier" à la clôture.
    Jean-Luc l’a fort bien expliqué, Kerviel, ne cherchait pas à s’enrichir ni à couler une entreprise quelconque, il faisait ce pourquoi il aura été formé puis embauché, à savoir jouer au Monopoly mondialisé, ni plus ni moins. A ce propos il ne faut pas perdre de vue que l’effigie de J-P-Morgan figure sur les boîtes de jeu du Monopoly… Cette pub subliminale n’influencera que les gamins qui porteront un intérêt à ce jeu mais cette influence n’est pas à négliger, surtout que la profession de trader n’est pas la plus affichée sur les panneaux de "Paul l'Emploi", ce qui la rend encore plus pernicieuse.
    Toujours est-il que Jérôme Kerviel a fait le con, le cake, bien, un cake retombe forcément si la cuisson ou les ingrédients ne sont pas respectés. Jérôme Kerviel est tombé dans ce piège à cons… nous avec lui.
    Pourquoi ce serait au contribuable de payer les magouilles d’un ministère en cheville avec une banque dirigée par des pourris ? Trop c’est trop !

  8. Hold-up dit :

    Après lecture, je suis admiratif. Voici bel et bien notre "J'Accuse" des temps présents, écrit en bonne et due forme et au beau style. Oui, de la société générale à la grève générale, il n'y a qu'un pas et si celui-ci est encore géant, il faut bien commencer à marcher et l'innocence de M.Kerviel est l'un des tous premiers pas à faire pour fissurer la muraille. Muraille désormais intitulée par son petit nom moutonnier "Too-Big-To-Fail". Le combat de titans est bien là. Soit certaines banques sont trop grosses pour couler et c'est le monde alentour qui s'écroule et crève silencieusement, soit le monde et ses habitants sont trop puissants pour choir et ce sont bien les grandes banques qui mordent définitivement la poussière. Oui, M. Kerviel est innocent ! Et ses anciens dirigeants sont bien évidemment au vu de votre brillante démonstration les fraudeurs véritables. Question subsidiaire. Comment en effet se fait-il que Madame Lagarde, au passif déjà bien douteux, ait dépouillé les contribuables français de 1,5 milliards d'Euros, si à l'époque l'affaire Kerviel n'était pas encore jugée ? N'est-ce pas là un acte illégal au yeux de la loi alors en vigueur ? La Société Générale ne devrait-elle pas rembourser l'Etat Français si l'on apprend prochainement qu'une nouvelle compromission de Madame Lagarde avec divers intermédiaires a bien eu lieu ? Cette affaire est en effet centrale, car en déconstruisant le système, en mettant en lumière ses petits et grands valets, le peuple français chloroformé par un demi-siècle d'écran télévisé rompra ses chaines d'un seul coup, comme pris d'une grande et insupportable colère. Encore faut-il savoir l'informer bien à temps et bien à propos. Encore faut-il savoir entendre et bien lui parler. Merci mille fois, Monsieur Mélenchon. Ce dernier billet vous honore une fois de plus.

  9. saxo dit :

    Nous te soutenons. La vérité est révolutionnaire. Meme si Kerviel n'est pas innocent, la faute de la "victime" est avérée et manifeste !

  10. Dominique Thiam dit :

    Bonsoir Jean-luc,
    Je partage votre opinion depuis le début. Kerviel n'est qu'un "lampiste". Bravo et merci de prendre ainsi position. Vous êtes comme d'habitude, lucide, juste, analyste et profondément humain. Merci.

  11. Nadine Verdier dit :

    Félicitations pour la démonstration "qui remet les choses à l'endroit" ! Se faire une image de respectabilité aux frais de la "gueuse" (la république), 1,7 milliard l'image, de grands artistes à la direction de la banque. Nous constatons chaque jour combien les flibustiers de la finance (PDG et autres grands argentiers) se sentent intouchables, aidés qu'ils sont en cela par des serviteurs fidèles et zélés qui se retrouvent au plus haut sommet de l’État.
    Félicitations de le démontrer une fois de plus, preuves à l'appui. Se pourrait-il qu'un simple tribunal des prud'hommes mette un grain de sable dans cette suffisance criminelle ? (Bravo aussi pour le défenseur de M. Kerviel).
    Comme cela serait beau ! Mais du coup, M. Mélenchon vous vous rendez compte que vous venez de faire un pas de plus sur l'échelle de la détestation et de la diabolisation que "ces belles personnes" dressent contre vous ?
    Assurément vous vous en rendez compte. Oui, prenez soin de vous ! Votre courage suffira t-il à vous protéger ? Rien n'est moins sûr à ce niveau. Et nous, chacun de nous, engagés au PG ou dans le FdG, saurons nous vous protéger pour que l'injustice recule et que l'avenir soit meilleur pour le grand nombre ?

