29nov 09

D imanche soir sur France inter, dans l’émission  de Pierre Weill, "c'est demain la veille" j’ai évoqué un fait à propos du contenu du discours de Nicolas Sarkozy sur la sécurité en banlieue. Cela a fait figure de révélation. c'est ainsi en tous cas que l'a exprimé Jean-Marie Colombani présent sur le plateau. Je recommence donc ici, sur ce blog,  pour que la nouvelle ne reste pas confinée. Comment se fait-il qu’aucun média ne l’ai relevé ? Peut être parce que Nicolas Sarkozy fait tellement de discours que leur contenu n’est plus étudié par personne. Nous allons voir combien de temps il faudra pour que le sujet que je soulève vienne en débat dans les médias.  Je rappelle en résumé le contexte. Le 24 novembre Sarkozy s’est rendu à Bobigny, Epinay (93) et Le Perreux (94) annonçant que « ça va beaucoup bouger sur la sécurité » avec « un plan anti-drogue, un développement accru de la vidéosurveillance, et de nouveaux moyens d'enquête pour la police. » Etrange déjà de voir quelqu’un qui est déjà en première ligne de responsabilité sur la sécurité depuis plus de 7 ans, c'est à dire depuis son accession au ministère de l’intérieur en 2002, affirmer qu’il faut faire bouger beaucoup de chose dans son domaine d’action prioritaire. Notons le quand même. Mais une annonce qu’il a faite, énorme, est passée totalement inaperçue. Lisez cet extrait de son discours: « Des réservistes expérimentés seront recrutés comme délégués à la cohésion police-population. Ils s'appuieront sur des "volontaires citoyens de la police nationale", c'est à dire des habitants dont je veux engager le recrutement pour qu'ils s’impliquent dans la sécurité de leur propre quartier. » Il s’agit là du système expérimenté par Silvio Berlusconi en Italie et que l’on appelle « les chemises  jaunes » du nom de la couleur de la chemise de ces miliciens.  Ainsi Nicolas Sarkozy a l’ intention de créer des milices et personne ne dirait rien ? Avez-vous bien lu ? Dans votre quartier, certains habitants du quartier auront des fonctions de police, ce qui est déjà incroyable mais de surcroit ils auront  ce pouvoir dans le quartier lui-même. Qui peut être d’accord avec ça ? Imaginez-vous concrètement ce que cela veut dire comme pouvoirs exorbitants accordés à ces personnes ?  Il faut rapidement que nos parlementaires et nos élus locaux s’opposent à cette absurdité. Les milices locales sont la fin du maintien de l’ordre républicain. Aucune des imperfections et lacunes béantes de ce dernier ne justifie que l’on régresse à cette logique milicienne qui va déclencher des abus prévisibles et des inquisitions intolérables dans un pays libre.

A NOTER: En Uruguay, le candidat de l'autre gauche a été élu Président de la république. A lire pour s'instruire, ce qu'en raconte mon ami Alexis Corbière sur son blog.


271 commentaires à “Action urgente : Refuser la création des milices de Sarkozy”
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  1. capone13000 dit :

    Bonjour Jean-Luc Mélenchon, pour infos OBAMA fait la même chose avec les Obama Youth Brigade : http://www.dailymotion.com/video/xaneds_obama-youth-brigade-march-in-format_news

    et avec le programme iwatch : http://www.dailymotion.com/video/xb4yfw_iwatch-le-programme-dune-societe-po_news

    A croire que certains veulent la même chose au niveau mondial ?!?

  2. Hold-up dit :

    Mais jusqu'où le laisserons-nous aller ?

    Je parle bien évidement du Président de l'Anti-république Française.
    La " révolution nationale " panique et s'arme. Tout est devenu " populaire " chez eux : la finance, leur parti, leur "écologie " et maintenant leur milice.

    Et toi Peuple de France, te sens-tu " populaire " ou Républicain ?

  3. Hold-up dit :

    La dissolution des associations, groupes de combat et milices privées
    Loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées

    http://www.droitsdelhomme-france.org/IMG/LADISS_1.pdf

  4. Romain Jammes dit :

    C'est quelque chose de très grave. C'est un processus de renversement du monopole de la violence par l'Etat qui a générer tout un processus de civilisation (loin d'être linéaire mais incontestable) qui fait qu'à présent, en démocratie, ni on se provoque en duel, ni on s'envoie en prison quand on a des désaccord mais on débat avec des arguments et on vote...

    Au delà de ça c'est une invitation à l'espionnage et à la dénonciation des voisins. Tristes méthodes pour de tristes époques dont on garde encore les trace à regarder les lettres que reçoivent toujours les journaux ou les ministères... (voir La Dénonciation
    de Boltanski).

    Romain JAMMES
    http://romain-jammes.blogspot.com/

  5. Romain Jammes dit :

    bonsoir,

    Ce qui se passe est très grave. C'est tout d'abord un renversement d'un processus qui date de plusieurs siècle: celui de la monopolisation de la violence par l'Etat. Celui là même qui accompagne un processus de civilisation, qui s'il n'est pas linéaire est incontestable, et qui fait que, dans notre démocratie, ni on se provoque en duel, ni on se met en prison, quand on a des désaccords...

    C'est enfin une invitation à la suspicion, à la surveillance et à la dénonciation que notre gouvernement nous à déjà exposé comme un acte républicain. Tristes méthodes pour de tristes époques dont on garde encore les marque à en regarder les lettres (et mails) que reçoivent toujours les journaux ou les ministère de français nostalgiques du fascisme... Je vous invite à lire à ce sujet La Dénonciation de Boltanski.

    Romain JAMMES

  6. Pulchérie D dit :

    @ HU (2)
    Ce n'est pas de populaire qu'il faut qualifier cette évolution, mais bien de populiste (terme utilisé à tort par la droite pour qualifier les gouvernements de Chavez et autres Morales, qui sont socialistes).
    C'est bien le populisme qui inspire ce gouvernement : c'est le bel exemple !
    Cela mène souvent au fascisme.

  7. Burner dit :

    Mais jusqu'où s'arrêteront-ils?

    C'est étrange, mais ces "milices" évoquent chez moi des années très sombres... et ça fait particulièrement froid dans le dos.

  8. Pulchérie D dit :

    Camus au Panthéon (proposition de N.S.)
    Lire la réponse indignée de Michel Onfray sur
    http://www.actualitte.com/actualite/15215-Albert-Camus-absent-Pantheon-Sarkozy.htm

  9. création de milices, et puis quoi encore ? jusqu'où aller trop loin ? Comment ne pas laisser nos libertés être étouffées ? Sufit-il de le dénoncer, et de crier ? je n'en suis pas sûr. face à l'autocratie, l'efficacité est ailleurs... Résistance !

  10. Doxine dit :

    Tout d'abord, joyeux anniversaire, le premier, aux partisans qui étaient présents à Saint-Ouen le 29 novembre 2008. Nous étions nombreux, dans l'attente d'un grand changement. Nous n'avons pas été déçus. Et depuis un an nous travaillons d'arrache-pied, encouragés par la capacité d'adaptation et la cohérence de tous nos camarades pour créer cette force nouvelle déjà si utile à la gauche.
    Et puis merci pour l'information passée inaperçue au milieu du flot ininterrompu, concernant la sécurité : c'est un sujet abandonné à la droite et à l'extrême droite par tradition, et la gauche devra l'occuper, pour la défense des libertés et d'une sécurité républicaine. Mais aussi de l'idée que nous avons de la démocratie, qui n'est pas anglo-saxonne, n'accepte pas les shérifs et autres partisans de l'auto-défense. Ce serait le meilleur moyen de faire des banlieues un Bronx généralisé.

  11. Pikadon dit :

    Faire part de ce projet fascisant c'est déjà avouer la faillite structurelle d'une économie et de l'état qui garantie sa conservation (et des 7 ans passés à faire semblant).

  12. Hold-up dit :

    @Pucherie D

    Je suis bien d'accord avec toi mais je ne faisais que reprendre " leur " mot qu'ils crachent à tue-tête au visage de toutes et de tous depuis deux ans maintenant. Plus leurs mesures sont anti-sociales, régressives et privilégient leur caste outrancière de privilégiés, plus ils caractérisent leur méfait de " populaire ". Il s'agit de bien comprendre le message.

    La secrétaire d'État a qualifié (ineptie) ses visées sur l'écologie, " d'écologie populaire " et mon bref message s'y référait directement. Chez les richards, tout est " populaire " c'est bien connu et à l'UMP désormais, le " populaire" vaut de l'or.
    Sans doute faut-il aussi entendre " people " dans bien des cas, ce qui veut dire tout ce qui n'est jamais produit par le peuple mais bien par le marketing et les industries du spectacle.

    Ainsi l'UMP devient l'union pour un mouvement " people " ; avouons que c'est plus juste au vu de la définition apportée plus haut.

    Nous avons ainsi " l'Union pour un Mouvement People " (les bœufs de lump) et " l'écologie populaire " c'est à dire le contraire de l'écologie politique qui est un changement de paradigme - et tandis que le concept d'écologie est déjà dépecé par les marchés et les multinationales pour arriver à un effet inverse au concept initial.

    Sarko cherche pour les Régionales a s'attirer les bonnes grâces non seulement du FN (milice) mais aussi d'une partie d'Europe- Ecologie (les bobos friqués perdus du cheptel) - Il ne faut pas s'appeler madame soleil pour comprendre.

