13fév 11

La révolution citoyenne, la Grèce, la CGT escale Orly, le congrès du NPA

Encore une révolution populiste victorieuse!

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T raité de populiste sur tous les tons et par les plus vils, du genre Plantu, l’ami à dix mille euros du Qatar, je me réjouis du nombre de populistes aujourd’hui en action ! Sous le mot d’ordre « dégage » ou « dégagez » des foules de populistes mènent des révolutions victorieuses. Moubarak est au tapis ! Même le journal « Libération » publie une tribune où un intellectuel égyptien déclare « je comprends maintenant ce que le mot peuple veut dire ». Si seulement ça pouvait être contagieux !

Tant qu’il y a du monde plein la rue, les puissants de la terre attendent, des jours durant, en serrant les fesses, que « ça s’arrange ». Et : plouf ! Le dictateur local tombe. Tous disent aussitôt « voila comment il faut faire des révolutions : pacifiques, bla bla bla » Passez muscade ! Toutes les personnes que le pouvoir a assassinées les jours précédents sont aussitôt oubliées. Madame Merkel salue même Moubarak qui aurait rendu « un dernier service » aux égyptiens en se retirant. Tel quel. Le précédent « service » qu’il leur a rendu, la semaine d'avant, c’était sans doute de leur faire tirer dessus. Mais deux cent morts qu’est ce que c’est quand il n’y a même pas un prix Sakharov à l’horizon !

Obama est le Gorbatchev du prétendu « monde libre ». Il accompagne le mouvement d’effondrement de l’ordre établi. Que peut-il faire d’autre ? Englué dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan, peut-être peut-il méditer ce fait : la révolution citoyenne coute moins cher que l’invasion pour faire gagner la liberté. Mais évidemment ce n’est pas la liberté le but des deux infâmes guerres des américains. Cependant, comme un éditorial du « Monde » s’est hasardé à dire que les néoconservateurs  américains avaient eu raison d’être interventionnistes, il est temps de souligner ce premier démenti apporté par les faits. La guerre d’Irak n’a amené aucun progrès démocratique où que ce soit et même le contraire. L’Irak « libérée » est nettement plus invivable que sous Saddam Hussein. Et les pays voisins, l’Arabie saoudite, le Koweït et compagnie, dont le Qatar, n’ont pas fait un mètre en avant dans la démocratie. Au contraire ils se sont sentis confortés dans leur brutalité. A l’inverse, la révolte de sidi Bouzid et le sacrifice d’un  malheureux a eu raison, pour finir,  de deux tyrans. Sans un seul coup de canon.

Je ne fais ce compte là, en passant, que pour que chacun se souvienne et sache comparer le présent à ce qui a été rabâché. Oui, faites l’effort, amis lecteurs, de comparer ce que vous avez sous les yeux et ce que l’on vous disait du futur dans les pays arabes. Souvenez-vous de tout, et retenez bien ce qui se dit encore. Soyez attentifs. Jusqu’au détail ! C’est de cette façon que vous réaliserez la présence permanente de la machine à bourrer le crane, habilement camouflée en média, dans la coulisse des évènements. Dimanche passé, j’attendais de passer sur le plateau de  BFM. Je regardais donc l’écran. Y apparaissait une « journaliste en direct ». Que nous disait-elle ? Que les cairotes « en avaient assez de ces évènements », qu’ils « aspiraient au retour à la normale ». Oui, à la normale. La normale ! Et ainsi de suite. La même semaine, la une du journal « le Point » montrait une femme voilée sur la place de la révolution au Caire et le titre était « La tentation islamiste ». Puis parut « l’Express », que les marchands de journaux placent juste à côté sur les présentoirs. On y voyait une femme soldat israélienne sur un char… « Israël face au réveil du monde arabe ». Pourquoi « face » et pas « avec ». On devine.  Grosse préparation psychologique. Mais c’est raté, mon cher Sam ! Il n’y a pas eu ni menace ni violence  contre Israël. Pas un mot sur le sujet place Tahir, une première dans le monde arabe! Donc pas de raison d’excuser ceux qui auraient tiré dans le tas de la place Tahir ! Oui, raté mon cher Sam! Votre Moubarak s’est fait jeter avant !

