20juin 13

Aux prud'hommes le 4 juillet, une injustice qui nous coûte 1,7 milliards d'euros !

Kerviel est innocent !

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Je n’ai aucune raison personnelle d’agir comme je suis en train de le faire. Je m’attends même à soulever de l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp. En rédigeant ce post je m’associe en effet à la défense de Jérôme Kerviel, un ancien trader de la Société Générale. Cet homme a été accusé par la banque d’avoir trompé sa vigilance et de lui avoir occasionné des pertes monstrueuses. Il a été condamné à une peine de prison et à payer une somme qu’il ne pourra jamais réunir : 4,9 milliards d’euros. Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables. Rude bataille en perspective. J’y prends ma place comme soldat du rang. Juste par conviction à propos de l’idée que je me fais de ce qu’est un comportement civique responsable.

Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu’il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui car nous ne voulons pas du désastre qu’elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent.

Tout part de là : selon moi, Jérôme Kerviel est innocent. Et s’il l’est, sa condamnation est insupportable pour une conscience libre. Si je ne la supporte pas je dois la combattre. Pourquoi cette cause plutôt qu’une autre ? Parce que Kerviel n’est pas confronté à ses actes mais à un système. Il est seul en face d’une organisation toute puissante qui combine les moyens d’une banque et ceux de l’Etat. Pour entrer dans cette défense je dois dire comment je comprends les faits. Je dois montrer les ressorts qui ont permis cette injustice. Je dois exposer ce que je crois être les causes de cette affaire. Ce chemin, que je croyais nouveau, m’a ramené au pied de la même muraille où viennent battre les manifestations auxquelles je participe, les pétitions que je signe, les discours que je prononce. Voici devant nous les murs brillants des hauts étages de la finance et des institutions monarchiques de notre pays. Voici les arrogants, tout puissants qui s’amusent de la crédulité de ceux qui respectent leur autorité et disposent de la vie des autres comme s’ils n’existaient pas vraiment.

5098858223_26e9717457Je défends Jérôme Kerviel parce que je le crois innocent. Je suis conscient qu’en le faisant, j’augmente le nombre des ficelles stipendiées qui se tirent déjà contre moi. Je suis conscient du fait que la preuve de l’innocence de Kerviel implique la culpabilité de ceux qui l’ont fait condamner. Je sais que cela revient à demander des comptes. Des comptes évalués de façon indépendante. Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ? Pourquoi la ministre Christine Lagarde a-t-elle fait verser à la banque un milliard 700 millions de dédommagement, alors que la condamnation de Jérôme Kerviel, qui était la condition de ce versement, n’était pas définitive ? Pourquoi ce dédommagement a–t-il été versé alors que le défaut de surveillance de la banque sur son employé est attestée par l’organisme professionnel bancaire qui en est chargé, ce qui interdisait tout dédommagement de la part de l’Etat ?

Nous connaissons bien les mécanismes de notre temps qui permettent à la finance de briser des millions de personnes d’un seul coup. D’un seul coup de bourse, d’un seul clic, d’un seul joueur hors de toute réalité, noyé dans son adrénaline, comme l’était Jérôme Kerviel du temps où il était un petit prodige de la finance spéculative. Ici, nous voyons la même immense énergie ramenée sur une scène plus étroite. On y voit comme sous une loupe une gigantesque machine broyer un seul individu. De la réussite de ce broyage dépendait la réussite d’une opération incroyable : le sauvetage d’une banque dont la défaillance aurait pu effondrer le système bancaire mondial.

Commençons par le commencement pour moi. Pourquoi se préoccuper de Jérôme Kerviel ? Il n’est en rien une figure symbolique de notre camp. Ni socialement, c’est un trader, ni politiquement du fait de son métier immoral au cœur du système de la finance. J’avais cette image à l’esprit quand j’ai rencontré cet homme. Je me suis dit : « voyons à quoi ressemblent les insectes qui s’agitent dans la fourmilière de la finance ». Mais, bien sûr, ce n’est pas un insecte. J’ai rencontré un être humain, évidemment. Des yeux clairs, une mine mi-figue mi-raisin devant un personnage dont il devinait le mauvais a priori. On a parlé, bien sûr. Pour finir, quand on s’est séparé, il m’a dit : « Prenez soin de vous ». Ce garçon était bel et bien passé de l’autre côté du miroir. Mais, d’après moi, il est revenu de ce côté-ci, dans l’humanité.

Il revient de loin. Jérôme Kerviel était un trader « junior » très dévoué à sa banque. Chaque année on lui fixait des objectifs de gain à réaliser. Des objectifs de plus en plus élevés. Il les atteignait. Comme une mule qui marche dans les chemins de sente, la tête baissée sur sa tâche, il jonglait avec des sommes monstrueuses, virtuelles ou réelles, peu importe car, dans ce monde, les chiffres ne sont pas ce qu’ils sont pour nous. Ce sont des entités totalement abstraites, des bulles de couleurs, des billes de flipper.

kerviel_2Ainsi sont faits les êtres humains. On les attelle au chariot et ils mettent leur point d’honneur à tirer du mieux qu’ils peuvent. Souvent ils ne se soucient pas de ce qui est transporté, ni de la direction choisie, ni du chemin qui est pris. Nous sommes tous comme ça. Moins les rebelles, heureusement, les courageux, les têtes dures, qui viennent des fois nous faire lever le regard sur l’horizon. Kerviel faisait du chiffre comme il aurait fait n’importe quoi d’autre. Un vrai bourrin. Une mentalité de stakhanoviste. Non seulement il atteignait les objectifs mais il les dépassait. Chaque année, la banque lui fixait des objectifs plus élevés. Cette façon de faire courir la mule derrière la carotte s’appelle le management aux objectifs et à la prime. Ainsi, en 2005, pour sa première année, il réalise 5 millions d’euros de gains pour sa banque et touche un bonus de 30.000 euros bruts. La moyenne d’un trader se situe à 3 millions d’euros de gains. Le petit nouveau faisait donc beaucoup mieux que la moyenne. Il est brillant. Et il est un peu con. La preuve : il gagne cinq millions d’euros et il est content avec trente mille euros de prime. Moins d’un pour cent. Ce fils d’une coiffeuse, diplômé de l’université publique, manque de cette aptitude à la cupidité que les importants tètent souvent dès leur biberon. Bref : à la tête de la banque ça rigole ! Ce Kerviel n’est pas de leur monde. Ce n’est pas un « fils à papa ». Juste un gars de Bretagne d’une famille modeste qui se croit devenu un important. Car officiellement tous ces petits génies sont censés faire des analyses financières et « investir dans l’économie, dans les secteurs d’avenir, efficaces et bla bla… les emplois de demain ». En réalité ce type n’a jamais vu une entreprise de sa vie. Il ne comprend pas un mot aux qualifications professionnelles, il ne sait absolument rien de la production en général et même en particulier. Il ne connaiît rien à l’économie réelle. C’est juste un garçon qui a compris le « truc » des traders pour gagner plus que les autres. Cela s’appelle dans leur jargon, le « spiel » en allemand, soit le « jeu » : la spéculation pure et simple. C’est un voyou légal de la finance légale. Il pourrait être champion du monde de Monopoly. La réalité et les injonctions morales de la vie en société sont des paramètres très flous pour cette sorte de personnes qui carburent à l’adrénaline et mélangent le jour et la nuit.

