20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. François VOISIN dit :

    Certes, Kerviel est un bouc émissaire, cependant il est bon de rappeler que chacun d'entre nous à le pouvoir de se soumettre ou de refuser des ordres ou objectifs contraires à notre conscience. Bien évidemment les conséquences ne sont pas les mêmes, mais à force de tout accepter, on voit dans quelle situation nous sommes aujourd'hui. On parle beaucoup de la responsabilité individuelle dans les entreprises quand il s'agit de mettre en cause les erreurs des salariés et on critique un salarié qui refuse d'accomplir une tâche contraire à sa conscience.
    Même si je ne suis pas un adorateur des traders et qu'ils portent une lourde responsabilité dans la situation économique et qu'ils ont le pouvoir de dire "ça suffit", je pense qu'il faut néanmoins défendre Mr Kerviel contre les prédateurs que sont ces banques d'affaires.

  2. Sergino dit :

    Les déboires de JK sont aussi à mettre en parallèle avec la mansuétude du gouvernement Solférinien vis-à-vis de ses évadés fiscaux invités cordialement à régulariser leur situation. En quelque sorte, il bénéficieront d'une amnistie par anticipation !

  3. paumier dit :

    Je découvre l'affaire Kerviel sous un angle nouveau et je suivrais avec attention la suite de cette affaire aux prud’hommes (si cette juridiction d'exception ne se déclare pas incompétente).
    En tout cas bravo, d'affronter la finances par un exemple concret.

  4. Stéphane dit :

    Bonjour,
    Déjà merci beaucoup pour ce récit clair et précis. Effectivement, comme beaucoup, je me doutais d'une arnaque mais la dimension est, comment dire... surréaliste.
    Nous avons un banque malhonnête, cela dit de nos jours c'est un pléonasme, un membre de gouvernent à la solde, ça aussi c'est un pléonasme, puis un juge... Où, je suis le plus troublé dans votre récit, c'est l'attitude du juge. En effet, comment, pourrait-on un jour sortir des couacs permanents qui autour notre vie quotidienne, si la "justice" n'est plus à sa place ? Les fautes graves commises par les différents intervenants de cette histoire sont tellement énormes que l'on peut se demander légitiment, si il y a encore quelqu'un au commande ?
    Maintenant, sur l'innocence ou la culpabilité de M. Kerviel, je n'ai pas à me prononcer. Je ne vois pas le monde à travers ces mots réducteurs. Par contre, je vois le machiavélisme d'un système et le nombre exponentiel de pantins pilleurs.
    J'essayais d'imaginer la charge qui pose sur vos épaules lorsqu'on embrasse une cause comme celle-ci et je crois que seul un homme libre peut le supporter.
    Merci d'être là.
    Stéphane.

  5. jean ai marre dit :

    J'ai lu avec intérêt tous les commentaires, et tous sont unanimes pour féliciter Jean-Luc. Je me suis exprimé sur le sujet @41.
    Attention de ne pas trop en faire, comme il est écrit "Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche".
    C'est le propre de tous les cadres qui travaillent par rapport aux objectifs fixés par sa hiérarchie lors de l'entretien annuel. Faut pas oublier que dans cette forme de management, nous signons pour valider notre accord sur en principe 5 objectifs à atteindre. Une question que personne n'a posée. Est ce que l'intéressé J Kerviel est d'accord ?

  6. C'est comme d'hab, ce sont les plus consciencieux les plus dévoué à leurs partons ou à la boite qui les emploie qui sont le plus mal traité au final. Il nous reste la misère, la prison et parfois la mort.

  7. Sylvie Vis dit :

    ...Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé...

    Ce qu'il fallait démontrer M. Mélenchon ! C'est un vrai courage politique que de prendre la défense de Jérôme Kerviel, car en effet, beaucoup d'entre "nous" (vous vous reconnaîtrez !) se disent sans doute mais que fait-il ? Prendre la défense d'un trader quand le monde ouvrier va si mal. C'est un peu reconnaître les besoins vitaux du loup que l'on a fait entrer dans la bergerie.
    Oui, la société veut abattre Kerviel parce qu'il est le Dreyfus de notre XXI siècle ! C'est un fusible qui vient de sauter. De nombreux autres sont sur la sellette.
    Oui il n'a été qu'un pion au service du système ! Il a été instrumentalisé par la banque qui a besoin d'un exemple pour se racheter une conscience !
    Je voudrais rajouter qu'en tant que prof d'école à la retraite, notre valeureuse institution qu'est l'Education Nationale se rend complice de ce système en fermant les yeux hypocritement et en n'expliquant pas aux enfants ce qu'il adviendra d'eux plus tard. Sous couvert de valeurs républicaines et même humanistes que nous avons tous à cœur (normalement telle est notre mission) d'enseigner, nous "orientons" nos enfants vers des avenirs professionnels qui vont à l'encontre de ces valeurs. Ils n'ont pas conscience lorsqu'ils font partie de l'élite de demain, que la grande école qui a la charge de les former, se charge en fait de formater leurs esprits pour qu'ils collent au mieux à ce que l'on attend d'eux. Quelle surprise quand ils passent derrière le miroir comme Jérôme Kerviel. Le gâteau est amer !
    Non ! Réussir sa vie ce n'est pas forcément réussir dans la vie. Quand on fait partie d'un système, l'indépendance d'esprit, c'est peut-être à ce prix !