Le suivi des évènements a été très instructif pour réfléchir à notre propre perspective. La nature des révolutions modernes est bien celle que nous observons depuis des mois à partir des figures prototypiques initiales observées en Amérique du sud. Une société politique entièrement verrouillée, aussi verrouillée sur le mode libéral que l’étaient les sociétés soviétiques, s’effondre en quelques semaines. Toute la table politique est rasée. D’énormes partis sont rayés de la carte du jour au lendemain et la politique se recompose absolument en dehors d’eux. Cette description sommaire de l’extérieur s’accompagne d’un fait intérieur qui les différencie des schémas du manuel socialiste des deux siècles précédents. Ce ne sont pas les usines le point de départ de la lutte. Ni le lieu de l’organisation du double pouvoir qui s’instaure des jours durant. Ce sont les localités. Villages en entier ou quartier de villes. Et c’est l’Agora, la rue principale ou la place centrale, le lieu où la révolution se concentre et résume l’impuissance du pouvoir établi à en venir à bout. La révolution est, dans sa forme comme dans son contenu, urbaine. Liée à l’interdépendance du grand nombre concentré sur un territoire. D'autre part, elle est absolument mixte. Cette mixité est d'ailleurs le signal de la profondeur du processus en même temps qu'elle est un révélateur d'une uniformisation des moeurs mille fois plus vive que le discours ou les apparences le laissent  croire en temps ordinaire. Ici les bourreurs de cranes découvrent que les arabes ne sont nullement résignés à la tyrannie, ni endormis dans la religion. De même les femmes arabes ne sont nullement de pauvres objets sans conscience civique. Bref, n'en déplaise aux Le pen, ce sont des êtres humains en proie aux exigences universelles de liberté et d'égalité dont la philosophie des Lumières et la grande révolution de 1789 a montré qu'elles formaient le décalogue des temps contemporains.

Ces aspects je les avais analysés du temps où j’étais socialiste, après 1983 et j’en avais fait un texte qui servi de document de fondation à la NES, en 1988, premier groupe constitué avec Julien Dray à l’époque. Je ne le dis pas pour me vanter car le titre du texte est  calamiteux : « la social démocratie urbaine ». Nous étions obsédés par l’idée de ne pas paraitre ringard. En 1988, un an avant la chute du mur de Berlin, la social démocratie, ça le faisait encore. Le journal « Politis » de l’époque en publia des bons morceaux. Puis en 1991, dans un livre intitulé « A la conquête du Chaos », je repris et étendis l’analyse. La prémice théorique était que la croissance de la population mondiale, l’extension des villes, l’universalisation du statut salarial et la diminution de la paysannerie, enfin l’uniformisation des modes de vie,  donnaient des caractéristiques communes nouvelles à l’humanité comme jamais dans l’histoire. Pour nous, le monde était jeune, urbain, et collectif de fait. Dés lors la révolution serait à cette image. A l’époque n’existait pas internet. Il a donné depuis un support matériel et une réalité matérielle à cette interdépendance généralisée de l’humanité dans une capacité à communiquer instantanément, sans trêve et sans cout. Mais ce fut quand même, cet été 1988, un rude choc intellectuel avec divers camarades qui voyaient dans cette thèse une terrible remise en cause de l’orthodoxie marxiste telle qu’il la pensait. On s’expliqua, notamment en rappelant que le matérialisme historique consistait à étudier les faits davantage que l’idée qu’on s’en fait.