    Et ce n'est pas la première fois où nous assistons à un " renversement des mots ", du moins à la trahison de leur signification d'origine en leur exact contraire. Dire " Populaire " pour avancer un ordre crapuleux, " populacier et antirépublicain, " il fallait oser. Sarko l'a fait. Les milices suivront.

    A moins qu'il y ait encore un peuple. Je veux dire digne de ce nom. Il nous manque assurément. Du moins est-il en voie de recomposition politique exacte. Travail de précision.

  13. 4 Août dit :

    C'est marrant, tout se passe comme prévu...

    Non, c'est pas marrant.

  14. Gilles Pion dit :

    Il l'avait déja annoncé des 2006, et c'était passé comme une lettre à la poste:
    Extrait des veux a la presse de Sarkozy, encore ministre:
    " La réserve citoyenne sera constituée de citoyens, qui comme les sapeurs pompiers volontaires veulent donner un peu de leur temps pour apporter leur contribution à la création d'une meilleure sécurité. Ils seront agréés par la police, porteront des signes distinctifs"

  15. abenmerdealors dit :

    "l faut rapidement que nos parlementaires et nos élus locaux s’opposent à cette absurdité."

    "Absurdité" ? Vous voulez dire infamie, je suppose ?

  16. 4 Août dit :

    « Le Conseil d’orientation des retraites ne présentera ses projections qu’après les régionales. Selon différents membres du COR, le gouvernement n’est pas encore tout à fait au clair sur le calendrier de cette réforme. « En pleine campagne électorale pour les régionales, il serait délicat pour le gouvernement de sortir des projections très alarmantes, nécessitant des décisions impopulaires »

    http://www.marianne2.fr/Mine-de-rien,-le-gouvernement-planifie-la-reforme-des-retraites_a182935.html

  17. Toto dit :

    Pétain...c'est Pétain moins l'Occupation ! C'est pour cela que les hyper-médias, habitants des beaux quartiers (Faut pas dire le contraire !) ne s'alarment guère à ce sujet ! Au contraire, ils n'y trouvent pas à y redire si leurs pairs un soir par semaine descendent dans la rue afin de protéger leur communauté d'intérêts ! Parce qu'il faut quand même bien dire qu'en plus de Sarkozy, on bouffe du Sarkozysme qui, lui, n'a pas de couleur politique : Les jeunes ou vieilles petites teignes toutes classes sociales confondues arrogantes et qui ne supportent plus qu'on s'en prennent à leur superbe personne (Couverture médiatique en moins !), c'est un des effets induits du comportement de notre président ! Les gens sont à cran, s'engueulent partout, s'emportent à la moindre réflexion sans plus réfléchir ni au tort ni à la raison, le but étant de se médiatiser dans l'espace occupé par des beuglements qui fleurent souvent bon le fameux "Pauv'con" : A ce titre, les transports en commun sont devenus de véritables précipités du Sarkozysme ! C'est tristouille...Mais les milices, ca n'est pas étonnant ! Peu de réplique en face ! Les hommes de troupes du journalisme dominant passent leur temps à nous montrer le doigt et ca peut certainement aller encore plus loin...Sincèrement, on ne peut pas croire que nos grands reporters du fait divers soient passés à côté ! Ils sont passés à côté parce qu'ils ont fait le choix rédactionnels de ne pas en parler laissant aux "gauchistes" le soin de révéler l'imposture afin de recentrer l'information puisque ce ne sont pas des gens "objectifs" qui l'ont fait remonter !

  18. Arlequin dit :

    "Le Ventre est encore fécond d'ou jaillit la bête immonde....."

    l'abîme est devant nous : et "ils" le savent....jamais le Capitalisme et ses suppôts n'abandonneront leurs pouvoirs, jamais ils ne négocieront quoique ce soit,

    Ce n'est pas un hazard si des dispositifs se multiplient par ceux-là même qui complotent à l'échelle planétaire contre les peuples et la démocratie.

    Non : ils ne cèdent pas à la panique...ils avancent lentement par touches successives et sont prêts, si besoin est, à faire ressurgir toutes les horreurs passés....pourvu que "leurs" intérêts soient sauvegardés.

    nous nous "habituons" c'est nous : et l'extrait de ce discours est une preuve de l'anesthésie générale qu'ils nous administrent continuant à charcuter les chairs à faire saigner les plaies....
    Mais jusqu'à quand les peuples vont admettre l'inadmissible ?

    N'ayons pas peur des mots : la Démocratie est en danger, et "fou celui qui fait le délicat quand les blés sont sous la grêle" il est temps, grand temps de rassembler le plus largement possible : c'est de notre intérêt vital dont il s'agit.

    merci

  19. MAZAN dit :

    « Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils votent »

    Tragique! C'est ce que l'on pourrait dire à Mélenchon qui alerte sur le dispositif sécuritaire que Sarkozy voudrait faire régner.

    Tragique similitude des dates et des textes. Le 24 novembre Sarkozy déclare « Des réservistes expérimentés seront recrutés comme délégués à la cohésion police-population. Ils s'appuieront sur des "volontaires citoyens de la police nationale", c'est à dire des habitants dont je veux engager le recrutement pour qu'ils s’impliquent dans la sécurité de leur propre quartier» et le 25 novembre, le parlement européen vote une résolution sur le volontariat en ces termes : « sensibiliser l'opinion publique à la valeur et à l'importance du volontariat – sensibiliser l'opinion publique à l'importance du volontariat en tant qu'expression de la participation civique contribuant à la réalisation d'objectifs communs à tous les États membres, comme le développement harmonieux de la société et la cohésion économique et sociale »

    Plus grave. Le parlement européen vote pour que le volontariat ait une base juridique solide. « L'Année européenne du volontariat devrait être l'occasion d'inciter les États membres à apporter une sécurité juridique aux volontaires en clarifiant leur statut légal » et toujours à l'avant garde des mauvais coups qui se prépare : «  L'Union européenne a un rôle important à jouer pour promouvoir, développer et soutenir les activités de volontariat sur l'ensemble de son territoire. Il importe cependant de reconnaître et de respecter la diversité du volontariat dans les différents États membres (…) Il conviendrait d'encourager les États membres à réduire au minimum les contraintes bureaucratiques qui empêchent les volontaires d'exercer leurs activités. »

    Mélenchon peut faire des effets de manches et se scandaliser sur le rapprochement qui est fait ici entre volontariat et volontariat. La résolution du parlement ne fait pas de différence. « Le développement harmonieux de la société et la cohésion économique et sociale » du parlement européen, c'est, poliment, dans ce cas d'espèce, la même chose que « la cohésion police-population » de Sarkozy.

    En votant cette résolution, le GUE a joué aux apprentis sorciers. L'affaire Berlusconi en Italie, c'est du pipi de chat. Maintenant, Sarkozy a l'aval du parlement européen.

    Oui, il est une action urgente. Pour arrêter Sarkozy, il faut arrêter les Mélenchonneries GUEste au parlement européen.

  20. Annie dit :

    L'empirisme ou l'expérimentation bordel : on sait ce qu'il y a eu en Italie (berlusconneries et erradication de la gauche), profitons-en pour ne pas les imiter !

  21. RD dit :

    Rien à voir avec le sujet, juste pour signaler qu'un morceau d'un précédent billet a été repris sur marianne2.fr, et comme de nombreux médias, citant encore Jean-Luc Mélenchon comme sénateur de l'Essonne. Petit problème, sur le site du parti de gauche, page du bureau national Jean-Luc Mélenchon est encore décrit comme sénateur. Certaines erreurs peuvent donc provenir de là...

  22. Reykj-on-Thames dit :

    Cela me fait penser au système de "community support" en GB. Les agents n'ont pas le même pouvoir que la police, ils sont formés et rémunérés pour seconder la police, c'est-à-dire pour intervenir essentiellement dans des cas de comportements anti-sociaux. Ils patrouillent à pied ou à bicyclette. Ce ne sont pas des milices.

    http://www.homeoffice.gov.uk/police/recruitment/community-support-officer/

    http://www.policecommunitysupportofficer.com/welcome.html

    En revanche, il y a au moins un quartier de la banlieue sud de Londres où ils ont commencé à mettre des caméras de surveillance au domicile de particuliers volontaires pour surveiller ce qui se passe dans la rue (coût d'une caméra = £1000). Je ne sais pas si les particuliers volontaires sont rémunérés.
    Ils veulent aussi je crois permettre l'accès sur internet d'images CCTV pour que les citoyens les surveillent et signalent des méfaits ou crimes. Là les citoyens seront payés à partir d'un certain nombre de méfaits ou crimes réels détectés.

  23. Npk dit :

    Bonjour,

    Dans quel cadre a-t-il fait cette déclaration ? Ce n'était pas pendant la table ronde du Perreux.