  8. gerald rossell dit :

    Cette rupture dans les représentations est magistralement vitale.
    Voir la réalité sous un autre jour permet de mieux comprendre la réalité.

  9. Claude G. dit :

    Merci beaucoup, Jean-Luc, pour avoir si bien expliqué et démonté le système qui détruit socialement, en fin de comptes, Jérôme Kerviel. Si une pétition circule, je la signe volontiers. Bravo pour ton courage. Nous sommes avec toi. Et revoici Mme Lagarde.

  10. phil68 dit :

    J'avais vu le passage de Kerviel chez Ruquier, au cours duquel il dénonçait les pratiques de la finances, auquel il a bien sûr participé un temps. Je m'étais dit, presque sous la forme d'une boutade, qu'il devrait "se joindre à Mélenchon"... Voila chose faite.
    Si vraiment vous pensez que Kerviel est innocent, alors je vous soutiens à 100%.

  11. OPTIMIST dit :

    Affaire Kerviel, deux affaires dans une:
    1- La SG veut masquer ses énormes pertes dues aux surprimes.
    2- Trouve le lampiste idéal du pilote zélé qui mène sa Société à la victoire. Sérieux et attentif qu'il est au volant, capable de bien maîtriser ses virages, dans son dos, ses maîtres jouent à son insu, freinent puis accélèrent le bolide et c'est l'accident, droit dans le mur.
    Un crime presque parfait avec, en bonus, une dot de l'Etat de 1,7 milliards pour payer cet enterrement de 1er classe. Ai-je bien compris le fond?
    Merci Jean-Luc de ta pertinence, de cette intelligence et cette clairvoyance hors norme. Cette défense originale rejaillit positivement sur un "public" différent du notre, une façon d’exprimer notre ouverture, notre tolérance et nos convictions pour le bien de tous, non sélectives. Un bon jardinier sait qu'il faut d'abord semer sur une bonne terre avant de récolter ses fruits. Patience mes amis, le terrain est fertile, la pousse est jeune mais tellement vigoureuse avec un collectif de jardiniers toujours plus important et expert pour s'en occuper.

  12. jaydes dit :

    Même si je suis d'accord qu'il ne faut pas tout mettre sur le dos de cet employé, aucun de ceux qui travaillent dans les salles de marché est innocent. Chaque jour des milliers d'emploi détruits et sacrifié sur l'autel de la rentabilité.
    Qu'on ne vienne pas me dire que ces gens ne savent pas ce qu'ils font. Alors je vois déjà le tableau d'ici, les manager seront tenus responsable, ils démissionneront avec un joli "golden parachute" ils trouverons un nouveau job dans les jours qui suivront dans une des autres entreprises de leurs connaissances. Le petit employé sera lavé de tout soupçons et nous pourrons continuer comme si de rien n'était.
    J'aimerai bien que ces manager soit interdit de bosser à de hautes fonctions ou au moins qu'on leurs fasse payer. En attendant ils peuvent compter sur nous pour essuyer une fois de plus leurs erreur. Il faut arrêter ça, vous faites des erreurs, maintenant a eux de payer.

  13. Nicks dit :

    Défendre Kerviel à ce stade n'est pas le dédouaner de ses propres responsabilités et lui pardonner ses propres turpitudes, c'est mettre en exergue le fonctionnement d'un système qui se protège en sacrifiant ses propres soldats, pour mieux nous asservir tous. C'est le système qu'il faut dénoncer et mettre à bas...

  14. Patrick Cintract dit :

    Bravo et merci de mettre en relief cette ignominie.

  15. Deuzelle dit :

    Bravo !

  16. Eric Dussin dit :

    Le billet sur l'innocence de JK (Il s'agit bien de Jérôme Kerviel, et non des initiales d'un ancien ministre du budget...) est bienvenu. Il nous renvoie à l'obligation de faire la part entre responsabilité collective et responsabilité individuelle. Je n'aurai pas la présomption de clore le débat sur le sujet.
    On ne peut être qu'en accord avec l'auteur du billet. Il est intolérable de stigmatiser et de broyer un individu, de concentrer sur celui-ci toutes les fautes d'un système, d'une organisation criminelle ! Même si celui-ci a pris part et a été, parmi d'autres, l'agent exécuteur du crime. Il n'est pas acceptable de laisser les organisations financières monstrueuses et criminelles poursuivre leurs œuvres d'asservissement contre les peuples, tout en livrant de temps à autres l'un de leurs agents sur l'autel des sacrifices, pour apaiser la vindicte populaire.
    Toutefois, j'ai du mal à accepter qu'on exonère les individus de leurs responsabilités personnelles. L'humanisme, c'est reconnaître que nous disposons d'un libre arbitre, et que nous devons assumer les conséquences de nos choix, de nos actes, de nos engagements fussent-ils professionnels. Le lien de subordination n'excuse pas tout.
    Le rédacteur du billet écrit : "Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça..."
    Ce n'est pas inexact, mais l'être humain, "être social", est également doué de raison et d'esprit critique. Il ne peut être assimilé à d'autres êtres sociaux, comme fourmis ou abeilles, qui "exécutent" sans trop s'interroger. Celles et ceux qui n'ont pas vu, qui ne savaient pas, qui n'entendaient pas, ne voulaient ni voir, ni savoir, ni entendre.
    L'histoire nous a appris qu'il est des occasions où la désobéissance est un...