Bien sur, cette vision n’enlève rien à l’analyse de l’exploitation, de l’accumulation du capital, ni au rôle central de la forme de la répartition de la richesse qui se noue dans le travail. Mais cela remettait en cause la forme sous laquelle se constituerait « le mouvement réel qui abolit l’état actuel et sa conscience » selon la formule marxiste. Cette forme est décisive, cela va de soi. La façon avec laquelle les phénomènes se manifestent ne peut être séparée de leur nature. Des années plus tard, ce fut au club « La République Sociale » que nous avons formalisée l’articulation de l’idée républicaine avec cette forme nouvelle de la matrice révolutionnaire. Puis, au Parti de Gauche, nous avons avancé jusqu'à la thèse de la révolution citoyenne dont il a été question ici si souvent. La caractéristique nouvelle est que la question sociale, tout  comme la question écologique, se présentent sur la scène comme une demande de démocratie et de souveraineté populaire. Le processus révolutionnaire commence par un fait social ou écologique puis il transcroit en révolution démocratique dont les premières taches sont institutionnelles, civiques, constituantes. La souveraineté populaire est la question numéro un sans laquelle aucune autre ne peut être réglée. Désormais la révolution socialiste est citoyenne dans sa méthode comme dans sa finalité. Cela signifie que la forme du lien social émancipateur nouveau est civique. Dans ce contexte, les évènements de Tunisie et d’Egypte ne confirment ni n’infirment aucune thèse antérieures. Ils les refondent toutes.  

Mais attention ! Il y a ceux qui se révoltent et font la Révolution et puis il y a ceux qui se soumettent. En Grèce, Papandréou le président de l’internationale socialiste, le parti de Ben Ali et de Moubarak, a soumis son peuple aux diktats du FMI et de l’Union Européenne « qui protège ». On se souvient des tours de vis sauvages imposés aux Grecs. Pour leur bien, cela va de soi. En 2010, les eurocrates ont consentis cent dix milliards de prêts à la Grèce pour qu’elle puisse payer les banques qui lui prêtent de l’argent à taux usuraire. Mais cet argent est donné par petite giclée. Au compte goutte. Une bonne méthode pour que le FMI tienne bien à la gorge le pays, sans relâcher l’étau. La quatrième tranche arrive. Ce sera quinze milliards. Mais attention ! Papa Fmi et maman « Europe qui protège » ne sont pas contents ! Le grec n’a pas assez fait d’efforts ! Chenapan de grec ! Mais papa Fmi a tout vu. Normal il a un représentant dans chaque ministère. C’est ça l’occupation ! Donc : le grec sera encore puni ! De « nouveaux efforts » sont demandés. Hé ! Hé ! C’est ça l’avantage de verser l’argent petite à la petite cuillère! Papandréou, le lâche, va évidemment lécher la main qui frappe la Grèce. Pas de soucis, il fera ce qu’on lui dit de faire ! C’est un caniche. Et puis c’est son pote Strauss Khan qui le lui demande. Cette fois ci, ce sont de nouvelles privatisations qui sont demandées. Pour un total de cinquante milliards d’euros !  Dont quinze milliards d’ici 2013: l’équivalent de ce qui va être prêté cette fois-ci ! Ha ! Ha ! Ha ! Les banksters sont plein d’humour ! Alors, aussitôt, le président de l’internationale socialiste, Papandréou, a accepté de vendre un bout de la Poste de son pays. Et aussi la loterie nationale. Et puis des ports ! Et aussi des aéroports régionaux ! Et même de l’industrie d’armement. Hé ! Hé ! Quelle fête pour les capitalistes, les amis, quelle fête ! Et ce n’est pas fini. Papandréou le larbin s’est aussi engagé à faire de nouvelles économie dans la santé ! Il faut dire qu’il y a six milliards d’euros de dette dans ce secteur ! Les grecs se sont trop soignés ! Salauds de malades ! Ah mais, attention les amis du débat de fond de la présidentielle en France qui attendez le communiqué de la cousine de Strauss Kahn! L’Europe qui protège, plus l’internationale socialiste, plus Strauss Kahn, c’est moins grave quand même que la peste, le choléra, ou la vérole. Faut pas confondre !Sinon "deuxième-tour-qu’est-ce-que-tu-votera-vous-sinon-sarkozy-quand-même-c’est-pas-pareil-et-ca–c’est-pas-supportable ». Pas vrai ? Ben Ali aussi ! Et Moubarak, les amis! La "seule politique possible" le reste jusqu'à ce qu’un autre s’impose. Mais pas comme le croient les belles personnes. Un conseil pour les réunions de l’internationale  socialiste : si vous allez en Grèce, payez votre billet d’avion. Sinon ça  pourrait vous être reproché bientôt. 