    Merci pour votre réponse

  24. indfrisable dit :

    L'identité Française de notre cher pays est plutôt celle de l'outre-atlantique. Ed Davis est l'inventeur du concept des Neighbourhood Watch (surveillance de voisinage) à Los Angeles, à partir des années soixante-dix. "Il voulait rétablir une forte identité territoriale entre les unités de patrouilles et des quartiers" à une seule voiture d'abord (ces informations sont tirées du livre de Mike Davis, "Au-delà de Blade Runner Los Angeles et l'imagination du désastre"). Mais son successeur, Daryl Gates a renforcé les unités en groupes commandos swat, groupes qui se sont démultipliés pendant les années quatre vingt dans tous les Etas-Unis. L'intention du projet était de restaurer la "confiance" des habitants et "d'accroitre la solidarité locale", mais les choses ont vite empirées.
    Les conséquences prévisibles :

    Des stigmatisations sur des styles d'habillements ou d'attitudes, groupes ethniques (les "indiens") désignées par les citoyens swat sont apparues et les cibles principales ont été les adolescents. De plus, les "officiers de patrouille" des quartiers, à majorité blanche, sont relativement âgés, et ne sont pas élus par une représentation locale mais désignés par les capitaines de police et représentants pro-police. Cette info intéressante : "Là ou les locataires sont majoritaires, les activistes de la surveillance se recrutent vers les propriétaires".

    Toute cette corruption politique va dé-républicaniser l'ordre local et national. Autant prévoir une tension encore plus accrue entre les différentes ethnies, entre les différentes classes sociales, la classe moyenne et la classe populaire. N'est-ce pas le préalable à une guerre civile?

  25. Hold-up dit :

    23H43 Ramuncho a écrit :

    Résultats donnés à 20h30 en Uruguay

    EL PEPE PRESIDENTE !
    51,2 % pour Mujica
    44,9% pour Lacalle

    UN TRIOMPHE POUR LE FRENTE AMPLIO

    http://www.lexpress.fr/actualites/2/jose-mujica-serait-en-tete-au-second-tour-en-uruguay-avec-51-2-pourcent_831897.html

    http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Uruguay.-L-ancien-guerillero-Jose-Mujica-elu-president_39382-1172523_actu.Htm

  26. Quand quelqu'un rate le concours de policier, il tente d'entrer dans la police municipale. Si ça rate, il essaie de devenir vigile. S'il n'a pas les qualifications, il pourra désormais espérer devenir milicien. Aura-t-il des prérogatives étendues ? Les patrouilles de "neighbourhoud watch" ne sont pas une invention de Berlusconi ou de Pétain, cependant ces amis des droits de l'homme se sont beaucoup reposés sur ce principe d'offrir à des voyous un poste de demi-flic volontaire : beaucoup de droits, aucun devoir.
    Même d'un pur point de vue symbolique, c'est moche, parce qu'il y a une fois de plus le constat performatif d'un échec du "vivre ensemble", de la chose publique. Fuck !

  27. sith dit :

    Je vous ai écouté sur France Inter vous y avez fait un sans faute (contrairement à monsieur Ferry). S'il vous plait je vous en conjure et quoi qu'il arrive faites tout pour faites tomber Sarkozy en 2012. Merci

  28. Hold-up dit :

    A propos des futures milices extérieures, rendons-nous compte de celles qu'ils avaient déjà hier et ont encore aujourd'hui dans la bouche, je veux parler des milices internes : "leurs mots", leur ignobles mots.
    Qui aurait pu imaginer encore il y a deux ans qu'un gouvernement parlerait ainsi et nous parleraient ainsi avec tout plein de milices dans la bouche. Ou pour reprendre une métaphore d'approche " écologique ", tout plein de décharges à ciel ouvert quand ils parlent ?

    " Les "mariages gris " sont une escroquerie sentimentale à but migratoire" dixit M.Besson.

    Cela nous concerne, la liberté d'expression nous concerne et l'atteinte aux mariages mixtes par ce gouvernement aussi nous concerne : "Besson pourrait poursuivre Stéphane Guillon"
    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/besson-pourrait-poursuivre-stephane-guillon_831843.html

  29. claude dit :

    @ Descartes:

    Puisque tu veux parler de productivité et de la supériorité des pays capitalistes développés, allons-y, parlons :

    DROITS DE TRAVAILLEURS…
    LIQUIDATION TOTALE ?

    Le succès financier, non démenti malgré la crise économique, des entreprises de la grande
    distribution généraliste repose sur une recette bien éprouvée : des volumes de vente considérables
    et une pression extrême sur leurs fournisseurs. Leurs filières de confection textile ne dérogent pas
    à la règle. En bout de chaîne, ce sont les ouvrier(e)s employés dans les usines qui en payent le
    coût : salaires en deçà du minimum vital, durée du travail excessive, liberté syndicale entravée,
    précarisation extrême.

    Le rapport d'enquête « Cash! Pratiques d’approvisionnement de la grande distribution et
    conditions de travail dans l’industrie de l’habillement », mené par la Clean Clothes Campaign
    auprès de 440 travailleurs textiles de 4 pays, fournissant 5 géants mondiaux de la grande
    distribution et publié en février 2009, dresse en ce sens un constat sans appel. En cause les
    pratiques d'achats irresponsables des distributeurs, pourtant tous engagés par leurs codes de
    conduite. La recherche d'optimisation à tout prix des délais et des coûts de production alimente la
    course au moins-disant social, conduisant à la précarisation de millions d'ouvriers, majoritairement
    des femmes, du secteur de l'habillement à travers le monde.

    Face à cette situation intolérable, le collectif Éthique sur l'étiquette interpelle une fois de plus des
    enseignes majeures de la distribution française. Dans le cadre de sa campagne « Droits des
    travailleurs... LIQUIDATION TOTALE ? », il lance une pétition nationale les appelant à :

    - garantir le versement d'un salaire vital et le respect du droit d'organisation et de
    négociation collective dans les usines de leurs fournisseurs
    - assurer une information du consommateur sur les conditions d'élaboration de leurs
    produits textiles

    Tout au long de la campagne, et dans le cadre notamment de la Semaine de la solidarité
    internationale, les membres et les groupes locaux du Collectif ESE organiseront des évènements et
    actions de sensibilisation à destination du public et des média.

    Grande distribution : déshabiller le travailleur asiatique pour habiller le
    consommateur français ?

    Avec Carrefour, « Le positif est de retour ». Casino vous le confie : « C’est bien parce que
    c’est vous ». Leclerc s’engage « Contre la vie chère » et Auchan proclame « Vivons mieux.
    Vivons moins cher ». Ces promesses aux consommateurs, les enseignes des grandes
    surfaces alimentaires les déclinent aussi sur le marché de l’habillement, qu’elles disputent
    aux magasins spécialisés. Mais comment vendre comme le propose Carrefour un lot de 2
    paires de jeans à 10€ en conservant ses marges1 ? La réponse offre peu de raisons de
    « positiver ». Ces prix toujours plus bas sont largement acquis aux dépens des droits des
    travailleurs de milliers d’ateliers de misère, qui ont essaimé de la Turquie à la Chine en
    passant par le sous-continent Indien et l’Asie du Sud-Est.

    C’est le constat sans appel du rapport Cash2, une enquête réalisée par la Clean Clothes
    campaign en 2008 auprès de 440 travailleurs d’usines sous-traitantes des géants
    mondiaux de la grande distribution dans 4 pays d’Asie du Sud-Est (Sri Lanka, Inde,
    Bangladesh et Thaïlande) : rémunérations dérisoires, horaires indus, absence de liberté
    syndicale, absence de contrat de travail, précarisation extrême des travailleurs, dont la
    grande majorité (80%) sont des femmes.

    Tout travailleur devrait pouvoir gagner au moins un salaire minimum vital, qui couvre
    ses besoins de base et ceux de sa famille. Les conventions de l’Organisation internationale
    du travail (OIT) fixent la durée maximale du travail à 48 heures hebdomadaires. Or, dans
    la plupart des pays de confection textile, le minimum légal ou les salaires moyens dans
    l’industrie ne représentent que la moitié de l’estimation d’un salaire vital. Dans la
    pratique, les travailleurs ne sont payés ni proportionnellement aux horaires, ni même à la
    tâche. En effet, les entreprises retiennent leurs employés jusqu’à ce que leurs objectifs
    journaliers démesurés soient remplis et ces heures supplémentaires ne sont pas
    rémunérées ou alors à un taux inférieur. Or elles sont systématiques et, de fait,
    obligatoires, car refuser, c’est perdre son emploi.

    “Nous faisons beaucoup d’heures supplémentaires. Il y a au moins une heure
    supplémentaire presque chaque jour. Nous sommes également appelés le dimanche.
    Toutefois, notre fiche de paie mensuelle (…) cite uniquement 1 ou 2 heures
    supplémentaires par mois.”

    Travailleuse chez un fournisseur d’une grande surface en Inde

    Un salaire vital est un salaire permettant aux travailleurs et aux personnes dont ils ont la
    charge de couvrir leurs besoins alimentaires et d’eau potable, de logement, de vêtements,
    d’éducation, de soins de santé et de transport, et qui leur permet également de réaliser
    quelques économies.

    Les enquêtes menées sur 10 usines au Bangladesh ont montré qu’aucune n’appliquait une
    semaine de travail normale de moins de 60 heures (soit le maximum légal local, heures
    supplémentaires incluses) et que dans quatre d’entre elles, la semaine moyenne dépassait
    les 80 heures.

    “Je me sens tellement malade et fatigué après une journée de travail que je ne veux pas
    travailler le lendemain. Mais la faim ne permet pas de penser à la maladie. La seule idée
    de vivre avec l’estomac vide fait tout oublier. Nous travaillons pour nous sauver de la
    faim.”

