04juin 12

Le Monde - Raphaëlle Besse Desmoulières

Dans un climat tendu, Mélenchon affiche ses soutiens dans le Pas-de-Calais

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Au local du Mouvement républicain et citoyen (MRC), dimanche 3 juin à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), on célèbre les mères… et les voisins. L'invité du jour s'appelle Jean-Luc Mélenchon et on se presse pour lui dire bonjour.

Dans l'assistance, Hervé Poly, son suppléant PCF, est aux anges. "Ça va être difficile, mais on peut être devant Marine Le Pen au premier tour", s'enthousiasme-t-il. Pour lui, l'histoire du faux tract, diffusé le 29 mai par des proches du Front national et appelant à voter Mélenchon en arabe, montre qu'au FN "ils sont fébriles". "Quel est l'intérêt de diffuser des tracts anonymes quand on est sur 'ses' terres ?", interroge-t-il.

Dans un discours, Jean-Marie Alexandre, le président du MRC local et vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais, souligne qu'il aurait aimé que la première secrétaire du PS, Martine Aubry, fasse une "élégance" à "celui qui est porteur de 4 millions de voix" à la présidentielle. Si le MRC, qui ne présente pas de candidat dans la 11e circonscription, n'a pas donné de consigne de vote, son président et le premier adjoint au maire d'Hénin-Beaumont soutiennent le candidat du Front de gauche.

" HÉGÉMONIE AVEUGLÉE " DU PS

Quand c'est au tour de ce dernier de prendre la parole, il ne se prive pas pour dénoncer "l'hégémonie aveuglée" du PS qui est en train de devenir un "astre mort". M. Mélenchon évoque aussi "l'interminable querelle d'Hénin-Beaumont" à laquelle s'ajoute "diverses batailles entre seigneurs locaux à qui il suffit d'être investi à la faveur de micmacs et de tricheries diverses". "Je viens de la maison donc j'en connais les moindres délices", s'amuse-t-il.

Les mots de la première secrétaire du PS, en visite jeudi dans la circonscription pour fustiger "ceux qui donnent des coups de menton à la télé", lui restent en travers de la gorge.

"C'est peut-être qu'elle a plus peur de M. Mélenchon que de Mme Le Pen", juge de son côté le socialiste Jean-Pierre Corbisez, qui s'était présenté à la primaire interne face à Philippe Kemel, soutenu par Mme Aubry. Juré, M. Corbisez, qui a contesté la désignation de M. Kemel, affirme ne pas soutenir M. Mélenchon, même s'il accepte une photo de groupe avec lui.

Dans l'après-midi, on retrouve Philippe Kemel au Bellevue, l'un des seuls bars ouverts de la ville. La veille, un débat sur France 3 a opposé les principaux candidats de la circonscription. Il regrette qu'on soit revenu à la confrontation présidentielle entre M. Mélenchon et Mme LePen, "venus chercher une marche d'escalier pour leurs intérêts personnels".

"Par ses prises de paroles frontales, M. Mélenchon la fait monter", ajoute-t-il. "Il n'est pas en harmonie avec le territoire, il ne connaît pas la culture, les valeurs, la manière de vivre des habitants", assène le candidat socialiste.

UNE MARCHE "CONTRE LE FASCISME"

A cette heure-là, M. Mélenchon est en route pour Montigny-en-Gohelle, où il organise une marche "pour la fraternité et contre le fascisme", en hommage à une résistante assassinée par les nazis, Emilienne Mopty. Dans la joyeuse foule, des sans-papiers chantent une Carmagnole version 2012, une sono diffuse Bella ciao et des pancartes appellent à une "France mixte".

On croise Marine Tondelier, la candidate Europe Ecologie, qui discute avec Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, venu "se mobiliser contre l'élection de Mme Le Pen". Mme Tondelier ne participe pas à la marche mais se rend, assure-t-elle, chez sa grand-mère pour la Fête des mères. L'occasion de glisser aux journalistes que "les gens sont un peu perdus et se sentent dépossédés de la campagne".

Sur le parcours, les maisons de brique rouge et leurs habitants regardent passer la foule nombreuse. Trois mille personnes sont annoncées au micro, puis 6 000. "Ils avaient mis la jauge à 5 000", glisse un membre de l'organisation à son voisin. La police en a, elle, dénombré 3 000 par cet après-midi pluvieux de Fête des mères.

Vers 18h30, à Billy-Montigny, les partisans de M. Mélenchon l'écoutent vanter "les vingt-neuf nationalités qui se sont retrouvées au fond de la mine". "Nous leur disons 'merci'", lance le candidat de la gauche radicale.

Une heure plus tard, le public se disperse. Un tract traîne à terre, annonçant une soirée du Front de gauche mardi à Hénin-Beaumont, avec "un spectacle exceptionnel" de l'humoriste Guy Bedos.



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