24mai 13

Vertige du moment, des faits et des mots

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Je vous fais ce post pour l’essentiel depuis Strasbourg. Il y est surtout question du démarrage de la grande affaire de ce nouveau siècle en Europe : l’annexion par les USA de nos démocraties déjà fracassées. C’est le commencement des négociations en vue de la constitution d’un marché unique transatlantique libéralisé. Des années d’alerte n’ont servi à rien. L’épais tapis de silence médiatico-politique a étouffé le bruit de botte des trusts yankees. Tout d’un coup, après des années de préparation discrète tout s’emballe.

Non accord UE_USA

Sur une simple déclaration d’Obama approuvée par Merkel, après une visite aussi solennelle que formelle des androïdes Van Rompuy et Barroso, la machine s’est lancée. La Commission européenne va se doter d’un mandat de négociation. La négociation commence en juillet. Hollande est aux abonnés absents. Quant à Ayrault… Qui ça ? Et les médias… Les quoi ? Je répartis mes explications en deux chapitres. L’un décrit sommairement l’enjeu du contenu du traité, l’autre analyse le contexte des forces politiques sur le sujet. J’invite fortement mes lecteurs à s’emparer de la question en commençant un apprentissage des faits. Mon post est destiné à y aider. Mais vous avez aussi le livre édité par nous qui vous est proposé dans la colonne de gauche de ce blog. En toute hypothèse cette affaire va surplomber toute notre activité politique pendant des mois et sans doute pendant des années. Nous ne pouvons combattre sans former une opinion éclairée sur le sujet. Il faut donc commencer immédiatement un travail d’éducation populaire de masse pour y parvenir. J’espère que nous arriverons au pouvoir à temps pour faire échouer ce plan. C’est ce qui s’est passé en Amérique du sud. L’arrivée au pouvoir de nos amis a permis que le traité équivalent à celui-ci soit envoyé à la poubelle au dernier moment. Quoiqu’il en soit il faut travailler dès à présent activement.

J’ajoute un petit chapitre que je m’offre comme une récréation pour le seul bonheur d’écrire en souriant. C’est mon point final au palpitant épisode du tweet concernant le désolant accident survenu au sacrum de madame Le Pen. Je l’ai intitulé « Foutre ! ». L’abandon de l’usage de ce mot provoqua récemment la tristesse de Bernard Pivot. Le mot est l’équivalent en langue du dix-huitième siècle de l’interjection « putain, con ! » dans notre midi actuel. Mais si j’avais préféré cette modernité rabelaisienne, les tartuffes qui m’ont accablé auraient trop cruellement souffert. J’ai choisi la modération en quelque sorte.

Nouveaux convertis

Etrange ambiance encore une fois, au Parlement européen ce matin-là. Des flots de paroles venant de tous les bancs fustigeaient les paradis fiscaux. Chiffres et comparaisons pleuvaient. J’en ai noté. Celui-ci : il s’évade par an l’équivalent de sept ans de budget de l’Union européenne. Les sommes perdues par la fraude fiscale cumulées sur les cinq années qui ont vu se déclencher la tempête financière mondiale représentent plusieurs centaines de fois le montant total de la dette grecque. Je me disais : s’ils reconnaissent tous maintenant que tout cela est si grave et si préjudiciable, pourquoi l’ont-ils toléré jusqu’à maintenant ? Et que valent toutes ces déclarations si l’on considère la modestie des dispositions arrêtées. Tel est ce théâtre d’ombres. Les mots sont des trompe-l’œil. Comme le mot "Union européenne" lui-même. Le sommet sur ce sujet ne valait pas plus cher si l’on peut dire. Les Etats voyous de l’Union, le Luxembourg et l’Autriche conditionnent leur soumission aux règles de la morale au jour où le péché finira dans le monde. Tant que des micro-états bidons comme Andorre, Lichtenstein et Monaco ne se soumettront pas eux-mêmes, ils prétendent ne rien faire. (idée de sondage web pour « Le Parisien » : Mélenchon a-t-il raison d’insulter nos petits voisins, la princesse de Monaco, l’évèque co-prince d’Andorre et le grand papamouchi du Lichtenstein ?). Moi j’aurais dit : « Ces gens-là nous agressent en se faisant complice d’un hold-up annuel de mille milliards d’euros par an ! Donc on riposte. On coupe le courant électrique à Monaco, on barre la route vers Andorre et on coupe la flotte dans l’unique rue du Lichtenstein ». (idée de papier pour Libération : « Mélenchon veut couper l’eau aux évadés fiscaux »). Pour ma part je pense qu’aucun de ces Etats confettis ne sont en état de soutenir une confrontation, ni avec la France ni avec aucun des Etats de l’Union. Il suffit de demander, sur le ton juste. En fait, il suffit d’ordonner. (idée de tweet pour Aphatie : « Mélenchon veut un ultimatum à Monaco ! Dément ! »). Mais pour cela il ne faut pas faire des clins d’œil aux voyous avec des législations à leur service, il faut appeler une agression, un acte de guerre, ce fait de piller nos pays et nos peuples, il faut appeler du parasitisme ceux qui financent leurs économie de cette façon. (idée de tweet pour Quatremer : « Mélenchon dit que les voisins de l’Europe sont des parasites, bonjour le nationaliste ! »).   

Un vieux complot mercantile

Le gros plat de résistance de cette session c’était le vote d’une résolution à propos du mandat de la Commission européenne dans la négociation qui s’ouvre pour la mise en place d’un grand marché unique entre les USA et l’Union européenne. En 2009, j’avais édité une brochure de grande diffusion sur ce thème. J’ai alerté sur les dangers de ce Grand Marché Transatlantique qui se trame depuis dix ans dans le dos des peuples. Un silence médiatique total et une prudente omerta des partis qui participaient depuis le début à cette discussion ont bien protégé dix ans de pourparlers préliminaires. Ce vaste projet de libéralisation des échanges et de l'investissement connaît en ce moment une accélération spectaculaire sans qu'aucun peuple ne l'ait décidé en Europe. Et pour cause : aucun gouvernement ne l'a jamais inscrit à son programme électoral, à commencer par François Hollande. J'ai déjà pointé en ce début d'année la relance de ce projet par Obama immédiatement approuvé par Merkel. Les arcanes de l'Union européenne débattent désormais secrètement d'un mandat qui doit être donné par les 27 ministres du commerce à la Commission européenne le 14 juin. Les négociations commencent dès cet été ! L'existence de ce projet de mandat est bien attestée en date du 13 mars sur le site du conseil de l'Union européenne sous le numéro 7396/13. Mais le document est estampillé comme "non accessible". Comme les traités confient à la Commission européenne une compétence exclusive en matière commerciale, le Parlement européen n'a aucun pouvoir contraignant sur ce mandat. D'ailleurs il n'en est même pas officiellement saisi. Et les députés européens n'y ont même pas accès. Le Parlement a juste la possibilité d'exprimer un avis général sur cette négociation via une "résolution" comme il en vote sur tant de sujets sur lesquels il n'a aucun pouvoir. C'est le sens des résolutions votées à Strasbourg ce jeudi 23 mai dont j'ai publié l'analyse sur mon blog européen.