  17. Fromentin dit :

    Bravo ! Camarade,
    Tu n'es que du bonheur ! Merci de démonter la gueule de la voyoucratie banquière. Il faut juger, incarcérer ces escrocs, juger la suceuse du nain !
    Innocent, lui, sans doute, mais les affameurs, continuent de sévir. C'est une bonne cause pour démonter le jeu de dupe que nous présente le politique d'hier mais aussi d'aujourd'hui.

  18. Citizen Ben dit :

    Bravo Jean-Luc,
    Toujours aussi brillant, et toujours dans l'humain d'abord. Et quand bien même cet humain là n'est pas a priori l'exemple type du "camarade", pourquoi devrait-on s'en détourner, et surtout comment l'ignorer tout en restant cohérent ? Quel qu'il soit, un être humain n'a pas a devenir la victime désignée d'un système, a fortiori pour permettre à nos vrais "ennemis" de s'émanciper de toute responsabilité et de s'en remettre une louche sur notre dos.
    Et si nous ne réagissons pas qui le fera ? Depuis le début de cette histoire je sens, comme beaucoup, un gros malaise et un énorme flou savamment entretenu par trop de certitudes médiatisées. Merci à toi de savoir transcrire clairement ce qui nous semble parfois délicat à expliquer à d'autres.

  19. carlos dit :

    Dans le passé, j'ai moi même travaillé en bourse et, le contrôle des traders y est permanent, immédiat sur toute prise de position. Il y a les chefs de salle, de rang, par spécialité, etc. En plus tout ce qui se passe est surveillé, analysé instantanément. Des logiciels inhumains signalent automatiquement toute dérive. Cela s'appelle le "back office". Si Kerviel a pu se tromper en prenant des positions erronées, c'est qu'on l'a laissé faire.
    A la barre, il devrait y avoir une cinquantaine d'accusés, dont la direction au complet qui laisse faire n'importe quoi pour gagner plus ! Pauvre Kerviel qui croyait bien faire, faire plaisir, épater les copains. C'est pas une banque, c'est un foutoir que cette Société où les agents et la direction des opérations sont incompétents.

  20. MAHIEU dit :

    Merci JLM
    Merci pour cette défense ardente, merci pour lui. Merci pour nous. Avec ce coup de projecteur efficace sur le brouillard des faits somme toute restés assez obscurs aux communs des mortels, tout est devenu soudain très clair. Bravo.
    Il faut le sortir à tout prix de cette nasse.

  21. Ablubre Gordon dit :

    A quel syndicat anti-libéral M. Jérome Kerviel était-il affilié? De quelles associations altermondialistes (Attac etc.) faisait-il partie? De quelles associations militant pour le remboursement de la dette des pays pauvres (CADTM etc.) faisait-il partie? Etait-il ignorant au point de méconnaître les travaux majeurs des économistes altermondialites ou atterés? Etait-il ignorant au point de méconnaître les conséquences désastreuses de l'accélération de la rotation du capital et de sa concentration entre quelques mains? Quelle était sa banque personnelle au moment à l'affaire éclate? Avait-il choisi une banque ne possédant aucun paradis fiscaux dans le monde? Avait-il pris le soin de trouver la liste des établissements bancaires qui relèvent de ces critères? Où investissait-il les les avoirs conséquents qui lui apportaient ses salaires et ses différentes primes? Le faisait-il en privilégiant des placements éthiques respecteux des populations qui n'ont pas la chance de disposer de certains leviers de commande? Avait-il voté pour le oui ou pou le nom au Traité constituionnel du 29 mai 2005? Pour qui a-t-il voter en 2007 et en 2012. A-t-il soutenu des candidats de droite ou de gauche qui sont revenus indrectement mais résolument sur le vote des Français de 2005? M. Jérome Kerviel est-il doué de conscience et est-il capable même quand il est pris dans un rouage qui le dépasse et l'amène à faire des choses qu'il réprouve (nous le sommes tous à des degré divers) de faire raisonnablement preuve d'un minimum de courage en contrariant un tant soit peu le système qui le broyera inéluctablement.
    "Si tu te plains de ton époque, demande-toi ce que tu as fait pour elle."
    "Ce n'est pas parce que le loin est endormi que c'est un chat".

