24nov 10

Congrès du PG, Parti socialiste, Irlande, Audrey Pulvar

« Send them away! » « Fichez les dehors! »

Ce billet a été lu 25  438 fois.

C eci est une note spécialement longue. Commencée par petits bouts au fil des jours, elle a grossi au point que j’ai du la découper en plusieurs morceaux pour en régler la diffusion. Je pense et je fixe mes recherches en écrivant, comme vous le savez. Je traite ici du congrès du Parti de Gauche, de nos rapports avec les socialistes, de la situation en Irlande et au Portugal, du rôle des américains dans ce contexte. Puis je viens sur ce qui est arrivé à Audrey Pulvar. J’allais éditer ma note quand m’est arrivé le contenu du discours du premier ministre. Il a annoncé son intention de déposer une proposition de loi organique pour rendre possible le référendum d’initiative populaire. J’avais demandé la chose de toutes les façons et notamment dans mon discours dimanche. J’estime que maintenant il ne faut pas trainer et commencer tout de suite la collecte des signatures pour un référendum sur la réforme des retraites.

Le congrès du Parti de gauche s’est déroulé d’une façon remarquable. Je ne dis pas qu’il était parfait ni que tout fut aussi bien calé qu’il aurait fallu. Je veux juste souligner que ceux qui y participaient avaient en commun de vouloir réussir le congrès et de faire tout le temps et en toutes circonstances ce qu’il fallait pour qu’il en soit ainsi. Non pour eux-mêmes, mais parce qu’ils étaient conscient de ce que représente ce petit parti aux yeux de ceux qui scrutent la gauche pour y trouver une issue. Notre parti n’est rien ou presque. Juste une modeste passerelle lancée sur le vide. Mais parce qu’elle est là tout est de nouveau possible. La coalition du Front de Gauche ne prend son sens que parce que ce petit quelque chose donne une forme concrète au rassemblement. Faute de quoi le Parti communiste qui a aussi souhaité ce rassemblement ne pourrait rien faire d’autres qu’agiter un slogan face à un NPA volontairement isolé qui fait de sa solitude un argument identitaire. Voila ce que j’ai voulu dire a propos de notre rôle singulier. C’est ce qui a été fielleusement reproduit dans « Le Monde » comme une auto célébration, dans la veine provocatrice et méprisante des articles de ce quotidien à notre sujet. Reste que dans ces conditions, libéré des traditionnels enjeux internes nous avons pu faire de notre congrès un moment spécial de notre identification.

Notre décision la plus spectaculaire en la matière est d’avoir, peut-être exagérément, ouvert nos travaux à des personnalités extérieures dans des conditions d’exceptionnelle écoute. Il y a eu dix sept invités prenant la parole en trois jours. C’était peut-être trop dans la mesure où cela nous couta en temps de parole disponible pour les congressistes eux-mêmes, ce qui créa une certaine frustration. Mais la démonstration a été faite de ce que pourrait-être un parti organisé comme un mouvement davantage que comme une phalange, fédérant des domaines d’intervention plus ou moins autonomes mais complémentaires. Ce qui frappait dans les prises de paroles « extérieures » c’est précisément qu’elles n’étaient pas ressenties comme extérieures. Elles faisaient partie du tableau auquel chacun est confronté dans sa vie militante ou sa réflexion. Il y a beaucoup à attendre, selon moi, de cette façon de faire. Il s’agit d’un tournant à prendre où l’on passerait moins de temps à généraliser le débat et davantage à le particulariser et à le contextualiser. Illustrer une idée par le récit d’une pratique en modifie et en éclaire la perception davantage que mille batailles de verbes ou d’adjectifs sur les concepts qui s’y rapportent.

Une autre innovation vint à la fin. Ce fut la décision prise en bureau national de créer une co-présidence du parti, mixte, homme-femme. Notre intention est d’aller, à notre rythme, vers une généralisation de cette pratique. Il s’agit d’intégrer complètement et totalement la seule différence universelle, celle des genres. Cela veut dire assumer cette différence pour la libérer du lien dominateur non dit, et donc caché, que le patriarcat a introduit dans la relation de genres. Nous sommes le premier parti politique à faire ce pas et je suis certain que nous ne serons pas les derniers. Mais nous avons innové davantage que maints bavards sur ce thème. L’heureux concours de circonstances qui ajoute à la portée symbolique de notre décision, c’est que nous illustrons aussi, tels que nous sommes, Martine Billard et moi, deux aspects fondateurs  de la personnalité culturelle du parti, le socialisme et l’écologie.

La troisième nouveauté est d’ordre doctrinal. Elle se trouve formulée dans mon discours final. Il s’agit de la prise en compte  de la place du « précariat » dans les sociétés libéralisées. Je suis venu à cette question en décrivant ce qu’est « le peuple » dans notre discours. Il me faut dire qu’il s’agit d’une reconstruction de ma propre vision de l’action de gauche pour faire bifurquer le système capitaliste de notre temps. Je veux nommer quel est l’acteur de notre action, son « héros ». il s’agit du « peuple » en tant qu’acteur de l’histoire. J’ai rédigé le passage à ce sujet et je l’avais introduit dans cette note. Celle-ci, alors a explosé en longueur. J’ai donc préprogrammé son installation en ligne pour ce dimanche. J'y traiterais aussi des interventions du dimanche matin et spécialement de celle de Clémentine Autain.

Après tout cela il faut bien reconnaitre une erreur dans ce congrès. C’est celle de notre système de communication à son sujet.  Ni nos innovations, ni la co-présidence n’ont retenus l’attention des médias présents. Et pas davantage le travail sur le concept de peuple exprimé dans mon discours. Pourtant le thème avait  donné lieu à de belles polémiques finalement très abstraites. La Marseillaise finale, après l’Internationale, ni le passage sur le lien entre souveraineté nationale et souveraineté populaire n’a été retenu non plus… Et pas davantage le débat sur « l’impasse stratégique » à laquelle peut conduire le double refus qui est le notre de l’alliance avec les socialistes d’un coté et de la ligne de « l’extrême gauche plurielle » de l’autre. Le vrai sujet du congrès était tout de même : «que faire avec les socialistes et les verts ? ». Il n’en est rien apparu. Tant pis.

Ce qui a retenu l’attention c’est le supposé conflit avec le PCF  à propos du populisme. J’ai même lu que j’avais « mis le concept en sourdine »… Mais quand en ai-je fais un argument de campagne ? Je ne le saurais jamais. Par contre j’ai tout de même consacré un bon quart du discours de clôture à la question du « peuple » comme acteur politique nouveau en relation avec l’émergence du « précariat » et il n’en est rien resté. C’est le moment de dire qu’aucun conflit entre le PCF et nous n’est possible sur la question de l’élection présidentielle. Cela ne tient pas à notre amitié réciproque. Les faits commandent. Et nous le savons tous depuis le premier jour du lendemain de notre percée aux élections européennes. Le Front de Gauche n’existe que par sa diversité. Un seul parti ne peut avoir toutes les candidatures. A partir de là c’est comme ça qu’il faut lire ce que dit avec tant d’insistance le PCF sur la nécessité d’être « collectif ». L’injonction fonctionne autant comme une évidence pour nous tous, à propos de la campagne électorale présidentielle, qu’en particulier pour les adhérents du PCF troublés par les sirènes du repli sur l’identité partidaire du communisme. Mais contre nous agit une propagande incessante. Celle des gens de médias favorables aux socialistes. Ceux là ont besoin des identitaires de tous poils, inclus ceux du NPA, pour jeter de l’huile sur le feu tous les jours.