Grâce au site du journal « L'Humanité », ce projet de mandat secret, qui n'existe qu'en anglais, a enfin pu être connu cette semaine. Aucun média dominant ne s'est pour l'instant penché sur l'ampleur de la négociation qui s'annonce. Tout juste un débat a-t-il été ouvert depuis 10 jours sur la place de l'audiovisuel et de l'exception culturelle dans cet accord. Pourtant le mandat secret atteste que c'est bien l'ensemble de l'économie et des services publics qui vont subir une nouvelle vague de libéralisation si cet accord est signé.

Que fait François Hollande à ce sujet ? Rien ! Ou plutôt il entérine passivement ce qu'ont décidé Barack Obama et Angela Merkel. Le conseil européen des 7-8 février s’est ainsi prononcé, avec l'aval de Hollande et sans qu'il dise un mot, « pour un accord commercial global UE /USA ». Et dès le 13 février, toujours sans un mot de Hollande, c'est à Washington que le nom du nouvel accord a été scellé par Barack Obama avec Barroso et Van Rompuy. Du cousu main ! Le projet s'appellera « accord de partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement ». Il est ainsi déjà désigné sous le vocable globisch "TTIP" ("Transatlantic Trade and Investment Partnership"). Obama et les deux dirigeants non élus de l'UE lui ont fixé pour objectif d’« accélérer la libéralisation du commerce et de l’investissement ». Désormais le mandat de négociation de la Commission européenne doit être adopté définitivement le 14 juin par le Conseil des ministres du commerce. Et à peine le mandat sera-t-il donné à la Commission que les négociations pourraient être lancées en marge du sommet du G8 du 17 juin comme l'a proposé le britannique David Cameron. Là non plus Hollande n'a pas dit un mot sur cette échéance alors qu'il représentera la France au G8.

Tout cela va très vite. La mise en place aurait pu passer inaperçue comme d’habitude et les médias officiels continueraient leur besogne de dissimulation. Mais il y a eu la réaction des amis de la culture européenne. J’ai déjà raconté quel ravage cet accord impliquera dans le monde du cinéma. Le milieu a donc réagi avec fermeté. C’est le seul secteur qui l’ait fait pour l’instant. Effectivement la création culturelle et audiovisuelle sont menacées par cette libéralisation. Ces activités sont en effet protégées en Europe par des mécanismes d’aide publique mais aussi de réglementation de la diffusion, comme les quotas de chansons en français ou les obligations de diffusion d'un nombre minimal de films français. Du point de vue de la libéralisation du commerce visée par l'accord ce sont autant d’obstacles à éliminer. Mais en réalité tous les secteurs d’activité sont concernés. Du coup d’aucuns voudraient utiliser la bataille pour « l’exception culturelle » pour masquer le reste du texte et en faire l’arbre qui cache la forêt des libéralisations. Le mandat secret préparé par la Commission fixe comme objectif la constitution d'un "marché transatlantique intégré". Il vise la "libéralisation du commerce des biens et services et de l'investissement", "avec une attention particulière à supprimer les barrières réglementaires inutiles". Il demande que l'accord soit "très ambitieux, allant au-delà des engagements de libéralisation de l'OMC". Avez-vous bien compris ?

Regardons de plus près. Cette opération de libéralisation générale comporte plusieurs volets. D'abord la "suppression totale des droits de douane" sur les produits industriels et agricoles. Rien que sur ce volet "tarifaire", l'accord est dangereux pour les européens. En effet selon les chiffres de la Commission européenne le taux moyen des droits de douane est de 5,2 % dans l’UE et de 3,5 % aux USA. Cela signifie que si les droits tombent à zéro, les USA retireront un avantage 40% supérieur à celui de l'Union européenne. Cet avantage pour les produits fabriqués aux Etats-Unis sera encore amplifié par la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. Et ce déséquilibre sera démultiplié par la faiblesse écologique et sociale des coûts de production aux USA. Dans ces conditions, rien que par son volet quantitatif, cet accord deviendra une machine à délocalisations. Cela aggravera le chômage. La Commission reconnaît d'ailleurs pudiquement dans l'étude d'impact qu'elle a commandée que cela entraînera une « baisse importante » de l’activité et de l’emploi dans la métallurgie. Dans la métallurgie !

Vient ensuite le volet non tarifaire de l'accord. Là ce ne sont pas seulement les productions qui vont être impactées mais le contenu des réglementations des pays. Le projet de mandat appelle à "réduire les coûts résultant des différences réglementaires" Il propose de "trouver de nouveaux moyens d'empêcher les barrières non tarifaires [c'est à dire les lois] de limiter la capacité des entreprises européennes et américaines d'innover et de participer à la compétition sur les marchés mondiaux." Barroso a d'ailleurs expliqué que « 80 % des gains attendus de l’accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». Cela signifie que les androïdes de la Commission européenne voient dans cet accord l'occasion d'aller encore plus loin que ne le fait déjà l'Union européenne dans la dérèglementation. « Le fardeau »… il fallait le trouver.

Pour libéraliser l’accès aux marchés, l’UE et les USA vont devoir faire converger leurs réglementations dans tous les secteurs car les normes plus contraignantes sont considérées comme des obstacles au libre commerce. Or contrairement à ce qu'affirment la Commission européenne et ses perroquets libéraux et sociaux-démocrates au Parlement, les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas "des normes d'une rigueur analogue en matière d'emploi et de protection de l'environnement". En effet les Etats-Unis sont aujourd’hui en dehors des principaux cadres du droit international en matière écologique, sociale et culturelle. Ils ne souscrivent pas à plusieurs conventions importantes de l’OIT sur le droit du travail. Ils n'appliquent pas le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique. Ils refusent la convention pour la biodiversité. Ainsi que les conventions de l’Unesco sur la diversité culturelle. Autant d'engagements qui sont souscrits par les pays européens. Les standards réglementaires états-uniens sont donc dans la plupart des cas moins contraignants que ceux de l’Europe. Un marché commun libéralisé avec les Etats-Unis tirerait donc toute l’Europe vers le bas. S’il faut un exemple de ce qu’est l’état d’esprit des trusts nord-américains l’exemple vient du Bangladesh. Les trusts européens se sont accordés pour discuter des normes à appliquer, selon eux, à l’avenir pour ne pas connaitre la réédition de l’horreur qui vient de se produire. Les trusts yankees ne veulent entendre parler ni de ces discussions ni de normes d’aucune sorte. Vous voilà prévenus !