  12. Pierre dit :

    Voilà un texte jubilatoire car il impose l'intelligence du distinguo entre les convictions (idéologiques, politiques, économiques, religieuses...) et les faits. Ainsi, il nous dit où se trouve l'information véritable.
    Merci camarade!

  13. Cédric dit :

    Jean-Luc Mélenchon ne soutient pas un trader, mais un homme victime d'une manœuvre judiciaire pilotée par une banque. Il prouve une nouvelle fois qu'il est un partisan conséquent et cohérent des droits de l'Homme et du Citoyen, autrement dit un authentique républicain français.

  14. Max dit :

    Les médias, la justice, les commentateurs "experts" n'ont pas eu assez de mots pour démontrer que Kerviel est seul coupable des pertes de la générale et a failli faire sauter la planète. Au passage, ils nous ont démontré aussi que le public ne peut pas comprendre, admettons. Ben, le public s'en fout ! La théorie du chaos explique bien que le battement d'aile d'un papillon quelque part peut déclencher une catastrophe ailleurs. Faut-il donc mettre en cage le papillon, et aussi tous ses congénères pour protéger un système devenu instable ? Absurde !
    Le public a très bien compris la réalité. Si l'allumette Kerviel a failli faire sauter la planète finance, les responsables sont bien ceux qui ont mis en place la machine infernale pour leur plus grand profit, et non pas le seul Kerviel.
    C'est bien cette absurdité là qui devrait nous empêcher de dormir !

  15. Victoire Cambourg dit :

    L'innocence de Jérôme Kerviel, une évidence !
    Ce qui nous montre l'absurdité du système actuel, véritable assommoir du vivant, du beau, du lumineux. Un monde virtuel et mortel, celui de l'argent et des ses serviteurs !
    Tout nous montre qu'il est temps de redevenir des êtres humains.

  16. Romain Kroës dit :

    Gerlub a dit ici quelque chose de très important, en liaison avec l'affaire Kerviel. Pourquoi la BPI (ou la caisse des dépôts) n'a-t-elle pas la licence bancaire qui lui permettrait d'acheter les bons du Trésor et d'accéder aux adjudications de la banque centrale ? Cette latitude, admise par les traités et le protocole de 2008 régissant le réseau des banques centrales de la zone, ôterait aux banques privées comme la Société Générale l'exclusivité du financement de la dette publique, et permettrait de concurrencer la spéculation frénétique sur les marchés financiers. Pourquoi les "socialistes" n'osent-ils pas franchir ce pas?

  17. alain verce dit :

    En droit du travail,selon la jurisprudence constante, la faute lourde est celle qui révèle "une volonté manifeste de nuire à l'entreprise". Or dans le cas JK, personne, même pas la banque, n'a évoqué cette hypothèse. Quand on voit que des PDG ayant conduit leur entreprise à la ruine partent avec des indemnités monumentales on ne peut qu'être sidérés de voir la façon dont JK a été traité. Il faut pilonner Mme Lagarde qui doit répondre devant la justice des cadeaux injustifiés qu'elle a fait avec l'argent de la nation.

  18. Chauve dit :

    Félicitations monsieur Mélenchon pour votre prise de position en faveur de la défense du salarié qu'est monsieur Jérome Kerviel. Il mérite non seulement d'être soutenu mais également défendu afin de faire prévaloir ses droits de salariés. Je partage une fois de plus la clarté, la justesse de vos analyses, bien sur que Jérome Kerviel n'est qu'un rouage de la finance, de la cupidité de la minorité qui pille les richesses, le travail de ceux qui n'ont que leur salaire pour essayer de vivre correctement. A mes yeux Jérome Kerviel est innocent c'est la finance ce cancer qui devrait être condamnée.
    Merci monsieur Mélenchon pour vos prises de positions en faveur du peuple, des salariés.