Le thème a été écrit noir sur blanc dans un argumentaire du PS lors de la création du Parti de Gauche : nous voudrions faire une OPA sur le PCF. Depuis, le disque tourne en boucle. L’autre volet est : « mon impatience » d’être candidat. Il sert à réduire tout ce que nous entreprenons à un plan de carrière personnel. Mais quelle carrière aurais-je en vue ? Comme les mêmes ne peuvent aussi écrire que je vais gagner l’élection présidentielle, alors il leur faut produire un argument complémentaire: je ferai tout cela pour être ministre de leur fichu gouvernement. C’est le maximum d’imagination politique d’un bureaucrate ordinaire du PS qui fait sa carrière. Ainsi Benoit Hamon s’est spécialisé dans les petites confidences, les indiscrets comme ils disent, où l’on apprend que « tout cela finira par l’entrée de Jean Luc au gouvernement ». Air entendu du vieux squale qui en a vu d’autres. J’ai trouvé ça dans trois ou quatre médias sous des formes différentes. Une fois pondu leur œuf les poules caquettent de satisfaction. J’ai eu des poules, je sais de quoi je parle. Donc les indiscrets font les paons. Puis, mille diables, les voila bien embarrassés aussitôt. Si je vais aller faire la gauche du gouvernement à quoi sert la gauche du parti ? Misère ! Voila Hamon sans emploi ! Et comment tendre la main aux centristes en compagnie d’épouvantail de notre acabit ? Seule la stigmatisation peut être efficace. Huchon et Valls ont fait le travail. Mais mille diables, comment concilier ça avec l’appel à se regrouper au deuxième tour ?

Car ils ont vu les sondages. Ca les agace. Quel moyen pour eux de se passer des points que nous représentons ? Et pire encore du total que cela fait avec le NPA ! A nous deux, Front de gauche et NPA cela fait treize points ! Ca craint pour se faire élire contre nous au deuxième tour. Et comment dire en même temps que je vais aller dans leur gouvernement si nous sommes les diables dans leur bénitier? Retour à la case départ ! Donc le bon plan c’est de nous affaiblir en nous divisant. Pour eux, le bon feuilleton ce n’est donc pas eux et nous mais nous et le PCF. Diversion sans effet ? Non, il y a un effet. Ca m’énerve. Ca ne va rien arranger. Car je suis mal disposé à l’égard du PS.

J’ai une sérieuse raison. Avec les Verts, ils ont décidé de présenter des candidats communs contre nos sortants. D’habitude ce genre de coalition est réservé aux cas où il y a le Front National. C’est d’autant plus scandaleux, dans ce cas, que les intéressés siègent dans les mêmes exécutifs. L’idée des socialistes est de nous passer devant de cette façon et de nous obliger à voter au deuxième tour pour eux. Je ne crois pas, si cela se produisait, que nos électeurs seraient convaincus. Au contraire ! Le dégout gagnerait d’autres cantons où nos électeurs seront rendus témoins du procédé. Je m’en chargerai personnellement dans mon ancienne commune, Massy, où l’injure bat un record puisque le candidat commun vert socialiste est celui qui m’avait fait perdre le siège cantonal en 1992 en se maintenant au deuxième tour. J’avais repris le canton en 1998. Et Marie-Pierre Oprandi, qu’ils veulent éliminer, l’a repris à son tour contre le maire de droite ! Je ne pense pas que ce Vert de convenance puisse être élu cette fois-ci davantage qu’aucune autre dans le passé puisqu’il est candidat battu à toutes les élections depuis 1983 dans le cadre du renouvellement de la politique chère aux verts. D’une façon générale je crois que partout ou cette méthode nous est appliquée comme dans la Seine Saint-Denis, le Val de Marne et l’Essonne, il faut rendre les coups. Dans les cantons concernés et autour.

«Send them away.» Ce cri, c’était vers dix heures du matin, dans un reportage sur France Inter. Je ne l’ai pas entendu. C’est un ami qui écoutait la station. Il a été tellement impressionné qu’il a ressenti le besoin de m’en parler tout de suite. Des irlandais étaient interrogés. Un micro trottoir. Il s’agissait de l’arrivée de l’armée d’occupation européenne de « l’Europe qui protège » venue sur place pour tondre les irlandais au profit des banques. Le « hold up des banques » comme le titre sur un mode quasi bolchevik le tranquille journal « Libération ». Donc le journaliste interrogeait les passants. On entendit alors de la bouche d’un indigène la version locale de « que se vayan todos », le «  qu’il s’en aillent tous ». « Send them away !» répondait en effet une personne interrogée. « Fichez les dehors ! » Ach ! Encore un populiste ! Cohn-Bendit au secours ! Huchon ! Valls ! Venez vite expliquer à tous ces gens qu’ils sont un danger pour la démocratie, des antis boches, et qu’ils sont pire que leur fascistes locaux ! Enseignez-leur vite comment baisser le nez et les yeux devant les puissants. Ce serait peine perdue. Trêve d’ironie. Le temps qui passe va montrer, hélas mille fois hélas, que le mot d’ordre surgit tout seul. Spontanément. Ici, des millions d’irlandais à qui on a fait obligation de voter une deuxième fois en référendum pour avoir droit à « l’Europe qui protège » découvrent l’ampleur de la farce. C’est l’Europe qui les frappe en pleine face pour les obliger à sauver une deuxième fois des banques parasites. Ces gens voient la servilité de leurs dirigeants, ceux de droite comme les sociaux démocrates. Ils exploseront. Déjà le gouvernement est emporté par une crise politique dont le pays ne va pas sortir simplement.

Mais avant d’aller plus loin à propos de l’Irlande, observons la situation du point de vue de ceux qui prétendaient la dominer. De quoi part-on ? Du « mécanisme européen de stabilisation » tel qu’adopté le 7 mai dernier. Il est doté de 440 milliards par les Etats de la zone euro. Sa mise en œuvre est assortie d’un arsenal de mesures d’austérité dont on connait le refrain : moins d’état et de dépenses sociales. Cette méthode n’a nullement enrayé la crise dans laquelle est plongée la Grèce. Mais comme les spéculateurs ont été grassement récompensés pour leurs audaces, les banques ont pris le gout de ces spéculations contre les peuples. Un scénario de crise identique s’applique désormais à l’Irlande et au Portugal. A tel point que le plan européen, lui-même assis sur de l’endettement public, pourrait être rapidement dépassé. Rien qu’en aidant la Grèce puis l’Irlande et le Portugal, on serait à près de 300 milliards consommés … Dès lors cela rendrait impossible dans l’enveloppe prévue un éventuel sauvetage de l’Espagne qui est le pays suivant dans la ligne de mire des spéculateurs. Pourquoi en est-il ainsi ? L’arrivée du FMI égale toujours un plan d’austérité. Et celui-ci en contractant l’économie aggrave la difficulté initiale car il réduit les recettes de l’état. De plus le plan du FMI s’applique par tranche comme un étranglement lent. Il laisse toujours une part du déficit à découvert pour que le pays concerné ne puisse se défiler et sente le souffle et la morsure des taux bancaires du marché privé toujours sur sa nuque.  La preuve par la Grèce.