Voyons à présent d’encore plus près le tableau des dégâts en vue. Le premier impact négatif d'un tel accord sera écologique. On retrouve ici le couple infernal du productivisme et du libre échange. En effet le projet table sur les exportations comme solution de relance de l’activité. Il s'opposera donc à toute politique de relocalisation des activités qui peut permettre la réduction de l’empreinte humaine sur l’écosphère. A l’inverse, en augmentant le trafic aérien et maritime de marchandises à travers l'atlantique, la hausse attendue des exportations fera encore grimper les émissions de gaz à effet de serre. Ne croyez pas que je fasse ici un excès de zèle sans preuve. La Commission elle-même a pris conscience du fait que la question se posait. Elle estime cette hausse limitée entre 4 et 11 000 tonnes de CO2 par an. Il ne reste plus qu’à la croire ! Mais aussi petite soit la hausse envisagée, elle sera toujours trop importante. L’Union européenne ne s'est-elle pas au contraire engagée à réduire ces émissions en général ? Ce que signe ma main gauche, ma main droite n’a pas à le savoir ?

En raison des différences de normes dont j'ai parlé, cet accord sera aussi une incitation au pire productivisme au détriment de la qualité sociale et écologique des produits. Par exemple dans la construction, les normes françaises HQE sont beaucoup plus contraignantes que les normes américaines LEED. Idem en matière de limitation de la pollution automobile ou en matière de production d’énergie. Les constructeurs automobiles français ont d'ailleurs exprimé des réserves sur l'accord. Car bien qu'insuffisants, leurs efforts pour investir dans des motorisations moins polluantes seraient ralentis et en partie ruinés par la libéralisation.

Et l’agriculture ! Là c’est l’horreur. L'accord exposerait les Européens à laisser entrer les pires productions de l'agro business états-unien: bœuf aux hormones, volailles lavées au chlore, OGM, animaux nourris aux farines animales. Sans parler du fait que les USA ont des systèmes peu contraignants de traçabilité. Et qu'ils ne connaissent même pas les « indications géographiques protégées ». Ils considèrent les appellations "Bourgogne" ou "Champagne" comme des noms génériques dont l'usage commercial doit être libre. Ce qui pourrait leur permettre de commercialiser du « Champagne » produit en Californie. Et ainsi de suite. Adieu les AOC et tout l’immense et patient travail de valorisation des produits qui vont avec. Une qui va se réjouir c’est la ministre de l’université : non seulement parler anglais mais boire en même temps un Bordeaux du Tenessee !

Ce n’est pas fini. Le projet de mandat comporte quelques autres dernières mauvaises nouvelles. On y apprend que la négociation portera aussi sur "la politique de concurrence, incluant des dispositions sur les concentrations, fusions et faillites". Et à ceux qui espéraient que les services publics seraient exclus, il est bien précisé que "l'accord concernera les monopoles publics, les entreprises publiques et les entreprises à droits spécifiques ou exclusifs". L'accord vise ainsi "l'ouverture des marchés publics à tous les niveaux administratifs, national, régional et local". Vous êtes groggy déjà ? Eh bien le délire n’est pourtant pas fini. Car il est précisé qu'il devra lutter contre l'impact négatif de barrières comme les "critères de localisation". Enorme ! Exemple : impossible de promouvoir par exemple les circuits courts dans la fourniture des collectivités locales.

Comme on le devine le volet financier est le principal dans l’esprit des promoteurs de l'accord. Il devrait porter sur l'investissement et la finance. En matière d'investissement, le mandat vise à parvenir "au plus haut niveau de libéralisation existant dans les accords de libre échange". Des mesures spécifiques de "protection des investisseurs" devront être négociées, "incluant un "régime de règlement des différends entre les Etats et les investisseurs". Derrière ces formules obscures, il s'agit de doter les investisseurs de droits spéciaux et de procédures préférentielles supranationales par rapport aux autres justiciables soumis aux droits des Etats. C'était la logique poursuivie par "l'accord multilatéral sur l'investissement", dit AMI, que les USA avaient tenté d'imposer en 1998 et qui avait été abandonné suite à des mobilisations citoyennes et le refus de la France de l'accepter. Retour par la fenêtre de ce que Jospin avait fait couler. Mais cette fois-ci François Hollande est d’accord ! Autre bonne nouvelle pour les financiers, le projet de mandat se prononce pour une "libéralisation totale des paiements courants et des mouvements de capitaux". Voilà une aubaine pour les places financières anglo-saxonnes les moins réglementées et les plus spéculatives ! Les géants du crédit hypothécaire états-unien pourront ainsi vendre leurs crédits pourris en Europe aux mêmes conditions que dans leur pays d'origine. Que des bienfaits, on le voit !

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer un tel accord avec les Etats-Unis serait aussi une erreur géopolitique historique. Depuis 10 ans l'Empire a vu tous ses efforts de libéralisation commerciale mondiale bloqués à l'OMC par la résistance croissante des pays du sud. En arrimant l'Europe à ces projets de libéralisation dans un ensemble pesant 50% de la production mondiale, les Etats-Unis essaient de reconstituer leur domination aujourd'hui en voie d'effondrement face à la Chine. Il s'agit tout simplement pour eux de pouvoir continuer à imposer leur loi au monde entier. Le projet de mandat de la Commission ne s'en cache même pas en affirmant que les règles communes fixées par l'Europe et les Etats-Unis devront "contribuer au développement de règles mondiales". Bref, cet accord a mûri en même temps que la théorie du « choc des civilisations » dont il est la traduction géopolitique.

Faire échouer le Grand Marché Transatlantique

Le Parlement européen a donc délibéré sur le mandat de la Commission pour la négociation de la mise en œuvre du Grand Marché Transatlantique. Bien sûr ce texte du Parlement n’a aucune valeur législative ou normative. C’est une résolution. Voyons son contexte politique car il va être décisif pour la suite.

Le groupe social-démocrate a capitulé. Que dis-je ? Il s’enthousiasme. Son rapporteur vient de dire qu’il comptait sur ce grand marché « pour réindustrialiser l’Europe » ! Consternant ! Après quoi il formule le discours confus de ce genre de posture : « tracer des lignes rouges », « négocier avec fermeté » et blabla. Consternant. Le président de la commission du commerce est un socialiste. Il se réjouit de l’ouverture de la négociation. Ils pensent qu’il n’est pas indispensable de retirer de la discussion sur certains domaines comme le domaine culturel. Bref pour lui, ça baigne ! Sans l’intervention du socialiste français Henri Weber sa position aurait été celle du groupe social-démocrate ! Au total, les sociaux-démocrates entrent dans le cadre et courent devant. Ce qui me frappe c’est qu’à les entendre il n’y a aucun inconvénient au projet. Le grand marché serait donc exclusivement bénéfique. Pas même une réserve sur la propagande de la commissaire qui annonce 2% de croissance grâce à ce grand marché. Pourtant le scepticisme serait de rigueur. Car si l’on mettait bout à bout toute la croissance déjà promise dans le passé à propos de chaque accord adopté, l’Europe devrait avoir une croissance supérieure à celle de la Chine !