Je n’ai pas l’habitude de faire ça, sinon mon blog serait fait tous les jours sans que j’y glisse une ligne personnelle. Je vais pourtant reproduire un tract. Celui de la CGT de l’escale d’Orly. Je le fais pour l’humanité qu’il exprime. Pour le moral. Et pour régler aussi un compte avec tous ceux qui répètent comme des bourriques que les ouvriers communistes votent maintenant FN. L’autre jour j’y ai encore eu droit sur BFM. D’accord les deux journalistes qui avaient mis en marche cette ritournelle ont bien voulu reconnaitre que ce « n’était pas la majorité ». Encore heureux ! Seuls 6% des ouvriers votent FN ! Et comme même du temps du programme commun il restait 30 % des ouvriers qui ne votaient pas avec leur classe, on peut dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Sauf que 69 % des ouvriers s’abstiennent dans les élections. En tous cas pour faire un reportage où l’on voit trois personnes qui se disent anciens socialistes et communistes d’une même famille ouvrière, disons que, heu ! Faut être fort pour les trouver tout seul ! Alors comment les ont-ils trouvés ? Evidemment, en le demandant au FN. Jolie méthode d’enquête ! Et comment ils ont vérifié que ces trois imbéciles sont bien d’anciens communistes et socialistes ? Oui, dites le moi : comment ont-ils vérifié que ce que leur disaient trois FN désignés par leur direction nationale était bien vrai ? Comment ? Voici la réponse : ils ne l’ont pas fait ! Ils ont cru sur parole la direction nationale du FN ! Et ils ont cru sur parole des gens qui récitaient visiblement des phrases toutes faites ! Donc voici, à présent,  une autre classe ouvrière. Pas celle des nigauds sélectionnés par la direction du FN pour faire les mickey racistes à la télé. Voici ce qu’écrit la CGT escale d’Orly.  

« OUI, INDIGNEZ-VOUS ! » « A l’heure où certains témoins de l’Histoire nous interpellent et nous incitent à nous indigner, des passagers et salariés d’Air France témoins d’expulsions,  sont menacés pour l’expression de leur indignation. Le Ministère de l’Intérieur a donné la consigne à la PAF de diffuser à nos passagers sur nos lignes, et à l’intérieur des nos avions concernés, une notice d’information contenant toute une liste de peines et d’amendes, le tout accompagné de la directive de : « ne pas vous associer » aux sollicitations pour protester contre ces pratiques d’expulsions de familles sans papiers. Rappelons que ces familles n’ont, comme culpabilité, que celle de n’avoir pas de papiers. Ainsi des humains étrangers deviennent l’objet d’une politique délibérément utilitariste. Si nos gouvernants n’hésitent pas à piller les capacités et talents dans le monde, ne seraient « acceptables » que les étrangers perçus comme rentables pour l’économie française. Quant aux autres, ni leur situation personnelle, ni leur situation familiale ne leur confèrent de droits, au point que les régularisations deviennent quasiment impossibles.

« Ainsi est créée une nouvelle catégorie de travailleurs étrangers dont la durée du séjour est limitée au bon vouloir de leur patron. De plus, la suppression du droit à la délivrance d’un titre de séjour, pour les étrangers présents depuis au moins dix ans en France, les condamne à l’irrégularité perpétuelle. Par ailleurs, la réforme du droit d’asile réduisant largement les conditions d’octroi du statut de réfugié, c’est l’ensemble des droits des étrangers qui est en danger. En stigmatisant les étrangers, le gouvernement tente de nous opposer les uns aux autres et il brade les libertés fondamentales. Notre organisation syndicale qui, par ailleurs soutient le mouvement RESF (Réseau Education Sans Frontières), considère que l’indignation ne peut céder le pas devant la menace. D’ailleurs, l’article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH-1953) préserve le droit à une « vie familiale normale ». L'expulsion par un Etat, d'étrangers en situation irrégulière lorsque leurs enfants sont scolarisés, est incompatible avec la CEDH. S’il est vrai qu'en 2005 une nouvelle Loi (L622-1) du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile précise que : « Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d'un étranger en France sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 Euros », nombreux sont ceux qui, fort heureusement, considèrent que cet article est contraire aux valeurs de la République Française et constitue un « délit de solidarité. Le 31 mars 2009 une proposition de loi, visant à supprimer ce délit avait été déposée.