La Grèce ne s’en sort pas avec le plan du FMI. 110 milliards d’aide avait été promis en mai dernier. La Grèce n’a touché à ce jour que 29 milliards du FMI et de la Commission européenne. D’abord les taux exigés pour financer la dette grecque sur le marché ont d’abord  baissés, tout en restant scandaleux. Après être redescendu autour de 9 % à la fin de l’été, dès l’activation du plan d’aide européen, les taux de la dette grecque à 10 ans ont repris leur envolée depuis mi-octobre, pour atteindre 11,5 % jeudi 11 novembre. Retour à la case départ, c'est-à-dire des niveaux proches du record de 12 % atteint au printemps. La conséquence directe de ce relèvement des taux est qu’elle complique la situation budgétaire de l’Etat grec. En effet le plan de « l’Europe qui protège » ne lui a pas permis de s’affranchir totalement des marchés pour financer sa dette. Rappel : Aubry dans son discours le 29 août 2010 à l’université d’été  du PS à la Rochelle, avait salué « le courage de notre camarade Papandréou pour affronter la crise ». Il avait en effet avalé tout rond et sans une protestation le plan de son camarade Dominique Strauss Kahn. Pourtant dimanche 14 novembre Papandréou, l’ectoplasme social démocrate local, a fini par évoquer pour la première fois la possibilité d’ « un rééchelonnement du remboursement ».

Ca n’a pas duré. Evidemment la BCE s’étrangle de rage. La Grèce s’était engagée auprès de la zone euro et de la BCE à ne pas dépasser un déficit de 8,1 % du PIB en 2010 et avait même envisagé un déficit à 7,8 % du PIB. Or elle est aujourd’hui sur une trajectoire de déficit de 9,2 à 9,3 % du PIB, après révision de son déficit 2009 à 15,5 % du PIB et de la dette à 127 % du PIB. Rien de dramatique en réalité si on le rapporte en proportion de la richesse totale de l’Union Européenne. Face à ce qu’ils considèrent comme un non respect des objectifs assignés au gouvernement grec, une mission spéciale du FMI, de la Commission et de la BCE s’est rendue sur place. On ne saurait mieux montrer combien  le pays n’a plus de souveraineté réelle. Comme l’état major d’une armée d’occupation la troïka a félicité le zèle des gouvernants indigènes. « Jusqu’ici tout va bien. Le programme a été mené a un rythme impressionnant et reste dans l’ensemble sur la bonne trajectoire » aurait déclaré au journal « Le Monde » le proconsul du FMI un danois qui co-gouverne la Grèce, Poul Thomsen. Fourbe comme un journal de France 2, le monsieur identifie après cette caresse, une urgence spécialement cruelle : « mettre fin aux dépenses abusives dans le secteur de la santé améliorer encore la collecte des impôts et réformer les entreprises publiques qui paient des salaires très élevés » On se pince en lisant cela !

Cette cruelle politique, on doit s’en souvenir à chaque instant, n’est destinée qu’à permettre à la Grèce de payer les taux usuraires qu’exigent les banques ! C’est un choc d’une incroyable brutalité qui a déjà provoqué un recul de quatre pour cent de l’activité économique. Autant en moins de salaires, d’impôts et de taxes. Le nouveau train de mesures devrait créer un choc au moins aussi important. Il y en a encore pour 4 milliards d’euros. Ces économies seraient réalisées par les ministères de la santé et du travail. Conclusion ? La Grèce ne peut pas s’en sortir. Je veux dire que le plan et sa logique sont inapplicables ailleurs que sur un bout de papier. Le bug va arriver comme ce fut le cas dans toute l’Amérique latine face aux mêmes politiques du FMI.

Les nouvelles coupes sont impraticables. Il n’y a plus rien à vendre et la fiscalité est au point mort du fait de la récession de l’économie. Les conditions politiques en sont au même point. Lors des élections locales des 7 et 14 novembre qui ont fait la joie du seul Dominique Strauss Kahn, les deux partis dominants, sociaux-démocrates et droite conservatrice, responsables de la situation budgétaire, ont brutalement reculés dans les urnes. Les sociaux-démocrates ont perdu près de 10 points en un an tandis que la droite a atteint un de ses plus bas niveaux historiques. Ce rejet des partis dominants s’exprime surtout de façon spectaculaire dans l’abstention et le vote blanc et nul. La proportion est sans précédent en Grèce. Il s’agit désormais de plus d’un électeur sur deux. En dépit du vote obligatoire, il a eu 53 % d’abstention au second tour et plus de 11 % de blancs et nuls. Ce sont donc 64 % des électeurs qui ont refusé les candidats en présence. L’autre gauche, seule force politique à avoir combattu le plan d’austérité enregistre une forte progression, totalisant plus de 15 % des voix contre environ 11 % aux précédentes élections. Si elle ne fait pas un score plus élevé c’est sans aucun doute du fait qu’elle ne se présente pas comme une alternative de gouvernement et reste divisée, à mort, entre les communistes « orthodoxes » et le reste de l’autre gauche. C’est une leçon essentielle pour nous. Il ne suffit pas d’être une force protestataire connue et reconnue. Il faut être un outil à disposition du peuple. La radicalité doit être à la fois unitaire concrète et gouvernementale. Cela n’existe pas en Grèce aujourd’hui.

A présent les vampires se sont abattus sur l’Irlande. Depuis début octobre 2010, l'Irlande a vu sa note dégradée en cascade par les agences de notation. Et pourquoi ? A cause du coût du sauvetage public des banques irlandaises. C’est le comble ! Ce sauvetage est payé par les contribuables qui n’ont aucune responsabilité  dans le désastre. L’opération a du être réévaluée de 23 milliards à 45 milliards d'euros. Telle est la raison pour laquelle, le déficit public a bondi de 12 % du PIB à 32 % du PIB. Et le total de la dette s’est gonflé comme un ballon passant de 78 % du PIB à 99 % du PIB. Tout cela exclusivement à cause de la gestion hasardeuse des banques. Et pourtant on ne cesse d’entendre parler du « déficit de l’Etat», du gouffre de la dette publique comme s’il s’agissait des conséquences d’une orgie d’avantages sociaux et de dépenses publiques somptuaires. Après la dégradation par les agences de notation, l’Irlande subit exactement le même mécanisme infernal que la Grèce. Jeudi 11 novembre, les taux à 10 ans sur la dette irlandaise ont atteint le niveau record de 9 %. Et à 2 ans l’Irlande emprunte désormais à plus de 7 %. Réaction en cascade, les fonds souverains norvégiens et russes, gros investisseurs en obligations, ont décidé de stopper tout achat de dette irlandaise. Les responsables de la situation n’assument pas ses conséquences. « L’Europe qui protège » non plus, évidemment.