    Un employé d’un fournisseur de grande surface au Bangladesh

    De telles conditions de travail ne sont possibles qu’en empêchant toute tentative
    d’organisation des travailleurs de la confection. Les droits syndicaux sont quasi
    impossibles à exercer. Bien souvent les travailleurs n’ont aucune notion de l’existence de
    ces droits, ni de ce qu’est un syndicat. Les employeurs n’hésitent pas à passer de
    l’hostilité tacite à la franche intimidation lorsque des initiatives de syndicalisation voient le
    jour. La complaisance des autorités locales envers les employeurs rend caduque la
    protection de la liberté d’organisation inscrite dans la loi.

    “Vous plaisantez ? Nous ne sommes même pas autorisés
    à nous parler à l’intérieur ou dans les locaux de
    l’entreprise. [...] Nous ne
    pouvons même pas imaginer créer un syndicat dans
    notre entreprise.”

    Un opérateur d’une usine, à Tirupur (Inde)
    En Inde

    “Les syndicats signalent que certains employeurs ont
    recours à l’intimidation, aux menaces, à la rétrogradation,
    aux passages à tabac et, dans des cas extrêmes,
    aux menaces de mort ou même aux tentatives de
    meurtre contre des syndicalistes. Une forme encore
    plus fréquente de harcèlement est le dépôt de fausses
    accusations pénales.”

    Un modèle économique loin d’être exemplaire

    Le succès économique de la grande distribution repose sur une recette bien éprouvée qui
    n’est pas étrangère, loin s’en faut, aux conditions de travail déplorables des travailleurs
    chez les sous-traitants. Forte de sa puissance économique, elle fait porter par ses
    fournisseurs l’essentiel des efforts et des risques, et engrange les profits.

    Encaissez moi ça ! En imposant aux fournisseurs des délais de paiement très tardifs
    tandis qu’elles encaissent quasi instantanément l’argent des consommateurs, les grandes
    surfaces disposent en permanence de trésoreries importantes qui permettent de générer
    des revenus de placements. Ainsi, les activités bancaires et immobilières d’Auchan
    représentent 20 % de son résultat opérationnel total.

    L’Orient exprès! L’habillement étant une industrie à forte intensité de main-d’œuvre,
    salaires et normes sociales élevées constituent l’ennemi n°1. C’est la raison principale de
    la localisation des filières d’approvisionnement dans des pays où les salaires sont
    dérisoires et où les conditions sociales permettent les exigences les plus folles aux dépens
    des travailleurs – Chine, Inde, Sud et Sud-Est asiatique (Bangladesh, Vietnam, Thaïlande,
    Sri Lanka, etc.) mais aussi Turquie, pays d’Europe de l’Est (Bulgarie) et du Maghreb.
    Des marques de distributeurs pour gagner plus ! Le développement des MDD, ou
    Marques de Distributeur, comme la gamme Tissaia de Leclerc, permet aux grandes
    surfaces d’augmenter leurs marges tout en exacerbant la pression sur les fournisseurs.
    Petits profits mais qui font le maximum ! Au final, les enseignes peuvent proposer
    aux consommateurs des vêtements aux prix très concurrentiels. Si les marges peuvent
    paraître « faibles » (15%) au regard de celles pratiquées par leurs concurrents spécialisés
    (45%), le volume de ventes des grandes surfaces est tellement gigantesque que la
    rentabilité est au rendez-vous pour les actionnaires de ces groupes.

    L’exploitation des travailleurs de l’industrie de la confection constitue ainsi les conditions
    de l’enrichissement des grandes surfaces. Sous couvert de répondre à la demande des
    consommateurs en quête de prix bas, la compétition des grandes surfaces entretient la
    course au moins-disant social et condamne des millions de travailleurs et leurs familles à
    une misère inacceptable.

    Des engagements peu engageants

    Suite aux pressions exercées par la société civile, en particulier au travers du collectif
    Éthique sur l’étiquette, les distributeurs français se sont presque tous dotés de chartes
    éthiques ou de codes de conduite qui imposent des critères sociaux à leurs fournisseurs et
    sous-traitants. Cependant, ces textes ne font que transférer sur ces derniers l’obligation
    de garantir le respect des droits des travailleurs. Les enseignes se débarrassent ainsi de
    leur propre responsabilité sociale.

    Les « audits sociaux » constituent la clef de voûte du dispositif : il s’agit d’enquêtes
    réalisées chez les sous-traitants pour y vérifier les conditions de travail. Carrefour se
    distingue comme le seul groupe à avoir adopté un dispositif de contrôle par tierce-partie,
    au Bangladesh. Mais les limites des audits sont avérées. D’une part ils ne permettent pas
    de constater l’ampleur des violations des normes du travail : rarement inopinés, ils sont
    biaisés par un système de double comptabilité ou de fausses fiches de paie fournies par
    les employeurs locaux et la liberté d’expression des travailleurs qui craignent de perdre
    leur emploi n’est pas garantie.

    “Lorsque des étrangers visitent l’usine, [les directeurs]
    leur mentent. (…) Nous devons mentir pour garder notre
    travail. Sinon, ils nous mettront dehors.”

    Tailleuse, Delhi

    D’autre part, ils ne se traduisent guère par de réels progrès chez les fournisseurs. Les
    enseignes ne mettant pas en place de manière systématique des mesures pour remédier
    aux violations constatées, l’impact sur la situation des travailleurs ne peut être que limité.
    L’opacité des grandes surfaces sur ces mesures ne nous permet pas d’identifier des pistes
    de progrès. Malgré ces limites, les enseignes continuent de brandir les audits comme gage
    de leur bonne volonté…

    Plus vite, plus court, moins cher

    Pourtant, le principal obstacle à la concrétisation des engagements des grandes surfaces
    réside… dans leurs propres pratiques d’achat. Les grandes surfaces fonctionnent à flux
    tendus, c’est-à-dire que l’approvisionnement s’effectue au rythme des ventes pour éviter
    tout stockage – les fournisseurs sont nécessairement soumis aux contraintes qui en
    résultent. Les exigences en termes de prix, de délais et de qualité sont extrêmement
    élevées, voire irréalistes au regard du respect des droits au travail. Les commandes
    changent, en volume, délais ou qualité, jusqu’au dernier moment, sans compensation sur
    le prix négocié avec le fournisseur. Des « amendes » sanctionnent le moindre retard ou
    défaut, souvent de manière abusive. Pour honorer les commandes des donneurs d’ordres
    dans ces conditions, les fournisseurs sont souvent contraints de sous-traiter à leur tour
    leur production à d’autres usines, qui échappent à tout contrôle. En bout de chaîne, ce
    sont les ouvriers qui font les frais de cette pression déraisonnable exercée par les
    enseignes. Deux phénomènes exacerbent la pression sur les fournisseurs : le modèle du
    « Fast Fashion » et le système des enchères inversées.

    Une mode Tendance Profitation !

    Le « fast fashion » (ou « mode kleenex ») est un modèle marketing, développé
    notamment par la grande distribution spécialisée comme Zara et H&M, qui consiste à
    proposer aux consommateurs des collections « tendances » à cycles de vie très courts
    (quelques dizaines de jours à quelques semaines). Il en résulte une pression accrue sur
    les fournisseurs en termes de délais et de prix qui, mécaniquement, ne peut qu’empirer
    les conditions de travail des employés.

    Qui veut gagner des kopecks ?

    Les nouvelles technologies informatiques sont également mises à contribution pour
    accélérer les processus d’achat des enseignes et augmenter leur profitabilité. Via internet,
    les commandes des donneurs d’ordre font l’objet d’enchères inversées. C’est le
    fournisseur proposant le prix le plus bas qui remporte le marché. On estime que ce
    système permet une économie de 10 à 15 % pour les distributeurs.

    Par ailleurs, Carrefour a signé un accord de partenariat avec la Fédération Internationale
    des droits de l’Homme en 1997 et un accord-cadre avec la fédération syndicale
    internationale UNI Commerce, en 2001.

    A taille de géant, responsabilité de géant !

    La mise en concurrence généralisée des travailleurs dans le cadre d’une mondialisation
    non régulée où ils ne sont que des variables d’ajustement, ne conduit qu’à alimenter la
    course vers le moins-disant social. Les premières victimes en sont les travailleurs,
    contraints d’accepter une dégradation de leurs conditions. Les grandes surfaces ont une
    responsabilité de premier plan dans cette situation. Elles continuent d’engranger des
    bénéfices sans se préoccuper du sort de ceux qui fabriquent leurs produits. La demande
    de prix bas des consommateurs n’est pas une excuse ! Ils n’ont pas réclamé que cela se
    fasse sur le dos de millions de travailleurs à travers le monde. Ils ont le droit d’être
    informés et de pouvoir choisir.

    Ne laissons pas la crise accélérer la spirale descendante de l’appauvrissement des
    travailleurs de la confection. C’est, au contraire, l’occasion d’inverser la logique du modèle
    économique en plaçant le droit des salariés à un travail décent au cœur des
    préoccupations.

  30. claude dit :

    @Descartes (suite) :

    Les droits fondamentaux au travail (d’après les conventions de l’OIT et les textes
    internationaux)

    > Interdiction du travail forcé
    > Non exploitation des enfants
    > Liberté syndicale
    > Droits d’organisation et de négociation collective
    > Respect d‘un salaire minimum vital
    > Respect d’une durée maximale du travail
    > Non-discrimination
    > Santé et sécurité au Travail

    Les travailleurs de l’habillement employés dans les filières d’approvisionnement des enseignes de la grande
    distribution devraient gagner au moins un salaire minimum vital – qui couvre leurs besoins de base et ceux
    de leur famille – pour une semaine de travail qui n'excède pas 48 heures. Notre recherche montre qu'ils
    sont privés de ce droit, à trois niveaux.