Ici l’avachissement du groupe social-démocrate correspond à ce qui se passe dans les partis nationaux. Les socialistes français sont inexistants. Ils n’ont plus guère d’influence sur leur groupe. Cela tient bien sûr à leur très grande hétérogénéité sur la politique européenne. Mais surtout à ce qu’ils sont de surcroît à présent pris en tenaille sous une double contrainte. D’un côté il y a les Allemands qui dominent le groupe social-démocrate. Et de plus ces derniers se coordonnent en permanence avec les députés allemands des autres groupes politiques. De l’autre côté il y a l’Elysée qui se porte garant des accords avec le gouvernement allemand. Les indices de l’efficacité de cette tenaille se multiplient. On ne peut comprendre autrement leur incroyable vote pour éviter le débat du Parlement européen sur le sujet sur l’aide alimentaire européenne dont tout le monde se souvient qu’elle fut suspendue du fait du gouvernement allemand. De même, dans le cas de la négociation transatlantique, les Allemands sont les moins préoccupés. En effet ils n’ont pas de secteurs vitaux en concurrence réelle avec les nord-américains

D’une façon générale voici comment l’affaire va se présenter. La social-démocratie européenne ne tiendra pas cinq minutes le choc. Elle est déjà acquise au projet. Le PS français va se concentrer sur la question du retrait du projet du domaine audiovisuel. Si ce point est acquis il sera présenté comme une très grande victoire et tout le reste du projet de Grand Marché Transatlantique sera accepté. Toutes les marionnettes des solfériniens vont souffler de la trompe sur ce thème pour faire avaler le traité. Le juste dossier de l’exception culturelle servirait donc de rideau de fumée. Le pire aurait été, pour le PS, que dès le départ l’exception culturelle soit mise en cause. Il aurait été obligé de combattre le projet lui-même et notre travail en serait facilité. En toute hypothèse, comme je l’ai déjà dit, l’engagement des gens de culture va faciliter notre travail. Tout le temps que durera la négociation ils agiront et nous aussi. Et très vite les agriculteurs et les associations de santé publique vont entrer dans le débat. Car tout cela est menacé aussi. Comment pourrait-il en être autrement ? Toute la civilisation européenne actuelle a été fondée sur les interventions de l’Etat. Et que se passera-t-il quand les citoyens vont comprendre que la question clef de la défense et des industries d’armement est aussi incluse dans  la négociation ! En fait le Grand Marché Transatlantique est une annexion de l’Europe par les Etats-Unis. Quelle foutaise ! Il ne restera rien de l’idéal européen avec ce grand marché. Non seulement notre présent sera détruit mais notre futur sera définitivement mis en impasse. Car comment se donner ensuite des objectifs européens d’harmonisation salariaux ou fiscaux ou de coopération renforcée ? Ce sont des obstacles caractérisés à la concurrence libre et non faussée. Les punitions pleuvraient s’ils étaient développés. La preuve de ce fonctionnement coercitif est donnée par ce qui se passe vis-à-vis du Canada qui est poursuivi pour plusieurs milliards de dollars en raison d’entraves supposées à la loi de la concurrence libre et non faussée. Le GMT va donc être un déni de la souveraineté du peuple. Il prononce de fait la dissolution de l’Union européenne dans le marché unique des USA.

Nous, les partis de l’autre gauche de l’Europe du sud nous savons que la fonction tribunicienne et la radicalité concrète du programme marchent de pair. Toute stratégie de pression et de négociations graduées tourne tout le temps au marché de dupes. Nos amis d’Amérique du sud ont fait échouer l’ALCA, projet similaire piloté par les Etats-Unis. Nous devons avoir le même objectif, sans compromis. Faire échouer le GMT !

Foutre !

Pour solde de tous comptes (de tweet) avec les navrés du casse-cul, une citation venue de la grande révolution de 1789. Je la prends dans les polémiques du père Duchesnes à qui on reprochait ses vulgarités. « Si j’avais voulu trancher du bel esprit, je m’en serais aussi bien tiré qu’un autre. Moi aussi je sais parler latin ; mais ma langue naturelle est celle de la Sans-Culotterie ; j’aime mieux être lu des pauvres bougres, j’aime mieux leur apprendre de bonnes vérités, et les avertir des manigances des traîtres, que de prendre le ton de nos journalistes freluquets qui, pour plaire aux petites maîtresses et aux prétendus honnêtes gens, n’osent nommer les choses par leur nom. Il faut jurer avec ceux qui jurent, foutre ! Ma rudesse, quoi qu’on en dise, ne déplaît pas autant que quelques viédases le prétendent. Tous ceux qui aiment la franchise et la probité ne s’effarouchent pas des bougres et des foutres dont je larde par-ci, par-là, mes joies et mes colères ; les oreilles si délicates qui sont déchirées de mes expressions les trouveraient délicieuses si je voulais être l’apôtre de l’aristocratie […] Il est donc clair que ceux qui s’offusquent tant de mon langage n’aiment pas la vérité, et, comme je n’ai cessé de la dire, ceux à qui je déplais si fort sont à coup sûr des aristocrates. » (Père Duchesne, n°257, juillet 1793)

Si j’acceptais de hurler avec les loups on trouverait mon cri suave. Si je mettais mon art au service de l’idolâtrie euro béate, si je raillais ceux qui ne veulent pas enseigner en anglais à l’université française, si je fustigeais les tire au flanc des 35 heures et si je brocardais les vieux fainéants qui ne veulent pas s’éclater au boulot jusqu’à 65 ans, mon esprit et mon sens de la formule seraient acclamés dans les dîners en ville des puants parfumés. Si j’entrais dans la coterie des raisonnables qui déplorent le « risque populiste » et la « montée des extrêmes » (au pluriel s’il vous plaît), si je connaissais mes arpèges, comme hier mes déclinaisons latines, pour parler du « monde-qui-change-et-nous-devons-changer », bref, si je vannais comme un muscadin pour les merveilleuses, Marie-Camomille et Jean-Patou en seraient d’autant plus enchantés qu’ils n’en entendraient même pas parler. Peut-être quand même finiraient-ils par m’avouer qu’ils ont écouté le tube trivial qui réjouit l’aîné de leurs enfants, celui qui finit son année en section math-allemand, l’îlot de sérieux blanc au collège. Il est vrai qu’il est nul à chier, si j’osais le dire. Un petit « pet’ » et on s’en taperait cinq. Mais comme « je tonne et que j’éructe » comme l’a noté finement monsieur Pujadas, il me faut oublier les douceurs de l’estime mondaine : elles me sont refusées pour toujours. Rabelais, médecin d’élite, en fit l’expérience en son temps pour avoir amené la paillardise au service des Lumières naissantes. Sait-on, en l’adulant depuis que ses querelles contre les pédants de son temps sont bien froides, qu’il nous régala de quarante pages d’interrogations sur le point de savoir quel est « le meilleur torche cul » au milieu d’un ouvrage à présent enseigné au lycée (en français comme des nuls !) ? Mon tour de notoriété posthume viendra peut-être avec mes seuls 140 signes symptômes du raccourcissement du temps propre à notre époque.

