17avr 13

En préparant la marche du 5 mai

Ce billet a été lu 72  781 fois.

5mai-charb

La situation du pays se dégrade à grande vitesse. Toutes les hypothèses économiques qui justifiaient aux yeux de la nouvelle équipe gouvernementale sa capitulation sans condition devant la finance sont démenties. Le pays va entrer en récession selon le FMI et selon le Haut Conseil des Finances publiques. Par conséquent le chômage va encore augmenter et atteindre un niveau record depuis la fin de la guerre. Evidemment, les déficits vont se creuser, non seulement ceux de l’Etat mais surtout ceux des comptes sociaux qui reposent sur les cotisations sociales. Du coup de nouveaux trains de mesure de coupes budgétaires vont avoir lieu dans les comptes publics et sociaux. Et de nouveaux prélèvements vont être décidés en même temps que de nouvelles baisses de prestations. Evidemment, tout cela aggravera la situation pour l’année suivante, 2014. Tout un chacun va donc se trouver bientôt au pied du mur, ou bien subir en silence ou bien entrer dans l’action pour changer tout ça. Avec ou sans balai. Mais pourquoi pas avec pour faire, comme dit Lordon, la révolution des balais. Plutôt que d’abandonner notre pays au soi-disant « printemps français » de la réaction.

La spirale dépressive est à l’œuvre dans toute l’Europe. Bientôt les Allemands seront eux aussi plus rudement frappés que cela ne se voit aujourd’hui. Evidemment, toutes ces souffrances sont aussi vaines qu’inutiles comme nous en avons eu la preuve partout où ce type de politique a été mise en place. Cette situation va pousser plus loin les logiques de braderie et de pillage comme on l’a vu partout ailleurs. C’est déjà parti fort en France comme je le relève plus loin.

Dans le domaine politique ce contexte va aggraver considérablement les tensions. D’abord entre les gouvernants et les gouvernés. Les huées à la raffinerie de Petroplus quand l’hyper-solférinien Guillaume Bachelay a parlé devant les salariés floués et désespérés, l’intrusion des ouvriers de PSA dans le conseil national du PS, tandis que le premier ministre s’enfuit et que le ministre des finances va se cacher au fond de la salle, ne sont qu’un début. Mais de l’autre côté de l’échiquier aussi, la rage face à un pouvoir ressenti comme faible et sans appui populaire pousse à une radicalisation qui va aggraver la déstabilisation. En décidant d’annuler leurs réunions publiques sur le thème et en décidant de rester cachés, les officiels socialistes ont affiché une pusillanimité qui est un encouragement aux pires débordements.

balai

Ce n’est pas tout. Les jeux entre les partis de l’officialisme UMP et PS vont se durcir dans des logiques de surenchères politiciennes. Et naturellement tout cela va tendre aussi les relations à l’intérieur de ces partis à mesure que les uns auront l’impression que le pouvoir est à portée de main et que les autres auront le sentiment de le perdre. Bien sûr il n’y a plus de courroie de transmission entre les mobilisations sociales d’un côté ou de l’autre et l’officialisme UMP et PS. Sur le terrain, aucune des deux séries de mobilisations ne se sent représentée à présent par ces politiciens. C’est évident à gauche. Même à la CFDT. Mais c’est vrai aussi de l’autre côté, dans une moindre mesure certes. C’est ce que l’UMP découvre avec les manifestations de la Frigide Barjot et autres exaltés contre « le mariage pour tous ». Il y a là une radicalité difficile à reprendre en main par la droite traditionnelle assez largement démonétisée dans ces secteurs. De son côté, l’extrême-droite officielle Lepéniste a elle aussi beaucoup de mal face à des secteurs qui la débordent, compte tenu de la désertion de Marine Le Pen. Au total, si la droite et l’extrême-droite de base s’homogénéise idéologiquement, il n’en va pas de même de sa représentation politique. A nous de prendre toute la mesure de l’incertitude du moment. « Qu’ils s’en aillent tous » est un phénomène qui envahit toujours la totalité du champ politique. Il s’étend à mesure que le mouvement d’en bas percute une structure officielle qui prétend le réintégrer dans le cadre qu’il juge illégitime.

En fait il ne faut pas perdre de vue que le  « Qu’ils s’en aillent tous » est un processus qui répond à la délégitimation de tous les pouvoirs, toutes les autorités. Tous, quelle qu’en soit la nature ! En soi ce processus est assez largement informel et assez incapable de se donner de lui-même une perspective générale. Tout l’enjeu est de savoir qui va l’incarner dans un sens ou dans l’autre. La stratégie de la révolution citoyenne vise à conquérir l’autorité et la confiance suffisante pour ouvrir une perspective qui devienne majoritaire. Pour cela deux conditions doivent être réunies dans l’action. D’un côté, un décrochage clair et tranché à l’égard de l’officialisme et du système politique dominant. Et secondement donner en permanence un contenu et des objectifs concrets de haut niveau à la protestation. C’est sur cette ligne que le Parti de Gauche construit son action quotidienne. Pour nous, ces deux conditions se réunissent dans l’action et par elle. Là, c’est la vieille règle du leader Krasucki : « La force se renforce en se voyant forte »… Comme on le sait, la marche du 5 Mai est dédiée à la sixième République. Elle fait le lien entre le refus de l’austérité et de la finance, et la question d’un changement radical des institutions. Ce sont des thèmes de haut niveau de contenu. Cette exigence n’empêche nullement de bien fédérer comme le montrent non seulement les mobilisations de terrain qui préparent la manifestation, mais le nombre et la diversité de ceux qui y appellent, nationalement et localement.

balai_02

En fait une partie de la manifestation viendra sur ses propres mots d’ordre et analyses. Par exemple il y aura un ample cortège en faveur du « mariage pour tous » puisque précisément l’égalité de tous les couples fait partie des bases de la Sixième République, si l’on se souvient de mon discours à la Bastille en mars 2012. Nous assumons ainsi fièrement le rapport de force avec les amis de Frigide Barjot. Mais ce ne sera pas le seul cas. Il y aura des cortèges des usines martyrs, qui pour la nationalisation, qui pour la coopérative. En ce qui concerne les forces politiques, la diversité n’est pas non plus un obstacle. Le NPA a décidé de s’associer à cette manifestation. Il participe totalement au comité de coordination. Mais il défilera sur ses propres mots d’ordre. Même scénario pour Eva Joly et ses amis qui viennent sur leurs mots d’ordre eux aussi. Tous se retrouvent sur l’idée de changer le régime politique et les moyens de la démocratie dans notre pays. Tous viennent s’opposer à la finance et à l’austérité.

En décidant de coller à cette journée du 5 mai après que nous l’ayons préemptée, la droite et les anti « mariage pour tous » trahissent leur anxiété. Il s’agit pour eux d’empêcher que la société exprime sa colère sur la gauche. Ce qu’ils ont mis en route avec la lutte contre « le mariage pour tous » est pour eux fondateur d’un « printemps français » comme ils disent. Cette saison serait censée jeter la société sous les bannières de la droite la plus traditionnelle et donc la plus réactionnaire. Vu de haut et de loin on peut dire que c’est la suite du courant « droite décomplexée » que portait Nicolas Sarkozy. Ce faisant, bien sûr, ils nous mettent au défi. Faut-il s’en plaindre ? Je ne crois pas qu’une seule personne de bonne foi confonde les deux manifestations. Et cela en dépit des efforts que vont faire pour cela les solfériniens, leurs divers bagages accompagnés et les « journalistes » qui leur servent la soupe. Mais acceptons le défi. De quel côté aller ? Ou bien s’effaroucher et abandonner le terrain à la droite manifestante comme y poussent le PS et les officiels d’EELV ? Ce serait reconnaître notre défaite. Pas celle de nos partis et groupements. Celle du courant que nous incarnons dans l’histoire face aux réactionnaires. Mais nous pouvons au contraire puiser de l’énergie dans le défi et relever d’autant plus haut le gant ? C’est évidemment cela notre choix collectif au Front de Gauche.

Mais je demande qu’on y réfléchisse. Le PS et EELV préfèrent abandonner le rapport de force populaire à la droite plutôt que de se tenir au moins en silence par rapport à notre mobilisation. Nous sommes donc tous seuls cette fois-ci en face de la droite. Et les gouvernementaux nous tirent dans le dos. C’est cela le symbole qui se met en place le 5 mai. Du coup, nous commençons à incarner sur le terrain tout ce qu’est notre camp politique du fait de la désertion des gouvernementaux. Pour moi c’est le début d’un élargissement de notre rôle dans la société et dans la période politique.

Une autre partie se joue aussi sous nos yeux en sens inverse. C’est en effet un paramètre intéressant que la dédiabolisation de Le Pen. Elle peut fonctionner comme une intégration au système des officiels. Vu de cette façon, Marine Le Pen et sa stratégie a ceci de bon qu’elle est en train de défaire la synthèse politique qu’avait réussie Jean-Marie Le Pen entre bandes et factions qui forment le socle historique du Front National. La course aux apparences « à gauche » quelle entreprend sous la houlette de Philippot, va à rebours du mouvement de ses bases qui vont, elles, dans l’autre sens. Il va devenir envisageable de la cueillir en rase campagne, politiquement isolée de ce qui se rassemble et se radicalise contre « le mariage pour tous ». Par exemple, je ne crois pas que la vieille base réactionnaire chouanne et royaliste ait envie de s’identifier à Madame Le Pen quand elle est assimilée à la sans-culotterie et, qui plus est, à mes côtés, à la une du journal « Le Point ».

Je clos ce chapitre en vous expliquant le changement de fonctionnement de ce blog. Mes lignes vont se répartir en deux endroits. Ici, en note plus brève. Et dans le pavé à droite de l’écran où des chapitres supplémentaires, des communiqués et des liens viendront au fur et à mesure se renouveler sur des cycles variables, entre une journée pour un communiqué et une grosse semaine pour des documents d’analyse. Par une astuce de publication quand vous cliquez un titre de « chapitre » du pavé, il apparaît en premier mais le reste de mes textes est lisible comme dans un tout.

Et en plus, ils privatisent !

Sans bruit, presque en cachette, le gouvernement Ayrault relance la machine à privatiser. Comme toujours avec les solfériniens, la manœuvre est mesquine, ses motivations pauvres et sans vision, sa mise en œuvre honteuse et presque clandestine. Médiapart a lancé l'alerte le 27 mars dernier. De mon côté, ici j’ai déjà raconté les péripéties lamentables du bradage d’EADS. Depuis la situation s’aggrave considérablement. Moscovici et Montebourg se disputent la médaille du meilleur liquidateur de la propriété publique.

Dans un article intitulé "Et maintenant, voilà les privatisations", Laurent Mauduit épinglait la "mini-privatisation" à "haute valeur symbolique" décidée par le gouvernement Ayrault. C'est le groupe Safran qui est concerné. Issu de la SNECMA, c'est un bijou de haute technologie leader mondial des moteurs aéronautiques. Le gouvernement a décidé de vendre 3,12% du capital de Safran. Pourquoi ? Parce que l'Etat était pressé d'empocher près de 450 millions d'euros pour boucler son budget. Misérable. Le sommet du ridicule et de l’absurde est atteint quand on sait que cette vente est destinée à alimenter le capital de la Banque publique d'investissement. Détruire de l’investissement pour alimenter un fonds destiné à aider l’investissement ! Jean Marc Ayrault est le nouveau Shadock de l’économie. Au passage on découvre que ces pitoyables gestionnaires avaient oublié de nantir le budget pour fonder cette banque ! Et, sans le vouloir, Moscovici fait ainsi l'aveu que la BPI n'est qu'un nain financier !

Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg sont ici à la manœuvre. En tant que ministre de l'Economie et des Finances, et ministre du Redressement Productif, ils partagent la tutelle sur l'Agence des Participations de l'Etat. Cette agence est la structure chargée de gérer le capital détenu par l'Etat dans les entreprises. Cette agence a été créée en 2004 par la droite. A l'époque, les libéraux vantait la nécessaire "modernisation" de "l'Etat actionnaire" qui devait "gérer son portefeuille" boursier. C'était l'abandon définitif de toute logique industrielle au profit de la logique financière et boursière. 

Le pillage a aussi lieu chez EADS. Sous l'impulsion du PS, "l'Etat actionnaire" met ses pas dans ceux du parasite Arnaud Lagardère. Cet oligarque a décidé de se retirer du capital d'EADS. Et il a obtenu qu'EADS rachète ses actions. Bilan de l'opération : 2,3 milliards d'euros de trésorerie d'EADS brûlés dans une opération dont le seul bénéficiaire est Arnaud Lagardère. Ce pillage, j'en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Il me révolte. Ce lundi 15 avril, on a appris que l'Etat avait décidé de faire la même chose que Lagardère. EADS va racheter une partie de son propre capital détenu par l'Etat français : 1,56% du capital est concerné. Coût de l'opération pour EADS 478 millions d'euros. Entre Lagardère et l'Etat, EADS aura brûlé trois milliards d'euros de cash pour racheter ses propres actions, autant dire pour rien. Et grâce à cette merveilleuse trouvaille, l'Etat va reculer au capital d'EADS, une autre entreprise stratégique, un autre fleuron technologique.

balai_06

Le scandale ne s’arrète pas là. En quelque sorte Cahuzac continue de nuire. Médiapart nous apprend que le groupe Lagardère va bénéficier d'une importante exonération d'impôt sur la vente de ces actions EADS. C'est la fameuse "niche Copé" qui est en cause. Cette disposition législative permet à un groupe d'être exempté d'impôt sur les plus values qu'il réalise en vendant des actions de ses filiales. En l'occurrence le groupe Lagardère ne payera presque pas d'impôt sur la plus-value de la vente de ces actions EADS. Cette plus-value est estimé 1,8 milliard d'euros ! Au lieu de payer 600 millions d'euros d'impôt, le groupe Lagardère ne devrait en payer qu'à peine 70 millions grâce à ce dispositif soit 530 millions d'euros d'exonération fiscale ! L'Etat perd plus d'argent avec ce seul cadeau qu'il n'en gagne en vendant ses propres actions EADS ! Un comble. Cette "niche Copé" a été votée à l'initiative de l'UMP Jean-François Copé en 2004. Mais si ce dispositif existe toujours, c'est à cause de Jérôme Cahuzac qui a refusé de le supprimer dans le budget 2013. Bien sûr, il a agit avec l'aval de Pierre Moscovici et Jean-Marc Ayrault, probablement aussi de François Hollande. Cette niche coûte jusqu'à 6 milliards d'euros par an. A titre de comparaison, c'est presque autant que ce va prendre François Hollande au peuple en augmentant la TVA le 1er janvier 2014.

Il ne manquait que Montebourg dans ce pauvre tableau. L’obsession comptable a fini par l’atteindre au détriment de tout autre raisonnement politique. Il l'a dit le 5 avril dernier dans le Wall Street Journal, le journal des traders américains. Voià ce qu'a déclaré Montebourg : "Dans le cadre de l'effort de restructuration budgétaire (…), nous réfléchissons à des changements dans les participations de l'État" dans les entreprises. Dans Le Figaro, un "proche de Pierre Moscovici" rappelle que "la cession de participations relève du ministre de l'Économie". Un combat de coq pour savoir quel ministre décide, voila à quoi se résume la politique industrielle de l'Etat dans les entreprises dont il est actionnaire ! Enfin, on aura donc appris que c'est Pierre Moscovici qui est responsable de la braderie chez Safran et EADS.

Moscovici lui non plus n'écarte pas de nouvelles ventes d'actions de l'Etat. Il se gargarise de la vente d'actions Safran. Il précise même que de telles ventes pourraient servir à boucher les trous du budget. Il le dit dans Le Monde de jeudi 18 avril : "Les cessions d'actifs peuvent être mobilisées pour le désendettement ou le financement de dépenses en capital. L'Etat, tout en préservant à l'identique son influence, a ainsi récemment cédé des titres du groupe Safran afin d'apporter des ressources nouvelles à la BPI et financer des investissements d'avenir. Je préciserai la doctrine de l'Etat sur la gestion de son portefeuille". Il brade et il en est fier ! Attention danger, ce sont des illuminés !

L'industrie de la Défense est aussi menacée. Un nouveau "livre blanc de la Défense" doit paraître dans les prochaines semaines. Il est censé fixer la doctrine militaire et les moyens budgétaires alloués en conséquence. Dans le contexte d'austérité généralisée, l'armée devrait aussi être frappée. D'ailleurs François Hollande l'a confirmé le 28 mars à la télévision. Il a indiqué que le budget militaire serait gelé sur la période 2014-2020 à son niveau de 2013. Cela signifie donc que chaque année, il baissera du montant de l'inflation. Cela n’a rien a voir avec une quelconque réflexion sur l’industrie d’armement, sa conversion ou sur la nature de nos besoins de défense. Non, juste de la comptabilité. Degré de réflexion politique égal à zéro !

Face à cette politique stupide et dangereuse, certains ont cru intelligent de proposer une autre absurdité : que l'Etat vende certaines participations dans des groupes industriels et technologiques de Défense pour combler les trous et alimenter le budget militaire. Ce serait un marché de dupes. La France y perdrait en souveraineté technologique et industrielle. Ce serait aussi un renoncement insupportable pour la gauche qui, depuis plus d'un siècle, défend la maîtrise publique de l'industrie d'armement.

Ce serait aussi un mauvais coup de plus. Même là où l'Etat est encore actionnaire, la stratégie financière a déjà pris le pas sur la politique industrielle. C'est la Cour des Comptes qui s'est émue de ce problème dans un rapport publié le 12 avril dernier. Pour la Cour des Comptes, sous les gouvernements successifs, l'Etat "a fait preuve de nombreuses faiblesses, se plaçant parfois en risque de perdre le contrôle de certaines activités industrielles de défense, ainsi qu’en ayant des difficultés à faire appliquer ses décisions, voire à s’exprimer d’une seule voix". En chapeau de son article sur le sujet, le magazine L'Usine nouvelle résume le rapport comme cela : "participations bradées, perte d'influence opérationnelle sur des groupes pourtant sous contrôle actionnarial [de l'Etat], risque d'OPA sur des entreprises stratégiques".

La Cour des Comptes elle-même qui n’est pas un territoire du Front de gauche, rappelle que "la présence de l’État au capital des entreprises industrielles de défense est aujourd’hui indispensable". Elle exige "une amélioration de la protection et du suivi des intérêts stratégiques de l’État". Elle pointe en particulier le "risque, par exemple, d’une OPA non sollicitée sur Safran, dont 90 % de l’activité est civile". Oui, vous avez bien lu. La Cour des comptes juge qu'il y a un risque d'OPA hostile sur Safran et le gouvernement Ayrault ne trouve rien de plus intelligent à faire que de vendre 3% du capital de cette entreprise !

La Cour estime aussi que "l’État ne doit plus agir au coup par coup mais adopter une stratégie d’ensemble, préparer les décisions futures et dire ce qu’il attend de ses partenaires industriels". Mais pendant ce temps, le gouvernement vend "au coup par coup"' des actions Safran et EADS.

Enfin la Cour des Comptes alerte sur le fait qu'"une stratégie à long terme sur les partenariats avec le groupe Dassault" est nécessaire compte-tenu du poids pris par ce groupe dans l'industrie de défense française, en particulier par la filiale Dassault Aviation dans le capital de Thalès. La Cour des Comptes va même plus loin : "Désormais, le seul partenaire industriel français est Dassault, ce qui posera tôt ou tard un problème de contrôle actionnarial". "L’État doit être en mesure de l’anticiper". Si le gouvernement Ayrault y prête autant d'attention qu'à Safran et EADS, on a toutes les raisons d'être très inquiets.

doc-balai

On se souvient que le programme du candidat Hollande ne disait déjà rien sur le sujet des entreprises publiques. Parmi les soixante engagements du candidat Hollande, cette question était balayée au point numéro 5. Que disait Hollande ? "Je préserverai le statut public des entreprises détenues majoritairement par l’État (EDF, SNCF, La Poste…)." C'est tout ? Oui. Quand nous proposions la création de plusieurs pôles publics, en particulier dans l'énergie, les banques, les transports, François Hollande promettait seulement de "préserver". Il prenait donc acte des saccages causés par dix ans de droite. Mais bien sur c’est cette pauvre équipe qui avait la vision réaliste et nous les « conforts de l’opposition » comme dit ce pauvre Jean-Marc Ayrault.

En fait le candidat Hollande ne savait même pas de quoi il parlait. Sinon, il n'aurait pas écrit cette phrase. Car depuis le passage de la droite, EDF et La Poste sont des sociétés anonymes. Ce ne sont donc plus des entreprises sous "statut public". Ce sont des sociétés de droit privé, soumises aux règles du privé, mais avec des capitaux majoritairement publics. La nuance est importante. Dans les trois entreprises citées par le projet de Hollande, seule la SNCF a encore un "statut public" en tant qu'"établissement public à caractère industriel et commercial". Et même dans cette entreprise, une privatisation rampante est à l'œuvre notamment à travers la stratégie de filialisation.

Le programme de Hollande était un recul colossal sur le programme historique du Parti Socialiste. Même le programme de Ségolène Royal de 2007 proposait encore au moins de "créer un pôle public de l’énergie entre EDF et GDF". Si je vous parle d'EDF et GDF ce n'est pas hasard. C'est Montebourg lui-même qui a évoqué GDF a demi-mot. Dimanche 14 avril sur France 5, il a déclaré "dans certaines entreprises, on a par exemple 36% de participation. On peut passer à 33%, qu'est-ce que ça change ?". Or 36% c'est précisément la part du capital de GDF-Suez que l'Etat possède encore.

Et l'article du Wall Street Journal dans lequel Montebourg est cité parle expressément d'EDF ou plus exactement d'"Electricité de France SA". Sous couvert d'anonymat, le journal fait parler "une autre source gouvernementale" qui déclare qu'en cas de ventes d'actions par l'Etat, EDF serait "le choix évident". L'article rappelle même que la loi actuelle permettrait au gouvernement de vendre 14% du capital d'EDF. Aujourd'hui 84,4% du capital est détenu par l'Etat mais la loi scélérate votée par la droite en 2004 autorise à descendre jusqu'à 70% sans avoir besoin de l'aval du Parlement.