Par ailleurs, il est inacceptable que nos avions soient le théâtre de scènes d’intimidations y compris vis-à-vis de nos passagers (comme sur le vol BKO du 20.01 où des CRS armés, casqués, boucliers à la main sont monté à bord pour procéder à l’expulsion de passagers qui manifestaient leur indignation ou la prise de photos et films des passagers). Outre le problème de fond, il faut qu’Air France arrête de participer à ces reconduites. Comme un nombre de plus en plus important de citoyens, nous affirmons que l’humanité et la solidarité sont des principes supérieurs sans lesquels il n’y a pas de Société digne de ce nom. » Telle est la parole des ouvriers et employés d’air France escales d’Orly. Merci de sauver notre honneur et notre humanité, camarades !

Oui, je suis très déçu. Le congrès du NPA s’est achevé. Pour ce que nous avons à faire, il ne nous apporte rien. Pire. Il nous rend la tache plus difficile. Le final est même assez déprimant. A l’heure où j’écris se prépare une déclaration en vue de « l’unité de la gauche anti capitaliste ». Mauvaise plaisanterie qui commence par exclure le Front de Gauche que les docteurs de la vraie foi jugent impur. Alors quelle est cette « gauche anti-capitaliste » à laquelle s’adresse le NPA ? Qui est ce ? Une fois éliminés le Front de gauche et des partenaires comme la Fase ou les alternatifs, lesquels sont partisans d’un rassemblement général, qui reste-t-il ? De qui parle le NPA ? Si sa formule a un sens concret, il reste Lutte Ouvrière (LO), le Parti ouvrier indépendant (POI). C’est bien ça ? Nous avons bien compris ? Tout ça pour ça ? Admettons que ce soit bien le cas. Comment le NPA compte-t-il réussir « l’unité des révolutionnaires » qui n’a jamais pu se réaliser au cours des cinquante dernières années entre ces trois formations ? Quel est l’argument nouveau ? Quelle est la prémisse qu’une telle unité est possible ou seulement envisagée par ces deux autres organisations ? Il n’y en a aucune. Tout le monde le sait. Ni LO ni le POI n’ont l’intention de s’en remettre à Besancenot. Loin de là. D’ailleurs, de toute cette gauche seule l’ancienne LCR, ou le NPA qui a lui a fait suite, semblait vouloir faire bouger les lignes. C’est d’ailleurs cela qui fit le succès initial du NPA en plus de la personnalité militante d'Olivier Besancenot. La NPA semblait signifier la fin de l’impuissance de l’autre gauche et de sa marginalisation dans des divisions incompréhensibles. C’est fini.

La parenthèse est refermée. Le NPA a choisi. Il retourne aux formules prétextes, aux petits jeux de positionnement formels et autre « mise au pied du mur » qui stérilisent ce courant politique depuis tant de décennies. C’est le retour à la toute petite gauche, moins l’enracinement dans la classe ouvrière traditionnelle qu’ont LO et le POI. Et après avoir détruit une bonne partrie des cadres aguerris de l'ancienne LCR.  La suite est connue d’avance par tout le monde. En juin prochain, après une surenchère d’appels unitaires, qui fonctionneront en réalité comme autant de « mise au pied du mur » destinés en réalité à exclure tous ceux qui ne trouvent pas grâce  à leurs yeux, devant le vide qu’ils auront créé, les dirigeants du NPA vont s’accorder sur la candidature à l’élection présidentielle d’Olivier Besancenot. Lui s’y « résignera » pour maintenir en place la majorité du NPA qui ne s’accorde que sur son nom. Pour la troisième fois. Le NPA qui se moque de la personnalisation du Parti de Gauche, n’a bien sur aucun problème avec une triple personnalisation qui tourne au cache misère. Une fois placée cette troisième candidature sur le manège électoral, il lui faudra attraper le pompon qui offre le tour suivant gratuit. Pas d’autre horizon. Cette farce ne nous concerne pas.