  22. germinal23 dit :

    Entièrement de ton avis camarade, en aucun cas nous avions crus a la culpabilité de Jérome Kerviel, la Société Générale, imbue de sa toute puissance de banque, au dessus des lois, fait porter le chapeau au trader, pourquoi pas aux personnel de service, balayeurs, etc. paraitrait trop invraisemblable, la la période était favorable a la culpabilité du trader, puisque opinion public largement abreuver des sommes colossales que ceux ci manipulaient, des largesses, rémunératrices qu'engendrait leurs travail, d'où obligatoirement coupable. Mais la Société Générale prenait a cette époque et encore aujourd’hui le pekin moyen pour le dernier des pigeons. Elle a des méthodes de maffiosi, et d'ailleurs fait partie intégrante de Cosa Nostra. Parano, que neni, l'argent de la drogue, prostitution, racket, vol, etc. va directement dans les banques qui le prêtent aux Etats. Blanchiment d'argent. L'économie souterraine, la voila.

  23. diego dit :

    Que la hiérarchie de la SG soit responsable et donc coupable (au moins de défaut de surveillance), aucun doute. Que Lagarde ait aussi une responsabilité dans le sauvetage de la banque systémique aux frais du contribuable, guère de doute non plus. En même temps, pour l’instant, je n’ai pas vraiment vu d’exemple où, d’une manière ou d’une autre, une banque systémique n’est pas sauvée par le contribuable ?
    Reste J Kerviel, innocent ? A voir. Si la moyenne des bénefs que rapporte un trader est de 3 millions, que ne se contente-t-il alors, comme « bon soldat » du système, d’en rapporter 3,5 ou 4 ?
    « Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. »
    Pas tout à fait, justement. Parfois, il y en a qui refusent. Heureusement. J Kerviel, il se souciait des effets sur l’économie réelle de ses martingales (n’auraient-elles été que de 3 millions) ?

  24. TuYolPol dit :

    "Innocent" n'est peut-être pas le mot le plus approprié, cependant. Fusible, bouc émissaire, victime, bouclier. Tout le monde le sait, d'ailleurs. En droit, il est innocent, en morale il ne l'est pas. Kerviel est innocent en droit, soit.

  25. ahmed dit :

    @Bracam
    Merci pour votre commentaire. Oui, il faut faire payer "les hauts responsables" en priorité, c'est une évidence. Mais ces responsables n'auraient aucun pouvoir si les individus refusaient d'obéir et résistaient. Pour cela, il faudrait qu'ils aient un sens moral et c'est totalement incompatible avec la fonction de trader. Que pensait JK de nos idées avant ? A votre avis ? J'ose a peine l'imaginer. Ne l'oublions pas. Un trader est un opportuniste par essence. Je me souviens l'avoir vu sur un JT, et il me donnait l'impression d'un enfant gâté et capricieux pris la main dans le sac. J'avoue avoir beaucoup de mal à considérer cet homme comme une victime innocente. J'ai juste l'impression que cette personne qui avait l'habitude de flouer les autres n'accepte pas d'être à son tour floué.
    Jean Luc, fais attention, la SG et ses acolytes pourrait très bien retourner cet homme contre toi (ce n'est qu'une question d'argent). A moins que ce monsieur ait découvert à 36 ans qu'il avait des principes ?

  26. EMO dit :

    Bravo Jean Luc,
    Je relaye l'info dans mes réseaux.
    Tu es vraiment indispensable.

  27. Romain Kroës dit :

    Oui, il peut arriver qu'on prenne conscience à 36 ans. Car ce que faisait Kerviel était normal ! Tout le monde ne parle ici que de "voyous", de "connivence" et de "crime", mais c'est à des années lumières du problème. Est-il possible de demander un tout petit effort intellectuel pour répondre à cette simple question. Pourquoi les banques de dépôts et d'affaires étaient-elles séparées avant 1973, et pourquoi se sont-elles confondues depuis ? Pourquoi les banques commerciales sont-elles contraintes aujourd'hui de rechercher des titres de "valeurs" sur les marchés financiers, alors qu'avant 1973 elles se finançaient auprès de la banque centrale sur la simple base de leur production de crédits aux entreprises et aux ménages ? C'est d'un système, qu'il s'agit, pas d'une histoire de brigands. Et qui plus est d'un système qui repose sur des croyances collectives partagées y compris par les victimes. Dans votre interview à Die Welt, vous demandez pourquoi les Grecs soutiennent une politique qui lèse leurs intérêts. Très bonne question. Et la réponse est la culpabilité vis-à-vis de la dette et de l'inflation. C'est sur ces deux termes, qu'il faut argumenter en priorité, plutôt que de crier au voleur.

  28. Patrick Cazaux dit :

    Très camusienne, cette description de Kerviel en petit bourricot grimpant son sentier sans jamais se lasser. On a envie de dire : "Il faut imaginer Kerviel heureux".

