24fév 10

Du Languedoc Roussillon et du MODEM

Carnet de Campagne

J ’ai pris le train, de nouveau, pour remonter de Perpignan. Mon périple m’a conduit de Drôme en Ardèche et Pyrénées orientales. Je remonte vers Narbonne. Le TGV, cette pure merveille, passe en frontière de rivages et nous 230220102912paraissons voler sur l’eau. Les paysages du Roussillon étalent leur splendeur. Lundi soir, c’était l’inauguration de notre permanence de campagne en plein Perpignan. Le nombre des gens venus soutenir notre liste rendait le lieu impraticable. Nous voila donc grimpés sur une chaise en pleine rue, René Revol et moi, après tous les autres, prenant la parole parmi les nôtres, mines souriantes et complices dans le bonheur de cet instant militant. Et quand tout fut dit, mangé, et bu, on fit le point René et moi entourés de la poignée de ceux qui étaient restés. Mais je commence par un portrait. Celui de René Revol, notre tête de liste en Languedoc Roussillon. Mais ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Je raconte les dernières du coin. Ensuite je parle du MODEM. En effet je viens de mettre en ligne comme sur le site du Parti de gauche la brochure que nous venons d’éditer sur cette organisation et les prises de position de son dirigeant, monsieur Bayrou.

L’art du Portrait

Ce qui suit est tiré de «MIDI LIBRE», édition du jeudi 18 février 2010. C’est un portrait de René Revol qui m’a amusé et dont j’ai pensé qu’il serait à sa place, à cet revol_cand2instant de la campagne, sur mon blog. Cela m’évite d’avoir à le faire. Tout en me donnant le confort de la critique. René est plus profond que le montre ce papier, ayant pour lui une culture historique qui lui fait bien sentir à la fois ce que notre situation a d’exaltant, tout ce qu’elle contient d’exigences parfois hors de portée et ce qu’elle porte d’éphémère. Notre angoisse commune est d’appartenir à une génération qui pourrait se trouver coincée dans un ressac de l’histoire. Quand je lis cette phrase qui lui est attribuée «je veux qu’on m’aime», j’éclate de rire. On pourrait croire qu’il est en manque. J’atteste que ce n’est pas le cas. Cela veut dire qu’il veut se rendre aimable. Etre apprécié. Le contraire donc du narcissisme. La vérité est, en quelque sorte, pour nous, à gauche, dans le regard de ceux que l’on veut représenter. Ce regard nous met à notre place et nous permet de mesurer ce qu’il reste à faire. Nos portraits les plus aigus circulent avec ceux qui nous croisent.

«René Revol, un Rouge à l'écoute»

Biographie, parcours, atouts, faiblesses, entourage et ennemis politiques… Zoom cette fois-ci sur René Revol, tête de liste du Front de Gauche / NPA.

Bio express

Naissance: Le 22 novembre 1947 à Grenoble (Isère). Famille: marié et père de trois enfants. Profession : professeur en classe préparatoire à Normale Sup au lycée Alphonse-Daudet, à Nîmes et à l'IUFM de Montpellier.

Entourage
Avec son faux air espiègle de Robbie Williams, il a un côté prof dans le Cercle des poètes disparus. Frêche dit de lui que c'est un « gentil ». D'abord par respect pour l'agrégé de Sciences éco, dirigeant étudiant en 1968 à Grenoble, auteur d'ouvrages de référence, etc. Il fut l'éminence grise de Mélenchon, de 2000 à 2002, quand celui-ci était ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Tous deux sont d'anciens trotskistes et peuvent se dire « a vérité». Comme Revol l'aurait dite à Frêche, refusant une vice-présidence de l'Agglo appointée, sans marge de manœuvre. Pour lui, la base prime sur le sommet. Il mobilisa les profs pour faire bouger les caciques du ministère. René Revol, 62 ans, a conquis la mairie de Grabels en 2008 avec la même stratégie. Formé à la dialectique trotskiste, il s'entend même avec les « bobos ». Rond. Rassembleur. Réfléchi. Sa cheville ouvrière, c'est Thierry Angles (PCF), concepteur de projets culturels, coordinateur de la campagne. Ses amis : le psychiatre Charles Ménard (ex-PS) et Jean-Luc Mélenchon. «René n'est pas sectaire et il sait rassembler. C'est un cas.» Ou encore Bruno Flacher, son « frère », connu en… 1965 sur les bancs de Sciences politiques.

Ennemis

Pas vraiment d'ennemis. Mais René Revol a une ligne claire, contre Frêche. Il y a presque un an, il fut le premier, avec l'ancien maire de Sète, François Liberti, Christine Lazerges (ex-députée PS) et Jean-Louis Roumégas (Verts) à lancer un appel «au respect des élus, des formations politiques et des électeurs qui ne sont pas des cons», salve visant directement Georges Frêche, «obstacle au rassemblement de la gauche».

Parcours
René Revol, père de trois enfants de 34, 21 et 13 ans, est né dans une famille de mineurs «sans savoir, ni pouvoir, ni richesse». Son père, résistant «dès 1942», est décédé en décembre dernier. Son frère, six mois avant. Études brillantissimes : major de Sciences politiques, thèse d'Histoire. 290120102679Sous l'influence de l'un des papes du trotskisme, Pierre Broué, il sera d'extrême gauche. Long apprentissage de la politique avec des mandats syndicaux. Une maxime : «La vérité prend le pas sur tout le reste». Être dans la minorité, c'est le meilleur endroit pour scruter le monde. Il fut marié avec la fille d'un ex-élu de Grenoble, remarié avec une prof des écoles. En 1980, il rompt avec le trotskisme qui n'est «plus la pointe avancée de l'union de la gauche». Arrive au PS. En 2008, après le congrès de Reims, il crée le Parti de gauche avec Mélenchon. Depuis, il s'engueule gentiment avec son fils de 13 ans, pro-Besancenot. La discussion animée est une tradition familiale. «Il faut que je le convainque avant qu'il ne soit en âge de voter», rigole-t-il. Le débat reste à l'extrême. Pas comme avec son père, gaulliste. Il lit. Il voyage. New York. Les Antilles. Il aime se souvenir de la remontée d'un fleuve en Guyane, campant et nourrissant le feu toutes les trois heures «pour éloigner les animaux». Revol se vide l'esprit en kayak de mer, à Villeneuve-les-Maguelone ou en Bretagne. Il a cette phrase, fondatrice : «J'ai le sentiment d'une dette.» René Revol se sent «redevable envers mes parents. Ils m'ont sorti de la merde. Je suis fils de pauvre et ils se sont saignés pour que je fasse des études. Tous m'ont enseigné l'authenticité.» Citant René Char, il renchérit : «Notre héritage n'est précédé d'aucun testament.»

Atouts
«Je veux qu'on m'aime.» René Revol, éternelle chemise rouge sur les épaules, est un émotif. Ses élèves le surnomment «DR»: débit rapide. A Grabels, pour les gamins, c'est René. Normal, il est resté 15 ans président local des parents d'élèves. Nombreux sont ceux qui louent son écoute. Ils ont peur qu'une fois élu, il se détourne de la commune. «Je m'occupe de toutes les petites choses qui les embêtent.» Ses proches, sa femme en tête, ajoutent : «Sa plus grande qualité, c'est son plus grand défaut : il adore gagner.» N'est-il pas l'un des rares en France à avoir rassemblé autant d'organisations d'extrême gauche sur sa liste.

Faiblesses
Ce n'est pas un chef. Plutôt un rassembleur. Son charisme se résume à son côté cabotin. «Je ne supporte pas de perdre», ajoute-t-il. Même au ping-pong avec ses enfants. «Je ne suis pas assez prudent.» On le dit exigeant. «Je veux que le travail soit fait la…veille.» Un Cassandre ? «On est entré dans l'ère des tempêtes. La crise est loin d'être finie», professe-t-il. «Les gens préfèrent qu'on leur parle du beau temps mais c'est comme ça ; c'est l'ère des tempêtes…» Pour lui, la Grèce qui s'enfonce dans ses dettes abyssales, c'est le début de la fin. «La dette privée épongée par la dette publique encore plus forte… Et par les impôts. Ça ne peut pas continuer.» Lui croit en son chemin.

RETOUR EN SEPTIMANIE

Comme j’ai choisi de donner un ton de libre commentaires à ce que je vis en déplacement, je prie les puristes de ne pas trop s’indigner quand ils ne trouveront pas dans mes notes les indications qu’ils attendent concernant notre programme en Languedoc Roussillon. Sur place j’ai 230220102915trouvé pas mal de lassitude à suivre le feuilleton quotidien des foucades socialistes. Mais aussi une attraction morbide pour ce spectacle. Avec la menace de Frèche de virer Mandroux de la municipalité de Montpellier, la nature de la guerre locale s’est élevée d’un cran. Avec la venue sur place de François Rebsamen maire de Dijon, ex numéro deux du parti socialiste et de Gérard Collomb, président du conseil national du PS et maire de Lyon, pour soutenir le cacique local, on voit se dessiner le pointillé qui va déchirer le Parti Socialiste bien au-delà de la région Languedoc Roussillon. En réalité, d’une manière imprévue et originale, la primaire au PS est commencée. Et, comme prévu, elle charrie une dose de violences d’autant plus grande qu’aucun ne dit mot sur les contenus que sa position véhicule en réalité. Les féodaux félons qui défient la direction Aubry-Bartolone-Cambadelis portent davantage qu’une solidarité de caste. Naturellement notre travail local devrait provoquer un tremblement de terre s’il aboutit. L’autre gauche passera devant le PS officiel au premier tour. Et avec le coup de collier dont nous avons besoin nous pouvons aussi prendre la région. En effet aujourd’hui les deux blocs, la gauche d’un côté, de Revol à Mandroux en passant par Roumegas et de l’autre côté Frèche, nous sommes a égalité dans les sondages ! Languedoc Roussillon peut être le cimetière d’un certain ordre à gauche !

LES BONNES QUESTIONS

Il y a maintenant plusieurs semaines de 230220102920cela, nous préparions le lancement de notre campagne des élections régionales. L’exercice consistait à récapituler les objectifs que nous visons pour les mettre en mots sous la forme la plus synthétique et percutante possible. Cette sorte de séance de travail permet surtout de mettre les idées au clair. On fait une liste donc, avec un stylo et une feuille de papier. Et, à mesure on pose les «questions à la con» parce qu’il est absolument certain qu’elles nous seront posées. Devinez par qui. Ensuite il y a les questions qu’on aimerait qu’on nous pose mais que nous n’avons aucune chance d’entendre. Celles-là il faut créer les conditions pour qu’elles arrivent. Donc on choisit un angle pour les faire venir. Par exemple agresser par un trait d’humour où un bon mot quelqu’un de nos adversaires pour déclencher une polémique. Les «questions à la con» ne sont pas toutes nuisibles. Elles conduisent parfois à des réflexions mieux ajustées que ne l’étaient nos premières formules. Ce sont des enchainements qui sont précieux pour l’esprit. Et politiquement féconds. Ecoutez bien ceci : les bonnes réponses font les bonnes questions et non l’inverse. Ainsi à propos de cette question : «quel score espérez-vous faire».

DANS l’AIR DU TEMPS

Il n’y a pas de réponse honnête à cette question. Supposons que je réponde «51%». Ce serait intellectuellement honnête. J’ai toujours fait campagne pour gagner. Mais ce ne sera pas apprécié comme une réponse crédible. Et je veux 230220102911bien l’admettre. Où mettre la barre ? Tout chiffre en dessous de la majorité est disqualifiant. Ce n’est pas le seul inconvénient de ce type de réponse chiffré. Comme elle «n’est pas crédible», cela contraindra à revenir sur le sujet. Et cette fois-ci il ne s’agira plus seulement de dire quelque chose de crédible. Il faudra dire quelque chose de croyable. C'est-à-dire qui soit conforme à ce qui est dans l’air du temps. C'est-à-dire en dessous de dix pour cent pour être conforme avec les sondages. Un esprit superficiel dira que c’est évident et honnête. Un esprit taquin demandera à quoi sert une question dont la réponse est connue d’avance. Le taquin aura sa réponse : il s’agit de mettre en difficulté.

VOUS VOUS RALLIEZ ?

Car aussitôt la question qui tue sera là: «avec qui ferez-vous alliance au deuxième tour». Là encore la réponse est connue d’avance car elle a été répétée cent fois. C’est la même depuis deux siècles d’élection : au deuxième tour la gauche se rassemble contre la droite. Alors pourquoi poser la question, si la réponse est connue ? Devinez ! Pour nous c’est alors le pire à partir de là. Car plus un mot ne sera dit du premier tour, de nos objectifs propres, de notre programme. Tout sera ramené à une question de tactique électorale très pauvre : «donc au deuxième tour vous vous rallierez» ? Tout est dans le verbe «rallier». C’est lui qui 230220102913brise toute singularité, disqualifie votre présence au premier tour et ainsi de suite. Ne rêvez pas : jamais vous n’aurez le temps d’expliquer pourquoi la « discipline républicaine » n’est pas un ralliement. D’ailleurs le plus souvent quand on indique que le NPA lui aussi fait des «fusions techniques» au deuxième tour avec les socialistes, beaucoup le découvrent. Et nombreux n’y croient pas. Peu importe. Il faut comprendre que le contenu général d’un tel ordre de questionnement est évidemment strictement moulé dans l’idéologie dominante. Un journaliste n’a pas à vous «servir la soupe». Entendez : il n’a pas  à vous aider à exprimer vos idées. Il doit au contraire vous obliger à «aller plus loin». C’est à dire là où vous ne voulez pas aller parce que c’est sans intérêt pour vous.

LA BONNE REPONSE

Mieux vaut le comprendre à temps pour éviter de perdre des opportunités. Et par conséquence, mieux vaut donc s’adapter aux normes de ce type de production «informative» plutôt que de pleurnicher sur la «malhonnêteté intellectuelle des médias» et ainsi de suite. En ayant cela à l’esprit nous avons mis au point notre réponse. «Quel score visez-vous ?» Quelle est la bonne réponse ? Celle qui permet d’installer votre paysage, de poser vos problèmes d’exposer vos solutions et d’obtenir des rebonds. Tout en répondant à la question posée. Car le type ou la fille en face est payé pour ramener quelque chose à publier ou à montrer. Il faut faire au format. Bref, clair et si possible piquant, c'est-à-dire agressif contre quelqu’un d’autre ! Quel score espérons-nous ? Celui qui nous placera devant le Modem et le Front National. Le Front national c’est pour l’honneur de lui prendre ses électeurs en leur faisant comprendre que la cause de leurs problèmes ce n’est pas l’étranger mais l’inégalité et le capitalisme. Ca tient en une phrase vous avez vu ? Et le Modem ? Pour empêcher la gauche de virer à droite en s’alliant avec le centre. Une phrase, pas davantage. Et maintenant, rajoutez un peu de sel pour relever le goût. «Le PS devra choisir au deuxième tour : c’est le Modem ou le Front de gauche !» On voit que, tout compte, fait les «questions à la con» peuvent aider à formuler des réponses utiles.