C'est d'ailleurs une raison de venir marcher le 5 mai pour la 6ème République. Comment peut-on accepter que le patrimoine commun des Français puissent être dilapidé, bradé, vendu sans que le peuple n'ait jamais son mot à dire ? C'est un champ de la souveraineté populaire que nous devons conquérir. Il vaut bien sûr pour les grandes entreprises nationales. Mais il concerne aussi chacun dans sa commune et sa vie quotidienne. Par exemple, on pourrait imaginer qu'il ne soit plus possible pour un maire de confier la distribution de l'eau potable à une entreprise privée sans qu'un référendum local n'ait validé cette idée. 

Cela éviterait bien des erreurs. En effet, la privatisation d'entreprises publiques est très souvent synonyme de catastrophes technologique, stratégique et industrielle. Je pourrais vous parler de la démolition-privatisation des ex-PTT qui a donné lieu à au monde merveilleux d'aujourd'hui. Ce monde où France Telecom – Orange fait du courrier électronique et où La Poste vend des forfaits téléphoniques. Ou encore de ce formidable progrès qui voit EDF concurrencer GDF sur la distribution du gaz et GDF concurrencer EDF sur la production d'électricité. Au final bien sûr, ça marche moins bien et ça coûte plus cher. Mais les actionnaires privés s'en mettent plein les poches au passage, comme Vinci avec la privatisation des autoroutes ou les concessions de parkings souterrains et d'aéroports.

A Strasbourg, l'Europe s'enfonce en délire

Quelques heures passées dans l’hémicycle du Parlement européen sont totalement démoralisantes. Non seulement c’est une addition de pleurnicheries sans conséquences face au désastre qui s’avance mais l’adjonction d’une épaisse couche de vœux pieux achève d’écœurer. Parfois un éclat perce la muraille de grisaille. Ainsi quand Svoboda (Social démocrate) s’adressant au robot de la commission, l’androïde Olli Rhen, lance que le ministre des finances allemand Wolfgang Schaüble se comporte comme un colonialiste. Naturellement Olli Rhen s’en contrefiche. Ici tous les gens importants se fichent de tout. Ils appliquent les recettes libérales les plus stupides, ils récitent le catéchisme, ils restent assis le visage fermé et ils attendent que les blablas des parlementaires soient finis. Un point c’est tout. Un orateur l’a d’ailleurs dit aussi crûment que je l’écris ici. Mais tout le monde s’en fiche aussi. L’androïde Olli Rhen n’a pas bougé un doigt. Peut-être dort-il ou bien quelqu’un l’aura débranché pour économiser ses batteries.

Ce matin 17 avril, c’était la situation à Chypre. Minable. Une série de mises en cause virulentes devant une commission aussi lourde et peu maniable que nos bancs. Au milieu des discours construits, quelques délires . Ainsi quand Cohn-Bendit a révélé la solution idéale qu’il nous a postillonné avec ferveur : l’unification de l’ile pour encourager les Turcs à investir à Chypre, et l’exploitation du gaz et du pétrole. On se pince. Pauvre diablotin qui a perdu ses dents. C’est d’un libéral qu’il aura fallu entendre dénoncer la responsabilité des banques dans l’ile et les déséquilibres fiscaux en Europe. Bref : une déroute intellectuelle de plus face à la montée des périls.

balai_04

Le midi on examinait au pas de charge les rapports, dont un nombre considérable destinés à donner quitus pour leur gestion à divers organismes. Indifférence générale. Et pourtant on apprend par exemple que l’autorité bancaire européenne recrute dans des conditions d’opacité préoccupantes. On découvre que les taux d’erreurs pour bon nombre de financements gérés par la Commission Européenne sont considérés comme inacceptables par la Cour des Comptes. Il y a même un rapport qui refuse de donner quitus au Conseil Européen compte tenu de sa présentation qui ne permet pas d’en faire un examen sérieux. Et le Conseil est accusé de refuser de répondre à la commission de contrôle budgétaire. Un comble ! J’en passe et des meilleures. Mon écœurement est à son comble. Car tous ces gens sont ceux qui passent leur temps à faire des leçons de bonne gestion aux gouvernements et à montrer du doigt le sérieux de la gestion des peuples. La séance a été interrompue pour auditionner le président Irlandais venu nous faire un de ces discours en marbre de l’étrenité dont cette assemblée est extrêmement friande, tant qu’il ne s’agit pas d’un progressiste. Celui là avec une voix de Bilbo le Hobbit est venu nous débiter un maximum de truismes et de sornettes bien pensantes. Le président du parlement, le vociférant Martin Schultz, lui a aboyé dans son allemand délicat toutes sortes de compliments après avoir salué dans les tribunes le Grand Duc et la grande Duchesse du Luxembourg présent à cette occasion, on ne sait pourquoi. Ces deux là n’étaient pas là pour entendre ce qui s’est dit de Chypre et c’est bien dommage. Car il y était dénoncé l’hypertrophie d’un secteur bancaire dont le bilan pesait huit fois le PIB de l’ile. Les ci-devant Grand Duc et Duchesse aurait eu peur peut-être ? Car eux sont seigneurs d’un pays dont le bilan bancaire pèse vingt et une fois le PIB. Autant dire qu’il présente donc une garantie égale à une couronne en chocolat et un habit de duchesse en papier crépon.  

La séquence du débat sur Chypre fut saisissante. Pas une intervention n’a été faite pour autre chose que des critiques d’une extrême sévérité. Quel que que soit le banc, tout le monde est scandalisé par le comportement de la troïka, de la BCE, de la Commission. Les propos sont d’une extrême violence. Mais rien, absolument rien, aucune critique aucune accusation de tricherie et de mensonge, d’imprévoyance, aucune injure de quel banc que ce soit, rien n’émeut les androïdes de la Commission. Le cri d’angoisse du Chypriote de notre groupe, qui dispose d’une microscopique minute de temps de parole, exprime un terrible désespoir : « comment allons-nous en sortir après avoir détruit la moitié de nos sources de croissance ?» demande-t-il. La plupart des orateurs dénoncent l’imprévoyance de la Commission, tous se demandent quel pays va être le suivant dans la liste des dévastations. Les androïdes regardent leurs papiers. La réponse coulera comme d’un robinet d’eau tiède. Barnier parle dans la cohue indescriptible des députés qui arrivent pour l’heure des votes. Personne n’écoute, sauf mes compères de bancs et moi qui sommes là depuis le début de la séance et ponctuons d’interjections les déclarations des orateurs, vu que nous n’avons pas une seconde de temps de parole ! Bové, absent de la séance sur Chypre, vient émarger et voter sans savoir quoi puisqu’il n’y a aucun dossier agricole pour lesquels voter avec ses amis de droite et qu’il ne s’intéresse à rien d’autre. Arrive l’heure des votes. A une cadence infernale nous votons à main levée ou avec les boutons électroniques sur une grande cinquantaine de textes dont au moins trente « rapports » attribués à la même personne. Encore un qui pourra ainsi fournir des statistiques flambantes et recevoir les compliments du pilier de bistrot que « Libération » a abandonné ici depuis onze ans et qui, après avoir fait un bide avec un bouquin en commun avec Bové, organise à présent les campagnes de dénigrement de ce dernier contre ses collègues. En fait de « rapport », personne ne saura qu’il s’agit seulement de quitus donnés à la gestion des services de l’Union Européenne. Et dans la foulée on adopte une série d’horreurs. Par exemple la soumission des pays qui n’ont pas encore l’euro aux inquisitions de la troïka, ou bien le régime des menaces contre les pays d’Afrique, des Caraïbes et du pacifique qui ne cèdent pas aux injonctions de l’Union Européenne de démanteler leurs droits de douanes. Vous trouverez tout ça sur mon blog Europe. Je suis sorti de l’hémicycle en plaisantant avec un socialiste aussi planant que cette séance étrange. Mais moi je suis inquiet, très inquiet de ce que j’ai vu là.  

Appel d'écologistes pour la marche du 5 mai

Cher-e-s ami-e-s écologistes,

 

Parce que nous savons que vous êtes comme nous :

Persuadés que c'est en en finissant avec l'oligarchie, qui ne raisonne pas dans le sens de l’intérêt de la majorité de la population et de la planète mais dans le sens d'une minorité privilégiée, que nous engagerons enfin la véritable transition écologique

Convaincus que c'est en allant vers plus de démocratie que des projets respectueux des impératifs sociaux et environnementaux pourront voir le jour

Attachés à la nécessité d'un débat public libre, ouvert et non-violent et au principe de souveraineté populaire

Nous vous invitons à faire partie des signataires de l'appel des écologistes à la grande marche citoyenne pour la 6e République du 5 mai à Paris.

En espérant pouvoir vous compter parmi nous,

Nous vous invitons à relayer largement et signer cet appel directement en ligne sur :
http://www.marchepourla6eme.fr/?p=237

Amitiés écologistes et écosocialistes

Les premiers signataires : Paul Ariès, Directeur de la rédaction du journal La vie est à nous ! / Le Sarkophage et de la revue les Z'indigné(e)s, Corinne Morel Darleux, Secrétaire nationale à l'écosocialisme du Parti de Gauche, Michael Löwy, directeur de recherches émérite au CNRS, Stéphane Lhomme, Directeur de l'Observatoire du Nucléaire, Jacques Testart, directeur de recherche à l'Inserm, Anita Rozenholc, comité de rédaction d'Ecorev, Mathieu Agostini, Président de la commission Écologie du Parti de Gauche, Matthieu le Quang, Enseignant chercheur à l'Instituto de Altos Estudios Nacionales de Quito (Equateur), Anne Isabelle Veillot, Secrétaire Nationale du Parti Pour la Décroissance, Myriam Martin, Gauche Anticapitaliste, Laurent Garrouste, Gauche anticapitaliste, Stéphane Lavignotte, militant écologiste, Jean-Jacques Boislaroussie, Porte parole des Alternatifs, Roland Merieux, Exécutif national des Alternatifs, Guillaume Blavette, Collectif Stop EPR – Ni Penly Ni ailleurs, Silvain Pastor, Ancien conseiller régional Verts de Languedoc-Roussillon, Arno Munster, Philosophe, Gilles Monsillon, FASE, Marie Bixel, Militante écologiste FASE 71

Le plan et le budget Hollande sont morts

Le gouvernement Ayrault a présenté cette semaine son "programme de stabilité". Après discussion au Parlement, c'est ce "programme" qui sera transmis à la Commission européenne. Puis la Commission dira si elle le trouve suffisamment libéral et austère ou si elle exige des modifications, des coupes budgétaires ou des "réformes structurelles" supplémentaires. Et le gouvernement devra s'y plier sous peine de sanction. Ainsi va l'Europe austéritaire.

C'est Pierre Moscovici qui a présenté ce document en Conseil des Ministres mercredi 17 avril. Il s'aligne sur les prévisions de croissance de la Commission européenne : 0,1% en 2013, 1,2% en 2014. Que valent ces prévisions ? Nul ne s’en soucie.