  19. Pierrot de Pont dit :

    Bravo Jean-Luc,
    Complètement avec toi dans ce combat qui ne surprendra de t'y trouver que ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez (qui n'est pas forcément si court chez certains menteurs patentés à la mauvaise foi éclatante - you see what I mean).
    J'ai personnellement été persuadé depuis longtemps que J. Kerviel n'était, au-delà du peu de sympathie qu'on peut éprouver pour ce genre d'individus (quoique la sagesse populaire prétende qu'il n'y a pas de sot métier !), qu'un lampiste que son entreprise avait décidé de jeter comme un Kleenex après en avoir largement profité. Tu démontre amplement que le profit est bien plus important que ce que l'on pouvait supposer de prime abord. La disproportion entre les sommes qui sont réclamées à J. Kerviel et ce qu'ont pu lui rapporter ses fonctions durant ses années d'activité à la Sté Générale est la marque d'une injustice que l'on pense masquer par un effet de sidération causé par l'ampleur de l'accusation.
    Oui, Jérôme Kerviel est innocent, oui, il faut le défendre contre les puissances d'argent (et ceux qui les couvrent à la tête des État).

  20. daumy roland dit :

    Il n'est jamais tard pour agir. Monsieur Paul Jorion, dès le debut, il a pris la défense de Jérôme Kerviel en s'appuyant sur ses compétences professionnelles et son expérience.

  21. TRUC dit :

    Encore une fois Merci Mr Mélenchon
    Tel Victor Hugo il y a quelques siècles déjà, vous (tu?) défends le pauvre mec qui a été victime de cet ogre qu'est la finance et qui détruit la moindre parcelle de jugeote qui nous reste quand on se laisse prendre à ses rets. Les salariés cadres d'Orange le savaient-ils avant de se suicider ?

  22. Daneel Olivaw dit :

    Article passionnant. Merci Monsieur Mélenchon !
    Depuis le début je dénonçais cette arnaque politico-médiatique. Il y a parfois des actualités qui semblent, malheureusement, intemporelles.
    Les propos ci-dessous par exemple ne sont pas issu d'un article de ce mois de septembre 2011, mais du mois de mai 2004 « Actualité oblige... après ce nouveau scandale économique où un Golden Boy - un Trader, on dit maintenant - vient de désintégrer quelque chose comme 5 milliards d'euros, la chaîne de télévision M6 nous propose ce soir un film sur ce genre de petit génie du clavier capable de jouer sans sourciller avec des milliards.»
    Petit rappel de mon propre dossier de 1995 à ce sujet que j'avais déjà réactualisé sur Culture Net en mai 2004 :
    Comment ne pas évoquer la cruauté et la folie criminelle de notre actuel système économique : d'un coté des milliers d'enfants qui crèvent de faim (malgré les dons généreux de milliers d'occidentaux aux bas salaires, menacés eux-mêmes de chômage, d'exclusion, et de malnutrition !). Et de l'autre, par exemple, le scandale de la banque britannique Barings, ruinée en un seul jour parce qu'un de ses jeunes employés de 28 ans - un Golden Boy -, a, d'un coup d'un seul, par une spéculation malheureuse (à cause de l'imprévisible tremblement de terre au Japon, doit-on y voir un effet "provoqué" ?), perdu plus de 5 milliards de francs ! Une banque ruinée, 4000 salariés menacés, les marchés boursiers du monde entier fortement secoués. C'est la preuve de l'infernal capitalisme mondial, où les fortunes se font aussi vite qu'elles se défont. En faisant sauter sa banque, ce jeune spéculateur (devenu un paria recherché par la police, alors que dans le cas contraire il serait devenu un héros, voir même : aurait été comblé de privilèges par sa Banque (banque qui sera de toute façon...

  23. renault dit :

    Il est très intéressant de creuser le sujet des "fusibles" de l'ultra-finance, tristement annonciateurs d'une situation économique qui bégaye.
    Je formule la proposition pour stopper ce cirque vicieux de faire pression sur les gouvernements pour reconstituer un Nuremberg II.