    Premièrement, de bas salaires horaires signifient qu'ils sont privés du droit de gagner un salaire vital, quelle
    que soit l'intensité de leur travail. Au Bangladesh, le salaire de base le plus bas (sans compter les heures
    supplémentaires) rencontré dans le cadre de l’enquête était de 13,50 € par mois chez un fournisseur d’Aldi;
    le salaire net le plus bas (heures supplémentaires incluses) était de 21 € chez un fournisseur de Lidl et
    Walmart. En Inde, des travailleurs non qualifiés débutent avec un salaire de 45 € par mois, tandis qu'au Sri
    Lanka, il s'agit de 33,50 € par mois. Nulle part, les travailleurs ne gagnent un salaire leur permettant de
    couvrir leurs besoins de base.

    Deuxièmement, leur temps libre leur est volé par la direction qui les oblige à rester tard. La semaine de
    travail de base de 48 heures est une notion dénuée de sens lorsque les heures supplémentaires sont
    obligatoires et quotidiennes. Même le maximum de 60 heures, heures supplémentaires incluses, est
    rarement respecté. Les travailleuses d'une usine sri lankaise qui fournit Tesco ont déclaré travailler en
    moyenne plus de 64 heures par semaine. Sur 10 usines inspectées au Bangladesh, aucune n'appliquait une
    semaine de travail normale de moins de 60 heures ; plus de la moitié dépassaient les 60 heures et dans
    quatre d'entre elles, la semaine moyenne dépassait les 80 heures.

    Troisièmement, et c'est ce qui est le plus scandaleux vu leur difficulté à joindre les deux bouts, ces femmes
    et ces hommes ne sont même pas payés pour leurs heures supplémentaires. Le paiement d’un salaire
    majoré pour les heures supplémentaires – comme le prévoit souvent la loi - semble d’autant plus hors de
    portée.

    L'élément déterminant si une marque ou un distributeur assume sérieusement sa responsabilité n'est pas la
    présence d’un syndicat sur un lieu de travail, mais bien la garantie, pour les travailleurs, qu’ils ne subiront
    pas de représailles s'ils tentent de se syndiquer. Ceci exige des signaux forts de la part de l'acheteur vis-à-
    vis des travailleurs et de la direction de l’usine, ainsi qu'une formation efficace des responsables locaux
    compétents. Ce n'était le cas dans aucune des usines concernées par notre recherche. Presque chaque
    fois, les travailleurs affirmaient que l'attitude de la direction les empêchait de former un syndicat.

    Par exemple, chez un fournisseur d'Aldi au Bangladesh, un ouvrier a été renvoyé pour s'être syndiqué,
    tandis que deux travailleuses n'ont pas seulement été renvoyées mais également obligées de quitter le
    quartier pour avoir tenté de syndiquer des travailleurs. Les travailleurs ont raconté les pratiques de la
    direction pour réprimer la différence d'opinion : passages à tabac, fusillades et fausses accusations contre
    des travailleurs.

    Delhi.
    Nos recherches en Inde, au Sri Lanka et en Thaïlande ont montré que les travailleurs qui fabriquent des
    vêtements pour des enseignes de la grande distribution n'ont pas droit à la sécurité d'emploi, ni à un emploi
    permanent. Les travailleurs employés par des agences et ceux ayant signé des contrats temporaires sont
    rémunérés plus faiblement et sont confrontés à des conditions plus précaires et à la crainte permanente de
    perdre leur travail. Chez un premier fournisseur de Tesco au Sri Lanka, plus de la moitié de la main-d’œuvre
    était employée sur base de contrats temporaires, chez un second fournisseur de Tesco il n’était que
    quelques-uns dans ce cas. Comparé à cette dernière, deux fois plus de travailleurs de la première usine ont
    déclaré qu'ils avaient peur de perdre leur emploi. La rotation des travailleurs temporaires et la facilité avec
    laquelle ils peuvent être licenciés implique une difficulté accrue de s'affilier à un syndicat.

    Il ne s'agit pas de quelques travailleurs engagés de temps en temps pour aider à honorer une commande
    urgente ; c'est une utilisation systématique et répandue de formes précaires d'emploi, l'une et l'autre visant
    à gérer des commandes variables et à faire pencher davantage la balance du pouvoir en faveur des
    employeurs.

    En Thaïlande, les travailleurs employés dans des ateliers de sous-traitance qui approvisionnent Tesco et
    Walmart ont fait face aux pires conditions de travail. Les heures étaient plus longues, le salaire inférieur et
    de nombreux travailleurs ont abandonné et sont partis car ils ne pouvaient pas survivre.

    Pratiques d'approvisionnement répréhensibles

    Les enseignes de la grande distribution favorisent des pratiques d’approvisionnement destinées à obtenir
    un maximum de flexibilité et les prix les plus bas de la part de leurs fournisseurs. En même temps, ils
    affirment qu'ils améliorent les systèmes dont ils disposent pour faire appliquer leurs codes de conduite
    concernant les droits des travailleurs. Ces deux facteurs sont souvent contradictoires parce que les
    pratiques d’approvisionnement des enseignes de la grande distribution engendrent une série de pressions
    qui ont des impacts négatifs sur les travailleurs.

    Premièrement, les enseignes de la grande distribution exercent une sélection des fournisseurs avec
    lesquels ils travaillent. Les prix bas et les autres pratiques d’approvisionnement qui leur sont associés les
    orientent vers des usines dont les propriétaires, plus désespérés ou moins scrupuleux que d’autres, sont
    enclins à accepter leurs conditions.

    Deuxièmement, la pression engendrée par des exigences contradictoires - bonnes conditions de travail
    d’une part et production plus rapide et moins coûteuse d’autre part - peut être allégée en contournant les
    procédures de conformité. Notre recherche a mis au jour des feuilles de présence et des fiches de paie
    falsifiées, des travailleurs obligés de mentir aux inspecteurs et bien d'autres ruses du même acabit. Quelle
    que soit l’importance que les sièges ou les communiqués officiels des grandes entreprises de distribution
    accordent aux audits sociaux, les faits cités dans ce rapport démontrent que leur personnel sur le terrain fait
    peu état du fossé qui existe entre les conditions dans les usines et celles rapportées dans les audits.

    Enfin, les pressions en matière de délais et de coûts sont répercutées directement sur les travailleurs sous
    la forme d'une insécurité d’emploi et d'un salaire de misère. De fait, les travailleurs de l’habillement
    contribuent aux bas prix affichés dans les rayons des supermarchés ; des contributions qui prennent la
    forme de deux mesures de réduction des coûts très répandues : l'utilisation croissante de travailleurs
    contractuels et les heures supplémentaires systématiques, non rémunérées et obligatoires.

    Les pressions sur les délais et les coûts exercées sur le lieu de travail mènent à un salaire de misère et à
    des conditions de travail précaires, la suppression des syndicats et l'insécurité de l'emploi. Mais ces impacts
    ne touchent pas de manière uniforme tous les travailleurs. Ils affectent les femmes de manière
    disproportionnée. Les femmes sont plus susceptibles d'occuper des emplois où les violations des droits des
    travailleurs sont courantes, y compris des formes de travail précaires.

    Elles courent plus de risques d'être victimes de violations des droits du travail. Des responsabilités
    productives, reproductives et familiales limitent la capacité des femmes à chercher un autre travail, à
    entreprendre des démarches pour améliorer leurs conditions de travail, ou pour s'exprimer au sujet des
    abus dont elles sont victimes. Des contraintes culturelles et économiques créent des obstacles empêchant
    les travailleuses de parler de leur condition et de s'affilier à un syndicat.

    Dans notre recherche, nous avons rencontré des exemples fréquents de discrimination sexuelle, en
    particulier au Bangladesh : les travailleuses gagnent moins que les travailleurs et ont moins d'opportunités
    d'obtenir une promotion ; de plus, les coups et les insultes verbales – beaucoup d'entre elles étant de nature
    sexuelle – étaient la règle et pas l'exception.

    Dans la majorité des dix usines que nous avons visitées au Bangladesh, nous avons rencontré des cas de
    femmes près d'accoucher qui étaient contraintes de travailler autant d’heures que les autres salariés – y
    compris aux postes de soirée et même de nuit dans certains cas – et ce jusqu'à ce qu'elles quittent leur
    travail pour accoucher.

    Huit des dix usines du Bangladesh disposaient d'un local servant de garderie, mais les travailleurs ont
    expliqué que dans la moitié des usines qui approvisionnent les cinq enseignes de la grande distribution et
    qui possèdent une garderie, ces locaux étaient uniquement utilisés uniquement lorsque les usines étaient
    visitées par des acheteurs ou des auditeurs.