LE DEVOIR D’EXPLIQUER

Pour autant tout n’est pas réglé. Je pense au MODEM. Le nombre de ceux qui ne comprennent pas ce que nous avons contre monsieur Bayrou est plus important que le croient les militants politiques chevronnés que nous sommes. Nous avons donc fait une brochure. Un 210220102904vrai travail d’enquête. Il s’agit de fournir de façon aussi claire et complète que possible les arguments documentés qui conduisent le Parti de Gauche à refuser totalement l’alliance de la gauche avec le MODEM. Ce travail nous permet de montrer qu’il ne s’agit pas d’une opposition à la personne de monsieur Bayrou. Sur le plan humain et en ce qui concerne l’opiniâtreté il a droit à toute notre considération. Nous ne nous référons pas non plus à la longue carrière de monsieur Bayrou dans les rangs de la droite et dans ses gouvernements. Tout le monde a le droit de changer d’avis et c’est un signe de bonne santé mentale que d’être capable parfois de révision de ses certitudes. Surtout s’il s’agissait de passer de droite à gauche !

LA PREUVE PAR L’ECRIT

Notre raisonnement se réfère aux positions politiques actuelles sur lesquelles se fonde l’action de monsieur Bayrou et de son mouvement, le MODEM. Pour les connaitre notre enquête part d’abord du dernier document adopté par ce parti, le «projet humaniste», qu’il vient d’adopter en vue des élections régionales. Pour situer plus précisément les contours de sa politique dans les domaines qui ne sont pas évoqués dans ce manifeste, nous nous reportons aux déclarations et prises de position de monsieur Bayrou au cours des élections présidentielles de 2007. Ca fait loin déjà ? Oui et non. D’abord il est juste d’utiliser ces documents parce que l’intéressé ne s’en est jamais dédit. Ensuite parce que lui-même fonde encore aujourd’hui sa légitimité politique sur le résultat qu’il a obtenu à cette élection avec ce programme. Nous utilisons aussi les prises de positions de l’UDF, juste avant l’élection présidentielle de 2007. Nous le faisons parce que beaucoup semble avoir oublié que l’UDF était alors présidée par monsieur Bayrou lui-même. Cependant nous nous en sommes tenus aux seuls votes à l’Assemblée Nationale que monsieur Bayrou a personnellement fait à cette époque.

SANS DEGUISEMENT

Notre recollement montre qui est monsieur Bayrou en politique. Il est a droite. C’est bien son droit. Ce qui est condamnable à nos yeux c’est de vouloir faire croire autre chose à son sujet comme le font les dirigeants socialistes. Monsieur Bayrou n’est pas et n’a jamais été un compagnon de route de la gauche mais un adversaire politique. Son opposition actuelle à Nicolas Sarkozy n’en fait pas pour autant un allié naturel. Ce n’est pas la première fois qu’un centriste et la gauche s’opposent à un troisième personnage contre son pouvoir personnel. En 1965, Jean Lecanuet s’opposait au général De Gaulle dans l’élection présidentielle. Pour autant la gauche présenta son propre candidat, François Mitterrand, et cette candidature unitaire commença le chemin qui menait à la victoire de 1981 et à l’application du programme commun de la gauche. La comparaison est très parlante.

DES ENJEUX COMPARABLES

210220102906Déjà à l’époque il avait fallu choisir entre deux orientations à gauche : la rupture avec le système ou son accompagnement. La SFIO qui avait fait campagne avec l’UNR pour l’adoption de la Constitution de la cinquième république fut contrainte au soutien du candidat de la gauche. Elle le fut du fait de l’alliance des communistes et d’un secteur du socialisme ! Bien sur l’histoire ne se répète pas. Mais pour qui est des fondamentaux, les enjeux sont les mêmes. Le centrisme, qu’il prenne la forme d’une alliance politique ou d’un contenu programmatique est le cancer qui ronge la social démocratie européenne. La maladie a tué la gauche en Italie. Il l’a largement détruite partout dans le reste de l’Europe. Il la paralyse face aux rebondissements de la crise du capitalisme en Europe et dans le monde. Le Parti Socialistes français, d’une façon étrange, propose une alliance qu’il a toujours repoussé depuis sa refondation en 1971, chaque fois qu’elle lui a été proposée ou suggérée, de l’intérieur ou de l’extérieur. Il propose cette alliance au moment où son échec destructeur est devenu patent dans toute l’Europe. 210220102901Il le fait au prix d’un travestissement de l’identité politique et programmatique de son partenaire potentiel. Et cela alors même que celui-ci n’a jamais donné le moindre signe d’accord sur les fondamentaux de la gauche. Et alors même que toute l’autre gauche exprime son opposition absolue à cette alliance. Car alliance vaut choix. Pour le PS, ce sera le MODEM ou l’autre gauche. Le PS le sait. Ce sera le programme alternatif de la gauche ou l’arrangement avec « le projet humaniste ». C’est le contenu de cet arrangement dont notre document permet de connaitre dans quelles eaux de droite il s’ancrerait! Le PS le sait aussi. Son choix doit donc être contraint. Notre but être de tout faire pour éviter que le PS entraine la gauche dans le néant de cette alliance. Notre score aux élections vaudra mise au pied du mur. C’est pourquoi notre objectif est d’obtenir un résultat électoral supérieur à celui du MODEM. Notre travail d’enquête est donc destiné à nous aider à convaincre le plus grand nombre des électeurs de gauche que le vote pour le Front de gauche est le vote utile du premier tour. Ceux qui votent pour nous, votent pour empêcher l’alliance avec le Modem. En raison de notre programme et en raison de notre stratégie d’alliance. Et il est vrai que ce sont les deux faces d’une même orientation politique. 


160 commentaires à “Carnet de Campagne”
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  1. marc.malesherbes dit :

    @ Descartes (35)

    sur les musulmans et les attentats suicides

    il me semble que l'on approche d'une "convergence".
    En effet j'ai constaté notre accord sur le fait que les attentats suicides n'étaient pas réservés aux musulmans, mais que les "Tigres tamouls", les japonais avaient pratiqué ce type d'action.

    Sur la seconde guerre mondiale, il me faudra documenter des cas précis. A suivre.
    Sur le cas spécifique des juifs, il me faudra aller voir du coté du soulèvement du ghetto de Varsovie. A suivre.
    (je suis d'accord pour définir l'attentat suicide comme une démarche consciente d'attaque de "l'ennemi" sans espoir de survie dés le départ de l'action)

    nb1: vous écrivez
    Non. Je n’ai rien écrit sur « les musulmans terroristes par culture ». Je te serais reconnaissant de ne pas m’attribuer des idées ou des expressions qui ne sont pas les miennes.
    je n'avais pas l'intention de vous attribuer quoique ce soit, mais de faire un titre résumé pour permettre aux lecteurs du blog de "sauter" si le sujet ne les intéresse pas. (je n'ai nulle par écrit que c'était votre position)

  2. langue-rouge dit :

    @ dorant post 44 et @Michel Matin post 47

    Il y a quelque chose qui est encore pire que des sondages approximatifs ce sont des gens qui sur la base de leurs seules impressions personnelles ou même de leurs désirs refusent de voir l'évidence.

    Ceux et celles qui connaissent un peu les statitisques savent comment sont produits les sondages. Ceux qui font les sondages ne sont pas des gens qui se contentent de récolter des données brutes. La base même du travail statistique c'est arriver à faire correspondre le plus possible l'échantillon sur la réalité et il y a tout une série de biais statistiques qui sont pris en compte par les sondeurs pour tenter de mesurer l'opinion à un instant T et qui permet aux sondeurs de modifier les données brutes obtenues en prenant toute une série de paramétres. Tout le monder sait par exemple que les données brutes sur le vote FN obtenus par les sondeurs sont systématiquement réhaussées pour obtenir le niveau réel supposé du FN vu qu'une partie non négligeable de l'électorat FN refuse d'avouer son vote même dans les études anonymes
    Tous ceux qui racontent n'importe quoi sur les sondages peuvent reprendre chacune des élections passées et comparer avec les sondages dans la dernière semaine et ils verront qu'il est très rare qu'à 1 ou 2 points près (la marge d'erreur) les sondages se trompent. Voir par exemple le cas précis du NPA, du FdG. Surtout il faut observer les tendances à l'oeuvre dans l'opinion. Quand dans les dernières semaines on apperçoit dans les sondages une tendance régulière à la hausse (ou à la baisse) dans les sondages, il faut le prendre en compte. Cela permet d'éviter de se faire surprendre comme pour le score du FN en 2002 (qui monte régulièrement dans les dernières semaines avec Jospin qui se tasse et un écart dans les derniers jours inférieurs à la marge d'erreur) ou comme pour le score d'Europe Ecologie qui surprend par son ampleur mais qui n'est qu'une accentuation d'une tendance observable dans les derniers jours (remarquée par la presse) et une explosion en plein vol de Bayrou qui devant les premiers sondages qui le mettent derrière Europe Ecologie tente le tout pour le tout et accentue une tendance de fond dans les tous derniers jours.

    Quant à l'absence de dynamique en LR, rien d'étonnant à cela. D'où viennent essentiellement les électeurs qui se retrouvent sur la liste PS officielle ? Très peu viennent de Frêche ou d'Europe Ecologie. Vous imaginiez peut-être que le fait qu'il y ait 2 listes PS, ça n'allait pas avoir de répercussions sur la liste NPA-FdG ?

    Par ailleurs, l'unité est loin d'être suffisante en soit pour créer une dynamique comme les militants de la LCR s'en sont rendu compte avec les alliances LO-LCR entre 1998 et 2004. De la même manière une partie de l'électorat NPA très volatile et très abstentionniste (75% de ceux qui avaient voté Besancenot en 2007 se sont abstenus aux Européennes) ne suit pas le NPA dans ses alliances avec le FdG. J'en connais qui refusent absolument de voter pour un parti comme le PCF qui s'allie avec le PS (ou un ancien du PS comme Mélenchon) et qu'il faut aller chercher avec les dents pour qu'ils votent quand même en cas d'alliance.
    Certains basculent d'ailleurs sur le vote LO qui a tendance à frémir légèrement quand le NPA noue des alliances avec le PCF et/ou avec le PG.

    Bref, certains naïfs qui voyaient l'unité comme une condition suffisante pour créer une dynamique vont déchanter. Mais pour les raisons qui pourraient expliquer cette absence de dynamique y compris si dans le meilleur des cas on fait 11% en LR sont certainement à voir dans l'absence de démarcation suffisament claire par rapport à une orientation sociale-libérale et peut-être surtout dans l'atonie sociale.
    Contrairement à ce que certains semblent penser, si les dynamiques ou l'absence de dynamiques électorales peuvent peser sur le mouvement social, les dynamiques ou l'absence de dynamiques dans le mouvement sociale peuvent aussi peser sur le terrain électoral.

    Certains au NPA

  3. langue-rouge dit :

    Pour nuancer un peu ce que je disais précédemment sur les sondages, très souvent les questions elles-même, parfois même l'ordre dans lesquelles elles sont posées, le moment où elles sont posées permettent aux sondeurs d'obtenir des résultats les plus favorables possibles à leurs commanditaires.
    Un sondage commandé par le PS ou par l'UMP ou même par le PCF n'aura pas forcément les mêmes biais. Disons que le sondeur sera tenté de prendre le haut de la fourchette pour le score du FdG pour un sondage commandé par le PCF, la haut de la fourchette pour le score du PS, du FN et le bas de la fourchette pour le score de l'UMP par exemple, sans compter que la question peut être assez pourrie comme dans le sondage qui donnait Mandroux à 6% et la liste FdG-NPA à 11%
    La liste Frêche était présentée de telle façon qu'elle apparaissait comme une liste PS tandis que la liste Mandroux était présentée je crois comme émanant de la direction nationale du PS. Dans ces conditions pas étonnant que la liste Mandroux soit si basse. Le sondage visait manifestement à torpiller cette liste.

    Bref, je ferais plus confiance aux plusieurs sondages donnant la liste FdG-NPA à 7-8% qu'à l'unique sondage un peu étonnant la donnant à 11%. Si anomalie il devait y avoir ce serait plus sur ce sondage.

    Mais rien n'est encore perdu dans la dernière ligne droite.

    En parlant de sondages, il semble que le NPA revienne à ses niveaux d'avant la polémique et qu'en IdF il se stabilise au dessus des 5% ce qui à mon sens est très haut. J'avoue n'y croire qu'à moitié mais peut-être que finallement on ne souffrira pas autant que je ne l'imaginais de la chasse aux sorcières déclenchée par le foulard d'une de nos 2000 candidates en position non éligible.

  4. Pascal PG32 dit :

    A lire certains commentaires, il est clair qu'une victoire dans une région où l'unité compléte est réalisée rendrait malade leurs auteurs et pas seulement des partisans de la sociale démocratie...c'est bizarre ! Enfin NS peut dormir tranquille, il a des alliés même là on s'y attend le moins...

  5. Hold-up dit :

    @ Michel Matain N° 47

    "1 % des suffrages exprimés représentent 5 personnes sur un sondage pareil. Autrement dit le pourcentage normal d’erreur est énorme"...
    http://www.chateaubourg.info/?Nouvel-article,156

  6. Abel dit :

    @ Langue-Rouge qui, comme le disent les indiens, a parlé d'une langue droite. En effet les statistiques sont suffisamment précises, surtout depuis l'apparition des statistiques Bayesiennes qu, dit rapidement, renforcent leur précision en jouant sur un paramètre qui tient compte des résultats précédents.
    Ce qui porte à discussion, c'est la taille de l'échantillon et, bien sûr, la structure des questions posées. Mais gageons que dans les jours qui viennent les résultats devrons de plus en plus être pris en compte.
    Ce qui est navrant, c'est de voir comment la télé fait opinion générale de l'opinion de quelques personnes interrogées dans la rue et pire encore quant elle coupe ensuite au montage les opinions gênantes !

  7. marc.malesherbes dit :

    @ Descartes

    sur les musulmans et les attentats suicides (post 50 suite)

    Ci-dessous un article de Wikipedia qui atteste d'attaques suicides durant la seconde guerre mondiale de la part de Français, d'Allemands, d'Anglais. A mon avis des recherches dans les dossiers concernant les armées de terre donneraient plus de cas.
    De plus également ci-dessous un article de Wikipedia sur le Soulèvement du ghetto de Varsovie, qui montre clairement que les intéressés n'envisageaient pas leur survie (ce qui paraît fort logique)
    Il me semble donc attesté, même avec une recherche rapide, que les "chrétiens" et les "juifs" peuvent dans certaines "situations" réaliser des "attaques suicides" (je ne rappellerai pas Massada bien connu des Israéliens et des juifs religieux)
    nb: j'utilise l'appellation "chrétien" et "juif" uniquement pour indiquer la culture dans laquelle baignaient les individus concernés, et non pas comme attestation de leurs convictions personnelles, recherche que je n'ai pas faite.