  29. Gautier Daniel 16 dit :

    Pour moi qui suis client de la SG depuis 43 ans, j'ai enragé suite à l’affaire Kerviel de l'irresponsabilité de la SG dans cette affaire. J'ai voulu changer de banque mais malheureusement, c'est pas vraiment mieux ailleurs !
    J'ai toujours pensé qu'un chef d'entreprise digne de ce nom est responsable des agissements de ses salariés. Et que si JK a fait une faute professionnelle reconnue, il doit être licencié, point à la ligne.
    Et si lui estime injuste son licenciement pour faute lourde, il est normal qu'il fasse appel aux prud'hommes.
    Je comprend mieux à présent l'intérêt de la SG de faire porter le chapeau à Kerviel, car la banque pouvait ainsi créer le flou autour de ses déboires financiers dans l'affaire des sub-primes, et du même coup gagner 1,7 M d'€ de l'état avec la complicité de la sempiternelle Christine Lagarde, toujours prompte à piocher dans les caisses publiques, pour ses amis de la finance.
    Merci Jean-Luc d'avoir éclairé nos antennes, et nous allons maintenant soutenir JK, pour la justice, contre la finance, et faire connaître ton exposé sur son cas, à tous !

  30. Francis Martin dit :

    Incidemment les Grecs devraient relativiser leur situation économique, Le FMI aux mains d'un directeur qui attribuait plus de neurones à son sexe qu'à son cerveau à laisser la place à une directrice qui s'illustre par sa sollicitude et sa servilité auprès des nantis de sa connaissance sans même semble t'il faire la différence entre les intérêts de l'état et l'intérêt de quelques particuliers dont elle clame qu'ils "peuvent user d'elle à l'envie". Pour J Kerviel, peut être mesure t-il pour la première fois ce que la rémunération de certains a d'indécent pour un smicard à qui l'on précise qu'il lui faudrait plusieurs siècles de labeur pour en égaler le revenu.

  31. Jean-François dit :

    Merci pour ce billet très intéressant ! Nous étions très peu depuis le début de cette affaire a dire que Kerviel n'était qu'un bouc-émissaire jeté en pâture. Merci beaucoup pour votre travail et bonne continuation. Salutation militante.

  32. Jean Pierre Aulagner dit :

    La responsabilité première d'un républicain n'est pas d'opposer son camp au flou hétérogène de tout le reste du paysage politique qualifié d'ennemi, la responsabilité première d'un républicain est de défendre la république, c'est à dire ses principes (au sens étymologique: ce qui vient en premier), principes qui sont la justice et la tolérance traduits dans la devise : liberté, égalité, fraternité.
    Parce qu'elle est première, la justice républicaine est valable pour chacun, elle ne se monnaye pas, même pas dans la monnaie du mérite. Ainsi, parce que personne ne mérite la justice, personne non plus ne peut en être privé, chacun y a le droit. La pratique de cette responsabilité républicaine, qui défend la république au delà des clivages claniques, est la seule pratique qui permette de rassembler tout un ensemble hétérogène de gens différents dans un même ensemble, libre, fraternel et juste. Parce que c'est une force de rassemblement. C'est aussi la garantie pour chacun d'être singulier, d'être unique et d'être soi-même, et ce, à rebours des clichés et des préjugés qui veulent que la république soit uniformisante et réductrice au plus petit commun dénominateur, alors que le marché seul permettrait à chacun de s'épanouir dans sa particularité propre (foutaises !). Une force unificatrice n'est pas uniformisante car en créant un lien elle permet à chacun de s'écarter des autres sans danger d'être exclu, comme la corde qui réunit la cordée. La discipline républicaine ne va pas de soit. Elle demande un peu de subtilité et de prise de recul dans les choix des causes que l'on défend.
    Démonstration : Kerviel est innocent !

  33. colonel vabien dit :

    @ 221 Ablubre Gordon
    Le capitaine Dreyfus était-il pro communard ? Etait-il anti-militariste ? Etait-il seulement de gauche ? Jaurèssien ? Avait-il créé un comité de soldats ?
    J'aurais bien voulu que tu ailles au bout de ta démonstration. Tu poses toutes ces questions au sujet de Kerviel en sous-entendant quoi ? Qu'il ne faut pas s'attaquer à un déni de justice parce que la personne concernée n'a pas eu un comportement irréprochable ?