En 2006, le brillant Jérôme Kerviel va faire du zèle. Il a montré à sa hiérarchie qu’il est bon, qu’il n’a pas peur de prendre des risques ! Et en plus, il n’est pas gourmand en bonus ! Brave garçon ! La hiérarchie dans la banque c’est comme partout ailleurs. Elle ne connaît qu’une consigne : encore et même davantage ! On lui fixe de nouveau un objectif de 5 millions d’euros de profit. Hue, cocotte ! En bon soldat de la finance, Kerviel s’exécute. Cette fois-ci, ça devient prodigieux. Il réalise à lui seul un gain de 10 millions d’euros pour 2006. 10 millions d’euros ! Deux fois son objectif. Les meilleurs éléments font trois millions. Kerviel est un génie de la voltige financière. La Banque lui octroie à nouveau un bonus de pauvre : soixante mille euros bruts. Et, bien sûr, elle lui fixe un objectif pour 2007. Encore 10 millions d’euros ! Le chiffre est un aveu. La Banque sait très bien qu’un tel résultat ne peut se faire sans des sauts périlleux et même très périlleux.

societe_generale_buildingEvidemment, la banque est parfaitement informée qu’il « se passe quelque chose » compte tenu des gains qu’elle encaisse. Elle sait qu’il sont tant de fois supérieurs à la moyenne des autres traders. Elle sait exactement avec quel dépassement des règles de prudence cela est possible. Kerviel « spiel » bien au-delà des 125 millions d’euros autorisés par jour. Ses agissements sont connus et couverts. Etonnez-vous après ça qu’il ait pris de l’assurance : il est un des meilleurs traders de son entreprise et il le sait. Alors il va plus loin dans la prise de risques. En fait il n’a plus aucune limite. Personne ne l’arrête puisqu’il gagne et qu'il est même encouragé. Il va jusqu’à investir 50 milliards d’euros. Sachez que c’est l’équivalent de la somme que débourse chaque année la France pour payer sa dette. Voyez plutôt. Fin 2007, le seul « JK », son nom de code, fait gagner 1,5 milliard à la Société Générale ! Son bonus aurait dû être de 300.000 euros. Mais sa carrière de trader va s'arrêter là.

Quelque part dans les étages supérieurs où tout se décide, le monstre froid qui l’emploie va le sacrifier pour les besoins d’un « spiel » de très grande magnitude. Il faut une victime expiatoire. « Le sort tomba sur le plus jeune » comme dit la chanson. Il est devenu l'homme qui va être sacrifié sur l’autel des intérêts supérieurs de la banque.

Voyons à présent l’histoire telle qu’elle a été servie aux médias dociles qui l’ont resservie telle quelle au bon peuple. De fait, tout le monde a entendu parler de cet événement incroyable. Un jeune trader aurait fait perdre près de 5 milliards d’euros à son employeur, la Société Générale. Une des banques les plus puissantes du monde, une banque systémique, vertueuse et vigilante, se serait faite gruger par un de ses jeunes employés. Incroyable. D’ailleurs la banque elle-même n’en revenait pas ! Elle a qualifié ce personnage inouï de terroriste, d’escroc, de faussaire, de fou, d’instable, mais quand même aussi pendant un temps, de génie. A l’énoncé du récit, j’ai réagis comme beaucoup d’autres j’imagine. Je me suis dit : « bien fait pour eux ». Je ne me suis intéressé à aucun détail. Pour moi ce Kerviel devait être une sorte de Madoff dont je n’avais rien à faire. Mieux, je me réjouissais de penser que des voyous qui avaient espéré faire des sur-profits, comme les offraient Madoff, se soient fait bien essorés. Mais il y eu bien vite une gêne. Hasard de la vie, un de mes plus proches amis s’intéresse à l’affaire. Il suit le procès, entre en contact avec Kerviel et ses défenseurs. Il m’alerte.

salle_marcheUne fois Kerviel embastillé, c’est la Société Générale qui a raconté la suite de l’histoire et qui en a convaincu la Justice. Elle n’a pas hésité sur les frais de communication ni sur les moyens d’influence. Voyons cette histoire dans sa version banquière. La Société Générale aurait perdu 4,9 milliards d’euros en soldant les opérations engagées par Jérôme Kerviel entre le 21 et le 23 janvier 2008. En 3 jours, la banque a vendu pour 50 milliards d’euros d’actions. A perte, dit-elle. Elle évalue cette perte à 6,4 milliards d’euros. Mais elle déduit un gain. Il est réel mais masqué. C’est celui de Jérôme Kerviel. Il y en a pour 1,5 milliard d’euros. D’où sort ce milliard 500 millions d’euros ? C’est le montant réel des gains engrangés par Jérôme Kerviel en 2007 au profit de la Société générale. Incroyable ! Un montant astronomique. Un seul trader fait gagner 1,5 milliard d’euros à sa banque, celle-ci enregistre dans ses comptes ce montant, mais prétend ne pas savoir comment il a réussi à parvenir à un tel résultat !
Le jeudi 24 janvier, la Société Générale accuse Jérôme Kerviel d’être responsable à lui seul d’une perte de 4,9 milliards d’euros et d’avoir agi en trompant sa confiance, en manipulant des données informatiques et en détournant les systèmes de contrôle internes. Elle dépose plainte contre lui. Il sera arrêté, placé en détention provisoire, jugé et condamné en 2010 puis en 2012. Pour la Société Générale et pour la Justice, il est le seul responsable et n’a pas de circonstances atténuantes. L’histoire est terminée. Tout est clair. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Justement : c’est trop simple. Quand l’affaire Kerviel commence nous sommes en janvier 2008. La crise des subprimes s’annonce. La Société Générale est une des banques françaises les plus touchées : pour la seule année 2007, elle doit déclarer une perte de 2 milliards d’euros liée aux subprimes. Ce n’est pas une petite somme à avouer. La banque pourrait subir un préjudice considérable si elle venait à perdre la confiance. Elle pourrait s’effondrer. Cette banque là ne peut pas et ne doit pas tomber. C’est une banque considérée comme « systémique ». Cela signifie que sa défaillance affecterait le système bancaire mondial tout entier. Comment éponger 2 milliards de pertes au plus vite ? C’est difficile. Mais ils ont trouvé. La banque annonce sa perte due aux « subprimes » le même jour où elle incrimine Kerviel pour 4,9 milliards. Attention, attention, suivez bien les doigts du joueur de bonneteau.

NYSEComme Kerviel est un voyou qui a trompé la banque, celle-ci peut aller demander à l’Etat de compenser une partie de sa perte. En effet il existe un mécanisme dans notre pays qui permet à une banque de récupérer une partie de ses pertes (33%) si elles résultent d'une action frauduleuse. Incroyable mais vrai. La banque inscrit donc la somme attendue dans son bilan séance tenante. Pas de problème. Dès 2008, le Ministère de l’Economie et des Finances verse 1,7 milliard d’euros à la Société Générale. Celle-ci fait valoir comme prévu que ses pertes de l’année 2007 ne lui sont pas imputables mais dues à une fraude. Cette somme permet de ramener la perte bien réelle due aux subprimes à 300 millions. Rien d’insurmontable. Mais pour que cette somme soit acquise il faut que Kerviel soit coupable de fraude. Une fraude dont le 33% rapporte de quoi boucher le trou des subprimes. Oui mais direz-vous la banque doit quand même éponger la perte des 4,9 milliards dont elle dit que le seul Kerviel est responsable ! Oui, bien sûr. Attention c’est là qu’est la ruse finale. Kerviel a été condamné à rembourser 4,9 milliards à la banque ! Celle-ci peut donc inscrire cette recette à venir dans son bilan… un pur jeu d’écriture permet d’inscrire une perte et sa contrepartie sans autre forme de procès. N’est-ce pas bien trouvé tout ça ?

On comprend que la peur d’un effondrement bancaire conduisent a mener les affaires d’une main prompte ! En 2008, Christine Lagarde, alors Ministre de l'Economie et des Finances, n’a pas traîné quand la Société Générale est venue lui présenter sa demande. Pourtant, à ce moment-là, Jérôme Kerviel n'avait pas encore été reconnu coupable puisqu'il n'avait pas encore été jugé. N’empêche ! La ministre a fait comme si tout était réglé. Elle a pioché à la grosse louche dans les comptes publics : 1,7 milliard d'euros sont passés des poches des contribuables à celle de la banque. Notez bien ceci : la culpabilité de Kerviel permet un gros bénéfice : 1,7 milliard.