Nous avons fait tout ce que nous avons pu. Jusqu'à la dernière minute. Sur le terrain, en concluant partout où on pouvait des accords de candidatures communes pour les prochaines. Dix huit départements sont dans ce cas. Dans les relations entre organisation nous avons fait plus que d’insister, avec une adresse publique au congrès du NPA. Dans la vie courante, au fil des mois, par des dizaines de contacts officieux pour examiner chaque aspect des problèmes posés et suggérer des compromis. Rien n’y a fait. Pire : au congrès du NPA des rapporteurs de la majorité n’ont pas hésité à ressortir la veille artillerie lourde des canons à merde que leurs prédécesseurs reprochaient aux staliniens. Imaginez : la rapporteuse du texte majoritaire avança comme argument contre moi que je n’étais « pas clair » sur le cas de Moubarak ! Avant cela Pierre François Grond, le numéro deux du NPA, que j’ai connu mieux inspiré, déclara dans la presse que de nouvelles divergences étaient apparues. Ce serait cette fois ci sur la Chine et sur la Wallonie. Pourquoi pas ? Au point où on en est, oui, pourquoi pas ça aussi. Mais au moins que n’y mettent-ils un peu les formes. Ou est la ligne officielle du NPA sur ces deux questions cruciales ? Il n’y en a pas, bien sur. Mais sans doute ces deux graves questions vont elles être au cœur du programme du NPA, n’est-ce pas. Pfffft ! Je suis certain que s’ils essayaient d’en parler entre eux le résultat serait encore plus confus que sur la laïcité.

Rendu à ce niveau de posture à quoi sert de répondre ? On passerait sa vie à sauter à la corde, d’un prétexte à l’autre. Y répondre c’est donner l’impression d’être devenu à son tour un coupeur de cheveu en quatre sans autre perspective de victoire que celles qui s’obtiennent dans ces  obscures joutes entre groupuscules. Sans moi. Mais tout le monde est prévenu : quitter le Parti Socialiste, rompre avec l’orientation sociale libérale, aller devant les électeurs gagner son siège sous un drapeau indépendant,  se battre pour une coalition de toute l’autre gauche sans exclusive, cela n’est rien des docteurs de la vraie foi du NPA ! Ils sont bien au dessus de ça ! Ils  exigent de nombreux certificats de baptême révolutionnaire avant d’accepter seulement l’idée de ne pas vous insulter quand ils sont en désaccord. Pureté qui s’interrompt, bien sur, à l’heure de la collecte des signatures pour les élections présidentielles. Mais même dans ce cas, en 2002, ils n’ont jamais dit merci au PS. Mais il est vrai qu’ils ont été bien sages depuis en aidant au maintien de l’ordre à gauche. Le PS devant pour toujours et la LCR au chaud derrière : voila le rêve ! Car la LCR est toujours là. C’est elle qui tient l’association de financement du NPA. Tout change pour que rien ne change. Air connu. Bon ! L’amertume est mauvaise conseillère. Mais j’avoue que je ne sais plus par quel bout prendre le problème du NPA. Peut-être ne faut-il plus s’en occuper, tout simplement. Mais quand même quel gâchis !


361 commentaires à “Encore une révolution populiste victorieuse!”
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  1. Descartes dit :

    @oeil2nuit (#346)

    Non, 2 interêts peuvent se rencontrer. il se trouve que ces personne du collectif je sais plus quoi, avait besoin d'élargir leurs idée à la gauche au délà du NPA,

    C'est ça... ces "personnes du collectif" ne savaient pas où ils mettaient les pieds. Ils savaient pas ce qu'était la LCR. Normal qu'elles aient été surprises "à l'insu de leur plein gré", non ? Et puis, le fait qu'elles quittent le navire lorsque le NPA est en pleine déconfiture, c'est certainement une coïncidence. Si le NPA volait de succès en succès, auraient-elles cherché à "élargir leurs idée à la gauche" ?