Quelle affaire que ce cul que nous ne saurions voir même par allusion dans nos phrases ! A moins que l’interdit ne soit l’apanage de quelques uns ! Pourtant Montaigne prévient : "Si hauts sommes assis, si ne sommes assis que sur notre cul". Ce n’est pas si simple cher Michel ! Le cas s’aggrave pour certains à proportion de l’altitude à laquelle ils se sont hissés. Une diablerie de rapprochement d’idées me fait penser à cette plaisanterie qu’on dit africaine : plus le singe est haut dans l’arbre, plus on voit son cul ! Alors ? Comment en parler poliment pour parler d’une importante qui se le fend par distraction ? Dirais-je qu’il « y a peu du Capitole à la roche tarpéienne », pour impressionner les ignorants de l’antiquité romaine, ou bien, pour être mieux compris et faire sourire, que le chemin qui va du sommet de l’arbre au fond de la piscine, surtout si elle est à sec, casse les meilleurs fondements ?

Foutre ! Mesdames et messieurs les faquins ! Foutre, dis-je, monsieur Bernard Pivot, comme vous le recommandiez il y a peu ! Foutredieu, même ! Je me casse le cul à mettre du sel dans les épinards et les pisse-vinaigres (comme disait De Gaulle) qui se la pètent, me gavent grave ! Me voici banni des affections mondaines. Tant pis. Je m’en passe. Pour l’instant, je suis assis à jamais au banc de la Montagne aux côtés de l’abominé Robespierre, comme le revendiquait déjà Jean Jaurès. Et comme le tribun socialiste, je ne paraîtrai donc qu’en caricature, la barbe hirsute et la bouteille de vin de messe en poche. Je vais le dire maintenant : c’est un bonheur que, dans cette comédie toujours recommencée, j’ai l’honneur d’être à la place du paria des pédants et des puissants. Car on se souvient de ceux qui ont tenu l’emploi avant moi et leur pétulance n’en finit plus de nous secouer. Mais ne distingue pas entre leurs détracteurs au fil du temps : ils ont tous le même groin de Tartuffe. Tenez-vous le pour dit au sujet de mes pratiques. Voici une pensée pour les manuel de citations. De la langue et de ses vertiges il en est comme des autres plaisirs simples : on se gratte là où ça soulage.

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377 commentaires à “Vertige du moment, des faits et des mots”
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  1. ouionpeut dit :

    Très bon sur D8, Mr Mélenchon
    Vous dites souvent à présent, et l'avez redit dans cette émission que le peuple est intelligent. C'est une vérité et c'est un baume au cœur de tous ceux qui ont pu se sentir écartés, rejetés et que cette affirmation revalorise. De là à ce qu'il s'intéressent à la politique, il n'y a peut-être qu'un pas de dignité.
    Merci donc pour votre inlassable didactisme.

  2. cr_sud dit :

    Conclusion de D8 par Jean-Luc: "J'ai l'impression qu'on a quand même parlé de politique". Je le pense aussi. Même si c'est dans un cadre différent. C'est très bien joué cette stratégie, elle va porter à coup sûr.
    Cette émission a été très "humaine", bien ciblée pour les jeunes et les moins jeunes qui ne vous connaissent pas. Je regrette que lors de sa redif le soir à la TV, le passage avec l'intermittente du spectacle a été coupé: çà doit les déranger. Heureusement il y a les podcasts! Vous êtes stratège.
    Merci Jean-Luc.

  3. Alain Tétart 60150 74 ans dit :

    [Edit webmestre : Я напомню что в соответствии с правилами этого блога, комментарии должны быть написаны по-французски !]

    Premier trait d'humour que je constate de notre cher WM depuis des mois sinon des années bientôt, et excusez moi si je me trompe l'ami Denis sera surement en accord avec moi une fois de plus ! Merci WM, mais vous pouvez me virer !
    Par ailleurs alors que l'animateur et en particulier une blonde comme on les aime, ne sont pas particulièrement agréables à regarder, je me suis avalé l'émission télé avec Jean-Luc Mélenchon tout d'un trait, et assurément notre homme a marqué des points, assurément le mauvais temps va en s'éloignant et le beau temps pour le FdG devrait voir le jour sous peu !

  4. champa10 dit :

    Pas mal aussi sur France2 dans les 4 vérités ce matin, a 7h50 et après D8 hier soir, on lâche rien. Vive la 6ème République avec le Front de gauche. Un grand merci a toi Jean-Luc

  5. Menjine dit :

    Rapprochement: Si le règlement du blog exige que les commentaires soient en français comme l'écrit en bonne langue russe le webmestre, ce serait bien aussi que les cours dans nos universités restent en français. A méditer !

  6. Antigone 34 dit :

    @344
    J'ai vu l'émission sur D8 grâce au lien posté par vous ici. Merci. C'était très fort. Et la présence de l'intermittente était courageuse et démontrait à quel point les mesures économiques prisent à Bruxelles ont des conséquences sur nos salaires et donc sur nos vies. La présence de JL. Mélenchon qui lui donne le courage, sa peur, l'émotion de tous, la voix temblotante et décidée la jeune intermittente, mère de famille... c'était magnifique, car elle venait puiser à la source de JL Mélenchon le courage de se défendre. En ce qui concerne cette émission, sachez qu'il y a un gros 2° degré, alors ne leur tapez pas trop dessus au risque d'être ridicules(Par ex "la blonde" joue le rôle de "blonde" alors qu'elle est l'inverse). ils jouent tous un jeu du plus c** comme le dîner du même nom, et les jeunes aiment bien cet esprit qui met des boîtes. JL Mélenchon a su y trouver sa place et tirer son épingle du jeu avec dignitas et gravitas et l'humour de l'intelligence qui laisse de temps en temps les postures au vestiaire, pour lâcher prise (faut être très fort pour faire ça je connais nombre de politiques qui n'y parviennent jamais). Plaçant à la toute fin :"c'est quand même de la politique". L'objectif est atteint de toucher quelques jeunes qui regardent ça et vivent en dehors de la vie politique et des débats qui nous agitent. Le réel a fait irruption en la personne de cette Antigone des intermittents, les jeunes ont dû comprendre que même dans la télé c'est dur et que la précarité c'est ça. Merci pour ce moment.