Difficile d'admettre le fait quand on sait que les services fiscaux eux-mêmes, entendus par la Brigade financière, doutent que ce dédommagement soit légal. Surtout, quand il s'agit de l'argent public, peut-on faire quelque vérification avant de payer, non ? Par exemple en prenant le soin de s'assurer de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale. La ministre a-t-elle demandé l'expertise indépendante pour connaître la nature des pertes annoncées ? Non. Elle s’en est tenue à ce qui lui a été dit par la banque. Un point c’est tout. Merveilleuse confiance. Bizarre quand même ! Elle aurait pu se dire que c’était là une aubaine incroyable pour la banque. Non, elle n’y a pas pensé. Pourtant dès le premier moment des gens ont alerté. Sur le moment même des gens qualifiés se sont posé la question. Ils l’ont fait publiquement. Ainsi Elie Cohen, professeur à Sciences Po et directeur de recherche au CNRS. Il confiait par exemple à l'AFP le 25 janvier 2008, que la Société Générale avait préféré "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché". Donc madame Lagarde ne sait rien, ne voit rien, ne lit rien, ne se pose aucune question. Son directeur de cabinet, qui est pourtant le pivot de l’organisation ministérielle à Bercy ne la met pas en garde. Comme on le sait depuis peu, l’activité de cet homme justifie quelque question. La justice est en train de les lui poser dans le cadre de l’affaire Tapie. Disons que, même si elle ne préjuge de rien, l’inculpation « d’escroquerie en bande organisée » autorise le doute sur d’autres décisions. Comme celle dont je parle ici.

20100107 AMFEn réalité il est très légitime de se poser des questions. Car, bien sûr, on peut imaginer une Christine Lagarde sans curiosité ni lecture de la presse sur le sujet au moment de prendre une décision aussi coûteuse pour l’Etat. Mais il y a quand même une faute caractérisée de sa part. Si elle est de bonne foi, elle aurait dû être alertée avant de lâcher 1,7 milliard d'euros venant des poches des contribuables. Un Commissaire aux comptes, interrogé par l'AFP (le 17 avril 2012) rappelle que le droit de venir taper à la porte de l’Etat pour se faire rembourser des sommes perdues du fait de manœuvres frauduleuses n’est pas automatique. Il faut quand même que la banque ait pris toutes ses précautions pour ne pas se faire rouler. Sinon c’est trop facile de laisser prendre des risques en fermant les yeux et d’aller ensuite faire les poches de l’Etat si ça tourne mal ! Bref, dit-il, les 1,7 milliards ne peuvent être versés que s’il n’y a pas eu « carence manifeste des dirigeants de la société dans la mise en oeuvre des dispositifs de contrôle ». Pourtant, voici un fait très important que la ministre ne pouvait ignorer: la Société Générale a été condamnée par la Commission bancaire à une amende pour « défaillance de ses systèmes de contrôle ». En effet durant l'année 2007, de très nombreuses alertes sont intervenues pour signaler les dépassements de plafond de « JK » sans que sa hiérarchie ne réagisse. A partir de là, dès lors que la Commission bancaire sanctionne la Société générale pour sa défaillance, l'Etat n'a pas à verser 1,7 milliard d'euros à la banque ! Pourtant madame Lagarde l’a fait !

J’espère que mon exposé est assez clair. Il est très difficile de résumer une affaire de ce type dans laquelle toutes sortes d’informations complèteraient bien le tableau mais l’embrouilleraient en même temps pour qui le découvre. Ici je pense que l’on voit l’enchaînement des faits. Il est guidé par le besoin de recevoir un versement de l’Etat dans un cadre légal ordinaire. Pour cela tout se tient. Il faut que Kerviel soit un fou et un manipulateur, pour que la banque puisse dire qu’elle ne pouvait savoir ce qui se passait et donc qu'elle peut avoir droit au versement par l’Etat de 1,7 milliards. La culpabilité et la monstruosité des pertes de Kerviel permet d’effacer tout le paysage qui pousse à douter. Prenons un exemple. Pourquoi Kerviel aurait-il manipulé sa banque ? A-t-il tiré un profit personnel ? A-t-il un compte en banque secret en suisse ou ailleurs ? Non rien. Kerviel n’a pas un rond. Il vit de l’assistance de ses amis. Si la perte occasionnée par ses décisions est si énorme pourquoi ne pas laisser se faire une expertise indépendante plutôt que de croire la banque sur parole ? Et ainsi de suite. Kerviel est innocent. Il est le miroir qui renvoie l’image d’un monde qui ne peut pas se regarder en face. Voila pourquoi il doit être brisé.

2233495663_85c6125789_zLa politique a aussi ses droits dans le jugement rendu : peut-on condamner un homme à une peine qu'il ne peut pas exécuter ? Jérôme Kerviel ne pourra jamais payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Tout le monde le sait. Faut-il le démontrer ? Il ne peut pas travailler non seulement parce qu’aucune entreprise ne veut l'embaucher à cause de son nom, mais aussi parce qu'il n'a pas de formation pour faire autre chose que les métiers liés à la finance. La conséquence de sa condamnation est radicale : le droit stipule que les dommages causés aux biens doivent être remboursés à leur valeur. Si Kerviel a fait perdre 4,9 milliards il doit payer autant. Soit. C’est en réalité une peine de mort sociale. Dès lors, avant de condamner un homme à une telle sentence, ne doit-on pas d’abord s'assurer de la réalité de la perte en demandant une expertise indépendante. Pourquoi le juge l’a-t-il refusé ? Et l'Etat ? Lui-même, aurait pu exiger cette expertise avant de payer 1,7 milliard d'euros. Pourquoi avoir cru la banque sur parole ?

Mais si extravagant que soit son métier et son rapport à l’entreprise, Jérôme Kerviel est quand même un salarié. C’est-à-dire qu’il est inclus dans les rapports juridiques du monde du travail ordinaire. Kerviel a été licencié pour « faute lourde ». Il n’a donc perçu aucune indemnité. Ni ses congés payés. Ni ses indemnités légales. Ni salaire. Rien. Il conteste donc ce licenciement et porte l'affaire devant le Conseil des Prud'hommes. La première audience, dite de conciliation, aura lieu le 4 juillet 2013 dans le dixième arrondissement de Paris.

Durant toute l'affaire, les juges ont oublié que Jérôme Kerviel agissait avant tout comme salarié. Ils ont oublié le contrat de subordination qui le liait à la Société générale. Ils ont oublié que dans le cadre de son emploi, il était soumis à une hiérarchie, à des objectifs, à un contrôle. Que sa rémunération en dépendant, sa hiérarchie ne pouvait pas ignorer ses gains. Il a fait gagner en 2 ans, près de 2 milliards d'euros à sa banque !

societe_generaleLes mots en droit sont importants. La « faute lourde » est invoquée quand un salarié a cherché à nuire « intentionnellement » à son employeur. Bien sûr le Conseil des Prud'hommes va devoir juger en droit. Il va devoir vérifier qu'il y a eu volonté de nuire de la part de Jérôme Kerviel. Ce n'est pas ce qu'a démontré son procès. Le jeune trader de l'époque cherchait au contraire à faire gagner de l'argent à son employeur qui encaissait sans broncher des sommes astronomiques. Si Jérôme Kerviel n'avait pas l'intention de nuire, le droit du travail prévoit une requalification de son licenciement et la possibilité pour le salarié de percevoir les indemnités liées à son contrat de travail.
De plus, Jérôme Kerviel demande des dommages et intérêts à la Société Générale. Il demande 4,9 milliards d'euros. Cette demande a pour but d'obtenir une expertise : la vérification de la réalité de la perte déclarée par la Société Générale est le cœur de la supercherie suspectée. Si le Conseil des Prud'hommes requalifie le licenciement et si l'expertise est ordonnée, Jérôme Kerviel peut avoir une nouvelle chance de prouver qu'il n'a pas abusé la confiance de sa banque. Dès lors c’est elle qui a trompé les juges. Alors le système qu'elle défend est en cause.

Jérôme Kerviel est innocent. Son affaire nous implique dans la mesure où elle montre quel genre de jouet nous sommes devenus. Nous ne sommes plus des citoyens libres si on peut nous prendre 1,7 milliards d’impôt pour les donner à une banque sur la base d’une simple déclaration de sa part et à partir de l’écrasement d’un homme fut-il un de leurs agents zélés.
L'affaire de Jérôme Kerviel doit permettre que la Justice, donc la société, marque un point d’arrêt aux collusions des sommets de l’Etat et de la finance. Un point d’arrêt à la toute puissance arrogante de l’oligarchie. Kerviel est innocent, il a donc droit à notre solidarité civique comme nous la devons aux milliers d’autres rouages que nous sommes tous à des degrés divers parce que chaque jour nous faisons tourner le système et nous manions nos cartes bancaires.