Cette situation dramatique a été précipitée par les déclarations provocantes de l’Allemagne. Il doit surement y avoir une réaction de messieurs  Cohn Bendit-frères sur le sujet. Le gouverneur de la Bundesbank, Axel Weber a fustigé les rachats de dette publique – pourtant timides – par la BCE. Il a obtenu de celle-ci qu’elle cesse tout rachat de dette irlandaise. Quant à Angela Merkel, elle continue d’avancer sur l’idée d’une procédure de mise en faillite d’un Etat et donc de mise sous tutelle économique par l’UE en cas d’appel aux aides financières de l’Union Européenne. La situation irlandaise devenant explosive, l’aide de l’UE a été quasiment imposée aux dirigeants irlandais peu pressés de se faire mettre en tutelle. C’est pourtant un véritable abandon de souveraineté nationale qui a été imposé.  Dans un pays qui est indépendant depuis moins de cent ans, c’est une gageure qui va se payer cher, je l’espère bien. Dés à présent, le comportement des banques, des libéraux et des proconsuls européens fait notre propagande mieux que des millions de tracts. Là-dessus l’arrogance des entreprises nord américaines qui annoncent qu’elles plieront bagages d’Irlande s’il leur faut payer des impôts terminent le tableau de ce que le peuple doit comprendre pour engager sa libération politique.

On peut ricaner devant ce désastre. Car l’Irlande comme on le sait était présentée depuis une décennie comme un modèle. Un modèle libéral, of course, une merveille de flexibilité et de compétitivité grâce au dumping fiscal. Le taux de 12,5 % d’imposition sur les sociétés contre 33 % en France est présenté comme le cœur de la politique d’attractivité de l’Irlande. Bref le moteur de cette économie est le dumping fiscal. Donc un coup tordu ! Il a été mis en place avec un accord en béton armé entre les libéraux et le parti travailliste irlandais. En même temps ces gens bombaient le torse à propos de leur pseudo rigueur budgétaire. Ils se gardaient bien de dire qui payait le « miracle irlandais » pour ce qui est des infrastructures qui poussaient comme champignons. Car tout cela a été payé par des torrents de subventions européennes ! Nombreux étaient donc ceux qui enrageaient de voir les libéraux au pouvoir à Dublin faire les marioles à la télé sur le thème « no tax », alors que c’étaient les impôts européens qui payaient à la place des fameuses taxes. Chaque irlandais a ainsi reçu neuf mille euros par an et par tête pendant dix ans d’affilé ! Au début de l’année 2010 l’Irlande était citée comme le modèle que devrait suivre la Grèce pour affronter la crise comme le raconte le dossier du numéro d’octobre du Monde Diplomatique. 

Le Portugal, prochaine victime ? En grave difficulté budgétaire, le pays est lui aussi vivement attaqué par les « marchés ». Pourquoi s’en priveraient-ils ? Mercredi 10 novembre, lors d’une émission de 1,2 milliards d’euros, l’Etat portugais a été contraint par les vampires de porter les taux de ses obligations à 6 et 10 ans à des niveaux jamais atteints jusque là. Les taux à 10 ans sont passés de 6,2 % lors de la précédente émission à 6,8 %. Si elle se confirme, cette envolée des taux suffira à mettre par terre le plan de rigueur budgétaire adopté par le Portugal au prix d’une hausse de TVA et de baisses des salaires des fonctionnaires. Samedi 13 novembre, le ministre des affaires étrangères portugais Luis Amado a même envisagé dans l’hebdomadaire «Expresso», la sortie du Portugal de l’Euro si le pays ne parvient pas une union nationale pour de nouvelles mesures d’économie : « la solution de rechange à la situation actuelle serait de quitter finalement l'euro.  C'est une situation qui peut nous être imposée par les marchés ». Hum ! C’est une rude menace. Trop rude pour être honnête.

Car les socialistes portugais ne sont pas davantage patriotes que leurs congénères des autres pays. Pour eux les lois du marché et autres dogmes libéraux sont plus important que toute autre réalité. Quand ils renoncent à la souveraineté de leur pays et acceptent d’obéir à des proconsuls en gilet de notaire comme le sont les Strauss-Kahn boys du FMI, ils n’ont pas l’impression de trahir le cœur de l’idéal démocratique. Ce qu’ils constatent quand ils obéissent, ils ne le vivent pas comme un drame car pour eux c’est seulement du réalisme, « la seule politique possible » et ainsi de suite. La nouvelle trahison des peuples a le visage d’une bonne conscience absolue qui fait perdre de vue tout sentiment de responsabilité humaine à l’égard des gens qui subissent les remèdes de Diafoirus de cette équipe d’écorcheurs.

Je dois dire que ces spéculations contre les Etats Nations ne me paraissent pas guidées que par l’appétit de lucre et la cupidité bancaire habituelle. Ces motivations sont là et bien là en effet. Mais je soupçonne autre chose. Je sais que les Etats Unis d’Amérique ont intérêt à la pulvérisation de la zone euro. D’une part elle redonne au dollar une place centrale puisque sans équivalent. C’est un élément décisif pour contrer l’actuelle fuite devant l’argent bidon des américains. Deuxièmement cela prépare utilement la mise ne place du grand marché transatlantique (GMT) sous la domination des billets verts que nous serons ainsi appelés à valider.

Les soupçons s’appuient sur de curieuses coïncidences. Dans le cas grec, la main des Etats-Uniens se voit. Plusieurs grandes banques américaines ont conseillé la Grèce dans la gestion de sa dette : Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Merill Lynch, Morgan Stanley. C'est Goldman Sachs qui a joué le rôle principal en faisant mine d'aider la Grèce à s'endetter puis en contribuant à la plomber. A partir de 2001, Goldman Sachs a aidé la Grèce à maquiller une partie de sa dette, en ayant recours à des produits dérivés. Notamment en jouant sur les devises qui ont rapporté 300 millions de dollars de commissions à Goldman Sachs. Goldman Sachs a aussi servi d'intermédiaire à l'Etat grec pour placer ses titres de dette sur les marchés non européens, notamment chinois. Puis à partir de 2010, Goldman Sachs a spéculé contre la dette grecque. Elle utilisait manifestement sa bonne connaissance de la réalité de l'endettement grec. La banque misa donc sur l'envolée de ses assurances-défaut, les CDS, et spécula sans vergogne sur la hausse des taux des obligations grecques.  Goldman Sachs jette de l'huile sur le feu des crises irlandaise et portugaises. Le 10 novembre, Goldman Sachs fut un des premiers acteurs à réclamer un plan de sauvetage de l'Irlande et du Portugal, alors qu'à cette date, ni ces pays, ni aucun dirigeant de l'UE ne l'avaient évoqué. Cet appel a amplifié la spéculation contre ces dettes et l'envolée des taux. Toujours dans le rôle d'affoleur, le chef économiste de Goldman Sachs a affirmé dans une note largement reprise par les médias que la Commission européenne avait secrètement rencontré le Portugal pendant le week-end des 13-14 novembre pour préparer un plan de sauvetage. Rien de tel pour casser un pays.