  7. pichenette dit :

    Merci à @Louis (344) de permettre de suivre le passage de JL Mélenchon dans cette émission.
    Informer, former, donner la possibilité à chacun de se faire sa propre opinion pour s'émanciper, passent par de multiples voies, la première étant de toucher, de donner envie de...pour cela il est bon d'aller vers, de rendre le discours si discours il y a, tout du moins la parole apte à être comprise...
    Une belle image de l'autorité au sens de "magister" qui reste ferme dans ses convictions mais laisse la porte ouverte aux choix des autres. Excellente attitude envers les jeunes qui ont besoin de rencontrer des adultes qui ne se renient pas dans leurs choix selon les obstacles en optant pour celui du moment qui est le plus fort.
    Le mot "politique" a pris lors de cette émission un sens qui va certainement réveiller des consciences conditionnées.
    Bon coup de plumeau!
    Merci à "342", je n'ai pas relevé le nom pour la proposition de pétition concernant la fermeture de centre de soin!
    En fait il faudrait une énorme banderole porté par un dirrigeable criant "ça suffit" pour stopper l'hémorragie de la société française. Tous les choix actuels caressent dans le sens du poil le groupe qui présente le plus de risque pour le pouvoir en place! Quelle lâcheté méprisante pour le pays saccagèe par l'énarchie déconnectée de la réalité!
    Signer le MES puis jouer au coq, lâchons des renards.
    Les monnaies complémentaires, les associations diverses sont des moyens à développer pour que les individus continuent à avoir une vie digne et surtout réfléchissent à d'autres possibles, en même temps le Front de Gauche doit pouvoir imaginer des actions comme celles sur l'eau en régie publique...des listes de candidats FdG hors PS sans négociations...
    Et luttons contre l'auto-dénigrement, la France présente énormément d'atouts qu'il faut valoriser

  8. SL? dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon. Moi qui n'est pas la télé, grâce à vous, j'ai découvert cette émission D8, beau moment de sociologie ! (que dit la Barbie ? la télé populaire, populaire au deux sens du terme, celle des jeunes ?). Comment vous ne connaissez pas les programmes les plus populaires ? vous n'êtes pas un assidu des infos de TF1 ou A2 ? Vous ne regardez pas la télé en rentrant le soir, chez vous, après une dure journée de labeur ? Mais vous êtes un extra-terrestre ! oserai-je dire un intellectuel, voire une élite, très éloigné des divertissements du "bon peuple" ? Ne me dites pas que vous lisez des livres, pire de la poésie, ou que, dans vos rares moments de tranquillité, vous préférez écouter le vent ou regarder les arbres ou les abeilles qui butinent ?... Voilà, en quelques mots, les grandes questions existentielles que ces animateurs éveillent à notre conscience ! Quel décalage entre ces deux modes de pensée antinomiques ! Au début, je me suis dit "Mais que vient-il faire dans cette galère ? comment peut-il se plier pour entrer dans ce cadre où ricanements, superficialité et fausse empathie sont les maîtres du jeu ?" (un bel exemple nous en a été donné avec la séquence non programmée de cette intermittente : effusions "d'amour" surjouées du présentateur face au témoignage poignant de la jeune femme qui ose lancer un cri d'alerte, les larmes aux yeux et les arguments qui s'emmêlent sous le coup de l'émotion. Bravo au courage de la jeune femme ! Haro sur les chroniqueurs qui se taisent (indifférents ? honteux face aux décalages de leurs situations et de salaires et de précarité ? ou tout simplement sans avis, sans conscience ?) Haro sur l'animateur vedette qui étale une tonne de bons sentiments protecteurs, mauvaise comédie de boulevard où la sincérité est absente. Vous seul, Jean-Luc Mélenchon, semblait véritablement touché et impliqué. Merci à vous d'avoir su réagir et expliquer une autre voie possible, d'autres perspectives, pour changer la donne de...

  9. Michel Matain dit :

    Affiche russe du balai, commentaire en russe,... Un air de nostalgie ?

  10. Poncet dit :

    Je découvre, tardivement, "La stratégie du choc", de Naomi Klein. Un travail scientifique remarquable et qui éclaire bien, non seulement le chemin qui a conduit "l'école de Chicago" à sortir de son isolement pour aboutir au "consensus de Washington", mais aussi ce qui arrive aujourd'hui à l'Europe sous l'appellation "crise de la dette". Tous nos adversaires ne sont pas des "friedmaniens purs", et la plupart ne souhaitent sans doute pas en arriver aux méthodes de Pinochet (Thatcher elle-même d'ailleur n'est pas allée jusque là) ; mais tous en revanche ont bien appris les leçons de ces cinquante années passées et de ce qu'il était possible de faire sans renoncer aux apparences de la démocratie.
    Or donc, nous y voilà. Nos solfériniens sont aujourd'hui dans la situation des dirigeants de Solidarité en Pologne ou de l'ANC en Afrique du Sud et, faute d'avoir cherché l'appui populaire qui seul permettrait d'échapper à la pilule de l'école de Chicago, ils capituleront sur tout. Ils sont d'ailleurs bien partis...
    La leçon peut être tirée par tous, pas seulement nos ennemis. Avoir une solution de rechange dans une situation de crise grave est un avantage politique considérable. Sachons le cultiver.

  11. J-jour dit :

    @cr_sud
    "Je regrette que lors de sa redif le soir à la TV, le passage avec l'intermittente du spectacle a été coupé: ça doit les déranger"

    Merci pour ce détail ô combien significatif, j'ai regardé la rediffusion ce matin et je me demandais bien ce qui concernait "l'intermittente" citée par des certains! Ça doit toucher où ça fait mal pour avoir été supprimé. Je suis curieuse de visionner le passage en question dont le commentaire de SL? nous donne une idée très sensible.
    Sinon, décidément, la parole de Jean-Luc Mélenchon me paraît plus audible dans cette émission parce qu'accueillie sans mépris particulier, d'une certaine manière respectée à priori, ce qui n'est pas le cas de la plupart des programmes dits politiques qui se déroulent entre les moues dédaigneuses des uns et les crocs acérés des autres, où une récompense alléchante semble être promise à qui tailladera le mieux notre porte-parole!  