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500 commentaires à “Kerviel est innocent !”
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  1. femme d'aujourd'hui dit :

    Je comprends bien le raisonnement mais je trouve que ce n'est pas une raison pour dédouanner complètement JK. Il est responsable de ses actes et a agit aussi par cupidité.
    J'ai vu le film "Hannah Arendt" sur le procès d'Eichman qui a envoyé des milliers de juifs à la mort parce que c'était son travail de le faire. C'est ce qu'il a dit pour sa défense, il a juste obéi aux ordres et essayé de bien faire son travail.
    Le système fonctionne parce qu'il y a des gens qui acceptent de le faire fonctionner, ainsi nous avons tous une part de responsabilité plus ou moins grande. C'est à chacun de contribuer le moins possible, par exemple en évitant de placer son argent dans ces banques qui spéculent, il y en a qui ne le font pas.

  2. Dauphinoise dit :

    Moi qui suis un ex employée de banque, même si je n'ai jamais fréquenté les back office comme tartampion, je n'ai jamais cru à la thèse du gars qui se la joue tout seul sans rendre de comptes à personne. Franchement, croire qu'une banque puisse laisser un des se employés brasser des milliards, aussi virtuels soient-ils, sans surveiller ça de près ou de loin ce serait comme faire piloter une Formule 1 intentionnellement par un gamin sans permis et se plaindre qu'il a cassé ce jouet ! C'était, c'est du grand n'importe quoi. Donc bien-sûr qu'ils savaient et laissaient faire tant que ça rapportait.
    Cela dit un grand merci pour ce dévoilage de magouilles de bilan de vraies fausses pertes et de vraies vraies ponction sur nous tous, comme d'hab.
    Je pense même que je vais enregistrer ce billet qui mérite une re, re, re lecture.

  3. bernard hugo dit :

    Merci Jean-Luc. Cette prise de position est géniale. Le décryptage du mécanisme qui "permet d'effacer tout le paysage qui pousse à douter", en chargeant Kerviel, intervient au moment propice, après l'affaire Cahuzac et les déclarations de Pierre Condamin-Gerbier devant la commission d'enquête du Sénat. L'extravagance dans la collusion de la part des représentants de l'Etat c'est bien de laisser croire qu'ils ont cru sur parole une banque dont les pratiques financières sont basées sur l'escroquerie, la fraude. Les pièces du puzzle s'ajustent remarquablement si l'on songe aussi à l'affaire Tapie et au Crédit Lyonnais, n'est-ce pas Mr Stéphane Richard ? L'autre aspect du problème c'est évidemment l'abdication de la conscience morale et la collaboration conformiste ou indifférente que les entreprises imposent à leurs salariés et employés (eux-mêmes suspendant leur liberté de jugement critique) et utilisent pour des pratiques délictueuses (en l'occurrence les banques) pour mieux exonérer la totalité d'un système corrompu jusqu'à la moelle.

  4. JLIEVRE dit :

    Il faut prendre au pied de la lettre le titre "Kerviel est innocent". Il ne s'agit pas de simplement le dédouaner parce que sa hiérarchie le couvrait, laissait faire les entorses aux règles etc. mais bien d'affirmer qu'il n'a pas fait perdre 4,9 milliards à la banque comme elle l'a affirmé.
    A l'époque des faits un des premiers éléments de défense qu'il avait donné avant d'être écrasé par la pression médiatique était que la banque elle même avait provoqué les pertes en intervenant abruptement et à chaud sur ses positions au moment où elle découvrait les dépassements. Cela paraissait traduire un moment de panique. L'analyse que Jean-Luc nous fournit aujourd'hui indique qu'au contraire c'était le point de départ d'un coup monté pour masquer l'énorme perte de la SG dans les subprimes. Pour rappel Lagarde peu de temps avant déclarait que le système bancaire français était à l'abri d'une contamination par la crise des subprimes.
    Bravo à Jean-Luc de savoir encore une fois faire le lien entre l'humain à un bout de la chaine et à l'autre ce système destructeur et pervers piloté par l'oligarchie.
    Une interrogation pour terminer. 5 millions de gains en 2005, 10 en 2006 puis 1,5 milliards en 2007. Le saut en un an est énorme. Les sommes en jeu ne sont plus du tout du même ordre, les premiers chiffres sont-ils bien confirmés ?

  5. MadMax dit :

    Merci pour ce nouvel éclairage !
    J'essaie de résumer en quelques phrases cette hypothèse complexe (en tout cas pour une personne en dehors de ce monde).
    2005-2006. Jerome Kerviel (JK) réalise des gains de plus en plus importants (malgré la limite officielle des 125 millions en jeu/jour).
    2007. JK fait gagner 1.5 de milliards à le SG en 2007 en pulvérisant les plafonds autorisés. (SG +1.5)
    2007. Indépendamment, la SG perds 2 milliards dans les subprimes (SG -2)
    21-23 Janvier 2008. La SG déboucle les positions de JK et annonce une perte de 6.4 milliards (SG -6.4)
    2008. La SG réclame à l'Etat et obtient 33% des pertes (-6.4+1.5=-4.9) issues du débouclage des posiitons de JK (SG +1.7)
    2010. Kerviel est condamné (abus de confiance, d'introduction frauduleuse de données dans un système automatisé, faux et usage de faux), 3 ans fermes et remboursemet de 4.9 milliards (sur le papier SG +4.9)
    Pour résumer. Sans l'histoire JK, la SG aurait du noter dans ses comptes -2 milliards de pertes de subprime debut 2008. Avec l'histoire JK, la SG a noté dans ses comptes: -2 milliards de pertes de subprime debut 2008 + 1.7 de compensation de l'Etat, -4.9 de pertes sur le débouclage des posiitons de JK, + 4.9 de remboursement illusoire par JK.

  6. Logitor dit :

    La direction de la grosse banque nous a extorqué 1,7 milliard d'euros au motif des affaires compromettantes d'un coupable lampiste. Lui ou ses employeurs coupables, c'est nous qui payons le dénouement des «positions».
    La seule chose réjouissante est que dans cette histoire, la maîtresse chanteuse de la ritournelle de la finance, invisible ennemie soit disant sans adresse, est une femme. Et qui a empoché la commission des 1,7 milliards d'euros ? Un autre innocent «bourrin victime du système» ou un estampillé de l'oligarchie ? Personne n'a téléphoné ? Qui a distribué les primes de carrière à la tête de...
    Évidemment on attend la suite au prochain épisode. Bravo pour ce lever de rideau qui nous rappelle que nous sommes tous aussi un peu coupables au-delà du passif consumérisme commun, malgré nous, comme ce JK investi à fond dans son travail et que nous le serons encore un peu plus si nous restons impassibles devant cette injustice manifeste.

  7. bocchietti dit :

    Ca pose des questions Monsieur Mélenchon. Votre positionnement est certes décalé mais néanmoins courageux. Devons nous aller au secours du salarié Kerviel sous le simple motif qu'il était salarié d'une entreprise dont il a accepté (le con comme vous dites) les positionnements economico-sociétaux ? Vous n'auriez sûrement pas volé au secours d'un ex-gardien de goulag ou encore stalag au seul motif qu'il se serait laissé berner et abuser par ses employeurs, non ? Oui, il est devenu victime mais imaginons un instant que tout se soit bien passé pour lui dans la mécanique superbement huilée de ce monde financier qui nous dévore ? Non seulement il serait passé logiquement inaperçu à votre émoi humaniste mais encore aurait-il continué son "sale boulot". Je peux vous comprendre encore mais je ne peux admettre que vous veniez ainsi à son secours. Votre courage ne serait-il animé que par le souhait de provoquer encore quelque chose en occultant le caractère hautement symbolique de la situation ?