L'austérité est une vis sans fin. C'est ce qu'a écrit le Parti de Gauche dans sa résolution de Congrès, quoique d’aucun croit que nous aurions passé notre temps à y traiter de salopard les ministres qui le méritent.. C'est ce qui se vérifie chaque jour en Europe et en France. Cette semaine, notre raisonnement a encore été validé par plusieurs institutions qui font généralement plutôt référence chez les libéraux que pour nous.

La prévision de croissance du gouvernement pour 2013 est mensongère. Elle l'est depuis le premier jour. Le gouvernement lui-même le sait et l'a déjà reconnu plusieurs fois. Dans son projet présidentiel qui réjouissait les adeptes du "chiffrage", François Hollande promettait une croissance de 1,7% de la richesse du pays en 2013. Le 3 juillet 2012, Jean-Marc Ayrault avait déjà revu ce chiffre à la baisse à 1,2%. A l'automne, ce chiffre avait encore été revu à la baisse, à 0,8% de croissance. C'est ce chiffre qui figurait dans le budget voté par le Parlement pour 2013. On se souvient que dans mon débat avec Jérôme Cahuzac sur France 2 en janvier j'avais dit que ce chiffre ne serait pas atteint. Cahuzac pérorait que si. Les commentateurs sous pression d’Euro RSCG psalmodièrent que lui était compétent et moi seulement « sincère »… Depuis Pierre Moscovici a reconnu le 7 avril, qu'il ne tablait plus que sur 0,1% de croissance, s'alignant sur les prévisions de la Commission européenne. C'est-à-dire en fait une stagnation de l'économie qui n'ose pas dire son nom.

Malgré tous ces reculs successifs, cette prévision reste un mensonge. Le FMI prévoit une récession avec un recul de l'activité de 0,1% en 2013 en France. Les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques prévoient une récession de 0,2%. Quant au "baromètre BFM Business", peu suspect de sympathie pour le Front de Gauche, il prévoit lui aussi un recul de l'activité mais plus fort encore, à -0,5%.

Mais le premier coup contre le gouvernement est venu de là où il ne l'attendait sans doute pas, du Haut Conseil des Finances Publiques. Cet organe a été créé par François Hollande lui-même. La création de cette autorité de contrôle "indépendante" a été décidée pour respecter le Traité Sarkozy-Merkel, accepté sans renégociation par Hollande. Ce Haut Conseil est chargé d'émettre un avis public sur les prévisions de croissance qui accompagnent les projets budgétaires du gouvernement et sur la trajectoire budgétaire. C’est la mise en œuvre des pseudo autorités indépendantes qui sont une spécialité d’ancien régime, là où n’existent pas de souveraineté populaire.

6ème République

La composition de Haut Conseil fait la part belle aux comptables et aux amis de l'oligarchie politico-financière. Il compte onze membres. Parmi eux, on compte cinq membres de la Cour des Comptes dont le président de celle-ci Didier Migaud, ancien député PS. C'est lui qui préside ce Haut Conseil. On compte aussi le directeur-général de l'INSEE, nommé par décret en Conseil des ministres et dont l'administration est sous tutelle du ministre de l'Economie et des Finances. Un autre membre est nommé par le président du Conseil économique, social et environnemental. Les quatre autres membres sont nommés par le président de l'Assemblée et celui du Sénat, et par le président de la Commission des Finances de l'Assemblée et son homologue du Sénat. Au final, deux sont donc nommés par le PS, et deux par l'UMP, tous fervents partisans du traité budgétaire et de la politique d'austérité. Sur ces cinq personnalités nommées, on trouve deux anciennes dirigeantes de grandes banques privées, Marguerite Bérard-Andrieu, de la Banque Populaire – Caisse d'Epargne et Mathilde Lemoine, de HSBC. On compte aussi Philippe Dessertine, un professeur de gestion membre du think-tank ultra-libéral Le Cercle de l'entreprise. Ou encore Jean-Pisany-Ferry, ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn et directeur du très oui-ouiste think-tank Bruegel.

Même ces libéraux et ces comptables semblent avoir compris que l'austérité aggrave la crise et conduit à la récession ! C'est ce que dit leur avis sur le programme de stabilité du gouvernement. Eux aussi estiment qu'"un léger recul du produit intérieur brut en 2012 ne peut être exclu". En langage courant, on appelle cela un risque de récession. Le Haut conseil trouve que "le scenario pour les années 2013 et 2014 est entouré d'un certain nombre d'aléas qui, dans leur ensemble, font peser un risque à la baisse sur les prévisions". En langage courant, ça veut dire que le gouvernement est trop optimiste.

Aussi surprenant que ça puisse paraître, le Haut Conseil valide l'essentiel de notre critique contre le gouvernement. Le Haut Conseil alerte sur la consommation intérieure. Pour lui "dans un contexte où le chômage se maintient à un niveau élevé, les prévisions relatives à l'évolution des salaires paraissent optimistes". Il n'y a pas besoin d'être devin pour le comprendre : le chômage augmente et les salaires de ceux qui ont encore un emploi stagnent. Donc le pouvoir d'achat recule. Et la consommation aussi. Il suffisait de lire Les Echos du vendredi 12 avril dernier. La seule lecture du titre de l'article suffisait : "La consommation, dernier moteur de la croissance, est tombée en panne". Les Echos donnaient ensuite une série de domaine où la consommation des ménages recule, allant du bricolage à l'électronique.

Le Haut Conseil des Finances Publiques critique aussi la "politique de l'offre". C'est le cœur de ce qui reste de stratégie aux solfériniens. Elle se résume ainsi : "donnons de l'argent aux chefs d'entreprises et ils finiront bien par produire et embaucher". C'est le seul espoir de redémarrage de l'activité économique pour François Hollande. Cette stratégie repose entièrement sur le "crédit d'impôt compétitivité impôt", ces 20 milliards d'euros que Hollande a donné aux actionnaires sans aucune condition ni contrepartie. Le Haut Conseil est au moins dubitatif. Il considère que les effets sur la croissance découlant de ce dispositif coûteux "gagneraient à être davantage documentés". C'est une manière polie de dire que c'est un pari fumeux. Nous pensons qu'il échouera lamentablement : cet argent finira en opérations financières ou en dividendes pour les actionnaires.

Le Haut Conseil nous donne encore raison sur un point. Il dit que "le scenario d'une reprise de l'investissement des entreprises retenu par le gouvernement (…) reste conditionné à l'amélioration des perspectives d'activité". C'est que je répète depuis des mois et des mois. Une entreprise n'investit pas et n'embauche pas parce que M. Ayrault est allé à l'université d'été du MEDEF ou parce que M. Hollande va donner 20 milliards d'euros. Une entreprise investit et embauche quand elle a des clients et un carnet de commandes rempli ! Je n'ai pas fait l'ENA et HEC comme François Hollande mais j'ai compris ça.

La prévision du gouvernement pour l'année 2014 ne convainc pas plus que celle pour 2013. Tout le monde sait que les 1,2% de croissance promis ne seront pas atteints. Pourquoi ? Parce que le cercle vicieux que j'ai dénoncé tant de fois est en place. Les politiques d'austérité sont basées sur la réduction des dépenses publiques et des hausses d'impôts amputant le pouvoir d'achat populaire. Elles entrainent une contraction de la demande des ménages et de la commande publique. Donc une contraction de l'activité économique.

C'est ce que dit Eric Heyer, économiste à l'OFCE. Dans une interview sur le site du Nouvel Observateur, il explique les choses très clairement, chiffres à l'appui : "normalement, comme nous sortons d’une crise, nous devrions avoir une croissance de 2,6%. On perd 0,8% de PIB à cause de la situation économique de nos partenaires, 0,2% à cause du prix du pétrole, et 1,8% à cause de la politique d’austérité. Ce qui nous mène à une récession de 0,2%". Vous avez bien lu, à elle toute seule, la politique du gouvernement est responsable d'une perte de 1,8% de "croissance potentielle". Sans compter les pertes dues à "la situation économiques de nos partenaires", c'est-à-dire essentiellement à cause de la politique d'austérité appliquée partout en Europe. Bien sûr, tout cela a une forte dimension abstraite, mais le résultat est sans appel : l'austérité aggrave la crise.

Cette catastrophe économique aboutit à une catastrophe sociale. Au passage, l'OFCE note que "le taux de chômage augmenterait régulièrement pour s'établir à 11,6 % fin 2014. Seul un changement de cap dans la stratégie budgétaire européenne permettrait d’enrayer la hausse du chômage". Et cette catastrophe économique et sociale aboutit à un crash budgétaire. La contraction de l'activité réduit les recettes fiscales. La hausse du chômage augmente les dépenses sociales. Au final les déficits publics et sociaux se creusent. C'est ce que nous répétons depuis des mois. C'est ce qui est arrivé à la Grèce, à l'Espagne, au Portugal et partout où ces politiques d'austérité ont été appliquées. C'est ce qui arrive à la France.

Le gouvernement le sait. Il vient d'admettre qu'il ne tiendrait pas l'objectif de 3% de déficit en 2013. Moscovici dit que le gouvernement table désormais sur 3,7% de déficit l'an prochain. Cahuzac le savait depuis longtemps si j'en crois Le Canard Enchaîné du mercredi 10 avril. En page 2, Le Canard rapporte cette phrase qu'aurait tenue Cahuzac : "On me dit que j'ai menti sur ma situation personnelle. Cela veut dire quoi ? Qu'il y aurait des mensonges indignes et d'autres qui seraient dignes ? Quand on ment sur ordre, et pour des raisons politiques, à l'Assemblée, est-ce digne ? A ce compte-là, j'ai menti devant l'Assemblée, sur la possibilité de réaliser 3% de déficit en 2013".

Face à cette situation, le gouvernement continue de mentir. Il récuse le mot d'"austérité". Mais Pierre Moscovici annonce un nouveau plan de 20 milliards d'euros en 2014. Officiellement il s'agit de ramener le déficit public à 2,9% de la richesse du pays, juste en dessous de la barre des 3% acceptée par la Commission européenne. Parmi ces 20 milliards d'euros de nouveau plan d'austérité, 14 milliards d'euros balai_07 viendront de coupes dans les dépenses publiques. Et 6 milliards d'euros viendront de hausses d'impôts, contrairement à ce qu'avait promis François Hollande.

François Hollande avait promis que "pour 2014 en dehors de [la hausse de la TVA], il n’y aura aucune autre augmentation d’impôt" à la télévision le 28 mars dernier. Passons sur cette haute des impôts de 6 à 7 milliards d'euros que représente la hausse de la TVA. Même le reste de la promesse de Hollande est faux. Lundi15 avril sur France Inter, Pierre Moscovici a annoncé : "il y aura une augmentation des prélèvements obligatoires qui est annoncée de 0,2 à 0,3 points" soit "6 milliards d'euros".

