27avr 10

Mercredi à 18h30, 18 rue Lafayette à Paris

Rassemblement d’urgence pour le peuple grec et contre les banques

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Mes amis, je vous donne rendez vous, pour l’honneur, pour les Grecs, pour la fraternité européenne, contre les banques et les gouvernements qui les protègent, mercredi 28 avril à 18h30 devant le siège de l'Association française des Banques, 18 rue Lafayette à Paris dans le 9ème.

Il s’agit de dire aux Grecs que nous sommes de leur côté, contre les banques qui les saignent ! Peu importe combien nous serons rassemblés devant le siège de la ligue des banques! Il faut agir pour que, d’une façon ou d’une autre, les Grecs sachent que nous avons compris ce qui leur arrive et que nous sommes de leur côté. Qu’ils sachent que nous ne sommes pas d’accord avec notre gouvernement pour alourdir leur dette et prélever sur leur dos 150 millions d'euros comme s’en vante le ministre des finances de notre pays.

Je voudrais bien pouvoir compter sur vous car tout cela est improvisé en dernière minute. Le déclencheur pour nous a été une lettre reçue de nos amis grecs. Dans une semaine le plan d'aide arrive au parlement français. Notre responsabilité est engagée.

Alors est tombé sur nous le sentiment d’une responsabilité particulière et nous ne supportions pas l’idée de n’avoir que des commentaires à faire. Nous nous sommes dit : "on va y aller! On va sortir devant les banques et peu importe combien on sera!" On commence le mouvement de solidarité active et on verra bien quels rebondissements il connaitra ensuite dans les jours qui viennent ! Nous irons devant le siège des banques ! Par exaspération et lassitude d’entendre le ronron médiatico-politique sur « les Grecs qui ont trop dépensé », les numéros de gros bras du gouvernement allemand, la veulerie du notre, le silence des eurolâtres « oui-ouistes » dont chaque jour qui passe montre de quel genre de marionnettes bavardes et nuisibles est fait ce camp. On ira, pour dire que – contre vents et marées –  nous sommes pour l’Europe du peuple souverain contre les voyous des banques et les eurocrates de la Commission Barroso. On ira pour dire qu’on attend les susdits voyous de pieds fermes s’ils se risquent à mettre leurs grosses pattes du côté de chez nous. Faites passer.

A demain mercredi devant le 9 rue Lafayette. Surtout, faites passer la consigne. A la suite, je donne mes arguments.

Hier on a reçu au siège du Parti de Gauche une lettre de nos camarades grecs du parti « frère » (je n’ai pas trouvé d’expression pour dire « comparable » et « ami »…) SYNASPISMOS. Une lettre assez poignante d’appel au secours. Elle recoupe les échos des camarades qui passent par la Grèce ces temps et ceux des expatriés français, nos adhérents en Grèce. Chaque jour il y a des manifestations de rue dans les villes. Chaque jour les gens se débattent pour affronter la crise et les banquiers tandis que leur gouvernement, docile, courbe l’échine et livre le peuple à ses bourreaux.  Voyons cela de près.

Jeudi dernier 22 avril, la Grèce a reçu un double mauvais coup : la Commission européenne l’a accusé d’avoir maquillé l’ampleur de son déficit 2009, réévalué par Eurostat de 12,7 à 13,6 % du PIB. Aussitôt cela a entraîné une nouvelle dégradation de la note grecque par les agences de notation. Et aussitôt également il y a eu une nouvelle flambée des taux de la dette grecque. Ils ont dépassé vendredi 23 avril les 8 %, pour le taux d’un emprunt à 10 ans et les 10 % pour le taux d’un emprunt à 2 ans. Ces chiffres montrent a ceux qui savent interpréter ce genre de données une impressionnante et inédite inversion des différences de taux. Dorénavant, les taux court sont plus élevés que les taux longs. Cela traduit la « défiance » encore accrue des « marchés ». Ils soupçonnent, à juste titre puisqu’ils en ont créé les conditions eux-mêmes, que la Grèce aura du mal à se financer à court terme. C’est un signal ! Prophétie auto-réalisatrice par excellence ! Ainsi le gouvernement grec est placé dans une situation critique pour gérer sa trésorerie. La Grèce doit en effet rembourser 9 milliards d’euros à échéance du 19 mai et ne pourra pas le faire sans aide, à moins de dégrader encore plus lourdement sa situation budgétaire compte tenu du niveau prohibitif des taux. Donc, vendredi 23 avril, le gouvernement grec a capitulé et fait appel au mécanisme d’aide prévu par l’UE et le FMI dont il affirmait pouvoir se passer. 