  8. Vinnie Reb dit :

    Whoa ! Dès les premières lignes, je sentais comme une évocation du "J'accuse !" de Zola. Très bonne analyze pour démonter le mécanisme à l'oeuvre et démontrer sa nocivité.
    J'ai travaillé dans la finance et c'est un milieu professionnel où l'on n'est jamais seul. Surtout en salle de marché. Inconcevable que JK ait pu faire en franc-tireur tout ce dont son ex-employeur l'accuse. Impossible.
    Ca m'avait paru d'autant plus étrange à l'époque que, la crise des subprimes aidant, la SG accusait une perte monumentale. Je m'étais alors dite que cette affaire avec JK tombait à pic pour masquer des pertes. Mais comme on dit, on peut tromper quelques personnes quelque temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.
    Sans parler du milieu d'origine de JK. Effectivement, il semble bien que cette histoire a aussi de forts relents de préjugés de classe. Il n'était pas l'un des leurs, ni un fils à papa issu de la haute bourgeoisie. Un fils de prolo encore meilleur que ces bourges, ça a dû exciter pas mal de jalousies. Le monde professionnel, quelque soit le métier, n'est pas un monde tendre, on ne s'y fait pas que des amis.
    En tout cas, bravo pour cette prise de position. JK devrait vous prendre comme avocat pour son prudhommes, tellement l'argumentation est convaincante. Espérons pour lui qu'il tombe sur le Collège Employés. Car s'il est coupable, il n'était pas le seul à l'être. Et s'il est innocent, eh bien, il faut que les vrais coupables soient punis et son honneur rétabli. Et puis s'il gagne, cela risque de créer une jurisprudence intéressante pour les "lampistes" et autres "fusibles" que tous les salariés peuvent un jour ou l'autre devenir si ça arrange leur employeur, quelle que soit leur activité professionnelle.

  9. LACOMBE FRANCOISE dit :

    Que l'on ne me fasse pas croire, qu'un Trader, ne reçoit d'ordre de personne. Fatalement, il avait un supérieur. Donc, sa banque savait ce qu'il faisait. Tant qu'il leur faisait gagner de l'argent, on fermait les yeux, le jour où c'est devenu un peu sur le fil jaune, on a lâché Jérôme Kerviel. Alors, la justice, il n'y en a pas en ce monde. C'est la justice du fric. Si l'on mettait tous nos anciens Présidents, Premier Ministre, et Ministres, Députés, et j'en passe, en prison, il faudrait en construire, plus qu'il n'y en a besoin actuellement, avec la délinquance. Car, c'est de la délinquance de très haut niveau. Tellement, haute, que la justice ne peut les atteindre.
    Ce n'est peut être pas tout à fait la même chose, mais à B. Tapie, on lui donne royalement plus de 400 millions d'euros, et J. Kerviel, on veut lui faire donner 1.7 millions d'euros. Franchement, ils n'ont pas honte. Non, ils n'ont pas honte, car ils n'ont aucune pudeur. On nous a franchement pris pour des imbéciles, quand en 2009 ou 2010 septembre, il y a eu le clash des banques, c'était presque la faillite, il a fallu que les Etats versent de l'argent aux pauvres banquiers, et miracle, en Juillet 2010 ou 2011, jamais les banques n'avaient fait autant de profits. Sommes-nous si bêtes pour avaler de telle couleuvres, que s'en sont presque des anacondas, tellement elles sont grosses.
    Quand je vois les citoyens agir, et réagir comme ils le font, franchement, bravo à nos politiques qui nous défendent, car, ils ont du pain sur la planche, tellement nous sommes devenus des zombis, sans réflexes, ni intelligences pour penser et voir. Certains se laissent aveugler par des belles paroles, racistes, croyant que c'est là tout notre malheur. Quelle misère ! Quel aveuglement pour ce partie, devenu le "chouchou" des médias, qui suivent les diktats de leurs patrons de groupe, qui préfèrent basculer, dans l'ignominie, plutôt que d'avoir à redistribuer un peu de leurs...

  10. Ben dit :

    Merci de mettre des mots aussi clairs sur ce qui n'est pour moi qu'un sentiment mal exprimé et donc peu convaincant. Je valide tout en bloc et en détail.
    Moi 30 ans, enseignant dans le privé.

  11. cr_sud dit :

    A cette époque, ex-insider, je peux vous dire qu'il y a sans doute des pertes sur les subprimes, mais aussi quelque chose qui est passé inaperçu, y compris dans la presse, la clôture des investissements de SGAM A.I. Cette filiale de SGAM, filiale de gestion du groupe SG vendait et vend toujours des fonds de gestion alternative (fonds de fonds, fonds de hedge funds, fonds structurés) bref, des fonds très complexes, un degré 2 ou 3 de complexité par rapport à de la gestion traditionnelle. Elle était parvenue à 3 Milliards d'euros sous gestion.
    Il s'est trouvé que 2007-2008 a provoqué la panique des clients investisseurs de SGAM AI, et la direction de SG n'a pas pû faire autrement que de rembourser les clients investisseurs institutionnels de leur investissement, à leur valeur de souscription initiale, soit 3 Milliards d'euros sous peine de recours juridiques, de scandales, et pourquoi pas de conséquences financières encore plus importantes.
    La valeur des portefeuilles de produits alternatifs détenus par SGAM AI ne valaient tout d'un coup plus rien. Donc, c'est SG qui a racheté directement les parts qui étaient détenues par les investisseurs institutionnels et autres dans SGAI. A la clé, une perte latente très importante qui s'est transformée en une perte certaine sans doute à hauteur de 2 Milliards d'euros. SGAM AI a viré tous ses personnels experts financiers et quants de l'époque. Apparemment, elle s'est refaite une santé depuis.
    Ce système est une arnaque organisée, mais pour moi, les dés sont pipés d'avance.

  12. Holà ! dit :

    Ce « J'accuse ! » pourrait laisser penser qu'il est question de justice. Il n'en est rien. Le problème à résoudre est celui des banques systémiques "too big to fail", autrement dit trop grosses pour être mises en faillite. Cela ne veut pas dire que ces entreprises (il n'y a pas que des banques) ne doivent pas être mises en faillite. En effet, elles constituent bel et bien l'une des cuirasses dans lesquelles s'abritent les fameuses oligarchies. Mais cette affaire dépasse les capacités d'une justice qui, si elle sait juger des hommes, ne sait pas condamner des systèmes. Néanmoins, si jamais justice était rendue, il n'y aurait plus ni justice, ni éducation, ni santé, ni énergie, ni transport, ni …, ni rien. Il n'y aurait plus in fine que des humains livrés à eux-mêmes.
    Si nous sommes vraiment prêts à relever ce défi, qui sera d'une violence inouïe car la déflagration sera systémique elle aussi, alors oui il faut s'indigner. Mais est-ce bien ce que veut notre pays et surtout sommes-nous vraiment prêts ?

  13. Franc dit :

    Pour une fois je suis d'accord avec Monsieur Mélenchon !
    Une justice juste, cela nous ferait du bien, ça serait un vrai changement !

  14. Louisulm dit :

    Avec cette plaidoirie clairvoyante, si au minimum ce con là n'adhére pas au PG c'est qu'il est vraiment asocial. Camarade trader, tu fait vraiment bouger les lignes JL.
    Louis

  15. Magda Corelli dit :

    Je viens de passer de la lecture de l'article de Mediapart sur les enregistrements suspects des prétendus aveux de Kerviel au blog de Jean Luc Mélenchon. A vos claviers les scénaristes ! Ah ! vraiment si on pouvait l'abattre cette banque voyou. En tout cas moi je file dans une banque coopérative dite étique. J'attends un nouveau RV n'ayant pu me rendre au premier. Cela fait des mois que je rumine cette décision tellement écoeurée par ce système financier. Ce n'est pas compliqué la banque étique s'occupe de tout.
    Quelle écriture Monsieur Mélenchon, style palpitant et riche vocabulaire. Stipendier jamais lu ni entendu. C'est vraiment sympa de vous lire !
    Honte à Lagarde. Je n'en dis pas plus pour rester polie mais je n'en pense pas moins. Et son directeur de Cabinet soutenu par Hollande c'est-y pas honteux aussi ?

  16. philippe dit :

    "Le poète a toujours raison, Qui voit plus loin que l'horizon, Et le futur est son royaume"...
    Merci, Jean-Luc Mélenchon.