    Wikipedia : article Kamikaze
    "Quel que soit le pays auquel appartient le pilote qui se jette sur sa victime, les pratiques kamikazes sont le plus souvent menées dans une atmosphère de catastrophe et d'action de la dernière chance devant un ennemi toujours plus nombreux et en apparence invincible.
    À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon ne fut pas le seul pays à prendre ce genre d'initiatives. En octobre 1944, sous le régime nazi, Goering fit appel en dernier recours à des unités aériennes qui devaient s'écraser sur des objectifs alliés lors de l'invasion du Vaterland. Toutefois, cette action ne fut mise en pratique que de manière très minoritaire par rapport aux frappes massives de l'armée japonaise. De plus, certains pilotes désobéirent à ces ordres, la notion d'honneur n'étant pas comparable avec la vision japonaise[5]. Néanmoins plus d'une centaine de jeunes pilotes de la Luftwaffe se sont portés volontaires
    Également, quelques initiatives similaires eurent lieu durant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale :
    Des pilotes russes et allemands sectionnaient les ailes des avions ennemis avec leurs propres ailes ou entraient volontairement en collision avec l'appareil adverse ; pour ces actions sur le Front de l'Est, on parle d'attaque taran ;
    Des pilotes français se jetèrent volontairement sur des appareils et des troupes allemandes au cours de la bataille de France, notamment à partir de juin 1940 ;
    Certains pilotes de la Royal Air Force projetèrent leur avion contre les V1 allemands"

    Wikipedia article Soulèvement du ghetto de Varsovie
    L'impact psychologique de l'insurrection du ghetto de Varsovie a été très important. La résistance a été plus forte que prévue par les Allemands, même si l'issue était certaine vu le déséquilibre des forces - My nie chcemy ratować życia. Żaden z nas żywy z tego nie wyjdzie. My chcemy ratować ludzką godność (Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine) - Arie Wilner (pseudo Jurek), soldat de la ŻOB.

  8. Michel Matain dit :

    @ 53 54 Langue Rouge

    Merci pour les précisions sur la façon dont sont fabriqués les sondages.
    Dans le cas du Languedoc, ça veut dire que les sondeurs n'ont pas de point de comparaison (il n'y a jamais eu de liste front de gauche élargi + NPA auparavant ni dans cette région ni ailleurs) et qu'ils ne savent pas trop comment manipuler les données brutes.

  9. izarn dit :

    La restructuration de Total n'est pas obligatoirement une délocalisation. De fait que des marchés s'ouvrent dans des pays en voie de développement et que par contre la zone euro s'enfonce dans la recession, ne prouve que la continuité de la crise, dont Total évalue une durée bien plus grande que les gouvernements.
    Que les politiques mentent sur la crise pour faire croire à une quelconque action n'est pas le probleme de Total.
    Que Total soit contre la taxe carbone se comprends pour une question de profit uniquement. Les pétroliers n'ont nullement l'intention de donner leur part de profit sur la hausse à l'Etat. Ce qui ne manquerait pas d'arriver en faisant baisser la consommation encore plus. La taxe carbone est une superbe ineptie qui surtaxe l'énergie au dépends des besoins des populations qui n'ont encore que ce moyen pour se déplacer. Et Total lui le sait fort bien! Les pétroliers entendent gerer la hausse seul, pour en profiter un maximum. En clair la question climatique a pour but de légitimer la rarefaction du combustible.
    La rarefaction est une invention, car pour augmenter la production il suffit simplement de tourner des robinets et ça ne coute pas cher! Il n'y a donc pas manque de pétrole à court terme, c'est totalement faux.
    L'autre fausseté c'est de croire que le "green bizness" va produire des voitures éléctriques et investir dans des énergies alternatives économiques. La encore c'est de la vaste blague. Aucun investisseur sérieux ne s'interesse à Heuliez. Quand aux chauffe-eaux solaires, trop dangereux pour AREVA et TOTAL, ils sont surtout construits par les chinois et installés à des prix ultra prohibifs et juteux en Europe. C'est ça le "green bizness": Une parfaite arnaque.
    Ca ne veut pas dire que le chauffe eau-solaire est inefficace, ça veut dire qu'il y a la spéculation et aux surprofits faciles télécommandés par la culpabilité induite dans les cerveaux par le GIEC: "Sauvons la planete".
    Par ici le bon beurre des pigeons déplumés pret à payer à n'importe quel prix un produit facile à construire et à installer et qui ne vaut pas grand-chose en matiere de cout de production...
    Il en est de meme de l'éolien qui est une technologie subalterne face au nucléaire, mais qui rapporte gros pour les memes raisons.
    Les alter-énergies seront adultes quand elles seront bon marché, autant que le pétrole. Sinon, c'est du vent pour bobos.

  10. en visite dit :

    Merci du conseil, Pulchérie, je lis régulièrement ce blog, et celui que vous qualifiez d'islamophobe ne l'est en rien à mes yeux. Il argumente patiemment, et avec rigueur, face à certains intervenants qui mélangent un peu tout. Serais-je moi aussi islamophobe? Diable, il va falloir que je me confesse!
    Autrefois, quand on critiquait l'URSS devant un communiste, on était anti communiste. Quand on critique Israel, on est antisémite, quand on critique les fanatiques islamistes, on est islamophobe.

  11. julie dit :

    @Pulchérie
    je t'envoie ce lien sur la démission d'une femme d'église en Allemagne qui doit payer son obstination à dire la vérité sur la guerre en Afghanistan.
    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/la-pasteure-qui-dit-non-a-l-engagement-allemand-en-afghanistan_850412.html
    En même temps font surface les crimes sexuelles dans les internats catholiques du passé, les chefs sont toujours là, des scandales de financement de partis continuent, des liens entre l'ancien chancelier Schröder et les milieux d'affaires, banques en particulier font bien la une des journaux et puis.... rien.
    Mais eux n'ont pas commis l'erreur de critiquer la participation à la guerre en Afghanistan.
    Accessoirement, cela vous donne également une idée du rôle des églises dans la société allemande, absolument pas comparable avec celui ici en France.

  12. marj dit :

    Je ne comprends pas trop pourquoi une partie de la discussion sur le terrorisme commencée sur "carnet de campagne dans la Drôme" se retrouve là avec une petite adaptation à la Descarte, donc je reposte les réponses...

    @jennifer

    L’un des pièges de Descartes comme tu dis …c’est le temps qu’il passe devant son écran que les actifs ne peuvent se permettre et qui lui laisse tout le loisir de répondre.Crois moi le temps permet de contredire presque n’importe quelle affirmation !
    Mais même s’il s’essaie à être rationnel, je trouve qu’il n’y réussi pas souvent car il répond finalement à ce qui l’arrange et noie l’essentiel dans un discours qui se veut détaché mais qui montre surtout que sa situation personnelle peut lui permettre un tel détachement.C’est parfois habile et même amusant j’en conviens mais pas assez pour que l’on se leurre.

    @Descartes

    Je veux démontrer par ces questions qu’il est assez facile de s’émouvoir des dégâts des terroristes musulmans, terrorisme qui est l’arme des faibles et des impuissants, car ces actes sont spectaculaires, médiatisés et que les armes utilisées ne sont pas chirurgicales…mais, finalement si l’on compare au nombre de morts du terrorisme d’état (c’est à dire les guerres dont le but est bien de tuer), au terrorisme des spéculateurs (qui ne t’en déplaise, connaissent les conséquences de leurs actes mais s’en contrefichent), il apparait bien marginal !
    Mais la question importante me semble surtout : qu’est ce qui nourrit ce terrorisme de fanatiques la plupart du temps isolés ? Question que les puissances occidentales se refusent à se poser …

    Quant aux menaces et aux attaques de la LDJ et du Bétar, elles sont bien réelles mais comme elles ne sont pas médiatisées, tu n’en a pas eu connaissance (preuve que tu es encore bien dépendant de l’info « institutionnelle »)
    je te renvoie aux « mésaventures » d’Edgar Morin (le sociologue) après un article sur la politique israelienne http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1389 ou Charles Enderlin (le journaliste) et tous les militants qui soutiennent le peuple Palestinien.
    J’ajoute par ex le saccage d’une librairie parisienne en juillet dernier.
    http://palestine1967.site.voila.fr/france/F.france.ldj.htm
    http://www.dailymotion.com/video/x9vedh_enderlin-menace-pour-avoir-denonce_news voici le lien « Enderlin »

  13. julie dit :

    @en visite
    si tu lis régulièrement comme tu dis on ne peut que douter de ta faculté de jugement. Où il s'agit d'autre choses.

  14. Michel Matain dit :

    @ 54 Langue Rouge

    Vérification faite, la liste Front de gauche seule avait eu 9,15 % aux européennes en Languedoc-Roussillon.
    Donc un sondage donnant aujourd'hui la liste Révol à 11 % ne parait pas être une aberration.

    Par ailleurs pour revenir sur les sondages, dans plusieurs pays, le pourcentage d'erreur est publié en même temps que le sondage. En France je n'ai encore jamais vu ça. Les résultats sont donnés mais n'est pas communiqué le calcul de l'erreur normale.

  15. marj dit :

    J'aime bien le glissement sémantique de Descartes, au départ il était question de terrorisme...puis à bout d'arguments, Descartes a rajouté à "attentats", le mot "suicide"...Or quel est l'intérêt de démontrer que certains fanatiques se suicident en voulant tuer ? En quoi un attentat suicide est-il plus "barbare" qu'un attentat tout cour ou une guerre utilisant des armes de pointe ?
    Ces croyants ont généralement peu à perdre sur terre, ont la haine, se considèrent comme martyrs et pensent aller bêtement au paradis, le lien avec la religion est donc ici évident mais ni suffisant ni essentiel. Donc c"est quoi la conclusion ?
    Historiquement, les attentats sucicides ne sont pas forcément liés à l'Islam, la question posée est donc : qu'est ce qui s'est passé et se passe pour en arriver là ?
    Ce qui permet de mettre en avant l'impuissance, le déséquilibre, la haine engendrée par des injustices internationales et des guerres menées au nom de la "civilisation" mais qui le sont en fait au nom d'intérêts stratégiques ou financiers !

  16. Toto dit :

    L'éditorialisme dominant défend ses intérêts et son intérêt en politique est de centraliser le PS dont les caciques par ailleurs n'attendent que cela afin de mettre en conformité leur parole avec leurs actes conditionnés par le confort bourgeois qui leur fond en bouche à chaque instant de la vie

  17. Annie dit :

    @Abel post 26 : tu n'as qu'à relire ton post où tu traites le "patron" de raciste, et commencer à appliquer à toi-même ton injonction de respecter le rituel de la pratique fraternelle qui veut que l’on respecte l’autre, parce que ton intervention n'exprimait pas de bienveillance (hameçonner une militante et jouer la carte de la culpabilisation).
    Et quels "arguments" as-tu donné mis à part lancer des anathèmes ?
    Et en quoi une position favorable à la tolérance pour la dissimilation totale de visages féminins serait-elle une "peuve" d'anti-racisme ?

    Le racisme commence par le fait de donner une essence particulière à certains groupes de personnes et à faire des hierarchisations arbitraires, ensuite viennent les actes de discriminations et de violence.

    Quant au PéèSSe, nous sommes surtout conscients du risque de disparition totale de toute gauche de transformation du paysage politique (scénario italien), d'une part à cause de l'abstention, de la modémisation des écos-tartuffes et des socialos, et de la future disparition des scrutins à 2 tours. Nous ne cherchons pas à le sauver, mais à passer devant ! Pour le moment, il faut le supporter et appliquer la discipline républicaine électorale pour battre la droite au second tour si nous ne sommes pas devant.

  18. Pulchérie D dit :

    @ julie (62)

    J'ignorais complètement le travail de cet femme, et sa dure expérience.
    Je te remercie de me l'avoir fait connaître.
    Comment les Allemand(e)s peuvent-ils supporter une telle contradiction entre le désir du peuple et l'asservissement aux ordres des USA ?
    En France, les problèmes sont plus légers. Jusqu'à présent, le peuple se fout des problèmes asiatiques. Nicholas Premier les envoûte.
    Le réveil sera d'autant plus terrible.

  19. Pulchérie D dit :

    Correction du post 70
    L'horreur : cet femme.
    A partir de 20 heures, il faut que je m'arrête.
    Bien sûr, lisez cette femme !

  20. En contre-visite dit :

    @ en visite post 61

    Tu utilises comme argument que tu pourrais être toi-même considéré comme islamophobe, dans le sens qu’ « islamophobe » est appliqué à n’importe qui, même à TOI !
    L'étant, islamophobe, tu serais excusable, car depuis 2001, une formidable propagande, inspirée de l’enseignement des fondateurs nazis, sévit afin que le Blanc de culture européenne et chrétienne en vienne à exécrer tout ce qui vient de la culture musulmane, souvent au nom de la laïcité.
    Toi et tes semblables ne sentez plus le grotesque de la situation.
    Une génération passera, et vos descendants vous mépriseront gentiment, comme vous méprisez maintenant, avec raison, les excès des autres religions monothéistes

  21. Darthé-Payan dit :

    @ Descartes

    Mon post de midi était trop superficiel et le temps me manqué d'aller un peu plus en profondeur dans mon propos.

    "Voyons donc voir quels sont les objectifs d’abord. Il sera ensuite toujours temps de réfléchir aux moyens."

    Tout à fait Descartes. Définir les objectifs et ensuite se donner les moyens pour les atteindre ces objectifs définis. Bien souvent en politique soit il y a des objectifs définis mais les moyens ne suivent pas soit il y a des moyens mais son objectif défini.

    "Attends un instant… mais les réserves d’argent (dépôt, épargne… mais que vient faire ici la « liquidité » et la « monnaie » ?) n’appartiennent pas à la banque, mais aux déposants. Dois-je comprendre que ta « nationalisation » serait en fait une confiscation des dépôts et de l’épargne ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu est en train de dire ?"

    Descartes calme calme ! Je ne veux rien confisqué ! Je voulais simplement dire que si une banque est nationalisée la gestion des services et des produits sont nationalisés (dépôts, liquidités, épargne....). Les dépots, les liquidités, l'Epargne appartiennent bien aux déposants mais en même temps la banque utilise ces dépots, ces liquidités et cette épargne. Pour être plus clair, une banque comme le Crédit lyonnais lcl aujourd'hui, était publique depuis la Libération. La gestion de l'Epargne, des dépôts, des liquidités... étaient donc du domaine public puis le Crédit lyonnais fut privatisé et bien de fait la gestion de l'Epargne, des dépôts, des liquidité fut aussi privatisées.