Goldman Sachs est le géant américain de la banque d'investissement avec 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Goldman Sachs est étroitement liée aux gouvernements états-uniens successifs à travers ses anciens dirigeants. Le ministre des finances de Bush Henry Paulson, qui a renfloué les banques, était auparavant PDG de Goldman Sachs. La banque a d'ailleurs reçu 10 milliards de dollars de fonds publics lors du sauvetage du secteur bancaire états-unien. Elle a aussi été le premier contributeur privé de la campagne de Barack Obama avec prés d'un million de dollars de dons effectués par ses dirigeants.  La révélation du rôle de Goldman Sachs dans la crise des subprimes et sa collaboration avec Madoff a momentanément terni son image. Et pourtant la banque recyclait des créances pourries dans des produits dérivés. Elle les plaçait massivement sur le marché. Puis en bonne connaissance ce que contenait ces titres elle a ensuite spéculé contre eux sachant qu'ils étaient pourris. Mais la banque a réussi à obtenir du gouvernement le retrait des poursuites pour fraude, contre le versement d'une indemnité de 550 millions de dollars. Moins les gains, reste une superbe prime au crime économique. La banque continue d'être présente dans l'administration Obama, à travers Mark Patterson, actuel directeur de cabinet du ministre des finances Timothey Geithner. Lui-même  était lobbyiste pour Goldman Sachs. Et il y a encore Gary Gensler, qui était directeur financier de la banque. Il dirige désormais une des principales agences de régulation boursière américaine, la US Commodity Futurs Trading Commission, chargée de réguler les marchés dérivés.

Cette influence ne va pas diminuer. Goldman Sachs vient de caser un des siens au FMI pour s'occuper de l'Europe ! En effet DSK vient de nommer à la tête du département Europe du FMI, Antonio Borges, qui était de 2000 à 2008 un des dirigeants de la filiale londonienne de Goldman Sachs, chargée de développer les activités de la banque en Europe. Et Antonio Borges était précisément chargé de représenter la banque américaine dans ses relations avec les gouvernements et institutions en Europe, rôle où il a dû suivre de prés les manipulations de la banque dans la crise grecque. Personne ne peut nous faire croire que ces gens se disposent au hasard et qu’ils ne savent pas ce qu’ils font en agissant de concert. Ce n’est pas tout. Goldman Sachs a aussi un de ses anciens dirigeants au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE. Il s’agit de Mario Draghi, gouverneur de la banque d'Italie. Il fut Vice-président Europe de Goldman Sachs de 2002 à 2005. Il a donc trempé lui aussi de très prés dans les montages hasardeux de la banque en Grèce. Cela ne l'a pas empêché d'être choisi par le G20 pour présider le Forum sur la stabilité financière qui supervise les réformes des marchés financiers. C’est comme ça ! Actuellement, Mario Draghi est aussi en concurrence avec l'allemand Axel Weber pour succéder à Jean-Claude Trichet  à la tête de la BCE. On sait donc à quoi s’en tenir.

Ce n’est pas le seul point d’entrée direct des étatsuniens dans la crise européenne. Le rôle des agences de notation américaines est central. Deux agences de notations de Wall Street, Standard and Poor's et Moody's contrôlent 80 % du marché mondial des notations. En faisant rapidement descendre leurs notes contre la Grèce, elles ont accru ses difficultés de financement et alimenté la spéculation sur les CDS. A noter que l’opération a directement servi les banques américaines avec lesquelles travaillent ces mêmes agences. Impitoyables avec la Grèce, Standard and Poor's et Moody's l’a été beaucoup moins dans d’autres circonstances. Ainsi avaient-elles couvert jusqu'au bout Lehmann Brothers ou Enron, dont elles avaient maintenu la note triple A jusqu'à l'aube de leurs faillites. Moody's a abaissé successivement la note de l'Irlande en juillet 2009, juillet 2010 et a annoncé un "placement sous surveillance" de la note en octobre 2010, laissant présager un nouvel abaissement de la note. De son côté Standard and Poor's a dégradé à trois reprises la note de l'Irlande de mars 2009 à septembre 2010, et a aussi annoncé fin septembre 2010 une mise sous surveillance préparant un nouvel abaissement de la note qui tue. Ce faisceau de présences intéressées montre que les opérations de notations et prêts n’ont rien à voir avec l’objective appréciation des faits à laquelle on veut nous faire croire. Tous les intervenants ont partie liées avec un système global dont aucun des paramètres ne peut les laisser indifférents dans la mesure où ils en sont directement protagonistes. Le cœur de la partie qui se joue n’est pas l’Europe mais le dollar. Tout y revient et il faut tout penser en considérant que tout est rapport de force et grand danger pour le monde du fait des étatsuniens qui le dominent.

France 2, c’est le sujet de rigolade dans mon équipe, je l’ai déjà dit. On se souvient que j’en étais à cinq invitations à la matinale, annulées coup sur coup. Le pompon fut la sixième. Invité tandis que nous étions en train d’enregistrer « Vivement Dimanche », je fus désinvité moins d’une heure plus tard. La nouvelle fut donnée pendant la pause au public de mes amis. Tout le monde hurla de rire, tellement le mépris pour cette sorte de pratiques est grand parmi le tout venant.  Ce dimanche ci nous avons eu le plaisir de voir ce que valent les déclarations recueillies avec componction  par les confrères enamourés et béats d’admiration lorsque la rédaction de France 2 déclara qu’elle n’avait pas l’intention de me boycotter ! Cela alors que j’avais « sartrisé » Pujadas un jour où Pierre Carles me montrait comment ce médiacrate avait essayé de  dresser en public un ouvrier rebelle.  Quelle noblesse ! Quel fair play ! Quelle générosité ! Quel exemple d’ouverture de l’esprit rapportée aux mœurs féroces du populiste anti boche, dangereux pour la démocratie, que je serai pour ces gens là! Dimanche soir chacun qui s’y intéressait, pouvait voir que toutes les chaines de télévision sans exception, inclue TF1 et France 3, traitaient un sujet sur le congrès du Parti de Gauche. D’ailleurs LCI et La Chaine parlementaire avaient retransmis mon discours final. 57 journalistes avaient demandé une accréditation. Mais pas France 2. Ni journaliste, ni caméra, ni reprises de France 3. Rien. Jamais ! Pas une fois en trois jours. Même pour raconter les saloperies habituelles ou poser les questions perfides d’usage ! Rien. Un boycott franc et massif. L’exact contraire des déclarations auto-promotionnelles. Pourtant aucun récitant de la corporation ne pointera l’énormité du procédé, cela va de soi.