Et maintenant ? L’Allemagne a bloqué l’activation de l’aide. La journée du lundi 26 avril a tourné au cauchemar pour la Grèce avec des taux à 10 ans qui ont atteint 9,4 % et des taux à 2 ans qui ont franchi la barre des 13 %. Le cours des contrats d’assurance défaut (CDS) sur la dette grecque se sont à nouveau envolés. C’est le principal moteur de la spéculation contre la Grèce puisque de gens qui n’ont pas un euro prêté aux grecs peuvent par contre  posséder un titre d’assurance sur sa dette et donc avoir intérêt à ce que l’Etat grec ne puisse rembourser et toucher ainsi l’assurance ! Il faut désormais 713 000 dollars pour s’assurer sur le paiement de 10 millions de dette hellénique ! Ce niveau c’est celui des CDS de l’Argentine et du Venezuela, mauvais élèves des marchés, depuis qu’ils ont mis dehors le FMI et restructuré unilatéralement leurs dettes. Du coup, la totalité des efforts et privations du précédent plan de rigueur sont engloutis par la nouvelle élévation de la dette qui résulte de frais d’emprunt. Comprendre tout cela c’est se préparer à comprendre ce qui va arriver chez nous le cas échéant !

Un nouveau plan de rigueur ! Tel quel. Ce sera le troisième en six mois ! Cette merveille est en cours de « négociation » entre le gouvernement grec, le FMI et la Commission européenne. A l’issue de ces palabres, si la saignée est jugée suffisante il y aura  le déblocage d’un prêt estimé à 45 milliards d’euros. L’Europe qui devrait prêter 30 milliards est à la table de dépeçage, en toute fraternité ! Vive l’Europe qui protège ! Le ministre grec des finances, un social démocrate docile comme un laquais,  a promis de « nouvelles mesures concrètes » pour réduire « drastiquement » le déficit. On peine cependant à imaginer quelles coupes peuvent encore être envisagées ! Mais pour tabasser le peuple ces gens là ont toujours des idées. Modernes, cela va de soi ! Sauf celle de consulter le peuple grec comme le demande nos camarades de Synaspismos.

Voici la lettre de nos camarades de Synaspismos, d’Athènes en date du 23 Avril 2010. « Chers camarades,  Ce matin, le Premier ministre grec a annoncé son intention d'utiliser les mécanismes de l'UE et du FMI pour répondre à la crise. Cette perspective est un choix désastreux pour la Grèce et annonce des développements négatifs pour tous les peuples en Europe. Synaspismos et le Parti de la Gauche européenne ont déjà proposé des alternatives pour faire face à la crise.  Les forces dominantes en Europe, conduites par le système financier européen, la Banque centrale européenne et la chancelière allemande, Mme Angela Merkel, avec le Premier ministre grec et son gouvernement ont tout fait pour mettre en place ce choix désastreux. Il est maintenant demandé au peuple grec de payer le prix d'une crise pour laquelle il n’est absolument pas responsable. Le peuple grec est opposé à ces options. Le gouvernement de Papandreou refuse même de demander au Parlement d'approuver son choix. Synaspismos et notre coalition SYRIZA, demandent un référendum immédiatement! C'est sur les épaules des travailleurs grecs que repose maintenant la grande responsabilité de résister à ces décisions, au nom des générations futures – au nom de tous les travailleurs et des peuples européens.

Chers camarades, nous vous invitons à envoyer aux membres de votre parti, mais aussi à toute la classe ouvrière et aux citoyens, non seulement un message de soutien au peuple grec, mais aussi un message de collaboration et de coordination avec notre action, afin de développer les luttes partout en Europe, contre l'attaque subie par le peuple grec aujourd'hui et à laquelle devront faire face tout le peuple européen demain.
Nous devons résister ensemble.  Changeons l'Europe ensemble et transformons-là en une Europe de paix, de démocratie et de justice. Agissons maintenant.

Alexis Tsipras, Président de Synaspismos,

Président du Groupe Parlementaire de SYRIZA »

Et maintenant voici le texte de la déclaration que nous avons rédigé hier au PG pour nous mettre en mouvement. Nous avons appelé à un « Rassemblement de solidarité avec le peuple grec victime des banques ».

« Le Parti de Gauche dénonce la punition imposée au peuple grec par les dirigeants européens, le FMI et les grandes banques mondiales, ceux-là même qui sont les vrais coupables et profiteurs du malheur des Grecs. Les comptes publics maquillés? Les banques d'affaires comme Goldman Sachs les ont préparés pour le gouvernement grec. Le poids de la dette ? Il s'alourdit chaque jour à cause de la spéculation financière et des taux d'intérêt exorbitants exigés par les banques. Le risque de faillite? Il serait conjuré si le traité de Lisbonne n'interdisait pas aux Etats emprunter auprès de la Banque Centrale européenne comme le font les banques à un taux d'1% seulement. Les sacrifices réclamés à cors et à cris ? Ce sont toujours les peuples qui doivent payer afin que la finance puisse continuer à s'empiffrer.
Face aux banques, où est donc « l'Europe qui protège » ? A peine la Grèce a-t-elle demandé à bénéficier de l'aide des autres Etats membres que la chancelière allemande s'y est refusé et a exigé de nouveaux sacrifices. En France, la ministre Lagarde annonce que l'argent prêté aux Grecs pourrait rapporter 150 millions d'euros à l'Etat, sans compter le bénéfice des banques. Décidément, derrière les belles paroles, tous cherchent à se faire de l'argent sur le dos du peuple grec !