    Egalement, si tout les déposants et épargnants voulaient récupérer en même temps leur argent. Les banques seraient dans l'incapacité de répondre intégralement à leur demance. Donc en quelque part le déposant est propriétaire de son argent, de son epargne mais également en même temps ce droit de propriété est "concédé" à la banque qui gère selon ce que souhaite le déposant ou l'épargnant (placement, actions, obligations, achats, revente, etc...) mais également à sa guise les énormes sommes d'argent. Le système de la banque et du déposant en banque est fait d'une double vie. Le déposant est un fournisseur d'argent à la banque mais également un client pour cette dernière.

    "Lorsqu’on nationalise la banque, ce qu’on fait c’est de mettre dans les mains de l’Etat (et donc de la collectivité) le contrôle de la politique de crédit. C’est tout. Le fait de nationaliser n’apporte pas grande chose en termes de moyens. Les moyens ne peuvent provenir que des particuliers (à travers les dépots et les souscriptions) et de l’Etat (à travers les impôts). Les banques ne sont que les distributeurs de ces moyens. La nationalisation de la banque permet tout au plus de choisir quels sont les projets qui seront financés (et à quel taux) et quels projets ne le seront pas. Les banques ne peuvent « irriguer » que si elles sont elles mêmes alimentées en eau…"

    Je suis d'accord alors où est le problème. Les banques peuvent irriguer l'économie que si il y a des déposants et de l'argent déposé. L'Etat doit avoir le rôle grâce aux impôts et contributions récoltés de financer, de redistributer et de partager. Si la nationalisation peut dégager des moyens nouveaux s'il y a un tant soit peu une volonté politique et des objectifs définis. La nationalisation bancaire peut permettre des changements dans le soutien au financement d'investissemens selon la politique industrielle, agricole, recherche, développement...

    Je vais sortir un peu du sujet quoique je pense qu'une poltique volontaire aidé par un puissant secteur public bancaire peut aider au développement économique, sociale, humain et patromonial du pays.

    Trop jeune pour m'en intéresser à l'époque, j'ai étudié ce que Chevènement avait essayé de faire de 1981 à 1983 dans le domaine de la recherche et de l'industrie. Il a essayé mais il y avait des contraintes et le choix de 1983 de rester dans l'Europe et le système monétaire européen a clos sa tentative. C'est la fameuse parenthèse de la gauche jamais refermée et même encore au PC et au PG. Je pense que le bon choix était du côté de Chevènement en 1983 et de sa politique volontariste notamment industrielle.

    Je suis très intéressé par la politique Gaulliste en matière industrielle, d'équipements, et je trouve que la gauche devrait s'en saisir et en prendre les élements porteurs.

    J'appréciais beaucoup la volonté de Mitterrand qui était un président bâtisseur (le grand louvre, l'opéra bastille, etc...) tout ce qui enrichit, embelli, perennise le patrimoine.

    Je suis émerveillé par les bâtisseurs qu'ils soient des bâtisseurs de cathédrales, de châteux, par le travail du baron Haussman, par Ferdinand de Leseps (Oh, je risque de m'attirer les foudres de la bien pensance anticolonialiste de gauche mais c'est pas grave), par les compagnons artisans. Je suis un farouche défenseur de la notion de métiers comme d'ailleurs JL Mélenchon qui voulait faire les lycées de métiers. Les métiers ces sciences pratiques.

    Je clos cette petite parenthèse d'appréciation perso mais c'était pour te préciser dans quelle perspective ou choix je me mettais quand je parlais de volonté politique.

    "Désolé si cela t’offense… mais il y en a marre des formules creuses. Je suis d’accord, ça sonne joli mais… Ça veut dire quoi concrètement un « contrôle souverain et citoyen » ? Et en quoi consistera concrètement cet « encadrement du marché » ? Il ne faut pas soixante pages de copier-coller pour répondre à ces questions. Il faut se positionner sur des question précises."

    "L’ennui, c’est que l’économie c’est avant tout le lieu ou se confrontent des intérêts particuliers. Les libéraux comptaient sur « la main invisible du marché » pour dégager l’intérêt général à partir des intérêts particuliers. Qu’est ce que nous proposons comme alternative ? Le « contrôle souverain et citoyen », qui ne veut rien dire ?"

    Descartes, je ne suis pas offensé. Faire en sorte que le peuple ait un droit de regard et de contrôle sur l'économie marchande. Le citoyen ne doit pas être remplacé par le client ou le consommateur. Avant d'ête clients ou consommateurs, nous sommes citoyens. C'est pourquoi, le citoyen doit maîtriser l'économie avec raison. Le pouvoir politique doit toujours être supérieur au pouvoir économique. Que voyons nous aujourd'hui, des citoyens oubliés et des politiques dépossédés de tout pouvoir sur l'économie. Il est primordial que le politique et que le citoyen soient impliqués.

    Encadrer le marché, c'est mettre des bornes et que le tout fonctionne de manière équilbrée, transparent et contrôlé. La planification, l'outil budgétaire, les lois, le contrôle et la participation des salariés et des usagers dans la gestion des entreprises sont des moyens de faire évoluer le marché dans une voie plus maitrisée. c'est cela l'économie d'intérêt général qui est un dépassement des intérêts particuliers. Que le citoyen dans la cité, dans l'entreprise, dans l'économie et des moyens d'intervenir, de contrôler. De plus, je suis pour la création d'un véritable service public du contrôle de l'activité économique réunissant, les douanes, la direction de la concurence et de la répression des fraudes, la brigade financière. Je risque de te faire hurler mais c'est une idée certes qui te parraitra un peu trop coercitive mais j'ose la proposer.

    "En d’autres termes, le pouvoir politique fixe les prix ? Oui ou non ? Et si oui, en fonction de quoi ?
    Je crois qu’il faut nous poser nous mêmes ces questions et essayer d’y répondre. La fixation administrative des prix a montré qu’elle pouvait être la source d’énormes dysfonctionnements. Et même remarque pour ce qui concerne l’allocation du capital. Il faut tirer les leçons de ces échecs, et proposer des mécanismes nouveaux avec suffisamment de précision pour être crédibles. Répéter « planification, planification, planification » comme un mantra ne me paraît pas une bonne méthode."

    Je dis que le pouvoir politique doit avoir les moyens politiques et législatives qui permetent t le cas échéant de fixer les prix, de bloquer les prix (ce fut fait durant de nombreuses années et je te rappelle qu'en 1982 les prix et les salaires (au delà du Smic) furent totalement bloqués durant plus de quatre mois et que la libéralisation des prix interviendra quand l'inflation baissera de manière constante. Il doit intervenir lorqu'il y a une inflation gallopante, ou sur les prix des loyers, ou bien encore sur les produits de première nécessité. D'ailleurs pour les médicaments conventionnés et remboursés les prix sont fixés par l'Etat. Il y a les hausses décidées sur le prix du tabac etc.. La planification est l'outil collectif pour permettre la réalisation de l'avenir du pays dans tout les domaines éocnomiques, sociaux, équipements, aménagements du territoire, éducation, santé, logement, cadre de vie, énergie, recherche, développement partagé et solidaire. Le marché vit en court terme le plan permet de se projeter dans le futur en définissan stratégie, objectifs, moyens, contrôle et réalisation. Le financement soit par le budget (moyens et financements des contrats de plan ou des lois de programmation) soit par l'emprunt tels ceux que lançaient le pouvori gaulliste dans les années soixante ou la gauche au début des années 80.

    Je suis pour une politique de revenus (échelle mobile des salaires, réduction de l'éventail des salaires, loi sur le salaire maximum, redistribution de ressources pour le financement de l'éocnomie, des services publics, de la solidarité. Politique de dotation et de relance soit dans le cadre du plan soit dans le cadre de plan sectoriel notamment industriel.

    "Le marché, ce n’est pas le fait d’échanger des biens contre d’autres. Le marché est avant tout un mécanisme de fixation des prix et d’allocation des ressources. Dès lors que le « pouvoir » fixe l’un et l’autre, il n’y a plus de « marché ». C’était le cas dans les anciens pays communistes (à moins que tu fasses référence au marché noir…)."

    Oui, mais au début de notre Histoire marchande. Les premiers marchés se faisaient par l'échange de biens. Le marché a esclaves a existé ont se les échangeait. L'Etat doit intervenir est fixé prix et ressources si le marché devient toxique ou si il y a de l'inflation non maitrisée. Je reviens à 1982, Mitterrand, Mauroy et Delors ont bloqué les prix et les salaires (à l'exception du smic) le marché a toujours fonctionné. Quand il y a eu le prélèvement autoritaire de 10 % cela a considérablement affecté la consommation des ménages et le marché à toujours fonctionné.

    En URSS, il y a toujours eu des marchés. Des marchés locaux, villageois ou de villes. Mais ces marchés fonctionnaient tant bien que mal. Oui, en URSS, le marché noir était une forme de marché immergé dans l'économie soviétique en totalité administrée de manière bureaucratique et militaire. La fameuse technoburoisie s'accaparait l'économie et les revenus qui en découlaient.

    Pour finir, un petit apparté maintenant sur l'histoire du marché noir qui vient de prendre considérablement son essort au Venezuela en cause d'une décision politique (que je trouve fort peu judicieuse et je dirais malencontreuse) de Chavez qui autorise après la dévaluation du bolivar une double parité plus ou moins flottante. Ce qui entraine marché noir, flambée des prix, baisse des salaires et de l'activité économique globale, marché noir, produits de plus en plus couteux notamment produits de première nécessité, malgré les devises récoltées par le pétrole. Chavez de manière incompréhensible choisit la rente plutôt que les salaires. Le peuple vénézuelien ne comprendra pas ce choix si il y a récession et augmentation du chômage. Ce qui arrive d'ailleurs... et en plus le pays risque l'hyper inflation. On peut être révolution et socialiste est faire un mauvais choix ou un choix qui protège ou rémunére la rente plutôt que le pouvoir d'achat et la solidarité.

    Voilà Descartes ce que je pouvais te dire dans cet échange utile.

    Bien à toi.

  22. Descartes dit :

    @marc.malesherbes (#52)

    En effet j’ai constaté notre accord sur le fait que les attentats suicides n’étaient pas réservés aux musulmans, mais que les « Tigres tamouls », les japonais avaient pratiqué ce type d’action.

    Tout à fait d'accord. Ce qui ne réduit en rien l'intérêt de se demander pourquoi ce genre d'acte est fréquent dans certaines cultures alors qu'il est rarissime dans d'autres.

    (je suis d’accord pour définir l’attentat suicide comme une démarche consciente d’attaque de « l’ennemi » sans espoir de survie dés le départ de l’action)

    Dont acte. C'est important de se mettre d'accord sur les termes, d'autant plus qu'à mon avis ta remarque sur le fait que de tels actes auraient été commis en Europe pendant la IIème guerre mondiale repose sur une confusion quant au terme "suicide".

    (#58)

    Ci-dessous un article de Wikipedia qui atteste d’attaques suicides durant la seconde guerre mondiale de la part de Français, d’Allemands, d’Anglais.

    Pas vraiment. L'article apporte au contraire de l'eau à mon moulin: même dans le contexte wagnérien de la fin de la deuxième guerre mondiale, l'article note que malgré la volonté de Göering d'utiliser des "attaques suicide", il fut impossible de mettre en œuvre sérieusement cette technique justement parce que les équipages allemands ne l'acceptaient pas. Pour ce qui concerne les "attaques taran", rien ne permet dans l'article d'affirmer que ce type d'attaque était choisi dès le départ, et qu'il n'était pas décidé dans la chaleur du moment.

    Pour ce qui concerne le Ghetto de Varsovie, l'issue n'était certainement pas "certaine" pour les combattants (même si elle était "certaine" au sens que la défaite du ghetto était inévitable) puisqu'un certain nombre d'entre eux (très faible, il est vrai) survécurent...

    En résumé: il y a eu certainement pendant la deuxième guerre des actions désespérées (qui peuvent être assimilées sur l'instant à un suicide), mais les véritables cas d'attaque suicide (au sens mentionné plus haut, c'est à dire, un acte décidé froidement dont le résultat est nécessairement la mort de celui qui l'accomplit) sont extraordinairement rares. Il est important d'établir la distinction: un policier qui se jette sur un criminel armé pour le plaquer au sol et protéger les passants ne commet pas un acte "suicide"...

  23. Descartes dit :

    @marj (#63)

    Je veux démontrer par ces questions qu’il est assez facile de s’émouvoir des dégâts des terroristes musulmans, terrorisme qui est l’arme des faibles et des impuissants, car ces actes sont spectaculaires, médiatisés et que les armes utilisées ne sont pas chirurgicales…mais, finalement si l’on compare au nombre de morts du terrorisme d’état (c’est à dire les guerres dont le but est bien de tuer), au terrorisme des spéculateurs (qui ne t’en déplaise, connaissent les conséquences de leurs actes mais s’en contrefichent), il apparait bien marginal !

    Certainement. Et à côté des morts provoqués par le paludisme ou les maladies cardiaques, les guerres et le "terrorisme des spéculateurs" deviennent eux aussi "marginales". Et alors ?

    Franchement, j'ai du mal à comprendre la logique de ta comparaison. D'abord, tu donnes du "terrorisme" une définition tellement extensive que finalement la notion perd tout intérêt. Transformer les guerres ou la spéculation en "terrorisme" n'a aucun sens. Pourquoi pas aussi la violence conjugale, puisque t'y est ? Mais surtout, tu oublies que l'importance d'un problème ne se mesure pas au nombre de morts. Après tout, on considère le combat contre la peine de mort comme une question importante, alors qu'en nombre de morts elle est bien loin derrière les accidents de la route.

    Mais la question importante me semble surtout : qu’est ce qui nourrit ce terrorisme de fanatiques la plupart du temps isolés ? Question que les puissances occidentales se refusent à se poser …

    D'ou tu sorts que "les puissances occidentales se refusent à se poser" cette question ? Au contraire: il y a des dizaines de conférences, colloques et réunions de toutes sortes organisées par des organismes officiels aussi sérieux que l'IHEDN ou l'IHESI sur la question. Que les réponses qu'ils apportent ne te plaisent pas, c'est une autre question. Mais la question est régulièrement posée.

    En fait, les réponses ne sont pas évidentes. Des situations qui dans une culture donnée provoquent une réponse "terroriste" ne le font pas dans une autre. Alors que dans notre monde les injustices, la pauvreté et la misère ne manquent pas, le terrorisme n'est finalement pas si répandu que ça.

  24. Annie dit :

    @julie post 62, tu dis Accessoirement, cela vous donne également une idée du rôle des églises dans la société allemande, absolument pas comparable avec celui ici en France.