La meute n’aboie que pour mordre les horsins. Une telle prétention, un tel niveau d’appropriation personnelle de la télé publique pour des motifs aussi bas de vendetta montre l’urgence d’une profonde et lessivante révolution citoyenne là dedans. Et souvenez vous, vos autres  les gens qui me lisez, que ce sont des menteurs à qui vous ne devez jamais faire confiance qui font ce journal. Regardez autre chose. France 2 n’informe pas, elle saupoudre ses affections. Répandez de tous côtés le mépris pour eux. Car plus le temps passe et plus de gens se méfient. On gagne du temps pour les prochaines occasions où leur sale propagande mensongère viendra nous tirer dans le dos comme en 2005 ou pendant la bataille pour défendre le droit à la retraite. Il est très important de priver de toute autorité ces gens tout au long de l’année et pas seulement dans les moments où leur propagande sournoise ou bien ouverte fonctionne à plein régime. C’est très facile à faire de bouche à oreille, vu le niveau de grossièreté de leurs manipulations. Il faut le faire avec humour pour que ça s’installe mieux dans les esprits. La bonne technique c’est la leur. Associer, sur un mode péremptoire et sans démonstration, une chose à une autre, pour la disqualifier. Par exemple, on dira de quelque chose que c’est « louche comme un journal de France 2 », ou bien « sournois comme un reportage de France 2 ». L’idée est de fixer dans les esprits que quoiqu’il en soit France 2 ment et triche avec la vérité. Ca nous fera gagner du temps. Et ça lance une mode. Avez-vous remarqué comment depuis que je m’y suis mis nombre de responsables de tous bords se décomplexent et ne se laissent plus marcher sur les pieds dans les interviews ? C’est excellent. Il faut mener une lutte contagieuse.

Je ne suis pas d’accord avec la décision prise à propos d’Audrey Pulvar. J’estime qu’une jurisprudence insupportable s’installe : une personne serait inapte à faire son métier correctement du fait de l’activité de son conjoint. Le cas est spécialement lamentable ici. Je lis dans le journal « Le Parisien » que la décision ne signifierait aucune suspicion ni prévention à l’égard de madame Pulvar. Ce serait seulement le risque qu’un invité vienne lui reprocher sa vie privée qui serait la cause de la décision. Le directeur de la rédaction, Albert Ripamonti aurait déclaré selon «Le Parisien » : « « imaginez qu’en direct un élu vienne lui balancer dans les gencives ses relations avec un candidat à la présidentielle… Ce serait destructeur ! » Je pense que ce directeur se trompe. Il attribue aux élus et aux débatteurs d’une façon générale les mœurs désastreuses de sa profession qui a en effet beaucoup de mal à respecter vie privée des personnalités politiques.  Ce ne sont pas les élus qui achètent les photos des paparazzis, ni eux qui publient des informations sur les journalistes qui les interrogent. Sauf moi, bien sur, qu’on se le dise, car je suis près à publier en représailles jusqu’au prix du repas de communion du premier journaliste qui se mêlerait de près ou de loin de ma vie privée. En attendant, au cas précis, l’idée qu’une femme soit inapte à faire son métier du fait de l’activité de son compagnon est une affreuse régression intellectuelle et un recul lamentable pour la cause de l’égalité. Que les êtres humains soient influencés par leurs engagements affectifs et même par leur environnement est vrai, cela va de soi. Mais précisément, leur personnalité, et même surtout leur citoyenneté, se construit dans la capacité à se mettre intellectuellement à distance de leurs conditionnements et de leurs préjugés. Affirmer que quelqu’un en serait incapable c’est le traiter comme un enfant. Car les enfants, en effet, se distinguent notamment des adultes sur ce point du fait qu’ils sont des personnes en construction sur les aspects essentiels de leur personnalité.

Je crois que madame Pulvar ne doit pas être traitée comme une enfant mais comme une adulte. Si bien qu’elle seule est qualifiée pour dire si l’exercice de son métier est empêché ou rendu plus difficile dans le contexte matrimonial qui est le sien. Parmi tous les conditionnements qui s’exercent sur elle comme sur tout être humain pourquoi avoir décrété que ses sentiments à l’égard  de son compagnon annuleraient la perception que les autres ont de son autonomie de pensée ? Parce qu’elle est une femme. Il n’y a pas d’autres réponses suggérées par cette décision. Cela rappelle cette déclaration de Jean-Marie Le Pen qui avait déclaré, à l’occasion d’une rupture politique avec l’une de ses filles, qu’il était normal qu’entre père et mari une femme choisisse toujours son mari. Alors qu’il s’agissait de choix idéologiques et comme si les femmes étaient incapables de choix personnels autonomes. Si je cite Le Pen, ce n’est pas pour rendre infâme son jugement du seul fait de ses idées dans d’autres domaines. Je veux juste souligner que cette façon de voir est très typique du vieux conservatisme qui s’appuie sur une vision de la vie où les êtres ne peuvent jamais être davantage que ce que leur supposée condition naturelle est censé leur assigner : noir, blanc, homme, femme, fort, faible. Je ne dis pas que ceux qui ont pris la décision à propos d’Audrey Pulvar l’aient fait au nom de considérations consciemment sexistes. Non. Je crois au contraire qu’ils ne s’en sont même pas rendu compte. Dès lors ils ont eux-mêmes prouvé que les conditionnements les plus puissants sont ceux dont on ignore qu’ils sont à l’œuvre en soi.

Connaitre ses déterminismes permet de les maitriser ou de les mettre au service de ses choix de vie. Les ignorer c’est en être esclaves au sens littéral, c'est-à-dire ne pouvoir en être maitre d’aucune façon. Pour ma part, je suis davantage inquiet des raisonnements que suggèrent à un journaliste le niveau de sa paye que ses amours. Je crois que les médiacrates sont incapables de se mettre à distance de leur réflexes d’appartenance de classe comme l’a prouvé le comportement de David Pujadas en face de Xavier Mathieu, parce qu’ils sont persuadé que leur réaction sont libres et non faussées puisque leur origine est cachée à leur yeux. Je crois que la sympathie politique fausse la qualité du travail journalistique quand elle est cachée. Madame Myriam Lévy, quand elle était journaliste à L’AFP, ou au Parisien devait déjà être dans les idées qui lui ont permis ensuite de diriger depuis 2007 toute la communication du premier ministre. On pourrait citer d’autres noms. Cela compte davantage à mes yeux, pour soupçonner ce qu’elle faisait alors, que de savoir avec qui et comment elle vit ses sentiments amoureux. De même je récuse qu’une journaliste, femme de policier, soit inapte à parler de délinquance. Et que, si elle n’a pas d’enfant, elle ne puisse parler de puériculture. Et ainsi de suite, pour l’un et l’autre sexe. Raison pour laquelle je crois, pour finir, que la décision prise à propos d’Audrey Pulvar est une grande régression. D’autant plus grande que la scène est publique et qu’elle est donnée à voir comme l’expression d’un comportement éthique alors qu’il s’agit de l’exaltation d’un préjugé inconscient directement enracinée dans l’idéologie patriarcale. Car cette décision ne voit que la compagne en elle, là ou il ne faudrait voir que la professionnelle. Et ceux qui n’ont vu que cela ne se sont pas rendus compte qu’ils mettaient en œuvre la forme d’aveuglement qu’il craignait de lui voir reprocher à elle. Cela s’appelle un préjugé. Madame Pulvar est victime d’un préjugé…

Je dis ce que je dis sur la tentation permanente des médias à empiéter sur la vie privée des personnes engagées dans la vie publique. Je le dis, instruit que je suis par ce même journal « Le Parisien » à mon sujet. Ce journal en effet  fit mon portrait d’une façon spécialement obviée sur deux pages à charge. Se régalant de pouvoir dire que « ma compagne » était « dans les coulisses » de l’émission « vivement dimanche », invention pure et simple, qui n’eut pour effet que d’embarrasser les femmes qui s’y trouvait en effet. Puis, se croyant bien inspiré, après avoir relevé mon refus de répondre à madame Lapix à propos de ma supposée appartenance à la franc maçonnerie, de « révéler » mes soi disant fonctions dans la dite association d’après d’impossible confidences d’un soit disant membre de cette respectable association. Les gens de presse franc maçons ont apprécié, j’en suis certain. C’est évidemment un viol manifeste de ma volonté sur ces sortes de sujets de ne jamais exposer le moindre signe d’appartenance religieuse ou philosophique aussi longtemps que je serai élu.  En agissant de cette façon provocatrice, il s’agit de me pousser à démentir ou à confirmer c'est-à-dire dans les deux cas à me déjuger.