Un ancien ministre du budget reconnaît "avoir menti" sur la situation budgétaire de la France devant l'Assemblée. Tout le monde sait que le gouvernement ment dans ses prévisions économiques et budgétaires. Le ministre de l'Economie en exercice dit le contraire de ce qu'a dit le président de la République à la télévision quinze jours avant. Tous ces mensonges et toutes ces hypocrisies cherchent à masquer le fait que la politique menée conduit le pays vers un record historique de chômage. On voit ainsi combien les institutions de la Ve République permettent de dissimuler la vérité au peuple. Or, mentir au peuple, c'est porter atteinte à sa souveraineté. Voilà encore une bonne raison pour participer à la grande marche citoyenne du 5 mai "contre la finance et l'austérité, pour la 6e République".

Tags: , , , , ,


339 commentaires à “En préparant la marche du 5 mai”
» Flux RSS des commentaires de cet article
  1. Denis F dit :

    On est mal barré, certains en sont à faire appel au génie de F. Hollande, au secours Jean-Luc ils sont devenus fous, ou ils n'ont rien compris à ce qu'il se prépare.
    Jean-Luc Mélenchon le prêche sur tous les tons depuis quelques temps maintenant, les solfériniens (j'ai l'impression de nommer des batraciens) qu'ils soient de droite ou soit disant de gauche, ne bougeront pas d'un poil de cul, le leur, cela est garanti sur facture, ils ont trop à perdre tout de suite, sachant fort bien qu'ils ont de toutes manières perdus au final.

  2. jean ai marre dit :

    @Denis F
    Le sursaut de génie est à prendre au premier degré. C'est celui qui le dis qui l'est !
    Quant à ce qui se prépare, à part Madame Soleil, je ne sais pas qui peut le prédire. A part de faire de la politique fiction comme certains. Rien n'est gagné, rien n'est perdu, un seul mot, marcher et ne rien lâcher D'accord ?

  3. educpop dit :

    La diversité est une richesse, bien sûr, et c'est aussi un problème de confusion permanent à résoudre. Les totalitaristes ne savent souvent rien de la politique, ils veulent simplement ne pas être perdu dans une situation trop complexe alors ils suivent un chef qui a l'air moins compliqué que les autres. Quand je lis les commentaires dans ces pages historiques je me dis qu'il faut être doué pour voir dans cet ensemble un réseau prêt à tout pour la victoire. Quand à l'émission de télé tardive qui fait couler beaucoup d'encre, elle est faite pour ça. Je trouve que Jean-Luc Mélenchon y a été légèrement cabotin pour rester dans le camp des esprits éclairés, par comparaison avec les obscurs. Mais si c'est trop difficile de résister à la pression de ces marionnettes il ne faut peut-être pas aller systématiquement à leur contact. Je pense que le système justement dénoncé comprend ce genre de situation comme un élément de sa propre définition. Il faudrait laisser voir que c'est globalement qu'on veut l'humain d'abord et ne pas se prêter à une comédie dont le but est de maintenir tout le monde dans le même bain.
    Que Jean-Luc Mélenchon aille expliquer et analyser une contre stratégie politique dans les lieux de débats appropriés c'est magnifique, mais qu'il aille dans des trucs de divertissement comme ça est contre productif. Ce n'est pas vrai que le bon peuple qui aime les jeux va le trouver plus accessible s'ils le voient la dedans, il va le confondre avec les autres légumes de la soupe.

  4. Jean Jolly dit :

    Denis et ermler sont des camarades engagés et sincères, ils expriment leur vision du militantisme tel qu'ils le conçoivent et ils le font honnêtement contrairement à certains "gôchistes bornés" de Solférino ou chez certains "caméléons" de chez EELV.
    Ceci dit, les générations se succèdent et il est tout à fait naturel que deux générations successives ne soient pas synchrones sur la communication d'une même idée que nous portons tous... à savoir la VIème République par la convocation d'une Assemblée Constituante.
    ONPC, n'est, certes, pas le meilleur des formats d'émission pour élargir le champ d'émancipation collective que nous souhaitons de tous nos vœux, mais il existe et il faut bien s'en accommoder ou abandonner le militantisme puisque celui-ci est basé sur la propagande (dans le bons sens du terme comme peut l'être le "populisme").
    Que les générations soient en désaccords sur le modus operandi n'est pas un souci, du moment que nous soyons unis sur le principal.

  5. cr_sud dit :

    @ 241 Denis F
    Désolé camarade, j'avais interprêté vos propos comme ceux de quelqu'un mettant en doute, par sa position, la possibilité de changement. Je ne suis pas un ancien de ce blog, vous avez raison. J'ai été trop direct...
    Quant à votre position, néanmoins, si je puis me permettre, elle me paraît emprise d'interrogation négative, pour ne pas dire de pessimisme démobilisateur, car si l'on se dit que rien ne peut changer sans la volonté divine de Monseigneur Hollande, alors autant rester chez soi, et laisser faire les gouvernants. On voit bien que çà ne marche pas. La votation est une idée pertinente, mais pour mobiliser les gens, il faudra beaucoup de pédagogie et que le 05 Mai accouche de plus grand.

  6. Axel dit :

    Pour apporter ma pierre, au sujet d'ONPC. Les accusations les plus ignobles ont été tournées en ridicules et ceux qui les ont proférées ou relayées ont perdu une bonne part de leur crédibilité. Ceux qui ne supportent pas Jean-Luc (comme mon père) sont restés scotchés malgré tout devant leur écran pendant 1 heure. Donc les idées passent, même aupres de ceux qui ne veulent rien entendre. Et les convaincus sont fiers d'être représentés aussi brillamment. À mon sens, il ne faut pas perdre de vue une chose, c'est la difficulté à faire vivre notre conception politique du monde dans une société qui a furieusement tendance à ne pas nous ouvrir droit à la parole publique.
    Jean-Luc, continue, ouvre la voie !

  7. Maria dit :

    Je veux juste dire que les deux prestations audiovisuelles de Mr Mélenchon de ce we sont une espèce de manuel pour les jeunes citoyens sur les registres très larges de travail de conviction que représente l’engagement politique et civique de l'humain. C'est beau. C'est challenge et très intense. C'est beaucoup du travail en amont. Mais oh combien çà vaut la peine de s'engager tôt pour voir son impact apparaître sur la vie des humains. C'est mieux que la plus attractive des drogues car ça rapporte plus d’adrénaline et d’émotions, sans aucun risk pour la sante du corps.

  8. richunter dit :

    Face à l'aggravation inéluctable de la situation économique et sociale de notre pays (et plus généralement de l'Europe), plusieurs scénarii s'offre à notre cher Président FH. Soit il continue coûte que coûte sa politique d'austérité pour répondre à la feuille de route que le monde financier lui a donné quitte à préparer la place au FN en 2017 (plutôt Hitler que le Front populaire). Soit, il opère un rapprochement avec le Modem de FB et l'UDI de Borloo à la manière de ce qui s'est réalisé en Allemagne (cdu/spd) ou en Grèce, sous le prétexte de créer un gouvernement d'Union Nationale pour répondre à la gravité de la situation (un moyen supplémentaire de duper le peuple et de gagner du temps, en faisant croire qu'il a pris réellement les aspirations du peuple de Droite). Soit, il écoute l'aile gauche du PS et procède à une remaniement complet de son gouvernement en nommant Montebourg 1er ministre ou en allant plus loin en nommant Jean Luc Mélenchon 1er ministre. Soit, il dissoud l'AN avec toutes les incertitudes que cela peut entrainer sur le résultat final des élections.

  9. naif dit :

    Maria dit à 22h25
    "Je veux juste dire que les deux prestations audiovisuelles de Mr Mélenchon de ce we sont une espèce de manuel pour les jeunes citoyens sur les registres très larges de travail de conviction que représente l’engagement politique et civique de l'humain. C'est beau."

    Mais il faut une vie en politique pour en arriver à ce niveau de connaissance des dossiers ! Quid des mandats successifs et des professionnels de la politique ? On tire au sort pour un mandat ?!

  10. Courrierlecteur dit :

    L'invité politique sur Europe1, ce matin, n'était pas Jean-Luc*, contrairement a ce qu'ont colporté beaucoup de médias, mais Manuel Valls. Pourquoi donc Europe 1 a donc mis en tête de son site Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui ? Les paroles du Ministre de l'Intérieur méritaient pourtant d'être rapportées. Si, si, je vous assure, elles sont franchement marrantes, de la part de cet homme de gauche. "Le ministre a déclaré: "(...) quand la droite reviendra au pouvoir, et j’espère que ce sera le plus longtemps possible, il n’y aura pas de remise en cause de la loi sur le mariage homosexuel. Elle est irréversible."" (source)

    * L'information aurait été communiquée sur ce blog

  11. Jean Jolly dit :

    @ richunter.
    C'est bien, tu vois loin. Si Jean-Luc Mélenchon devenait premier ministre de cette foutue République ce serait prioritairement pour appliquer notre programme l'Humain d'abord, il m'étonnerait que ce soit le choix du monarque actuel.
    Il faut passer à la sixième, décidément.

  12. citoyenne21 dit :

    @ Jean Jolly (261)
    Qui parle de laisser le choix à Hollande ? Faut être réaliste, si il continue sur cette pente, notre bon président, la situation va devenir explosive en France et dans des cas d'urgence extrême, il n'est pas interdit de penser que les paramètres peuvent radicalement changer ! Oui il y a les règles, il y a les lois, qui en temps de calme plat sont là pour être respectées, on est en démocratie, pas vrai ? mais les modes d'emploi doivent s'adapter par temps de tempête sévère ! Je dis ça, je dis rien....

  13. alex dit :

    J'aime Mélenchon quand il parle de la révolution française, de Robespierre et appelle à une constituante et à une nouvelle république.
    Je n'aime pas Mélenchon lorsqu'il dit chez Ruquier le 21 avril : "l’enjeu de la classe ouvrière est aujourd’hui dépassé et son glissement vers le Front national semble assez irréversible". Cette phrase est terrible car elle semble enterrer plusieurs siècles de mouvement ouvrier et de combat pour l'émancipation de la classe ouvrière. Non seulement elle sonne comme un coup de glas à l'encontre de ces "c... d'ouvriers" qui n'ont rien compris car ils n'ont pas voté Mélenchon à Henin-Beaumont et ailleurs, mais elle sonne comme une rupture (irréversible ?) avec la lutte de classe. Mais non Mr Mélenchon, la lutte des classes n'est pas morte et son enterrement ne se prononce pas par décret ! Ce n'est pas parce que certains ouvriers votent FN que c'en est fini avec le mouvement ouvrier. Le capitalisme, c'est la lutte des classes et en particulier celle menée par la bourgeoisie (vous savez ceux qui sont propriétaires des moyens de production) contre les travailleurs, cols blancs et ouvriers, qui sont exploités par les précédents (vous savez ceux n'ont que leur force productive). Et tant que le capitalisme ne sera pas mort, la lutte des classes, qui est une réalité et non un constat, existera. La bonne question Mr Mélenchon est: pourquoi certains ouvriers votent FN ? De ce point de vue vous ne répondez pas vraiment, car la réponse suppose un retour radical sur l'histoire du Parti avec lequel vous vous êtes pacsé, à savoir le PCF qui est le premier responsable de la destruction du mouvement ouvrier. Il faudrait des colonnes pour en parler, mais il y a sans aucun doute là la racine de vos problèmes de captation des voix ouvrières. Affichez aux yeux des ouvriers un message clair de rassemblement dans les luttes et les combats, offrez aux ouvriers les moyens pratiques de construire l'unité ouvrière à travers l'organisation de leurs grèves et ne vous contentez pas de les renvoyer aux prochaines élections et là vous gagnerez les voix ouvrières. Le combat se mène sur le terrain des luttes menées jusqu'à la grève générale et vous devez en être le porte parole. Vous y perdrez sans doute certaines alliances, mais vous avez tellement à y gagner... et la classe ouvrière tellement plus encore.