    J'ai lu l'article concernant cette pasteure. Tu peux développer pour le rôle des églises en Allemagne ?
    D'où notre acharnement de "laïcards" contre le poids des églises dans la politique !

  25. Descartes dit :

    @marj (#63)

    Quant aux menaces et aux attaques de la LDJ et du Bétar, elles sont bien réelles mais comme elles ne sont pas médiatisées, tu n’en a pas eu connaissance (preuve que tu es encore bien dépendant de l’info « institutionnelle »)

    Je te rappelle que nous parlons de terrorisme. Combien de morts on provoqué ces attaques "bien réelles" que nos médias aux ordres nous cachent ? Combien de blessés ? Le saccage d'une librairie est un acte grave et qui doit être puni. Mais ne penses-tu pas qu'il y a tout de même une hiérarchie entre le saccage d'une librairie et une bombe dans une station de métro ou dans un TGV ?

  26. Darthé-Payan dit :

    @ En visite ton post 61

    Tu as tout compris du fonctionnement binaire ou manichéen et des postures qui dénaturent les propos des contradicteurs d'une certaine "gauche radicale". C'est leur façon d'argumenter et de disqualifier tout point de vue pas conforme à leur vue et surtout si tu te proclames républicain, jacobin, laïque et patriote, tu te retrouves catalogué de droitier, de colonialiste et de raciste, d'islamophobe et d'insulteur.

  27. Descartes dit :

    @marj (#66)

    J’aime bien le glissement sémantique de Descartes, au départ il était question de terrorisme …puis à bout d’arguments, Descartes a rajouté à « attentats », le mot « suicide »…

    Il n'y a aucun "glissement sémantique". La question discutée était pourquoi les actes terroristes commis par des musulmans étaient mis en exergue alors que ceux commis par des juifs étaient peu commentés. Le fait que le terrorisme commis par des musulmans fasse appel à "l'attentat suicide" est certainement un élément important...

    En quoi un attentat suicide est-il plus « barbare » qu’un attentat tout cour ou une guerre utilisant des armes de pointe ?

    En rien. Mais la manière dont un attentat est conduit transmet un message quant à l'univers mental de son auteur. Un mouvement "terroriste" qui suspend un attentat contre un dignitaire du camp ennemi parce qu'il risque de couter la vie à des innocents nous dit quelque chose sur la dimension morale de ses combattants. Un mouvement dont les militants considèrent le martyre comme un devoir et un honneur ne peut pas vouloir construire un monde dans lequel j'ai envie de vivre.

    Ces croyants ont généralement peu à perdre sur terre, ont la haine, se considèrent comme martyrs et pensent aller bêtement au paradis, le lien avec la religion est donc ici évident mais ni suffisant ni essentiel. Donc c »est quoi la conclusion ?

    Je ne sais pas, mais la prémisse en tout cas est fausse. Les "kamikazes" musulmans n'appartiennent pas toujours aux couches les plus pauvres ou discriminées. Ainsi, dans le cas des attentats contre le WTC, les auteurs étaient dans la plupart des cas issus de la petite bourgeoisie urbaine et avaient fait des études. L'idée qu'ils ont "généralement peu à perdre sur terre" ne correspond pas à la réalité.

    Historiquement, les attentats sucicides ne sont pas forcément liés à l’Islam, la question posée est donc : qu’est ce qui s’est passé et se passe pour en arriver là ?

    C'est une excellente question. Quelle est ta réponse ?

    Ce qui permet de mettre en avant l’impuissance, le déséquilibre, la haine engendrée par des injustices internationales et des guerres menées au nom de la « civilisation » mais qui le sont en fait au nom d’intérêts stratégiques ou financiers !

    Beh... pas vraiment. Après tout, l'impuissance, le déséquilibre, la haine, l'injustice et les guerres sont très répandues sur le globe, alors que les attentats suicides sont finalement très concentrés dans certaines cultures. L'explication standard comme quoi les "kamikazes" sont la conséquence de ces facteurs ne fonctionne donc pas. Il y a d'autres paramètres bien plus sélectifs qui interviennent...

  28. BA dit :

    En France :

    1- Données corrigées des variations saisonnières :

    Regardons les chiffres du chômage de décembre (page 15) :

    France, catégories A, B, C, D, E : 4 349 400 demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi.

    http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/2010-005.pdf

    Maintenant, regardons les chiffres du chômage de janvier (page 15) :

    France, catégories A, B, C, D, E : 4 400 700 demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi.

    http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-98xs56.pdf

    Evolution de décembre à janvier : 51 300 chômeurs en plus.

    2- Données brutes :

    Regardons les chiffres du chômage de décembre (page 15) :

    France, catégories A, B, C, D, E : 4 688 800 demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi.

    Maintenant, regardons les chiffres du chômage de janvier (page 15) :

    France, catégories A, B, C, D, E : 4 777 600 demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi.

    Evolution de décembre à janvier : 88 800 chômeurs en plus.

  29. Annie dit :

    A propos de république, d'émancipation et de socialisme, un extrait de Jacques Généreux tiré de "Le Socialisme néo-moderne ou l'avenir de la Liberté" (il faut aussi lire sa "Dissociété"):

    La "République Sociale" chère à Jaurès est une expression hélas tombée en désuétude dans la bouche des élus socialistes. Quelle est donc cette république ? Celle qui intègre les citoyens, non par la seule égalité politique, mais aussi par l'égalité sociale et par la solidarité sociale, celle qui attache le plus haut prix à l'éducation citoyenne de chacun de ses enfants, celle qui construit un espace public laïc transcendant toutes les appartenances singulières, non pour aliéner le droit à la différence, mais pour créer un monde commun à tous les différents, un monde où s'enracine le désir de vivre ensemble.

    Je n’ai pas besoin de répéter ici pourquoi cette forme d’intégration sociale est le meilleur rempart contre tous les comportements anti-sociaux. Mais il faut revenir sur la question délicate de l’intégration des communautés singulières au sein de la communauté politique.
    L’idée républicaine ne met pas en soi la société à l’abri de la dérive vers l’hypersociété. La volonté de construire une communauté politique peut entrainer la volonté de fondre toutes les appartenances sociales singulières en une seule, de dissoudre toutes les attaches culturelles, religieuses, etc, en une seule identité commune, celle du citoyen universel qui n’appartient à aucune autre communauté que celle constituée par le peuple tout entier.
    Ce fantasme de l’unité parfaite, indifférenciée, peut inspirer des républicains convaincus que toute attache culturelle singulière est le signe d’une insuffisante émancipation de l’individu à l’égard des déterminismes sociaux. Le sujet pleinement autonome n’est-il pas celui qui ne fixe plus sa règle en fonction d’une quelconque tradition, religion, éducation, mais seulement en lui-même et par lui-même ? Si l’on adhère à cette conception abstraite de l’atome rationnel capable de s’autodéterminer, et si l’on reconnait dans cette autonomie un projet d’émancipation, alors le projet républicain d’une communauté de citoyens peut aisément virer vers l’hypersociété intolérante à tout particularisme, à toute forme d’appartenance singulière.

    Telle n’est pas la république sociale du socialisme, car elle n’entend pas fondre des atomes rationnels en une masse indifférenciée, mais nouer un lien de solidarité et de fraternité entre des êtres humains concrets, c’est-à-dire des être sociaux constitués par un complexe singulier d’attachements à des communautés singulières. La république socialiste ne peut pas mépriser les croyances, les cultures ou les traditions spécifiques, parce que la liberté des individus se construit et s’exprime aussi en elles, parce que l’individu en chair et en os ne s’émancipe pas en détruisant les liens sociaux, mais au contraire en les multipliant et en les diversifiant.

    Il s’agit pour Généreux de concilier d’une part, l’intensité des liens sociaux entre les individus au sein des multiples communautés singulières où s‘enracine leur vie, et d’autre part, l’unité la plus grande entre ces communautés. Préserver des segments dans la sociétés sans la segmenter, préserver des communautés sans virer vers la dissociété communautarisée.

  30. Darthé-Payan dit :

    @ Tous

    Jaures, discours à la jeunesse, Albi, 1903
    Discours à la jeunesse
    présentation et notes de Gilles Candar
    version publiée dans : Jean Jaurès, Textes choisies, Encyclopédie du socialisme,

    Au cours de sa carrière universitaire et politique, Jaurès prononça plusieurs discours de distribution des prix. Celui-ci est non seulement le plus célèbre d’entre eux, mais aussi le texte le plus connu et le plus fréquemment cité de Jaurès. La cérémonie a lieu le 30 juillet 1903, Jaurès s’adresse aux élèves du lycée d’Albi, où il a lui-même été élève, puis professeur quelques décennies plus tôt. Il est alors un personnage officiel : député socialiste de Carmaux certes, mais aussi vice-président de la Chambre des députés et personnage clef de la majorité parlementaire. On le surnomme “ le ministre de la Parole ” ou le “ Saint-Jean Bouche d’Or ” du gouvernement Combes qui mène une vigoureuse politique anticléricale et d’action républicaine dont l’issue sera le 9 décembre 1905 le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État

    Mesdames, Messieurs, Jeunes élèves,
    C’est une grande joie pour moi de me retrouver en ce lycée d’Albi et d’y reprendre un instant la parole. Grande joie nuancée d’un peu de mélancolie ; car lorsqu’on revient à de longs intervalles, on mesure soudain ce que l’insensible fuite des jours a ôté de nous pour le donner au passé. Le temps nous avait dérobés à nous-mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c’est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide.

    Mais qu’importe que le temps nous retire notre force peu à peu, s’il l’utilise obscurément pour des œuvres vastes en qui survit quelque chose de nous ? Il y a vingt-deux ans, c’est moi qui prononçais ici le discours d’usage. Je me souviens (et peut-être quelqu’un de mes collègues d’alors s’en souvient-il aussi) que j’avais choisi comme thème : les jugements humains. Je demandais à ceux qui m’écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c’est-à-dire avec équité, d’être attentifs, dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d’interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine.

    Peut-être, dans les années de lutte qui ont suivi, ai-je manqué plus d’une fois envers des adversaires à ces conseils de généreuse équité. Ce qui me rassure un peu, c’est que j’imagine qu’on a dû y manquer aussi parfois à mon égard, et cela rétablit l’équilibre. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

    Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines.

    Oui, les hommes qui ont confiance en l’homme savent cela. Ils sont résignés d’avance à ne voir qu’une réalisation incomplète de leur vaste idéal, qui lui-même sera dépassé ; ou plutôt ils se félicitent que toutes les possibilités humaines ne se manifestent point dans les limites étroites de leur vie. Ils sont pleins d’une sympathie déférente et douloureuse pour ceux qui ayant été brutalisés par l’expérience immédiate ont conçu des pensées amères, pour ceux dont la vie a coïncidé avec des époques de servitude, d’abaissement et de réaction, et qui, sous le noir nuage immobile, ont pu croire que le jour ne se lèverait plus. Mais eux-mêmes se gardent bien d’inscrire définitivement au passif de l’humanité qui dure les mécomptes des générations qui passent. Et ils affirment, avec une certitude qui ne fléchit pas, qu’il vaut la peine de penser et d’agir, que l’effort humain vers la clarté et le droit n’est jamais perdu. L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir.

    Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune. Et si cette République surgit dans un monde monarchique encore, c’est assurer qu’elle s’adaptera aux conditions compliquées de la vie internationale sans rien entreprendre sur l’évolution plus lente des peuples, mais sans rien abandonner de sa fierté juste et sans atténuer l’éclat de son principe.

    Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1972 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent. Ce n’était point l’oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n’était point le privilège superbe de la république romaine, haute citadelle d’où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu’au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l’abjection de l’esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n’était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non, c’était la République d’un grand peuple où il n’y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C’était la République de la démocratie et du suffrage universel. C’était une nouveauté magnifique et émouvante.

    Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l’origine de l’histoire organisait dans la souveraineté nationale la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c’était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était suspendu dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volontés se haussaient, pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C’est pour elle que ces hommes combattirent et moururent. C’est en son nom qu’ils refoulèrent les rois de l’Europe. C’est en son nom qu’ils se décimèrent. Et ils concentrèrent en elle une vie si ardente et si terrible, ils produisirent par elle tant d’actes et tant de pensées qu’on put croire que cette République toute neuve, sans modèles comme sans traditions, avait acquis en quelques années la force et la substance des siècles.

    Et pourtant que de vicissitudes et d’épreuves avant que cette République que les hommes de la Révolution avaient crue impérissable soit fondée enfin sur notre sol ! Non seulement après quelques années d’orage elle est vaincue, mais il semble qu’elle s’efface à jamais de l’histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outragée ; plus que cela, elle est oubliée. Pendant un demi-siècle, sauf quelques cœurs profonds qui garderaient le souvenir et l’espérance, les hommes la renient ou même l’ignorent. Les tenants de l’Ancien régime ne parlent d’elle que pour en faire honte à la Révolution : “ Voilà où a conduit le délire révolutionnaire ! ” Et parmi ceux qui font profession de défendre le monde moderne, de continuer la tradition de la Révolution, la plupart désavouent la République et la démocratie. On dirait qu’ils ne se souviennent même plus. Guizot s’écrie : “ Le suffrage universel n’aura jamais son jour ”. Comme s’il n’avait pas eu déjà ses grands jours d’histoire, comme si la Convention n’était pas sortie de lui. Thiers, quand il raconte la Révolution du10 août, néglige de dire qu’elle proclama le suffrage universel, comme si c’était là un accident sans importance et une bizarrerie d’un jour. République, suffrage universel, démocratie, ce fut, à en croire les sages, le songe fiévreux des hommes de la Révolution. Leur œuvre est restée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu’ils ont fondé, s’il est tenu de continuer leur œuvre, n’est pas tenu de continuer leur délire. Et la brusque résurrection de la République, reparaissant en 1848 pour s’évanouir en 1851, semblait en effet la brève rechute dans un cauchemar bientôt dissipé.

    Et voici maintenant que cette République, qui dépassait de si haut l’expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que, quand elle tomba, ses ruines mêmes périrent et son souvenir s’effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d’universelle dignité humaine, qui n’avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n’avoir pas de lendemain, est devenue la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.

    Or, et c’est là surtout ce que je signale à vos esprits, l’audace même de la tentative a contribué au succès. L’idée d’un grand peuple se gouvernant lui-même était si noble qu’aux heures de difficulté et de crise elle s’offrait à la conscience de la nation. Une première fois en 1793 le peuple de France avait gravi cette cime, et il y avait goûté un si haut orgueil, que toujours sous l’apparent oubli et l’apparente indifférence, le besoin subsistait de retrouver cette émotion extraordinaire. Ce qui faisait la force invincible de la République, c’est qu’elle n’apparaissait pas seulement de période en période, dans le désastre ou le désarroi des autres régimes, comme l’expédient nécessaire et la solution forcée. Elle était une consolation et une fierté. Elle seule avait assez de noblesse morale pour donner à la nation la force d’oublier les mécomptes et de dominer les désastres. C’est pourquoi elle devait avoir le dernier mot. Nombreux sont les glissements et nombreuses les chutes sur les escarpements qui mènent aux cimes ; mais les sommets ont une force attirante. La République a vaincu parce qu’elle est dans la direction des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. La loi de la pesanteur n’agit pas souverainement sur les sociétés humaines, et ce n’est pas dans les lieux bas qu’elles trouvent leur équilibre. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l’histoire.