Je le répète ici et je mets en garde une fois de plus s’agissant de moi : il est interdit de parler d’une quelconque façon des miens ou de quoi que ce soit à mon sujet qui concerne si peu que ce soit ma vie privée. Non parce que j’aurai quelque chose d’indigne à cacher. Mais pour deux raisons. La première est que selon moi un élu en République est l’élu au nom de tous. Il est élu lui et non sa famille. De plus, il ne doit d’aucune façon marquer une appartenance autre que politique puisque c’est sur elle et elle seule que porte le vote de ses concitoyens. Il doit donc s’interdire scrupuleusement toute ostentation concernant sa vie privée dans tous les aspects de celle-ci. Et notamment pour celles qui pourraient induire qu’une décision est prise au nom d’autres considérations, que celles exposées en public. Seconde raison : les êtres qui m’entourent et me sont chers restent libres et ne doivent pas être assujettis à mes choix et activités.  Ils ne m’imposent rien et je ne dois rien leur imposer de plus que ce qu’ils subissent déjà du fait de l’impudence ordinaire de la vie médiatique et publique.


312 commentaires à “« Send them away! » « Fichez les dehors! »”
» Flux RSS des commentaires de cet article
  1. J. Halpern dit :

    @ Annie

    "Par contre, tu devrais lire l'essai de Jean-Luc Mélenchon, car il évoque effectivement les brasiers par encore éteints en Europe, et la mise sous sourdine de son ancien fédéralisme.
    Pour ce qui est des non-dits que tu évoques à propos de Généreux, la Banque de France resucitée pourrait-elle émettre des euros ?"

    J'ai lu le livre de Mélanchon - efficace dans son style; quelques belles pages sur la souveraineté en effet, mais qui me laisse sur ma faim quant aux moyens qu'il se donnera de remplir ses objectifs. Je comprends bien les contraintes de l'exercice : ne pas bousculer les divers courants du Front de Gauche (c'est pour le moment nécessaire mais paralysant à long terme) et "accrocher" les lecteurs pressés sans entrer dans d'arides développements économiques. Mais il faudra bien un jour sortir du flou...

    Concernant la Banque de France et l'euro : techniquement elle pourrait transitoirement en émettre, en violation des traités, mais ce ne serait qu'une solution d'urgence avant d'entériner l'éclatement de fait de l'euro. Il ne serait pas bon de galvauder la crédibilité de la France. Soit on respecte un traité, soit on le dénonce. En pratique, on ne pourra pas éviter des mesures de sauvegarde entre les deux situations, mais il faut avoir fait un choix.

  2. jorie dit :

    jlm, voilà que le PS, comme vous le souhaitiez, se gauchise, se Mélenchonnise, sauf que M.Montebourg est en train de récupérer toutes vos idées....aliu profit de sa candidature aux présidentielles (6e république, constituante, attaques contre la financiarisation de l'économie etc...).Alors je m'interroge. S'agit il d'une orientation sincère, auquel cas M.Montebourg devrait s'associer, voire rejoindre votre parti ou alors est-ce une récmupération politique pour vous amoindrir et vous faire disparaître des médias ou s'agit il tout simplement d'une tendance réelle et sincère au sein du ps ? Moi, je suis sidérée de l'écoute médiatique dont il profite déjà, par rapport à vous.....

  3. anarchaste dit :

    Christine Ockrent, Béatrice Schönberg, Anne Sinclair, Valérie Trierweiler, Audrey Pulvar, autant de journalistes de télé, parmi les plus en vue, qui cohabitent avec des hommes politiques de premier plan pourvu qu’ils aient la fibre verte ou la pensée à gauche.
    En son temps le compagnon d’Audrey Pulvar, Arnaud Montebourg, particulièrement pointilleux sur les questions d’éthique et de conflits d’intérêts, avait dénoncé la position de Béatrice Schönberg.
    Pourquoi donc tant de relations intimes entre politiques et journalistes ? Faut-il hypocritement admettre un parfait distinguo entre une totale impartialité professionnelle et des convictions politiques personnelles ancrées au plus profond de l’intimité d’un couple ?
    Il est vrai que dans les cocktails de la gentry on rencontre plus facilement un agrégé de la politique qu’un licencié de chez Renault.

  4. Née un 19 Août dit :

    J'ai oublié un mot dans mon post précédent (298)... mes doigts sur le clavier vont moins vite que ma pensée...

    Il fallait lire : Cette décision, c'est une "insulte à notre" intelligence à nous toutes. Il est certain que ce n'était pas là une décision intelligente. Et pourtant je me suis relue... Mille pardons !

    Sur l'économie : l'effet domino de la crise en Europe ne va pas s'arrêter là. La lecture de cet article me le confirme. Mais pourquoi s'arrêterait-il, hein ? Avant, les financiers provoquaient des crises, certes, mais ils ne s'en faisaient pas, songeant déjà à la prochaine aventure puisque quelqu'un épongerait leurs dettes. Entre temps ils avaient fait de jolies plus-values. Et maintenant, ils sembleraient qu'ils aient trouvé le bon filon : provoquons les crises, puisque grâce à elles, on va se faire des tonnes de thunes !
    Si on pousse ce raisonnement, la série est donc loin de se terminer. On parlait de la possible crise en Irlande cet été. Bingo ! On est en plein dedans. Maintenant, on évoque le Portugal. Je vous parie ma boule de cristal qu'avant la fin de l'année, ce pays va se payer un méchant plan du même acabit que celui de la verte Irlande. Et après ? Au suivant ! L'Espagne. Peut-être ensuite l'Italie... et la série des PIIGS sera finie.
    Mais pas la crise, Car après, eh bien... c'est nous, la France ! Avec un peu de chance, ça va tomber en plein milieu de la campagne présidentielle. Cool, non ?
    Ca me rappelle ce que Naomi Klein a décrit dans son livre « La Stratégie du Choc ». Lisez ce livre.

    Ce qui est certain, c'est que voter DSK, c'est dérouler le tapis rouge au FMI à l'entrée de l'Elysée. Car la potion ne sera pas moins amère pour nous parce qu'on aura élu un ancien directeur du FMI. Mauvais plan pour notre pays !

    "Send them away" : Ce n'est pas tant la notion de de "mettre dehors", mais plutôt celle de "renvoyer", dans le sens de "saquer", "virer". "Renvoyez-les tous !" Oui, notre...