    A taille de géant, responsabilité de géant

    Les enseignes de la grande distribution affirment qu'elles prennent des mesures pour résoudre les
    violations des droits du travail commises dans leurs filières d’approvisionnement. Toutefois, il est évident,
    sur base des faits que nous avons collectés, que ces mesures sont insuffisantes – et de plus, que les
    pratiques d’approvisionnement des enseignes de la grande distribution aggravent la situation. Les
    enseignes de la grande distribution et leurs fournisseurs devraient :

    - Adopter un code de conduite avec des normes du travail équivalentes ou supérieures à celles
    présentées dans le Code de Conduite de la Campagne Vêtements Propres internationale (Clean
    Clothes Campaign). Le code devrait s'appliquer aux travailleurs et ce, à chaque étape de la filière
    d’approvisionnement, y compris celles de la vente au détail et de la distribution, ainsi que de la
    fabrication.
    - Mettre en œuvre, contrôler et vérifier la conformité au code à travers une collaboration directe avec
    les syndicats et les groupes de défense des droits des travailleurs dans le cadre d'une initiative
    multipartite crédible (MSI), dans laquelle ces organisations sont représentées à tous les niveaux
    de prise de décision y compris le plus élevé.
    - Dans ce cadre, les enseignes de la grande distribution doivent s'efforcer de :
    - Prendre des mesures proactives et identifiables pour promouvoir l'accès à la liberté
    d'association. Tous les travailleurs devraient avoir le droit de créer et de s'affilier à des
    syndicats et à d'autres organes représentatifs de leur propre choix, et de s'engager dans des
    négociations collectives de bonne foi avec leurs employeurs.
    - Développer une méthodologie destinée à déterminer et à appliquer un salaire vital et, entre-
    temps, prendre des mesures immédiates pour augmenter les salaires. Les calculs des salaires
    vitaux devraient tenir compte d’une durée normale de travail et s'appliquer à tous les travailleurs.
    - Éliminer les abus et les discriminations liés au genre, y compris les différences de
    recrutement, de salaire, de formation et de promotion.
    - S'assurer que les travailleurs qui exercent un travail lié à l’activité principale de l’usine ont droit à
    un emploi permanent. Des formes d'emploi précaires ne devraient pas être utilisées pour
    réduire les droits et avantages légaux des travailleurs.
    - Divulguer les noms et emplacements des usines de leurs fournisseurs, ainsi que les résultats
    des audits.
    - Ne pas couper les relations avec des fournisseurs lorsque des violations sont constatées.
    - Évaluer l'impact de leurs pratiques d’approvisionnement sur tous les travailleurs, prendre des
    mesures pour corriger les impacts négatifs et communiquer les résultats de l'évaluation et de la
    correction aux travailleurs de l'ensemble de la filière d’approvisionnement, à leurs représentants et
    au public.
    - Fixer des prix de détail de manière responsable. S'abstenir de faire de la publicité qui nourrit les
    attentes du consommateur à l'égard de prix bas non soutenables.

  31. Boris Yarko dit :

    Le recours à des milices privées de citoyens n'est-il pas aussi un moyen de pallier au bas cout au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux dans la police nationale ? En plus de caresser l'électorat FN dans le sens du poil ?

    http://castors-et-socialisme.over-blog.com/article-face-a-l-insecurite-sarkozy-veut-des-milices-40287504.html

  32. claude dit :

    @ Descartes (fin):

    Les deux piliers du modèle économique des géants

    Le modèle économique de la grande distribution se fonde sur deux principaux piliers.

    Premièrement : des prix bas et des marges faibles que viennent compenser des volumes de ventes très
    importants et une rotation très rapide des produits. De manière très schématique, les géants de la grande
    distribution gagnent globalement beaucoup d’argent en récupérant une faible marge par produit mais en en
    vendant beaucoup.

    Deuxièmement : de longs délais de paiement de leurs fournisseurs alors qu’ils encaissent rapidement l’argent de
    leurs clients, ce qui leur assure une trésorerie largement excédentaire. Grâce à ce « trésor de guerre », les
    géants développent des activités annexes qui leur permettent de faire fructifier leur cash (banque, immobilier,
    etc.).

    Des géants dans le secteur de la distribution

    Contrôlée à 90 % par six acteurs en France, la grande distribution représente actuellement près d’un tiers du
    commerce de détail dans l’hexagone.

    Sur ces six distributeurs, les quatre retenus pour cette étude (Auchan, Casino, Carrefour et Leclerc) représentent
    65% du chiffre d’affaires total de la grande distribution en France, soit 109 milliards d’euros. Ces quatre
    enseignes figurent également toutes au classement des 20 premiers distributeurs mondiaux, dont Carrefour
    occupe la deuxième place.

    Sur le marché de l’habillement, ces distributeurs comptent également parmi les leaders puisque trois d’entre
    eux figurent parmi les cinq premier distributeurs d’habillement en France, tout type de distributeur confondu
    (1er : Carrefour, 4ème : Auchan et 5ème : Leclerc)

    Des géants par rapport à l’essentiel de leurs fournisseurs

    Géants, les enseignes de grande distribution le sont également par rapport à leurs fournisseurs. Ainsi, les
    enseignes de grande distribution en France ont réalisé en 2006 auprès de leurs dizaines de milliers de
    fournisseurs 136 milliards d’euros d’achats, soit l’équivalent de 8,4% du PIB français. Cette configuration leur
    offre un rapport de force particulièrement favorable qui permet d’imposer à leurs fournisseurs de nombreuses
    contraintes commerciales : prix d’achat très bas, délais de paiement (abusivement) longs, marges arrières, etc.

    Après plusieurs années de forte croissance, les géants sont en perte de vitesse notamment
    sur le marché de l’habillement

    Après une longue période de croissance « rentable », tirée notamment par une forte internationalisation, les grandes
    surfaces sont entrées dans une période de turbulence en raison de la conjonction de plusieurs phénomènes :
    - la concurrence des hard discounters et des chaînes spécialisés
    - un cadre juridique moins favorable (loi de modernisation de l’économie - LME)
    - un contexte économique qui s’annonce durablement dégradé

    L’évolution des les grandes surfaces sur le secteur de l’habillement est à l’image de leur évolution générale. Elles accusent
    en effet un recul de leurs parts de marché (13% en 2008 contre 15% en 2005) au profit des chaînes spécialisées et des
    discounters de l’habillement.

    Stratégie et pratiques d’achat dans la grande distribution : comment les géants
    utilisent leur poids pour attiser la concurrence entre fournisseurs
    Le processus d’achat des géants de la grande distribution se scinde en deux cycles. Premièrement, les centrales
    d’achats déterminent leur stratégie commerciale (cycle aval). Une fois la politique commerciale arrêtée, les
    centrales d’achats entame le cycle amont, qui a pour objectif d’organiser puis attiser la concurrence entre
    fournisseurs afin d’obtenir d’eux les meilleures conditions commerciales.
    • Le cycle aval : définir la stratégie commerciale
    Définir une stratégie commerciale consiste à effectuer, en fonction des tendances de marché, les choix
    suivants : nombre et le type de produits à acheter, prix d’achat et de vente, articles à acheter finis
    (généralement à des marques nationales) et ceux à concevoir en interne sous une marque propre (MDD –
    Marque De Distributeur) ou sans marque (No Name). En raison de leur perte de parts de marché, les enseignes
    de la grande distribution ont récemment modifié leur stratégie commerciale sur le segment de l’habillement.
    Celle-ci tend maintenant à s’articuler autour de trois principaux axes :
    Premièrement, les enseignes tâchent d’accroître la proportion des produits développés en interne (MDD et « No Name »)
    sur lesquels elles peuvent générer davantage de marge.
    Deuxièmement, elles tentent de regagner du terrain face aux enseignes spécialisées sur le prêt-à-porter en adoptant le
    modèle de « fast fashion », qui a fait le succès des Zara et H&M. Cela se traduit tout d’abord par un raccourcissement des
    temps de cycle des collections, afin d’être au plus près des tendances de la mode. L’adoption du modèle fast-fashion
    implique de plus d’adapter la qualité et le style des articles proposés. La grande distribution bénéficie d’une image de bas
    prix mais elle est mal positionnée en termes de qualité et de style. Les rapprochements d’enseignes avec des créateurs de
    mode (comme le partenariat entre Maz Azaria et Carrefour) s’inscrivent ainsi dans cette optique de changement
    marketing. Cette évolution tendant à raccourcir les cycles de commandes ne facilite pas la gestion de la qualité sociale avec
    les fournisseurs concernés.
    Autre mesure prise pour rivaliser avec les enseignes spécialisées, les géants de la grande distribution essayent de créer des
    atmosphères plus chaleureuses en rayon et plus propices à l’acte d’achat.
    Troisièmement, les stratégies des géants visent à conforter leur position sur les segments où ils sont les leaders, à savoir
    les articles à faible enjeu d’image tels que les sous-vêtements et les articles pour enfants.
    • Le cycle amont (sourcing et achat) : organiser et attiser la concurrence entre
    fournisseurs
    Le sourcing : organiser la concurrence entre fournisseurs
    Le sourcing (ou approvisionnement) vise à présélectionner et référencer les fournisseurs potentiels, en phase
    avec la stratégie commerciale de l’enseigne. La phase de sourcing répond alors à deux principaux objectifs :
    Créer un panel de fournisseurs compétitifs en termes de prix.
    Créer un panel de fournisseurs diversifié, capable de répondre aux besoins des acheteurs.
    La négociation : attiser la concurrence entre fournisseurs
    Une fois le panel de fournisseurs constitué, les grandes surfaces entament l’étape de négociation lors du
    passage des commandes. Connues pour leurs pratiques « innovantes » en la matière, les centrales d’achats de la
    grande distribution ont développé différents outils et techniques pour obtenir de leurs fournisseurs les meilleurs
    conditions commerciales (participation obligatoire à la promotion des produits en magasin, déstabilisation des
    interlocuteurs en négociation, intimidations confortées par le rapport de forces, etc.)
    Les phases de négociation se déroulent en plusieurs volets. Une première négociation porte sur les conditions
    de production de la commande en terme de prix, délais, volumes et cadencement. Elle sera suivie d’une autre
    négociation sur les conditions commerciales afin de déterminer les pénalités infligées au fournisseur en cas de
    non respect des engagements (fortes amendes pour retard, imputation de l’ensemble des coûts liés aux
    produits défectueux, etc).
    Stratégie et pratiques d’achat dans la grande distribution : comment les géants
    utilisent leur poids pour attiser la concurrence entre fournisseurs
    Le processus d’achat des géants de la grande distribution se scinde en deux cycles. Premièrement, les centrales
    d’achats déterminent leur stratégie commerciale (cycle aval). Une fois la politique commerciale arrêtée, les
    centrales d’achats entame le cycle amont, qui a pour objectif d’organiser puis attiser la concurrence entre
    fournisseurs afin d’obtenir d’eux les meilleures conditions commerciales.
    • Le cycle aval : définir la stratégie commerciale
    Définir une stratégie commerciale consiste à effectuer, en fonction des tendances de marché, les choix
    suivants : nombre et le type de produits à acheter, prix d’achat et de vente, articles à acheter finis
    (généralement à des marques nationales) et ceux à concevoir en interne sous une marque propre (MDD –
    Marque De Distributeur) ou sans marque (No Name). En raison de leur perte de parts de marché, les enseignes
    de la grande distribution ont récemment modifié leur stratégie commerciale sur le segment de l’habillement.
    Celle-ci tend maintenant à s’articuler autour de trois principaux axes :
    Premièrement, les enseignes tâchent d’accroître la proportion des produits développés en interne (MDD et « No Name »)
    sur lesquels elles peuvent générer davantage de marge.