    Et ceux-là aussi seront justifiés qui le placent plus haut encore. Car le prolétariat dans son ensemble commence à affirmer que ce n’est pas seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice. Ce n’est pas seulement la cité, c’est l’atelier, c’est le travail, c’est la production, c’est la propriété qu’il veut organiser selon le type républicain. À un système qui divise et qui opprime, il entend substituer une vaste coopération sociale où tous les travailleurs de tout ordre, travailleurs de la main et travailleurs du cerveau, sous la direction de chefs librement élus par eux, administreront la production enfin organisée.

    Messieurs, je n’oublie pas que j’ai seul la parole ici et que ce privilège m’impose beaucoup de réserve. Je n’en abuserai point pour dresser dans cette fête une idée autour de laquelle se livrent et se livreront encore d’âpres combats. Mais comment m’était-il possible de parler devant cette jeunesse qui est l’avenir, sans laisser échapper ma pensée d’avenir ? Je vous aurais offensés par trop de prudence ; car quel que soit votre sentiment sur le fond des choses, vous êtes tous des esprits trop libres pour me faire grief d’avoir affirmé ici cette haute espérance socialiste qui est la lumière de ma vie.

    Je veux seulement dire deux choses, parce quelles touchent non au fond du problème, mais à la méthode de l’esprit et à la conduite de la pensée. D’abord, envers une idée audacieuse qui doit ébranler tant d’intérêts et tant d’habitudes et qui prétend renouveler le fond même de la vie, vous avez le droit d’être exigeants. Vous avez le droit de lui demander de faire ses preuves, c’est-à-dire d’établir avec précision comment elle se rattache à toute l’évolution politique et sociale, et comment elle peut s’y insérer. Vous avez le droit de lui demander par quelle série de formes juridiques et économiques elle assurera le passage de l’ordre existant à l’ordre nouveau. Vous avez le droit d’exiger d’elle que les premières applications qui en peuvent être faites ajoutent à la vitalité économique et morale de la nation. Et il faut qu’elle prouve, en se montrant capable de défendre ce qu’il y a déjà de noble et de bon dans le patrimoine humain, qu’elle ne vient pas le gaspiller, mais l’agrandir. Elle aurait bien peu de foi en elle-même si elle n’acceptait pas ces conditions.

    En revanche, vous, vous lui devez de l’étudier d’un esprit libre, qui ne se laisse troubler par aucun intérêt de classe. Vous lui devez de ne pas lui opposer ces railleries frivoles, ces affolements aveugles ou prémédités et ce parti pris de négation ironique ou brutale que si souvent, depuis un siècle même, les sages opposèrent à la République, maintenant acceptée de tous, au moins en sa forme. Et si vous êtes tentés de dire encore qu’il ne faut pas s’attarder à examiner ou à discuter des songes, regardez en un de vos faubourgs ? Que de railleries, que de prophéties sinistres sur l’œuvre qui est là ! Que de lugubres pronostics opposés aux ouvriers qui prétendaient se diriger eux-mêmes, essayer dans une grande industrie la forme de la propriété collective et la vertu de la libre discipline ! L’œuvre a duré pourtant ; elle a grandi : elle permet d’entrevoir ce que peut donner la coopération collectiviste. Humble bourgeon à coup sûr, mais qui atteste le travail de la sève, la lente montée des idées nouvelles, la puissance de transformation de la vie. Rien n’est plus menteur que le vieil adage pessimiste et réactionnaire de l’Ecclésiaste désabusé : “ Il n’y rien de nouveau sous le soleil ”. Le soleil lui-même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l’homme fut une nouveauté. L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.

    C’est donc d’un esprit libre aussi que vous accueillerez cette autre grande nouveauté qui s’annonce par des symptômes multipliés : la paix durable entre les nations, la paix définitive. Il ne s’agit point de déshonorer la guerre dans le passé. Elle a été une partie de la grande action humaine, et l’homme l’a ennoblie par la pensée et le courage, par l’héroïsme exalté, par le magnanime mépris de la mort. Elle a été sans doute et longtemps, dans le chaos de l’humanité désordonnée et saturée d’instincts brutaux, le seul moyen de résoudre les conflits ; elle a été aussi la dure force qui, en mettant aux prises les tribus, les peuples, les races, a mêlé les élément humains et préparé les groupements vastes. Mais un jour vient, et tout nous signifie qu’il est proche, où l’humanité est assez organisée, assez maîtresse d’elle-même pour pouvoir résoudre, par la raison, la négociation et le droit, les conflits de ses groupements et de ses forces. Et la guerre, détestable et grande tant qu’elle est nécessaire, est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile.

    Je ne vous propose pas un rêve idyllique et vain. Trop longtemps les idées de paix et d’unité humaines n’ont été qu’une haute clarté illusoire qui éclairait ironiquement les tueries continuées. Vous souvenez-vous de l’admirable tableau que vous a laissé Virgile de la chute de Troie ? C’est la nuit : la cité surprise est envahie par le fer et le feu, par le meurtre, l’incendie et le désespoir. Le palais de Priam est forcé et les portes abattues laissent apparaître la longue suite des appartements et des galeries. De chambre en chambre, les torches et les glaives poursuivent les vaincus ; enfants, femmes, vieillards se réfugient en vain auprès de l’autel domestique que le laurier sacré ne protège pas contre la mort et contre l’outrage ; le sang coule à flots, et toutes les bouches crient de terreur, de douleur, d’insulte et de haine. Mais par dessus la demeure bouleversée et hurlante, les cours intérieures, les toits effondrés laissent apercevoir le grand ciel serein et paisible et toute la clameur humaine de violence et d’agonie monte vers les étoiles d’or : Ferit aurea sidera clamor2.

    De même, depuis vingt siècles et de période en période, toutes les fois qu’une étoile d’unité et de paix s’est levée sur les hommes, la terre déchirée et sombre a répondu par des clameurs de guerre.

    C’était d’abord l’astre impérieux de la Rome conquérante qui croyait avoir absorbé tous les conflits dans le rayonnement universel de sa force. L’empire s’effondre sous le choc des barbares, et un effroyable tumulte répond à la prétention superbe de la paix romaine. Puis ce fut l’étoile chrétienne qui enveloppa la terre d’une lueur de tendresse et d’une promesse de paix. Mais atténuée et douce aux horizons galiléens, elle se leva dominatrice et âpre sur l’Europe féodale. La prétention de la papauté à apaiser le monde sous sa loi et au nom de l’unité catholique ne fit qu’ajouter aux troubles et aux conflits de l’humanité misérable. Les convulsions et les meurtres du Moyen Âge, les chocs sanglants des nations modernes, furent la dérisoire réplique à la grande promesse de paix chrétienne. La Révolution à son tour lève un haut signal de paix universelle par l’universelle liberté. Et voilà que de la lutte même de la Révolution contre les forces du vieux monde, se développent des guerres formidables.

    Quoi donc ? La paix nous fuira-t-elle toujours ? Et la clameur des hommes, toujours forcenés et toujours déçus, continuera-t-elle à monter vers les étoiles d’or, des capitales modernes incendiées par les obus, comme de l’antique palais de Priam incendié par les torches ? Non ! Non ! Et malgré les conseils de prudence que nous donnent ces grandioses déceptions, j’ose dire, avec des millions d’hommes, que maintenant la grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine. Des forces neuves y travaillent : la démocratie, la science méthodique, l’universel prolétariat solidaire. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile, parce qu’avec les gouvernements libres des démocraties modernes, elle devient à la fois le péril de tous par le service universel, le crime de tous par le suffrage universel. La guerre devient plus difficile parce que la science enveloppe tous les peuples dans un réseau multiplié, dans un tissu plus serré tous les jours de relations, d’échanges, de conventions ; et si le premier effet des découvertes qui abolissent les distances est parfois d’aggraver les froissements, elles créent à la longue une solidarité, une familiarité humaine qui font de la guerre un attentat monstrueux et une sorte de suicide collectif.

    Enfin, le commun idéal qui exalte et unit les prolétaires de tous les pays les rend plus réfractaires tous les jours à l’ivresse guerrière, aux haines et aux rivalités de nations et de races. Oui, comme l’histoire a donné le dernier mot à la République si souvent bafouée et piétinée, elle donnera le dernier mot à la paix, si souvent raillée par les hommes et les choses, si souvent piétinée par la fureur des événements et des passions. Je ne vous dis pas : c’est une certitude toute faite. Il n’y a pas de certitude toute faite en histoire. Je sais combien sont nombreux encore aux jointures des nations les points malades d’où peut naître soudain une passagère inflammation générale. Mais je sais aussi qu’il y a vers la paix des tendances si fortes, si profondes, si essentielles, qu’il dépend de vous, par une volonté consciente, délibérée, infatigable, de systématiser ces tendances et de réaliser enfin le paradoxe de la grande paix humaine, comme vos pères ont réalisé le paradoxe de la grande liberté républicaine. Œuvre difficile, mais non plus œuvre impossible. Apaisement des préjugés et des haines, alliances et fédérations toujours plus vastes, conventions internationales d’ordre économique et social, arbitrage international et désarmement simultané, union des hommes dans le travail et dans la lumière : ce sera, jeunes gens, le plus haut effort et la plus haute gloire de la génération qui se lève.

    Non, je ne vous propose pas un rêve décevant ; je ne vous propose pas non plus un rêve affaiblissant. Que nul de vous ne croit que dans la période encore difficile et incertaine qui précédera l’accord définitif des nations, nous voulons remettre au hasard de nos espérances la moindre parcelle de la sécurité, de la dignité, de la fierté de la France. Contre toute menace et toute humiliation, il faudrait la défendre : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France, et parce qu’elle est humaine

    Même l’accord des nations dans la paix définitive n’effacera pas les patries, qui garderont leur profonde originalité historique, leur fonction propre dans l’œuvre commune de l’humanité réconciliée. Et si nous ne voulons pas attendre, pour fermer le livre de la guerre, que la force ait redressé toutes les iniquités commises par la force, si nous ne concevons pas les réparations comme des revanches, nous savons bien que l’Europe, pénétrée enfin de la vertu de la démocratie et de l’esprit de paix, saura trouver les formules de conciliation qui libéreront tous les vaincus des servitudes et des douleurs qui s’attachent à la conquête. Mais d’abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications même justes provoquent des représailles qui se flattent de l’être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin, où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discernent presque plus l’un de l’autre, et où l’humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que de sa défaite.

    Surtout, qu’on ne nous accuse point d’abaisser et d’énerver les courages. L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli ; c’est d’accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l’action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendues. Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. Le courage, c’est d’accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l’art, d’accueillir, d’explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d’éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l’organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes. Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

    Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d’exercer et d’éprouver leur courage, et qu’il faut prolonger les roulements de tambour qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les cœurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux. Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C’est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.

    (1) Allusion à la Verrerie Ouvrière d’Albi, une grande affaire pour Jaurès et le mouvement ouvrier dans les années précédentes. Rendue nécessaire par le lock-out des verriers de Carmaux par leur patron Resseguier (1895), la Verrerie Ouvrière d’Albi, propriété de l’ensemble du prolétariat, fut inaugurée à Albi le 25 octobre 1896 par Jaurès et Rochefort.

    2 Leur clameur heurte les étoiles d’or, Virgile, L’Énéide, II, 488 (trad. Les Belles Lettres, 2002).

  31. Darthé-Payan dit :

    @ Tous

    Jean Jaurès

    © Assemblée nationale

    L’émancipation sociale des travailleurs

    Discours à la Chambre des députés : 21 novembre 1893

    Oui, par le suffrage universel, par la souveraineté nationale qui trouve son expression définitive et logique dans la République, vous avez fait de tous les citoyens, y compris les salariés, une assemblée de rois. C’est d’eux, c’est de leur volonté souveraine qu’émanent les lois et le gouvernement ; ils révoquent, ils changent leurs mandataires, les législateurs et les ministres, mais, au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique, il est dans l’ordre économique réduit à une sorte de servage.

    Oui ! au moment où il peut chasser les ministres du pouvoir, il est, lui, sans garantie aucune et sans lendemain, chassé de l’atelier. Son travail n’est plus qu’une marchandise que les détenteurs du capital acceptent ou refusent à leur gré […].

    Il est la proie de tous les hasards, de toutes les servitudes et, à tout moment, s’il veut exercer son droit légal de coalition pour défendre son salaire, il peut se voir refuser tout travail, tout salaire, toute existence par la coalition des grandes compagnies minières. Et tandis que les travailleurs n’ont plus à payer, dans l’ordre politique, une liste civile de quelques millions aux souverains que vous avez détrônés, ils sont obligés de prélever sur leur travail une liste civile de plusieurs milliards pour rémunérer les oligarchies qui sont les souveraines du travail national.

    Et c’est parce que le socialisme apparaît comme seul capable de résoudre cette contradiction fondamentale de la société présente, c’est parce que le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale, c’est parce qu’il veut que la République soit affirmée dans l’atelier comme elle est affirmée ici, c’est parce qu’il veut que la Nation soit souveraine dans l’ordre économique pour briser les privilèges du capitalisme oisif, comme elle est souveraine dans l’ordre politique, c’est pour cela que le socialisme sort du mouvement républicain. C’est la République qui est le grand meneur : traduisez-la donc devant vos gendarmes !

    Et puis, vous avez fait des lois d’instruction. Dès lors, comment voulez-vous qu’à l’émancipation politique ne vienne pas s’ajouter, pour les travailleurs, l’émancipation sociale quand vous avez décrété et préparé vous-mêmes leur émancipation intellectuelle. Car vous n’avez pas voulu seulement que l’instruction fût universelle et obligatoire… vous avez voulu aussi qu’elle fût laïque, et vous avez bien fait.

    Vous n’avez pas, comme vous en accusent souvent des adversaires passionnés, ruiné les croyances chrétiennes, et ce n’était pas votre objet. Vous vous proposiez simplement d’instituer dans vos écoles une éducation rationnelle. Ce n’est vous qui avez ruiné les croyances d’autrefois ; elles ont été minées bien avant vous, bien avant nous, par les développements de la critique, par la conception positive et naturaliste du monde, par la connaissance et la pratique d’autres civilisations, d’autres religions, dans l’horizon humain élargi… Ce n’est pas vous qui avez rompu les liens vivants du christianisme et de la conscience moderne : ils étaient rompus avant vous. Mais ce que vous avez fait, en décrétant l’instruction purement rationnelle, ce que vous avez proclamé, c’est que la seule raison suffisait à tous les hommes pour la conduite de la vie.