  14. carlo dit :

    Ce n'est pas parce que certains ouvriers votent FN que c'en est fini avec le mouvement ouvrier.

    L'objectif ne peut être que la reconquête de l'électorat populaire et donc aussi de la classe ouvrière. Ceci nécessite de prendre enfin ses distances avec la gauche boboïsée, européanisée et mondialisée qui se partage le pouvoir avec la droite non seulement en France, mais aussi dans les instances européennes (la commission européenne a longtemps été dirigée par J. Delors, inspirateur du Grand Tournant Libéral de 1983) et internationales(DSK a été directeur du FMI et P.Lamy est toujours directeur de l'OMC).

  15. Michel Matain dit :

    @ 263 alex
    Le combat se mène sur le terrain des luttes menées jusqu'à la grève générale et vous devez en être le porte parole. Vous y perdrez sans doute certaines alliances, mais vous avez tellement à y gagner... et la classe ouvrière tellement plus encore.

    Ça parait tellement simple et facile qu'on se demande pourquoi personne n'y avait pensé et ne l'avait réalisé. Ou bien serait-ce que la réalité est bien plus complexe et ne se laisse pas tordre le cou par les rêves les plus romantiques ?

  16. Eric dit :

    @ Alex
    Ou avez-vous entendu cette phrase, qui va contre tous les autres discours de notre hôte ? Parce que ça m’a échappé. Par contre, tout le reste de votre intervention pour redire ce que Jean Luc Mélenchon dit… Peut-être un mauvais message, ou alors dans le mauvais site. C'était un autre qui ne croyait pas à la lutte des classes. Et apparemment pas à la pesanteur non plus.

  17. naif dit :

    @alex à 8h05
    "l’enjeu de la classe ouvrière est aujourd’hui dépassé et son glissement vers le Front national semble assez irréversible".

    Je pense que vous n'avez pas entendu cette phrase. Vous l'avez inconsciemment assigné à JL Mélenchon tant vous n'aimez pas JL Mélenchon. Votre post est volontairement subversif, c'est à dire mensonger. Heureusement qu'aujourd'hui on peut le prouver immédiatement en visionnant l'émission.

  18. breteau jean claude dit :

    Décidémment,quelle jeu joue MN Lienneman.Une fois encore,elle propose un leurre de "goche" qui ne. met en rien en cause la politique des solfériniens Son plan de relance ne combat pas la crise,qui poursuivra son chemin grace à lapolitique menée par Hollande.Faut-il qu'il y ait le feu chez les tétes d'oeuf ps,en panne d'idée pour faire appel à la supplétif de service.La premiére proposition à faire c'est une augmentation générale des salaires,pensions, retraites,voilà ce qui participerait à combattre la crise,les coffres débordent pour enrichir les parasites qui utilisent leur temps,et ils en ont, à spéculer.Comment désintoxiquer du libéralisme la "goche" du ps ? Est-ce encore possible,? La 6è république serait un bon reméde,à condition de sortir du confort ou ils sont installés.Réponse le 5 mai

  19. HYBRIS dit :

    Candidat au poste de 1er ministre, une position inédite ? Samedi soir chez Ruquier et plus explicitement lundi matin sur Europe 1, Jean-Luc Mélenchon, s’est exprimé sur le sujet. Extrait :
    « (…) - Diriger un gouvernement oui, mais ça serait pour changer complètement de cap.
    - Ça veut dire que FH vous nomme 1er ministre ?
    - Ben je travaille à ça (...) ».

    Si Mme Alba Ventura éditorialiste sur RTL faisait consciencieusement son travail, elle nous aurait épargné ce matin quelques sarcasmes et analyses à deux balles, en constatant que ces propos ne sont en rien une nouveauté. Exemple :
    Il y a une majorité de gauche à l’Assemblée : je propose qu’elle change de centre de gravité. Je suis prêt à être Premier ministre, mais je peux aussi imaginer de ne pas l’être. Qu’une coalition se fasse avec des socialistes, des écologistes et des élus du Front de Gauche, sur une ligne de rupture évidemment avec la logique capitaliste et productiviste. C’est possible. A nous de faire la démonstration que nous sommes des partenaires fiables, idéologiquement stables, non dogmatiques.(J-L M - Interview « Rue 89 » 28/11/2012)
    J’approuve ce positionnement. J’attendais même qu’il soit rappelé. La situation économique et sociale se dégrade à grande vitesse. Des développements imprévisibles peuvent précipiter une maturation des situations. Une implosion du PS à court ou moyen terme ne doit pas être écartée. Le FG a tout intérêt à poser des jalons pour gérer le cas échéant une alternative de gauche. Il doit être prêt à gouverner sur son programme, là, concrètement, tout de suite et le dire. Ça complète et donne de la chaire à l’objectif stratégique de la 6° république. Sur un plan tactique immédiat, vis-à-vis « du peuple de gauche », cela assoit l’idée d’un FdG (force politique authentiquement de gauche) ayant vocation à se substituer à un PS libéral, en toute « normalité ».

  20. Cécile 63 dit :

    @ Alex (8h05)
    La base de l'honnêteté intellectuelle est d'éviter de faire dire aux gens des choses qu'ils n'ont jamais dites, pour en tirer des critiques qui n'ont pas lieu d'être. La phrase que vous attribuez à Jean-Luc Mélenchon n'a évidemment jamais été prononcée par lui puisqu'il se tue à démontrer le contraire. Il s'agit d'un extrait de l'article du Point rédigé par Nathalie Rheims. Peu importe que votre commentaire soit dû à une lecture trop rapide de cet article ou à une malhonnêteté volontaire, nous avons bien d'autres choses à faire ici que de réfuter des critiques qui dénaturent à ce point la pensée de Jean-Luc Mélenchon et les idées du FdG.

  21. marj dit :

    @Richard 227
    Je pense que ce que vous préconisez n'est pas possible parce que vous occultez que nous évoluons dans un système économique,le système capitaliste, caractérisé par la confrontation entre classes sociales avec des intérêts antagonistes. Certains voudraient masquer cet état de fait pour faire accepter n'importe quoi aux salariés et éviter une mobilisation pourtant nécessaire pour créer un rapport de force favorable. Et dans ce rapport de force, la droite au pouvoir a historiquement toujours soutenu les puissances de l'argent contre le salariat.
    Les lois sociales (congés payés, retraite à 60 ans, conventions collectives, Sécu etc) ont toujours été le fait de la gauche au pouvoir ou influencées par elle (puissance du PCF au sortir de la guerre). Les mobilisations sociales ont aidé à pousser à gauche comme en 36 sous Léon Blum. C'est pour cela qu'il est important qu'il y ait du monde le 5 mai.
    Aujourd'hui, une partie du PS au pouvoir (voir Cahuzac), comme les centristes, relayent cette ineptie de l'inexistence de la lutte des classes afin d'endormir tout le monde pour pouvoir faire passer tranquillement des lois antisociales (dont l'ANI).
    Pour autant, cela n'enlève rien au fait, qu'individuellement, des personnes qui votent à droite (la plupart du temps contre leur intérêt) peuvent être des personnes sympathiques ou intéressantes et d'autres qui se disent "de gauche" des arrivistes et des incompétents. Chacun a encore le droit de s'exprimer et tant mieux car la dépolitisation et la non confrontation des idées est plutôt un recul démocratique dans un paysage médiatique qui pousse à l'uniformisation de la pensée ("on ne peut rien changer, restons chez nous, ne nous mêlons pas du politique puisque le système est indépassable")

  22. robin des voix dit :

    Le vote Fn est un vote pour une grande partie de refus des institutions actuelles et anti-Europe par des gens révoltés. Sauf qu'ils se trompent de camp. La naïveté et l'ignorance de ces gens là amnésiques ou bêtes à ce ce que représente cette baudruche fasciste remplie de contradictions des plus habiles pour ratisser large autant à l’extrême gauche que chez les bobos. Sa représentante veut arriver au pouvoir masquée en se faisant passer pour un ange aux yeux de ces personnes crédules qui croient entre autre que la lutte des classes n'existe plus. A part pour les riches qui eux n'oublient jamais leur conscience de classe et ne se gênent de s'en servir afin d'écraser le faible, d'en user et d'en abuser.

  23. Abel dit :

    Je voudrais apporter quelques précisions sur le personnage de Robespierre souvent cité par Jean-Luc Mélenchon.
    La révolution de 1789, contrairement à l'image véhiculée par l'historiographie scolaire, s'est faite contre l'esprit des lumières. Dans ses discours à la convention et au club des Jacobins, Robespierre oppose la philosophie spontanée du paysan à la philosophie irréaliste et perverse de Condorcet. Il déclare aussi plaindre celui qui ne croit pas en dieu et instaure le culte de l'Etre Suprème. C'est Condorcet qui est le promoteur de l'instruction laïque et gratuite pour tous, de l'abolition de la peine de mort, du vote des femmes, de l'abolition de l'esclavage et de l'avènement de la République. Sur tous ces points il rencontrera l'opposition de Robespierre, Marat et Saint Just, et finira par être condamné, et mourra en prison de manière très suspecte ! Et 1789 aboutit au Consulat et au Premier Empire !
    Il est bien connu que chaque idéologie choisit son personnage conceptuel, mais je ne voudrais pas que le PG souffre du choix d'une figure de proue qui symbolise tout ce qui s'est opposé aux idées des lumières.
    Quant à la prise de pouvoir par la voie électorale telle qu'elle existe, nous risquons d'attendre longtemps. N'oublions jamais que, pour une France conservatrice marquée par le catholicisme, la gauche, c'est l'antéchrist. Si nous additionnons les voix de droite, FN et centre compris, notre électorat est largement à droite. Le gouvernement ne dirige rien, c'est le MEDEF qui donne les ordres par ses courroies de transmission que sont les grands corps de l'Etat dirigés par les sortants des grandes Ecoles. C'est une machine monstrueuse dont je ne vois pas comment l'enrayer si ce n'est en démontant ses mécanismes et non en passant par le Réformisme.

  24. Alain44 dit :

    Le système est à bout de souffle et les riches cherchent à le maintenir pour conserver leurs privilèges. "Il n'y a pas d'autres solutions possibles" disent-ils, si heureusement l'imaginaire humain est prodigieux. Quel en sera cette forme, nous ne le savons pas encore. Sur les traces de nos lointains prédécesseurs les Grecques qui ont mis en place les premières démocraties, JL Mélenchon en posant comme principe de refonder notre constitution, ouvre des nouvelles perspectives. De la même manière que des règlements strictes sont nécessaires pour préserver un milieu naturel, ce que chacun comprend, il en va de même pour l'économie, nous ne pouvons plus faire n'importe quoi. Mme Lienneman malgré ses bonnes intentions de petits coups de pouce en pouvoir d'achat afin de calmer l'impatience et à maintenir un système obsolète ne répond pas à la question fondamentale de la financiarisation de l'économie, d'une politique européenne dédiée à cette économie, d'une chancelière Allemande arc-boutée à sa monnaie et aux seuls intérêts de son pays et de ses privilégiés. Ce n'est pas de cette Europe là que nous rêvions. Oui ! ça ira, ça ira...