  12. Denis F dit :

    Oh, Oh !… Camarade Michel, faudrait tout de même pas prendre ses rêves les plus fous pour la réalité !…

  13. SL? dit :

    @J-jour
    Le commentaire d'Antigone (359) donne aussi une belle idée de ce moment D8 (merci à elle). L'éducation citoyenne a de beaux jours devant elle (on part de loin. Nombreux sont ceux qui ont oublié que la politique nous concerne tous, du moins si on est encore en démocratie et que, si on ne s'intéresse pas à elle, elle s'intéresse à nous !).
    Être capable de se mettre à la mesure du public qui nous écoute, sans pour autant renoncer à ce qu'on est ni à la qualité du message qu'on veut faire passer, est une compétence rare dont Jean-Luc Mélenchon nous fait la démonstration à chacune de ses interventions. Entre "Touche pas à mon poste" et "Les quatre vérités", deux ambiances totalement opposées, sans doute des auditeurs très différents, deux niveaux d'informations sans commune mesure, et pourtant le message "humain d'abord" est toujours là, très présent et de plus en plus évident. Merci à notre brillant orateur, ambassadeur de talent, pédagogue stratège, qui porte haut la voix des "hors-cadres" de la pensée unique. Merci de sa sincérité tangible quel que soit l'environnement d'où on l'écoute. Puissions-nous nous inspirer de son exemple pour développer le désir d'éducation citoyenne !

  14. jeannine dit :

    @ Denis et Michel
    Je vois, grâce à notre webmestre pointer un sourire... c'est tout bon ça ! L'humour, y a que ça de vrai.

  15. cr_sud dit :

    Grâce à Jean-Luc, il y a eu sur D8 plusieurs passages d'apparence anodine où la politique et le message humain a surgi en douceur. Sur le ton des badineries des animateurs et chroniqueurs, Jean-Luc a extrait à chaque fois la substantifique moëlle qui est sa force, en un message politique. Le passage avec l'intermittente était poignant de vérité, et la force de cette jeune femme a été possible grâce à la présence de Jean-Luc. Elle a dit à plusieurs reprises à Cyril Hanouna qui voulait qu'elle revienne à la fin de l'émission "non, je pense que c'est le bon moment pour dire ce que je dois dire".
    Le politique est allée doucement et tranquillement, sans agression, toucher l'oreille et le coeur du téléspectateur, et de la jeunesse. Contrairement aux émissions classiques qui se veulent politiques, et qui essaient de ne pas en être, où c'est le téléspectateur qui vient, de son propre chef, assister à un combat, et où le ring est dressé avec des chiens de garde pour ne surtout pas aller au fond des choses et esquiver le plus possible le vrai débat politique.

  16. Louise Michel dit :

    Cher JL, parler doucement et tranquillement de politique, ça par contre ça me parait être une idée nouvelle à développer et tellement éloignée de la politique traditionnelle qui est vécue comme un combat politique contre les droites. Tu touches peut-être là une vérité. Les gens sont sans doute dégouttés de ces rixes oratoires sans sincérité débouchant que sur des tromperies voir les primaires socialistes. De la politique spectacle nauséeuse. Mise en scène d'un faux combat de gladiateurs qui mangent la même soupe dans la même gamelle dans la même main du même maître. Moins de bruit plus de sens.

  17. Michel27 dit :

    Par rapport au GMT, un peu d'histoire
    En 1944, nos cousins d’Amérique du Nord sont venus combattre les nazis pour défendre, en premier, leurs intérêts financiers (comme ils avaient fait en 1917, les poilus disaient que les Américains étaient venus tirer les marrons du feu…) cela n’est pas dit dans les livres d’Histoire… cela aurait été inconvenant… merci quand même aux milliers de GI’S qui sont morts pour ne pas qu’on parle allemand… mais il faut se rappeler, pour les plus jeunes d’entre-nous, que l’industrie d’armement américain a beaucoup travaillé pour armer les nazis qui combattaient les rouges cocos sur le front de l’Est… Ils avaient, entre 1939 et 1942, les mêmes objectifs que les nazis, pulvériser les cocos russes… sauf qu’en 1942, la bataille sanglante de Stalingrad, gagnée par les Russes, a changé la donne et les marchands de canons US ont bifurqué pour se mettre aux côtés des Alliés anti-nazis… avec les cocos russes… et c’est ensemble qu’ils ont reconquis l’Europe… Bien sûr, l’aide américaine n’était pas gratuite… leurs intentions hégémoniques, en 1945, étaient de faire de la France un èime Etat américain (après la G-B, Israël et plus tard, l’Allemagne et le Japon, les vaincus), ils avaient prévu que leurs gouverneurs US et leurs dollars prennent possession d’une France exsangue, meurtrie par 5 ans de barbarie nazis (les mêmes qui se re-pointent de nos jours avec les partis nazillons d’extrême-droite, soutenus par le FN), sauf que De Gaulle anti-anglo-américain a vite nommé des préfets pour redonner une légitimité politique à la France afin de redémarrer le pays assassiné… les Américains déçus avaient perdu ce pays qu’ils convoitaient… ils se sont dits que ce qu’ils n’auraient pas par les armes, ils l’obtiendraient par leur système économique et financier… et puis dans les années 1950-1960, certains disait ‘’ plus jamais de guerre ‘’ entre l’Allemagne et la France (on s’était foutu sur la gueule 3 fois en 75 ans (1870-71, 1914-18 et 1939-45) à suivre

  18. Denis F dit :

    Merci Michel27 (371) de revenir au billet de JL Mélenchon,
    Effectivement il n'y a jamais eu aucun altruisme de la part des yankee comme de la part des anglais d'ailleurs. Mais ce qui est grave aujourd'hui c'est que ces gens qu'on nomme anglo-saxon, donc à qui ont adjoint les saxons (les allemands) veulent exporter sur l'Europe grâce au GMT ou TTIPS leurs faillites (anglaise et américaine) qui s'annoncent colossales, plus que la mal-bouffe et autres produits mal fabriqués, c'est leurs finances pourries qu'ils veulent nous faire avaler. 2007 et 2008 avec les "subprimes" furent en comparaison de la "gnognotte", on pourrait dire un coup d'essai. Voici un lien qui va vous en dire un peu plus, je ne suis pas fana du blogeur loin s'en faut mais soyez curieux et allez lire les commentaires c'est la partie la plus intéressante du blog vous aller être surpris de constater que la première force du monde n'est qu'en carton pâte, c'est suffocant, effrayant et trop fou, en réalité il n'y a que leurs armées et surtout leur conneries qui ne soient pas en toc aux américains.

  19. Lelong dit :

    @Michel
    Les Américains ne sont pas précipités après Stalingrad pour conquérir l'Europe avec les cocos russes, mais avant les cocos russes.

    @Denis F
    Les Saxons étaient bien des Germains mais les Angles (Angeln) aussi.