Si les banques font plier la Grèce, elles attaqueront demain d'autres pays européens. C'est un bras de fer décisif qui s'engage entre les citoyens et les banques. Pour notre part nous affirmons le droit des européens à bénéficier des richesses qu’ils produisent. Nous défendons la souveraineté populaire face aux diktats des banques. Nous affirmons la solidarité des peuples face à la compétition du marché libre. Nous exigeons donc que l'argent prêté aux Grecs le soit sans profit pour les banques, au taux de 1% dont elles bénéficient auprès de la BCE. Nous allons contacter toutes les organisations de gauche pour constituer le cadre unitaire le plus large pour ce soutien au peuple grec victime du parasitisme bancaire."


162 commentaires à “Rassemblement d’urgence pour le peuple grec et contre les banques”
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  1. BA dit :

    Nous venons d'apprendre qu'il faudrait prêter à la Grèce 120 milliards d'euros en 3 ans.

    Sur ces 120 milliards, l'Allemagne devrait prêter à elle-seule 25,2 milliards d'euros à la Grèce :

    "Sur le volet européen du plan d'aide commun des pays de la zone euro et du FMI, l'Allemagne en supporterait la plus grosse partie, soit 8,4 milliards d'euros sur 30 milliards d'euros cette année. L'aide atteindrait 45 milliards d'euros cette année avec l'apport du FMI.
    Un besoin de 120 milliards d'euros sur trois ans se traduirait par une contribution allemande d'au moins 25 milliards d'euros, a indiqué Thomas Oppermann, député social-démocrate qui a participé aux discussions à Berlin."

    (Dépêche AFP)

    Je parie donc une choucroute que l'Allemagne ne prêtera pas 8,4 milliards d'euros à la Grèce cette année, ni même 25,2 milliards d'euros à la Grèce en 3 ans, ni même XXX milliards d'euros au Portugal, ni même XXX milliards d'euros à l'Espagne, ni même XXX milliards d'euros à l'Italie, etc, etc, etc.

    L'Allemagne ne prêtera pas un seul euro car elle sait très bien qu'elle ne serait jamais remboursée par tous ces pays hyper-endettés.

    Un article à lire absolument :

    http://www.lesechos.fr/info/inter/afp_00247948-la-grece-ne-remboursera-jamais-l-aide-financiere-a-l-allemagne-estime-le-president-de-l-ifo.htm

    Concrètement, nous devons donc proposer au peuple français la solution la plus urgente :

    - nationalisation immédiate de toutes les banques françaises ;

    - expropriation de leurs actionnaires (il ne faudra pas donner un seul centime aux actionnaires des banques françaises).

  2. Darthé-Payan dit :

    @ Jean-Jacques

    jean-jacques dit:

    28 avril 2010 à 21h48
    "Une seule issue : nous devons sortir de l’euro, que chaque pays reprenne son indépendance monétaire pour mettre fin au diktat des marchés et retrouver des marges de manoeuvre, la politique monétaire doit procéder du pouvoir politique démocratiquement élu dans chaque pays, il faut remettre des frontières et rétablir le contrôle des changes, et enfin remettre au goût du jour le programme élaboré par le conseil national de la Résistance !
    Voilà notre combat : sauver les valeurs de la République !"

    Que de choses justes dans ton commentaires. La France doit sortir de l'Union Européenne,reprendre sa souveraineté politique, économique, monétaire,financière. Oui remettre les élements de présence, de contrôle et de protections qui sont élements fondemmentaux d'un Etats nations. Le programme du CNR et se réapproprier l'économie. Faire la refondation républicaine des institutions, de la société et mettre en perspective l'émancipation de la personne humaine par la citoyenneté et la souveraineté.

    Sur mon blog, je donne mon point de vue sur la crise grecque et ce qu'elle peut nous enseigner.
    http://darthe-payan-lejacobin.over-blog.com/article-ce-que-la-crise-grecque-nous-enseigne-redevenir-souverain-et-se-re-approprier-l-economie-49439724.html

    Il est aussi présent sur le blog du Manifeste Jacobin.