  25. Philippe Eric dit :

    Bonjour à tous de Berlin,
    Entendu ce matin sur RFI à 7h15, une minute de critiques sur Jean-Luc-Mélenchon, fait à l'aide d'un collage de citations, et pour bien sûr railler cette idée d'être 1er ministre. Ce spot sorti de rien, et juste avant un point actualité montre bien, que partout Jean-Luc Mélenchon devient la personne politique à abattre. J'ai posé réclamation sur cette partialité de RFI. Sachant que RFI inonde sur tout l'Europe (RFI, La radio du Monde), là aussi se joueront les Europeennes.
    Sur la tactique du Front de Gauche et celle de Jean-Luc Mélenchon, elle est je pense plus efficace que celle des Linke. L'importante composante verte est une des grandes différences avec les Linke. De même, on a réussi à caser les Linke dans un endroit où ils ne peuvent plus bouger. L'entreprise médiatique Allemande surveille le tout d'une manière bien plus dur encore qu'en France.
    Un exemple: le Slogan: Prenez le Pouvoir/Révolution citoyenne aurait été interdit en Allemagne.
    Le Front de Gauche porte beaucoup d'espoir, non seulement pour les citoyens Francais. Merci à Eva Joly aussi.
    J'étais à la Bastille, j'irais à Nation.
    Philippe

  26. Gérard dit :

    Oui pour un coup de balai ! Et pour être efficace, en procédant comme pour les escaliers: en commençant par le haut !

  27. Roland011 dit :

    @259 naif
    Mais il faut une vie en politique pour en arriver à ce niveau de connaissance des dossiers ! Quid des mandats successifs et des professionnels de la politique ? On tire au sort pour un mandat ?!"

    Très bonne interrogation, peu reprise malheureusement. Mais ! Quid effectivement des « bonnes idées ! » que pour ma part je ne suis pas fan du tout.
    A suivre… peut-être, et merci.

  28. Denis F dit :

    @ Abel 274
    Merci monsieur, comme il est agréable d'entendre un autre son de cloche, surtout quand celui-ci donne une version non erronée des gloires d'antan. Merci encore d'avoir remis les acteurs dans le bon sens.

  29. rayana dit :

    @alex263
    Je te rappelle que depuis la création du FdG, nos représentants et nos drapeaux sont aux côtés des travailleurs en lutte à chaque grève, manif pour défendre l'emploi ou les droits sociaux, amnistie des syndicalistes etc. Les ouvriers sur place ne sont pas idiots, après avoir été leurrés par Hollande pendant la campagne présidentielle, ils peuvent constater que seul le Front de gauche les défend, et non pas les solfériniens ou le FN. Nos petites luttes quotidiennes portent leurs fruits, même si l'on souhaiterait que les idées progressent plus vite. On lâche rien, un jour ou l'autre la chaine craquera et nous devons être prêts à gouverner pour l'humain d'abord.
    Vivement la 6eme.

  30. bernard hugo dit :

    @ Alex (263)
    Jean-Luc Mélenchon n’a jamais prononcé les propos que vous lui attribuez sur la classe ouvrière. Lui prêter de telles assertions sans vérifier d’où ils proviennent n’est pas très sérieux, même si je pense que la gauche et en particulier la politique libérale des solfériniens a creusé un immense fossé de dégout au sein de la classe ouvrière détruite dans sa réalité quotidienne, son existence collective et sa conscience de classe. Le PCF aussi porte une responsabilité historique en ne faisant pas toute la lumière sur son propre passé contre-révolutionnaire et anticommuniste (combien de communistes ont été broyés par les appareils staliniens ?) Cependant le PCF a changé. De nouvelles générations ont fait évoluer les pratiques militantes. Le danger serait plutôt le risque d’une social-démocratisation du parti (à l’italienne) et donc la tentation des arrangements d’une partie de l’appareil avec les solfériniens pour sauver ce qui reste de leurs fiefs électoraux. Je crois que Jean-Luc essaie de dépasser les anciens clivages idéologiques et les mythologies en repartant du socle républicain fondateur et de la Révolution de 1789-1793, mais aussi en prenant à bras le corps les problèmes que nous pose la réalité du monde d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de la prédation financière, de la préservation de l’éco-système humain et de la bio-diversité ou des questions énergétiques, de santé publique ou d’éducation.

  31. Antraigues dit :

    @ Denis F
    Cher camarade, le FdG doit être une force autonome et conquérante, ça vous ne vous aura pas échappé ? Dans cette optique, un peu de stratégie est indispensable. Nous devons montrer que nous sommes prêts à gouverner avec un programme réaliste si l’occasion se présente, et non attendre 4 ans assis sur notre acquis d’avril 2012. Nous sommes dans une radicalité concrète, notre but est d’être constructifs et tous les moyens sont bons pour le faire savoir.

    @ Alex
    ONPC : Je n’ai pas entendu moi non plus une telle phrase. Quand à la lutte des classes, c’est Cahuzac qui n’y croyait pas, pas Jean-Luc Mélenchon.

    Ça y est : le PS a allumé son contre feu anti FdG : Marie Noel Lieneman et Jérôme Guedj ont dévoilé leur « plan anti-austérité » tout en continuant à soutenir le gouvernement libéral…

  32. Denis F dit :

    @ 280 Antraigues
    Salut et fraternité camarade, le Front de Gauche est une force autonome et conquérante, il n'y a plus à le prouver, mais ce n'est pas pour autant que cela se traduira dans les urnes, malheureusement … Il nous faut encore grossir nos rangs, pour espérer quelque chose de concret.
    Maintenant j'aimerais que l'on me prouve que nous sommes capable de gouverner sous la présidence de l'énarque Hollande, ex chef de file des solfériniens. Et avant tout, faudrait-il qu'il lui en vienne l'idée au "capitaine de pédalo".
    Toutes les suppositions émises ici et ailleurs ne sont que des arguties, mon radicalisme et mon pragmatisme m'interdisent de croire aux sornettes, les évidences pètent tellement à la gueule de tout à chacun qu'il faut tenir une sacrée couche pour ne pas s'en apercevoir !
    D'aucun me désigne pessimiste, je réfute totalement cette vision, je suis avant tout révolutionnaire mais en aucun cas idéaliste ou utopiste, donc j'attends et espère une prise de conscience rapide et générale, avant que de crever de désespoir !

  33. hullar paul dit :

    Encore une ! Tous les jours, une affaire éclate. Après la privatisation des grosses entreprises qui rapportaient de l'argent au Français, ces grand groupes se partage les bénéfices et partent avec des parachutes dorés. En même temps le tarif EDF augmente (frais pour le respect de l'environnement) et une fois les bénéfices placés dans des comptes a l'étranger, balance les fûts radioactif dans la mer,et pour nous, moutons que nous sommes, tous va bien. Il serait temps de se réveiller, non pas avec ce gouvernement de pantin a la botte de la finance (les vrai socialistes doivent se retournés dans leurs tombes). Mais heureusement il existe des gens de gauche avec de vraies valeurs.

  34. jpp2coutras dit :

    @260 Courrierlecteur à 23h32
    Incroyable lapsus dans la bouche d'un pseudo de gôche, d'un Valls de droite complexée ! ça plussoit la non-lutte des classes de Cahu'qui avait insisté, rappelez-vous, pour faire dire que le PS était bien (encore) un parti de la gauche. Cherchait-il à entraîner les mouvements de vraie gauche pour les saborder et pour tuer toute velléité de politique pour l'intérêt général du peuple, c-à-d anti-capitaliste /écosocialiste. Pour éteindre tout progressisme positif mené par nous citoyens du monde et enfants de la Pacha-Mama !
    Et bravo à Jean-Luc Mélenchon pour ces dernières interventions où il parvient malgré tout à planter des jalons tout en faisant monter les audiences appelant ainsi à être écouté jusqu'au niveau le plus élevé de fond politique. De plus en plus entendu avec "l'humain d'abord!"

  35. jean ai marre dit :

    @ 262 citoyenne21 dit:
    " Faut être réaliste, si il continue sur cette pente, notre bon président, la situation va devenir explosive en France "

    Pris au piège de ses idées idéologiques, et prisonnier du clan DSK qui l'aide à rassurer les financiers, Hollande ne fera jamais une politique dite de Gauche, celle qui renoue avec nos fondamentaux. Si la situation devient explosive, et que la social démocratie chancelle, je suis sûr que la droite viendra à sa rescousse. Le souci aujourd'hui du capitaine de pédalo c'est de resserrer le rang de ses troupes. Lors de son forum ce dimanche à la Mutualité, EELV a invité M.N. Lienemann. Celle-ci a déploré que son groupe de députés ne devienne un parti godillot. Tous, le doigt sur la couture du pantalon et on vote comme un seul homme ! Référence au vote bloqué des Sénateurs sur l'ANI. Représentante de l'aile gauche du PS, la Sénatrice souhaite que le gouvernement prenne appui sur sa gauche et propose qquelques lois dites de gauche. Cette prise de position est significative dans le sens où les paroles et les argumentaires du Front de Gauche laissent des traces.
    Cette marche du 5 mai, au delà de la demande de changer de République à l'avantage de porter le débat politique sur la place publique, en demandant à tous les acteurs citoyens leur approbation pour changer de cap. Et ça, ils le craignent.
    C'est en les aiguillonnant en permanence que nous portons le changement.

  36. Nicks dit :

    A ceux qui prolongent la propagande thermidorienne plus ou moins consciemment, jusque dans les rangs du FdG, je conseille la lecture de Robespierre : portraits croisés / Philippe Bourdin, Michel Biard. Paris : Colin, 2012. Voilà un livre bien équilibré sur le personnage, qui à mon sens constitue toujours un modèle politique et un repère pour nos constructions politiques futures, même s'il n'est pas nécessaire d'être en accord avec l'ensemble de ses idées et de son parcours.