  24. Louis31 dit :

    @Thierry
    Vous ne comprenez pas où vous faites semblant ?
    Dans ce billet de JL, Que je remercie pour les éléments qu’il met en évidence et que je n’ai jamais lu ailleurs) dans ce billet donc, JL ne défend pas un « trader », il accuse son employeur et l’état d’avoir magouillé pour effacer une dette (celle des subprimes) en accusant un salarié (même si ce n’est pas « un salarié ordinaire » comme vous dites) afin de récupérer une partie de ses pertes. En effet comme l’écrit JL « il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. » Il fallait donc accusé « le trader » de fraude ce qui est fait, et le Ministère de économie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale, de plus il est condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! (Somme qui ne paiera jamais) mais qui permet a la banque de l’inscrire dans la recette à venir. Et le tour est joué. Pour vous donner un exemple de la magouille et de l’injustice, « Jean-Yves Haberer et François Gille, responsables de la faillite du Crédit lyonnais en 1993, qui a coûté plus de 20 milliards d’euros aux contribuables, ont été condamnés en 2005 pour présentation de faux bilans du Crédit lyonnais, à respectivement 18 mois et 9 mois avec sursis, et un euro symbolique au profit de la banque. »

  25. jpp2coutras dit :

    Bravo M. Jean-Luc Mélenchon pour le missile de croisière JK. Les petits soldats de l'enfumage électronique (moins toxique que le goudron gouvernemental?) sont déjà à leur poste pour disperser leur lisier habituel, on imagine. Silence radio pour l'nstant, omerta dans les news.
    Affaire JK qui prouve que le système a besoin de fusibles et pratique toujours assidûment le sacrifice humain comme au bon vieux temps, qu'il faut restituer selon JP Morgan et ses dynosaures (ils ne se cachent même plus pour vomir leur stupidité et leur goût prononcé pour le fascisme le plus dur!). C'est pourquoi le système rend les banques (et les entreprises trans-nationnales aussi) systémiques, la boucle est bouclée. Hors de portée des peuples, pensent-ils (mais là encore ils se trompent, car ils ne peuvent rouler tout le monde). Ainsi le peuple les renfloue quand elles perdent au casino, mais pas seulement pour goinfrer les stationnaires-ré-actionnaires (Comment peut-on parler "d'actions" quand on attend que ça tombe tout roti dans le bec, grand ouvert comme la bouche à Tapie?) Mais ceci est leur grande faiblesse, car tout cet artifice repose sur du vent qui gonfle les bulles virtuelles, jusqu'à ce que... pschitt, la pétole ! Aux antipodes de la construction d'une Force Populaire Solidaire Ecologiste réunie le long d'un projet commun humaniste, "l'humain d'abord". On ressent après ces assises et autres échanges la nécessité de passer à une échelle supérieure pour agréger un Front du (ou des) Peuple Souverain (FPS?) en osmose avec la Terre-mère. Vite la VIème.

  26. francis dit :

    Ces nouveaux éléments d'information confortent les doutes que j'avais sur la culpabilité de monsieur Kerviel. L'issue de ce jugement sera déterminante pour rouvrir le chemin ce la vérité dans cette affaire pour lui comme pour nous même. Pourquoi pas lancer une pétition en ligne par exemple ?

  27. Md59 dit :

    Merci pour cet article, la collusion finance et politique est à nouveau mise à jour. Il reste à connaître les noms des Français ayant un compte bancaire non déclaré dans les banques suisses. On devrait, je pense tomber sur les mêmes ! Mais on n'y est pas encore. Jusqu'à quand tiendra le système ou plutôt jusqu'à quand supporterons nous ce système ? Je ne suis pas sûre que le changement puisse se faire sans événements violents, les tenants du système ont bien trop à perdre, les élections ne pourront être la solution. A suivre. Je conseille de regarder en différé "les femmes de la Méditerranée " émission passée sur France 2.

  28. outhier pascal dit :

    J'ai toujours pensé que Jérôme Kerviel n'était qu'un pion dans le grand labyrinthe du système financier.
    Ecoutez la chanson qu'on fait un trio de joyeux bretons, cette chanson résume tout (Ewem, Delahaye et Favennec). On y croit.

  29. naif dit :

    Je crois bien que cet article vient de faire mouche. Il faut remonter à la campagne présidentielle pour que le blog de JL Mélenchon dépasse les 16 ou 20 pages avant un autre article.
    France Inter ce matin les deux pin-pin L.Joffrin et C.Barbier n'ont pas débattu de ce billet bien évidemment. [...]

    [Edit webmestre : Apparemment, vous non plus, vous ne parlez pas du billet que vous êtes pourtant censé commenter. Y-aurait-il trois "pin-pin" ? ! Evidemment que les pages de commentaires vont s'accumuler si vous racontez tout ce qui vous passe par la tête...]