    […]

    Par là même, vous avez mis en harmonie l’éducation populaire avec les résultats de la pensée moderne ; vous avez définitivement arraché le peuple à la tutelle de l’Église et du dogme ; vous avez rompu, non pas ces liens vivants dont je parlais tout à l’heure, mais les liens de passivité, d’habitude, de tradition et de routine qui subsistaient encore.

    Mais qu’avez-vous fait par là ? Ah ! je le sais bien, ce n’était qu’une habitude et non pas une croyance qui survivait encore en un grand nombre d’esprits ; mais cette habitude était, pour quelques-uns tout au moins, un calmant et un consolant. Eh bien ! vous, vous avez rompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine… et la misère humaine s’est réveillée avec des cris, elle s’est dressée devant vous et elle réclame aujourd’hui sa place, sa large place au soleil du monde naturel, le seul que vous n’ayez point pâli.

    De même que la Terre perd, par le rayonnement nocturne, une partie de la chaleur que le jour y a accumulée, une part de l’énergie populaire se dissipait par le rayonnement religieux dans le vide sans fond de l’espace.

    Or, vous avez arrêté ce rayonnement religieux, et vous avez ainsi concentré, dans les revendications immédiates, dans les revendications sociales, tout le feu de la pensée, toute l’ardeur du désir ; c’est vous qui avez élevé la température révolutionnaire du prolétariat, et, si vous vous épouvantez aujourd’hui, c’est devant votre œuvre !

    […]

    Vous trouverez bien assez le moyen, sans changer les lois, de supprimer en fait la liberté des syndicats ouvriers et de faire une loi de servitude de ce qui a été une loi d’émancipation.

    Et je suis en droit de conclure que le socialisme est à ce point un mouvement profond et nécessaire, qu’il sort si évidemment, si puissamment de toutes les institutions républicaines, laïques, démocratiques, que, pour combattre le socialisme, vous allez être condamnés dans tous les ordres, dans l’ordre politique, dans l’ordre fiscal et dans l’ordre syndical, à une œuvre de réaction.

    Et bien ! faites-la, essayez-la ! et pendant que vous userez ce qui peut vous rester de force et de prestige à lutter contre le peuple en marche, dans les intervalles que nous laisseront vos persécutions impuissantes, nous apporterons les projets de réforme que vous n’avez pas apportés ; et, puisque vous désertez la politique républicaine, c’est nous, socialistes, qui la ferons ici.

  32. Hold-up dit :

    "Descartes" : "Je te rappelle que nous parlons de terrorisme. Combien de morts on provoqué ces attaques « bien réelles » que nos médias aux ordres nous cachent ? Combien de blessés ? Le saccage d’une librairie est un acte grave et qui doit être puni. Mais ne penses-tu pas qu’il y a tout de même une hiérarchie entre le saccage d’une librairie et une bombe dans une station de métro ou dans un TGV"

    Réponse : La base de la CIA attaquée ces derniers mois était fortement impliquée dans la sélection des cibles pour les avions sans pilotes (drones) envoyés par l’agence le long de la frontière Afghano-pakistanaise, un programme qui a tué 300 personnes civiles l’année dernière.

    Quel étrange raisonneux que ce "Descartes" ?

  33. Darthé-Payan dit :

    @ tous

    Jean Jaurès

    © Assemblée nationale

    « C'est dans le prolétariat que le verbe de la France se fait chair »

    Interpellation à la Chambre des députés : 4 décembre 1905

    M. Jaurès : La liberté, c'est l'enfant de la classe ouvrière (applaudissements sur divers bancs à gauche et à l'extrême gauche), née sur un grabat de misère, et de mine chétive encore, mais qui porte en soi une incomparable vitalité secrète et dont le regard de flamme appelle la liberté d'un monde nouveau.

    Oui, Sembat avait raison de dire que trop souvent la beauté des chefs-d'œuvre où est condensé le génie de la France est pour les ouvriers, pour les prolétaires, ou trop ignorants encore ou dévorés par la besogne de chaque jour, un livre fermé. Mais ce n'est pas seulement par les livres, c'est par une tradition vivante et active que toute la pensée de la France s'incorpore peu à peu à l'esprit de la classe ouvrière, à l'esprit du prolétariat. Les ouvriers du XVIIIe siècle avaient très peu lu, et Voltaire et Rousseau et Diderot et l'Encyclopédie, et pourtant, lorsqu'au début de la Révolution, dans le cours de la Révolution, ils eurent besoin de défendre contre l'Église les libertés révolutionnaires naissantes, ils s'approprièrent, en quelques mois, toute la critique voltairienne, et c'est seulement dans les ouvriers de nos faubourgs qu'elle a gardé toute sa vivacité et toute son étincelle. (Applaudissements à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche.)

    M. Massabuau : Rabelais avait précédé Voltaire.

    M. Jaurès : ils n'avaient pas lu Jean-Jacques...

    M. Charles Benoist : Heureusement !

    M. Jaurès :... mais lorsque la Constituante créa des citoyens actifs et des citoyens passifs, lorsque le peuple eut besoin, pour défendre son droit, de proclamer l'entière démocratie, c'est lui et lui seul qu'il assimila et appliqua jusqu'au bout dans ses conséquences ultimes... De même les ouvriers n'ont pas eu besoin de lire ce qui, dans l'Encyclopédie, touche aux détails techniques de l'industrie, ce qui glorifie le travail manuel ; ils n'ont pas eu besoin de cette lecture pour prendre peu à peu conscience dans la démocratie, dans la patrie, de la dignité, de la beauté, de la puissance du métier manuel exercé par eux. Et maintenant, lorsque tous ensemble, syndicats fédérés aux syndicats, fédérations de métiers réunies aux fédérations de métiers, ils groupent, dans une organisation harmonieuse, toute la volonté de l'industrie ouvrière, ils réalisent une sorte d'encyclopédie vivante qui est l'accomplissement de l'Encyclopédie du XVIIIe siècle. (Applaudissements à l'extrême gauche.) Ainsi, Messieurs, ce n'est pas par la tradition des livres, c'est par la tradition de l'histoire que la pensée de la France s'incorpore à la substance même de la classe ouvrière. C'est dans le prolétariat que le verbe de la France se fait chair. (Exclamations à droite, Applaudissements à l'extrême gauche). J'ose dire, sans jouer des mots, que plus les ouvriers seront révolutionnaires, plus ils le seront délibérément, consciemment, plus ils comprendront aussi la nécessité de défendre toujours, de sauver toujours l'indépendance de la nation. (Très bien ! très bien ! et applaudissements à l'extrême gauche et sur divers bancs à gauche.) Qu'est-ce que la Révolution ? C'est le suprême effort vers l'entière liberté politique et sociale. Et comment la liberté des individus serait-elle possible dans l'esclavage des nations ? (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) C'est pourquoi, Messieurs, vous n'avez pas besoin de redouter, pour l'indépendance et pour la sécurité de la patrie, la croissance révolutionnaire de la classe ouvrière organisée.

  34. Darthé-Payan dit :

    @ tous

    J'ai posté précédemment trois documents concernant des discours ou interventions de Jean-Jaurès. J'espère que vous les lirez et vous vous en inspirerez. Un peu de pensée républicaine, socialiste, laïque, jacobine, patriotique, internationaliste et universaliste ne devrait pas nous faire de mal ! oui ? non ?

  35. julie dit :

    @annie p.75
    d'entrée pour éviter toute confusion: j'adhère absolument au principe constitutionnelle de la laïcité en France et j'ajoute, souhaitable dans tous les pays dans l'absolu. MAIS: l'histoire de chaque pays s'écrit selon ses propres évènements et dans ces évènements, les églises ont joué et jouent toujours des rôles à des degrés divers. Donc, si Chavez dans son discours à Copenhague cite dieu, ce n'est pas pour autant qu'il ne serait plus des nôtres. Il est dans son histoire et celle de son peuple. De même, je revendique la même chose pour mon pays d'origine, l'Allemagne, où la participation active à la vie politique a pu jouer un rôle(positive) important à un moment donné. Je pense en particulier aux manifestations des lundis à Leipzig en novembre 1989, mais aussi dans beaucoup d'autres villes en ex-RDA. C'étaient des protestants plutôt que des catholiques, mais pas de mérite particulier, un héritage de l'histoire également: la guerre de 30 ans se concluant dans le traité de westphalie a imposé au sujet le choix de religion de leur prince et ainsi le nord est plutôt protestant, le sud catholique. Maintenant, des influences négatives des églises existent également, loi sur l'IVG, reconnaissance de couples homo etc. Plus grave est leurs soutiens de principe à l'appareil d'état, d'où le problème de la pasteure. Il faut savoir que des aumôniers sont en Afghanistan pour "accompagner" les troupes, rien de nouveau sous le ciel. Il serait intéressant d'ailleurs de savoir qu'en est-il du côté français....
    J'espère avoir répondu à ta question, crois-moi je regrette que le modèle français n'ait pas pu trouver plus d'adeptes,
    aujourd'hui il est plutôt l'exception, très attaqué de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur (v. sur ce blog)
    Que la "laicarde" que tu es le reste sans pour autant vouloir imposer ta conviction au-délà des frontières.

  36. julie dit :

    @annie p 75
    je précise: la pasteure en question était en fait évêque et première des évêques depuis octobre dernier et on l'a fait démissionner en montant en épingle sa conduite sous alcool. Ironie de l'histoire et je dirais typiquement féminin: elle a un chauffeur dû à sa fonction, mais a estimé "qu'il avait aussi droit à une vie privée", l'incident ayant eu lieu un samedi autour de minuit.

  37. Annie dit :

    @julie posts 86 et 87 : ah mais je n'impose rien à personne, si j'ai posté en N° 80 un extrait de J. Généreux, qui résume bien le quatuor république/socialisme/laïcité/émancipation auquel j'adhère personnellement, c'est que j'avais la flemme de faire un développement par moi-même.
    Aux déclinologues ou aux pourfendeurs gauchistes de la république sociale, je reste persuadée que c'est ce qui nous convient le mieux : il suffit de constater que la France a les plus fortes communautés de juifs et de musulmans d'Europe, de taux de mariages mixtes, et pour un pays qui a honteusement kollaboré avec l'Allemagne nazie durant la période de l'Etat Français de Pétain, on ne peut que saluer la rapidité de la réconcilation nationale.
    Comme tu as du le deviner, je me lamente surtout des pourfendeurs qui martèle souvent le "haro à l'uniformisation des laïcards républicains intolérants" et qui ne se rendent même pas compte qu'ils promeuvent eux... l'uniformisation des institutions françaises (une construction politique qui a une histoire souvent oubliée) à des normes anglo-saxonnes.

    En fait, comme je ne parle pas allemand et que les rares fois où je suis allée dans ce pays, je n'avais pas l'impression que l'emprise de l'église pouvait avoir du poids, je voulais des précisions pour mon info personnelle.

  38. marj dit :

    @Descartes

    Comme d'habitude, tu noies, tu noies et compares toi ce qui ne l'est pas, alors je vais être encore plus explicite :

    1/ Pourquoi tu passes ton temps à essayer de démontrer que les attentats terroristes sont à relier à l'islam ?Quel en est l'intérêt ?
    Parce ce que tu veux démontrer qu'il y a un lien déterminant entre cette religion et la violence et c'est pas la première fois que tu t'y essaies...mais voyant que tu n'y arrives pas, tu ajoutes à attentats le mot "suicide " mais là encore, l'histoire montre que tu as tord (cf wikipédia)...et quand bien même le suicide serait lié "à certaines cultures" comme tu dis, en quoi cela est plus barbare que de faire signer des obus par des enfants afin de les envoyer sur d'autres comme le font les Israeliens ?Je te conseille de lire le rapport de l'ONU sur les crimes de guerre à Gaza ou de visionner Al Jazeera et tu verras la "moralité" de l'armée Israelienne ! La différence c'est que certains crimes sont plus médiatisés que d'autres, eh oui diversifier ses sources d'info, savoir qui fait l'info et pourquoi peut-être intéressant...

    2/ Depuis quelques années, il se trouve que des islamistes radicaux issus pour la plupart de pays pauvres utilisent ce mode de lutte c'est vrai
    Je pose la question pourquoi ? Question que les pays occidentaux éludent contrairement à ce que tu dis préférant aller faire une guerre qui ne sert à rien puisqu'elle entretient elle même le terrorisme...sans compter le manque de volonté politique dans la résolution du conflit Israelo palestinien, conflit utilisé par les islamistes pour illustrer aux yeux de beaucoup de musulmans l'injustice des règles internationales, règles fixées par les pays occidentaux.
    Sans compter qu'à l'origine, Ben Laden et les islamistes ont été financés par la CIA contre les gouvernements progressistes et les militants de gauche dont bcp ont laissé leur peau (cf le livre noir de la CIA par ex).
    D'ailleurs,on ne sait pas exactement qui commandite tous les attentats commis dans le monde...

    3/ Les attentats suicides ne sont pas uniquement le fait de pauvres, certainement mais à la marge, comme dans tout système de manipulation, il y a les "cerveaux" comme Ben laden et puis il y a les autres, tous les autres.
    Et même si certains des terroristes sont ingénieurs, qui te dit qu'ils ne sortent pas à la base du petit peuple ?
    Il y a quelques mois, j'avais vu à la télé un trés beau reportage sur les femmes kamikazes Palestiniennes, et bien toutes avaient un ou plusieurs membres de leur famille (frère, père etc) qui avaient été tués...

    4/ Oui, la question qu'est ce que le terrorisme ? peut -être posée:
    N'oublies pas que pendant la guerre, l'occupation , les résistants étaient appelés terroristes par l'ennemi et que ceux que l'on appelle terroristes aujourd'hui, certains les appelle aussi résistants !
    Le terrorisme est l'arme des faibles tandis que ceux qui ont le pouvoir utilisent des méthodes autres (armes de pointe, services secrets et même le fric) mais ce qui compte c'est le résultat : la souffrance engendrée et les morts ! Je ne vois pas de lien avec des maladies naturelles qui ne sont pas le fait de l'homme (sauf armes chimiques).

    5/ J ne fais ni l'apologie du terrorisme ni celui de l'islam politique, je remet les choses à leur place afin d'éviter les caricatures et les raccourcis.