  37. richard30 dit :

    @ marj 271
    Merci pour votre analyse très pertinente basée sur le sujet de la lutte des classes et l'organisation selon le clivage droite/gauche.
    En « observant » attentivement ce qui se passe aujourd'hui, précisément au niveau de la politique pratiquée, elle n'est ni de droite, ni de gauche mais pour la préservation de la prospérité et la fortune des nantis. Cependant, comme lors des conflits meurtriers des 2 dernières guerres mondiales, les généraux des 2 principaux camps opposés droite, gauche, ordonnent de tirer sur ce camp opposé, jugé ennemi. Alors il est peut-être nécessaire de prendre du recul, par rapport au problème que nous devons résoudre. Nous vivons en période de 3ème guerre mondiale, celle du libéralisme débridé, de la destruction des acquis sociaux et de l'accaparement des biens publics des états, par un ensemble très puissant et très fortuné. Par conséquent, il est nécessaire de bien identifier l'ennemi commun : les dirigeants des grandes entreprises industrielles et financières. Ensuite, il est nécessaire et urgent de négocier avec certains généraux, les plus magnanimes, ouverts et honnêtes qui figurent parmi les unités des 2 camps jugés adverses pour les convaincre de la réalité de la situation, de l'objectivité qui concerne l'identification de l'ennemi, de convaincre les occupants les plus lucides des 2 camps jugés adverses qu'ils ne sont en aucun cas des ennemis, les convaincre que le véritable ennemi est en attente, bien regroupé ailleurs avec ses armes de destruction massives et que c'est sur cet ailleurs qu'ils doivent, en commun, diriger leurs armes. Le problème n'est donc pas si simple et ne se résume pas à la lutte des classes. Il faudrait impérativement se contraindre à passer par une phase salutaire de négociations avec les « bonnes volontés » des 2 camps, sinon, nous revivrons ce qu'ont vécu nos ascendants avec la révélation de nos erreurs : nous n'aurons pas su tenir compte de leur expérience lorsqu'ils affirmaient que la guerre ne sert que les intérêts des puissants.

  38. Abel dit :

    @ Nicks #287
    J'ai fait référence aux discours de Robespierre à la convention et au club des jacobins que j'ai fait l'effort d'aller consulter et non de me borner à l'interprétation d'untel. Je n'ai aucunement fait référence à la terreur en me bornant à affirmer, sauf démonstration contraire, que Condorcet était bien porteur des valeurs fondamentales des lumières. Vous verrez que la référence à Robespierre va causer des dégâts regrettables sur une personne que j'estime. Condorcet comme personnage conceptuel eût été un choix plus porteur.

  39. zcraig dit :

    @shakti (283)
    Oui, je pense qu'il faut dénoncer cette nouvelle manipulation. D'autant plus que sur le club de Mediapart ou sur le site du NPA, je viens de lire des critiques ouvertes directement liées à cet enregistrement diffusé sur Europe 1. Il ne faudrait pas laisser de tels coins créer des divisions entre nous.

  40. rayana dit :

    La chaine ne craque pas encore, mais des fissures apparaissent. En Espagne, le 14 avril, la plus grosse manif depuis 1975 (après la mort de franco) réclame une 3eme république. Leur république actuelle date de 1931 ! les scandales actuels sont sûrement la cause de ce succès (magazine la marea). La droite au pouvoir et la gauche étudient chacune de leur côté un processus d'abdication (el diario). Comme quoi il faut continuer d'espérer, de lutter et de ne rien lâcher. La chaine se fissure, et c'est notre rôle de pousser à ce qu'elle craque au plus tôt.
    résistance!

  41. Ariane Walter dit :

    Oui, la citation sur la classe ouvrière est extraite d'un article, très élogieux d'ailleurs, de Nathalie Rheims sur Mélenchon (Le point.)
    Mais je voudrais aborder un autre problème. Y aura-il une prise de parole à la fin de la marche du 5 mai ?
    Se séparer sans un mot, comme lors de la manif du 30 septembre était d'une tristesse absolue.

  42. SimplyLeft dit :

    @rayana (14h03)
    "Leur république actuelle date de 1931"
    Votre langue a dû fourché puisque l’Espagne est bien sûr une monarchie constitutionnelle et beaucoup des scandales actuels touchent d'ailleurs la famille royale elle-même (le roi lui et ses séjours de chasse en Afrique, son gendre et ses détournements de fonds, et la fille du roi qui vient d'être récemment accusée par la Justice Espagnole d’avoir cautionné les détournements de fonds de son mari).

  43. Antraigues dit :

    Excellent Jean Luc sur TV5.
    Le maire de Castelnaudary vient de déchirer sa carte du PS. Si tu ne sais pas où aller, camarade, viens chez nous !

  44. rayana dit :

    @simplyleft294
    Oui, je voulais dire que leur précédente république datait du 1er avril 1931, ce qui fait un bail. Leur gigantesque manif du 14 avril 2013 réclamait le passage à une 3eme république. Les scandales sont effectivement en partie liés à la monarchie, c'est pourquoi droite et gauche réfléchissent à un processus d'abdication si le roi venait à donner le pouvoir à son fils Felipe. Mais n'oublie pas camarade, que des tas d'affaires de corruption et autres scandales touchent quasi-quotidiennement la classe politique et l'oligarchie, ce qui fout le peuple en rogne. Celui ci se mobilise de plus en plus fortement pour un changement de régime, et de plus trouve au niveau local des solutions alternatives de solidarité et de combat. Comprenant la pente vers laquelle toute l'Europe est engagée, je n'ai pas le moindre doute sur le fait que les choses ne pourront pas continuer ainsi éternellement, et qu'une bifurcation se produira. A nous de faire bifurquer à fond à gauche afin d'éviter la peste brune ou la guerre.

  45. Courrierlecteur dit :

    En cherchant à comprendre les embrouilles d'Europe 1 et des médias qui ressortent de vieilles photographie de Jean-Luc à côté de François Hollande, le comble de l'ignominie serait donc de voir notre porte drapeau dialoguer avec le Président ? N'est-ce pas là, bien au contraire, un flagrant signe de la décadence du PS et de la perte de crédibilité totale de ce Président de "gauche" ?

  46. Lepo dit :

    Tenez, encore un exemple camarade Maire, la liberté est contagieuse, elle nous fait porter plus avant la Révolution française de 1789 et dans la foulée nous réhabilitons Robespierre, Baboeuf, tous celles et ceux qui nous ont précédés et Bertolt Brecht nous parle encore:
    "Qui reste dans le coin du feu quand
    La lutte commence
    Et laisse d'autres défendre sa cause,
    Qu'il prenne garde,car
    S'il n'a pas pris part à la lutte
    Il partagera la défaite..
    Il n'échappera même pas
    A la lutte en voulant l'éviter,car
    Il luttera pour la cause ennemie
    celui qui n'a pas lutté pour la sienne"

    Bienvenu à la marche du 5 mai 2013, la VIème République nous appelle. Sachons vaincre et sachons vivre !

  47. ermler dit :

    @ abel 9h46 (et aussi pour denis F.)
    C'est Condorcet qui est le promoteur de l'instruction laïque et gratuite pour tous, de l'abolition de la peine de mort, du vote des femmes, de l'abolition de l'esclavage et de l'avènement de la République. Sur tous ces points il rencontrera l'opposition de Robespierre, Marat et Saint Just

    Vous mêlez des vérités à de pures mensonges ! Condorcet était en effet favorable à celà mais Robespierre aussi (mis à part le droit de vote des femmes, peut-être) ! En tous cas, ce n'est pas pour ces raisons qu'il a combattu Condorcet.. Si Condorcet a été arrêté c'est parce qu'il était solidaire des Girondins qui s'étaient mis en état de rebellion contre la Convention et menaient une guerre civile en province, souvent alliés aux royalistes.
    Quand à Robespierre, député à la Constituante, il a, dès 1790, défendu le suffrage universel (contre le suffrage censitaire), la liberté totale de la presse, l'abolition de la peine de mort, l'abolition de l'esclavage... autant de combats où il a été mis en minorité par l'assemblée. En outre il était contre la guerre de conquête voulue par les Girondins, amis de Condorcet. "Les peuples n'aiment pas les missionnaires armées" disait-il avec lucidité.
    Voilà la réalité historique. Quand à dire que "la révolution de 89 s'est faite contre l'esprit des Lumières", c'est une ineptie. Ou alors étayez

  48. Denis F dit :

    @ 299 ermler
    Je ne prendrais pas ma défense, mais la confierais à Monsieur François Alphonse Aulard, laissons lui la parole ainsi qu'à Robespierre (en italique).
    1/ Pourtant, les idées guerrières étaient déjà si fortes qu'il ne put les attaquer qu'en biaisant. Sa première réponse à Brissot (Jacobins, 18 décembre 1791) se résume dans cette phrase d'exorde : «Je veux aussi la guerre, mais comme l'intérêt de la nation la demande ; domptons nos ennemis intérieurs, et ensuite marchons contre nos ennemis étrangers.»
    2/ Mais il ne suffit pas à Robespierre d'avoir raison et de réduire ses adversaires au silence : il veut replacer au premier plan, en pleine lumière, sa personnalité dont une longue absence a pu effacer les traits. Dans son exorde, il montre avec habileté le beau côté du rôle impopulaire que sa sagesse lui impose :
    «De deux opinions, dit-il, qui ont été balancées dans cette assemblée, l'une a pour elle toutes les idées qui flattent l'imagination, toutes les espérances brillantes qui animent l'enthousiasme, et même un sentiment généreux, soutenu de tous les moyens que le gouvernement le plus actif et le plus puissant peut employer pour influer sur l'opinion ; l'autre n'est appuyée que sur la froide raison et sur la triste vérité. Pour plaire, il faut défendre la première ; pour être utile, il faut soutenir la seconde avec la certitude de déplaire à tous ceux qui ont le pouvoir de nuire : c'est pour celle-ci que je me déclare.» Dans sa péroraison, il emploie, pour se louer, un procédé auquel il reviendra sans mesure jusqu'à la fin de sa carrière : il se suppose attaqué, menacé, et il se plaint et se défend.
    3/ … la révolution du 10 août 1792, s'étant faite sans Robespierre, l'avait amoindri au profit de Danton et de la Gironde extra parlementaire, agissante et franchement républicaine. … Ce n'était pas assez : il voulut reprendre à Danton cette première place, à l'avant-garde de la démocratie, que lui avait donnée son énergie au 10 août. L'avocat qui s'était caché pendant l'attaque du château eut tout à coup une grande hardiesse en face du roi vaincu et captif. Son discours du 3 décembre 1792 exprima cette idée violente qu'il fallait tuer Louis XVI et non le juger. Robespierre se donna ce jour-là un style concis, haché, abrupt.

    En intégralité le discours de Robespierre dans ses lignes page 311.

  49. tchoo dit :

    Après Copé, ce serait Borloo qui abandonnerait son travail d'avocat d'affaire. Je trouve qu'ils vont très vite en besogne, aurait-il vu des balais s'avancer?

  50. ermler dit :

    @ denis F (300)

    Oui. Et alors ? Ca ne contredit rien de ce que j'ai répondu à Abel. Vous me citez Aulard, je pourrais vous citer Mathiez ou Guillemin. Mais je ne crois pas que le WM tolèrera qu'on ressuscite ici le vieux et inépuisable débat entre pro et anti Robespierre. En tous cas, il ne faut jamais oublier le contexte historique lorsqu'on cite des phrases. Libre à vous de préférer les girondins, ces va-t'en guerre qui protégeaient les spéculateurs affamant le peuple au nom de la sacro-sainte propriété privée et qui menaçaient de réduire Paris en cendre si le peuple de Paris ne rentrait pas dans le rang. Mais ça m'étonnerait de vous tout de même !
    J'arrête ici car je devine déjà l'impatience de notre webmestre. Sur un autre forum, peut-être. Quand vous voudrez.


Blog basé sur Wordpress © 2009/2015 INFO Service - V3 Archive