  34. SL? dit :

    Quelle brillante plaidoirie ! CQFD !
    Puisse le 4 juillet être marqué du sceau des Prud'hommes, au sens premier du terme (prodesse : être utile) et remettre sur la place publique les interrogations légitimes sur cette affaire de la finance nauséabonde.
    Oui, Kerviel est innocent, au même titre que tous les français qui ont obéi aux ordres du gouvernement Pétain. On peut regretter son aveuglement quant aux désastres que son activité générait, regretter son manque de recul et d'analyse éthique, regretter sa servilité inconsciente. Mais enfin, n'a-t-il pas parfaitement répondu, brillant élève, aux injonctions du notre société dite moderne "Fais du fric !", "travaille plus !", "sois le meilleur !" mais aussi "Accélère !", "Accumule !", "Encore, plus, tout de suite !", "Ne réfléchis pas !", "C'est bien petit, à ce rythme, tu auras bientôt ta Rolex, tu seras quelqu'un !".
    Comme le dit Sylvie Vis à juste titre (@207), "Sous couvert de valeurs républicaines et même humanistes (...) nous "orientons" nos enfants vers des avenirs professionnels qui vont à l'encontre de ces valeurs. Ils n'ont pas conscience(...que l'école) se charge en fait de formater leurs esprits pour qu'ils collent au mieux à ce que l'on attend d'eux." Pauvre petit bouc émissaire, victime de vouloir être bien adapté. Le positif est que son expérience lui donne sans doute le temps de réfléchir, de comprendre sa responsabilité individuelle et de reconstruire une représentation plus humaine du monde. Cela m'évoque le témoignage de Marc de la Ménardière, jeune cadre dynamique promis à un brillant parcours professionnel, fréquentant les VIP New Yorkais, les people, qui raconte sa prise de conscience, suite à un accident malencontreux qui l'immobilise 2 mois 1/2.
    Il y a de l'espoir mes amis, cultivons notre jardin, nos fleurs rouges et vertes sont magnifiques !

  35. Jean Paul ROY dit :

    Je suis entièrement d'accord avec votre demonstration et son argumentation qui est très claire dès le début toute cette affaire sentait l'arnaque. Je pense aussi à ces milliers de petits déposants de la Société Générale dont je fais partie et qui ont vu les frais bancaires, les commissions sur tel ou tel service augmenter considérablement. Je supporte votre combat, non par rapport à Kerviel le trader, qui reste malgré tout un être humain qui à le droit à ma Fraternité, mais à la révélation d'un système pourri qui ne bénéficie qu'à une certaine frange minime d'individus à travers le Monde et qui ne vivent que de l'effort, de la souffrance et sur la misère de la plus grande part de l'Humanité

  36. A ce sujet, j'invite tout le monde à se précipiter chez le marchand de journaux afin d'y prendre connaissance des pratiques boursières développées dans les détails par le magazine Science et Vie de Juin. Toute la rouerie et le mécanisme banquier est démonté et étalé. Ces gens là sont nés sans cerveau, ou plutôt seulement la petite partie qui permet, au mépris de tout (et par dessus tout) d'engranger des bénéfices absolument mirobolants par le biais d'ordinateurs et de fibres optiques spécialement dédiées qui fonctionnent au 1/1000 de seconde afin de gruger l'adversaire du marché. Tout ceci bien entendu au préjudice de ceux qui bossent et produisent les richesses qui nous sont nécessaires pour vivre. Si vous ne comprenez pas que le travail n'est devenu qu'une variable d'ajustement alors la nature humaine vous demeurera absconse à tout jamais.
    Les compagnies bancaires n'ont tout simplement aucun état d'âme et investissent des centaines de millions d'euros pour des circuits technologiques qui vont grapiller 2 millièmes de seconde dans leur destin funeste de spolier des centaines de millions d'individus sur la planète. Si vous sortez indemne de cette lecture alors vous êtes en capacité de tout accepter de vos bourreaux. Si cela vous interpelle, alors il existe une petite chance pour un avenir meilleur, mais attention, cela ne se fait pas sans heurts et sans déranger son quotidien.
    C'est à cet instant précis que commence le militantisme !

  37. Sébastien dit :

    Merci pour ce billet très clair. La liberté d'expression et le sentiment intérieur de justice forment le débat citoyen. C'est donc parfaitement légitime d'exprimer ainsi ses doutes et même très convaincant. Merci, vraiment, pour cette participation plus qu'active à la vigilance critique qui doit habiter chaque citoyen.

  38. marie dit :

    @jean ai marre
    Est-ce que l'interessé peut ne pas être d'accord ?

  39. Gerard Pitrou dit :

    Bonjour Jean Luc,
    Moi qui suis un lecteur depuis longtemps de F Lordon et des économiste atterrés, et aussi un noniste convaincu sur l'europe qui détruit les peuples, les nations et les biens publics dans sont ensemble, je comprends complètement camarade ta position et ton engagement sur cette affaire. La folie furieuse du capitalisme dérégulé qui à conduits au collapsus de septembre 2008 est à arraisonné de toute urgence, et les lampistes ou bouc -émissaires que les médiats nous jettent en pâture sous prétexte de moralisation du capitalisme sont des impostures caractérisées qu'il faut dénoncer et révéler. En défendant JK, et si le jugement réussi, alors c'est toute cette saloperie néolibérale qui sera mise à l'index et ses admirateurs et valets politiques avec.
    Donc félicitation et courage pour tout ce travail de combat et de conscientisation.
    Salutation et fraternité.