  30. FRUITIER dit :

    C'est une bonne chose de rappeler la pression que peut exercer un employeur sur son salarié et s'en servir ensuite pour excuser ses fautes. Kerviel est d'autant plus innocent qu'il est jeune, sans expérience de la vie, et sans doute fier de montrer à ses parents de conditions modestes qu'il sait gagner de l'argent.
    Je lis en ce moment "La voie - pour l'avenir de l'humanité" d'Edgar Morin qui montre notamment tout le mécanisme mis en oeuvre dans le monde du travail, public ou privé, pour faire en sorte que l'employé ne pense plus et d'en faire un bon petit soldat.
    Merci Jean-Luc d'avoir rappelé à l'occasion de l'affaire Kerviel ces mécanismes insidieux qui peuvent nous conduire les uns et les autres par besoin d'argent, par jeu, ou manque de recul, à commettre des bêtises. Ce n'est pas dû à tout le monde d'être libre penseur à l'esprit éclairé. La responsabilité de la Société Générale et de l'Etat doit être mis au grand jour.
    Je te soutiendrai dans cette démarche.
    Bien à toi.

  31. turmel jm dit :

    J'ai lu presque toutes les interventions comme à mon habitude. Presque (certaines, je n'ai peut-être pas suffisamment de talent mais... ouf). Ok c'est le système qui est responsable je partage, pas de pitié.
    Le trader n'est qu'un pion manipulé c'est exact. Il gagne bravo ! ils le "gavent" à souhait, il est fier comme Artaban et considère (peut-être ?) le cheminot, le travailleur qui défend son emploi en faisant grève comme un "looseur."
    Il perd, aie aie aie, là rien ne va plus. Il faut sauver la maison capitaliste et pour les patrons le trader n'étant qu'une prostituée, pas d'hésitation on le charge, on essaie de l'éliminer moralement, professionnellement, et... mais là c'est plus délicat.
    Morale de l'histoire si l'on peut dire. La SG est bien responsable, c'est elle qui doit être condamnée, quant au trader à l'allure de premier de la classe (cela ne m'est jamais arrivé serai-je jaloux ?), il est suffisamment minable comme ça le peuple l'a déjà jugé.

  32. Bernard dit :

    @ahmed 20 juin à 17h06
    "Kerviel innocent ? Ce trader ? Qu'on m'explique. Un trader n'est-il-pas par définition coupable ? Son rôle n'était-il pas de faire du "fric" un point c'est tout ?..."

    Non seulement tu dit ça en ayant rien lu, mais en plus c'est extrémiste ce que tu dit Ahmed. Il n'y a pas de petites injustices, il y a des injustices. Et pour être juste, on ne peut pas ignorer tout les rouages sur simple préconception des choses. Toute cause est méritante dès lors que nous parlons d'être humains quels qu'ils soient ! Et se préoccuper de l'urgence n'empêche pas nous préoccuper de tout les autres problèmes. Faut sortir des clichés philosophiques réducteurs et extrémistes. Car plusieurs petits problèmes ignorés peuvent, cumulés, devenirs les constituantes des énormités de demain.
    A part ça, très bonne initiative d'avoir rédigé ce billet très intéressant à lire. Dans le fond, ça remet en cause énormément de choses. Choses que beaucoup d'entre nous, heureusement, sommes conscients. Mais il ne faut jamais se donner la facilité d'abandonner l'esprit critique, sinon on se retrouve à dire des énormités comme le camarade qui m'a fait réagir ici.

  33. Mycroft dit :

    Bonjour Jean-Luc, Tu as tout mon soutien dans ton engagement en faveur de l'homme Kerviel. C'est d'ailleurs une question de cohérence pour nous. La SG a commis une faute lourde. Le Gouvernement a aussi commis une faute lourde. Il ne faut pas les lâcher et utiliser Kerviel comme bouc-émissaire pour une nouvelle fois justifier l'injustifiable. Ils clouent au pilori Kerviel et dans le "backoffice", ils continuent en toute impunité notre paupérisation pour toujours plus de profits!
    Le 4 juillet ne sera qu'une audience de conciliation. Kerviel et la SG constateront l'impossibilité de la conciliation, eu égard au montant demandé par Kerviel à la SG. Un calendrier de procédure devra intervenir pour permettre l'échange des pièces et des conclusions en vue de l'audience de plaidoirie. Il est certain que la SG ne se laissera pas faire! Mais ce procès est celui de la financiarisation de l'économie et de ce système fou dont nous sommes tous victimes!