  17. calib dit :

    Merci pour votre intervention. Kerviel est innocent de ce dont on l'accuse (introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, faux et usage de faux en écriture, abus de confiance) puisque ses supérieurs étaient nécessairement informés de ses activités lucratives.
    Ces mêmes supérieurs n'ont pas eux hésité à trafiquer des preuves pour sauver leur peau. Lire l'article de Mediapart, c'est édifiant : Affaire Kerviel : les étranges silences des enregistrements de la Société générale
    Et le seul point commun avec l'affaire Dreyfus, c'est la défense de la Justice. Parce que sinon, tout le monde s'en fout du sort de Jérôme Kerviel.

  18. Huet Annie dit :

    Alors, ça c'est du courage ! Je sens que les retombées vont être dures, mais aujourd'hui, le courage est une des choses les plus rares qui existent, ça mérite d'être souligné. Bravo. Je suis.

  19. Hélène dit :

    Bien sûr je suis d'accord avec l'analyse de l'histoire Kerviel que vous faites. C'est pédagogique de rappeler l'histoire récente. Depuis les révélations sur les millions et milliards virtuels qui valsent, ont continué et nous sommes comme habitués à être dépossédés de notre argent en tant que client des banques, en tant que contribuable, en tant qu'européen(ne). Nous n'avons pas notre mot à dire. L'affaire Kerviel comme la tentative de Chypre est le moyen de nous habituer à ce que notre compte en banque ne nous appartienne pas. Je suis à la recherche d'un système bancaire parallèle où mes économies ne serviraient pas à la spéculation ou aux ventes d'armes etc.
    Quand Hollande va-t-il séparer les banques de dépôt et la spéculation ? Je croyais qu'il en était question.
    Pour le côté Hugo, Zola, c'est ce que j'aime chez vous. Ca me remonte le moral. Continuez, continuons à nettoyer les écuries d'Augias. Merci au monde judiciaire de travailler honnêtement. C'est encore un rempart me semble-t-il.
    Résistons au quotidien. Demandons à nos banques ce qu'elles font de nos petits €.

  20. Je suis totalement d'accord, je pense que des gens comme Kerviel au lieu d'être mis au piloris et fusillé comme de vulgaires brigands devraient être embauchés par l'Etat pour se servir de leur fulgurante intelligence à des fins justes et humaines. Vous rappelez vous de la fin du film tirée d'une histoire vraie :"Attrape moi si tu peux ?" Après avoir échapper au FBI pendant des années, Frank Abagnale fut embauché par le FBI pour lutter contre les Fraudeurs.
    De même pour lutter contre la grande finance, Franklin Roosevelt fit confiance à un ancien spéculateur Jospeh P Kennedy pour mettre en place la réglementation qui mit fin à la spéculation. Voilà ce que l'Etat doit faire de Jérome Kerviel ! Il n'est pas innocent de tout mais il n'est sans doute pas le plus coupable !

  21. Bracam dit :

    @ 5 amhed
    Vous dites qu'il existe de plus importantes causes à défendre que celle des traders. Je comprends bien l'idée en son sens général et je l'approuve, mais j'y oppose un principe humain primordial : un individu ne peut être considéré comme responsable d'une catastrophe dont l'origine est programmée par ses maîtres. Ce sont ces derniers, je pèse ce mot, qui doivent être poursuivis, et le système totalitaire qu'ils exercent à notre encontre qui doit être éradiqué. Que ces gens-là soient enfin dénoncés, les arrogants, les puissants qui nous réduisent en esclavage.
    Ouvrons les yeux. Si les coupables ne seront jamais inquiétés, je n'ose même pas espérer qu'ils le soient un jour, du moins ne pourrons nous jamais accepter de leur accorder le moindre pardon. Et pour cela, il faut dénoncer les responsables de la déchéance du monde (de la finance), et non pas les grotesques robots humains qu'ils exploitent avec tant de cynisme que nous en sommes aveuglés, vouant le simple trader, rouage irresponsable, à la vindicte populaire. Ceci est voulu par les détenteurs du pouvoir et se produit comme prévu. Ne nous laissons pas faire, car tous ou presque, à des niveaux divers et j'espère insignifiants, nous participons en fait à cette grotesque comédie dans laquelle nous nous compromettons sans le vouloir, en principe.

  22. pierre dit :

    Une banque qui laisse un de ses traders l'engager à hauteur de 50 milliards devrait déjà ne plus exister. Et l'excuse bidon du génie de Kerviel à déjoué les système de contrôle interne que nous ont servi les benêts de Calvi, Aphatie, Demorand et consorts n'ont convaincu que ceux qui voulait y croire. Pour ma part j'ai eu du mal à croire à l'incompétence crasse des dirigeants de cette entreprise financière. Je pense que les salaires que leur conseil d'administration leur octroie généreusement (souvent des camarades de jeux) servent surtout à récompenser le voyou qui se cache derrière l'honorable costard trois pièces et qui vient régulièrement nous faire la leçon sur les plateaux télé en nous traitant d'enfant gâte et nous faire bosser 44 ans. Kerviel est innocent et nous serions coupable de ne pas nous battre pour que ça change.
    Bientôt la sixième.

  23. Pied de Biche dit :

    Bravo Jean-Luc !
    Il faut prendre des positions inattendues pour renverser le système. Et puis en finir avec le gauchisme éculé. Ca va faire entendre nos vraies idées à nos concitoyens. On est révolutionnaire quand on est vraiment vrai. Et pas en jouant un camp contre l'autre bêtement. Merci pour cette boufée d'air frais de vraie gauche !

  24. Daniel dit :

    Une question que l'on a jamais posée sur la perte de 5 milliards de la SG. Mais qui donc les a gagnés ? En effet, sur le marché boursier, il faut un vendeur et en face un acheteur, et vice et versa. Donc a l'origine, la SG a achete un produit boursier, qu'elle s'est empressé de revendre, avec une perte de 5 millards. Qui en a profité. That's the question ? Cela pourrai ressembler a remplir une caisse noire, par example, en tout bien tout honneur, bien sur.

  25. poisson vivant dit :

    J'ai failli pleurer en lisant ce billet. Sa clarté si lumineuse est presque aveuglante.
    Etonnant que nombreux, dont moi, se soient pris dans ce filet tendu par le système politico-mediatico-financier. Que dire ? Le passé est sans doute le seul instant que l'on maitrise grace au recul qui nous purifie des gangues contextuelles.
    Chapeau chapeau Monsieur Mélenchon, par ce texte vous avez gagné mon admiration que je ne réserve pourtant qu'à moi!

  26. benoit g dit :

    Bonjour M. Mélenchon,
    Tout ce que vous écrivez là est bien surprenant et votre rôle de chef de parti vous permet sans doute à bon droit de poser de telles questions. Ce sont des questions très intéressantes.
    Nous avons eu au Québec, en déc. 2011 je crois, le même type de démarche du parti de droite au pouvoir pour faire interdire la présence d'un expert indépendant dans les procès concernant les produits dérivés, cette fois. Cela se passait lors de la refonte de la loi sur les institutions financières. À cela s'opposait le député de l'opposition. Cette commission parlementaire était retransmise en différé à la télé.
    Qu'on interdise la présence d'un expert pour éclairer la cour sur des questions aussi importantes et complexes est évidemment consternant et ne peut servir, selon toute vraisemblance, qu'à aider à camoufler la vérité. Il n'y aurait même pas alors apparence de justice.
    Je crois que c'est un débat intéressant et utile.

  27. marie dit :

    Merci Mélenchon de prendre position dans cette affaire un peu trop simple pour être vraie.
    Le problème n'est pas de savoir ce qu'il a fait mais comment il a pu le faire sans que personne ne puisse le freiner. Il manque le procès des vrais coupables. Ceux qui ont rendu cette chose possible. Il manque le vrai procès.
    Accuser quelqu'un c'est s'innocenter soi-même et les vrais coupables sont très forts de ce côté là. Des agneaux sacrifiés il y en a toujours eu. Et toutes les chèvres ont toujours été contentes.
    Vivement que toutes les banques s'effondrent et leurs actionnaires avec.

