12fév 06

LA RELATIVITE DANS L'OEIL

 

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Le
Le "Non" populaire à la destitution de Chavez s'affiche dans les rues de Caracas

Le Vénézuéla c'est loin de Paris. Mais il y a un moyen de trouver le temps moins long dans l'avion. C'est de le mettre à sa place. Un pilote transatlantique m'a donné le truc : « Pensez-y : chaque minute de vol vers l'arrivée, c'est vingt quatre-heures de moins à nager. » Une autre manière moins anxiogène de s'occuper l'esprit c'est de lire la collection complète des articles à propos de Chavez et de sa politique parus dans le « Monde Diplomatique », « Politis » et le « Nouvel Observateur ». Je l'ai fait. Je suis déjà remonté comme une pendule. Mais au moment où j'expédie ces lignes (quoiqu'il s'agisse d'une liaison instantanée par Internet je ne peux me soustraire à l'imagerie postale), je viens juste de défaire mon sac.

 

 

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Après les dix heures de vol, je viens de subir quelques heures de route (j'ai horreur de la bagnole) pour faire le trajet depuis l'aéroport. En effet, comme le sait dorénavant chaque participant au récent Forum social mondial, il faut obligatoirement passer par la déviation qui serpente dans la montagne vu que le pont machin chose entre l'aéroport et la ville n'est plus praticable. Et voilà comment ces 20 km deviennent quatre heures de route après que 8000 km de traversée de l'atlantique ont fait cinq heures d'horloge (compte tenu du décalage horaire) et 10 heures de vol. Le temps et l'espace ne sont pas uniquement concernés par la relativité dans la seule physique de l'univers galactique mais aussi dans celui du monde hautement socialisé des déplacements humains. Mais c'est vrai que je n'avais pas besoin de venir jusque sur cette foutue route qui zigzague dans ce paysage que j'observe les yeux écarquillés, pour le savoir. J'ai l'expérience quotidienne du phénomène : ma ville aussi est 20 km « à vol d'oiseau » du coeur de Paris et à 30 si on compte en kilomètres de route mesurée. Mais sa distance réelle, tant que je ne serais pas un oiseau, est comprise entre quinze minutes et une heure et demie selon le moyen de transport, l'heure, le jour et la météo.

 

Si l'on est prêt à admettre que la relativité ne modifie pas la nécessité des phénomènes qu'elle inclue (ici il s'agit du déplacement qui se fait) alors on doit pouvoir admettre que la voie vénézuélienne de résistance au néo-libéralisme est une manifestation localisée du ras le bol des peuples. Nous sommes cependant impliqués de beaucoup moins loin que l'indiquent les temps de transport. Si la manifestation vénézuélienne de la réalité de la gauche parait étrange et parfois contraire à ce que le bon sens européo-conformiste suggère, il faut se dire que cela ne tient pas à la nature politique du processus ni même à sa réalité mais à la position de l'observateur. La haine anti-chaviste, sa grossièreté, ses complots, ses coups d'état, ses appels aux meurtres, sa mauvaise foi radicale, sa versatilité, sent la même odeur de beaux quartiers, de belles personnes horrifiées par les rustres que celle que nous avons sentie dans le flots des insultes et du mépris qui entourait la gauche du « Non » au référendum à propos de la constitution libérale de l'Europe. Ici, les belles dames des quartiers chics sont venues taper sur les casseroles que leurs jolies mains ne touchent jamais à la maison pour se la jouer contre le tyran. Les gorilles militaires que les

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D'un
D'un "non" à l'autre : manifestation populaire pour le Non au référendum révocatoire de l'été 2004

américains payent pour taper dans leurs tambourins ont fait deux coups d'état. Les politiciens propres sur eux de la démocratie chrétienne et de la soi disant sociale-démocratie ont approuvé les coups d'Etat, triché au référendum, publié des listes de proscription, arrêté et mis en prison des chavistes chaque fois qu'ils ont cru que leur triomphe était arrivé. Les dirigeants des sociétés ont saboté leur propre production, étranglé les biens élémentaires nécessaires à la vie des gens du commun sans renoncer à aucune bassesse, désorganisé la production et ainsi de suite. Les médias privés, tous, sans aucune exception ont insulté jour après jour et continuent de le faire, appelé au meurtre, manipulé, excité de toutes les façons possibles et même inimaginables, avec les félicitations publiques des gorilles quand ils se croyaient vainqueurs. En vain. Pour rien. Ils ont été ridiculisés. Quel délice ! A chaque étape, la rue, celles des pauvres et des petits ouvriers, les urnes, celles des quartiers du peuple c'est-à-dire presque tous, ont remis Hugo Chavez et sa révolution sur les rails. La clef du changement et de sa durée c'est l'implication populaire et civique. Comment ça fonctionne ? On va voir ça, au fil des jours.