  34. christian HOUPIN dit :

    Une fois de plus bravo ! Comme beaucoup d'autres sûrement, je sentais bien que Kerviel était un lampiste. Mais il y a tellement d'autres chats à fouetter ! S'intéresser à un cas pareil c'était un peu perdre son temps. Tout l'intérêt réside donc dans l'explication que tu viens de nous fournir et comme d'habitude c'est très clair ! Encore bravo donc.
    Je vois bien le titre d'un tract "J'accuse !" En l'écrivant je me dis que ça va pas être facile de trouver le journal qui publierais un tel truc en une. Ils sont ou les journalistes honnêêêêtes et objectifs et qui n'ont aucune pression et blablabla ! On ne lâche rien !

  35. Robert SOERNEC dit :

    Pour ceux qui voudraient se faire une opinion complète sur l'affaire:
    - le texte du jugement du 5/10/10
    - le texte de l'arrêt du 24/10/12

  36. breteau jean claude dit :

    Y-a quelque chose qui cloche après ce billet, c'est l'absence de réaction de l'ensemble du clan oligarchique. Motus et bouche cousue. L'argumentation serait-elle trop pointue, si difficile à contrer, nous aurions dès lors comme une forme d'aveu. J'espère que J Kerviel qui n'est pas un imbécile, va s'étonner de ce blanc médiatique. C'est quand même incroyable. Celui qui se casse le cul pour les prolo a quelques centaines d'euro par mois prend fait et cause pour un citoyen qui aurait pu et du en amasser sans compter. J'entends Elkabach,"mais Mélenchon de quel coté étes vous ?", Apatie "comment un homme de gauche que vous dites être, peut-il défendre heu... heu... !" Rien. La Société Générale doit se sentir bien seule, malgré le cordon sanitaire mit en place pour enrayer l'épidémie qui va s"etendre d'ici au 4 juillet. Joli coup. L'ex trader n'est plus seul. L'oligarchie à peur. Le coup gagnant est en train de foirer. Gare aux éclaboussures.

  37. Delarue Alain dit :

    Ex salarié du secteur bancaire, et militant CGT, je partage la totalité de ton analyse. Il ne faut pas que Jérome Kerviel soit condamné, il ne faut pas que ce soit le lampiste qui trinque pour Bouton et les autres banquiers complices.

  38. anne jordan dit :

    Oui, la menace est imminente !
    Elle va encore bien plus loin que l'affaire Kerviel. Je ne suis pas choquée par ce plaidoyer. Pour preuve, cet article qui rapporte les propos de la banque J.P. Morgan, avec des sous entendus qui font froid dans le dos, en particulier sur les "pays méditerranéens".

  39. jean-marc du 29 dit :

    Là tu poses la vraie question. La questions qui renvoie chacun à soi même et nous oblige à réfléchir, à ne pas être trop "tout est noir ou blanc".
    Bon ce mec a choisi son métier sans aucune arme sur la tempe. Je te trouve rapide à l'excuser car, comme nombre de citoyen contre lequel échoue toute argumentation logique et qui choisisse le camp de la grande consommation et nous jugent comme des idiots des cavernes. Oui comme ceux qui t'accuse d'être responsable de la mort ou de blessures, des antifa faites par des fascistes ultra - comme on accuse la femme violée de sa "mésaventure". L'Histoire montre qu'il y a des cambouis qui tâchent quand on y a mis les mains, sales ou propres. Cependant, il ne faut pas laisser ces banques faire la pluie et le beau temps ? Décider de quelle loi est bonne ou mauvaise pour elles. La loi est la loi, pour tous, également comme le stipule la Constitution. Nous sommes dans un pays capitaliste de droit comme ces banques l'ont créé pour l'essentiel. Et là, ce combat de faire respecter la règle de droit également pour tous, fait que je vais marcher dans tes pas.
    Mais c'est aussi le combat contre ce faux état de droit dans lequel nous vivons. Car le droit est avant tout une affaire pour régler la vie des hommes et pas seulement le droit de la finance. L’Humain d'abord.
    Lui a payé sa dette par tout ce qu'il endure actuellement. Il reste la structure qui lui a permis d'agir ainsi et ceux qui la dirige. Mais là, c'est aux juges de mesurer les fautes et de donner les sanctions. Il faut donc donner les moyens aux juges de faire leur métier.
    Il y a que nous pour amener le droit à cet endroit et à ce niveau. Les autres, tous les autres, y compris les roses ne veulent du droit que quand il les sert, ne cassent ils pas le droit du travail actuellement pour créer un peuple d'esclave à 2,89€ l'heure de travail comme cet ouvrier portugais dans la région d'Auvergne ?
    Alors oui que la justice reprenne son chemin.