    Deuxièmement, elles tentent de regagner du terrain face aux enseignes spécialisées sur le prêt-à-porter en adoptant le
    modèle de « fast fashion », qui a fait le succès des Zara et H&M. Cela se traduit tout d’abord par un raccourcissement des
    temps de cycle des collections, afin d’être au plus près des tendances de la mode. L’adoption du modèle fast-fashion
    implique de plus d’adapter la qualité et le style des articles proposés. La grande distribution bénéficie d’une image de bas
    prix mais elle est mal positionnée en termes de qualité et de style. Les rapprochements d’enseignes avec des créateurs de
    mode (comme le partenariat entre Maz Azaria et Carrefour) s’inscrivent ainsi dans cette optique de changement
    marketing. Cette évolution tendant à raccourcir les cycles de commandes ne facilite pas la gestion de la qualité sociale avec
    les fournisseurs concernés.
    Autre mesure prise pour rivaliser avec les enseignes spécialisées, les géants de la grande distribution essayent de créer des
    atmosphères plus chaleureuses en rayon et plus propices à l’acte d’achat.
    Troisièmement, les stratégies des géants visent à conforter leur position sur les segments où ils sont les leaders, à savoir
    les articles à faible enjeu d’image tels que les sous-vêtements et les articles pour enfants.
    • Le cycle amont (sourcing et achat) : organiser et attiser la concurrence entre
    fournisseurs

    Le sourcing : organiser la concurrence entre fournisseurs

    Le sourcing (ou approvisionnement) vise à présélectionner et référencer les fournisseurs potentiels, en phase
    avec la stratégie commerciale de l’enseigne. La phase de sourcing répond alors à deux principaux objectifs :

    - Créer un panel de fournisseurs compétitifs en termes de prix.
    - Créer un panel de fournisseurs diversifié, capable de répondre aux besoins des acheteurs.

    La négociation : attiser la concurrence entre fournisseurs
    En complément de ce processus « classique » de négociation, les centrales d’achats recourent aux places de
    marché électroniques. Ce nouvel outil, qui a émergé au début des années 2000, modifie considérablement leur
    processus d’achat. Le fonctionnement des places de marché électroniques est simple : ce sont des sites web sur
    lesquels les donneurs d’ordres proposent des commandes à leurs fournisseurs. S’ouvrent alors des enchères
    inversées entre fournisseurs : c’est celui qui proposera le prix les plus bas qui remportera le marché. Focalisant
    le processus d’achat uniquement sur le prix, les places de marché électroniques empêchent pratiquement de
    prendre en compte des critères sociaux.
    En raison des nouvelles orientations commerciales des géants de la grande distribution (« fast fashion »), il s’avère qu’en
    plus des pressions « classiques » sur les prix et la qualité, les fournisseurs d’habillement de la grande distribution sont de
    plus en plus soumis aux impératifs des délais.

    Une fois le panel de fournisseurs constitué, les grandes surfaces entament l’étape de négociation lors du
    passage des commandes. Connues pour leurs pratiques « innovantes » en la matière, les centrales d’achats de la
    grande distribution ont développé différents outils et techniques pour obtenir de leurs fournisseurs les meilleurs
    conditions commerciales (participation obligatoire à la promotion des produits en magasin, déstabilisation des
    interlocuteurs en négociation, intimidations confortées par le rapport de forces, etc.)

    Les phases de négociation se déroulent en plusieurs volets. Une première négociation porte sur les conditions
    de production de la commande en terme de prix, délais, volumes et cadencement. Elle sera suivie d’une autre
    négociation sur les conditions commerciales afin de déterminer les pénalités infligées au fournisseur en cas de
    non respect des engagements (fortes amendes pour retard, imputation de l’ensemble des coûts liés aux
    produits défectueux, etc).

    Sources : Ethique sur étiquettes
    Clean Clothes Campaign
    Asia Floor Wage

    Alors, oui, heureusement qu'il y a de braves entreprises de nos bons pays bien développés pour apprendre aux gueux du tiers-monde à devenir aussi productifs que nous le sommes n'est-ce pas ? Désolé, être cartésien pour moi, c'est regarder la réalité en face pas se planquer derrière des arguments vaso-économiques pour se donner bonne conscience du haut de son piédestal paternaliste. Le néo-colonialisme est encore ancré dans la pensée de certains et tu en fais partie.

  33. bastille dit :

    Dans l’état de délabrement démocratique dans lequel est notre société, la nouvelle est très inquiétante. Le fait que cela tend à se développer dans des sociétés similaires ne peut que renforcer nos craintes. Je ne suis pas certain qu’on puisse compter sur les élus locaux, particulièrement là où le « sentiment d’insécurité » s’exprime et encore moins sur les parlementaires.
    Indéniablement, le chef de l’état qui a pris la tête de l’UMP pour les régionales s’exprime avec sa façon à la fois irresponsable et brouillonne pour camoufler tout ce qui est fondamentalement le contenu de sa politique, le pillage du peuple et de la nation par l’oligarchie financière.
    Il faut nous opposer fermement en tirant les leçons d’un certain anti-lepenisme contreproductif.

  34. claude dit :

    @Boris Yarko (30):

    A quand les annonces sur le site de Pôle Emploi ? Puisqu'un chômeur n'a pas le droit de refuser un emploi, il est donc volontaire d'office... De quoi améliorer les statistiquesdu chômage (quelle que soit la réponse du chomeur, d'ailleurs).

  35. claude dit :

    @bastille (32):

    Ceux qui ont essayé d'argumenter contre le Le Penisme se sont tous vautrés parce qu'on ne raisonne pas des pulsions instinctives...

    Maintenant, que Sarko soit irresponsable et brouillon, c'est l'impression qu'il donne mais, comme cela a été dit plus haut : "qui aurait cru qu'on en arriverait là en 2 ans". Sa stratégie du pire donne des résultats au-delà de ses espérances et il accélère le pas, voilà tout. Entre la répression syndicale, le "délit de solidarité" avec les sans-papiers, la fusion ASSEDIC / ANPE qui est un échec prévisible (et prévu) et qui plonge les chômeurs dans une précarité encore plus grande, le retour dans l'OTAN, l'arabophobie et la communautarisation de la société (les responsables du CRAN sont en train de pondre un rapport qui sera remis au gouvernement là-dessus), les attaques contre la laïcité pour bien enrober le tout... tu crois réellement que tout cela est le fait d'un esprit brouillon ?

    Moi pas !

  36. le Prolo du Biolo dit :

    @ 21 - Mazan

    Mazan, tu deviens lourd avec tes partis-pris.
    Et si tu retournais trier les poux dans ta boutique ?...

  37. le Prolo du Biolo dit :

    Un truc que je me demande, c'est s'il faut vraiment toujours n'être que dans la réaction à chaque fait et geste de Pinnochio.

    Chaque fois qu'il se sent en difficulté il balance un pavé dans la mare, sur n'importe quel sujet merdique (et il a une sacrée imagination pour ça...), et tout le monde embraye automatiquement derrière et s'agite tous azymuts pour dire que ce n'est pas bien.
    Une fois c'est les milices, une fois l'identité nationale, une fois Guy Moquet, une fois Jean Jaurès, etc...
    Il a toujours un os à nous envoyer ronger un peu plus loin et un rideau de fumée où se dissimuler.

    Et pendant ce temps on ne parle pas de ses résultats et des réalités de sa politique.
    Et encore moins de NOS propres propositions.

    Il faudrait peut-être reprendre l'initiative, et surtout sur NOTRE propre terrain, en lançant à notre tour les thèmes et projets que nous défendons.
    Et en nous y tenant, en insistant, en persistant encore et encore.
    Sans nous laisser distraire de NOS objectifs et de NOS thèmes par le premier pétard qu'il nous lance et la première diversion qu'il imagine.
    Passer de la défensive à l'offensive.