  40. PG PAULETTE dit :

    Le billet de Jean-Luc est devenu ma drogue ainsi que les commentaires qui en découlent. Toutes les injustices de ce monde me donne les larmes aux yeux. Cela prend beaucoup de mon temps, mais voila c'est ma drogue depuis 9 heure ce matin je suis avec les commentaires. Zut, j'en ai oublié de me mettre a l'écoute de RTL a 12h50 afin de suivre Jean-Luc Mélenchon. Je suis très contente de constater que la très grande majorité est en faveurs de JK. Quelques râleurs, c'est vrai cet emploi n'est pas le plus digne, mais celui des personnes fabriquant des armes, les chercheurs qui découvrent des formules très ingénieuses mais parfois utilisé a mauvais escient. Faut ils accabler toutes ces personnes. Non je ne le pense pas. Ceux qu'ils faut accabler sont ceux qui les utilisent différemment, ou qui utilisent abusivement. Que dire de tous ces grands dirigeant de société qui détruisent des milliers de personnes par la suppressions des emplois. Et qui ensuite après leurs méfaits se retrouvent avec des salaires inimaginable pour les ouvriers que nous sommes, ou perçoivent des retraites dorées. Puis qui sont très replacés de nouveau a la têtes d'entreprises toujours plus importante les unes que les autres. Nous constatons que partout cela se passe de la sorte une fois infiltré dans les hautes directions s'ils en sortent c'est pour être a nouveaux a la direction d'une autre. Et ainsi va la vie, ce sont les mêmes que l'ont retrouve aux endroits décisionnaires, et évidemment salaires démentiels a l'appui.
    Je tiens a remercier le webmestre pour sa réflexion qui m'a redonner un petit moment le sourire, me surprenant moi même a en rire toute seule [Edit webmestre: Dites donc, voici deux messages identiques mais pas terminés que j'efface avant celui-ci... Vous êtes prié de ne pas faire tous vos brouillons sur ce blog. Peut-être que si vous écriviez des choses plus spontanées ?]
    Merci a tous et à JL à qui je demande de poursuivre ses écrits, ses discours et mon éducation civique.

  41. Jmk011 dit :

    Innocent J. Kerviel ? Là Jean-Luc tu me déçois profondément, et ce pour la première (et j'espère dernière) fois. Cet individu, majeur et vacciné, a choisi son camp, celui du capitalisme financier contre lequel nous nous battons tous les jours et qui a fait et continue à faire tant de dégâts dans notre société. Il a joué et il a perdu, point barre. Ce personnage a fait perdre quelques milliards à la SG et à ce titre c'est nous contribuables qui allons renflouer cette banque. Et tu voudrais qu'il soit innocenté ? Et pourquoi pas félicité en plus ? Et tu consacres un numéro entier de ton blog à vouloir innocenter ce "bankster" ? Les bras m'en tombent.
    Alors vite un autre blog consacré à des sujets qui en valent vraiment la peine. Et aussi : prends un peu de repos, il me semble que tu en as besoin !

    [Edit webmestre : Vous avez le droit d'exprimer un point de vue divergent. Tant que vous être dans le sujet et restez correct, pas de problèmes. Mais je vous recommande avec insistance de quitter le ton condescendant que vous employez à l'égard de Jean-Luc Mélenchon. Si quelqu'un a besoin de repos ici, c'est vous apparemment. Vous avez également besoin de lire le billet que vous prétendez commenter même s'il "n'en vaut pas la peine". Alors vous ramassez vos bras qui sont tombés, et vous vous ressaisissez, sinon, du repos, je vais vous en offrir. Du moins sur ce blog.]

  42. jey37 dit :

    L'aspect le plus important de ce billet est, je crois, l'action prud’homale. On peut avoir le vertige devant les sommes extravagantes en jeux, on peut remettre en cause le système qui aboutit a cette absurdité, mais au bout du compte la saisie du conseil des prud'hommes remet l'affaire dans sa juste perspective. Celle d'un salarié face au cynisme de son employeur. Oui ce salarié à des opinions politiques certainement différentes des miennes, oui il a participé et profité d'un système que j’exècre mais au final ce n'est que le combat d'un homme face à l'inhumanité d'un système et c'est bien notre place que d’être à ses cotés. Qu'elle s'applique a un trader, a un capitaine de l'armée ou à un ouvrier de chez Michelin, l'injustice doit être combattue partout ou elle sévi.
    Bravo Camarade

  43. Eric dit :

    J'appuie votre démarche Jean-Luc Mélenchon. A la suite de l'inculpation de Kiervel, la coupe était pleine et quittait la SG pour la banque La Nef. Jamais de retour sur banque traditionnelle.
    Persuadé du bouc émissaire qu'est Kiervel honteusement inculpé par la SG sous couvert de l'État. Il suffit. Il faut parler cette profession pour qu'eux mêmes comprennent leur responsabilité, le déshumanité et leur exploitation.