  40. Bélatar dit :

    Un vrai polar financier et une affaire d'Etat. Un Etat consentant à la manipulation bancaire. Kerviel n'est qu'un pauvre aliéné qui croyait dans le système, isolé et sans collectif de travail dans lequel discuter du respect des règles de l'art (la mise en concurrence des salariés par le management par objectifs rend difficile de tels collectifs). Il était soumis à l'ordre établi qui, sans la crise des subprimes, l'aurait été gratifié et félicité. Un bon petit soldat au service de son entreprise.
    Cela pose la question du consentement des salariés aux pires de ce qui existe dans les organisations du travail. Quand toute éthique est oubliée, toute règles de métier est sabordées pour apparaître plus malin que les collègues. Une question qui dépasse bien la SG et pose aussi des questions aux syndicats. Comment faire en sorte qu'un métier ne soit pas avili et les salariés avec ? Enfin, une société a-t-elle vraiment besoin de traders ?

  41. Sylvain dit :

    Ce que je trouve intéressant dans cet article, c'est que Jean-Luc affirme sans détour et de manière catégorique "Kerviel est innocent!" et nous démontre pourquoi il l'est. Là-dessus, chacun va dire qu'il est d'accord ou pas mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Ce que je vois de clair de cette démonstration c'est qu'on ne peut se considérer innocent sans que la justice le valide. Et ça, c'est marquant. L'innocent est le sacrifié et même "l'enfant sacrifié", d'après l'étymologie du mot. Dans le cas précis, Kerviel est l'inexpérimenté qu'on conduit à l'abattoir pour services rendus, au nom de "l'intérêt supérieur". A lui d'avoir la force de le faire valoir et de le faire savoir. A nous de prendre conscience que ce système nous sacrifie, appuyé qu'il est par le pouvoir en place. Le combat est rude parce que nous ne prenons pas suffisamment conscience qu'il dépend de notre engagement à y prendre part ou pas. Seuls, nous ne pouvons rien. Ensemble, nous vaincrons. Mais rester des laquais au service du renoncement ou la résignation voire la passivité béate d'ingénus idiots fera de nous tous des esclaves corvéables pour l'éternité. Pour moi, c'est un rappel et un avertissement. "Marche ou crève; renonce, résigne-toi nous dit-on en filigrane", chaque jour. "Qui ne dit rien consent" et chaque jour, Jean-Luc dénonce. C'est la preuve qu'il est à sa place, là où il se trouve sans courir hypocritement après les privilèges. En l'état actuel des choses, je plains beaucoup Christine Lagarde. Je l'imagine aussi victime du système et tout aussi innocente que Parisot ou Le Pen. Aux innocents les mains pleines. C'est curieux comme les choses nous sont souvent présentées mais je saus aussi que ça fait aussi partie de la propagande. Quand je pense que les suffragettes se battaient pour leur reconnaissance...!

  42. françois dl dit :

    Suite à la prise de position de Jean Luc, l'absence de réaction médiatique est en elle même une forme de réaction probablement dûment réfléchie et imposée. Le coup de maître qu'a joué Jean luc a dû sidérer le camp adverse. Les chiens de garde ont reçu l'ordre de la fermer. S'ils calomnient ils en parlent et s'ils en parlent les gens sauront. L'ampleur du silence est révélatrice de l'embarras dans lequel les milieux concernés doivent se trouver.

  43. Paillette dit :

    Juste après avoir lu l'article de Médiapart, je lis ce plaidoyer. Je comprends mieux maintenant ! Merci Monsieur Mélenchon pour cette démonstration très claire. j'espère que JK gagnera aux Prud'homme.

    [...]