  5. jihel dit :

    Marx disait : les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde. Il faut le transformer!
    Camarades la lutte des classes s'intensifie. Ne laissons pas les valets du Capital occuper le terrain.
    Ils ont peur. Passons à l'offensive ! Organisons-nous! Cessons de commenter et de palabrer.
    Que le front de gauche lance sans plus tarder des comités pour un gouvernement pour la Première République sociale ! Laissons aux arrivistes de créer une sixième république qui veut réinventer le capitalisme.
    Nous, nous voulons le supprimer. La tâche est rude et longue.
    Laissons tous ces arrivistes se battre comme des chiens pour occuper une place.
    Ils vont se déchaîner à mesure que nous progresserons et viendront nous lécher les bottes quand nous serons une menace pour leur statut.Et vous le verrez, ils nous donneront des leçons : trop rouges pour eux aujourd'hui,ils nous trouveront rose pâle.Voyez Cohn-Bendhit et BHL!
    Je préfère le BHV

  6. David dit :

    N'hésitez pas à faire référence aussi à ce qui s'est passé en Islande, d'autant plus que ce pays tape à la porte de l'UE. Il y avait eu un excellent reportage sur Arte il y a quelques mois, sur cette révolution islandaise.
    Les gens qui manifestent devant le Parlement (et qui ne se contentent pas de défiler symboliquement de Bastille à Nation...) pendant des mois, des nuits entières, qui provoquent des élections anticipées, où le PS local l'a emporté, avec un Front de Gauche local à 20 %, et une droite laminée.
    L'Islande, où dans la capitale Reikjiaviik, un humoriste a gagné les municipales, en se présentant seul, sans parti, sur un programme d'auto-dérision. Coluche maire de Paris...
    Les gens ont du mal à croire que la situation en Amérique du Sud se reproduira ici car ce sont des pays pauvres. Mais l'Islande était l'un des pays les plus riches d'Europe et du monde avant cette terrible crise. Et voilà ce peuple tout renverser. Sans oublier le référendum où on leur demandait s'ils étaient d'accord pour rembourser eux-même (le peuple) les dettes, les crédits et les hypothèques des banques qui avaient fait faillite. Ils ont voté non à 95 %.
    Héroïque peuple islandais.
    L'Amérique du sud et l'Islande sont de précieuses références.
    Après tout, les libéraux de tous poils méprisent la France et nous gonflent tous les jours avec les Etats-Unis, le modèle suédois, le Rouyaume-Uni ou l'Allemagne.
    N'hésitons pas les références extérieures.

    Soutien aux Irlandais. Ceux du Nord n'ont pas supporté d'être inféodés à une reine britannique, gageons que ceux de l'Eire refusent d'être annexés par quelques monarques libéraux élus par la volonté divine du marché et de la finance...

  7. fabrice loi dit :

    Ah oui, un referendum...on en a demandé un ici et on a vu le résultat, pour les retraites.
    Ou l'on voit que le niveau réel de démocratie en Islande est différent de celui de la grande France pays des Droits de l'Homme et bla bla bla...
    Etonnons nous que des milliers de jeunes fuient notre pays chaque année.

  8. LOUBET dit :

    Mon message s'est effacé, ce devait être un coup du sort.
    Je répondais simplement que je restais sur l'impression combien réconfortante pour une enseignante retraitée, créée par l'écoute du discours de Monsieur Mélenchon qui m'a clouée sur place tant le ton était à la fois nouveau et universel. Dans les idées. Dans la vérité de paroles. Qui devenaient des réalités. Les enseignants ont tous voté "Jaurès" et ont eu "Mitterrand". Curieuse gauche. Je ne fais que survoler les messages, prenant un malin plaisir à relever les fautes d'orthographe : vous n'en fîtes point, seule la rédaction fut défaillante. Une seule fois, chez vous, pas dans les messages. Les ondes de cette fin de congrès, dont votre discours, Monsieur Mélenchon, furent le bouquet final, ne cesseront pas de me traverser. Nul besoin de douter, votre vaisseau est lancé, il parviendra à son port. Je retourne à mon manuscrit et mes pinceaux, fabriquant de l'inutile qui est le meilleur de la vie, dans ma retraite sans merci. La musique de votre message se suffit à elle-même. Elle est gravée. Vous ne nous, vous ne me, décevrez pas. C'est certain comme l'hiver annonce une nouvelle année.
    Signé : une autodidacte-secrétaire-enseignante retraitée; Il est tout aussi certain que je suis prête à mon faible niveau, à agir : comment ? Je ne sais, mais crois que je saurais un jour. L'important est de croire.

  9. Philippe dit :

    En ce moment, au PS - c'est le foutoir. Beaucoup de socialistes se présentent aux primaires : Ségolène Royal, Arnaud Montebourg... Ca se bouscule au portillon. Si les élections présidentielles de 2007 ont été gagnées par la droite et notamment par Monsieur Sarkozy, les socialistes - qui sont interchangeables -, en sont largement responsables. J'en ai assez de ce binôme UMP- PS qui nous enfume depuis des lustres ! Et ce n'est pas rien de le dire : il faut le vivre ! Quant à Martine Aubry, elle est mal entourée ; je pense à des loups comme : Manuel Valls, François Hollande, Ségolène Royal (qui est sortie du bois)...
    Néanmoins, il faut continuer la lutte ! Par ailleurs, j'ai écouté avec délice cette semaine Jean-Luc Mélenchon qui était l'invité du Fou du roi et de Stéphane Bern : un anarchoroyaliste. Monsieur Jean-Luc Mélenchon sait se défendre oralement, il a de la répartie ; il est vif d'esprit. Je l'en félicite. Je remercie au demeurant les responsables de ce magnifique blog car je peux m'exprimer par écrit. C'est important !
    Cordialement Philippe

  10. Je ne connaissait pas le positionnement de Jean-Luc Mélenchon et les raisons de celui-ci, sur le respect de sa vie privée.
    Enfin un homme politique, qui a des valeurs et des principes.

    Quand au PS... Ce parti existe encore ? mdr...

  11. braun dit :

    Les cibles sont précisées, c'est bien. Mais, la grande finance spéculative et les groupes internationaux prédateurs ne cèderont pas avec une élection gagnée. Il y faudra un rapport de force à hauteur de l'enjeu. Quid d'une révolution citoyenne au niveau européen? Encore trop utopique ?

  12. breteau dit :

    Comme en 2007 le programme du PS ne fera pas trembler la bourgeoise dont il sera le second choix. Comment pourrait il être le premier choix du peuple de gauche ?
    pire cette situation sera aggravée selon le candidat DSK étant le chouchou de la droite il est inenvisageable qu'il figure au second tour. Les électeurs voulant une réelle alternative comme moi resteront chez eux. Ce scenario n'est pas acceptable. Eliminer Sarko ne peut plus conduire a n'importe quoi. La responsabilité du FdG est essentielle. L'image de Royal heureuse de sa défaite m'est restée en travers de la gorge. Mais au fait le PS voulait il gagner? Il est plus confortable de gérer des collectivités discrètement au service des multinationales en transférant l'argent des contribuables vers les coffres des grands groupes se substituant aux services publics.


Blog basé sur Wordpress © 2009/2015 INFO Service - V3 Archive