    Bien fraternellement à toi.
    Fabien

  3. Descartes dit :

    @ifig (#384 dernier fil)

    Par contre, ta position est un peu absolutiste sur l’impossibilité d’avoir une communauté politique multilingue. Que tu le veuilles ou non, il y a pas mal de contre-exemples : la Suisse, le Canada, et même la Belgique.

    Ni la Suisse ni la Belgique ne sont des "communautés politiques". En Suisse, la "communauté politique" c'est le canton. Même chose en Belgique, ou la "communauté politique" c'est la communauté linguistique. Je connais moins l'exemple canadien, mais je n'ai pas l'impression que les inuit canadiens se sentent "membres de la communauté politique" canadienne...

    Une "communauté politique" implique l'indifférenciation juridique des citoyens: tous les membres d'une communauté politique sont censés en effet délibérer sur des normes qui s'appliquent également à tous. Dès lors qu'on admet que telle ou telle "communauté" soit soumise à des normes juridiques qui lui sont propres, il n'y a plus de "communauté politique".

  4. 4 Août dit :

    @ BA

    "Je parie donc une choucroute"

    T'en es à au moins 5 choucroutes aujourd'hui. Tu fais des réserves pour la crise ?

    ;-)

  5. 4 Août dit :

    @ Lotfi

    Bienvenu !

    Mention spéciale pour la photo N&B en gros plan de Jean-Luc Mélenchon.

  6. COSTE J-P dit :

    Merci pour cette initiative honorable, dans ce monde soumis au Capitalisme du Désastre !

  7. jefmergen dit :

    bonjour
    on en reviendra toujours au vote "non au Réferandum" qui ne fut pas respecté par nos dirigeants.
    une Europe des financiers, sans une protection sociale, sans une entraide des pays participants, c'est une Europe de feuilles mortes balayée par le premier coup de vent...
    et la spéculation de la mondialisation sauvage souffle en ce moment !

  8. DUROC dit :

    Monsieur,j'ai bien aime votre intervention chez Ruquier il y a une semaine concernant les retraites.Comme vous le dites il ya des solutions pour financer les retraites et pas specialement en repoussant l'age du depart.En effet en taxant les stock options,l'interessement,la participation et les revenus du capital on pourrait en partie combler le deficit.Pourquoi faire toujours payer la classe moyenne dont je fais partie?Sarkozy ne veut pas penaliser ses copains et comme d'habitude on va faire payer les petites gens.Faites vous entendre partout,diffuser plus amplement vos suggestions car aujourd hui 90% DES FRANCAIS SONT PERSUADES QU IL FAUDRAS TRAVAILLER JUSQUA 65ANS carv le seul message qui passe aupres des medias c est celui de L'UMPavec l approbation de ces memes medias(journalistes)
    Bon courage!

  9. arnardi roger dit :

    bravo pour l'excellente intervention à la TL sur le voile, la Grèce et l'enseignement technique, le reste je ne l'ai pas vu
    arnardi roger PG. béziers

  10. goldfinger dit :

    Bonjour M. Mélenchon,

    En créant le Pärti de gauche, vous avez déclaré vous réclamer de "Die Linke" d'Oscar Lafontaine invité lau lancement de votre parti.Or savez-vous que ce dernier se prononce CONTRE "le plan de sauvetage de la Grèce", Il se prononce clairement contre ce qui n'est en fait qu'un plan bis de sauvetage des banques et des spéculateurs qui ont joué avec les obligations grecques. D'ailleurs, vous le savez fort bien puisque hier sur BFM TV vous avez affirmé l'impérieuse nécessité de sauver entre autres le Crédit Agricole (dont la filiale n'est autre que la banque Lazard....)
    On pourrait encore citer les appels au secours lancés par la multinationale AXA et par DEXIA...
    La vocation du Parti de gauche est-elle de venir au secours secours aux banques et aux spéculateurs de tous poils,au prix de l'étranglement des salariés, fonctionnaires, retraités ?
    Dans cette même émission, vous vous êtes vous -même qualifié "marxiste". Effectivement, il y a deux classes sociales aux intérêts diamétralement opposés. Mais en venant au secours des banques et des spéculateurs, ne vous êtes vous pas trompé de camp?
    Bien à vous,
    Goldfinger

  11. Goldfinger dit :

    Monsieur Mélenchon,

    Encore un petit détail: il semblerait que le gouvernement grec soit conseillé par M. Mathieu Pigasse, le nouveau patron de la banque Lazard....et principale filiale du Crédit Agricole dont on sait qu'elle aurait été plantée en cas de défaut sur la dette grecque. Les conflits d'intérêt, les grosses magouilles et les ardoises laissées aux contribuables, il n'y a pas que chez Godmann Sachs....
    Bien à vous,
    Goldfinger


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