    Non ?

  38. BARDY Dominique dit :

    Il faut absolument que là, notamment au Parti de Gauche, mais toute la gauche, il y ait action commune contre cette attaque sans précédent contre les valeurs de notre République.
    Je souhaites que partout, quand cela est possible, que nous fassions des déclarations à la fin des Conseils Municipaux, quand la parole est donnée aux citoyens, afin de dénoncer cela.
    Peut être qu'au niveau national, un projet de déclaration peut être mis en ligne.
    Ce n'est qu'une idée, mais il faut que le peuple prenne vraiment conscience de ce qui se passe et que c'est un danger pour notre démocratie.

  39. Annie dit :

    @claude posts 28+29+31 : l'avancée de la productivité chez nous s'explique tout simplement par l'histoire des empires coloniaux, et effectivement ce décalage historique s'accompagne de l'esclavage actuel de populations entières que tu démontres, face à notre relatif confort. C'est ce que le symbole de la chute de l'URSS montre : nos victoires sociales ont à la fois été obtenues à la sueur du front et d'intenses mobilisations, mais aussi et avant tout parce qu'il y avait un épouvantail qui faisait à l'époque vraiment peur aux capitalistes compradore. une fois que cet épouvantail a été éjecté, le capitalisme s'est retrouvé nu et a acceléré le nivellement vers le bas. D'où les attaques maintenant franchement ouvertes et assumées de nos acquis sociaux maintenant très fragiles.

    On observe une sorte d'espoir en Amérique du Sud (donc encore un symbole qui serait une sorte d'appui), que certains " critiques objectifs" s'empresseront de dénigrer en faisant mine d'oublier que cet espoir est très fragile et soumis à une adversité d'une férocité implaccable. Et non, les Pol Pot et autres Khomeyni qui pourraient émerger en Amérique du Sud ne se trouvent pas du côté du Mas, d'Allianza Pais ou du PSUV, mais plutôt de la Ste Trinité Alvaro Uribe/Felipe Calderon/Alan Garcia.

    J'en reviens encore avec mon mal à l'aise à propos de l'idée de division internationale du travail (sur quels critères ? de quelle façon ?) dont j'ai parlé ici http://www.jean-luc-melenchon.fr/2009/11/2091/all-comments/#comment-48107 et http://www.jean-luc-melenchon.fr/2009/11/2091/all-comments/#comment-48118 en réponse à d'autres, et aimerai voir les développements de ceux qui la défendent. Si on admet tous que les décalages de productivité entre Nord et Sud, pourquoi ne pas évoquer l'idée de nivellement vers le haut déjà pour ceux qui sont esclavagisés ?

  40. Budd Z5100 dit :

    Ca bouge en Bretagne où les communistes pro FdG ne lâchent pas l'affaire : http://letelegramme.com/ig/generales/regions/morbihan/fete-de-l-huma-des-desaccords-a-l-affiche-30-11-2009-676902.php
    et où un accord pour la constitution d'un Front de Gauche élargi à l'ensemble des composantes de la "vraie gauche" est à portée de mains :
    http://letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/regionales-accord-imminent-pour-le-front-de-gauche-30-11-2009-676871.php

  41. Claude dit :

    @Annie (38):

    Si division internationale du travail il doit y avoir dans notre programme, elle ne peut s'appuyer que sur des conditions claires :

    - chaque peuple a le droit d'exploiter ou non les ressources naturelles de son territoire. Les pays les plus développés ont un devoir de les aider dans cette tâche en procédant aux transferts de technologies nécessaires pour que cette exploitation se fasse dans les meilleures condition possibles pour les salariés et le respect de l'environnement. Tout doit être mis en oeuvre pour réduire au minimum l'impact écologique, faute de quoi un boycot devrait être organisé à l'échelle internationale et les responsables attaqués au TPI pour "crimes contre l'humanité".
    - chaque peuple a droit a l'autosuffisance alimentaire et aux biens communs indispensables à une vie décente (eau, électricité, etc.). Tout doit être mis en oeuvre pour que les productions agricoles soient le plus possibles localisées et réduire ainsi la dépendance au commerce international. Celui-ci doit se être équitable et ne pas détruire l'économie locale. Les échanges de produits alimentaires devraient se limiter à des produits qu'on ne peut pas produire localement.

    Certes, tout cela devra être mise en place progressivement mais c'est cela aussi la planification écologique. On pourrait s'appuyer sur la charte de la Havanne de 1948. Cela induit la sortie de l'OMC, du FMI et de la Banque Mondiale et autres institutions libérales.

  42. Cool Raoul dit :

    Pourquoi-donc 90% des commentaires n'ont *aucun* rapport avec l'article commenté?

  43. Pulchérie D dit :

    A Claude, très grand merci pour cet énorme travail qui vient répondre par des faits, dûment classés, à des ratiocinations ultrathéoriques qui avait séduit certains participants de ce blog.
    D'abord les faits, l'expérience, puis le travail logique et le classement, qui permettent ensuite de conclure cartésiennement..
    "Nihil in intellectu, quod non prius in sensu".

  44. Pikadon dit :

    Pronant la disparition de l'argent au profit d'une coopération autour de la juste répartition des ressources, étant aussi ignorant de votre plateforme politique (je découvre Mr Mélenchon), qu'en est-il de vos projets concernant l'emmanation monétaire ?

    J'ai une vision de l'avenir très radicale que je partage avec ces gens (deux vidéos en anglais désolé) :

    Vous faites souvent références à la "république" ou à "l'économie" (concepts du passé) comme des horizons, pourquoi s'attacher à des valeurs qui finissent toujours pas faire emmerger le pire de l'humain ?
    Merci d'avance pour vos commentaires.

  45. Pulchérie D dit :

    Milices HADOPI Provocations

    La ligue Odebi appelle à dénoncer les miliciens de l'Hadopi
    http://www.lavienumerique.com/articles/97710/ligue-odebi-appelle-denoncer-miliciens-hadopi.html

    EXTRAITS
    Le gouvernement Français vient de créer une milice privée en dehors de tout contrôle judiciaire donc en dehors du contrat social qui nous lie, estime la ligue Odebi, pour laquelle HADOPI est une malversation législative qui porte une atteinte intolérable à nos droits les plus élémentaires.

    Le projet Hadopi 2 donne aux agents employés et désignés par les organismes privés de défense des droits d'auteurs (ALPA, SACEM...) le même pouvoir de constatation de la matérialité des infractions qu'un agent de police.

    Provocations
    Un agent de la SACEM inscrit sur un réseau P2P comme emule va proposer au téléchargement des œuvres musicales récentes. Toute personne se connectant pour télécharger aura ainsi son adresse IP identifiée puis l'agent demandera au fournisseur d'accès les coordonnées (nom et adresse) correspondant aux adresses IP.
    Il rédigera alors des PV qu'il enverra pour homologation au juge judiciaire. Faute de contradiction puisque personne n'est convoquée le juge homologuera les PV et vous recevrez donc par courrier une condamnation à payer une amende de 1.500 à 3.000 euros comme dans l'hypothèse d'une amende pour excès de vitesse.

    Les relevés d'adresses IPs, ces dernières facilement piratables comme la Ligue ODEBI l'avait démontré dans la partie du reportage censurée d'envoyé spécial sur Frande 2, ne se feront pas par des agents assermentés et éduqués mais par des stagiaires qui n'ont reçu aucune formation déontologique qui provoqueront donc un délit de manière intentionnel en se
rendant au final coupable du même délit qu'ils combattent.

    Synthèse
    Ces miliciens seront les agents d'une politique de délation systématique donc non réfléchie, dont le seul objectif est de conserver les marges de quelques industriels amis du pouvoir. Il s'agit donc de financer avec nos impôts (5 millions d'euros par an) une officine privée qui a comme seul but de garantir la marge bénéficiaire d'industries qui refusent d'évoluer.
    Les citoyens ont donc le droit et le devoir de réagir en dénonçant à la population les miliciens qui les surveillent.

  46. jennifer dit :

    Seuls 5 pays ont dit qu'ils reconnaîtraient les élections honduriennes: Les USA, Israel, le Panama, le Perou et le Costa Rica

  47. cording dit :

    L'agitation Sarkozyste est une source d'insécurité et la multiplication les lois sécuritaires depuis 2002 l'est également et ne résoud rien. Plus le pouvoir crée de l'insécurité dans le monde du travail plus le peuple demandera de la sécurité dans le domaine de la vie courante. Il est indispensable de rompre d'avec le néolibéralisme mais cela demandera une force de caractère peu commun tant le conformisme est pesant mais le système peut s'effondrer rapidement comme il y a 20 ans tout le système soviétique parce qu'il ne bénéficiait pas du consentement populaire. Il faut s'y préparer et créer les conditions d'un renouveau politique économique et social par une réflexion intellectuelle telle que la mènent certains tels Jacques Sapir, Emmanuel Todd, Jean Luc Gréau, Marcel Gauchet. Je connais un club de pensée qui vous étonnerait bien!

  48. toto dit :

    toto n'est pas Toto (post19)

    S'agit-il d'une usurpation de pseudo calculée ou accidentelle? Toujours est-il que ce Toto là n'est pas celui qui fréquente ce blog depuis plusieurs mois.
    Mais j'y pense soudainement n'est-ce pas là l'illustration du travail de sape des milices de l'ombre?

    En conséquence je saborde mon pseudo. Toto n'est pas toto et vice et versa!


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