  20. Denis F dit :

    @ Lelong
    Bonsoir cher maître, est ce que le fond de ma diatribe s'en trouve faussée ? Merci de m'en tenir informé, concernant les anglo-saxons j'avoue que ma curiosité naturelle ne m'avait pas entraîné jusqu'à rechercher l'origine de l'appellation, et de mettre souvent interrogé là dessus, merci d'avoir comblé cette lacune. Ils sont donc de la même race ? Je me disais aussi qu'entre un banquier de la City ou de Francfort ou encore même de Wall street il n'y avait pas vraiment de différence, ils sont aussi exécrables les uns que les autres.

  21. jeannine dit :

    Très contente de cette page d'histoire Michel 27, très intéressante, en remettant les choses a leur place. A ce moment en lisant votre commentaire qui rétablit certaines vérités sur l'action des différents acteurs de ce conflit, j'ai une pensée pour une vieille amie, décédée, ancienne résistante, Gaulliste de cette période là, déportée politique a Ravensbruk, qui me disait parlant (très rarement) de ses souffrances "Que personne me dise du mal des cocos Russes, c'est eux qui m'ont ouvert la porte du camp". Comme quoi l'histoire de cette période n'est pas si simple. Chacun sa part de vérité. De Gaulle n'était lui non plus, pas pro-Yankee.

  22. Lelong dit :

    @ Denis
    Il n'y a pas de mal à etre germain puisque nous nous appelons Français à cause des Franken qui ont envahi la Gaulle et que notre bon roi Clovis parlait allemand dans son enfance.
    Pour l'influence néfaste des banquiers on doit etre d'accord d'autant plus que je ne sais pas faire la différence entre le capitalisme rhénan et le capitalisme anglo-saxon. Il faut les virer en bloc.

  23. ducono69 dit :

    Du grand Jean-Luc Mélenchon à D8, du Jean-Luc Mélenchon sérieux le lendemain sur la 2. Ca fait plaisir à voir, car depuis quelques temps, moi même, des camarades et des électeurs avions craint une dérive à la Bepe Grillo qui n aurait pas fait avancer nos idées. Mais là, je respire. Pourvu que ça dure !

  24. marco polo dit :

    Denis F 30 mai 2013 à 20h03
    Mauvais argumentaire que voilà. Je parle d'Europe non en terme hostile mais en terme de réflexion sur le bien-fondé de cette Europe, celle d'aujourd'hui. Si j'hésite, ce n'est pas par pessimisme, mais par réalisme, à savoir quelle efficacité, quel résultat obtenons-nous à nous arc-bouter sur un concept dont les peuples ne veulent plus. Je parle plutôt de refonder une Europe dont le centre entre autre ne serait plus Bruxelles. Difficile ? Pas davantage que le cul de sac dans lequel nous nous enfermons. Je pense que cette Europe là va naître des ruines laissées par les sociaux-libéraux et la droite. L'enfantement va se faire sur ce schéma.

  25. jacques87 dit :

    Les Américains ont de la suite dans les idées,et, eux non plus, ils ne lâche rien. Le Grand Marché Transatlantique n'est pas une négociation qui s'ouvre, il vient de loin, et il n'y a rien à négocier.
    Au commencement était le principe de non-intervention réciproque des Européens et des Américains sur leurs continents respectifs, c'est la doctrine "Monroe" en 1823, et puis les choses vont évoluer, toujours dans la même direction, même si la cible en première ligne varie selon les circonstances. Puis vient la "doctrine de la porte ouverte" en 1899. Les Etats-Unis exigent partout la libre circulation de leurs capitaux et de leurs marchandises, prônée par le président de l'époque William McKinley, les premiers visés étant la chine, les pays européens et leurs empires coloniaux. Theodore Roosevelt devient en 1901 le vice-président des Etats-Unis et succédera à William McKinley la même année, en septembre il expose la doctrine du Big Stick (Le gros Bâton). Les Etats-Unis s'auto-proclament "Gendarme du monde" et se donnent comme mission de protéger leurs intérêts économiques, (la cible principale alors est l'Amérique du sud). En 1904, Roosevelt énonce son corollaire à la doctrine Monroe. La neutralité passe à la trappe, désormais les États-Unis ne souffriront pas que l'on s'oppose directement à leurs intérêts. C'est le même Roosevelt, considéré par les Américains comme l'un de leurs plus grand président, qui voudra écarter de Gaulle pour instituer l'administration américaine des territoires occupés (AMGOT) avec un franc en forme de Dollar et essayera d'installer un "Vichy sans Vichy". Ce qui évoluera ensuite vers ces beaux endroits où les belles personnes viendront s'abreuver de modernité. Et bien sûr, en avalant le vocabulaire, ils avaleront la doctrine.
    Alors zone Euromark ou zone AMGOT ? Non ! la résistance !

  26. Floréale SAVARRE dit :

    0,6% possèdent plus du tiers de la richesse mondiale, 69% en détient 3,3%. L'Europe enregistre une baisse impressionnante de richesses et c'est en France que la chute est la plus impressionnante. Les pertes se montent à plus de 2200 milliards de dollars en un an. Mais la France est le troisième pays qui compte le plus de millionnaires, après les USA et le Japon. Ces millionnaires représentent 8% du total mondial. Les millionnaires allemands n'en représentent que 5% et les italiens 3%. Extrait d'un lien Médiapart.
    Cela prouve bien et que la France est un pays plus riche que jamais et que la France est un pays extraordinairement solidaire. Les Français,avec abnégation, s'y font chaque jour plus pauvres et misérables pour satisfaire à l'infinie goinfrerie d'une micro-minorité. Au prix de quelques suicides, par le feu ou non, au prix de nuits à la laide étoile, au prix d'un 115 saturé, au prix d'accouchements sous une tente faute d'une étable accueillante le 25 Décembre ou les autres jours, au prix d'une naissance en voiture quand la maternité d'à coté a fermé. Les français font même les poubelles pour se nourrir. Oui, ils sont solidaires. Mais cela ne va pas durer.

  27. annick dit :

    Rageuse tristesse
    Mourir parce qu’on pense qu’il y d’autres possibles, mourir parce qu’on croit en la solidarité, mourir parce qu’on ne veut pas courber l’échine dans une société qui déshumanise. Est-ce bien dans ce pays nommée « Patrie des droits de l’Homme » que l’on est battu à mort pour ses convictions politiques ?
    Il y aura des hommages, il y aura des mots, mais ce jeune homme n’ira jamais plus loin que ses 18 ans : une vie volée par le pire du pire, une famille ravagée…et l’humanité qui recule.
    Je suis mère d’un enfant de 9 ans et j’aimerais que cette belle Nation qui est sienne puisse lui garantir que jamais il ne sera piétiné pour ses convictions politiques. Ce matin, le soleil brille mais il y a une rageuse tristesse qui noie cette lumière.


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