    Le chiffre de 22 a été coisi au moment de la création du parti, car cela correspondait au besoin à ce moment,

    Non. Le chifre 22 a été choisi lors du vote du 21 novembre 2010 au congrès du PG. Je veux bien qu'on ne soit pas très bon au PG lorsqu'il s'agit de faire des prévisions. Mais voter des statuts qui sont inapplicables trois mois plus tard, faut quand même pas exagérer.

    Il ne s'agit pas de renier en profondeur les idéaux et l'organisation du parti...

    Si les dirigeants peuvent changer à leur convenance les règles de désignation des instances, ils peuvent tout faire. Et le pouvoir absolu corrompt absolument.

    A être aussi puriste et à vouloir se draper dans la perfection on ne fait jamais rien...

    Sarkozy sera ravi: Il sait maintenant que s'il viole les lois ou la Constitution, il peut trouver chez vous un excellent argument. Je répète: méfiez vous des dirigeants qui au nom du rejet du "purisme" justifient la violation des lois...

  2. oeil2nuit dit :

    @Descartes
    Il n'ont pas voté un chiffre, ils ont voté parcequ'ils avaient à ce moment là 22 sous-pôle des 8-10 grands pôle, il n'a jamais été question de figé le secrétariat, l'organisation d'un secrétariat peut changer, ça s'appelle la réorganisation, c'est comme quand on réorganise la hiérarchie dans les société parfois selon les contextes.
    c'est comme un remaniement dans un gouvernement ou on retire ou ajoute des ministère, à ne pas confondre avec la violation de la constitution. Apres il y'a la condition de cette réorganisation, congrès avec vote, ou bien conditions exceptionnelles d'un ralliement d'une partie d'un parti voisin-et-concurent par exemple, qui a sur 95% des points les mêmes idées dans le cas présent...

    Vous êtes pointilleux sur certains points, mais dans le même temps, technique sophiste classique, vous comparez des choux et des carottes, toujours la même mauvaise foi :) une réorganisation de la tête et d'un secrétariat dans un contexte exceptionnel n'est pas comparable à la violation de la constitution.

    Ensuite, vous êtes toujours sur des procès d'intention et conjectures sur les intentions cachés des uns et des autres... soit, ils ont été opportunistes, c'est pas le genre d'attitude que je préfère non plus, mais bon, on est en politique...

    PS: votre présence donne vraiment de l'air à ce forum, mais il y'a d'autres points plus importants à mon sens sur lesquels vous pourriez émettre des critiques...

  3. Nicolas 70 dit :

    @352 oeil2nuit : Il est vrai qu'une réorganisation était nécessaire pour créer au sein du PG un secrétariat national à l'abolition du précariat dont l'intitulé est tout un programme.
    Je vois d'ici les gens s'interroger du Havre à Béziers, en passant par Drancy : pourquoi ne votons-nous plus à Gauche alors qu'ils veulent abolir le précariat ?
    Les (rares) lecteurs de Libération de Paris et de Lyon en sourient.

  4. oeil2nuit dit :

    @Nicolas 70
    ne vous connaissant pas, et ne sachant du coup déceler si votre intervention est ironique ou pas, je ne sais que vous dire...

  5. Nicolas 70 dit :

    @ 354 oeil2nuit : Mettez une pièce sur l'ironie.

    Je vous précise que je suis adhérent du PG.

  6. oeil2nuit dit :

    @Nicolas 70
    ok, donc je sais mieux "d'où vous parlé" :) moi je ne suis adhérent de rien, mais j'ai toujours rêver d'une gauche décomplexée qui ne soit pas le PC. Donc je soutiens aussi le PG. Par contre je ne me retiens pas de le critiquer quand je ne suis pas d'accord, mais je ne le fait que sur les site du PG, au delà j'essaie de le défendre (c'est ce que font les "vrais" amis non ?..)
    Là ou je ne sais pas si vous ironisiez c'est sur la nécessité d'une réorganisation "pour créer au sein du PG un secrétariat national à l'abolition du précariat dont l'intitulé est tout un programme..."