  44. Max Bézard dit :

    Jean-Luc, votre démonstration me pose problème lorsque vous désigner M. Kerviel comme un génie de la finance actuelle, c'est à dire de l'extorsion. Le protocole est d'être celui qui pressera le plus fort le citron et ce personnage ne pouvait l'ignorer. Ce n'est sûrement pas ce génie qui lui a permis de multiplier ses gains par 500 par rapport à ses collègues, qui sont eux, limités. Je pense que la hiérarchie de M. Kerviel l'a sciemment poussé à faire ce qu'il a fait pendant ces années, dans l'attente de ce que les banques savaient qu'il allait se produire tel un retour de manivelle des prêts toxiques. M. Kerviel n'est pas le fusible, il est l'instrument que l'on jette après en avoir trop usé en prétextant un défaut de fabrication. Le fusible, c'est nous, les contribuables.

  45. dfi dit :

    J'ai lu et relu le blog de Jean-Luc Mélenchon ainsi que les commentaires. Pourquoi ne pas créer un fond de soutien qui permettrait à Jérôme Kerviel de se défendre correctement et d'apporter la preuve de ce qu'il avance.
    Ce que dit Jean-luc Mélenchon est juste. Il a parfaitement démontré les turpitudes de cette banque. Encore faut il le prouver. Il est nécessaire de recourir à des experts (des vrais) et cela coûte très cher. Je ne suis pas communiste. Mon père l'était à 200 %. Il était de tous les combats. Il a fait de la prison pour ses idées. Pour lui, c'était l'humain d'abord comme vous Monsieur Mélenchon. Mon enfance, c'est bien simple, c'était le parti communiste à la maison, la fête de l'Humanité et une tranchée de 1,50 m de profondeur longue de 4 m avec mon frère un dimanche matin pour la maison du peuple. J'avais 12 ans ! Je ne regrette rien, bien au contraire. J'ai appris et ça marque. Je ne suis pas toujours d'accord avec ce que vous dites mais vous êtes un type bien et courageux. Vous venez de prendre position et c'est tant mieux. Il faut maintenant aller plus loin et aider Jérôme Kerviel (même si...). Je pense que vous êtes bien entouré et que vous disposez, vous et votre entourage, des moyens intellectuels pour mener à bien ce combat. Si vous le gagnez, il confortera vos idées et vous élargirez votre électorat. Tout cela, vous le savez, je ne vous apprends rien.
    L'argent est nécessaire, alors lancez ce fond et une pétition. Ce combat est le votre, car il met concrètement en exergue votre pensée politique.
    La droite (Guéant, financement parti, affaires etc. à vomir). Hollande, ce n'est pas mieux. Politique des vases communiquants. Ne résout rien. Pendant de temps là les usines ferment et je supporte plus de voir le monde ouvrier s'écrouler et la France s'enfoncer dans la crise. Je ne deviendrai pas communiste pour autant mais je me refuse à voir mon pays dans cet état de délabrement.

  46. j.lou dit :

    Il est certain que la banque qui soi-disant ne savait rien des opérations d'un de ses traders nous prend tous pour des imbéciles. Dans le même temps ce jeune homme n'a certainement pas dû bien réfléchir aux enjeux humains de ces jeux financiers. Il me semble donc évident qui si Jérôme Kerviel a fait preuve de négligence et d'immaturité voire d'inconscience, il est certain que le système, constitué par des personnes bien vivantes, qui vend des produits toxiques et demande ensuite d'être remboursé, fait preuve de cynisme et d'inhumanité voire de vol de deniers publics en bande organisée.

  47. ORJOL Monique dit :

    Pour moi, évidemment que Kerviel est un bouc émissaire, mais pour moi, trader, ce n'est pas un métier, c'est être un parasite! Et il me semble qu'il y a des combats plus urgents et surtout plus justes à mener!

  48. breteau jean claude dit :

    C'est presque hors sujet, encore que ? L'édito de C Cabanes dans l'Humanité de ce vendredi, à lire et faire lire un tract saillant à rendre jaloux notre Jean-Luc. Une nouvelle étape d'un combat plus dense ? J'en suis.
    Pour en revenir à Kerviel, n'est ce pas dans l'adversité que se forge la conscience, nous avons besoin de la diversité, pour se renforcer et gagner. Tous ensemble... tous ensemble !

  49. Dumont Roger dit :

    Au delà du scandale financier que cache la condamnation de JK, sa situation relève du lien de subordination employeur-employé où pas mal de salariés peuvent se reconnaître en particulier les cadres soumis à objectifs. Les risques pris par le trader sont à comparer avec les risques pris par les cadres de terrain de la SNCF vis à vis de la sécurité des circulations mises en danger pour de la rentabilité financière. Il en est sûrement de même dans l'industrie chimique...
    Dans ces domaines la prise de risques engage la sécurité des personnes et, en cas de pépin, les directions ne sont jamais mises en cause.

  50. paixsurlaterre dit :

    Monsieur Mélenchon, un seul mot, bravo !
    A ceux qui rouspètent et qui n'ont certainement pas lu le billet, permettez moi de préciser le génie de notre hôte. Il dénonce capital, finance et politique en assistant un condamné, certes responsable, mais non coupable de ce dont on l'accuse. L'humain d'abord !


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