 

J'ai pris possession de ma chambre. J'ai installé mon incroyable bazar d'appareils et de câbles. J'ai lu les courriers que j'ai capté et notamment les notes d'ambiances qu'envoient mes camarades depuis leur département où ils agissent pour la campagne anti bolkestein, celle pour l'union des gauches, celle contre le CPE (ne demandez pas pourquoi ce courrier arrive et celui-là non, c'est déjà un tel prodige de mener ses affaires de si loin comme à domicile ?) Demain est un autre jour et ça démarre fort.


Aucun commentaire à “Arrivée au Venezuela”
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  1. Paul dit :

    La comparaison entre le Non français de 2005 et le Non venezuelien de 2004 est en effet frappante. Même révolte des petits contres les grands. Même résistance populaire au conditionnement médiatique.

    Ici comme là bas, la critique d'un pouvoir médiatique unanimement dévoué à la défense de l'ordre établi doit aujourd'hui devenir un des axes importants de travail pour la gauche.

    Merci en tout cas à Jean-Luc de nourrir régulièrement ce débat à travers ses critiques de la dérive sensationaliste d'une partie de la presse.

    amitiés républicaines de gauche

  2. Camille dit :

    « Au Venezuela, les droits de la personne sont respectés conformément aux normes internationales, et la liberté de la presse est totale. »

    Cette phrase n'a pas été prononcée par un ministre chaviste, ni par un admirateur européen de la révolution bolivarienne, mais par Jimmy CARTER, ancien président américain, le 14 août 2004, au moment du référendum révocatoire obtenu par l'opposition. Référendum dont il saluera aussi la régualrité des résultats largement favorables au président Chavez (58 % de Non avec 75 % de participation).

    Voilà de quoi faire réfléchir ceux qui passent leur temps à traquer une dérive autoritaire fantôme au Venezuela. Ils feraient mieux d'aller voir du côté des Etats-Unis où l'Etat de droit est bien plus sérieusement malade.

  3. G?rard dit :

    Ce qu'on t'a écrit avant ton départ signifie qu'il faut mettre en perspective sur les temps longs de l'histoire latino sinon on est subjugué et on ne comprend pas que ce qui s'y passe relève aussi de ce que sont les mouvements indigénistes,le rôle des églises etc...tu t'en doutes.Par contre suis à la lettre ce qu'on t'a écrit sur la bouffe à la Paz (mucho frio despues el calor venezolano!)...sinon tu vas nous revenir malade!Abrazo fuerte ! Domi et Ge

  4. el amigo dit :

    bravo à vous m. Mélenchon pour votre déplacement au vénézuela !

    nous avons un besoin urgent d'observateurs de gauche sur place, et bien intentionnés, non aux ordres du libéralisme et de l'impérialisme américain;

    de nombreux autres élus de gauche européeens devraient suivre votre exemple !

    un salut d'appui au mouvement bolivarien

  5. Raoul dit :

    Très intéressant que certains d'entre vous continuent à croire qu'il n'y a pas de discrimination politique au Venezuela.

    Tous les signataires du référendum ont été virés des administrations publiques, et même les entreprises ayant des contrats avec le Gouvernement n'ont pas le droit de les embauchés.

    Evitez de le nier, les principaux instigateurs l'ont reconnu et s'en sont même vantés.

    Essayez plutôt de le justifier, vous qui êtes de grands démocrates

    Raoul

    Liens:

    Discours de Ramirez, Président de PDVSA

    http://www.youtube.com/watch?v=2I925uJ9U48

    Justification de Chavez

    http://www.youtube.com/watch?v=Ij1jwOodytM&mode=related&search=

  6. edd dit :

    C'est loin le Venezuela et tant mieux... on, rêve de révolution avec toutes nos commodités, et c'est tant mieux.

    "Hasta la Mentira Siempre"

  7. COTIS dit :

    Bonjour,

    J 'ai beaucoup d'estime pour l'association "Reporter sans frontière " et je n 'arrive pas à comprendre leur hostilité envers Chavez (envers CASTRO, oui quoique....) Vous, politique, auriez-vous une petite idée que ne peut saisir l 'instituteur de base que je suis ?

    J'espére que vous n'avez pas choisi , durant votre séjour, un hôtel haut de gamme pour étatsuniens.( J'ai mauvais esprit....)

    Salut et fraternité.

    Ph COTIS.

    Le 20 juin 2007.

  8. Johan dit :

    Et qu'en est-il de la criminalité ? Belle révolution! D'après mes calcules le Vénézuela detient un, si ce n'est le record, en matière de criminalité - à des taux comparables à la Colombie et l'Afrique du Sud! (env. 17'000 meurtres pour 27.5 mio hab).

    Et celle-ci à plus que doublé depuis l'arrivée au pouvoir de Chavez, passant de 4'550 homicides par an en 1998 - année de son entrée au pouvoir à 11'025 en 2003 et 17'000 actuellement (Source chiffres : El Universel 1er février 2004).


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