  7. clop dit :

    à Merino 339
    Et si, et si... nous arrêtions de tracer des plans sur la comète, sachant qu'un candidat du front de gauche passant le premier tour, ce serait d'abord le signe d'une dynamique extraordinaire et qu'ensuite cette dynamique ne pourrait que s'amplifier au deuxième tour entraînant avec elle des abstentionnistes perplexes soudainement tentés par l'audace de nos propositions. C'est bien l'audace de nos propositions qui exclue d'emblée qu'un Jean-Luc Mélenchon ou un autre du FdG soit le premier ministre d'un président FMIste. C'est donc à travailler ces propositions et à les faire connaître qu'il est préférable de mettre son énergie plutôt qu'à enfiler des boules de cristal.
    Mince, partie deux jours et déjà trop de contributions, et déjà un nouveau post de Meluche... Donc tant-pis, vous ne me lirez sans doute pas mais comme disait Vian : "l'humour est la politesse du désespoir". Vous n'avez pas senti cette pointe d'humour, notamment sur Besancenot, et DSK ? Je ne suis pas bonne, pas assez caustique... Bien sûr, Jean-Luc Mélenchon, Premier ministre, rend impossible son projet constitutionnel, c'est une impossible "cohabitation", quant à faire des projections hasardeuses, soyez plus près de électeurs moyens, pour comprendre que beaucoup aimeraient savoir qui sera aux manettes avant de confier l'avion et où on veut nous emmener, et à lire tous ces échanges, l'avenir ne lit même pas dans une boule de cristal.... Le cristal, cela me rappelle quelque chose

  8. Aubert Dulac dit :

    Sur les sentiers éveillés
    Sur les routes déployées
    Sur les places qui débordent
    J’écris ton nom
    (Liberté, de Paul Eluard)

    Un mot concernant la nouvelle donne des révolutions modernes, qui nous imposent de nous tourner vers « l'Urbain », et non plus seulement vers « l'Entreprise »... Il faut citer à ce propos l'importance, pour ceux qui ne le connaissent pas, des travaux du philosophe Henri Lefèbvre. Son oeuvre est d'un apport incontournable.

  9. Jean baptiste algoud dit :

    Ces révolutions à effet "domino " me laissent songeur, l'après Ben Ali ou Moubarak verra-t-il une amélioration de la situation de la population ? Je l'espère mais il est encore trop tôt pour se prononcer. Wait and see...

  10. Philippe dit :

    Face à cette révolution qui se passe maintenant en Libye, comment les européens, les français pourraient aider efficacement les insurgés libyens contre la dictature de cette crapule de Kadhafi ?
    Il faudrait envoyer des médicaments, des médecins, des infirmières dans des lieux sûrs ; mais où et lesquels ?
    Il faut aider ce peuple, leur demander de quelles aides ils veulent exactement ! Ces insurgés le savent mieux que quiconque.
    Dès maintenant, une pression économique forte et efficace doit faire basculer ce régime totaltaire vers une réelle démocratie, mais laquelle ?
    Comment Facebook, Internet peuvent politiquement favoriser les luttes de ces libyens contre cette mafia d'un autre temps ?

  11. Julio Béa dit :

    Dale, Correa, dale,
    C'était en 2006, le slogan de Raphael Correa contre le milliardaire Noboa qui possédait la moitié du port de Guayaquil.
    Cela signifie à la fois: Vas-y et, dans la cour de récréation: Cogne, vas-y cogne !
    Alors Dale, Mélenchon, dale et merci ! L'exemple vient depuis l'autre côté de la Méditerranée.
    Le débat se reconstruit et je m'en réjouis : Merci pour cette mise en train sympathique !
    Y-a-t-il un groupe de réflexion qui commence à penser "la Constituante" ? Ce serait souhaitable de pouvoir en proposer une ébauche.


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