  39. Chaloup dit :

    La Seyne, ce matin 6h30

    Ce matin, sur une sucette, des affiches de la "ligue du sud" contre "l'islamisation de la société". Vous savez, Bompard, le maire d'Orange, ce vieux facho utile aux combinazione politiciennes provençales. Certains veulent piquer des voix au FN, d'autres au contraire, veulent le renforcer.
    La veille, sur la même sucette, les affiches du NPA, son mégaphone et sa femme voilée.
    Au kiosque, au moment du café en attendant le placier, chacun se moque de cette simagrée et parle de son maigre réel agrémenté de la victoire de l'OM la veille. On renvoie Besancenot à ses utopies, arabes et blancs ignorent Bompard... mais tous s'accordent pour décidément ne pas voir l'utilité d'aller voter...
    Implicitement, il coule d'évidence entre nous que l'agresseur n'est pas l'étranger, nous sommes là ensemble à blaguer en attendant de prendre le travail, à la même enseigne. Beaucoup d'entre nous sommes là, attendant l'ouverture du marché, parce que les chantiers navals ont fermé depuis longtemps, depuis le chomage, la désinsertion, la misère et les petis boulots, vendre qqs fringues ce matin,...
    Et puis cette info qui fait plaisir: en Grèce, on a muré les portes des banques pendant la grève générale. Et voilà que çà réveille la bonne humeur.
    Alors, çà ne donne pas plus envie de voter, mais çà soulève un espoir et çà nous met d'accord. Pas pour voter certes, je n'ose pas évoquer l'idée d'un front de gauche tel qu'il est là: les affiches sur la même sucette ne font que répéter sans contenu le nom de Coppola, sa tête de liste, avec le gros logo PCF, plus gros que celui du FdG bien sûr.
    Oui, ce n'est pas vraiment un discours politique de s'en prendre aux banques, c'est peut-être démago, mais çà identifie un ennemi autre que l'étranger...

  40. Carol DEBY dit :

    @ Darthe-Payan

    J'approuve ton initiative de nous livrer des textes de Jaurès.
    Mais leur lecture sur ce site est plutôt malaisée, et leur impression ou leur mise en archives longue et parfois compliquée.
    Pourquoi ne pas tout simplement indiquer tes sources sur Internet, là où tu as copier-collé tes textes :

    Jaurès, discours à la jeunesse, Toulouse,1892
    http://www.lours.org/default.asp?pid=102

    Discours de Jaurès, Lille, 1900
    http://www.lours.org/default.asp?pid=332

    Je crois qu'il est mal venu de citer plus de deux liens par message.

    La suite des références est plus bas

  41. Carol DEBY dit :

    Suite du n° 91

    Jaurès, discours à la jeunesse, Albi, 1903
    http://www.lours.org/default.asp?pid=100

    Jaurès, Limoges, 1913 (impôt sur le revenu)
    http://www.lours.org/default.asp?pid=176

    Suite plus bas

  42. Carol DEBY dit :

    Suite du n°92

    Jaurès, Limoges, 1913 (impôt sur le revenu)
    http://www.lours.org/default.asp?pid=176

    LES BATAILLES ELECTORALES
    http://clioweb.free.fr/jaures/luttes.pdf

    Suite finale plus bas

  43. Michel Matain dit :

    @ 85 Darthé-Payan

    Sur un blog comme celui là, il vaut mieux mettre le lien plutôt que de tartiner des pages ou des textes beaucoup trop long. J'ai peu de temps et de manière générale, je lis peu de textes très longs ou les lis très très très vite (et quasiment aucun de tous les posts consacrés à la religion, à l'islam,... ou aux suicides et attentats comparés des juifs, musulmans et autres...). Je suis désolé pour Jennifer, Descartes et d'autres qui écrivent énormément de longs développements mais je zappe. Idem pour les longs développements autour de textes de Saint Marx, Saint Jaurès, Saint Just ou Saint Lénine, de tel décret de la Révolution soviétique... Je ne suis pas fétichiste de nos illustres prédecesseurs. Et le fait que Jaurès ou Marx ait pu écrire ça ou ça n'est pour moi qu'une référence historique qui peut aider mais en aucun cas ça ne sera parole d'Evangile...

    Je lis de façon plus attentive beaucoup d'infos données par BA, les posts consacrés à la guerre en Afghanistan, les infos sur les différentes régions, les commentaires politiques des différents bords et, étant hispanophone j'ai du plaisir à trouver ici des textes en espagnol (malgré le caractère totalement élitiste de présenter ici des textes dans une autre langue).

    Je regrette souvent le ton et l'agressivité présente dans un certain nombre de posts. Et je reste convaincu que la plupart du temps les mêmes choses dites autrement auraient plus d'impact. Mais est-ce le but recherché par ceux qui agressent ou insultent ?

  44. Nipontchik dit :

    "la victoire de l’OM la veille"

    oui contre Copenhague facile....
    vous allez voir ce qu'on va vous mettre lors du tout prochain "clasico"!

  45. Descartes dit :

    @marj (#89)

    Comme d’habitude, tu noies, tu noies et compares toi ce qui ne l’est pas,

    Comme d'habitude, tu commences ton message par un procès d'intention. Est-ce si difficile pour toi de montrer un minimum de respect pour celui qui ne partage tes idées en lui reconnaissant au moins un minimum de bonne foi ?

    1/ Pourquoi tu passes ton temps à essayer de démontrer que les attentats terroristes sont à relier à l’islam ?Quel en est l’intérêt ?

    Je n'a jamais "essayé de démontrer" rien de tel. La question posée était de savoir pourquoi l'opinion occidentale a une tendance à faire l'association "islam-terrorisme" plutôt que "judaïsme-terrorisme". La réponse, assez évidente, est que les actes terroristes commis en occident l'ont été par des musulmans, alors que les actes de même type commis par des juifs sont exceptionnellement rares.

    Parce ce que tu veux démontrer qu’il y a un lien déterminant entre cette religion et la violence et c’est pas la première fois que tu t’y essaies …

    Encore un procès d'intention... Franchement, il n'est pas nécessaire d'aller chercher le terrorisme pour montrer une liaison "déterminante" entre l'islam et la violence. Il suffit pour cela de lire les textes canoniques eux mêmes. Et cela est vrai de beaucoup de religions.

    mais voyant que tu n’y arrives pas, tu ajoutes à attentats le mot « suicide » mais là encore, l’histoire montre que tu as tord (cf wikipédia)…

    Non. Si tu reprends la discussion, tu verras que la question des "attentats suicides" est venue dans la conversation toujours a cause de la comparaison "terrorisme musulman" vs. "terrorisme juif". Le terrorisme musulman, en utilisant une méthodologie qui pour les occidentaux reste difficilement compréhensible, frappe les opinions d'une manière que le "terrorisme juif" n'a pas. En dernière instance, le terrorisme conduit par des juifs ou des chrétiens reste pour nous compréhensible.

    Quant à "l'histoire montre que tu as tord (cf wikipédia)" (sic), je ferai deux remarques: d'une part, l'article de wikipédia ne dit nullement que j'aie "tord", puisqu'il se refère non pas au terrorisme, mais à des actes de guerre. Et d'autre part, l'autorité de wikipedia pour représenter le jugement de l'histoire est, pour le moins, contestable.

    et quand bien même le suicide serait lié « à certaines cultures » comme tu dis, en quoi cela est plus barbare que de faire signer des obus par des enfants afin de les envoyer sur d’autres comme le font les Israeliens ?

    Ce qui était en discussion ici n'était pas de savoir qui est le plus barbare, mais pourquoi certains actes frappent l'opinion plus que d'autres. Faudrait arrêter d'avoir ce réflexe pavlovien qui te fait aboyer dès que quelqu'un fait une remarque critique sur les musulmans. Ce n'est pas parce qu'on constate que les musulmans ont recours au terrorisme suicide qu'on excuse les israéliens.

    2/ Depuis quelques années, il se trouve que des islamistes radicaux issus pour la plupart de pays pauvres utilisent ce mode de lutte c’est vrai

    Pourquoi te limiter aux "islamistes radicaux issus pour la plupart des pays pauvres" ? Un part non négligeable d'entre eux sont issus aussi de pays riches, ou des classes aisées des pays pauvres. Le terrorisme suicidaire n'a pas l'air vraiment corrélé à la question de la richesse...

    Je pose la question pourquoi ? Question que les pays occidentaux éludent contrairement à ce que tu dis

    Tu répètes une affirmation qui est fausse. Je te l'ai déjà dit: regarde les programmes d'organismes comme l'IHEDN ou l'IHESI, et tu verras des dizaines de conférences et de colloques sur cette question. Que les réponses qu'ils apportent ne te conviennent pas n'implique pas que la question ne soit pas posée.

    D'ailleurs, je constate que toi aussi tu éludes cette question, puisque je t'ai déjà demandé trois fois quelle était ton analyse, et tu as refusé par trois fois de répondre...

    3/ (...) Et même si certains des terroristes sont ingénieurs, qui te dit qu’ils ne sortent pas à la base du petit peuple ? Il y a quelques mois, j’avais vu à la télé un trés beau reportage sur les femmes kamikazes Palestiniennes, et bien toutes avaient un ou plusieurs membres de leur famille (frère, père etc) qui avaient été tués …

    Mais il faut tout de même constater qu'il y a dans le monde des milliers d'ingénieurs qui "sortent à la base du petit peuple", et on ne les trouve pas en train de se suicider avec une ceinture d'explosifs. De la même manière, tu trouveras de par le monde beaucoup de femmes qui ont perdu un ou plusieurs membres de leurs familles dans un conflit, et ce n'est pas pour autant qu'elles se font sauter dans une rue commerçante. Pourquoi cela n'arrive que dans certaines cultures (dont celle de l'islam, mais pas uniquement) et pas dans d'autres ? Pense par exemple aux juifs d'Europe centrale sous la botte nazi: eux aussi étaient pauvres, eux aussi avaient "perdu plusieurs membres de leurs familles" et risquaient la déportation à Auschwitz. Et pourtant, on trouve difficilement qui se soient fait sauter froidement au milieu d'une foule.

    4/ Oui, la question qu’est ce que le terrorisme ? peut -être posée: N’oublies pas que pendant la guerre, l’occupation, les résistants étaient appelés terroristes par l’ennemi et que ceux que l’on appelle terroristes aujourd’hui, certains les appelle aussi résistants !

    Je n'oublie rien. Mais si l'on veut discuter sérieusement, on ne peut pas se contenter des mots de la propagande. Si l'on veut étudier le phénomène comme tel, il faut donner une définition de terrorisme qui ne dépende pas du côte de la barricade où l'on se place, et qui repose donc sur les faits objectivement considérés. Je propose une définition: "un acte terroriste est un acte destiné à terroriser une population civile pour l'amener à un comportement déterminé". Si elle ne te plait pas, tu peux en proposer une autre...

    Le terrorisme est l’arme des faibles tandis que ceux qui ont le pouvoir utilisent des méthodes autres (armes de pointe, services secrets et même le fric)

    Nous sommes donc d'accord que "ceux qui ont le pouvoir" utilisent des "méthodes autres" que le terrorisme. Mettre donc dans une discussion sur le terrorisme "la spéculation" est donc absurde. QED.

    mais ce qui compte c’est le résultat : la souffrance engendrée et les morts !

    Non. Avec ce genre de raisonnement, il n'y a pas de différence entre Dresde et Hiroshima-Nagasaki. Ou entre Dresde et Treblinka. Il n'y a pas que le "résultat" qui compte, et depuis des millénaires l'homme a décidé que certaines méthodes de tuer étaient "licites" et d'autres pas, et cette codification a un sens.

    Je ne vois pas de lien avec des maladies naturelles qui ne sont pas le fait de l’homme (sauf armes chimiques).

  46. Descartes dit :

    @Hold-up (#83)

    « Descartes » : « Je te rappelle que nous parlons de terrorisme. Combien de morts on provoqué ces attaques « bien réelles » que nos médias aux ordres nous cachent ? Combien de blessés ? Le saccage d’une librairie est un acte grave et qui doit être puni. Mais ne penses-tu pas qu’il y a tout de même une hiérarchie entre le saccage d’une librairie et une bombe dans une station de métro ou dans un TGV »

    Réponse : La base de la CIA attaquée ces derniers mois était fortement impliquée dans la sélection des cibles pour les avions sans pilotes (drones) envoyés par l’agence le long de la frontière Afghano-pakistanaise, un programme qui a tué 300 personnes civiles l’année dernière.

    Ta réponse me laisse songeur... en quoi les drones de la CIA entreraient dans la catégorie de "terrorisme" ? On peut critiquer la doctrine qui consiste à éliminer les cadres et dirigeants militaires du camp adverse, mais on peut difficilement l'assimiler à du "terrorisme" (qui, lui, consiste justement à produire par des actes indiscriminés un sentiment de terreur dans une population non-combattante). A force de donner au mot "terrorisme" une signification extensive, il finit par couvrir n'importe quel acte de violence...

    Et même si c'était du "terrorisme", ta remarque n'a aucun rapport avec la discussion en cours: lorsqu'on comparait les attaques de la LDJ avec le "terrorisme musulman", il était évident que la comparaison ne pouvait concerner que la France (la LDJ n'ayant guère les moyens d'organiser des attentats à l'étranger).

  47. Carol DEBY dit :

    Témoignage

    La notion de république sociale était chère à Jaurès. De nombreux socialistes français terminèrent, encore longtemps après 1945, leurs assemblées en clamant : « Vive la République Sociale ! ».
    C’était en 1959.
    Je participais, en tant que socialiste wallon, à une séance maçonnique dans une petite ville au nord de Paris, célèbre par la naissance d’un poète du XVIIe siècle.
    Il vous importe peu de savoir si c’était une séance « blanche », où l’on admet l’entrée de profanes, ou une séance purement maçonnique. A l’entrée d’un pont,
    nous avisâmes un sergent de ville pour lui demander comment atteindre la rue X.
    « Ah ! vous allez à la Loge ! » nous répondit-il avec un large sourire. Discrétion !
    L’accueil fut fantastique. Le président était un vieux médecin barbu, de l’âge que j’ai aujourd’hui. Il termina la séance par un « Vive la République Sociale !».
    C’était le début de relations entre socialistes wallons et français de tradition jauressienne.
    C’était il y a un demi-siècle. Ces socialistes ont dérivé vers la droite, tant en Belgique qu’en France.
    Staline étant mort, je me suis orienté ver le PCB.
    Aujourd’hui, nous avons l’autre Gauche, qui n’est pas encore organisée en parti. Vous avez la chance, les gens de gauche français, d’avoir Mélenchon.

  48. dorant dit :

    Blog d'Alexis Corbière
    Analyse intéressante dans son dernier post sur la situation "exemplaire" du Languedoc-Roussillon.
    Si la première partie De quoi Frêche est-il le nom est bien argumentée et convaincante, je demeure assez sceptique sur son exposé sur l'affirmation de "l'autre gauche".
    La confusion locale me semble très grande, notamment avec la liste Mandroux qui crée de l'illusion - et la compétition reste très vive en interne entre le PCF et le NPA avec des héritages très lourds de part et d'autre.
    Mais c'est en marchant qu'on apprend à marcher. Donc oui, situation à suivre de très près.


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