  28. JULES IMPRÉCATEUR dit :

    Intuitivement je sentais bien qu'il y avait quelque chose comme cela sous « l'Affaire Kerviel » et j'approuve la démarche.
    Toutefois je pense qu'il y aurait intérêt à aller plus loin que les Prud’hommes, jusqu'à appeler à la constitution d'une Commission d'enquête parlementaire puisque l'appareil d'État s'est impliqué et que des ministres se sont imprudemment exposés.
    Tout comme il y aurait matière à enquête parlementaire sur la dette et sur les retraites, pour une mise à plat des causes et conséquences, et aussi, pour analyser les solutions envisageables.
    Tout comme il devrait y avoir pour l'Europe un appel à commission d'enquête parlementaire européenne sur les agissements de la banque Goldmann Sachs, sur ses responsabilités dans la tricherie qui a permis à la Grèce de faire partie de l'Europe, sur ses responsabilités dans l'endettement de ce pays, sur la politique d'austérité sauvage qui lui a été appliquée, sur le noyautage des institutions politiques et bancaires de l'Europe.

  29. andré Mazingue dit :

    Commençons par le commencement pour moi.

    Tous les camarades sont d'accord à ce moment en 2010
    On part de la. Puis la réflexion se fait. L'analyse s'approfondit et on voit que la condamnation unanime cache une véritable escroquerie d'1,7 milliard d'euros. Alors c'est le scoop! Pauvre madame Lagarde. Est elle naïve ou complice ? Plus moyen d'éviter la bombe, des centaines de pages sur Internet
    Bravo pour ta capacité à mettre en cause des opinions si consensuelles !

  30. sebastien dit :

    Ok mais pourquoi n'ont ils pas laissé JK aller jusqu'au bout pour voir si il pouvait récupérer plus d'argent par lui même. Visiblement il était doué, ils auraient fait ca uniquement pout masquer les pertes subprimes ? Ils ont récupéré 1 milliard 7 sur notre dos. Ce gars était une poule aux œufs d'or pourquoi l'avoir tué aussi vite ?

  31. TonioLIT dit :

    @ 48 Stéphane
    En fait, ce n'est pas si simple. Si j'étais commissaire aux comptes (indépendant, ça peut exister) de la SG, je requalifierai les 4,9 G$ en créance douteuse, bien évidemment, puisque le petit Jérôme n'est pas solvable et cette simple brise légère, dans le monde normal, dissiperait l'écran de fumée. Qui est dupe ? Mme Carla ? Qui est dupé ? Celui qui veut bien croire en cette créance !

    [Edit webmestre : Dites donc, voici deux messages identiques mais pas terminés que j'efface avant celui-ci... Vous êtes prié de ne pas faire tous vos brouillons sur ce blog. Peut-être que si vous écriviez des choses plus spontanées ?]

  32. IsabelleC dit :

    Ayant travaillé dans une banque je confirme que la direction savait car tout étant informatisé, toutes les opérations même la plus petite operation est enregistrée. Tout fliqué, décortiqué, fouillé jusqu'au temps d'inactivité de votre OC. Kerviel est un bouc émissaire comme tant d'autres.
    Enfin concernant la soi-disante justice française celle-ci est un mythe. A 99% il faut avoir les bonnes connaissances. Les bonnes cartes politiques, les bonnes accointances. Quasiment tous les juges condamnent des gens à être ruinés. Octroyant des sommes énormes en dédommagement. Beaucoup de jugements à l'emporte pièces sont signés sur un coin de bureau notamment avant les vacances ou pendant les periodes de fête. Après tout qu'est ce que cela peu bien faire s'ils tuent sciemnent des gens en les condamnant très lourdement sans même tenir compte des mensonges de la partie adverse ou des magouilles d'avocats. Je parle du civil. Notre pays est devenue une Republique bananiere vendue au fric et rien d'autre.

  33. Jiemo dit :

    En somme, JK est un whistleblower qui s'ignore, et les types au dessus du plafond de verre n'aiment pas cela du tout !

  34. sebastien dit :

    J'espère qu'il va quand même gagner aux prud'hommes, mais ce serait un démasquage de toute l'affaire. Le système va t il laisser faire sans broncher ? La SG devrait rembourser les 1,7 milliards a l'état. J'aimerais bien, mais ce serait surprenant de leur part. Si il gagne, il faudrait relancer l'idée de la 6e République dans les médias "amis".

  35. Poil de lama dit :

    Je ne suis guère convaincu de l'innocence de Kerviel, en revanche je suis totalement certain de la culpabilité de sa hiérarchie, coupable au minimum d'irresponsabilité: si sa direction savait ce que Kerviel faisait, elle est inexcusable, et si elle ne le savait pas (ce qui n'est absolument pas crédible), elle serait inexcusable aussi. Les explications officielles de cette affaire sont un tissu de calembredaines, et ceux qui font semblant de les croire (les encravatés qui pontifient chez Yves Calvi) des menteurs patentés qui prennent les contribuables pour des imbéciles. Le sort de Kerviel ne m'intéresse absolument pas, mais sa hiérarchie, beaucoup plus coupable que lui, devrait finir ruinée, plumée et en prison. C'est très bien de s'y attaquer, il faut mordre fort et ne lâcher rien!

  36. Poncet dit :

    Ce billet manque peut-être d'une précision, Jérôme Kerviel est innocent de ce dont on l'accuse.
    La question n'est pas de savoir s'il est juste ou injuste d'être trader. De toute façon, hélas, c'est légal ! L'information essentielle ici est la loi sur le dédommagement des banques victimes de fraudes (incroyable, en effet).
    Nous sommes sans doute plus d'un à avoir toujours pensé qu'il était victime d'une injustice, parce que même la façon dont les médiacrates nous vendaient l'affaire n'en faisait pas "le" coupable, mais seulement le complice d'un vrai coupable situé au-dessus de lui. Si Kerviel avait commis un acte répréhensible, il l'avait fait sur injonction et sous la protection de sa hiérarchie et dans l'intérêt de la Société Générale. Que cette dernière soit présentée comme victime était tout simplement grotesque.
    Mais naïvement, je n'avais même pas imaginé que cette affaire ait pu avoir pour finalité, non pas de défendre un "système" en accusant un de ses éléments (enjeu purement idéologique dont la Société Générale se fichait peut-être) mais beaucoup plus prosaïquement de couvrir d'autres pertes aux frais du contribuable. Rétrospectivement, ceci apparait pourtant bien plus plausible.

  37. Chti'lulu dit :

    Prise de position courageuse, comme pour Julian Assange, et ô combien symbolique.
    Tu as tout mon soutien dans ce nouveau combat camarade. Prends soin de toi.

  38. rivoli dit :

    En lisant cette analyse qui par certains côté ressemble à une plaidoirie, difficile de s'empêcher de penser à la Grèce, à Chypre et à toutes les victimes, actuelles et à venir, de la troïka et du système qu'elle sous tend. Sauf que si l'on ne peut pas s'identifier à Kerviel, on peut et on doit se sentir proche et solidaire des peuples rendus comptables d'une crise qui n'est pas la leur. Comment, dans ces conditions, s'éviter une mort sociale ?
    La ligne de défense de JK qui a choisi de passer par les Prud'hommes peut-elle résister aux pressions qui ne manqueront pas de s'exercer ?

  39. Karl Lebarbu dit :

    Bravo J.L. Mélenchon, bien vu. Comme d’hab. Je propose 2 mesures urgentes :
    1. Ordonner à la ministre Lagarde de rembourser les 1,7 milliards d’ € qu’elle a versé à la SG sans vérifier, sa faute est encore plus grave que celle de Kerviel s’il en a commise une.
    2. Lancer le Referendum d’Initiative Populaire pour nationaliser la S.G. après ce coup, à moins que le Président « socialiste » décrète ce referendum.

  40. jeanmarc dit :

    Eh, les copains,
    On fait circuler. Pour que nos correspondants aient accès à l'original et non aux extraits qu'en feront la plupart des médias.

  41. ernieDiscall dit :

    Magnifique démonstration, mais je doute qu'elle fasse le buzz sur les chaines nationales. Il faudrait que ce billet soit relayé par des journaux tels que Mediapart, le Canard ou bien même Charlie pour qu'il aie l'impact qu'il mérite.
    Maintenant je suis convaincu, bien que je l'en sache incapable ni par le talent et ni par la volonté, que si madame Le Pen en était l'auteure, les journalistes de toutes les chaines se jetteraient sur cet "os" avec voracité.