  44. coupa rené dit :

    Merci à Jean-Luc Mélenchon de rejoindre le Comité de soutien, non pas en leader pour récupérer des voix mais en simple soldat combattant comme il dit. Il a des idées politiques qui ne sont pas les miennes mais le plus important c'est qu'il a le sens des valeurs, des valeurs qui sont les miennes, l'horreur des magouilles et la défense des opprimés, des faibles contre la collusion comme il dit, de l'Etat et de la Finance

  45. galanga dit :

    Ce texte est magnifique. Politiquement, il est d'une grande valeur, humaine et républicaine, ainsi que stratégiquement. Du point du vue littéraire aussi, je le trouve très puissant. Ainsi, une fois finie la lecture, je comprends mieux l'allusion à l'affaire Dreyfus au début du texte, que j'avais trouvée un peu étrange de prime abord. Votre texte est bien un "J'accuse" de Zola, l'écrivain engagé, remis en pleine vie par le souffle de Mélenchon, l'engagé écrivain. Et surtout, surtout, merci infiniment. Car j'ai tout compris de ce que ce billet explique.
    Eh oui, voilà, Kerviel est innocent. Étrange phrase. Réalité si improbable, tellement la propagande fût réussie. Réalité quand même. Et voilà le corolaire. La SG, C. Lagarde, son toutou de cabinet, tous, sont très vraisemblablement... vous savez quoi.

  46. naif dit :

    françois dl dit à 19h29
    "Suite à la prise de position de Jean Luc, l'absence de réaction médiatique est en elle même une forme de réaction probablement dûment réfléchie et imposée.... Les chiens de garde ont reçu l'ordre de la fermer. S'ils calomnient ils en parlent et s'ils en parlent les gens sauront. L'ampleur du silence est révélatrice de l'embarras dans lequel les milieux concernés doivent se trouver."

    C'est ce que voulait dire mon message N°330. Joffrin - Barbier sur France inter ce matin. Silence radio. Ce n'était donc pas hors sujet. Je me sens moins pin-pin. Merci François d'avoir parfaitement résumé ma pensée ! Le silence est de la communication voire de la politique.

  47. michel caburet dit :

    Il semble que ces chers médias ne se bousculent pas pour parler de cette affaire. J'ai quand même vu un article sur Libé. Mais à la télé ? Rien me semble-t-il. A la radio ? Je crois surtout que les médias montrent J-L quans ça peut faire du buzz, mais là, le système est directement mis en cause, à commencer par le système financier, le système judiciaire, et certainement le système politique. Alors, pas de vagues et Mélenchon, on verra plus tard, peut-être.

  48. Ouilya dit :

    @ François,
    Vous avez raison.
    Ce silence assourdissant et général des médias n'est qu'un aveu. Non, là Jean-Luc a fait mouche, ils sont cloués au mur. Monsieur Mélenchon fait trembler la voyoucratie ? Tel le Cahuzac venu casser du Mélenchon devant les téléspectateurs (à revoir, rien que pour le plaisir), sachant ce que l'on sait aujourd'hui du personnage si hautain. Puisque tout le monde se tait, nous en famille, nous photocopions et oublions un peu partout, notamment dans le train Le "Kerviel est innocent !"

  49. Jean-Pierre GODELLE dit :

    Magnifique exposé, Jean-Luc, et courageux. Si quelqu'un du Front De Gauche t'en voulait pour cela, ce serait vraiment dommage ! Car tu demontres une fois de plus ton intégrité et la chance que nous avons tous d'etre inspires/aspires dans la lutte pour L'Humain d'Abord et dont l'une des pierres angulaires devrait etre L'honnêteté. Alors, je te dis aussi pour ce combat et cette prise de position tout simplement merci. "La fin ne devrait jamais justifier les moyens". Tu aurais pu avec les loups et les hypocrites choisir d'attaquer l'infame et inconscient trader au nom de la lutte contre les gros sous. Tu as préféré demontrer que c'est le système de la finance qui est en cause, ce système sans merci ni pitié qui, une fois l'être humain utilisé (car qui manipule/ait qui dans cette histoire si ce n'est la banque?!), le condamne, le rejette, le broie, l'oublie. J'en passe et des meilleures! [...]

  50. Vinnie Reb dit :

    Les prud'hommes vont juger mais l'on aura leur décision que dans quelques mois, sans compter la pression qui va s'exercer sur eux. Il ne faut pas se faire d'illusions. Si JK gagne en première instance, la SG va faire appel. Rebelote, encore 1 an, voire plus, avant d'avoir une décision. Sans parler que l'affaire pourrait être portée en Cassation, si la Cour d'Appel ne rend pas un verdict favorable à la SG. Peut-être que d'ici là, le FdG sera au pouvoir... en 2017. Qui sait ? Mais quelle que soit l'issue de toute cette procédure, il est certain qu'il en ressortira une jurisprudence des plus intéressantes - pour ou contre les salariés, s'entend.


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