  42. Philippe Gros-Desormeaux dit :

    Cher Jean-Luc, camarade de lutte, cette prise de position t'honore. Elle est juste et stratégiquement cohérente. Nos adversaires, serviteurs zélés d'un système déloyal, sclérosé par le mensonge et l'irresponsabilité organisée pourront dire ce qu'ils veulent. Ils n’empêcheront pas la vérité d'émerger.
    Résistons !

  43. MarianneGh dit :

    Ah cher Jean-Luc ! Ce titre en gros, en rouge, d'abord, qui me fait sursauter et pousser un cri, un cri de joie, de surprise et de reconnaissance.
    Enfin quelqu'un s'intéresse à cette affaire et il fallait que ce soit toi, dont je lis avidement le blog presque tous les jours pour me dépolluer la cervelle. Et cette magistrale démonstration ensuite, qui vient éclairer mon intuition de l'époque du scandale. J'avais lu alors le bouquin de Kerviel, qu'il avait écrit pour se défendre. Il était plus qu'évident que la justice était inféodée à la banque et ça m'avait paru si grave que je me demandais pourquoi personne ne semblait vouloir s'y pencher. Un trader, vous pensez ! Certes il avait un nom et une gueule d'ange, ce démon, mais c'est surtout ce qu'il racontait qui était intéressant. Ensuite le bruit médiatique éphémère autour du livre de ce type dont j'ai oublié le nom, qui, au cours d'une nuit torride de brainstorming avec le PDG Bouton, prétendait avoir sauvé la finance internationale. Tout cela puait la manipulation énorme. Mais voilà, peu à peu on avait étouffé le bruit et l'odeur.
    Merci d'avoir si superbement ranimé la flamme, JL, même si ça va faire jaser en tous sens. Merci et bravo pour tout ce que tu éclaires continuellement !

  44. bacon dit :

    Oui, je pense aussi que Kerviel est innocent. En effet l'alternative est la suivante, ou la SG ne s'est pas aperçue des prises de risques de son collaborateur et les détenteurs de comptes dans cet établissement ont du souci à se faire, ou ils étaient parfaitement au courant (ce que je pense) et le contrôle interne et hiérarchique de la banque n'ont volontairement pas fonctionné, dans l'espoir de gains toujours plus importants!
    Nous sommes donc au coeur d'un système qui est précisément à l'origine de la crise de l'économie réelle actuelle. N'oublions jamais que la spéculation financière a été l'élément déclencheur du désastre actuel. Dans ce cadre le "soldat" Kerviel a joué certes sa partition, mais les responsabilités de la banque et du système mis en place par les puissants de ce monde sont écrasantes !
    De plus la mise en accusation de Kerviel a semble t il permis, comme le précise JL Mélenchon, un versement sur fonds publics de sommes substantielles à la SG. L'entourloupe est évidente !

  45. Jacques Soyer dit :

    Merci Jean-Luc pour ce bel article. L'avocat de Jérôme Kerviel pourra s'inspirer de tes mots lorsqu'il devra assurer la défense de son client face aux Prud'hommes.
    En espérant que ton article aura le même impact à long terme que le "J'accuse...!" de Zola. Evidemment je ne te souhaite pas le même sort, à court terme, que Zola ;-)

  46. Marlene Beatrix dit :

    Monsieur Mélenchon, vous avez raison de le penser innocent. Dès le début de l'accusation contre Kerviel, j'avais compris qu'il servait de fusible pour protéger les vrais escrocs qui ont mis en place le système de spoliation générale. C'est le commencement d'une guerre par la Grande Finance avant de s'en prendre aux petits citoyens sans défense et de leur faire les poches jusqu'au dernier cent et jusqu'à leur dernière goutte de sang.
    Vous avez pris votre plume pour défendre Kerviel, le soldat de la Société Générale. J'aimerais tant que vous repreniez votre plume pour dénoncer aussi [...]

    [Edit webmestre : La suite est hors-sujet. Si chacun, à votre manière, essaie d'agréger les sujets qu'il juge importants, et qui attireront inévitablement des surenchères et des contradictions, ce fil deviendra illisible. Tenez-vous en au sujet proposé.]

  47. didier dit :

    Pour rembourser ses amis de la haute finance ou ses amis politiques tel que Tapie, Madame Lagarde fait preuve d'un zèle et d'un empressement hors du commun. Une enquête s'impose immédiatement et félicitations a Jean-Luc d'avoir écrit cet excellent article.
    J'ai, après les premiers commentaires sur cette affaire désignant Kerviel comme le bouc émissaire, ressenti comme un malaise. Non seulement Jerome Kerviel est innocent mais il est victime de ce système.

  48. Max Bézard dit :

    Bonjour Jean-Luc, si la moyenne des gains des autres traders est de trois millions d'euros, comment expliquer que cette somme se trouve multipliée par... 567 la dernière année d'exercice pour Kerviel?. Est-il seulement imaginable qu'un salarié puisse à lui tout seul "produire" plus de 500 fois ce que font ses collègues avec les mêmes moyens? Évidement non. Cette affaire ressemble bien au monde que nous vivons. Plus le mensonge est gros, mieux il passe.
    Félicitations pour cette mise en parallèle des injustices historiques.

    Hors sujet mais tribune continue oblige, je continue de bûcher sur la TVA. La langue de plomb qui entoure ce crime contre la raison humaine me titille la langue de feu (je suis un peu Dragon à mes heures).

  49. Lix dit :

    J'ai travaillé en tant qu'employé pour les deux plus gros groupes financiers Européens à leur belle époque où l'argent coulait à flots, les années 80/90. Édouard Balladur un peu plus tôt au gouvernement, avait retiré par une loi l'exclusivité des "agents de changes", entités historiques ayant le monopole et le contrôle des flux en France, un peu comme l'on a encore notre notaire de quartier, laissant le champ libre aux banques de racheter ces droits et spéculer à très grande échelle. J'ai vu cette période de transition d'un monde ancien où l'argent avait "un peu plus d'odeur" puisque mieux contrôlé, et le braquage à ciel ouvert qui s'oppérait devant nous. C'était la teuf.
    Je visitais le palais Brognard et la plupart des banques, et je fréquentais ces jeunes traders autour de la fameuse "corbeille". La plupart n'avaient pas fait d'études pour cela, tellement ca prospérait qu'on embauchait à tour de bras. Ils aprenaient sur le tas. Je manipulais des "titres au porteur" mais aussi des chèques de banque avec des chiffres si longs que j'arrivais plus à les lire. D'ailleurs je ne les lisais plus tellement ca me dépassait.
    Dans les bureaux, la hiérarchie de sont grand sérieux ne vous laissait pas faire un pèt de travers, le contrôle strict était de mise, partout. Alors qu'on vienne pas nous raconter des salades sur cette affaire. On ne laisse pas un seul élément agir à sa guise. Jamais. Les clients/donneurs d'ordres avec leurs téléphones cellulaires et de la passerelle de leur yatch demandent des comptes dans un état de guerre invraisemblable. Tous les jours. Et rien ne passe à côté sans que tout le monde soit au courant, nada! Et de nos jours, la puissance des algorithmes et l'addition en fin de journée est bien plus stricte qu'à l'époque.
    Croyez moi que du flouze qui circule il y en a, plein. Mais plein plein plein plein... de quoi redresser plusieures dettes sur plusieurs pays en même temps !
    Kerviel ne doit pas être le Dreyfus de...

  50. Cédric dit :

    Comme d'habitude, votre article est clair et bien argumenté. Vous faites preuve d'une cohérence et d'une constance qu'un étudiant en mathématiques comme moi ne peut qu'apprécier. Et votre style rend vos écrits faciles et agréables à lire.
    Je suis convaincu par ce que vous écrivez dans cette note. Je comprends et soutiens entièrement le combat que vous y menez et je me ferai le relais de votre argumentation dans mon entourage.
    Merci à vous pour cet éclairage sur cette affaire.


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